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23/12/2023

INGA BRANDELL
La Terre Sainte n’est pas damnée

Inga Brandell, Svenska Dagbladet, 19/12/2023

Original: Det heliga landet är inte bortom räddning
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Inga Brandell est professeure émérite de Sciences politiques à l’université de Södertörn à Stockholm, en Suède. Bibliographie

Le conflit entre Israël et la Palestine ressemble de plus en plus à une tragédie grecque, avec sa spirale de confrontation vers une destruction mutuelle. Peut-être y a-t-il quelque chose à apprendre de l’intervention des dieux dans les drames antiques - ou du voyage des paysans de Dalécarlie vers Jérusalem dans le roman classique de Selma Lagerlöf ?

Nuages de fumée après un bombardement israélien sur Gaza. Photo : Ariel Schalit/AP

Le monde entier assiste à une nouvelle tragédie. Une guerre asymétrique postmoderne avec à la fois des éléments d’intelligence artificielle et de barbarie. C’est autre chose que les paysans dalécarliens débarquant en Palestine au début des années 1880, dans la grande épopée de Selma Lagerlöf, Jérusalem [Jérusalem en Dalécarlie et Jérusalem en Terre Sainte], découvrirent : un pays “négligé”, où on utilisait, à leur grand étonnement, des outils archaïques pour cultiver la terre. Pourtant, depuis des siècles, la paix y régnait. Les Dalécarliens étaient venus voir la Terre sainte et marcher sur les pas de Jésus. Ils voulaient aussi faire le bien par leur comportement et être un exemple pour tous les chrétiens en proie à la discorde, en travaillant à la réconciliation entre eux.

Mais au cours du siècle dernier, avant et après la création d’Israël en 1948, de nombreuses vies ont été anéanties par les armes, la violence et les explosifs dans ce qui était la Palestine. La férocité et l’ampleur de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre, puis de l’assaut israélien sur Gaza, dépassent tout ce qui a précédé. La répression de la Grande Révolte Arabe par le Mandat britannique dans les années 1930, ou la perte de vies humaines, le déracinement et la fuite, dans la guerre de 1948 et dans les innombrables guerres et attaques qui ont suivi, n’ont rien à voir avec le nombre de morts depuis le 7 octobre.

Cela rappelle plutôt la chute de Jérusalem en 1099. La ville musulmane a été prise par les croisés chrétiens. Leurs propres récits et les sources musulmanes décrivent comment le sang a coulé dans les rues. Un siècle plus tard, les croisés ont été vaincus par les forces de Saladin et la Palestine a été incorporée aux royaumes musulmans, arabes puis turcs, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.

Dans le récit de Selma Lagerlöf, on rencontre des Américains, des Allemands, des Russes, des Arméniens et des dames britanniques à Jérusalem. Les habitants qui apparaissent sont - comme il est dit - des Turcs, des Mahométans, des Juifs, des Bédouins et des Syriens, c’est-à-dire des Arabes chrétiens. Il en est de même, en 1922, lorsque la Société des Nations confie aux Britanniques le mandat sur la Palestine après la défaite ottomane lors de la Première Guerre mondiale. À l’époque, ni les Palestiniens ni les Israéliens n’existaient. Pour renforcer ses alliances, la Grande-Bretagne avait fait des promesses contradictoires sur le sort des provinces ottomanes : d’un côté, un royaume arabe, de l’autre, un “foyer national” pour les Juifs en Palestine.


 Marie Bonnevie dans le rôle de Gertrud dans l’adaptation cinématographique de Jérusalem de Selma Lagerlöf, réalisée par Bille August en 1996. Photo : SF

Ce qui était déjà en cours, mais qui n’apparaît pas dans la Jérusalem de Lagerlöf, c’est la question nationale. La Palestine sur laquelle la Grande-Bretagne a régné pendant quelques décennies est donc devenue une société de plus en plus divisée sur le plan “national” par les politiques du Mandat. Cependant, le contexte politique des forces opposées, celles qui allaient devenir les Israéliens et celles qui allient devenir les Palestiniens, différait considérablement.

Le sionisme, mouvement laïque juif créé pour donner un pays aux Juifs, a été fondé dans le sillage de l’affaire Dreyfus en France et des pogroms en Russie. Dans ses notions et dans sa réalité, le sionisme était imprégné de cette origine européenne.

Mais dans le monde arabophone, la question dominante était la poursuite de la colonisation. L’Égypte a obtenu son indépendance en 1919, mais l’influence de la Grande-Bretagne y est restée forte. À l’ouest, tous les pays arabes sont soumis à des puissances coloniales : au lieu d’un royaume arabe dans la région gouvernée par les Ottomans turcs, celle-ci est divisée en mandats gouvernés par les deux puissances européennes. Le pouvoir de mandat ne devait être exercé que jusqu’à ce que les peuples puissent exercer leur droit à l’autodétermination. Il n’est pas surprenant que les habitants aient continué à y voir une colonisation : de plus en plus de Juifs européens ont immigré en Palestine sous la protection du Mandat.

