Affichage des articles dont le libellé est Hasbara. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Hasbara. Afficher tous les articles

03/04/2024

LE MONDE
« Quarante bébés décapités » : itinéraire d’une rumeur au cœur de la guerre de l’information d’Israël contre le reste du monde

,  (Jérusalem, correspondance) et , Le Monde, 3/4/2024

Les faits
Le 10 octobre, les comptes officiels israéliens se font le relais d’une allégation sordide, mais infondée. Six mois plus tard, celle-ci continue de circuler, alimentant les accusations de désinformation israélienne.

Après l’attaque du Hamas contre Israël qui a fait environ 1 160 victimes le 7 octobre 2023, les images du massacre ont inondé les réseaux sociaux et les médias du monde entier.

Mais dans ce flot de témoignages de meurtres, pillages, mutilations, une rumeur a pris une ampleur extraordinaire : 40 bébés décapités auraient été retrouvés dans le kibboutz de Kfar Aza, l’une des localités israéliennes les plus meurtries. Ce récit, et ses variantes, a connu une viralité inédite, jusqu’à être évoqué à la Maison-Blanche. Pourtant, dans l’horreur qu’a constituée ce massacre, où 38 mineurs dont deux nourrissons ont été tués, il n’y a jamais eu 40 bébés décapités. Ni à Kfar Aza, ni dans aucun autre kibboutz, a confirmé au Monde le bureau de presse du gouvernement israélien.

Comment cette fausse information est-elle née ? Peut-on la comparer à l’affaire des couveuses du Koweït, un récit fabriqué de toutes pièces de bébés kidnappés et massacrés, qui avait en partie servi à justifier la première guerre du Golfe ? L’enquête du Monde met en lumière une rumeur née de manière organique, d’un mélange d’émotion, de confusion et d’exagération macabre. Mais Israël n’a rien fait pour lutter contre, et a plus souvent tenté de l’instrumentaliser que de la démentir, alimentant les accusations de manipulation médiatique.

Aux origines

Mardi 10 octobre, 13 heures

Trois jours après l’attaque du Hamas, l’armée convie des dizaines de journalistes et correspondants étrangers, dont celui du Monde, dans le kibboutz de Kfar Aza, où les terroristes du Hamas ont tué plus de 60 civils. Richard Hecht, plus haut porte-parole de l’armée israélienne et coorganisateur de cette visite, veut « montrer à la presse internationale que ce qui s’est passé est sans précédent. »

Le territoire n’a été repris par l’armée que depuis quelques heures, et les cadavres sont encore partout : des victimes israéliennes enveloppées dans des sacs mortuaires, des combattants du Hamas gisant là où ils sont tombés, une odeur de mort, témoignent une dizaine de journalistes, secouristes et soldats interrogés par Le Monde.

Témoignage de notre journaliste

Samuel Forey, correspondant du « Monde » à Jérusalem et coauteur de cet article, a participé à la visite de presse du 10 octobre à Kfar Aza.

« Nous ne sommes pas intégrés à une unité militaire, c’est une visite pour la presse, sous bonne escorte (…) Comme souvent dans les zones de conflit, le contrôle serré se relâche au bout de quelque temps. Nous pouvons parler à tous les soldats qui le veulent bien. Nous pouvons entrer dans les maisons déjà inspectées par l’armée, car les autres peuvent être piégées.

La visite se termine. Elle a duré une heure et trente minutes. Je rentre à Jérusalem. Mon responsable au Monde m’appelle. Ai-je vu des bébés décapités ? Je lui réponds que j’ai vu passer l’information sur les réseaux sociaux, alors que j’étais sur le chemin du retour, mais que rien ne semblait l’affirmer. Aucun soldat ne m’en a parlé – j’ai échangé avec une demi-douzaine d’entre eux. En m’asseyant à mon bureau, je vois l’emballement médiatique. Je ne pense pas cette histoire possible. Les soldats étaient présents dans le kibboutz depuis la veille, au moins. Un événement aussi atroce aurait été documenté, et pas confié par certains soldats à certains journalistes.

Je contacte deux organisations de secourisme déployées lors de l’attaque. Aucune ne mentionne de décapitation – sans dire que ça n’a pas existé. Au 11 octobre, date de parution de mon reportage, je ne peux pas confirmer de décapitations. Je ne le fais donc pas. Mais l’image, forte, prend le pas sur la réalité. Elle sert notamment à faire du Hamas l’incarnation du mal absolu – qui mérite une réponse du même ordre. Je ne veux pas minimiser les exactions de ce mouvement islamiste palestinien. Je veux les documenter, le plus précisément possible.

