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10/09/2023

GIDEON LEVY
Tout d’un coup, les soldats et les officiers israéliens sont des criminels de guerre

Gideon Levy, Haaretz, 10/9/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’anxiété, vraie ou fausse, s’est emparée des chefs de l’armée et de la justice : la révolution judiciaire met les soldats des Forces de défense israéliennes et leurs commandants face à un risque concret de poursuites à l’étranger. Il est difficile de savoir si la vague de briefings qui a submergé les médias au cours du week-end n’était qu’une menace dans le cadre de la lutte contre le coup d’État gouvernemental ou si l’appréhension est réelle. Quoi qu’il en soit, les commandants de Tsahal, qui craignent pour leur avenir, se mettent soudain à dire les choses telles qu’elles sont, comme jamais auparavant, et à présenter une vérité qu’ils n’avaient jamais admise auparavant.


Cour Pénale Internationale, La Haye : "Prenez place"
Carlos Latuff

Selon ces personnes craintives, jusqu’à présent, les membres des forces de défense israéliennes bénéficiaient d’une protection efficace sous la forme de tribunaux israéliens de renommée mondiale. Maintenant que cette protection commence à se fissurer, les soldats sont susceptibles d’être poursuivis à La Haye et devant d’autres tribunaux à l’étranger. Pour la première fois, la défense et la justice israéliennes admettent qu’il y a des raisons de soupçonner que Tsahal commet des crimes de guerre et que seule la renommée des tribunaux israéliens l’a protégée jusqu’à présent.

Mais le prestige des tribunaux sur ces questions est une fabrication totale, dont les diffuseurs savaient pertinemment qu’elle était fausse. Il n’existe pas en Israël de système d’enquête sur les crimes de l’occupation. Les tribunaux militaires sont manifestement une plaisanterie pathétique, et le prestige dont jouit la Haute Cour de justice n’est justifié que tant qu’elle n’est pas confrontée à l’establishment de la défense.

Des décennies d’occupation, sans un seul jour où des crimes de guerre n’ont pas été commis, n’ont pas donné lieu à une seule enquête digne de ce nom, qui n’ait pas été blanchie et muselée, à un seul acte d’accusation qui soit à la hauteur des faits, et certainement pas à une seule peine qui corresponde au crime. Un État dans lequel le procès d’Elor Azaria - qui a abattu un assaillant palestinien blessé et hors d’état de nuire - se termine par une peine de 18 mois de prison pour homicide involontaire, réduite à 14 mois pour des “raisons de compassion et de considération”, puis réduite d’un tiers, et où l’affaire est considérée comme un traumatisme national - est un État qui n’enquête pas, ne poursuit pas et ne punit certainement pas les personnes qui commettent des crimes de guerre.

Le procès Azaria aurait dû être une lumière pour les nations et la Cour internationale de justice : c’est l’exception qui confirme la règle. Et la règle, c’est qu’Israël n’enquête pas et ne punit pas les soldats ou les commandants pour crimes de guerre. Les dossiers prennent la poussière dans le bureau de l’avocat général de l’armée, se couvrant des mensonges et des tromperies des soldats et de leurs commandants, jusqu’à ce qu’ils soient mis de côté.

Ainsi, quelqu’un d’autre doit faire le travail pour l’État. Il était commode pour La Haye et le monde de s’accrocher à la douce illusion qu’Israël est sérieux dans ses enquêtes sur les membres du service. Le coup d’État judiciaire est arrivé, et soudain, nous n’avons plus d’avocat général militaire qui enquête, ni de Haute Cour de justice qui lutte contre les crimes de guerre.

Il n’y a pas de mal sans bien. Tout comme la tentative de coup d’État a tiré un grand nombre d’Israéliens de leur torpeur et les a fait descendre dans la rue, elle permettra peut-être au monde de se réveiller de son coma.