En 1947, alors que tous les pays sous mandat ont accédé à l’indépendance, à l’exception de la Palestine, la Grande-Bretagne abandonne et confie le problème aux Nations unies nouvellement créées. La situation en Europe est difficile, la politique nazie d’éradication totale de la population juive européenne est claire, tout comme les conditions innommables dans lesquelles elle a été mise en œuvre. Les réfugiés apatrides, les survivants juifs, ne veulent pas retourner dans les régions et les pays d’où ils viennent.

Après l’immigration sous le mandat britannique, les Juifs représentaient environ un tiers de la population totale de la Palestine, le reste étant principalement composé de musulmans, de chrétiens et d’“autres”, comme l’indiquent les statistiques de l’ONU. Aucune distinction n’a été faite dans le recensement entre les Juifs qui étaient déjà présents à l’époque de Selma Lagerlöf et qui parlaient l’arabe, peut-être le turc, et ceux qui étaient arrivés parlant des langues européennes.

À l’automne 1947, les travaux de l’ONU aboutissent à une résolution proposant la division de la Palestine en deux États. Selon leurs propres termes : un État juif et un État arabe. La proposition était accompagnée d’une carte montrant l’État arabe dans une belle couleur jaune et l’État juif en bleu. À l’Assemblée générale, la Suède, les USA, l’Union soviétique et la France se joignent à la majorité en faveur de la résolution. Les États arabes, qui souhaitaient que le territoire du mandat devienne un État indépendant, ont tous voté contre. La Grèce, la Turquie et Cuba ont également voté contre. Le Royaume-Uni s’est abstenu.

 

Le plan de partage des Nations unies pour la Palestine de 1947.

Six mois plus tard, le jour où les Britanniques évacuent leurs troupes, l’État d’Israël est proclamé. Lors de la demande d’adhésion à l’ONU, la Suède vote en faveur de ce pays, alors qu’une crise vient d’éclater à la suite de l’assassinat de Folke Bernadotte à Jérusalem.

Sans l’antisémitisme européen et le modèle européen d’État-nation, la création de l’État d’Israël ne peut être expliquée. Sans la colonisation le long de la Méditerranée et l’incorporation antérieure des pays arabes dans des empires musulmans multinationaux, on ne peut expliquer ni le nationalisme palestinien ni son écho dans le reste de la région. Lorsqu’une première résolution des Nations unies appelant à un “cessez-le-feu humanitaire” pendant la guerre actuelle a été adoptée par l’Assemblée générale le 26 octobre, la Suède s’est abstenue, tout comme l’Allemagne, tandis que la France et l’Espagne ont voté pour et l’Autriche contre. On peut y voir des considérations à la fois historiques et de politique intérieure.

Il ne fait aucun doute que le Hamas est anti-israélien et anti-juif. Mais c’est aussi une organisation idéologiquement anti-chrétienne, anti-athée et anti-polythéiste. Sayyid Qutb (1906-1966), le penseur égyptien qui influence encore les mouvements les plus radicaux de l’islam, avait une vision sombre du monde. Celui-ci est caractérisé par la corruption, le mercantilisme et la perte de toutes les vraies valeurs. La seule solution est de revenir à la parole révélée de Dieu et de combattre tous les faux musulmans, en particulier les dirigeants des pays musulmans, et tous ceux qui ne se soumettent pas à la vérité. Qutb ne prend pas position sur la manière de mener le combat - par la persuasion et la conversion ou par la force des armes.

C’est autre chose que l’antisémitisme européen qui, avec un noyau de croyances chrétiennes, a atteint son paroxysme lors de la fusion avec l’établissement “scientifique” moderne d’une hiérarchie des races. Bien sûr, l’antisémitisme européen a dépassé les frontières de l’Europe, comme lorsque les “Protocoles des Sages de Sion”, un faux produit par la police secrète tsariste, ont circulé en traductions arabes. Mais l’antisémitisme n’est pas né de ces sociétés.

Parallèlement, l’islam se perçoit fortement comme le successeur et l’héritier des religions juive et chrétienne. La rencontre avec le nationalisme palestinien laïc a conduit à l’arrêt, à la suite d’une décision centrale en 2006, des attentats suicides à la bombe lancés par le Hamas - bien que les tirs de roquettes sur Israël, qui constituent également une forme de terreur contre la population civile, se soient poursuivis. En 2017, après de longues discussions, le Hamas a également modifié sa charte, laissant entrevoir une reconnaissance des frontières de 1967, ce qui constitue un pas en avant vers la reconnaissance de l’État d’Israël.

 Toutes les aspirations à la réconciliation et à l’unité que portaient les paysans dalécarliens de Lagerlöf, ainsi que le droit au foyer et à la propriété que Folke Bernadotte défendait dans son rapport à l’ONU, ont disparu. Après Grozny, Alep et Mariupol, c’est au tour de Gaza, de Khan Younès et peut-être de Rafah d’être réduites en ruines. Une tragédie à grande échelle et aux effets incalculables.