Le problème, c’est que si l’image des bébés décapités sert une certaine propagande israélienne, elle sert aussi à ses ennemis pour nier d’autres exactions, par exemple l’existence de violences sexuelles – avérées – ou le fait que des victimes ont été brûlées vives ; voire à réfuter l’ensemble du massacre. C’est le fond de mon message publié sur X, le lendemain de la visite à Kfar Aza. J’ai constaté, quelque temps après, que mon post n’était plus accessible en France et dans certains pays européens. Depuis, l’histoire des bébés décapités s’est révélée être une fausse information. »

Itai Veruv, le général qui a mené la contre-attaque, multiplie les parallèles avec les camps de la mort. Il évoque un bilan provisoire de 100 à 150 morts. Des cérémonies funéraires sont parfois réalisées sous l’œil des caméras. Certains reporters ont confié au Monde un sentiment de malaise face à la théâtralisation du site du massacre.

En raison du risque de pièges explosifs, les journalistes ne peuvent entrer que dans quelques maisons. Les seuls cadavres israéliens qu’ils voient sont dans des sacs mortuaires, tous de taille adulte. Sur place, selon des journalistes présents, l’état-major n’évoque pas de bébés morts, mais les reporters sont libres d’interroger les militaires et premiers secours présents, dont les récits sont plus troubles, et troublants.

Les approximations et exagérations des secouristes

Sur les lieux opèrent des secouristes de Zaka, une organisation non gouvernementale (ONG) ultraorthodoxe chargée de récupérer les corps dans le respect des préceptes juifs. Ils étaient aussi présents le matin dans un autre kibboutz, Be’eri, où le photographe Tomer Peretz a décrit « des bouts de corps, des bébés, des enfants » et a pris la photo d’un berceau ensanglanté, très partagée, qui a alimenté la confusion de certains journalistes, qui l’ont utilisée pour parler de Kfar Aza.

Dans les maisons ravagées, les bénévoles de Zaka découvrent des corps rendus méconnaissables par les projectiles, les explosions et les incendies. Dénués de formation médicale, certains se méprennent sur l’identité ou l’âge des victimes. Un secouriste évoque une famille de cinq personnes, mortes fusillées, mais prend la mère pour une grand-mère, et les deux adolescents pour des enfants. D’autres affirment à la presse qu’une femme enceinte aurait été éventrée et son fœtus poignardé, ce qui n’a jamais été le cas, comme l’a confirmé au Monde Nachman Dyksztejn, volontaire francophone de Zaka. Dans un rapport sur les violences sexuelles commises le 7 octobre, l’Organisation des Nations unies soulignera le « défi » qu’a représenté « les interprétations imprécises et peu fiables des preuves par des non-professionnels ».

Ces approximations ne sont pas toujours volontaires. « Les secouristes ont vu tellement de morts, des cadavres de femmes et d’enfants, des morceaux de corps, peut-être qu’ils ont dit des choses qu’ils ont imaginées », explique aujourd’hui Nachman Dyksztejn. Mais sur le moment, les porte-parole de l’ONG font preuve de surenchère macabre. Auprès de différents médias, Yossi Landau, son fondateur, déclare avoir « vu de ses propres yeux des enfants et des bébés qui avaient été décapités ». Le quotidien israélien Haaretz a révélé plus tard que l’association, à la santé financière précaire, avait essayé de profiter de la tragédie pour drainer des dons.

02/04/2024

REBECCA RUTH GOULD
“Nouvel antisémitisme” : ces mots qui tuent
Comment le mythe du “Juif collectif” protège Israël des critiques : un livre d’Antony Lerman


Rebecca Ruth Gould, deterritorialization,  30/3/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans Whatever Happened to Antisemitism ? Redefinition and the Myth of the ‘Collective Jew’ [Qu’est-il advenu de l’antisémitisme ? La redéfinition et le mythe du “Juif collectif”](Pluto Books, 2022), Antony Lerman examine ce qui est arrivé à l’antisémitisme au cours des cinq dernières décennies. Comment l’effort de définition de l’antisémitisme s’est-il aligné sur la réduction au silence des discours critiques à l’égard d’Israël ? L’histoire est complexe et n’a jamais été racontée avec autant de détails et de profondeur que dans ce livre.

Lerman écrit en tant que figure centrale des débats sur l’antisémitisme. En plus d’être un observateur de longue date de la lutte contre l’antisémitisme, il a également participé à l’élaboration de cette histoire. Il a été directeur de l’Institut des affaires juives* à partir de 1991, et c’est à ce titre qu’il a fondé le rapport mondial sur l’antisémitisme, qui a été publié de 1992 à 1998.

 
Anthony Lerman, lors d’une présentation de son livre au Musée juif de Hohenems, en Autriche, en novembre 2022

Lerman décrit et documente les pressions intenses qu’il a subies pour aligner le programme de recherche de son institut sur le projet d’étude de l’antisémitisme de l’université de Tel-Aviv, financé par le Mossad. En fin de compte, le refus de Lerman de s’aligner sur les objectifs sionistes et pro-israéliens des organisations israéliennes et usaméricaines a fait de lui la cible d’attaques de la part de l’establishment. Il a décidé de démissionner de son poste en 2009, afin d’écrire de manière indépendante sur le sujet de l’antisémitisme, libre de toute contrainte institutionnelle.

