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28/09/2023

GIANFRANCO LACCONE
La convivance, cette inconnue
Réflexions sur la dernière AG de l’ONU

Gianfranco Laccone, Comune-Info, 26/9/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les signes de changement se multiplient : nous devons en prendre note et essayer de trouver la meilleure façon de convivre sur la planète, nous, les animaux, les plantes.

Raoul Dufy, Paysage avec le bâtiment du Siège de l’ONU, Aquarelle sur papier, 1952

 La 78ème session de l’assemblée générale de l’ONU qui vient de s’achever nous donne l’occasion de réfléchir à partir du thème de la discussion de cette année (« Rétablir la confiance et raviver la solidarité mondiale : accélérer l’action menée pour réaliser le Programme 2030 et ses objectifs de développement durable en faveur de la paix, de la prospérité, du progrès et de la durabilité pour tout le monde ») et de la manière dont il a été diversement interprété par les différents pays.

La donnée la plus importante, malheureusement, est la nouvelle baisse de crédibilité de cette institution, qui est passée au second plan, même dans les chroniques internationales, après le G20 quelques jours plus tôt. Lors de ce dernier, les signes d’un changement dans les relations entre les pays étaient devenus évidents (la non-invitation de l’Ukraine par l’Inde - le pays hôte -, compensée par l’absence physique de la Russie et de la Chine) ; le communiqué final a minimisé le conflit en Europe, considéré comme une guerre parmi d’autres dans le monde, réitérant, mais en les rendant plus vagues, les concepts de souveraineté et d’autodétermination.


Bref, la confusion est grande sous le ciel : les USA - vainqueurs de l’affrontement avec l’URSS - ne parviennent pas, trente ans après, à affirmer une hégémonie, le “KO technique par abandon” essuyé en Afghanistan ayant été un signal contraire, et leur concurrent économique mondial - l’UE - est en crise, flanqué d’autres “puissances émergentes” qui discutent même entre elles d’une éventuelle monnaie commune. Un autre signal, encore peu souligné, a été l’admission de l’Union africaine (UA, qui regroupe 55 États du continent) au sein du G20, à laquelle une partie du groupe (Australie, Canada, Argentine, Mexique, Corée du Sud, Arabie saoudite et Turquie) s’est fermement opposée. L’Afrique commence à ne plus être un fantôme dans le système des relations mondiales, non seulement en raison de la présence de personnes originaires d’États africains à la tête de nombreuses institutions internationales, mais aussi en raison d’une subjectivité qui, bien que très difficilement, commence à prendre forme.


Hassan Karimzadeh

Mais la situation n’est pas excellente : un système de relations se met en place qui privilégie les relations bilatérales ou sur des espaces délimités, sur les relations globales des grands systèmes qui ont échoué même dans la tentative de gouvernance commerciale à travers l’OMC, sur laquelle tous les partisans de l’économie de marché avaient misé il y a trente ans pour parvenir à une coordination du système mondial. L’actuelle “guerre des céréales” sur la mer Noire en est la démonstration la plus claire : l’OMC (Organisation mondiale du commerce) est née après l’Accord sur l’agriculture et le commerce des denrées alimentaires, qui complétait ainsi le GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), en transférant les règles des transactions financières au marché des produits agricoles et en initiant un mécanisme de régulation des différends qui tendrait à éviter que les guerres commerciales ne se transforment en véritables conflits.

En Ukraine, en revanche, un différend de nature territoriale (non contrôlé par l’ONU et “oublié” par ceux qui sont aujourd’hui “intéressés” par le conflit) s’est transformé en un affrontement plus large avec l’invasion de la Russie, entraînant dans son sillage tous les instruments (embargos, restrictions au transfert de capitaux, limitations de la liberté, déportations, violations des droits humains et des accords) que les mécanismes mis en place au cours des trente dernières années auraient dû permettre d’éviter ou de résoudre rapidement. Par un effet boule de neige, les conséquences ont atteint les endroits les plus éloignés et les populations les plus diverses, mises dans le même panier par le marché mondial. Un marché qu’il est impossible de redimensionner, même avec les politiques autarciques les plus strictes, et dans lequel on ne sait pas comment surmonter l’autonomie insuffisante des États individuels (on revendique l’autonomie locale, mais on se rend compte ensuite qu’une agrégation supranationale avec des pouvoirs souverains est nécessaire pour résoudre les problèmes).

L’Union européenne et tous les pays du continent ne sont pas sortis grandis d’une session de l’ONU que tous les analystes ont jugée “léthargique” et qui a vu des jeux politiques se dérouler ailleurs sur les questions débattues.

