Affichage des articles dont le libellé est Colonies juives. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Colonies juives. Afficher tous les articles

07/09/2023

GIDEON LEVY
Les colons israéliens ciblent le maillon le plus faible dans l’exécution d’un plan de nettoyage ethnique

Gideon Levy, Haaretz, 7/9/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

À l’abri des regards, au bord d’une arrière-cour plongée dans l’obscurité, un nettoyage ethnique est en cours. Ce qui, il y a quelques mois encore, semblait être une série fortuite d’incidents violents commis par des colons indisciplinés, tourmentant leurs voisins par pur sadisme, y compris en frappant des vieillards et des enfants avec des barres de fer, prend sous nos yeux aveuglés des dimensions monstrueuses. Il ne s’agit plus d’une série d’incidents fortuits, mais d’une politique, que le gouvernement soutient ou sur laquelle il ferme les yeux. On ne peut plus l’ignorer ou rester silencieux. Ça ressemble à une épuration ethnique, ça agit comme une épuration ethnique et c’est ce que c’est.

L’évacuation du village palestinien d’Aïn Samiya, en Cisjordanie, en mai. Photo : Arik Ascherman

Au cours des trois derniers mois, j’ai visité trois communautés de bergers qui avaient dû abandonner leurs villages en Cisjordanie par crainte des colons. Il y en a eu d’autres. Trois minuscules hameaux ont cédé et ont été évacués, leurs communautés dispersées à tous vents. Des centaines d’hectares ont été “nettoyés”, pris par des colons voyous.

En mai dernier, c’était la communauté d’Aïn Samiya [entre Jérusalem et Naplouse], 200 personnes dont des enfants, qui ont fui pour sauver leur vie, craignant les colons des avant-postes érigés en contrebas de la colonie de Kochav Hashahar. En juillet, c’était une communauté de bergers à Khirbet Abu Widad, fuyant les colons de Havat Meitarim. Cette semaine, j’ai rendu visite à des bergers déplacés d’Al Baqaa, qui avaient fui des terres sur lesquelles ils vivaient depuis 40 ans. Cette fois, ce sont les colons de Mitzpeh Hagit, Neveh Erez et Mitzpeh Dani qui les ont poussés à fuir. La persécution a été implacable et s’est intensifiée depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel, et elle porte maintenant ses fruits.

Pour que des bergers vivant dans des conditions dignes de l’époque biblique, sans eau courante, sans électricité ni services minimaux, quittent leurs villages, il faut que quelque chose de vraiment dramatique se produise. Ces gens, des bergers durs et brûlés par le soleil qui mènent une vie difficile, vivent dans ces communautés depuis des décennies, y sont nés et y ont élevé leurs enfants. Un jour, ils ont décidé de renoncer et de partir, d’abandonner le credo de la résilience (soumoud) qui a été gravé dans l’âme des Palestiniens en 1948, dans l’espoir que cela ne se reproduise plus jamais. Ils racontent tous la même histoire : nous n’en pouvions plus des attaques, des vols, des invasions, des menaces sur les enfants, des drones, des tracteurs, des barrages, tous soutenus par l’armée. Les colons se déchaînent, les soldats les protègent. Les FDI ne pourront jamais jamais clamer leur innocence et prétendre que leur soldats n’ont pas participé à l’épuration ethnique croissante.

Ce n’est pas un hasard s’ils font tous partie de communautés de bergers bédouins. Ils sont les pilotes du grand projet de transfert. Il s’agit de la population test avant la seconde Nakba, qui prend forme dans l’esprit de plus d’Israéliens qu’on ne l’imagine, en tant que “solution finale” au “problème palestinien”. Si ces termes semblent effrayants, c’est qu’ils le sont.

Les colons ont choisi les communautés de bergers comme pilote, car elles se situent au bas de la chaîne alimentaire palestinienne. Ils sont le maillon le plus faible, le plus vulnérable. Ils n’ont personne vers qui se tourner, ni la police, ni l’armée, ni l’Autorité palestinienne. Ils n’ont jamais mis en place une force de résistance, même minime, comme l’ont fait les camps de réfugiés.

Tout leur univers tourne autour de la garde de leurs troupeaux et des dures conditions de leur vie : s’approvisionner en eau, semer du blé, se réchauffer en hiver, envoyer leurs enfants dans une école éloignée. Personne ne vient les défendre, personne ne s’intéresse à leur sort, à l’exception de quelques Israéliens exceptionnels. Les colons peuvent dominer ces plus faibles des faibles. C’est ici qu’ils testent leurs méthodes avant de passer à l’action.