Une tragédie également dans un sens plus précis, comme l’a souligné le spécialiste de la littérature William Marx dans le journal français Le Monde. Dans la Grèce antique, à une époque où la Méditerranée était en guerre permanente, le théâtre et la littérature se sont développés. Là, les spectateurs de l’Antigone de Sophocle pouvaient éprouver de l’empathie, comprendre et compatir à la fois avec Créon et son souci de maintenir les règles communes de l’État et l’exigence totalement opposée mais tout aussi irréfutable d’Antigone d’accomplir son premier devoir et sa première préoccupation : enterrer son frère assassiné.

Nous, les peuples du monde, regardons sur nos écrans les Israéliens et les Palestiniens souffrir et nous entendons le chœur, les commentateurs, expliquer et souligner. Nous pouvons penser que beaucoup de choses n’allaient pas dans le processus qui a conduit à la situation actuelle. Mais nous ne pouvons que comprendre et compatir aux positions incompatibles et également légitimes qui s’opposent : un foyer sûr pour les Juifs, l’indépendance pour les Palestiniens sur la terre où ils vivent, et le retour ou la compensation pour ceux qui en sont partis.

Dans le drame antique, la déesse Athéna pouvait à un moment donné intervenir et briser la spirale de l’affrontement permanent entre deux adversaires légitimes et moralement défendables sur la voie de la destruction mutuelle. La population de la Suède, qu’elle ait des liens forts ou faibles avec les religions basées à Jérusalem et tout l’imaginaire culturel qui les entoure, avec les Israéliens et avec les Palestiniens, a un avantage. La reconnaissance suédoise de la Palestine en 2014, jusqu’ici considérée comme un échec, peut nous permettre de rejoindre ceux qui cherchent un moyen de dépasser le conflit mutuellement destructeur. Non pas pour s’abstenir mais, comme Athéna, en toute connaissance et dans le respect des devoirs opposés, pour trouver une forme au-delà de la négation de l’un ou l’autre.

02/11/2023

Nueva York, Nueva York: tan lejos, tan cerca de Gaza

Fausto Giudice, Basta!يكف, 28-10-2023
Traducido por  María Piedad Ossaba

El viernes 27 de octubre tuvieron lugar en Nueva York, a 800 metros de distancia uno del otro, dos eventos casi simultáneos. Tenían un tema común pero enfoques diametralmente opuestos: uno desde arriba, el otro desde abajo.

Primer evento: la votación de una resolución no vinculante propuesta por los Estados árabes en la que se pide una "tregua humanitaria inmediata, duradera y sostenida" entre Israel y Hamás y se exige la provisión "continua, adecuada y sin trabas" de suministros y servicios vitales a los civiles atrapados en el enclave. El lugar: el Salón de la Asamblea General de la ONU, en el Palacio de Cristal a orillas del Hudson. Los actores: delegaciones de los 193 Estados miembros. Resultado de la votación: 120 votos a favor, 45 abstenciones y 14 votos en contra. Los Estados europeos fueron minoría entre los que votaron a favor, ya que sólo 13 (Armenia, Bélgica, Bosnia-Herzegovina, España, Francia, Liechtenstein, Luxemburgo, Malta, Montenegro, Noruega, Portugal, Rusia y Suiza) de los 46 miembros del Consejo de Europa votaron a favor de la resolución, mientras que 22 se abstuvieron, desde Alemania hasta el Reino Unido. Merece la pena conocer la lista de las 14 delegaciones que votaron en contra:

Austria, Croacia, República Checa, Fiyi, Guatemala, Hungría, Israel, Islas Marshall, Micronesia, Nauru, Papúa Nueva Guinea, Paraguay, Tonga, USA. El ridículo dejó de matar hace mucho tiempo. Algunos consideraron que el texto no condenaba claramente a Hamás, mientras que otros, como Túnez, consideraron que equiparaba a los verdugos (Israel) con las víctimas (Palestina).

 Segundo evento: durante unas horas, el pasillo de la estación de tren Grand Central estuvo literalmente negro de gente, abarrotado hasta los topes de neoyorquinos todos con camisetas negras [vendidas al precio de 12,95 dólares] que llevaban dos inscripciones: "Los judíos dicen alto al fuego ya" en la espalda y "No en nuestro nombre" en el pecho. Algunas banderolas  proclamaban el derecho de los palestinos a la libertad y a la vida. La mayoría de los manifestantes eran jóvenes, blancos y mayoritariamente judíos, pero también había personas de la 2ª y de la 3ª edad, así como personas no blancas. La manifestación fue convocada por una organización relativamente joven, Jewish Voice for Peace (Voz judía por la paz), que ha experimentado una considerable expansión. Se definen como "la mayor organización judía progresista antisionista del mundo. Estamos organizando un movimiento popular, multirracial, interclasista e intergeneracional de judíos usamericanos en solidaridad con la lucha por la libertad de los palestinos, guiados por una visión de justicia, igualdad y dignidad para todos los pueblos". En definitiva, una respuesta y una alternativa a los múltiples lobbies sionistas de USA, de los cuales el más estruendoso es el AIPAC [American Israel Public Affairs Committee, Comité Usamericano de Asuntos Públicos de Israel]. La policía neoyorquina se comportó correctamente, sin utilizar gases lacrimógenos ni balas de goma, y se limitó a esposar y detener cortésmente a unos 200 manifestantes. Después de todo, no estaban tratando con salvajes de los guetos negros, ¿verdad?