S’appuyant sur des décennies de recherches empiriques approfondies, Lerman nous guide de manière experte à travers les nombreux changements qui ont eu lieu dans la signification de l’antisémitisme au cours des dernières décennies. Comme il le souligne, même si l’attention du monde s’est déplacée vers le soi-disant « nouvel antisémitisme" »centré sur la critique d’Israël, le « nouvel antisémitisme » n’a pas remplacé l’ancien antisémitisme, qui prospère même à une époque où la quasi-totalité de la censure se concentre sur le « nouvel antisémitisme ».

Lerman rejoint d’autres chercheurs, tels que la théoricienne critique interdisciplinaire Esther Romeyn, pour considérer le nouvel antisémitisme comme « un champ de gouvernance transnational" »qui est « contrôlé par des “acteurs” institutionnels et humains ». Ces acteurs comprennent les Nations unies, l’UNESCO, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la Commission européenne, diverses institutions communautaires, ainsi qu’une foule de politiciens et d’experts en la matière. Ces organisations « définissent, inventent des outils et des technologies de mesure, analysent, formulent des déclarations politiques et des programmes, et élaborent des “interventions” pour traiter et corriger » ce qu’elles considèrent comme le “nouvel antisémitisme”, qu’elles confondent souvent avec l’antisionisme et les critiques à l’égard d’Israël.

En d’autres termes, le discours qui mobilise les sociétés contre le “nouvel antisémitisme” est un outil de gouvernance, et pas seulement - ni même principalement - une praxis antiraciste. Cet outil de gouvernance s’est avéré de plus en plus utile aux États occidentaux ces dernières années dans leurs efforts pour réprimer le discours et l’activisme propalestiniens.

Une perspective historique

En expliquant comment le vieil antisémitisme a été reconfiguré en “nouvel antisémitisme” dans l’imaginaire politique des États et des institutions d’Europe et d’Amérique du Nord, Lerman identifie le 11 septembre comme le tournant décisif. Le 11 septembre marque également un tournant dramatique dans la guerre contre le terrorisme. À partir de ce moment, les attaques disproportionnées menées par les grandes puissances mondiales contre l’Afghanistan, l’Irak, le Xinjiang, le Cachemire et maintenant Gaza ont commencé à être considérées comme nécessaires et acceptables pour le maintien de l’ordre mondial.

Au moment même où l’antisémitisme était redéfini pour englober la critique d’un État-nation spécifique - Israël - les plus grandes puissances militaires du monde affirmaient leur droit à se défendre contre les insurgés terroristes et d’autres acteurs non étatiques sans tenir compte de la proportionnalité. Cette intersection entre la guerre et le discours politique sur l’antisémitisme est révélatrice car, comme l’affirme Lerman de manière lapidaire, « On ne peut pas faire la guerre à une abstraction ».

Les sections historiques (chapitres 3, 5 et 7) comptent parmi les parties les plus convaincantes de l’ouvrage. Elles documentent les défis lancés à l’État d’Israël et à l’idéologie politique du sionisme à l’ONU, ainsi que les institutions qui se sont développées en réponse à ces défis entre les années 1970 et 2000. L’un des principaux enseignements de la trajectoire historique esquissée par Lerman est que le “nouvel antisémitisme” n’est pas aussi nouveau que nous l’imaginons généralement. La tendance à confondre les critiques de gauche à l’égard d’Israël avec l’antisémitisme peut être observée dans les déclarations de responsables israéliens datant des années 1970.

En 1975, les Nations unies ont adopté la résolution 3379, qui qualifie le sionisme de « forme de racisme et de discrimination raciale ». Pourtant, dès 1973, le ministre israélien des Affaires étrangères, Abba Eban, avait perçu le sens de la marche et s’était rendu compte de l’hostilité des pays du Sud et de certains courants de gauche à l’égard d’Israël. « La nouvelle gauche est l’auteur et le géniteur du nouvel antisémitisme », affirmait Eban. Se projetant dans l’avenir, Eban ajoutait que « l’une des tâches principales de tout dialogue avec le monde des Gentils [goyim, non-juifs] est de prouver que la distinction entre l’antisémitisme et l’antisionisme n’est pas une distinction du tout ». Dans cette première déclaration, nous pouvons discerner l’idée maîtresse des débats sur l’antisémitisme qui allaient consumer les institutions communautaires et politiques juives jusqu’à aujourd’hui.

Bien que le livre de Lerman soit aujourd’hui l’étude définitive sur le sujet, il est nécessaire de signaler quelques erreurs de typographie et de translittération. Par exemple, il est impossible de savoir où commence une citation de Romeyn à la page 9 (paragraphe quatre). Plus important encore, nakba est mal orthographié en tant que naqba à la page 3. Espérons que les éditeurs procéderont à une relecture approfondie pour la prochaine édition.