Mais la réalité est déjà là. Jamais auparavant, au cours de toutes les années d’occupation, les Palestiniens n’avaient abandonné leurs villages dans de telles proportions. Il est vrai que par rapport aux 3 millions d’habitants de la Cisjordanie, ce ne sont que des gouttes d’eau dans l’océan. Mais ce sont des gouttes d’eau qui annoncent l’avenir. Pour les expulser tous, il faut un Armageddon. Pour nettoyer la vallée du Jourdain, le sud des collines d’Hébron et la zone centrale autour des colonies de Cisjordanie, il suffit de quelques centaines de voyous qui tourmenteront leurs résidents sans relâche. C’est le début d’un véritable nettoyage ethnique. On vous aura prévenus.

 

 Source Kerem Navot

 

26/06/2023

HAGAR SHEZAF
La moitié des terres de Cisjordanie saisies par Israël est exclusivement destinée à l'usage des colons, selon un rapport

Hagar Shezaf, Haaretz,15/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les terres expropriées qui doivent légalement servir à la fois aux colons israéliens et aux Palestiniens hébergent désormais des colonies et des routes réservées aux Juifs.

La route menant à la colonie de Kedar, en juin. Photo : Emil Salman


Selon un rapport publié mercredi, près de la moitié des terres de Cisjordanie expropriées à des fins publiques ne sont utilisées que par des colons juifs.

Ces terres ont été saisies principalement pour la construction d'infrastructures telles que des routes, mais au fil des ans, Israël a émis des ordres d'expropriation pour des parcelles sur lesquelles quatre colonies ont été établies. Les décisions de la Haute Cour de justice israélienne ont déterminé au fil des ans que les terres palestiniennes de Cisjordanie ne peuvent être saisies que pour un usage public qui bénéficiera également aux Palestiniens.

Le rapport, publié par les associations israéliennes Kerem Navot et Haqel, révèle que, sur les terres expropriées en Cisjordanie, seuls 2 % sont utilisés par les Palestiniens. Le reste des terres est utilisé en partie par les deux populations et en partie par les seuls colons.

Selon une étude menée par Dror Etkes et l'avocate Quamar Mishirqi-Assad, depuis l'occupation de la Cisjordanie en 1967 jusqu'en 2022, 313 ordonnances d'expropriation ont été émises à des fins publiques pour des terres couvrant une superficie d'environ 74 000 dunams (7400 ha). Les terres saisies qui servent à la fois aux Juifs et aux Palestiniens représentent environ 37 000 dunams (3700 ha) ; celles qui servent uniquement aux colons représentent plus de 36 000 dunams (3600 ha). Seuls 1532 dunams (153 ha) sont utilisés uniquement par les Palestiniens.

La plupart des ordonnances d'expropriation ont été émises pour la construction de routes utilisées à la fois par les Palestiniens et les colons. Dans certains cas, cependant, des ordonnances d'expropriation ont été émises pour la construction de chemins d'accès aux différentes colonies ou de routes à l'intérieur de celles-ci.

La construction de la route empruntée par les habitants de la colonie juive de Kedar en 2002 est un exemple clair de la manière dont des terres prétendument saisies pour un usage public sont finalement utilisées par les seuls colons. Pour construire cette route, l'armée israélienne a exproprié quelque 194 dunams (19,4 ha) du village d'Abu Dis, à la périphérie de Jérusalem.

Selon le plan initial, la route devait relier l'entrée de la ville palestinienne d'Al-Eizariya à la route principale menant à Bethléem. L'armée a cependant bloqué la route et, depuis 20 ans, elle est presque entièrement utilisée par les colons de Kedar. L'année dernière, l'armée avait prévu de lever le barrage et de permettre aux voyageurs palestiniens d'emprunter également la route, mais suite aux protestations des colons, le projet n'a jamais abouti.

La route qui mène à la colonie de Kedar, bloquée pour les Palestiniens, la semaine dernière. Photo : Emil Salman

À quatre reprises, des ordres d'expropriation ont été émis pour des terres sur lesquelles des colonies ont été construites par la suite. Le plus important d'entre eux est l'ordre de 1975 qui a exproprié plus de 28 000 dunams (2800 ha) de sept villages palestiniens.

