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08/02/2024

GIDEON LEVY
Israël sera atteint dans sa dignité, le Hamas sera couronné vainqueur, mais la guerre prendra fin

Gideon Levy, Haaretz, 7/2/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les termes de l’accord qui se dessine avec le Hamas sont présentés par Israël comme impliquant un « prix douloureux ». Cela repose sur l’hypothèse que tout ce qui est bon pour le Hamas doit être mauvais pour Israël et que tout ce qui est mauvais pour les Palestiniens est bon pour nous : un jeu à somme nulle.


Simon Regis, Tanzanie

Israël s’est convaincu qu’il ne devait pas signer un accord qui profiterait au Hamas de quelque manière que ce soit ; cet accord ne peut être que néfaste pour Israël et ne peut qu’entraîner un prix douloureux.

Nous ne devrions pas accepter ces hypothèses. Certains éléments de l’accord sont bons à la fois pour Israël et pour le Hamas. Le « prix » n’est pas toujours vraiment un prix. Il n’est pas toujours aussi douloureux qu’on veut nous le faire croire.

La libération des prisonniers de sécurité palestiniens et la cessation des combats profiteront au Hamas. Peut-être profitera-t-elle aussi à Israël. Quoi qu’il en soit, l’alternative sera bien pire pour Israël. Le Hamas ne libérera pas ses captifs sans condition, tout comme Israël ne libère pas les siens prisonniers sans obtenir quelque chose en retour, et il en a des milliers à l’heure actuelle.

Israël a appris aux Palestiniens qu’ils ne peuvent obtenir la libération rapide de leurs prisonniers détenus par Israël qu’en les échangeant contre des otages. D’ailleurs, les deux camps ont des otages : de nombreux détenus palestiniens ont été arrachés à leur lit et n’ont jamais été jugés.

Les prisons israéliennes regorgent de prisonniers de sécurité qui, contrairement à la présentation qui en est faite dans la propagande médiatique, ne sont pas tous des « terroristes avec du sang sur les mains ».

Parmi eux se trouvent de nombreux prisonniers politiques d’un régime qui interdit aux Palestiniens toute forme d’activité organisationnelle. Beaucoup d’autres ont été reconnus coupables de délits mineurs et condamnés à des peines draconiennes. S’il fallait encore prouver l’existence de l’apartheid israélien, ce serait par les systèmes judiciaires distincts pour les Juifs et les Palestiniens.

Dans les prisons israéliennes, il y a aussi d’ignobles meurtriers palestiniens. Mais nombre d’entre eux ont purgé leur peine et méritent d’être un jour libérés, tout comme leurs compagnons d’infortune juifs. La libération de vétérans âgés de la lutte armée palestinienne ne fera aucun mal à Israël.

Il y en a même dont la libération profitera à Israël, en premier lieu Marwan Barghouti, mais pas seulement lui. Si Israël est sérieusement intéressé à trouver un partenaire pour changer la réalité des guerres sans fin, il peut être trouvé derrière les barreaux israéliens. La prochaine génération de dirigeants palestiniens est détenue dans les prisons israéliennes, de Megiddo à Nafha.

Les luttes de libération à travers l’histoire, y compris celle du peuple juif, ont produit des dirigeants courageux qui sont sortis des prisons de leurs conquérants. Il y aura des familles juives endeuillées qui ont perdu leurs proches il y a des années et qui ne veulent pas voir les assassins libérés. C’est compréhensible, mais on ne peut certainement pas leur permettre de dicter ce qui est dans l’intérêt d’Israël.

“Israël tue x 000 Palestiniens : c’est la faute au Hamas”
Peter Sully, Australie

La ligne de conduite la plus sage qu’Israël aurait dû adopter il y a longtemps était de libérer volontairement les prisonniers de sécurité, en guise de geste et pas seulement de concession dans le cadre des négociations. Mais il n’y a aucune chance que cela se produise - c’est trop intelligent. Libérer 1 500 prisonniers, comme le demande le Hamas, n’est ni un désastre ni une souffrance. Cela permettra aux otages de rentrer chez eux. Le désastre et la douleur ne se produiront que s’ils ne sont pas sauvés.

Il ne serait pas non plus désastreux ou douloureux de mettre fin à cette guerre maudite, au cours de laquelle Israël a perdu son humanité sans atteindre ses objectifs grâce à des tueries et des destructions aveugles, comme on n’en voit que dans les guerres les plus brutales.

La dignité d’Israël sera en effet atteinte, le Hamas sera couronné vainqueur de la guerre - un vainqueur douteux mais un vainqueur quand même (même s’il s’était déjà couronné lui-même le 7 octobre). Même si la « victoire totale" de Benjamin Netanyahou était obtenue, ce qui n’arrivera évidemment jamais, le Hamas a gagné la guerre. Il vaut donc mieux y mettre fin.

Nous devons mettre de côté les clichés et les slogans éculés dont les Israéliens ont été abreuvés et examiner calmement les questions importantes : L’accord est-il vraiment si mauvais ? En quoi ? Existe-t-il un meilleur accord ?

