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25/12/2021

GIDEON LEVY
Jamil protestait contre le vol des terres de sa famille : il a été abattu par l’armée israélienne

Il était la huitième victime des sept derniers mois dans le village de Beita

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 24/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La voiture a fait des embardées d'un côté à l'autre alors qu'elle grimpait sur la route de terre accidentée, le vent tourbillonnant et hurlant autour d'elle. Les bulldozers des Forces de défense israéliennes ont déjà commencé à bloquer cette route, mais elle est toujours viable. Lorsque nous nous sommes arrêtés au sommet de la colline, la voiture se balançait et les portes pouvaient à peine s'ouvrir contre le vent violent et puissant. En effet, la tempête hivernale de cette semaine, surnommée Carmel, a également frappé la colline isolée que les Palestiniens appellent Huti, une élévation d'oliviers qui se trouve en face du mont Sabih, qui, à leur indignation, est le site de l'avant-poste de colons d’Evyatar. Quelques centaines de mètres séparent les deux collines - entre le drapeau israélien déchiré hissé comme une provocation sur ce que les habitants appellent « Jebel El Sabih » au milieu des bâtiments des colons, et le drapeau de la Palestine que les habitants du village de Beita ont également hissé comme une provocation, en face. Deux drapeaux déchirés par le vent, l'un en face de l'autre. La menorah de Hanoukka démesurée plantée par les colons envahisseurs est toujours en place, ainsi que la rangée de maisons mobiles et de tours de guet.

Ayyash et Rami à l'endroit où leur frère a été tué

Le sol au sommet de la colline Huti est saturé du sang des manifestants palestiniens, et brûlé et couvert de suie par les pneus que les manifestants incendient ici chaque vendredi. Sept habitants du village voisin de Beita et un du village voisin de Yatma ont été tués ici par des soldats des Forces de défense israéliennes au cours des sept mois qui se sont écoulés depuis que la vétérane Daniella Weiss et ses amis ont rétabli Evyatar en mai. Le site était autrefois un avant-poste de Tsahal appelé Tapuhit, construit sur les terres de Beita. Par la suite, en 2013, l'avant-poste d'origine d'Evyatar y a été établi sans autorisation ; il a ensuite été évacué et démoli. Aujourd'hui, les structures érigées par les colons du nouvel Evyatar restent en place – l'avant-poste est actuellement inhabité, à l'exception de quelques soldats ui y montent la garde – ​​et le sang continue de couler. La dernière fois que nous sommes venus ici, c'était en septembre, pour raconter l'histoire du meurtre d'un autre manifestant de Beita, Mohamed Khabisa, 28 ans, père d'une fille de 8 mois. Avant cela, nous étions ici en août pour raconter l'histoire du meurtre d'Imad Duikat, 37 ans, père d'une fille de 2 mois. En juillet, nous étions ici à cause du meurtre de Shadi Shurafi, un plombier du village, qui réparait la vanne d'une conduite d'eau près de l'autoroute lorsqu'il a été abattu par les troupes de Tsahal. Et en juin, nous avons visité le village voisin de Yatma, pour raconter l'histoire du meurtre, au cours de la même série de manifestations en cours, de Tareq Snobar, 41 ans, qui n'a été père que deux jours de sa vie avant d'être tué. Lorsqu'il a été abattu par des soldats israéliens utilisant des tirs à balles réelles à environ 100 mètres de distance, il se rendait à l'hôpital pour récupérer sa femme et leur fils nouveau-né, Omar, pour les ramener à la maison. Il n'y est jamais arrivé. Ce n'est pas toute la liste des personnes tuées lors des manifestations d'Evyatar. Vendredi 10 décembre, il y a eu un huitième décès : Jamil Abu Ayyash, un menuisier de 31 ans de Beita, marié, sans enfants.

Jamil Abu Ayyash