La ville de Ma'aleh Adumim, le parc industriel de Mishor Adumim et une partie de la colonie de Mitzpe Yeriho ont été construits sur ces terres, mais ne couvrent qu'un quart environ de la superficie totale expropriée. Les colonies d'Ofra et de Har Gilo y ont également été construites, et le plan de construction controversé dans la zone E1 (entre Jérusalem et Ma'aleh Adumim) est censé être construit sur la base de cet ordre de 1975.

Ma'aleh Adumim, la semaine dernière. Photo :  Emil Salman

Israël a également émis des ordres d'expropriation pour des sites archéologiques. Par exemple, 139 dunams (13,9 ha) de terres proches des habitations du village palestinien d'Al-Auja ont été récemment expropriés pour le site archéologique d'Archelais. En revanche, parmi les ordonnances d'expropriation délivrées pour le seul usage palestinien, on trouve celles qui concernent la construction de stations d'épuration et de gares routières.

Les données montrent une corrélation entre le nombre d'ordonnances d'expropriation et l'augmentation de la construction de colonies. Selon le rapport, il ne s'agit pas d'une coïncidence. Quelque 56 % des 179 ordonnances émises à ce jour l'ont été entre 1977 et 1984, et c'est au cours de ces années que 70 nouvelles colonies ont été construites - une tâche qui a nécessité la construction d'infrastructures et de routes.

La position juridique israélienne acceptée est que l'expropriation de terres à usage public pour les colons n'est autorisée que lorsqu'elle sert également les Palestiniens. C'est ce qui ressort d'une pétition déposée contre la construction de la route 443 (qui relie Tel-Aviv à Jérusalem), qui a conclu que la route pouvait être construite parce qu'elle desservait les deux populations.

Le site archéologique d'Archelais dans la vallée du Jourdain, la semaine dernière. Photo : Emil Salman

En 2017, le procureur général de l'époque, Avichai Mendelblit, a présenté un avis juridique selon lequel des terres palestiniennes privées pouvaient être expropriées pour l'usage public des colonies. Cet avis s'inscrivait dans le cadre d'une tentative de légalisation de l'avant-poste juif de Harsha, compliquée par une route d'accès qui passait par des terres privées. Cet avis fait suite à une décision de l'ancien juge de la Cour suprême, Salim Joubran, qui avait estimé que les terres pouvaient être saisies au profit des colons israéliens parce qu'ils faisaient eux aussi partie de la “population locale” de la Cisjordanie.

En 2020, la présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, a annulé une loi qui aurait légalisé le statut des colonies partiellement construites sur des terres palestiniennes privées, au motif qu'elle était “inconstitutionnelle”. Dans son arrêt, Esther Hayut a déclaré que la loi « cherche à légaliser rétroactivement des actes illégaux perpétrés par une population spécifique de la région tout en portant atteinte aux droits d'une autre population ».

 

 

04/08/2022

HAARETZ
Le Fonds national juif blanchit le vol des terres palestiniennes

Haaretz, Éditorial, 4/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Rien n'illustre mieux le mode opératoire du projet de colonisation des territoires occupés depuis 1967 que la séance que tiendra ce jeudi le conseil d'administration du Fonds national juif d'Israël (connu en hébreu sous le nom de Keren Kayemeth LeIsrael, KKL).

Manifestation contre la politique du Fonds national juif en Israël et dans les colonies, cette année. Photo : Émile Salman

Le conseil d'administration doit voter sur une allocation de 61 millions de shekels [=17,8 millions €] pour l'achat de terres palestiniennes dans la vallée du Jourdain. Cela fait partie d'un accord que le ministère de la Défense fait pression pour conclure (comme l'a rapporté Hagar Shezaf). Pourquoi le ministère de la Défense devrait-il être impliqué dans les transactions foncières du FNJ ? Pourquoi le ministère chargé de préserver la sécurité nationale fait-il pression sur une institution nationale pour qu'elle achète des terres en Cisjordanie ? Et pourquoi le JNF est-il impliqué dans le "rachat" de terres dans les territoires occupés comme si l'État d'Israël n'avait jamais été fondé ?