¿Qué podemos concluir de estos dos eventos?

Por el primero: las resoluciones no vinculantes de las instancias superiores suelen tener el mismo efecto que mear en un violín. Pero al menos tienen la ventaja de dar una idea del estado de las relaciones entre los gobiernos representados en la ONU y la opinión dominante en sus países.

Por el segundo: 3.300 manifestantes de abajo [una estimación basada en la superficie de la sala central: 3.300 m2], la mayoría de ellos judíos, manifestándose por el derecho de los palestinos a la vida y a la libertad en una ciudad con 1,6 millones de judíos, es una gota en la piscina. Nada que ver con los 100.000 manifestantes de hoy en Londres. La difusión de vídeos de la manifestación en los medios electrónicos está llegando a millones de personas y (tal vez) haga reflexionar a algunas de ellas antes de seguir tragándose los horrores escupidos por el Propagandaministerium globalizado. (ver vidéos de la sentada)

 

 

28/10/2023

New York, New York : si loin, si près de Gaza

Fausto Giudice, Basta!يكف,
28/10/2023

Deux événements presque simultanés ont eu lieu le vendredi 27 octobre à 800 mètres l’un de l’autre dans la ville de New York. Ils avaient un thème commun mais des approches diamétralement opposées : lune den haut, lautre den bas.

 


Premier événement : le vote d’une résolution non-contraignante proposée par les États arabes appelant à une “ trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue” entre Israël et le Hamas et demandant la fourniture “continue, suffisante et sans entrave” de matériel et de services de survie aux civils pris au piège dans l'enclave. Le lieu : la salle de l’Assemblée générale de l’ONU, dans le Palais de verre au bord de l’Hudson. Les acteurs : les délégations des 193 États membres. Résultat du vote : 120 votes en faveur, 45 abstentions et 14 votes contre. Les États européens étaient minoritaires parmi les votants favorables, puisque seuls 13 (Arménie, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Espagne, France, Liechtenstein, Luxembourg, Malte, Monténégro,  Norvège, Portugal, Russie, Suisse) des 46 membres du Conseil de l’Europe ont voté la résolution, alors que 22 d’entre eux se sont abstenus, de l’Allemagne au Royaume-Uni. La liste des 14 délégations qui ont voté contre mérite d’être connue : Autriche, Croatie, Tchéquie, Fidji, Guatemala, Hongrie, Israël, Îles Marshall, Micronésie, Nauru, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Tonga, USA. Il y a longtemps que le ridicule ne tue plus. Les motivations des abstentionnistes étaient diverses, certains estimant que le texte ne condamnait pas clairement le Hamas, d’autre, comme la Tunisie, qu’il mettait sur le même les bourreaux (Israël) et les victimes (la Palestine).

Deuxième événement : pendant quelques heures, le hall de la gare ferroviaire Grand Central a été littéralement noir de monde, rempli qu’il était à craquer de New-Yorkais arborant tous un T-shirt noir [vendu au prix coûtant de 12,95$] portant deux inscriptions : « Des Juifs disent : cessez-le-feu maintenant » dans le dos et « Pas en notre nom » sur la poitrine. Des banderoles proclamaient le droit à la liberté et à la vie des Palestiniens. La majorité des manifestants étaient jeunes, blancs et en grande partie juifs, mais on voyait aussi des personnes du 2ème et du 3ème âge ainsi que des non-Blancs. La manifestation était organisée par une organisation relativement jeune, qui a connu un développement expansif considérable, Jewish Voice for Peace [Voix juive pour la Paix]. Ils se présentent comme « la plus grande organisation juive progressiste antisioniste au monde. Nous organisons un mouvement populaire, multiracial, interclassiste et intergénérationnel de juifs américains solidaires de la lutte pour la liberté des Palestiniens, guidés par une vision de justice, d'égalité et de dignité pour tous les peuples ». En somme, une réponse et une alternative aux multiple lobbys sionistes aux USA, dont le plus tonitruant est l’AIPAC [American Israel Public Affairs Committee]. La police new-yorkaise s’est comportée correctement, ne faisant usage ni de lacrymogènes ni de balles en caoutchouc, se contenant de menotter et d’embarquer poliment environ 200 manifestants. On n’avait quand même pas à faire à des sauvageons des ghettos noirs, n’est-ce pas ?

Que conclure de ces deux événements ?

Pour le premier : les résolutions non-contraignantes d’en haut ont en général le même effet que pisser dans un violon. Mais elles ont au moins l’intérêt de donner une idée de l’état des rapports entre les gouvernements représentés à l’ONU et l’opinion régnant dans leurs pays.