Une prochaine édition sera certainement nécessaire. Les controverses autour de l’antisémitisme en relation avec Israël-Palestine, documentées dans ce livre historique, sont susceptibles de s’intensifier dans un avenir prévisible, alors que la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza se poursuit et que la menace d’un nettoyage ethnique plane sur la Cisjordanie. Nous devrions également être reconnaissants à Lerman d’avoir un livre objectif, fondé sur des principes et érudit pour nous guider à travers ces désastres.

*NdT : fondé en 1941 à New York sous les auspices du Congrès Juif Mondial, l’Institute of Jewish Affairs a déménagé à Londres en 1965 et a été renommé Institute for Jewish Policy Research en 1996

Pour lutter contre le racisme, nous avons besoin d’une approche matérialiste

Sur la politique de définition de l’antisémitisme - et de résistance à l’antisémitisme

Rebecca Ruth Gould, ILLUMINATION-Curated, 20 février 2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Pendant la première Intifada (1987-1993), l’artiste palestinien Sliman Mansour a commencé à dépeindre l’érosion des frontières de la Palestine par l’occupation militaire israélienne.

Les artistes palestiniens étaient engagés dans un boycott des produits israéliens, et Mansour n’avait accès qu’aux matériaux locaux qui pouvaient être obtenus sans commerce avec Israël : bois, cuir, boue, henné, teintures naturelles et objets trouvés.

À partir d’un mélange de bois, de boue et de teintures naturelles, il a produit une image tridimensionnelle de la Palestine, qu’il a appelée "Shrinking Object" (objet qui rétrécit). Vu en trois dimensions, le cadre de Mansour s’agrandit à mesure que la Palestine s’éloigne du champ de vision.

 

Shrinking Object ( (شئ متقلص), boue sur bois, 1996 , par Sliman Mansour

Bien qu’elle ait été créée en 1996, l’image d’une Palestine qui se rétrécit est encore plus prégnante aujourd’hui. Au cours des décennies écoulées, les frontières de la Palestine ont encore reculé. Elles ont été recouvertes par des centaines de colonies israéliennes qui ont effectivement effacé la frontière entre la Palestine et Israël et rendu obsolète le concept d’une solution à deux États.

J’ai choisi “Shrinking Object” comme couverture de mon livre, Erasing Palestine. L’image illustre parfaitement le parallèle entre l’effacement des terres palestiniennes par l’expansion du régime de colonisation et la réduction au silence de l’activisme palestinien en Europe et en Amérique du Nord.

10/03/2024

Stop aux attaques sionistes, islamophobes et étatiques contre Dar al Janub à Vienne, Autriche !

Original : Stop the Zionist, Islamophobic and State Attacks Against Dar al Janub!
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Dar al Janub a besoin de votre soutien, signez la lettre de solidarité à la fin de l’appel !

Après 20 ans d’existence, l’association autrichienne Dar al Janub (Maison du Sud) - Union pour l’antiracisme et la politique de paix - est menacée d’interdiction. Dar al Janub[i] (DaJ) a été fondée en 2003 dans le contexte des manifestations contre les guerres menées par les USA en Irak et en Afghanistan. Alors que les voix anti-impériales étaient de plus en plus marginalisées dans les universités et les médias autrichiens, Dar al Janub a toujours été un lieu où des personnes d’horizons politiques, idéologiques et nationaux différents pouvaient se rassembler pour pratiquer la solidarité internationale en remettant en question les discours hégémoniques sur le Sud global. Pour ce faire, nous avons créé une scène pour les voix marginalisées. En 2004, nous avons organisé notre premier “grand” événement : l’exposition « Aidun - nous reviendrons » en souvenir de la Nakba palestinienne. Dar al Janub a publié des déclarations politiques et organisé des manifestations, des événements d’information, des missions d’enquête en Palestine et dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, ainsi que des conférences internationales. Nous avons essayé de soutenir les femmes musulmanes et migrantes en organisant des cours d’allemand et d’arabe, des ateliers de lutte contre le racisme, des festivals et des événements sportifs, ainsi que des services de garde d’enfants pour les femmes issues de l’immigration. Notre objectif principal a toujours été de repenser les structures racistes et de renforcer la solidarité internationale avec les peuples du Sud.