Les terres en question sont des terres palestiniennes privées qu'Israël a fermées par injonction militaire en 1969 et qui ont ensuite été données aux colons pour qu'ils les cultivent dans les années 1980, selon le mauvais vieux système. Depuis lors, elles sont utilisées pour la culture de dattes destinées à l'exportation, qui est en hausse. En 2018, certains de leurs propriétaires palestiniens ont adressé une pétition à la Cour suprême, demandant l'annulation de l'injonction militaire et le départ des colons. C'est ainsi que le ministère de la Défense s'est retrouvé dans un imbroglio juridique.

« Je ne savais pas », a affirmé l'État pour sa défense lors des audiences sur la pétition. Il ne savait tout simplement pas comment les colons avaient commencé à exploiter les terres palestiniennes privées, ni comment l'État ou le département des colonies les avaient attribuées. La présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, s'est interrogée à juste titre : « Étant donné que vous n'êtes pas en mesure d'expliquer comment la terre a été donnée à qui elle a été donnée, cela leur donne-t-il le droit d'y rester pour toujours ? ». Le ministère de la Défense le pense, apparemment. Plutôt que d'annuler l'injonction militaire et de faire partir les colons, le ministère a décidé de faire en sorte que le JNF achète les terres aux Palestiniens. Et en fait, le JNF, via sa filiale Himnuta, a signé un contrat pour acheter un millier de dunams [= 100 ha], par étapes.

Mais après l'achat de 411 dunams, la transaction a été interrompue en raison de critiques, car l'achat de terres en Cisjordanie est un sujet controversé au sein du JNF, dont le conseil d'administration comprend des représentants de la gauche. Selon des sources du JNF, le ministère de la défense a récemment repris contact avec l'organisation, lui demandant de conclure la transaction. Ce que le conseil d'administration votera jeudi est également lié à un compromis mystérieux dont il est impossible de rendre compte en raison d’une ordonnance de non-publication. Ainsi, les différentes branches du mouvement de colonisation et les opérations d'acquisition de terres dans les territoires se poursuivent sous le couvert de l'obscurité.

Si Israël veut vivre et prospérer, un changement fondamental est nécessaire, y compris le démantèlement d'institutions nationales comme le JNF. En attendant, on ne peut qu'espérer que le conseil d'administration ne dispose pas d'une majorité en faveur de cet accord, ce qui blanchirait le vol. Nous espérons également que le tribunal ordonnera au ministère d'annuler l'ordre, de retirer les colons des terres et de les rendre à leurs propriétaires palestiniens.   

 

 

31/07/2022

GIDEON LEVY
La Cour Suprême d'Israël entrera dans l'histoire comme la promotrice de l'apartheid

Gideon Levy, Haaretz, 31/7/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Après la bataille entre les « Tout-sauf-Bibi » et les « Bibi-rien-que-Bibi », le seul autre sujet qui attire l'attention dans la politique israélienne est une question sans rapport qui est en train de devenir la seule question de principe qui subsiste. Il s'agit de la guerre entre ceux qui vénèrent le système judiciaire israélien et ses ennemis, et la position de chacun sur ce sujet dépend entièrement de son camp politique.

Si vous êtes un partisan de « Bibi-rien-que-Bibi », vous êtes contre les tribunaux, et si vous êtes « Tout-sauf-Bibi », vous révérez le système judiciaire. Il est tentant de rejoindre le second camp, éclairé et libéral, qui tente de protéger le système judiciaire des menaces violentes agitées par l'aile droite. Tentant mais impossible. 

Mitzpe Kramim

L'arrêt de la Cour suprême de la semaine dernière, par lequel la Cour a décidé que l'avant-poste de colons de Mitzpe Kramim ne devait pas être évacué, ne fait que démontrer à quel point il n'est plus possible de défendre la Cour - et combien les scénarios d'horreur et les prophéties de malheur diffusés par le camp libéral ne sont pas pertinents lorsqu'il s'agit de savoir ce qui se passerait si la droite s'en prenait à cette institution vénérée.

Le camp libéral s'accroche à son soutien au pouvoir judiciaire comme on s'accroche à une boussole sans laquelle on s'égare. Mais le chemin de la boussole a été perdu depuis longtemps. Elle est cassée, ou si nous devons l'admettre, n'a jamais fonctionné correctement. Le pouvoir judiciaire serait censé être la bannière que le camp éclairé embrasse, mais cette bannière est en lambeaux.

