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22/11/2023

RABHA ATTAF
Sionisme et apartheid en Israël

Rabha Attaf, novembre 2002/2022

L’auteure est journaliste indépendante, spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient. Elle a publié “Place Tahrir, une révolution inachevée”, aux éditions workshop19, Tunis, 2012. On peut lire, des mêmes éditeurs, Premier Congrès sioniste : Protocole officiel

Présentation

Ce texte a été écrit en novembre 2002, à un moment où, en France et ailleurs, une campagne d’intoxication d’une rare violence était menée par les autorités israélienne avec le film de propagande « Décryptage », dans lequel Yasser Arafat et plus largement les Palestiniens sont caricaturés comme l’étaient les juifs dans les médias nazis. À l’époque, les bombardements sur les habitants de Gaza avaient ému l’opinion publique, et il s’agissait de la faire taire. D’où les procès intentés par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) contre Daniel Mermet (Radio France) et d’autres journalistes pour « antisémitisme ». Objectif : criminaliser l’antisionisme en l’assimilant au racisme. 20 ans plus tard, ce texte reste hélas toujours aussi pertinent.

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01/08/2023

MARSHA GOLDBERG
Pas de technologie pour l’apartheid israélien!
Rassemblement devant le Sommet d’Amazon Web Services à New-York

 Marsha Goldberg, Workers World, 31/7/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

New York City - Des travailleur·ses de la technologie d’Amazon et de Google se sont rassemblés devant le sommet annuel d’Amazon Web Services au Javits Center à New York City le 26 juillet. Les travailleur·ses ont scandé haut et fort : “Palestine libre, pas de technologie pour les crimes d’Israël !”. Ce rassemblement s’inscrivait dans le cadre de la campagne “Pas de technologie pour l’apartheid”, qui se poursuit depuis deux ans.

Photo WW : Marsha Goldberg

Des pancartes peintes à la main dans la foule témoignaient de la solidarité de la classe ouvrière avec le peuple palestinien, ciblant les patrons d’Amazon et de Google pour les contrats d’un milliard de dollars qui permettent la surveillance de masse par l’État d’apartheid israélien. Sur certaines de ces pancartes, on pouvait lire : “Les travailleur·ses de la technologie uni·es contre l’apartheid israélien”, “Les travailleur·ses d’Amazon et de Google uni·es pour les droits des Palestiniens” et “Amazon profite de l’occupation militaire israélienne”.

Les premiers orateur·trices du rassemblement étaient cinq travailleur·ses de la technologie d’Amazon qui venaient de quitter le Javits Center, où ils s’étaient levés, un par un, et avaient perturbé l’ensemble du discours d’ouverture. Des représentant·es du syndicat Amazon de l’entrepôt de Staten Island - le premier entrepôt d’Amazon où les travailleur·ses ont remporté une élection de représentation syndicale - étaient présent·es en signe de solidarité.

Ils/elles ont fait le lien entre la surveillance israélienne du peuple palestinien à l’aide de la technologie d’Amazon et la surveillance des travailleur·ses dans les immenses entrepôts d’Amazon, où chaque seconde de leur temps est pistée.

Les travailleur·ses ont brandi des pancartes du Workers World Party sur lesquelles on pouvait lire : “Défendons la Palestine - le sionisme est un génocide !” et “L’apartheid israélien est un génocide financé par les USA”.

 

 

19/10/2022

GIDEON LEVY
L'espoir s’appelle Ben-Gvir

Gideon Levy, Haaretz, 16/10/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’espoir s’appelle donc Itamar Ben-Gvir. C'est déjà évident, avant même qu'il ne remporte un quelconque succès à l'élection. Le nouvel épouvantail du centre-gauche produit déjà des résultats dont la vraie gauche ne pouvait que rêver. Le colon violent de la Colline des Patriarches d'Hébron, pourrait être enfin celui, d’entre tous, qui pourrait faire basculer le navire de l'apartheid et perturber son voyage tranquille.

Échange d'amabilités au siège de la Cour suprême en mars 2019. Ben Gvir  (Otzma Yehudit, Force ou Puissance juive) : « Terroriste, ta place n'est pas ici ! ». Ata Abou Medeghem  (liste arabe Raam-Balad). ; « Tu n'es qu'une ordure de raciste »

Les premiers signes de l'espoir ont déjà été observés aux USA. Le sénateur Robert Menendez, un « un supporter juré  d’Israël», c'est-à-dire un partisan aveugle de l'occupation, a mis en garde le chef de l'opposition, membre de la Knesset, Benjamin Netanyahou contre l'établissement d'une coalition de pouvoir avec l'extrême droite. Les principales organisations juives usaméricaines craignent qu'un gouvernement avec Ben-Gvir ne nuise au standing d'Israël. L'éditorial de Haaretz vendredi l'a rappelé, comme preuve du danger que représente Ben-Gvir. La vérité est tout le contraire : Ben-Gvir, c’est el’spoir.

