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06/03/2024

BRIAN VICTORIA
La bataille pour l'âme du judaïsme : tribalisme contre universalisme, Isaïe contre Samuel

Brian Victoria, Informed Comment, 02/23/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Kyoto - Les téléspectateurs de la récente interview de Vladimir Poutine par Tucker Carlson ont peut-être été surpris par la longue référence de ce dernier à la fondation historique de la Russie. Quel est le rapport avec l'invasion actuelle de l'Ukraine par la Russie, pourrait-on se demander.

Pourtant, comme tout étudiant en histoire, et a fortiori tout diplomate, peut en témoigner, les conflits entre nations ne peuvent être compris, et encore moins résolus, sans une compréhension de leurs racines historiques. Cela pourrait-il également être vrai pour le conflit actuel entre Israël et les Palestiniens ?

Les racines de ce conflit sont souvent expliquées en référence à la création d'Israël en 1948, qui a entraîné l'expulsion de centaines de milliers de Palestiniens de leur patrie et le meurtre de milliers d'autres. Bien que les sionistes qui ont fondé Israël aient été pour la plupart des socialistes travaillistes et souvent laïques, la guerre civile qui a entraîné l'effondrement du mandat britannique sur la Palestine a fait naître un tribalisme nationaliste chez les nouveaux Israéliens. Ce tribalisme parmi les sionistes a été renforcé par le génocide de masse nazi des Juifs en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire l'Holocauste.  Ironiquement, le tribalisme juif des paramilitaires sionistes dans la Palestine britannique tardive a également favorisé le tribalisme palestinien et arabe. Malgré l'universalisme éthique du Coran et des valeurs islamiques, des groupes musulmans extrémistes ont été séduits, au cours des dernières décennies, par les notions modernes de nationalisme ethnique, s'orientant vers un tribalisme qui leur est propre, face au colonialisme et au néocolonialisme.

La lutte au sein du judaïsme entre l'universalisme et le tribalisme remonte toutefois à beaucoup plus loin. C'est l'époque de l'auteur ou des auteurs du Second Isaïe dans la Bible hébraïque et l'Ancien Testament chrétien. Le Second Isaïe enseigne, entre autres, l'existence universelle de Dieu, c'est-à-dire non seulement le Dieu des Juifs, mais aussi celui du monde entier. Il contient en outre de nombreuses exhortations au comportement éthique et à la justice sociale. Le comportement éthique comprend des éléments tels que la prise en charge des pauvres et des opprimés, la poursuite de la justice et le traitement des autres avec compassion. 


Cela signifie que le ou les auteurs du Second Ésaïe faisaient partie d'un petit groupe de réformateurs religieux de l'Âge axial, une période baptisée ainsi par le philosophe allemand Karl Jaspers. Jaspers a identifié l'âge axial comme une transformation mondiale de la conscience religieuse qui a duré approximativement entre 800 et 200 avant l’ère chrétienne, centrée sur la Méditerranée, l'Inde et la Chine. Dans l'ensemble, ses principales caractéristiques sont l'accent mis sur la vie éthique, l'introspection individuelle et les principes universels.

Par comparaison, les multiples religions des peuples du monde avant l'ère axiale, y compris le judaïsme, étaient de nature tribale, c'est-à-dire qu'elles mettaient l'accent sur ce qui était bon pour la tribu dans son ensemble plutôt que pour chacun de ses membres, et encore moins sur ce qui était bon pour ceux qui n'appartenaient pas à la tribu. Alors que les tribus parlaient généralement d'elles-mêmes comme du “peuple”, les personnes extérieures à la tribu étaient considérées avec dédain, voire avec crainte, comme un ennemi potentiel qui, le cas échéant, devait être détruit afin d'assurer la survie de la tribu.

Il est séduisant, mais erroné, de supposer qu'au lendemain de l'ère axiale, après 200 avant l’ère chrétienne, les anciennes religions tribalo-centrées, généralement décrites comme étant de nature animiste, se sont simplement atrophiées et ont disparu. Cependant, comme l'ont démontré de nombreuses guerres ultérieures, ce n'est pas le cas. Lorsqu'une tribu, aujourd'hui appelée nation, est menacée, qu'elle soit réelle ou perçue comme telle, la population de cette nation revient à une mentalité tribale, voire à une moralité tribale, c'est-à-dire que nous sommes les seuls à être humains, l'“autre” ne l'est pas. La divinité universelle est ramenée, bien qu'inconsciemment, à son statut de divinité tribale préoccupée exclusivement par le bien-être de la tribu. Une fois tribalisée, la divinité bénit et protège la tribu, et uniquement la tribu, en lui assurant la victoire. Quant au traitement de l'ennemi de la tribu, tout est permis.