Emad Hajjaj, Jordanie

 

07/02/2024

Hamas' Preliminary Response To a General Framework for a Comprehensive Agreement among the Parties

Here is the full text of the response to the Paris proposal that Hamas delivered to Qatari and Egyptian mediators earlier today Feb. 6, 2024, translated by Resistance News Network. The American and zionist sides received a copy of the 3-page-long response, including amendments to the “Framework Agreement” proposal, in addition to a special appendix of guarantees and demands aimed at stopping the aggression and addressing its affects.

Draft - Preliminary Response/ the Hamas Movement's Response To a General Framework for a Comprehensive Agreement among the Parties (between the "israeli" occupation, Hamas, and the Palestinian factions)

This agreement aims to stop the mutual military operations between the parties, achieve complete and lasting calm, exchange prisoners between the two sides, end the blockade on Gaza, reconstruction, return of residents and displaced persons to their homes, and provide shelter and relief requirements for all residents in all areas of the Gaza Strip, according to the following stages:

 First Stage (45 days):

This humanitarian stage aims at releasing all "israeli" detainees from among women and children (under the age of 19, not conscripted), the elderly, and the sick, in exchange for a specific number of Palestinian prisoners, in addition to intensifying humanitarian aid, redeployment of forces outside populated areas, allowing the commencement of reconstruction of hospitals, houses, and facilities in all areas of the Strip, and permitting the United Nations and its agencies to provide humanitarian services, and establishing housing camps for the population, as follows:

- A temporary cessation of military operations, cessation of aerial reconnaissance, and redeployment of "israeli" forces away from populated areas in the entire Gaza Strip, to be aligned with the dividing line, enabling the parties to complete the exchange of detainees and prisoners.

- The two parties will release "israeli" detainees from among women and children (under the age of 19, not conscripted), the elderly, and the sick, in exchange for a number of Palestinian prisoners, ensuring the release of all individuals whose names are pre-agreed upon during this stage.

- Intensification of the entry of necessary and sufficient quantities for the population's needs (to be determined) of humanitarian aid and fuel daily, allowing appropriate quantities of humanitarian aid to reach all areas in the Gaza Strip including the north of the Strip, and the return of displaced persons to their residences in all areas of the Strip.

- Reconstruction of hospitals across the Strip and introducing what necessary for establishing population camps/tents for sheltering the population, and resumption of all humanitarian services provided to the population by the United Nations and its agencies.

- Beginning of (indirect) negotiations regarding the requirements necessary for restoring complete calm.

- The attached appendix with details of the first stage is an integral part of this agreement, with the agreement on details of the second and third stages during the implementation of the first stage.

Second Stage (45 days):

The completion of (indirect) negotiations regarding the requirements necessary for the continued cessation of mutual military operations and return to a state of complete calm must be announced before implementing the second stage.

This stage aims to release all detained men (civilians and conscripts), in exchange for specific numbers of Palestinian prisoners, continuation of humanitarian measures from the first stage, withdrawal of "israeli" forces outside the borders of all Gaza Strip areas, and commencement of comprehensive reconstruction of houses, facilities, and infrastructure destroyed in all areas of the Gaza Strip, according to specific mechanisms that ensure implementation of this and the complete end of the siege on the Gaza Strip, as agreed upon in the first stage.

Third Stage (45 days):

This stage aims at exchanging the bodies and remains of the deceased between the two sides after identification, and continuation of humanitarian measures from the first and second stages, according to what will be agreed upon in the first and second stages.

Framework Agreement Appendix: Details of the First Stage

- Complete cessation of military operations from both sides, and stopping all forms of aerial activities including reconnaissance, throughout this stage.

- Redeployment of "israeli" forces away from populated areas in the entire Gaza Strip, to be aligned with the dividing line to the east and north, enabling the parties to complete the exchange of detainees and prisoners.

- Both parties will release "israeli" detainees from among women and children (under the age of 19, not conscripted), the elderly, and the sick, in exchange for all prisoners in the occupation's prisons including women, children, elderly (above 50 years), and the sick who were arrested up to the date of signing this agreement without exception, in addition to 1,500 Palestinian prisoners, of whom Hamas will name 500 with life sentences and high sentences.

- Completion of necessary legal procedures ensuring that the released Palestinian and Arab prisoners are not re-arrested for the same charges for which they were arrested.

- The mutual and simultaneous release in a manner that ensures the release of all individuals listed in the pre-agreed lists during this stage, with names and lists exchanged before implementation.

- Improvement of conditions for prisoners in the occupation's prisons and lifting of measures and sanctions imposed after October 7th, 2023.

- Stopping the incursions and aggression by "israeli" settlers on Al-Aqsa Mosque and returning the situation in Al-Aqsa Mosque to what it was before 2002.