Après plus de 35 ans de reportages sur l’occupation, après avoir entendu des milliers d’histoires époustouflantes qui se terminent toujours de la même manière : des tireurs d’élite de l’armée qui tirent sur des enfants et d’autres civils innocents, des tirs réels lors de manifestations, des frappes aériennes sur des civils sans défense, des malades au seuil de la mort qui se voient refuser l’entrée en Israël pour y recevoir des soins médicaux, des punitions collectives, des détentions sans procès, des perquisitions brutales au domicile de personnes innocentes, devant leurs enfants, des humiliations, des coups, des abus, l’utilisation de chiens d’attaque, des fouilles à nu et une myriade d’autres délits, qui se terminent tous de la même manière.

« Nous n’avons pas connaissance de plaintes concernant des violences commises par des soldats. Toute allégation de ce type sera examinée » ; « Nous ne sommes pas au courant de l’allégation selon laquelle des soldats auraient utilisé des enfants en bas âge comme boucliers humains » ; « Nous sommes au courant de l’allégation concernant la mort d’un mineur. Les circonstances font l’objet d’une enquête ».

Juges du monde : ces “enquêtes” sont éternelles et n’ont d’autre but que de tromper le monde et de maintenir l’immunité sacrée et absolue des soldats de Tsahal. Peut-être que l’abrogation du critère de raisonnabilité* vous incitera enfin à agir, auquel cas le coup d’État judiciaire aura un résultat non destructeur : la fin de l’ère du mensonge selon lequel Israël et ses militaires enquêtent sur eux-mêmes. Ils n’ont jamais eu l’intention de le faire.

NdT

*La Knesset a adopté en juillet dernier une mesure qui empêche la Cour suprême d’annuler les décisions du gouvernement au motif qu’elles sont « déraisonnables ». Ses partisans disent que la norme actuelle de « raisonnabilité » donne aux juges non élus des pouvoirs excessifs sur la prise de décision par les élus.

 

 

05/09/2021

WORKERS WORLD
Nous condamnons la loi anti-avortement du Texas
Éditorial

Workers World, 4/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Workers World (journal du Workers World Party) condamne dans les termes les plus forts la décision par 5 contre 4 de la Cour suprême des USA, le 2 septembre, qui a refusé de restreindre une loi du Texas interdisant les IVG à partir de six semaines de grossesse.

La loi texane codifie également le droit pour quiconque, y compris un parfait inconnu, de poursuivre une personne cherchant à se faire avorter ou une personne qui l'assiste, pour une récompense de 10 000 dollars. Cela rappelle les primes encaissées par les patrouilles de chasseurs d'esclaves pour ramener des Noirs esclavagisés en fuite à la plantation.

C'est ce même Texas qui a le taux le plus élevé de personnes sans assurance maladie dans le pays. Le Texas a refusé l'extension de la Loi sur les soins abordables, qui aurait augmenté les fonds fédéraux destinés aux programmes Medicaid pour les personnes à faible revenu, y compris celles qui vivent avec un handicap, ainsi que les mères célibataires et les enfants. Un nombre disproportionné de personnes touchées sont des personnes de couleur, dont des immigrés. La plupart des travailleurs pauvres n'ont même pas droit à Medicaid.

C'est ce même Texas qui a exécuté bien plus de personnes incarcérées que tout autre État depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976. Et le Texas a été le dernier État à accorder la liberté à des personnes autrefois esclaves, en 1865, deux ans après l'adoption de la proclamation d'émancipation en 1863.

Il n'est donc pas surprenant qu'à l'heure actuelle, le Texas ait pris l'initiative d'instituer la loi anti-avortement la plus draconienne à ce jour, tandis que le Mississippi, l'État usaméricain le plus pauvre, menace d'adopter une loi similaire plus tard cet automne.

Nancy Northup, présidente et directrice générale du Center for Reproductive Rights (Centre pour les droits reproductifs), l'un des groupes qui poursuivent le Texas, a déclaré : « Nous sommes dévastés par le fait que la Cour suprême a refusé de bloquer une loi qui viole de manière flagrante l’arrêt dans l’affaire Roe contre Wade. À l'heure actuelle, les personnes qui cherchent à se faire avorter au Texas paniquent. Elles n'ont aucune idée de l'endroit ou du moment où elles pourront obtenir un avortement, si jamais elles le peuvent. Les politiciens texans ont réussi pour l'instant à bafouer l'État de droit ». (Washington Post, 2 septembre)