Loin des yeux, loin du cœur, par Mr. Fish

Dans le cas du conflit actuel en Israël/Palestine, ce paradigme séculaire n'est que trop clair. Ainsi, le Premier ministre Benjamin Netanyahou n'a pas hésité à invoquer l'image biblique de la bataille des tribus juives contre les Amalécites. Il a affirmé que les Israéliens étaient unis dans leur lutte contre le Hamas, qu'il a décrit comme un ennemi d'une cruauté incomparable. « Ils [les juifs israéliens] sont déterminés à éliminer complètement ce mal du monde », a déclaré Netanyahou en hébreu, avant d'ajouter : « Vous devez vous souvenir de ce qu'Amalek vous a fait, dit notre Sainte Bible. Et nous nous en souvenons ».

Netanyahou faisait référence au premier livre de Samuel, dans lequel Dieu ordonne au roi Saül de tuer tous les membres d'Amalek, une tribu rivale des anciens Israélites. « Voici ce que dit le Seigneur tout-puissant », déclare le prophète Samuel à Saül. « Je punirai les Amalécites pour ce qu'ils ont fait à Israël lorsqu'ils l'ont abandonné lors de sa remontée d'Égypte. Va donc attaquer les Amalécites et détruis tout ce qui leur appartient. Ne les épargnez pas, mettez à mort les hommes et les femmes, les enfants et les nourrissons, le bétail et les moutons, les chameaux et les ânes. » (1 Samuel 15:3)

04/03/2024

Shwetha Srikanthan
L’approfondissement des liens entre l’Inde et Israël et ses implications pour l’Asie du Sud
Entretien avec Rohan Venkat

Himal Southasian, 14/1/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Entretien avec Rohan Venkat sur le partenariat économique et militaire qui anime les relations entre l’Inde et Israël, et sur la façon dont il s’écarte de l’histoire de la solidarité de l’Inde avec la Palestine.

 Shwetha Srikanthan : Le bombardement brutal de Gaza par Israël a tué plus de 20 000 Palestiniens et en a blessé plus de 50 000 autres en un peu plus de deux mois, depuis l’attaque du 7 octobre par le Hamas. Alors que l’Inde a fermement condamné l’attaque et exprimé sa solidarité avec Israël, elle a récemment voté en faveur de plusieurs projets de résolution aux Nations unies qui critiquaient la conduite d’Israël à Gaza et soutenaient l’aide aux civils palestiniens, après s’être initialement abstenue sur une résolution qui appelait à une trêve humanitaire immédiate et à un accès humanitaire sans entrave à la bande de Gaza. Cela signifie que des changements profonds ont eu lieu dans l’approche de l’Inde à l’égard d’Israël. Pendant la majeure partie de l’histoire de l’Inde indépendante, New Delhi n’avait pas de relations diplomatiques avec Israël. Sous l’égide de Narendra Modi et de Benjamin Netanyahou, l’Inde et Israël ont développé un partenariat militaire important et des liens économiques croissants. Dans une recension [à lire ici en français] de Hostile Homelands : The New Alliance between India and Israel, pour Himal Southasian, Rohan Venkat explore la convergence idéologique de l’hindutva et du sionisme et les conséquences pour le Cachemire et la Palestine, et affirme que l’approfondissement des liens entre l’Inde et Israël ne s’arrête pas là.

Dans cette édition d’Himal Interviews, Rohan Venkat explique que le point commun le plus puissant entre l’Inde et Israël ne réside pas dans les liens commerciaux et militaires qu’ils ont tissés au cours des trois dernières décennies. Rohan explore plutôt la manière dont les mouvements idéologiques qui sont au cœur des dirigeants politiques indiens et israéliens d’aujourd’hui servent à justifier les excès des deux États, ainsi que les implications plus larges de cette situation pour la région de la mer du Sud.

Shwetha : Pour commencer, pourriez-vous nous donner un aperçu de la réaction de l’Inde à la guerre Israël-Gaza et nous expliquer en quoi le virage vers Tel-Aviv que New Delhi a pris plus récemment s’écarte de l’histoire de la solidarité du pays avec les Palestiniens ?