- Intensifying the entry of necessary and sufficient quantities for the residents' needs (no less than 500 trucks) of humanitarian aid and fuel daily, allowing appropriate quantities of humanitarian aid to reach all areas of the Strip, especially the north of the Gaza Strip.

- The return of displaced persons to their residences in all areas of the Strip, ensuring the freedom of movement of residents and citizens by all means of transport without hindrance in all areas of the Gaza Strip, especially from the south to the north.

- Ensuring the opening of all crossings with the Gaza Strip, resumption of trade, and allowing the freedom of movement of individuals and goods without obstacles.

- Lifting any "israeli" restrictions on the movement of travelers, patients, and the wounded through the Rafah crossing.

- Ensuring all wounded men, women, and children are allowed to receive treatment abroad without restrictions.

- Egypt and Qatar will lead efforts with all necessary parties to manage and supervise the guarantee, achievement, and completion of the following issues:

   1. Providing and introducing sufficient heavy equipment necessary for debris and rubble removal.

   2. Providing civil defense equipment, and the requirements of the Ministry of Health.

   3. The process of reconstructing hospitals and bakeries across the Strip and introducing what is necessary for establishing camps for residents/tents for sheltering the population.

   4. Introducing no less than 60,000 temporary homes (caravans/containers) such that 15,000 homes enter the Gaza Strip each week from the start of this stage, in addition to 200,000 shelter tents, at a rate of 50,000 tents each week, to shelter those whose homes were destroyed by the occupation during the war.

   5. Beginning the reconstruction and repair of infrastructure in all areas of the Strip, and rehabilitating electricity, telecommunications, and water networks.

   6. Approving a reconstruction plan for homes, economic facilities, and public utilities destroyed due to aggression, scheduling the reconstruction process within no more than 3 years.

- Resumption of all humanitarian services provided to the population in all areas of the Strip, by the United Nations, its agencies, especially UNRWA, and all international organizations operating to resume their work in all areas of the Gaza Strip as before October 7th, 2023.

- Re-supplying the Gaza Strip with the necessary fuel to re-operate the power generation station and all sectors.

- The occupation's commitment to supplying Gaza with its electricity and water needs.

- Beginning (indirect) negotiations regarding the requirements necessary for the continued cessation of mutual military operations and return to a state of complete and mutual calm.

- The exchange process is closely linked to the extent of commitment to the entry of sufficient aid, relief, and shelter mentioned and agreed upon.

Guarantors of the agreement: Egypt, Qatar, Turkey, Russia, the United Nations

 

Réponse préliminaire du Hamas à la proposition d'“Accord-cadre” entre les parties

Original:

Ci-dessous le texte intégral de la réponse à la proposition des 4 chefs des services de renseignement (Égypte, Qatar, Israël, USA) réunis à Paris, remise par le Hamas aux médiateurs qatari et égyptien hier, mardi 6 février. Les parties usaméricaine et israélienne ont reçu une copie de la réponse, qui comprend des amendements à la proposition d'“accord-cadre”, ainsi qu'une annexe spéciale de garanties et d'exigences visant à mettre fin à l'agression et à remédier à ses effets.-Tlaxcala


Réponse du Hamas

Cet accord vise à mettre fin aux opérations militaires mutuelles entre les parties, à parvenir à un calme complet et durable, à échanger des prisonniers entre les deux parties, à mettre fin au blocus de Gaza, à reconstruire, à assurer le retour des résidents et des personnes déplacées dans leurs foyers et à fournir un abri et des secours à tous les résidents dans toutes les zones de la bande de Gaza, selon les étapes suivantes :

 

Première étape (45 jours) :

Cette étape humanitaire vise à libérer tous les détenus israéliens, y compris les femmes et les enfants (de moins de 19 ans, non enrôlés), les personnes âgées et les malades, en échange d'un nombre déterminé de prisonniers palestiniens, ainsi qu'à intensifier l'aide humanitaire, à redéployer les forces hors des zones peuplées, à permettre le début de la reconstruction des hôpitaux, des maisons et des installations dans toutes les zones de la bande de Gaza, à autoriser les Nations unies et leurs agences à fournir des services humanitaires et à établir des camps d'hébergement pour la population, selon les modalités suivantes :

- Arrêt temporaire des opérations militaires, arrêt de la reconnaissance aérienne et redéploiement des forces israéliennes hors des zones peuplées de la bande de Gaza, afin de les aligner sur la ligne de démarcation, ce qui permettra aux parties d'achever l'échange de détenus et de prisonniers.

- Les deux parties libéreront les détenus israéliens, y compris les femmes et les enfants (de moins de 19 ans, non enrôlés), les personnes âgées et les malades, en échange d'un certain nombre de prisonniers palestiniens, en garantissant la libération de toutes les personnes dont les noms ont été convenus à l'avance au cours de cette étape.

- Intensification de l'afflux quotidien des quantités nécessaires et suffisantes pour les besoins de la population (à déterminer) d'aide humanitaire et de carburant, permettant à des quantités adéquates d'aide humanitaire d'atteindre toutes les zones de la bande de Gaza, y compris le nord de la bande, et le retour des personnes déplacées à leurs domiciles dans toutes les zones de la bande.