 

Connectez-vous à Google pour signer la lettre


Les méthodes de réduction au silence, d’isolement et d’encapsulation 

Il est bien connu que le travail de solidarité avec la Palestine est particulièrement difficile dans des pays comme l’Autriche, qui ont été directement impliqués dans le génocide de peuples et de communautés marginalisés en Europe. Les attaques contre Dar al Janub n’étaient donc pas surprenantes. La critique de notre association à l’égard de l’État-colonisateur européen d’Israël et la solidarité avec le peuple palestinien ont suscité la colère des personnes et des institutions qui sympathisent avec le projet sioniste et en tirent profit. Après 1990, au niveau culturel, dans la majorité des cas, les personnes ayant une attitude de gauche/progressiste ont tourné leur “antifascisme” dans le sens d’une compatibilité avec le sionisme. Des membres de la DaJ ont été qualifiés à plusieurs reprises d’antisémites et des invités renommés à des conférences ont été humiliés publiquement par des articles diffamatoires dans les journaux. Ce type de diffamation nous accompagne depuis 20 ans - mais pas seulement nous.

Une méthode assez courante pour faire taire les voix du Sud à Vienne a été le retrait des espaces publics ou universitaires, en qualifiant les événements d’antisémites et/ou de menace potentielle et en leur refusant les espaces d’expression publique à l’intérieur ou à l’extérieur des universités. En 2018, l’université de Vienne a interdit un événement public avec le vétéran du Black Panther Party et de la Black Liberation Army Dhoruba Bin Wahad[ii] et a continué à le faire en 2022[iii]. Le même traitement a été réservé à Ronnie Kasrils[iv], l’un des camarades de Nelson Mandela dans la lutte contre l’apartheid sud-africain. Une nouvelle mesure préoccupante de nos jours est le dépôt de poursuites-bâillons (“Strategic Lawsuits Against Public Participation” : “ Poursuites stratégiques contre la participation publique”) contre des activistes. Un membre de BDS-Autriche, par exemple, fait actuellement l’objet d’un tel procès[v]. Pour l’utilisation du logo de la ville de Vienne, 40 000 euros de dédommagement sont demandés. Pour citer le professeur anticolonialiste Ward Churchill, il semble que de nombreux “petits Eichmann”[vi] s’emploient à couvrir des politiques injustes par une série de diffamations. C’est une évolution que l’on peut observer partout dans le monde aujourd’hui, mais en ce qui concerne la réévaluation incomplète par l’Autriche de son passé nazi, ces tactiques de diffamation sont très efficaces. Elles dominent le discours et le poussent encore plus loin dans la direction de la criminalisation.

 

La fiche infamante de DPI

 

 La préparation de la criminalisation et des interdictions 

« Le prochain niveau, c’est maintenant ! » - En 2021, l’université de Vienne et le centre autrichien de documentation sur l’islam politique (DPI) ont publié une « carte de l’islam » [vii], qui montre plus de 600 lieux musulmans ou affiliés à l’islam en Autriche. Depuis 2022, DaJ est également mentionné sur cette « carte » stigmatisante.

Ce projet et le DPI lui-même sont une construction du parti chrétien-démocrate (ÖVP) et du Parti vert. Bien avant la mise en œuvre de la « carte de l’islam », le parti social-démocrate (SPÖ) a présenté des lois spéciales contre les musulmans en 2017. Il semble que le soutien politique inconditionnel d’Israël, combiné à la stigmatisation des musulmans, fasse partie de l’agenda politique de tous les partis en Autriche.       

Récemment, en décembre 2023, une étude douteuse et non scientifique[viii] de la fondation DPI (« Centre de documentation sur l’islam politique », en allemand : « Dokumentationsstelle Politischer Islam »), financée par le gouvernement actuel, a décrit Dar al Janub comme un « groupe extrémiste de gauche et antisémite » qui soutient « différents groupes classés comme organisations terroristes »[ix]. L’ « étude » ne cite pas explicitement les groupes spécifiques qui seraient soutenus par Dar al Janub, elle n’explique pas non plus pourquoi les activités de Dar al Janub devraient être considérées comme antisémites et laisse de côté notre coopération de plusieurs années avec des groupes juifs comme Women in Black[x] ou Jewish Voices for a Just Peace à Vienne[xi], ainsi que nos contacts avec les représentants de Neturei Karta[xii] en Autriche, jusqu’à ce qu’ils soient exclus et expulsés de toutes les institutions juives traditionnelles en Autriche, ce qui les a contraints à quitter l’Autriche.

Après la publication de l’étude du DPI, les journaux publics et privés et les chaînes de télévision ont adopté sa condamnation volontairement et sans esprit critique. DaJ a été étiqueté comme une sorte de groupe antisémite et conspirateur de sympathisants de la terreur. Des médias[xiii] et des hommes politiques[xiv][xv] de tous bords demandent publiquement au gouvernement de la ville d’annuler le contrat de location des salles de notre centre social[xvi]. Les murs, les portes et les fenêtres de notre centre ont été à plusieurs reprises barbouillés de slogans racistes ou attaqués à l’acide. En outre, certains membres de DaJ ont été intimidés et ont même reçu des menaces de mort après avoir été dénoncés et affichés avec leur visage non censuré et leur nom complet dans l’émission de télévision publique nationale ORF.