Pour le second : 3300 manifestants d’en bas [une estimation fondée sur la surface du hall central : 3300 m2] en majorité juifs manifestant pour le droit à la vie et à la liberté des Palestiniens dans une métropole comptant 1,6 million de Juifs, c’est une goutte d’eau dans un très grand bassin. Rien de comparable avec les 100 000 manifestants de Londres aujourd’hui. La diffusion sur les médias électroniques des vidéos de la manif touche et touchera des millions de personnes et en amènera (peut-être) certaines à réfléchir avant de continuer à gober les horreurs déversées par le Propagandaministerium mondialisé. (voir vidéos du sit-in)

28/09/2023

GIANFRANCO LACCONE
La convivance, cette inconnue
Réflexions sur la dernière AG de l’ONU

Gianfranco Laccone, Comune-Info, 26/9/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les signes de changement se multiplient : nous devons en prendre note et essayer de trouver la meilleure façon de convivre sur la planète, nous, les animaux, les plantes.

Raoul Dufy, Paysage avec le bâtiment du Siège de l’ONU, Aquarelle sur papier, 1952

 La 78ème session de l’assemblée générale de l’ONU qui vient de s’achever nous donne l’occasion de réfléchir à partir du thème de la discussion de cette année (« Rétablir la confiance et raviver la solidarité mondiale : accélérer l’action menée pour réaliser le Programme 2030 et ses objectifs de développement durable en faveur de la paix, de la prospérité, du progrès et de la durabilité pour tout le monde ») et de la manière dont il a été diversement interprété par les différents pays.

La donnée la plus importante, malheureusement, est la nouvelle baisse de crédibilité de cette institution, qui est passée au second plan, même dans les chroniques internationales, après le G20 quelques jours plus tôt. Lors de ce dernier, les signes d’un changement dans les relations entre les pays étaient devenus évidents (la non-invitation de l’Ukraine par l’Inde - le pays hôte -, compensée par l’absence physique de la Russie et de la Chine) ; le communiqué final a minimisé le conflit en Europe, considéré comme une guerre parmi d’autres dans le monde, réitérant, mais en les rendant plus vagues, les concepts de souveraineté et d’autodétermination.


Bref, la confusion est grande sous le ciel : les USA - vainqueurs de l’affrontement avec l’URSS - ne parviennent pas, trente ans après, à affirmer une hégémonie, le “KO technique par abandon” essuyé en Afghanistan ayant été un signal contraire, et leur concurrent économique mondial - l’UE - est en crise, flanqué d’autres “puissances émergentes” qui discutent même entre elles d’une éventuelle monnaie commune. Un autre signal, encore peu souligné, a été l’admission de l’Union africaine (UA, qui regroupe 55 États du continent) au sein du G20, à laquelle une partie du groupe (Australie, Canada, Argentine, Mexique, Corée du Sud, Arabie saoudite et Turquie) s’est fermement opposée. L’Afrique commence à ne plus être un fantôme dans le système des relations mondiales, non seulement en raison de la présence de personnes originaires d’États africains à la tête de nombreuses institutions internationales, mais aussi en raison d’une subjectivité qui, bien que très difficilement, commence à prendre forme.


Hassan Karimzadeh

Mais la situation n’est pas excellente : un système de relations se met en place qui privilégie les relations bilatérales ou sur des espaces délimités, sur les relations globales des grands systèmes qui ont échoué même dans la tentative de gouvernance commerciale à travers l’OMC, sur laquelle tous les partisans de l’économie de marché avaient misé il y a trente ans pour parvenir à une coordination du système mondial. L’actuelle “guerre des céréales” sur la mer Noire en est la démonstration la plus claire : l’OMC (Organisation mondiale du commerce) est née après l’Accord sur l’agriculture et le commerce des denrées alimentaires, qui complétait ainsi le GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), en transférant les règles des transactions financières au marché des produits agricoles et en initiant un mécanisme de régulation des différends qui tendrait à éviter que les guerres commerciales ne se transforment en véritables conflits.

En Ukraine, en revanche, un différend de nature territoriale (non contrôlé par l’ONU et “oublié” par ceux qui sont aujourd’hui “intéressés” par le conflit) s’est transformé en un affrontement plus large avec l’invasion de la Russie, entraînant dans son sillage tous les instruments (embargos, restrictions au transfert de capitaux, limitations de la liberté, déportations, violations des droits humains et des accords) que les mécanismes mis en place au cours des trente dernières années auraient dû permettre d’éviter ou de résoudre rapidement. Par un effet boule de neige, les conséquences ont atteint les endroits les plus éloignés et les populations les plus diverses, mises dans le même panier par le marché mondial. Un marché qu’il est impossible de redimensionner, même avec les politiques autarciques les plus strictes, et dans lequel on ne sait pas comment surmonter l’autonomie insuffisante des États individuels (on revendique l’autonomie locale, mais on se rend compte ensuite qu’une agrégation supranationale avec des pouvoirs souverains est nécessaire pour résoudre les problèmes).

L’Union européenne et tous les pays du continent ne sont pas sortis grandis d’une session de l’ONU que tous les analystes ont jugée “léthargique” et qui a vu des jeux politiques se dérouler ailleurs sur les questions débattues.