- Reconstruction des hôpitaux dans toute la bande et mise en place de ce qui est nécessaire pour établir des camps/tentes pour loger la population, et reprise de tous les services humanitaires fournis à la population par l'ONU et ses agences.

- Début des négociations (indirectes) sur les conditions nécessaires au rétablissement du calme.

- L'annexe ci-jointe contenant les détails de la première phase fait partie intégrante du présent accord, les détails des deuxième et troisième phases étant convenus pendant la mise en œuvre de la première phase.

 

Deuxième étape (45 jours) :

Avant la mise en œuvre de la deuxième phase, l'achèvement des négociations (indirectes) sur les conditions nécessaires à la poursuite de la cessation des opérations militaires mutuelles et au retour à un état de calme complet doit être annoncé.

Cette étape vise à libérer tous les détenus masculins (civils et conscrits), en échange d'un nombre déterminé de prisonniers palestiniens, à poursuivre les mesures humanitaires de la première étape, à retirer les forces israéliennes hors des frontières de toutes les zones de la bande de Gaza et à entamer la reconstruction complète des maisons, installations et infrastructures détruites dans toutes les zones de la bande de Gaza, selon des mécanismes spécifiques garantissant leur mise en œuvre et la fin complète du siège de la bande de Gaza, comme convenu lors de la première étape.

 

Troisième phase (45 jours) :

Cette phase vise à échanger les corps et les dépouilles des personnes décédées entre les deux parties après leur identification et la poursuite des mesures humanitaires des première et deuxième phases, comme convenu lors des première et deuxième phases.

 

Annexe à l’Accord-cadre : détails de la première phase

- Arrêt complet des opérations militaires par les deux parties et arrêt de toutes les activités aériennes, y compris la reconnaissance, tout au long de cette phase.

- Redéploiement des forces israéliennes hors des zones peuplées de la bande de Gaza, afin de s'aligner sur la ligne de démarcation à l'est et au nord, ce qui permettra aux parties d'achever l'échange de détenus et de prisonniers.

- Les deux parties libéreront les détenus israéliens, y compris les femmes et les enfants (de moins de 19 ans, non enrôlés), les personnes âgées et les malades, en échange de tous les prisonniers des prisons de l'occupation, y compris les femmes, les enfants, les personnes âgées (plus de 50 ans) et les malades qui ont été détenus jusqu'à la date de signature de cet accord, sans exception, en plus de 1 500 prisonniers palestiniens, dont le Hamas désignera 500 personnes condamnées à la prison à vie ou à de lourdes peines.

- Achèvement des procédures juridiques nécessaires pour garantir que les prisonniers palestiniens et arabes libérés ne soient pas arrêtés à nouveau pour les mêmes motifs que ceux pour lesquels ils ont été arrêtés.

- Libération mutuelle et simultanée d'une manière qui garantisse la libération de tous ceux qui figurent sur les listes convenues à l'avance au cours de cette phase, les noms et les listes étant échangés avant la mise en œuvre.

- Améliorer les conditions de détention dans les prisons de l'occupation et lever les mesures et les sanctions imposées après le 7 octobre 2023.

- Mettre fin aux incursions et aux agressions des colons israéliens dans la mosquée d'Al-Aqsa et ramener la situation dans la mosquée d'Al-Aqsa à ce qu'elle était avant 2002.

- Intensifier l'entrée des quantités nécessaires et suffisantes pour les besoins des résidents (au moins 500 camions) d'aide humanitaire et de carburant sur une base quotidienne, permettant à des quantités adéquates d'aide humanitaire d'atteindre toutes les zones de la bande, en particulier le nord de la bande de Gaza.

- Le retour des personnes déplacées à leur domicile dans toutes les zones de la bande de Gaza, en assurant la liberté de mouvement des résidents et des citoyens par tous les moyens de transport sans entrave dans toutes les zones de la bande de Gaza, en particulier du sud au nord.

- Assurer l'ouverture de tous les points de passage avec la bande de Gaza, la reprise du commerce et permettre la libre circulation des personnes et des biens sans entrave.

- Lever toutes les restrictions israéliennes à la circulation des voyageurs, des patients et des blessés par le point de passage de Rafah.

- Veiller à ce que tous les blessés, hommes, femmes et enfants, puissent être soignés à l'étranger sans restriction.

- L'Égypte et le Qatar mèneront les efforts avec toutes les parties nécessaires pour gérer et contrôler l'assurance, la réalisation et l'achèvement des questions suivantes :

   1. Fournir et mettre en place l'équipement lourd nécessaire à l'enlèvement des débris et des épaves.

   2. Fournir des équipements de défense civile et répondre aux besoins du ministère de la Santé.

   3. Le processus de reconstruction des hôpitaux et des boulangeries dans toute la bande de Gaza et l'introduction de ce qui est nécessaire pour établir des camps de tentes pour loger la population.