Ils n’ont pas brillé par l’innovation, même terminologique, et l’impression est qu’ils répètent l’occidentalisme hégémonique à travers une “démocratie de façade”, qui est la cause principale de l’impasse onusienne. Sur le changement climatique, enfin, on attend les résultats des élections de 2024 aux USA pour voir où finira ce qui reste des objectifs de l’Agenda 2030.


Calvi, 2012

La réaffirmation de la nécessité de l’aide à l’Afrique m’a semblé du même mauvais aloi, comme si cela n’avait pas toujours été le cas (plus correctement défini comme colonialisme), et posait le même problème aux néolibéraux au gouvernement un peu partout (en Europe et ailleurs) que l’aide aux zones défavorisées : ne pas “gaspiller” les ressources dans les endroits considérés comme des zones sinistrées et les allouer plutôt là où c’est plus commode. Il aurait peut-être été plus d’actualité de parler de coopération à haut niveau, de dialoguer avec les structures qui guident les économies du monde, sachant au passage que certaines d’entre elles, comme l’OMC, sont dirigées par une femme (nigériane) qui était auparavant numéro deux de la Banque mondiale.

Mais plus encore, j’ai été frappé par la manière dont les parties impliquées dans le conflit ukrainien se sont renvoyé la balle. Dans un précédent article, j’avais souligné la difficulté d’utiliser l’embargo comme une arme contre l’ennemi : souvent, dans un système de relations multilatérales, les politiques contre “l’ennemi” se retournent comme un boomerang. Les Européens, les Italiens en premier lieu, le savent bien en ce qui concerne le prix du pétrole et du gaz, après le blocus du commerce avec la Russie.

En ce qui concerne le commerce des céréales, la liste des principaux pays producteurs comprend la Chine, l’Inde et la Russie, suivies de l’UE, des USA, du Canada, ainsi que de l’Australie et de l’Ukraine. En revanche, si l’on dresse la liste des pays exportateurs dans le monde, c’est la Russie qui arrive en tête, suivie de l’UE (France, Roumanie et Allemagne), du Canada, des USA et de l’Ukraine.

Bref, aucun pays africain n’est sur le terrain dans ce conflit, qui voit plutôt toutes les puissances économiques directement impliquées dans le conflit gérer le commerce des céréales. Les pays africains, en revanche, sont les principaux importateurs, au premier rang desquels l’Égypte, victimes d’un conflit dans lequel ils n’ont aucune possibilité d’intervenir. 

Pour l’Égypte aussi, on peut parler d’un cas exemplaire, en raison des effets secondaires (imprévus) qui se produisent quelques décennies après le début des “politiques de développement”. Après avoir été à l’époque impériale romaine le grenier de l’empire grâce aux providentielles crues alluvionnaires annuelles du Nil, elle a perdu cette prérogative depuis les années 1960, suite à la construction du barrage d’Assouan et à la transformation économique. La “révolution verte” a permis la généralisation de l’irrigation et la production de fruits, légumes, céréales et textiles à haut rendement pour l’exportation, ainsi que la création d’un système industriel. Bref, les choses ont suivi un autre chemin et aujourd’hui tout embargo alimentaire pose des problèmes à ce grand pays très peuplé du fait de l’approvisionnement réduit de la céréale de base de son alimentation.

Mais, à mon avis, l’aspect le plus évident est l’eurocentrisme de la vision des politiciens continentaux : bien qu’ils évoluent sur des plans différents (du lorgnage allemand vers la réforme des relations multipolaires, à l’intervention française complexe visant à répondre aux carences du système social mondial, à celle au nom de l’UE qui a posé la nécessité d’avoir un plus grand équilibre des relations internationales et moins de distances sociales à côté de la solution aux conflits de guerre), toutes les interventions finissent par poser le “problème” des migrants, allant même jusqu’à demander, dans l’intervention italienne, un engagement international des Nations Unies elles-mêmes pour cette lutte.

Qu’en dire ? Face aux guerres qui semblent se multiplier dans le monde et à l’incapacité des “occidentaux”, symptôme de leur hégémonie mondiale réduite, à faire de leur conflit russo-ukrainien un problème plus important que d’autres conflits, à commencer par ceux du Moyen-Orient, le déplacement de l’attention vers les migrations, qui sont clairement un problème dérivé des autres (changement climatique, guerres, crise économique) a reçu un accueil froid - pour ne pas dire sceptique - de la part de l’assemblée.

Car si les problèmes sont autres, il faut les résoudre en commençant par les guerres pour éviter les situations de “crise humanitaire”, et si le problème est spécifique parce que les autres ne peuvent pas être résolus, la première réponse à donner est de faciliter et de rendre le voyage légal et transparent : créer des bureaux spéciaux dans les ambassades, fournir des documents avant le départ (garantir la sécurité), fournir les moyens de transport (et ainsi revitaliser ce secteur en crise perpétuelle) pour atteindre les pays d’arrivée.