 L’histoire toxique de l’Autriche

On ne peut comprendre cette dynamique sans se pencher sur l’histoire contemporaine de l’Autriche et sur la manière dont les cent dernières années ont façonné la manière dont l’Autriche traite non seulement les personnes “autres”, mais aussi les opinions “autres”. L’État autrichien considère son soutien inconditionnel à Israël comme une « raison d’État » et le justifie par sa « responsabilité historique » en raison de l’implication de l’Autriche dans le génocide des Juifs. Dans le même temps, d’autres minorités victimes du génocide, comme les Roms et les Sintis, sont confrontées à un racisme structurel et individuel sans être défendues. L’Autriche fait la distinction entre les victimes dignes et indignes et, par conséquent, ses politiques de lutte contre l’ « islam politique » et l’ « antisémitisme » sont généralement accompagnées d’une touche réactionnaire visant à criminaliser les personnes et les associations musulmanes critiques. Ces politiques créent une atmosphère intimidante, en particulier pour les musulmans qui sont classés en bons, c’est-à-dire apolitiques, et en mauvais, c’est-à-dire politiques et non démocratiques.

 Un autre exemple de cette politique est l’ « Opération Louxor », l’une des plus grandes actions policières de l’histoire post-fasciste autrichienne.  Après 21 000 heures d’observation, 960 policiers ont effectué des descentes dans une soixantaine d’appartements, d’entreprises et de salles d’associations dans différentes villes d’Autriche et 30 personnes ont été immédiatement arrêtées et interrogées. Cependant, les résultats de cette gigantesque entreprise ont été plutôt minimes. En fin de compte, aucune personne n’a été légalement condamnée. L’un des magazines d’information autrichiens les plus influents, Profil[xvii], a qualifié l’opération de « scandale politique mettant en cause les pouvoirs publics » et a conclu dans un article qu’« aujourd’hui, deux ans et demi plus tard, il ne reste pas grand-chose des condamnations ». Pourtant, il reste beaucoup de séquelles de ces accusations : des petits enfants traumatisés qui ont été arrachés à leur lit la nuit lors de cette action policière, emmenés dans le froid sous la menace d’une arme, une diffamation qui a entraîné des pertes d’emploi et une communauté intimidée qui, pendant des années, n’a plus osé exercer le droit de réunion garanti par la Constitution, des universitaires qui ont quitté le pays parce que le climat politique autrichien avait été empoisonné. Un climat politique qui devient aujourd’hui encore plus répressif avec la guerre d’Israël contre la population de la bande de Gaza.

OPÉRATION LOUXOR : SCÉNARIO D'UN SCANDALE

On peut se demander pourquoi le gouvernement de droite de l’ÖVP et des Verts a dépensé/gaspillé tant de ressources pour un résultat pratiquement nul. Peut-être par pur opportunisme :

En effet, l’opération Louxor n’a eu lieu que parce que, d’une part, le climat social et politique était mûr - les musulmans et les migrants étaient considérés comme les “autres” orientaux. D’autre part, l’État autrichien et son gouvernement voulaient prouver au niveau international qu’ils étaient prêts à prendre des mesures dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » afin que l’Autriche soit parfaitement préparée à affronter les prochaines décennies de guerre et de crise.


Selon l'enquête de profil, l'Opération Louxor a été déclenchée sur l'incitation des Émirats Arabes Unis [lire l'enquête en français ici]

La police viennoise a adopté des mesures strictes à l’encontre de l’“islam politique”, un ennemi politique construit de longue date[xviii]. Il semble que ces mesures aient été bien accueillies afin d’intimider davantage, de réduire les droits des citoyens et de diviser les musulmans autrichiens entre les bons et tranquilles musulmans et les mauvais “musulmans politiques”. Sebastian Kurz, l’ancien chancelier autrichien, souhaitait obtenir les voix de l’énorme réservoir d’électeurs d’extrême droite (environ 30 %) et l’opération Louxor a été présentée de manière médiatiquement efficace comme une grande attaque contre la terreur et l’“islam politique”.

La construction de l’islam politique et l’opération Louxor n’ont pas été les seules mesures visant à gagner du pouvoir politique au profit de programmes racistes antimusulmans : “cours sur les valeurs” obligatoires et racistes pour les migrants, amendements restrictifs à la loi autrichienne sur l’islam, fermeture de mosquées et interdiction du port du foulard pour les enseignants des écoles et des jardins d’enfants : toutes ces mesures ont été accompagnées d’une couverture médiatique raciste qui a conduit à une augmentation significative de l’islamophobie et du racisme antimusulman au cours des dix dernières années. Selon le Centre de documentation sur l’islamophobie et le racisme antimusulman (Dokustelle Islamfeindlichkeit & antimuslimischer Rassismus)[xix], la croisade du gouvernement contre l’islam dit “politique” est une tentative de faire taire les voix critiques au sein des communautés musulmanes et les autres voix critiques qui s’opposent aux mesures gouvernementales racistes, restrictives et d’exploitation[xx].