   4. Introduire pas moins de 60 000 unités de logement temporaires (caravanes/conteneurs), de sorte que 15 000 unités de logement entrent dans la bande de Gaza chaque semaine à partir du début de cette phase, en plus de 200 000 tentes, à raison de 50 000 tentes par semaine, pour loger les personnes dont les maisons ont été détruites par l'occupation pendant la guerre.

   5. Commencer la reconstruction et la réparation des infrastructures dans toutes les zones de la bande de Gaza et remettre en état les réseaux d'électricité, de télécommunications et d'eau.

   6. Approuver un plan de reconstruction des logements, des installations économiques et des services publics détruits par l'agression, en programmant le processus de reconstruction dans un délai n'excédant pas trois ans.

 

- Reprise de tous les services humanitaires fournis à la population dans toutes les zones de la bande de Gaza, par l'ONU, ses agences, en particulier l'UNRWA, et toutes les organisations internationales opérant dans toutes les zones de la bande de Gaza avant le 7 octobre 2023.

- Réapprovisionner la bande de Gaza avec le carburant nécessaire pour reprendre le fonctionnement de la centrale électrique et de tous les secteurs.

- Engagement de l'occupation à fournir à Gaza l'électricité et l'eau dont elle a besoin.

- Entamer des négociations (indirectes) sur les conditions nécessaires à la poursuite de la cessation des opérations militaires mutuelles et au retour à un état de calme total et mutuel.

- Le processus d'échange est étroitement lié au degré d'engagement mentionné et convenu pour l'entrée d’aides, de secours et d’abris suffisants.

Garants de l'accord : Égypte, Qatar, Turquie, Russie, ONU

23/01/2024

ANSHEL PFEFFER
Pourquoi Israël ne parviendra jamais à détruire tous les tunnels du Hamas à Gaza

Anshel Pfeffer, Haaretz, 21/1/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Les tunnels sous Gaza ont précédé la création du Hamas en 1987 et sa prise de pouvoir en 2007. Aujourd’hui, après des mois d’efforts, l’armée israélienne pourrait être amenée à admettre que la destruction de ces kilomètres de passages souterrains ressemblant à un labyrinthe n’a jamais été une perspective réaliste.

Un soldat israélien sécurise un tunnel sous l’hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza, dans la bande de Gaza en novembre. Photo : Ronen Zvulun/Reuters

Les Forces de défense israéliennes ne détruiront pas tous les tunnels du Hamas et du Djihad islamique sous Gaza. Il est probable qu’elles ne détruiront même pas la plupart d’entre eux.

Cette évaluation, qui n’a pas encore été exprimée publiquement, est partagée à tous les niveaux de l’armée israélienne. Des généraux, qui tentent de planifier ce qu’ils appellent une « année de guerre » en 2024, aux commandants de brigade et de bataillon qui passent des semaines entières sur le terrain pour détruire une seule section du système de tunnels, en passant par les troupes de génie de combat, qui commencent maintenant à sortir de Gaza après trois mois de combat avec des sentiments mitigés. D’une part, ils ont effectué un nombre sans précédent de missions de démolition de tunnels. D’autre part, ils savent que de nombreux autres tunnels restent intacts.

Les Forces de défense israéliennes réduisent leurs effectifs dans la ville de Gaza, sachant pertinemment que de nombreux tunnels ont été négligés. Cela ne devrait pas être une surprise. Les tunnels sous la bande de Gaza existaient déjà avant la création du Hamas en 1987 et il semble qu’ils existeront encore après cette guerre.

Divers groupes de résistance ont utilisé des tunnels pour cacher des combattants et des armes dès les premières années de l’occupation israélienne de la bande de Gaza après la guerre des Six Jours en 1967, mais les premiers creusements importants ont eu lieu au début des années 1980. Après la signature des accords de Camp David entre Israël et l’Égypte, les quartiers de Rafah ont été divisés par une frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, qui est restée sous contrôle israélien.

Haut du formulaire

Bas du formulaiLe président égyptien Anouar el-Sadate, à gauche, serre la main du Premier ministre israélien Menahem Begin sous le regard du président Jimmy Carter (au centre), septembre 1978. Photo : AP

Plusieurs groupes ont creusé les tunnels sous Rafah et les résidents locaux, les tribus bédouines, les gangs criminels et les organisations de résistance ont tous participé à la contrebande qui s’en est suivie, y compris, après 1993, les fonctionnaires de l’Autorité palestinienne. Toutes sortes d’armes et de produits civils ont transité par les tunnels, y compris un lion, qui devait être utilisé comme symbole de statut par l’un des clans de Gaza.

Au cours des premières années du blocus imposé par Israël et l’Égypte après la prise du pouvoir par le Hamas  en 2007, des centaines de tunnels étaient en service. Certains d’entre eux étaient suffisamment larges pour permettre le passage de voitures qui étaient ensuite vendues à Gaza. Vous pouviez commander un repas chez KFC dans la ville égyptienne d’El-Arish, et le poulet était encore chaud lorsqu’il arrivait du côté palestinien. Des milliers d’habitants de Gaza ont investi leurs économies dans des entreprises locales qui proposaient des investissements dans de nouveaux tunnels.