Le test suprême du pouvoir judiciaire, bien au-delà de toute autre question - plus encore que sa gestion du cas crucial de Netanyahou - est sa gestion de l'occupation, la question qui plus que toute autre définit Israël, dont la conduite est honteuse et lâche. La reconnaissance des voleurs de terres de l'avant-poste de Mitzpe Kramim et la récompense qui leur a été remise n'est que la dernière d'une interminable série d'affaires. On ne peut soutenir un tribunal qui se range systématiquement du côté des voyous et des criminels, qui approuve les crimes de guerre et méprise le droit international.

On ne peut même pas s'émouvoir des menaces d'un de ses adversaires de faire passer un bulldozer sur la Cour*. Si celle-ci est détruite, que se passerait-il exactement pour le pays, à part des dégâts immobiliers ? Israël deviendrait-il un pays qui ignore le droit international ? Deviendrait-il un pays qui tolère l'apartheid ? Qui blanchit les crimes de guerre ? Qui nourrit la suprématie juive ? Que se passerait-il exactement si ces juges éclairés et exaltés étaient remplacés par d'autres moins éclairés et exaltés ?

Même l'hypothèse selon laquelle, comme aux USA, les juges de la Cour suprême sont divisés entre libéraux et conservateurs est trompeuse. Dans les deux pays, les conservateurs sont majoritaires. Mais en Israël, même les libéraux ne sont pas libéraux.

Qui a soutenu le vol de terres à Mitzpe Kramim ? Noam Sohlberg [lui-même un colon, vivant à Alon Shvut, dans le Bloc d’Etzion, NdT], bien sûr, mais aussi les libéraux Daphne Erez-Barak et Isaac Amit. Eux aussi pensaient que les Juifs avaient le droit de voler les Arabes. Eux aussi pensent que les colons ont le droit de tout faire parce qu'ils sont juifs.

Concernant la Cour suprême, une chose est indéniable : il n'y a rien de tel pour exposer le vrai visage d'Israël. Il y a des libéraux bien-pensants au Meretz, au Parti travailliste et à Yesh Atid, en plus de la Cour suprême. Ils parlent tous plus gentiment que les sauvages de la droite.

Ils ont peur de la menace d'un bulldozer visant la Cour. Ils pensent que la « pieuvre de la corruption », comme l'a appelé le journaliste Mordechai Gilat dans Haaretz (édition hébreue, 29 juillet), est le membre de la Knesset David Bitan**, et au-dessus de lui, bien sûr, Benjamin Netanyahou, qui est le plus terrible de tous. Mais pas les juges de la Cour suprême qui donnent leur approbation aux familles criminelles et encouragent l'établissement de quartiers criminels dans les territoires occupés.

Lorsque les annales de l'époque actuelle et de celles qui l'ont précédée seront écrites, la Cour suprême sera inscrite du côté négatif et honteux de l'histoire, en tant que fondatrice et complice de l'État d'apartheid. Les crimes de Netanyahou et les délits de Bitan paraîtront alors blancs comme neige en comparaison.

NdT

*Moti Yogev, député du parti Habayit Hayehudi (Le Foyer juif), vice-président de la commission des Affaires étrangères et de la défense de la Knesset, avait déclaré en 2015 qu'un bulldozer Caterpillar D9 devrait être utilisé contre la Cour suprême.

**David Bitan : député du Likoud, très proche de Netanyahou, inculpé de corruption, fraude, abus de confiance, blanchiment d’argent et de délits fiscaux pour avoir touché des pots-de-vin de spéculateurs immobiliers (200 000 €) lorsqu’il était maire adjoint de Rishon Lezion

 

07/02/2022

GIDEON LEVY
Deir Nidham : pendant 50 jours, Israël a maintenu ce village palestinien en état de siège

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 4/2/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala
 

Pendant près de deux mois, les Forces de défense israéliennes ont  fermé  toutes  les  entrées  du village de Deir Nidham, à l'exception d'une seule, où des soldats étaient postés jour et nuit. Pendant cette période, l'armée     a        également effectué des raids sur les maisons et l'école locale.

L'école de Deir Nidham. Les soldats ont écarté les enseignants. « Arrêtez de jeter des pierres et nous n'entrerons pas », a dit un soldat.

Mohammed        Yihyeh Tamimi s'appuie sur un mur de la petite pièce qu'il utilise pour stocker la ferraille qu'il  achète  et vend occasionnellement.  Il est handicapé  et peut à peine se déplacer, ayant été blessé en 1987 dans un accident de travail dans la ville d'Azor, au sud-est de Tel Aviv.