Mais peut-être que cette façon de penser n’appartient qu’à quelques privilégiés : quelques rêveurs, les aliens trouvés au Pérou, et… le Pape.

 

Discours de Bassolma Bazié, Ministre d'État, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale du Burkina Faso, à la 78ème  AG de l'ONU

 

02/09/2023

De Niamey à Libreville, de Khartoum à N’Djaména, de Bamako à Ouagadougou et Cotonou, pas de Sankara à l’horizon

 Fausto Giudice, 2/9/2023

Vu du Nord qui se gargarise avec son confort démocratique, le spectacle des dictateurs africains en fin de parcours ou déjà déchus est absolument hilarant, d’un comique irrésistible qui ne fait que confirmer le confort nordiste. Vu du Sud, le même spectacle est tragique, humiliant, vomitif. Le dernier spectacle en date nous a été offert par Ali Bongo, ci-devant Alain Bongo – auteur de l’inoubliable vinyle de funk & soul « A Brand New Man » en 1978 -, qui, planté dans un état semi-paraplégique sur un fauteuil d’un de ses salons à dorures, a lancé un appel poignant à ses amis, en anglais (il a fait adhérer le Gabon au Commonwealth en octobre dernier): « Make noise…make noise…» (Faites du bruit).


1978

 2023

Il venait d’être « mis à la retraite » par son cousin, chef de la Garde dite républicaine, en fait présidentielle, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, qu’il avait placé là en remplacement d’un général gênant qu’il avait mis à la tête de la gendarmerie. Alain-Ali était le successeur dynastique de son papa Omar ( ex-Albert-Bernard), installé à la présidence en 1967 par de Gaulle et son Françafricain en chef Jacques Foccart et mort en 2009.

 Ali était donc devenu Bongo 2, tout comme Faure était devenu Eyadéma 2 à la mort en 2005 de son papa Gnassingbé (ex-Étienne), un ancien sergent de l’armée française qui avait combattu les Vitenamiens et les Algériens, mis au pouvoir par Foccart au Togo aussi en 1967, après avoir au préalable assassiné le président Sylvanus Olympio, en 1963 et un intermède 4 ans avec Nicolas Grunitzy. Ou comme encore Mahamat Idriss devenu Déby 2 après la mort au combat de son papa Idriss, après 31 ans d’exercice de la présidence.

Chaque fois qu’un coup d’État se produit en Afrique, les interrogations, les supputations, les hypothèses vont bon train. La « mise à la retraite » de l’occupant du Palais du bord de mer (c’est le nom du palais présidentiel gabonais) est le septième putsch en Afrique en moins de 3 ans, après ceux qui ont eu lieu au Mali, en Guinée, au Burkina Faso (2), au Tchad, au Soudan et au Niger. La question est : qui est derrière Oligui Nguema ? La France ? Les USA ? La Russie ? 

Macron serre la main du futur “président de la transition” Oligui Nguema  à Libreville en mars 2023

Les réactions mesurées de la Macronie et de la Bidenie, sans commune mesure avec l’indignation suscitée par le renversement de Bazoum au Niger, font plutôt pencher pour l’hypothèse suivante : il était urgent pour le clan Bongo-Nguema and Co. de remplacer Ali s’ils voulaient garder les fortunes colossales accumulées en 56 ans de bongocratie et donc le général Nguema a eu le feu vert des habituels suspects à Paris, Washington et, pourquoi pas, à Londres (Commonwealth oblige) pour tout changer sans que rien ne change.

Les coups d’État en Afrique se suivent et ne se ressemblent pas tous ; le coup gabonais en évoque deux autres : celui de Ben Ali, déposant un Bourguiba gâteux « pour raisons médicales » en 1987. Ben Ali avait été un coursier de la CIA en Pologne, acheminant les aides en espèces sonnantes et trébuchantes à Solidarnosc lorsqu’il était attaché militaire à Varsovie. Un autre général tunisien avait été pressenti pour déposer et remplacer Bourguiba, mais au dernier moment, les donneurs d’ordre avaient décidé de changer de pion.

Et celui de mars 1991 à Bamako, lorsque le chef de la garde présidentielle du sergent devenu général Moussa Traoré (mis au pouvoir par Foccart en 1968), le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT), sous prétexte de le mettre en lieu sûr face à la révolution qui menaçait le palais, l’avait conduit en prison. Dans ce cas, il ne s’agissait pas d’un coup d’État mais d’une révolution déclenchée six mois plus tôt par le peuple, au prix de centaines de martyrs. ATT, sous l’uniforme, était resté ce qu’il avait été, un enseignant, et il ne chercha pas à se maintenir par la force après la transition.