Lors d’une visite de reportage à Rafah, en Égypte, en 2005, les tunnels étaient facilement identifiables. Ils se trouvaient dans les villas et les enceintes murées qui avaient poussé tout autour des bidonvilles des deux côtés de la frontière. Quatre ans plus tard, lors d’une nouvelle visite juste après l’opération « Plomb durci », les villas du côté palestinien avaient été détruites par les frappes aériennes israéliennes et l’armée égyptienne était occupée à démolir celles de son côté.

22/01/2024

HAMAS
Pourquoi l’Opération Déluge d’Al Aqsa ?
Notre vision des choses

Le bureau de presse du Mouvement de Résistance Islamique (Hamas) a diffusé le dimanche 21 janvier 2024 une déclaration en arabe et en anglais, traduite en français par nos soins.-Tlaxcala


Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

À notre inébranlable peuple palestinien,

Aux nations arabes et islamiques,

Aux peuples libres du monde entier et à ceux qui défendent la liberté, la justice et la dignité humaine,

À la lumière de l’agression israélienne en cours sur la bande de Gaza et la Cisjordanie, et alors que notre peuple poursuit sa bataille pour l’indépendance, la dignité et la libération de l’occupation la plus longue de l’histoire, au cours de laquelle il a fait preuve de la plus grande bravoure et du plus grand héroïsme en affrontant la machine meurtrière et l’agression israéliennes,

 Nous voudrions clarifier pour notre peuple et les peuples libres du monde la réalité de ce qui s’est passé le 7 octobre, ses motivations, son contexte général lié à la cause palestinienne, réfuter les allégations israéliennes et mettre les faits en perspective.

 Sommaire

Premièrement : Pourquoi l’Opération Déluge d’Al Aqsa ? 4

Deuxièmement : Les événements de l’Opération Déluge d’Al Aqsa et nos réponses aux allégations israéliennes 9

Troisièmement : Vers une enquête internationale transparente 14

Quatrièmement : Un rappel au monde : qui est le Hamas ? 16

Cinquièmement : De quoi avons-nous besoin ? 19

 

18/01/2024

MKHAIMAR ABUSADA
L’homme le plus fort de Gaza : dans la tête du chef du Hamas, Yahya Sinwar

Mkhaimar Abusada, Haaretz, 17/1/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Mkhaimar Abusada est professeur de sciences politiques à l’Université al-Azhar de Gaza, détruite par les bombes israéliennes en novembre 2024, et actuellement déplacé au Caire

Lorsque j’ai rencontré Yahya Sinwar en 2018, il se voulait pragmatique. Mais il a ensuite inversé le scénario, en orchestrant l’attaque du 7 octobre qui a choqué Israël et le monde entier, avec des répercussions catastrophiques pour les habitants de Gaza. Qu’est-ce qui alimente sa réflexion et quel est son objectif final - pour lui-même, pour Israël et pour les Palestiniens ?

Je n’ai rencontré Yahya Sinwar qu’une seule fois. C’était en août 2018, dans son bureau de la ville de Gaza. Il venait d’être élu président du Bureau politique du Hamas à Gaza. Son attitude était détendue alors qu’il était assis avec un groupe de commentateurs politiques, d’universitaires et de journalistes, tous originaires de Gaza.

Photos John Minchillo/AP, Mohammed Salem/Reuters photoshoppées par Anastasia Shub

Il m’a dit qu’il avait suivi mes commentaires politiques sur Al-Jazeera depuis la prison israélienne, où il avait passé 22 ans pour avoir tué des « collaborateurs » palestiniens. C’est en prison qu’il a appris à parler couramment l’hébreu et, comme il aime à s’enorgueillir, à connaître la société israélienne.

Si son équipe nous avait convoqués, c’était pour faire le point sur la « Marche du retour », ces manifestations hebdomadaires qui rassemblaient alors des dizaines de milliers de personnes le long de la barrière frontalière entre Israël et Gaza, dans le but de briser le siège économique israélien de la bande de Gaza.

Il a déclaré que les manifestations se poursuivraient jusqu’à ce que le siège de Gaza soit levé. À l’époque, il tenait des propos qui donnaient l’impression qu’il pouvait être considéré comme un personnage pragmatique, favorable à des trêves et désireux de gouverner.

Mais un discours qu’il avait prononcé plus tôt, en mars 2018, semble aujourd’hui préfigurer le 7 octobre. Il aurait alors déclaré que la Marche du retour ne s’arrêterait pas « tant que nous n’aurons pas supprimé cette frontière éphémère », faisant vraisemblablement référence à la clôture entre la bande de Gaza et Israël. (Il a fait des commentaires similaires sur la frontière « à éradiquer » dans un autre discours). Les marches ont marqué, selon lui, « le début d’une nouvelle phase de la lutte nationale palestinienne sur la voie de la libération et du retour ».