Rohan : Au lendemain de l’attaque du Hamas le 7 octobre et de la réponse de l’État d’Israël, l’Inde a gardé le silence officiel, c’est-à-dire que le ministère des Affaires étrangères n’a fait aucun commentaire sur ce qui se passait pendant quelques jours. Au lieu de cela, la seule réponse officielle que nous ayons eue a été celle du Premier ministre Narendra Modi, qui s’est d’abord exprimé en solidarité avec Israël sur la question, puis qui a eu un appel téléphonique avec Netanyahou quelques jours plus tard. Rien que cela, c’était déjà le signe d’une certaine rupture par rapport aux périodes précédentes, où l’Inde cherchait toujours à mentionner la question palestinienne lorsqu’elle parlait d’Israël, même dans des situations complexes comme celle-ci. Au fil du temps, il est apparu clairement que l’Inde ne s’alignait pas entièrement sur les Israéliens, pas comme l’ont fait les USAméricains ou d’autres États occidentaux, mais qu’elle s’éloignait légèrement de ses propres positions, alors qu’elle s’était initialement abstenue de demander une trêve humanitaire, selon la terminologie utilisée à l’époque pour désigner une sorte de cessez-le-feu.

Et pour comprendre cela, nous devons connaître, comme vous l’avez demandé, l’histoire plus large de l’Inde, les tentatives de l’Inde de créer une sorte de politique à la fois pour Israël et pour la Palestine. L’histoire est complexe et quelque peu alambiquée, en partie parce qu’il s’agit de deux États postcoloniaux qui ont vu le jour à peu près au même moment, à la fin des années 1940, et qui ont lutté pour savoir exactement comment traiter l’un avec l’autre. Mais je pense que les contours de la situation sont simples : l’Inde, après avoir fait quelques efforts initiaux pour reconnaître Israël, a décidé de ne pas le faire, bien qu’un consulat ait été ouvert dans les premières années qui ont suivi l’indépendance, et n’a pas reconnu officiellement Israël avant les années 1990. Au cours de cette période, le pays a été un fervent défenseur de la cause palestinienne, devenant le premier pays au monde à reconnaître l’OLP et s’exprimant fréquemment au nom des Palestiniens. À partir des années 1990, la grande question de la normalisation s’est posée.

Peu de temps après la chute du mur de Berlin, la fin de l’URSS et le passage au mouvement unipolaire usaméricain, ainsi qu’un ensemble de changements dans la politique indienne, où le terrain se déplace un peu plus vers la droite, l’Inde ouvre des liens officiels avec Israël et lentement, au début, puis beaucoup plus rapidement lorsque le premier gouvernement de droite BJP prend en charge Delhi à la fin des années 90, les liens de l’Inde avec Israël sont devenus de plus en plus forts, mais ils sont toujours considérés comme étant équilibrés par le soutien à la cause palestinienne. Au cours de la dernière décennie, le Premier ministre Modi a été beaucoup plus clair quant à l’abandon de ces tropes de l’histoire. Son ministre des Affaires étrangères a parlé des hésitations de l’histoire qui, en raison du vote musulman à l’intérieur du pays, ont éloigné l’Inde d’un partenariat avec Israël. Ainsi, au cours des dix dernières années, nous avons assisté à un soutien beaucoup plus ouvert à Israël, à des connexions ouvertes avec l’État israélien et l’économie israélienne, ainsi qu’à une tentative générale de découplage de la cause israélo-palestinienne dans la politique étrangère de l’Inde. L’Inde maintient donc officiellement son soutien à la Palestine et appelle sur le papier à une solution à deux États, etc. Mais dans la pratique, elle s’est efforcée d’élargir ses liens avec Israël au cours de la dernière décennie.

Shwetha : Au cours de la dernière décennie, l’idéologie nationaliste hindoue a occupé le devant de la scène en Inde. Les membres du gouvernement de Modi et de l’écosystème Hindutva, dirigé par le RSS, traitent la minorité musulmane comme une population subalterne. De nombreux membres de l’actuel gouvernement israélien d’extrême droite seraient également des partisans de la vision du monde de l’Hindutva lorsqu’il s’agit des musulmans. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette convergence idéologique entre l’hindutva et le sionisme ?

Rohan : Il est important de se rappeler, bien sûr, que si ces deux choses sont étroitement liées, ce que l’État indien choisit de faire et ce que la large base idéologique du parti au pouvoir fait sont des choses légèrement différentes. C’est pourquoi l’Inde, en particulier sous la direction de Modi, s’est montrée très habile à mélanger ces deux courants idéologiques et politiques quand elle le souhaite et à les séparer quand elle le veut.  Pour situer le contexte, les relations de l’Inde avec les Émirats arabes unis, qui sont un émirat musulman, sont aussi fortes, beaucoup plus fortes, en fait, que ses relations avec Israël. L’Inde dispose donc d’une certaine marge de manœuvre pour faire des choses qui ne reflètent pas nécessairement les fondements idéologiques sous-jacents. 


Borj Khalifa accueille Narendra Modi avec faste lors de sa visite officielle aux Émirats arabes unis en juillet 2023

25/02/2024

GIDEON LEVY
Israël n’a pas de véritable alternative à Netanyahou


Gideon Levy, Haaretz, 25/2/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Une fois de plus, il a été prouvé qu’il n’y a pas de véritable substitut, pas de véritable alternative et pas de véritable opposition à Benjamin Netanyahou.