La fabrication de l’image de Dar al Janub

« Derrière la façade », affirme l’article de presse diffamatoire[xxi], Dar al Janub « cache une vision du monde qui attribue tout le bien au Sud et tout le mal à l’Occident ». Afin de démontrer à quel point l’“agenda caché” de DaJ est dangereux, les médias ont montré la photo d’un de nos membres rencontrant Ismaïl Haniyeh, membre du bureau politique du Hamas, dans la bande de Gaza. Le DPI et les médias négligent le fait que la photo a été prise en 2011, lorsque Dar al Janub a participé à une délégation internationale[xxii] apportant de l’aide humanitaire à la bande de Gaza assiégée. Dans cette logique, DPI devrait également condamner l’ancienne députée britannique Claire Short pour avoir rejoint cette délégation et le journal britannique The Guardian devrait être placé sur la liste des organisations terroristes, pour avoir publié un article[xxiii] d’Ismaïl Haniyeh en 2012.

 En Autriche, la coalition des politiques, des médias et de la recherche sous contrat tente d’étiqueter Dar al Janub comme une organisation terroriste qui collabore avec le Hamas. Lisa Fellhofer, directrice du DPI, insinue en outre : « L’engagement social et la liberté d’expression ont été utilisés par les membres de Dar al Janub pour dévaloriser d’autres personnes, ce qui constitue la base de la radicalisation ». Lisa Fellhofer et son institut financé par le gouvernement tentent de nous convaincre que tous les efforts déployés par Dar al Janub au cours de ses 20 années d’existence - organisation d’expositions en souvenir de la Nakba, organisation de missions d’enquête dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, organisation d’un projet social de deux ans à Naplouse soutenant une société de bienfaisance sociale locale, etc. - n’avaient qu’un seul but, celui de « dévaloriser les autres ». En d’autres termes, une bande de partisans terroristes radicaux et antisémites déployaient tous ces efforts dans le seul but de cultiver et d’exercer leur vision antisémite du monde. Comme le décrit Dhoruba bin Wahad, à l’ère des médias sociaux, « la perception devient réalité ». Une image suffit à stigmatiser 20 ans de travail politique et social comme étant illégal[xxiv].

Dar al Janub, tel qu’il est dans la réalité

En fait, Dar al Janub a pratiqué quelque chose qui n’est pas si familier à de nombreux politiciens, journalistes, employés d’ONG et “scientifiques” sous contrat comme Fellhofer : nous avons travaillé et continuons à travailler sans être payés pour une cause en laquelle nous croyons. De plus, nous avons rassemblé notre propre argent et celui de nos amis et familles pour garantir que les coûts de notre local et de tout ce que nous avons organisé (conférences, etc.) soient couverts. En fait, cela nous a permis de devenir indépendants du financement de l’État et ce n’est qu’à travers ce processus que nous avons compris ce qu’est réellement la liberté d’expression et comment elle pourrait être. Nous n’avons reçu de financement que dans la phase initiale de notre association[xxv], que nous avons rendue totalement transparente ; tout a été donné à ceux qui en avaient besoin. Toute personne intéressée par ce qui s’est passé avec l’argent reçu peut consulter notre page d’accueil, où tous nos projets et financements externes sont archivés.

En ce qui concerne l’accusation de dévaloriser les gens, nous aimerions savoir quelles personnes auraient dû être dévalorisées par notre travail. Des dirigeants politiques criminels ? Des PDG cupides ? Des journalistes impitoyables ? Honnêtement, nous ne comprenons pas pourquoi les profiteurs de l’exploitation et de la guerre prennent toujours si mal le fait d’être critiqués pour les crimes et les génocides qu’ils commettent ou soutiennent. Nous avons peut-être critiqué leurs actions, mais ils se sont dévalorisés eux-mêmes en agissant de la sorte.

Ce n’est pas Dar al Janub qui a divisé le monde, réduit en esclavage des millions de personnes, colonisé plus de 90 % de la planète et qui poursuit toujours ces guerres et ces crimes, en prétendant toujours agir pour la plus grande cause (« Foi, Civilisation, Commerce, Sécurité, Justice, Démocratie »...). Ils utilisent ces termes respectés pour justifier leurs crimes et ce sont eux qui dévaluent et sacrifient nos valeurs éthiques communes et le bien-être des générations futures pour leur propre profit.

Dar al Janub s’est toujours opposé à toutes les formes de racisme parce que le racisme est l’une des causes profondes de la division de notre monde entre oppresseurs et opprimés. Dar al Janub tente de repenser l’histoire, le présent et l’avenir afin de trouver la paix et l’égalité pour tous, et pas seulement pour quelques privilégiés.