Dans un discours prononcé en 2022, Sinwar a également mis en garde contre une guerre de religion si la mosquée al-Aqsa était menacée, menaçant de déclencher une bataille majeure.

Sinwar, âgé d’environ 62 ans, est considéré comme l’un des rares responsables du Hamas à avoir eu connaissance du plan ultrasecret d’invasion d’Israël. Ce plan, qui concrétisait sa vision d’un franchissement de la frontière, a abouti à la mort de quelque 1 200 Israéliens, pour la plupart des civils, et à la prise en otages de quelque 250 personnes vers Gaza. L’enregistrement et même la diffusion en direct de l’attaque massive contre les Israéliens étaient destinés à susciter la peur et la perte de sécurité au-delà des personnes physiquement touchées, mais aussi dans la psyché israélienne dans son ensemble.

Aujourd’hui, bien sûr, Sinwar est l’homme le plus recherché d’Israël. On pense qu’il se cache dans les profondeurs de Gaza, quelque part dans le labyrinthe des tunnels du Hamas. Selon certaines informations, il pourrait se trouver dans les tunnels entourant le camp de réfugiés de Khan Younès, son lieu de naissance et le site de certains des combats les plus violents de ces dernières semaines, alors que la chasse à l’homme s’intensifie.

La stratégie du Hamas, qui a consisté à capturer un grand nombre d’otages, indique qu’il souhaitait disposer de la monnaie d’échange la plus forte possible pour mettre fin à la guerre à Gaza au moment où il le souhaite, et pas seulement pour obtenir un accord d’échange d’otages contre des prisonniers. L’insistance du Hamas sur le fait qu’il n’y aura pas d’autres négociations sur l’échange de prisonniers sans la fin de la guerre signifie qu’il utilise les otages israéliens comme une carte pour arrêter la guerre et sauver le Hamas de l’anéantissement israélien.


Saleh Al-Arouri, le chef adjoint du Hamas, qui a depuis été assassiné à Beyrouth, avait accordé une interview à Al-Jazira le 7 octobre.

Il a déclaré : « Nous avons un objectif principal : notre liberté et la liberté de nos lieux saints ». Il a également déclaré que le grand nombre d’otages capturés conduirait à la libération de prisonniers palestiniens : « Ce que nous avons entre les mains permettra de libérer tous nos prisonniers. Plus les combats se poursuivront, plus le nombre de prisonniers augmentera ».

Si l’objectif de l’attaque était également de remettre la cause palestinienne sur le devant de la scène, c’est certainement ce qui s’est produit à la suite de la guerre et de l’indignation suscitée par le nombre catastrophique de Palestiniens tués par les bombardements israéliens - un piège que Sinwar aurait tendu à dessein. Il savait exactement ce qu’une attaque du type de celle du 7 octobre provoquerait de la part d’Israël.

Le Hamas a frappé au moment où le monde s’attendait à une normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite et il a retourné le scénario, cela n’intéresse plus personne. Au lieu de cela, il a fait du conflit israélo-palestinien la question centrale, après des années pendant lesquelles les Israéliens ont essayé d’éviter de l’affronter de front.

Pour comprendre les objectifs de Sinwar aujourd’hui, il faut comprendre les forces qui l’ont façonné dans son enfance. Il est né au début des années 1960. Comme la plupart des gens de sa génération, il a grandi dans un des camps de réfugiés disséminés dans la bande de Gaza. Soixante-dix pour cent de la population est constituée de réfugiés et de leurs descendants.

Sa famille est arrivée à Gaza en provenance de la ville palestinienne côtière d’Al-Majdal Asqalan, qui est aujourd’hui la ville israélienne d’Ashkelon. C’est la ville la plus visée par les barrages de roquettes du Hamas au cours de cette guerre.


Yahya Sinwar s’exprime lors d’un rassemblement à Gaza en avril 2023.Photo: IBRAHEEM ABU MUSTAFA/ REUTERS

À Khan Younès, comme dans d’autres camps, les conditions de vie étaient désastreuses, les services de santé et d’éducation étant médiocres. Les maisons des réfugiés, dont beaucoup n’étaient que des tas de décombres après les bombardements israéliens, étaient généralement des structures de 50 à 60 mètres carrés sur un seul étage, recouvertes de tôle et de plastique : il y faisait un froid glacial en hiver et extrêmement chaud en été.

Ce n’est qu’après la création de l’Autorité palestinienne en 1994 qu’elles ont été transformées en bâtiments à plusieurs étages. Lorsque Sinwar était enfant, l’eau était stockée dans de grands tonneaux noirs en plastique sur le toit, car elle était très rare. L’occupation israélienne a commencé à Gaza après la guerre du Proche-Orient de 1967, alors que Sinwar avait environ cinq ans. Le régime israélien a privé les Palestiniens de leurs droits fondamentaux et a imposé une surveillance étroite de leur vie politique.