Ben-Gvir mettra le standing d'Israël en danger – et que pourrions-nous vouloir de plus ? Après tout, c'est le but que poursuivent les groupes de défense des droits humains en Israël et dans le monde entier, qui cherchent à mettre fin à l'apartheid. L'apartheid ne s'effondrera pas tout seul. Un matin, Israël ne se réveillera pas et ne dira pas : « L'apartheid, c’est pas sympa. Mettons-y un terme. » Seule la pression internationale réveillera Israël.

La communauté internationale a refusé d'agir, à l'exception de déclarations creuses. De toutes les personnes, c'est notre Itamar, le joueur d'extrême droite qui sourit, qui crie, qui met tout son cœur et son âme dans le jeu, la gâchette la plus rapide de la Knesset, pourrait galvaniser le monde pour agir, et peut-être réveiller la gauche israélienne de son interminable hibernation. Un sénateur  ami a émis une menace, des organisations juives ont émis un avertissement, alors que Ben-Gvir n'a même pas encore été nommé ministre. Quand il prendra les rênes d'un ministère, le monde s'éveillera à une nouvelle réalité, pire que celle de la Hongrie et de l'Italie. La droite de Ben-Gvir est beaucoup plus extrême et violente que qui que ce soit dans son genre en Europe aujourd'hui.

Tout comme Israël a dans le temps rompu ses liens avec les pays européens où l'extrême droite était arrivée au pouvoir, les USA et l'Europe feront peut-être le même pas. Israël pourrait sentir qu'il y a un prix à payer pour l'apartheid. Pour la première fois de leur histoire, les Israéliens pourraient être punis pour l'occupation et ses crimes. Pour la première fois, ils seront peut-être obligés de les payer en image, en condamnations et en argent pour les armes. Et tout ça grâce à Ben-Gvir.

Ben-Gvir arrachera les masques. La gauche a créé les colons, David Ben-Gourion et Ephraim Katzir étaient ceux qui avaient prévu d'empoisonner les puits palestiniens, pas le punk violent Ben-Gvir. Et Ben-Gvir n'a pas inventé la cruauté de l'occupation, ni même Netanyahou ; au contraire, ce sont des personnages du Parti travailliste qui l'ont fait, dont certains ont remporté le prix Nobel de la paix.

Dans un avertissement contre Ben-Gvir, le Professeur Yoram Yovell a récemment présenté un scénario horrible : 400 bus vont dans l'année à venir déporter 200 000 Arabes israéliens, sous prétexte d'une guerre dans le nord si, Elohim nous en préserve, un gouvernement Ben-Gvir-Netanyahou est formé.

Le scénario de Yovell est terriblement réaliste, mais Ben-Gvir ne sera pas nécessairement celui qui sera derrière. La gauche est experte en transferts de population et en nettoyage ethnique, en 1948 et 1967, à Masafer Yatta et dans la vallée du Jourdain, et son expérience sera très précieuse lors du prochain transfert. Nous devons avoir plus peur de la gauche à cause de son passé que de Ben-Gvir à cause de ses menaces.

Le monde a embrassé le centre-gauche israélien à cause d'une illusion. Ben-Gvir y mettra fin. Un gouvernement avec Ben-Gvir pourrait resserrer son étranglement du peuple palestinien, mais rien ne peut être plus diabolique que le plan d'empoisonner les puits. Le monde a embrassé les généraux qui ont mené les assauts barbares sur Gaza  mais il peut rejeter Ben-Gvir. Bonjour le monde. Mieux vaut tard que jamais.

Si cela se produit, je tirerai mon chapeau à Ben-Gvir, l'homme que j'aime personnellement et dont je déteste les opinions, et je le remercierai du fond du cœur pour sa contribution à l'avancement de la justice.