 

Ce dessin du Norvégien Roar Hagen représentant Bibi en Moïse du XXIème siècle, publié dans le New York Times le 25 avril 2019, a suscité une telle levée de boucliers sionistes -qualifiant le dessin d’ « antisémite »- que le journal a décidé de ne plus publier de caricatures

Le comportement des partis centristes tout au long de la guerre, y compris les résultats de deux votes importants à la Knesset la semaine dernière, prouvent clairement que sur les questions fondamentales qui définissent le caractère d’Israël - l’occupation, la guerre et, incroyablement, la démocratie - il n’y a pas de différences significatives entre la droite, le centre et la gauche sioniste. Sur ces questions, nous sommes un État avec une seule voix, une seule perspective, une seule opinion : Ensemble, nous gagnerons.

Ces choses sont d’autant plus étonnantes que la lutte politique fait rage entre les deux camps. Tout le monde parle de division, de clivage, de gouffre, alors qu’il n’y a pas de réelles divergences d’opinion.

On pourrait penser qu’Israël en temps de guerre serait un pays différent si Benny Gantz, Gadi Eisenkot ou Yair Lapid le dirigeaient. Il n’en est rien. Leur conduite personnelle serait certainement plus droite et plus humble, mais les résultats seraient remarquablement similaires. En voici la preuve.

Dans un résultat qui ne ferait pas honte à une élection biélorusse - 99-9 - la Knesset a soutenu une résolution du gouvernement s’opposant à la reconnaissance « unilatérale » d’un État palestinien. Les esprits se sont échauffés et les mains se sont levées en signe de soutien massif au rejet israélien.

L’État, dont la politique d’occupation et de colonisation est la mère de l’unilatéralisme, se moque du monde entier et s’unit unanimement contre une mesure unilatérale qui est ostensiblement acceptée par la moitié de ses législateurs. C’est une honte, mais ce n’est pas une surprise.

La quasi-unanimité du vote en faveur de l’éviction du député Ofer Cassif n’était pas moins prévisible. Cela n’a rien à voir avec les Palestiniens et les territoires, mais plutôt avec la démocratie, la question qui a le plus agité le pays au cours de l’année écoulée.

ALON PINKAS
Le plan de Netanyahou pour “le jour d’après” à Gaza n’est pas réalisable et ce n’est pas un plan

Alon Pinkas, Haaretz, 25/2/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Alon Pinkas (1961) est rédacteur principal sur la politique israélienne et usaméricaine pour le quotidien israélien Haaretz. Il a été chef de cabinet de Shlomo Ben-Ami et David Levy, conseiller en politique étrangère d’Ehud Barak et Shimon Peres et consul général d’Israël à New York de 2000 à 2004.

Le plan d’après-guerre pour Gaza rendu furtivement public vendredi par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est une liste de déclarations unilatérales qui mérite à peine un examen sérieux.

Netanyahou dans le nord de la bande de Gaza, en décembre. Photo: Avi Ohayon / GPO

Plus de 140 jours après le début de la guerre de Gaza, près de cinq mois après que les USA lui ont demandé - en tant qu’allié - de fournir des idées, une vision ou un cadre pour la Gaza d’après-guerre, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a finalement présenté un non-plan. Une liste de principes apparemment raisonnables, mais non viables, qui n’ont rien à voir avec la réalité. Cette liste a été publiée furtivement vendredi matin, comme si le gouvernement espérait que personne ne la remarquerait.

C’était une sage décision, car il mérite à peine d’être remarqué ou examiné sérieusement. Il s’agit en fait d’une négation du plan Biden, d’une liste de déclarations qui constituent un contrôle israélien illimité de la bande de Gaza sans aucune lueur d’espoir politique. D’un point de vue critique, il n’est tout simplement pas réalisable.

Le document, qui est essentiellement une liste de déclarations unilatérales plutôt qu’un plan cohérent, est divisé de manière concise en trois périodes : un court paragraphe sur la période immédiate, une description en cinq points de la période intermédiaire en termes de sécurité et une description en quatre points de la réalité civile. Vient ensuite une déclaration « à long terme » de deux paragraphes, qui se veut grandiloquente.

La ville de Jabalya, au nord de la bande de Gaza, jeudi. Photo : Mahmoud Issa / Reuters

Décortiquons-le point par point pour comprendre ce qu’il signifie et ce qu’il ne signifie pas, et pourquoi il n’est pas viable.