22/02/2024

GIDEON LEVY
Israël impute son discrédit à tout le monde sauf à lui-même

Gideon Levy, Haaretz, 22/2/2024
Traduit par  Fausto Giudice, Tlaxcala

Peu de pays ont autant besoin d’honneur et de fierté nationaux qu’Israël. Qu’il s’agisse des Jeux olympiques, de l’Eurovision ou du championnat du monde de backgammon, chaque victoire israélienne en 16e de finale d’un championnat de badminton suscite la « fierté nationale ». Chaque médaille au championnat de taekwondo en Albanie « apporte de l’honneur ». Une médaille d’or au concours de cerceaux en groupe de gymnastique rythmique le place sur la carte du monde, le championnat européen de planches de surf RSX rehausse son statut parmi les nations. Une ex- Israélienne représentant le Luxembourg à l’Eurovision de cette année ? « La fierté bleue et blanche ».

Des Palestiniens conduisent une charrette tirée par un âne sur une route de plage détruite dans la ville de Gaza, lundi 19 février. Photo : Kosay Al Nemer/Reuters

 Il est peu probable qu’il existe un autre pays dans lequel des réalisations aussi mineures soient considérées comme aussi importantes. C’est comme si quelqu’un, quelque part dans le monde, avait une meilleure opinion du Kazakhstan parce que l’un de ses athlètes a un jour remporté une compétition de patinage artistique. En Israël, cela est considéré comme un événement national qui mérite un appel du président.

Ce désir puéril de reconnaissance pourrait être touchant, voire émouvant - un jeune pays qui fait son chemin - si Israël n’avait pas renoncé à son honneur sur les questions importantes. Si l’on fait abstraction de ses succès sportifs et de l’Eurovision, Israël est un pays sans honneur. Peut-être s’imagine-t-il qu’Eden Golan se produisant à Malmö couvrira ce qui se passe à Khan Younès. Mais, bien sûr, c’est un faux espoir.

Il est difficile de croire qu’un pays si soucieux de son honneur agisse comme s’il ne se souciait pas de sa position internationale. La guerre dans la bande de Gaza a abaissé le statut d’Israël à un niveau sans précédent, mais Israël a fermé les yeux et l’esprit une fois de plus, de manière puérile, en espérant que s’il ignore la réalité, il pourra ignorer le déshonneur. Il ne fait rien pour améliorer son statut et sa dignité et retrouver un peu de fierté.

Il est difficile de penser à d’autres pays dont la conduite les a conduits à La Haye à deux reprises en l’espace de quelques semaines pour génocide et pour des délibérations sur ce qui est clairement une occupation illégale. Et Israël ? Il pense que le crachat sur son visage est de la pluie. Il accuse le juge maudit, l’antisémitisme, l’hypocrisie et la méchanceté du monde. Il ne veut pas contester les accusations qui pèsent sur lui. Ce n’est même pas une question d’intérêt. Toutes les grandes chaînes de télévision du monde ont retransmis les séances du tribunal de La Haye cette semaine, alors que seul Israël les a ignorées. Ni intéressant, ni important. Si nous fermons les yeux, ils ne nous verront pas. Si nous ignorons La Haye, La Haye disparaîtra.

Mais La Haye vit et respire, et ses procédures auraient dû causer un grand embarras et une grande honte à Israël. Après que le monde a vu Gaza, a vu et s’est effondré - il n’y a pas d’être humain qui ne réagisse pas de la sorte - les audiences de La Haye ont suivi. Incisives, fondées et sérieuses sur l’accusation de génocide, et plus encore sur l’occupation. Mais Israël n’en tient pas compte.

Israël envahira Rafah, même si cela signifie que sa position aux yeux du monde se dégrade davantage. Il ne participera pas aux délibérations de La Haye sur l’occupation. Cela ne fera que montrer qu’il n’a pas de ligne de défense. Israël a renoncé à ce qui lui restait de dignité. Il se moque d’être un pays ostracisé, marginalisé (si le monde entier est contre nous, peu importe notre comportement) tant que cela ne se traduit pas par des mesures concrètes à son encontre.

Mais au-delà du pont aérien d’armes usaméricain, du veto du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’absence de sanctions jusqu’à présent, le pays, tout comme une personne, dispose d’un atout important : sa bonne réputation. Israël y a renoncé. Peut-être a-t-il désespéré du monde, peut-être a-t-il découvert qu’il pouvait se passer de sa bonne réputation. Cela ne fait certainement pas partie des facteurs qu’il prend en considération avant et après chaque guerre.

Il n’y a pas si longtemps, ce même monde était amoureux de l’État d’Israël, lorsqu’il agissait en tant que membre de la famille des nations. Le monde est peut-être cynique et n’aime que le pouvoir, comme Israël se le dit, mais il y a aussi la justice, le droit international et les considérations morales, la société civile et l’opinion publique, et ils sont importants - au moins autant que l’« honorable » troisième place à l’Eurovision 2023.

 

Pedripol, Espagne