Il l'appelle bien sûr Yazur,  son nom arabe. Pour se rendre dans son logement, qui    se trouve    au-dessus de la réserve,  il monte les escaliers bizarrement, en inclinant son corps sur le côté et en traînant ses jambes à moitié paralysées, l'une après l'autre. À l'étage, dans son petit appartement, il raconte son histoire. Deux de ses fils sont en prison, et son plus jeune, qui a 16 ans, a également été en détention pendant un jour au cours de ces deux derniers mois maudits, alors que son  village  était assiégé  par l'armée israélienne.

Tamimi a huit enfants, qui vivent tous dans ce logement exigu. Il est impossible de rester indifférent à la pauvreté de Tamimi, à son handicap déchirant et à son village assiégé. Il n'a jamais reçu de compensation pour son handicap, qui résulte d'un accident de travail en Israël. Son village a été assiégé en décembre et  pendant une grande partie du mois de janvier. Il n'a pas vu son fils Ramez depuis que celui-ci, âgé de 17 ans, a été placé en détention par les forces de défense israéliennes lors d'un raid sur l'école de l'adolescent le mois dernier ; il n'a aucune idée de l'état dans lequel se trouve son fils. Un autre  fils,  Rajeb,  19  ans,  est  en prison depuis un an - pour avoir jeté   des    pierres, selon Tamimi.

À part ça, tout va bien  pour ce travailleur de Cisjordanie.

Le village de Deir Nidham est situé dans le district de Ramallah, en face de la colonie de Halamish et des  avant-postes       hors-la-loi qui squattent une partie des terres du village.       Lundi, lorsque    nous sommes  arrivés,  on  pouvait  voir des    soldats         et      des    policiers     à distance contrôler chaque véhicule entrant dans le village - les soldats, peut-être,       pour voir   s'ils transportaient des kamikazes. Les policiers     demandaient probablement si les gens portaient leur       ceinture de sécurité et les harcelaient. À la suite de quelques jets        de      pierres sur l'autoroute, l'armée avait décidé d'imposer une punition collective     à  tous  les habitants  de  Deir  Nidham.  C'était comme un retour à la période de l'Intifada, à l'ère des fermetures et des barrières.

Début décembre, les deux routes menant au village ont été rendues impraticables par des barrières en fer jaune - confinant les habitants comme des animaux en cage - et l'entrée principale est devenue un poste de contrôle de l'armée, gardé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Chaque véhicule a été fouillé, tous les passagers ont été contrôlés. Les enseignants sont arrivés en retard à l'école, les amis et les parents ont cessé de leur rendre visite afin d'éviter les humiliations et les désagréments, les gens ne sont pas arrivés à l'heure au travail, les malades sont arrivés en retard à leur rendez-vous dans les cliniques. Un cauchemar a commencé le 1er décembre et s'est poursuivi pendant 50 jours consécutifs.

Barrières utilisées par les forces de défense israéliennes pour isoler le village de Deir Nidham. Après 50 jours, le danger est-il passé ? Le village a-t-il purgé sa peine ?

06/05/2021

Déclaration des porte-parole des ministères des AE de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne, de l’Italie et du Royaume-Uni sur de nouvelles colonies juives en Cisjordanie

 Source



Nous demandons instamment au gouvernement d’Israël de revenir sur sa décision de procéder à la construction de 540 nouvelles unités de logements dans la colonie de Har Homa E en Cisjordanie occupée, et de mettre un terme à sa politique d’extension des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés. Les colonies sont illégales au regard du droit international et font peser une menace sur les perspectives de règlement pacifique du conflit israélo-palestinien.

Si la décision d’accroître les colonies à Har Homa, entre Jérusalem-Est et Bethléem, était mise en œuvre, elle compromettrait davantage la perspective d’un État palestinien viable, avec Jérusalem comme capitale d’Israël et de l’État palestinien. Cette décision, qui s’ajoute à l’accélération de la colonisation à Givat HaMatos et à la poursuite des expulsions à Jérusalem-Est, en particulier à Sheikh Jarrah, porte également atteinte aux efforts visant à rétablir la confiance entre les Parties, à la suite de la reprise constructive de la coopération israélo-palestinienne.

Nous appelons les deux Parties à s’abstenir de toute initiative unilatérale et à reprendre un dialogue crédible et véritable pour progresser sur la voie de la solution des deux États et mettre fin au conflit.