08/02/2024

GIDEON LEVY
Israël sera atteint dans sa dignité, le Hamas sera couronné vainqueur, mais la guerre prendra fin

Gideon Levy, Haaretz, 7/2/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les termes de l’accord qui se dessine avec le Hamas sont présentés par Israël comme impliquant un « prix douloureux ». Cela repose sur l’hypothèse que tout ce qui est bon pour le Hamas doit être mauvais pour Israël et que tout ce qui est mauvais pour les Palestiniens est bon pour nous : un jeu à somme nulle.


Simon Regis, Tanzanie

Israël s’est convaincu qu’il ne devait pas signer un accord qui profiterait au Hamas de quelque manière que ce soit ; cet accord ne peut être que néfaste pour Israël et ne peut qu’entraîner un prix douloureux.

Nous ne devrions pas accepter ces hypothèses. Certains éléments de l’accord sont bons à la fois pour Israël et pour le Hamas. Le « prix » n’est pas toujours vraiment un prix. Il n’est pas toujours aussi douloureux qu’on veut nous le faire croire.

La libération des prisonniers de sécurité palestiniens et la cessation des combats profiteront au Hamas. Peut-être profitera-t-elle aussi à Israël. Quoi qu’il en soit, l’alternative sera bien pire pour Israël. Le Hamas ne libérera pas ses captifs sans condition, tout comme Israël ne libère pas les siens prisonniers sans obtenir quelque chose en retour, et il en a des milliers à l’heure actuelle.

Israël a appris aux Palestiniens qu’ils ne peuvent obtenir la libération rapide de leurs prisonniers détenus par Israël qu’en les échangeant contre des otages. D’ailleurs, les deux camps ont des otages : de nombreux détenus palestiniens ont été arrachés à leur lit et n’ont jamais été jugés.

Les prisons israéliennes regorgent de prisonniers de sécurité qui, contrairement à la présentation qui en est faite dans la propagande médiatique, ne sont pas tous des « terroristes avec du sang sur les mains ».

Parmi eux se trouvent de nombreux prisonniers politiques d’un régime qui interdit aux Palestiniens toute forme d’activité organisationnelle. Beaucoup d’autres ont été reconnus coupables de délits mineurs et condamnés à des peines draconiennes. S’il fallait encore prouver l’existence de l’apartheid israélien, ce serait par les systèmes judiciaires distincts pour les Juifs et les Palestiniens.

Dans les prisons israéliennes, il y a aussi d’ignobles meurtriers palestiniens. Mais nombre d’entre eux ont purgé leur peine et méritent d’être un jour libérés, tout comme leurs compagnons d’infortune juifs. La libération de vétérans âgés de la lutte armée palestinienne ne fera aucun mal à Israël.

Il y en a même dont la libération profitera à Israël, en premier lieu Marwan Barghouti, mais pas seulement lui. Si Israël est sérieusement intéressé à trouver un partenaire pour changer la réalité des guerres sans fin, il peut être trouvé derrière les barreaux israéliens. La prochaine génération de dirigeants palestiniens est détenue dans les prisons israéliennes, de Megiddo à Nafha.

Les luttes de libération à travers l’histoire, y compris celle du peuple juif, ont produit des dirigeants courageux qui sont sortis des prisons de leurs conquérants. Il y aura des familles juives endeuillées qui ont perdu leurs proches il y a des années et qui ne veulent pas voir les assassins libérés. C’est compréhensible, mais on ne peut certainement pas leur permettre de dicter ce qui est dans l’intérêt d’Israël.

“Israël tue x 000 Palestiniens : c’est la faute au Hamas”
Peter Sully, Australie

La ligne de conduite la plus sage qu’Israël aurait dû adopter il y a longtemps était de libérer volontairement les prisonniers de sécurité, en guise de geste et pas seulement de concession dans le cadre des négociations. Mais il n’y a aucune chance que cela se produise - c’est trop intelligent. Libérer 1 500 prisonniers, comme le demande le Hamas, n’est ni un désastre ni une souffrance. Cela permettra aux otages de rentrer chez eux. Le désastre et la douleur ne se produiront que s’ils ne sont pas sauvés.

Il ne serait pas non plus désastreux ou douloureux de mettre fin à cette guerre maudite, au cours de laquelle Israël a perdu son humanité sans atteindre ses objectifs grâce à des tueries et des destructions aveugles, comme on n’en voit que dans les guerres les plus brutales.

La dignité d’Israël sera en effet atteinte, le Hamas sera couronné vainqueur de la guerre - un vainqueur douteux mais un vainqueur quand même (même s’il s’était déjà couronné lui-même le 7 octobre). Même si la « victoire totale" de Benjamin Netanyahou était obtenue, ce qui n’arrivera évidemment jamais, le Hamas a gagné la guerre. Il vaut donc mieux y mettre fin.