Ils n’ont pas brillé par l’innovation, même terminologique, et l’impression est qu’ils répètent l’occidentalisme hégémonique à travers une “démocratie de façade”, qui est la cause principale de l’impasse onusienne. Sur le changement climatique, enfin, on attend les résultats des élections de 2024 aux USA pour voir où finira ce qui reste des objectifs de l’Agenda 2030.


Calvi, 2012

La réaffirmation de la nécessité de l’aide à l’Afrique m’a semblé du même mauvais aloi, comme si cela n’avait pas toujours été le cas (plus correctement défini comme colonialisme), et posait le même problème aux néolibéraux au gouvernement un peu partout (en Europe et ailleurs) que l’aide aux zones défavorisées : ne pas “gaspiller” les ressources dans les endroits considérés comme des zones sinistrées et les allouer plutôt là où c’est plus commode. Il aurait peut-être été plus d’actualité de parler de coopération à haut niveau, de dialoguer avec les structures qui guident les économies du monde, sachant au passage que certaines d’entre elles, comme l’OMC, sont dirigées par une femme (nigériane) qui était auparavant numéro deux de la Banque mondiale.

Mais plus encore, j’ai été frappé par la manière dont les parties impliquées dans le conflit ukrainien se sont renvoyé la balle. Dans un précédent article, j’avais souligné la difficulté d’utiliser l’embargo comme une arme contre l’ennemi : souvent, dans un système de relations multilatérales, les politiques contre “l’ennemi” se retournent comme un boomerang. Les Européens, les Italiens en premier lieu, le savent bien en ce qui concerne le prix du pétrole et du gaz, après le blocus du commerce avec la Russie.

En ce qui concerne le commerce des céréales, la liste des principaux pays producteurs comprend la Chine, l’Inde et la Russie, suivies de l’UE, des USA, du Canada, ainsi que de l’Australie et de l’Ukraine. En revanche, si l’on dresse la liste des pays exportateurs dans le monde, c’est la Russie qui arrive en tête, suivie de l’UE (France, Roumanie et Allemagne), du Canada, des USA et de l’Ukraine.

Bref, aucun pays africain n’est sur le terrain dans ce conflit, qui voit plutôt toutes les puissances économiques directement impliquées dans le conflit gérer le commerce des céréales. Les pays africains, en revanche, sont les principaux importateurs, au premier rang desquels l’Égypte, victimes d’un conflit dans lequel ils n’ont aucune possibilité d’intervenir. 

Pour l’Égypte aussi, on peut parler d’un cas exemplaire, en raison des effets secondaires (imprévus) qui se produisent quelques décennies après le début des “politiques de développement”. Après avoir été à l’époque impériale romaine le grenier de l’empire grâce aux providentielles crues alluvionnaires annuelles du Nil, elle a perdu cette prérogative depuis les années 1960, suite à la construction du barrage d’Assouan et à la transformation économique. La “révolution verte” a permis la généralisation de l’irrigation et la production de fruits, légumes, céréales et textiles à haut rendement pour l’exportation, ainsi que la création d’un système industriel. Bref, les choses ont suivi un autre chemin et aujourd’hui tout embargo alimentaire pose des problèmes à ce grand pays très peuplé du fait de l’approvisionnement réduit de la céréale de base de son alimentation.

Mais, à mon avis, l’aspect le plus évident est l’eurocentrisme de la vision des politiciens continentaux : bien qu’ils évoluent sur des plans différents (du lorgnage allemand vers la réforme des relations multipolaires, à l’intervention française complexe visant à répondre aux carences du système social mondial, à celle au nom de l’UE qui a posé la nécessité d’avoir un plus grand équilibre des relations internationales et moins de distances sociales à côté de la solution aux conflits de guerre), toutes les interventions finissent par poser le “problème” des migrants, allant même jusqu’à demander, dans l’intervention italienne, un engagement international des Nations Unies elles-mêmes pour cette lutte.

Qu’en dire ? Face aux guerres qui semblent se multiplier dans le monde et à l’incapacité des “occidentaux”, symptôme de leur hégémonie mondiale réduite, à faire de leur conflit russo-ukrainien un problème plus important que d’autres conflits, à commencer par ceux du Moyen-Orient, le déplacement de l’attention vers les migrations, qui sont clairement un problème dérivé des autres (changement climatique, guerres, crise économique) a reçu un accueil froid - pour ne pas dire sceptique - de la part de l’assemblée.

Car si les problèmes sont autres, il faut les résoudre en commençant par les guerres pour éviter les situations de “crise humanitaire”, et si le problème est spécifique parce que les autres ne peuvent pas être résolus, la première réponse à donner est de faciliter et de rendre le voyage légal et transparent : créer des bureaux spéciaux dans les ambassades, fournir des documents avant le départ (garantir la sécurité), fournir les moyens de transport (et ainsi revitaliser ce secteur en crise perpétuelle) pour atteindre les pays d’arrivée.

Mais peut-être que cette façon de penser n’appartient qu’à quelques privilégiés : quelques rêveurs, les aliens trouvés au Pérou, et… le Pape.