Dans la dernière série de coups d’État, du Mali au Niger, au Burkina, au Soudan, en Guinée, les militaires putschistes n’étaient pas le fer de lance d’un mouvement populaire mais ont agi de l’intérieur des régimes qu’ils disent vouloir changer, abolir, nettoyer etc. (demain on rasera gratis).

Ceci dit, il est évident qu’une partie de la jeunesse urbaine soutient les putschistes, à Niamey comme à Bamako ou à Libreville, en les créditant d’un patriotisme anti-françafricain sur lequel on peut se permettre d’avoir des doutes, même si bien sûr ceux-ci ne se font pas faute de surfer sur cette vague, sous l’œil attentif des Ouled Wagner (qui n’ont qu’un seul point en commun avec les bolcheviks : ils sont russes).

Non, désolé, aucun des bérets verts ou rouges qui occupent aujourd’hui les fauteuils “présidentiels transitoires” au cœur des ténèbres ne sont ni des Thomas Sankara, ni des Jerry Rawlings, ni même des ATT. Oligui Nguema n’a pas étudié les bons classiques pour ça à l’Académie Royale de Meknès (Maroc).

Pour conclure, un petit conseil : s’ils ne veulent pas connaître le sort d’Alain-Ali Bongo, Paul Biya (Cameroun) et Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville) devraient suivre l’exemple de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, l’inamovible patron de la Guinée équatoriale, [venu au pouvoir après avoir renversé son oncle Macias Nguema en 1979] qui nage comme Bongo dans le pétrole et le champagne. Cet autre Nguema, pour s’éviter tout réveil douloureux et assurer sa succession dynastique par son fiston Teodorín, s’est constitué une garde présidentielle composée de gros bras israéliens, zimbabwéens et ougandais. Mais peut-être est-il déjà trop tard à l’heure où j’écris.

PS : Selon le rapport 2018 sur les expéditions de vins de champagne publié par le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC ou Comité Champagne), le premier consommateur sur le continent africain  sont Les Seychelles avec 350,1 bouteilles pour 1000 habitants, suivies par l’Ile Maurice (93,4 bouteilles pour 1000 habitants), ce qui n'est pas étonnant car il s’agit de deux destinations touristiques prisées par les grandes fortunes. En numéro 3, on retrouve le Gabon avec 65,9 bouteilles pour 1000 habitants. A la 4ème place, on retrouve la Guinée équatoriale (28,3 bouteilles pour 1000 habitants), puis à la 5ème le Congo-Brazzaville (22,3 bouteilles pour 1000 habitants). Une bouteille de Pommery 75 cl coûte au Gabon 65€ (salaire moyen mensuel : 400€)


08/09/2021

ANTONIO MAZZEO
Guinée-Conakry -les « amis » du lieutenant-colonel putschiste Mamady Doumbouya : USA, France, Italie et Israël

 Antonio Mazzeo, 7/9/2021

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les militaires putschistes grandissent dans l'ombre d'US AFRICOM, le commandement des forces armées usaméricaines pour les opérations sur le continent africain. Mamady Doumbouya, le lieutenent-colonel responsable des forces spéciales de l'armée de Guinée-Conakry qui a déposé le président Alpha Condé lors d'un putsch le 5 septembre, fait partie des militaires ouest-africains qui ont travaillé en étroite collaboration avec le ministère usaméricain de la défense ces dernières années.

 

 
Doumbouya (en béret rouge) le 15 octobre 2018

En effet, deux messages apparus sur la page Facebook de l'ambassade des USA en Guinée-Conakry montrent le lieutenant-colonel putschiste lors de deux événements stratégiques et militaires importants. Le premier, posté le 15 octobre 2018, montre l’alors major Mamady Doumbouya, décrit par le service de presse diplomatique comme le « commandant de l'unité des forces spéciales de l'armée de Guinée (GAF) », aux côtés de certains responsables du Pentagone et de représentants du Bureau de la coopération en matière de sécurité du Département d'État, à l'issue d'un sommet tenu à l'intérieur de l'ambassade des USA à Conakry visant à « renforcer la collaboration mutuelle et à se préparer à participer à la réunion de planification des exercices militaires à l'étranger appelés Flintock 2019 et à une conférence internationale sur la collaboration des forces spéciales qui se tiendra en Allemagne ». En conclusion de la note, le service de presse de l'ambassade US souligne comment les diplomates usaméricains et l'AFRICOM « soutiennent les unités spéciales des forces armées guinéennes ».