Nous devons mettre de côté les clichés et les slogans éculés dont les Israéliens ont été abreuvés et examiner calmement les questions importantes : L’accord est-il vraiment si mauvais ? En quoi ? Existe-t-il un meilleur accord ?

Emad Hajjaj, Jordanie

 

21/12/2023

GIDEON LEVY
Israël serait-il différent sans Netanyahou ?

Gideon Levy, Haaretz, 21/12/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Si Benjamin Netanyahou n’avait pas été Premier ministre pendant 16 ans, est-ce que cette terrible guerre n’aurait  pas éclaté ?

La guerre aurait-elle été différente ? Peut-on être sûr que la surprise et le fiasco du 7 octobre n’auraient pas eu lieu ? Les otages n’auraient-ils pas été pris ? Israël n’aurait pas perpétré une tuerie de masse aussi horrible à Gaza ?


La prison israélienne d’Ofer en Cisjordanie, à 4 km à vol d’oiseau [mais à plusieurs heures de route pour les Palestiniens] de Ramallah, en 2019. Photo: Olivier Fitoussi

Il ne s’agit pas de questions “et si”, ni de réduire d’un iota l’ampleur de la responsabilité de Netanyahou et la gravité de ce qu’on peut lui reprocher pour ce qui s’est passé. Netanyahou doit partir, hier, aujourd’hui, demain, comme l’ensemble du gouvernement de zéros qu’il a formé et qui nous a conduits au bord de l’abîme.

Mais existe-t-il des dirigeants en Israël qui agiraient d’une manière fondamentalement différente à l’égard de Gaza et des Palestiniens ? Certainement pas.

Faire porter à Netanyahou l’entière responsabilité de tous les malheurs d’Israël revient à dire que s’il n’avait pas été là, tout aurait été différent. C’est ce que les partisans du « Tout sauf Bibi » font depuis le premier jour. Sans Netanyahou, Gaza n’aurait pas été une prison, les colonies n’auraient pas pourri Israël et Tsahal aurait été une armée morale.

Ce n’est pas vrai, bien sûr. Il y a suffisamment de choses pour lesquelles, sans Netanyahou, Israël aurait été un meilleur endroit, mais la levée de la malédiction de l’occupation et du siège n’en fait pas partie.

Il existe en Israël des hommes politiques honnêtes, pleins de bonnes intentions, qui sont plus modestes et plus fidèles à leurs positions que lui - il aurait été plus agréable d’être des occupants sous leur direction.

Israël serait resté le même État d’apartheid, mais avec de plus beaux atours. Netanyahou a corrompu le système politique et l’a infecté, il a détruit la justice et les forces de l’ordre, et pour ce qui est de sa conduite personnelle, mieux vaut ne pas entrer là-dedans.

Mais lorsqu’il s’agit du cœur du problème, le cœur qu’Israël fuit comme le feu, le cœur que Netanyahou avait prévu d’éliminer de l’ordre du jour, il semble que Netanyahou ait agi comme l’ont fait ses prédécesseurs et comme le feront ses successeurs.

Hormis les efforts louables d’anciens premiers ministres comme Yitzhak Rabin, Shimon Peres, Ehud Barak, Ehud Olmert et Ariel Sharon pour trouver une solution, ne serait-ce que partielle, aucun d’entre eux n’avait l’intention d’accorder aux Palestiniens le minimum de justice qu’ils méritent, sans lequel il n’y a pas de solution.

Tous les premiers ministres se sont rangés du côté de la poursuite de l’occupation et du siège de Gaza. Aucun d’entre eux n’a songé un seul instant à autoriser la création d’un véritable État palestinien, doté des pleins pouvoirs, un État comme les autres. Il ne leur est pas venu à l’esprit de libérer la bande de Gaza du siège qui l’étrangle. S’il n’y avait pas eu tout cela, peut-être que le Hamas n’existerait pas.

Le siège de Gaza n’a pas été mis en place par Netanyahou ; le “gouvernement du changement” [Lapid-Gantz-Bennett] n’a pas pensé à le lever. L’argent du Qatar a peut-être été versé au Hamas de manière plus responsable sous Naftali Bennett, mais la politique a été fondamentalement la même. Personne n’a pensé à ouvrir Gaza au monde, même de manière contrôlée - la seule politique qui n’ait pas été tentée, et la seule qui aurait pu, peut-être, faire avancer une solution.

Il est également difficile d’évaluer si l’armée israélienne aurait été différente sous un autre premier ministre.

Le fiasco aurait-il été évité ? Ce n’est pas certain. Les missions d’occupation qui sont devenues la majorité des activités de Tsahal n’ont pas été inventées par Netanyahou. N’importe quel autre premier ministre aurait également orienté des forces et des ressources insensées pour satisfaire les colons et leurs caprices. C’est ainsi que les choses se sont passées sous tous les gouvernements d’Israël.