 

29/12/2021

WILLIAM HANNA
RIP Desmond Tutu

William Hanna, 29/12/2021

 

William Hanna is a London-based freelance writer on democracy and human rights and author of The Grim Reaper and The Broken Promise Of A Promised Land. Further information including books, reviews, articles, sample chapters, videos, and contact details at: https://www.williamhannaauthor.com

 

In 2014, Archbishop Emeritus Desmond Tutu wrote an exclusive article for Haaretz in which he called for a global boycott of Israel and urged Israelis and Palestinians to look beyond their leaders for a sustainable solution to the crisis in the Holy Land. The following is an excerpt:

The past weeks have witnessed unprecedented action by members of civil society across the world against the injustice of Israels disproportionately brutal response to the firing of missiles from Palestine.

If you add together all the people who gathered over the past weekend to demand justice in Israel and Palestine in Cape Town, Washington, D.C., New York, New Delhi, London, Dublin and Sydney, and all the other cities this was arguably the largest active outcry by citizens around a single cause ever in the history of the world.

A quarter of a century ago, I participated in some well-attended demonstrations against apartheid. I never imagined wed see demonstrations of that size again, but last Saturdays turnout in Cape Town was as big if not bigger. Participants included young and old, Muslims, Christians, Jews, Hindus, Buddhists, agnostics, atheists, blacks, whites, reds and greens ... as one would expect from a vibrant, tolerant, multicultural nation.

I asked the crowd to chant with me: We are opposed to against the injustice of the illegal occupation of Palestine. We are opposed to the indiscriminate killing in Gaza. We are opposed to the indignity meted out to Palestinians at checkpoints and roadblocks. We are opposed to violence perpetrated by all parties. But we are not opposed to Jews.

 Unlike the majority — if not all — of his fellow Christian bishops and archbishops, Nobel peace laureate Desmond Tutu was not a cowardly hypocrite who shied away from his Christian duty to condemn Israeli crimes against the Palestinian people because as was declared by the Human Rights Campaign (HRC), “To stand with Palestine is to stand with Humanity.” Christian religious and political leaders, however — the same despicable breed who with hypocritical moral indignation condemned Apartheid in South Africa — have continued to subserviently go along with Israel’s asinine assertion that its terrifying transgressions against Palestinians represents “a right to defend itself.

26/12/2021

DESMOND TUTU
Mon appel au peuple d'Israël : Libérez-vous en libérant la Palestine

 

Mgr Desmond Tutu est mort aujourd’hui à l’âge de 90 ans au Cap, dont il avait été le premier archevêque noir. Ce vétéran de la lutte contre l’apartheid avait reçu le prix Nobel de la Paix en 1984 et avait présidé la Commission pour la Vérité et la Réconciliation dix ans plus tard. Il avait écrit un article exclusif pour le quotidien Haaretz en 2014, dans lequel il appelait à un boycott mondial d'Israël et exhortait les Israéliens et les Palestiniens à regarder au-delà de leurs dirigeants pour une solution durable à la crise en Terre Sainte.

Haaretz, 26/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Au cours des dernières semaines, des membres de la société civile du monde entier ont pris des mesures sans précédent contre l'injustice de la réaction disproportionnée d'Israël aux tirs de missiles en provenance de Palestine.

Si vous additionnez toutes les personnes qui se sont rassemblées le week–end dernier pour réclamer justice en Israël et en Palestine – au Cap, à Washington, D.C., à New York, à New Delhi, à Londres, à Dublin et à Sydney, et dans toutes les autres villes - ce fut sans doute le plus grand cri de ralliement actif de citoyens autour d'une seule cause jamais dans l'histoire du monde.

Il y a un quart de siècle, j'ai participé à des manifestations très suivies contre l'apartheid. Je n'aurais jamais imaginé que nous verrions à nouveau des manifestations de cette ampleur, mais la participation de samedi dernier au Cap était aussi importante, sinon plus. Les participants étaient des jeunes et des moins jeunes, des Musulmans, des Chrétiens, des Juifs, des Hindous, des bouddhistes, des agnostiques, des athées, des noirs, des blancs, des rouges et des verts... comme on peut s'y attendre d'une nation dynamique, tolérante et multiculturelle.

J'ai demandé à la foule de chanter avec moi : « Nous sommes opposés à l'injustice de l'occupation illégale de la Palestine. Nous sommes opposés aux tueries aveugles à Gaza. Nous sommes opposés à l'indignité infligée aux Palestiniens aux postes de contrôle et aux barrages routiers. Nous sommes opposés à la violence perpétrée par toutes les parties. Mais nous ne sommes pas opposés aux Juifs ».

Plus tôt dans la semaine, j'ai demandé la suspension d'Israël de l'Union internationale des architectes, qui se réunissait en Afrique du Sud.