Depuis Khan Younès, il pouvait voir comment les colons juifs du bloc de colonies voisin, le Gush Katif, avaient pris le contrôle de sa plage et l’avaient rendue interdite à lui et à ses jeunes camarades Palestiniens.

La politique de feu Yitzhak Rabin, qui consistait à « briser les os des Palestiniens » pendant la première Intifada, qui a éclaté alors qu’il avait environ 25 ans, l’a probablement radicalisé davantage.

À cette époque, un nombre croissant de Palestiniens perdent espoir dans la capacité de l’OLP à mettre fin à l’occupation israélienne. Expulsée de Beyrouth en 1982, l’OLP n’est plus que l’ombre d’elle-même après la dispersion de ses principaux dirigeants et militants dans des pays arabes lointains comme le Yémen, le Soudan, la Tunisie et l’Algérie. Ce vide dans la lutte palestinienne contre l’occupation a permis à un autre mouvement de voir le jour.

Sinwar a participé dès le début à la création de cette nouvelle organisation, le Hamas. Il a rejoint son aile militaire, les Brigades al-Qassam, et a été à l’origine de la création du service de sécurité al-Majd, chargé de torturer et de tuer les Palestiniens qui collaboraient avec Israël. Il a été surnommé [par qui ?, NdT]« le boucher de Khan Younès » pour sa brutalité.

Il s’est fait connaître pour son rôle dans l’arrestation, l’exécution et l’étranglement de collaborateurs présumés. Il a déclaré à ses interrogateurs israéliens qu’il avait tué au moins quatre hommes et enterré l’un d’entre eux vivant.

Dans la prison israélienne, Sinwar lisait des livres sur le sionisme et Israël. Il se considère comme un expert de la pensée israélienne.


Yahya Sinwar au moment de son arrestation en 1989

Avant d’être libéré dans le cadre de l’accord d’échange contre Gilad Shalit en 2011, il a promis à ses codétenus du Hamas de les faire sortir.

Il ne lui a pas fallu longtemps pour se hisser au sommet du Hamas à Gaza. Il a fait de la lutte contre la corruption au sein du Hamas une stratégie clé. Le fait qu’il ait réussi à évincer certains fonctionnaires corrompus a renforcé sa propre popularité.

Sinwar a travaillé sans relâche à la conclusion d’un autre accord d’échange de prisonniers avec les corps de deux soldats israéliens tués à Gaza en 2014, et de deux autres Israéliens, Hisham al-Sayed et Avera Mengistu.

Mais les dirigeants israéliens se sont retirés des négociations, estimant que le prix était trop élevé et qu’ils n’étaient pas prêts à répéter les erreurs de l’accord Shalit, où de nombreux prisonniers palestiniens libérés, comme Sinwar, sont redevenus de dangereuses menaces pour la sécurité d’Israël.

En plus de diriger le Bureau politique, il a renforcé les liens avec l’aile militaire du Hamas, dont son frère Mohammed est une figure de proue. Sinwar a déclaré, après l’offensive israélienne de mai 2021, que seuls cinq pour cent du réseau de tunnels du Hamas avaient été endommagés. Dans un autre discours, il a appelé les Palestiniens à utiliser des fusils, des couteaux ou des haches pour tuer des Israéliens.

En lançant une attaque aussi ambitieuse contre Israël, il a sans aucun doute voulu humilier ce pays, en révélant qu’il est, comme le Hamas l’appelle souvent, une « maison d’araignée », c’est-à-dire une maison faible et fragile, qui peut être facilement vaincue.

Cela dit, certains civils palestiniens qui paient le prix de cette guerre brutale critiquent Sinwar et le Hamas en silence, mais il n’est pas sûr de le faire publiquement à Gaza même. Ceux qui le font vivent à l’étranger.

Sinwar représente le Hamas dans les négociations sur les otages. Tout accord doit passer par lui, tant qu’il est encore en vie et qu’il est l’homme le plus fort de Gaza.

Si, à la fin de cette guerre, un accord conduit à la libération de tous les prisonniers palestiniens des prisons israéliennes, il s’agira de l’accord d’échange de prisonniers le plus important de l’histoire du conflit israélo-palestinien qui, comme d’autres l’ont dit, serait l’ultime de toutes les images de victoire palestinienne à ce jour.

S’il survit à cette guerre, il écrira probablement un autre chapitre de sa vie en manœuvrant contre ses ennemis internes et externes. Dans le cas contraire, il mourra convaincu d’avoir gagné une bonne place au paradis et que l’histoire se souviendra de lui comme de l’homme qui a choqué non seulement Israël, mais le monde entier.

Le Hamas, lui, lui survivra.


Yahya Sinwar devant les ruines de sa maison à Khan Younès, détruite par des bombes israéliennes le 17 mai 2021, et dont Netanyahou a annoncé triomphalement qu’elle était "encerclée"... en décembre 2024