 

Discours de Bassolma Bazié, Ministre d'État, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale du Burkina Faso, à la 78ème  AG de l'ONU

 

20/04/2023

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
A 75 años de la Nakba y la reacción israelí ante su conmemoración por la ONU

Luis E. Sabini Fernández, 20-4-2023

Estamos a punto de cumplir los 75 años del día en que los sionistas “consagraron” la primera tapa de la conquista del territorio palestino, hasta entonces en disputa cada vez más sangrienta.  Cuando los ingleses retiran sus “fuerzas del orden” de la Palestina histórica que administraron como colonia, aunque siempre con una tendencia a favorecer los reclamos de los judíos sionistas y no los de la vieja comunidad judía (llamada Antiguo Yishuv) y menos todavía a la población árabe, tenida por minusválida (homo non europaeus), llega lo que para los sionistas es su “hora de la verdad”. Fecha del despojo de la sociedad palestina y fundacional para el Estado de Israel: el 14 de mayo de 1948 (5 de lyar de 5708 en el calendario hebreo, 5 de Rayab de 1367 en el calendario musulmán).

El plan sionista para la toma del territorio había quedado puesto a punto el 10 de marzo de ese mismo año, con el nombre de Plan Dalet, que programaba la destrucción de más de 500 aldeas palestinas y el vaciado de varios barrios urbanos. Ese plan se tradujo en miles de palestinos matados (los ataques sionistas fueron apenas repelidos, puesto que se trataba de población civil, casi desarmada (o con escopetas de caza) y varios cientos de miles de palestinos desalojados con violencia de sus moradas, campos y territorios.

El plan (Dalet) estaba a punto, pero fue el retiro militar británico el que dio carta blanca a la acometida. Que los palestinos llaman Nakba.

Ante semejante efeméride y a la vista del agravamiento, siempre mayor del conflicto, y del arrebato cada vez más violento y desembozado de las tropas de una sociedad supermilitarizada, como la israelí, sobre los territorios palestinos, permanentemente bajo maltrato y reducción, redes palestinas han procurado recordar tan triste efeméride desde la ONU.

No deja de ser paradójico, puesto que fue la ONU la que finalmente cohonestó la solución sionista con desconocimiento radical de la presencia y la historia palestina en ese mismo territorio en disputa.

Pero es que las denominaciones, los estados de conciencia, la crítica moral, cambian con los tiempos. Es muy distinto el trámite dado en la ONU, con sus cincuenta y ocho estados miembros en 1948 a la cuestión palestina, con la guía entonces inapelable de EE.UU., el apoyo soviético, la defensa de políticas de apartheid, a lo que podemos observar hoy día, con esta “otra” ONU, con sus casi doscientos estados miembros, donde ha desaparecido el bloque soviético, el Consejo de Seguridad −ahora ligeramente ampliado− no tiene una China perteneciente al eje occidental (y lo que queda de aquella China prooccidental, hoy República de China, es Taiwan), donde ahora se condena expresamente el racismo y todo apartheid, donde ahora sí los estados árabes, −dejados de lado cuando se nombra la Comisión Especial para Palestina (UNSCOP por su sigla en inglés)− tienen cierta presencia.

Es esta ONU de los 75 años la que decidió conmemorar la Nakba.

No vaya nadie a creer que el cambio de la ONU es fuerte y radical. Más bien cosmético, pero necesario por el desgaste. Y cambio al fin. La conmemoración se aprobó apenas con el voto de 90 estados (menos de la mitad de sus componentes), con 30 en contra –una minoría de peso− y 47 abstenciones (faltando por lo tanto los que se abstuvieron hasta de abstenerse, es decir, según la nómina, otros 26).


Es cierto que de la nómina de 193 “estados miembros de la ONU” hay una larga veintena de unidades políticas nominales, con poblaciones de pocos miles de habitantes (no sabemos si no habrá incluso alguna con centenares…), muchas de las cuales tienen adhesión poco menos que permanente a algunas “grandes naciones” de las que son como apéndices. También hay que recordar que en esa nómina no figuran ni palestinos ni kurdos, ni tantas otras naciones sin reconocimiento jurídico.

Pero de cualquier modo, la presencia de, grosso modo, media ONU atenta al abuso de la ocupación sionista, calificando la relación del “Estado de conquista” [1] de Israel con la población palestina como inaceptable, nos revela cuán difícil es preservar indefinidamente un atropello impunemente, y nos permite ver la reacción sionista e israelí ante la denuncia.

Sucintamente, pasemos revista a las instancias. El 1º de diciembre de 2022, hace apenas 4 meses, la Asamblea General de la ONU vota un reconocimiento a la Nakba, ante su inminente 75º aniversario, el 14 de mayo de 2023 (falta menos de un mes). Con los resultados de la votación que acabamos de ver.



Junto con ese resultado, reñido pero demoledor para la preservación de la “intocabilidad” de Israel, sobrevinieron varias otras resoluciones que atienden cuestiones claves del conflicto; por ejemplo, la que pide se  “detenga[n
] todas las acciones contrarias al Derecho Internacional destinadas a alterar la composición demográfica y estatutos de los Territorios Palestinos Ocupados y el fin de las actividades en asentamientos.” [2]

Se trata del rechazo frontal a la política habitual y normal de Israel… desde hace décadas. Es como si estuviéramos viendo que el cántaro que fue tantas veces con impunidad…  se rompió.