Les candidats s’échauffent sur la ligne de départ. Chacun d’entre eux sera un meilleur Premier ministre que Netanyahou. Ils seront certainement plus honnêtes, plus modestes et plus décents que lui. Mais l’un d’entre eux parviendra-t-il à infléchir la trajectoire descendante d’Israël ?

Yair Lapid a annoncé qu’il était favorable à l’entrée de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, puis il a immédiatement changé d’avis, et il est déjà contre. Lapid n’a pas d’opinion.

Benny Gantz et Gadi Eisenkot participent à la conduite de la guerre, avec tous ses crimes, qui s’avérera pourtant vaine. Aucun d’entre eux n’a proposé une nouvelle voie, une voie que nous n’avons jamais essayée auparavant. Il n’y a que la force et encore la force.

Netanyahou doit partir, cela ne fait plus aucun doute. Mais Israël poursuivra sa course [à l’abîme].


07/10/2023

MARWAN BISHARA
De la chutzpa à l’humiliation : les 10 heures qui ont choqué Israël

Marwan Bishara, Aljazeera, 7/10/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Marwan Bishara (Nazareth, 1969) est analyste politique principal à Al Jazeera. Il écrit beaucoup sur la politique mondiale et est largement considéré comme une autorité en matière de politique étrangère usaméricaine, de Moyen-Orient et d’affaires stratégiques internationales. Il était auparavant professeur de relations internationales à l’Université américaine de Paris. On peut lire de lui en français Palestine/Israël : la paix ou l’apartheid (La Découverte, 2002, 2023)

La Blitzkrieg [guerre éclair] palestinienne est un échec militaire et une catastrophe politique aux proportions colossales pour Israël.

Des Palestiniens chevauchent un véhicule militaire israélien dans les rues de Gaza lors d’une opération militaire lancée par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. Photo : EPA/Haitham Imad/EPA

Quelques jours après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a prononcé un discours fanfaron aux Nations unies, annonçant la création d’un nouveau Moyen-Orient centré sur Israël et ses nouveaux partenaires arabes, les Palestiniens, qu’il a totalement omis de sa carte régionale fantaisiste, lui ont porté, ainsi qu’à Israël, un coup fatal, tant sur le plan politique que sur le plan stratégique.

Le mouvement de résistance palestinien Hamas a lancé une incursion éclair méticuleusement planifiée et bien exécutée depuis Gaza vers Israël, par voie aérienne, maritime et terrestre. Parallèlement à des milliers de missiles tirés sur des cibles israéliennes, des centaines de combattants palestiniens ont attaqué des zones militaires et civiles israéliennes dans le sud du pays, ce qui a entraîné la mort d’au moins 100 Israéliens et la capture de dizaines de soldats et de “civils” israéliens.

Les objectifs du Hamas dans cette opération ne sont pas un secret : premièrement, riposter et punir Israël pour son occupation, son oppression, ses colonies illégales et la profanation des symboles religieux palestiniens, en particulier la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem ; deuxièmement, s’attaquer à la normalisation arabe avec Israël qui embrasse son régime d’apartheid dans la région ; et enfin, obtenir un nouvel échange de prisonniers afin de faire libérer le plus grand nombre possible de prisonniers politiques palestiniens des geôles israéliennes.

Il convient de rappeler que le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Al Sinwar, qui a passé plus de deux décennies dans les prisons israéliennes, a été libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers. Mohammed Deif, le chef de la branche militaire du Hamas, comme beaucoup d’autres Palestiniens, a perdu des êtres chers à cause de la violence israélienne - un fils en bas âge, une fille de trois ans et sa femme. L’opération a donc clairement un aspect punitif et vengeur.

En ce sens, l’attaque a peut-être été incroyablement choquante, mais elle n’était guère surprenante.

L’hubris a finalement rattrapé Israël et ses dirigeants arrogants, qui se sont longtemps crus invincibles et ont constamment sous-estimé leurs ennemis. Depuis l’attaque arabe “surprise” d’octobre 1973, les dirigeants israéliens successifs ont été choqués et stupéfaits, encore et encore, par ce dont le peuple qu’ils opprimaient était capable.