J'ai lancé un appel aux frères et sœurs israéliens présents à la conférence pour qu'ils se dissocient activement, ainsi que leur profession, de la conception et de la construction d'infrastructures liées à la perpétuation de l'injustice, y compris la barrière de séparation, les terminaux de sécurité et les points de contrôle, et les colonies construites sur les terres palestiniennes occupées.

« Je vous implore de ramener ce message chez vous : Veuillez inverser la tendance contre la violence et la haine en rejoignant le mouvement non violent pour la justice pour tous les habitants de la région », ai-je dit.

Au cours des dernières semaines, plus de 1,6 million de personnes à travers le monde ont adhéré à ce mouvement en se joignant à une campagne d'Avaaz appelant les entreprises profitant de l'occupation israélienne et / ou impliquées dans les abus et la répression des Palestiniens à se retirer. La campagne cible spécifiquement le fonds de pension néerlandais ABP, la banque Barclays, le fournisseur de systèmes de sécurité G4S, la société de transport française Veolia, la société informatique Hewlett-Packard et le fournisseur de bulldozers Caterpillar.

Le mois dernier, 17 gouvernements de l'UE ont exhorté leurs citoyens à éviter de faire des affaires ou d'investir dans des colonies israéliennes illégales.

Nous avons également récemment assisté au retrait par le fonds de pension néerlandais PGGM de dizaines de millions d'euros de banques israéliennes; au désinvestissement de G4S par la Fondation Bill et Melinda Gates; et l'Église presbytérienne américaine a désinvesti environ 21 millions de dollars de HP, Motorola Solutions et Caterpillar.

C'est un mouvement qui s'accélère.

La violence engendre la violence et la haine, ce qui ne fait qu'engendrer plus de violence et de haine.

Nous, Sud-Africains, sommes au fait de la violence et de la haine. Nous comprenons la douleur d'être le paria du monde, quand il semble que personne ne comprend ou n'est même prêt à écouter votre point de vue. C'est de là que nous venons.

 Nous connaissons également les avantages que le dialogue entre nos dirigeants nous a finalement apportés, lorsque des organisations qualifiées de « terroristes » ont été légalisées et que leurs dirigeants, dont Nelson Mandela, ont été libérés de l'emprisonnement, du bannissement et de l'exil.

 Nous savons que lorsque nos dirigeants ont commencé à se parler, la raison de la violence qui avait ravagé notre société s'est dissipée et a disparu. Les actes de terrorisme perpétrés après le début des pourparlers – comme les attaques contre une église et un pub – ont été presque unanimement condamnés, et le parti tenu pour responsable a été snobé dans les urnes.

L'exaltation qui a suivi notre vote ensemble pour la première fois n'était pas l'apanage des seuls Sud-Africains noirs. Le véritable triomphe de notre règlement pacifique a été que tous se sont sentis inclus. Et plus tard, lorsque nous avons dévoilé une constitution si tolérante, compatissante et inclusive qu'elle rendrait Dieu fier, nous nous sommes tous sentis libérés.

Bien sûr, cela a aidé que nous ayons un cadre de dirigeants extraordinaires.

Mais ce qui a finalement forcé ces dirigeants à se réunir autour de la table des négociations, c'est le cocktail d'outils persuasifs et non violents qui avaient été développés pour isoler l'Afrique du Sud, économiquement, académiquement, culturellement et psychologiquement.

À un certain moment – le point de basculement - le gouvernement de l'époque s'est rendu compte que le coût de la tentative de préserver l'apartheid l'emportait sur les avantages.


Le retrait du commerce avec l'Afrique du Sud par des multinationales conscientes dans les années 1980 a finalement été l'un des leviers clés qui a mis à genoux l'État d'apartheid – sans effusion de sang –. Ces sociétés ont compris qu'en contribuant à l'économie de l'Afrique du Sud, elles contribuaient au maintien d'un statu quo injuste.

Ceux qui continuent de faire des affaires avec Israël, qui contribuent à un sentiment de “normalité” dans la société israélienne, rendent un mauvais service au peuple d'Israël et de Palestine. Ils contribuent à la perpétuation d'un statu quo profondément injuste.

Ceux qui contribuent à l'isolement temporaire d'Israël disent qu'Israéliens et Palestiniens ont également droit à la dignité et à la paix.

En fin de compte, les événements survenus à Gaza au cours du dernier mois vont mettre à l'épreuve qui croit en la valeur des êtres humains.