04/10/2023

MAYA LECKER
Pourquoi les prédateurs sexuels présumés d’Hollywood et d’ailleurs aiment se carapater en Israël

Maya Lecker, Haaretz, 3/10/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Il y a fort à parier qu’être un refuge pour les prédateurs sexuels juifs n’était pas l’intention lorsque la Déclaration d’indépendance d’Israël a proclamé que le pays ouvrirait ses portes à “l’immigration juive et au rassemblement des exilés”


Andrés Roemer Slomianski, petit-fils du compositeur et chef d'orchestre viennois Ernst Römer, réfugié au Mexique après l'annexion de l'Autriche par le Reich, avec sa dernière épouse en date (2018), Pamela Cortés, influenceuse, mannequin et amuseuse de télé. Un couple “très ouvert”

Le diplomate mexicain Andrés Roemer est arrivé en Israël avec un faux passeport en 2021, apparemment pour éviter d’être inculpé dans son pays d’origine, où plus de 60 femmes l’ont accusé de viol et de harcèlement sexuel.

Roemer, qui est juif, avait déjà séjourné en Israël après avoir pris une position pro-israélienne qui lui avait coûté son poste d’ambassadeur du Mexique auprès de l’UNESCO. Le maire de Ramat Gan (et ancien ambassadeur à l’UNESCO), Carmel Shama-Hacohen, a été tellement impressionné par Roemer qu’il a décidé de donner son nom à une rue, en disant qu’il “aime Israël, s’est battu pour Israël et a payé le prix pour cela”.

Carmel avec son ami Emmanuel en 2018

Shama-Hacohen a été moins impressionné par la décision du procureur général mexicain d’inculper Roemer et d’émettre un mandat d’arrêt international à son encontre. Le maire israélien a déclaré que, puisque Roemer nie les allégations, il ne retirera pas son nom de la rue.

Maintenant que Roemer est enfin sur le point d’être extradé vers le Mexique (les autorités mexicaines affirment qu’Israël a ignoré leurs demandes pendant longtemps), Israël reçoit un nouvel accusé de viol - le cinéaste hollywoodien Brett Ratner, qui a décidé de faire son aliyah dans l’État juif.

En 2017, six femmes ont accusé Ratner, qui a réalisé les films “Rush Hour” et “X-Men : The Last Stand”, d’agression sexuelle et de harcèlement sexuel.

Toutes les femmes ont fait part de leurs allégations dans un article du Los Angeles Times. L’une d’entre elles, l’actrice Natasha Henstridge, affirme que Ratner l’a forcée à lui faire une fellation lorsqu’elle avait 19 ans. L’actrice Olivia Munn a décrit dans l’article comment Ratner s’est masturbé devant elle sans son consentement.

Les studios hollywoodiens ont immédiatement coupé leurs liens avec sa société de production. L’État d’Israël, lui, ne l’a pas fait. Selon un rapport publié mardi par Tal Shalev sur le site d’information israélien Walla, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a personnellement invité Ratner à assister à son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies le mois dernier. Ratner a même téléchargé une photo sur Instagram avec Netanyahou et sa femme Sara en marge de l’Assemblée générale.

James Packer sur son yacht à 200 millions

Les graves allégations liées au nom de Ratner n’ont pas dissuadé Netanyahou de dérouler le tapis rouge pour le nouvel immigrant. Pas plus que le fait que Ratner soit un ami proche et un ancien partenaire commercial du milliardaire australien James Packer, l’homme au centre d’une affaire pénale contre le premier ministre israélien. Netanyahou a été accusé de fraude et d’abus de confiance pour avoir accepté des cadeaux d’une valeur de plusieurs centaines de milliers de shekels de la part de Packer - et il fréquente maintenant Ratner en public alors que son procès est toujours en cours.


James et Sara Netanyahou

Personne n’attend grand-chose de Netanyahou, un homme qui n’a jamais manqué une occasion de se lier d’amitié avec un riche juif, même si la relation est inappropriée ou contraire à l’éthique. Malheureusement, le premier ministre n’est pas la seule raison pour laquelle Ratner sait qu’il sera le bienvenu en Israël.

Le pays est devenu un point chaud pour les prédateurs sexuels juifs étrangers. Selon Jewish Community Watch, une organisation qui traque les personnes accusées de pédocriminalité, plus de 60 citoyens usaméricains entrant dans cette catégorie ont fui les USA pour Israël au cours des dernières années.

Ratner n’est même pas le premier réalisateur des X-Men accusé de crimes sexuels à avoir trouvé un nouveau foyer en Israël. Bryan Singer, qui a réalisé plusieurs films de la franchise X-Men, a été accusé de viol et d’agression sexuelle sur plusieurs mineurs. Il vit en Israël depuis quelques années et n’a eu aucun mal à trouver des collaborateurs israéliens pour ses futurs projets.

Lorsque la Déclaration d’indépendance d’Israël a proclamé qu’Israël ouvrirait ses portes à “l’immigration juive et au rassemblement des exilés”, il y a fort à parier qu’offrir un refuge aux prédateurs sexuels juifs fuyant la justice n’était pas l’intention.


Photos ingimage / Matan Mittelman, photoshopées par Anastasia Shub pour Haaretz