De todos modos, como parece inherente a estas grandes estructuras burocráticas y globales, otra resolución postula, vuelve a postular, “soluciones” que se han encarado reiteradamente y que nunca solucionaron un ápice:

“La A. G. de la ONU ha aprobado una resolución en la que subraya la necesidad ‘urgente’ de realizar esfuerzos colectivos para lanzar negociaciones creíbles sobre todos los asuntos de estatus final y lograr una paz justa y duradera, fundamentada en las resoluciones del organismo internacional.”[3] Lo que ignora, deliberadamente, esta resolución y sus piadosos firmantes es que tales “esfuerzos colectivos” se hicieron a esta altura del proyecto colonizador, muchas veces –resoluciones ONU 181 (1947), 194 (1948), 242 (1967), 338 (1973), 446 (1979), 479 (1980)− y muchas más, además de las negociaciones bipartitas o tripartitas todas aclamadas como inminentes triunfos y todas fallidas; las de Camp David, de Taba, de Oslo, y un largo etcétera.

¿Por qué tales fracasos?

Sintetizando, porque ambas partes han sido irreductibles. Con una diferencia fundamental: los palestinos fueron hollados, vejados, maniobrados y ante la resistencia, matados, y eso no ha sido proclive a conversación o diálogo alguno.


Los judíos que organizaron el proyecto sionista tenían tal superioridad material, tal claridad en el proyecto político, que constituyeron siempre la parte fuerte ante una sociedad inicialmente desconcertada y que iba siendo despojada de a poco. Y por eso, nunca, entiéndase bien, nunca aceptaron retacear sus objetivos, con salidas tipo “solución de dos estados”, por ejemplo. Un proyecto colonialista niega de raíz toda equivalencia o igualdad entre colonizadores y colonizados. Forma parte de la estructura mental y material de tal tipo de proyectos.

Por eso, si estaba ‘a punto de estallar la paz’, los sionistas buscaron los resortes para agravar el conflicto. Entendámonos: un pueblo organizado y armado siempre tiene enorme, aplastante ventaja contra un pueblo desarmado, incluso cuando en ese pueblo se gesten agrupaciones armadas, guerrillas de resistencia.

Basta comparar los planteles militares del Estado israelí, con decenas de miles de hombres y mujeres armados y dispositivos militares y securitarios de enorme voltaje, con las agrupaciones armadas irregulares que se han ido creando a lo largo de las décadas entre los palestinos para ver la enorme diferencia en dispositivos militares y violentos a disposición.

Por todo lo que hemos estado reseñando, el reconocimiento de la ONU a la Nakba constituye una amenaza inquietante al proyecto del Estado de Israel. Por ejemplo (con cierta tardanza que no hay, sino que interpretar políticamente), en 2022 la ONU ha resuelto condenar la anexión israelí de los Altos de Golán, arrebatados a Siria en 1967, una ocupación “legalizada” por Israel en 1981 y reconocida únicamente por USA en 2019. Cuarenta y un año después, la ONU declara “nula” esa “ampliación” territorial de Israel. Pensemos todo lo que tendría que decirse sobre el arrebato tira a tira del territorio palestino que no fuera conquistado/arrebatado en 1948.[4]

Riyad Mansur, el representante de palestinos ante la ONU, contestó a ciertas críticas elevadas por representantes de varios países que rechazan “criticar exclusivamente a Israel”, adoptando una suerte de equidistancia ante el conflicto y sus secuelas más penosas. Mansur aclaró: “Lo que señala únicamente a Israel no es la cantidad de críticas legítimas dirigidas a sus crímenes y violaciones sino el nivel de impunidad del que disfruta pese a las condenas.” [5] Touché! Mencionar la impunidad, la carta blanca de que dispone Israel, resulta auspicioso.

Mansur remató su alocución en la ONU sosteniendo que “la única forma de acabar con la ocupación israelí es acabar con la impunidad". Me permito pensar que la única forma de acabar con la impunidad es acabar con la ocupación. Y el primer paso, mencionar “la cosa”.

Gilad Erdan, a su vez el representante israelí ante la ONU, criticó que las resoluciones aprobadas busquen "culpar a Israel de todo lo que pasa en Oriente Próximo, absolviendo a los palestinos de su responsabilidad en esta situación.”[6] En rigor, dado que el ataque a la sociedad palestina provino de un sionismo violento, hay motivo para culpar a Israel de “todo”. Recordemos que para la misma ONU el rechazo y la violencia defensiva, del atacado, tiene otro valor que la violencia del desencadenante de todo conflicto.

Erdan ha sostenido que "cada vez que se presentan propuestas de paz, los palestinos las rechazan, negándose a negociar o a ceder una pulgada”. Esto es psicológica o psiquiátricamente llamativo: que un representante del estado israelí sostenga que son los palestinos quienes jamás han cedido ni un tranco de pollo, cuando a lo largo de las décadas, si vemos una parte que jamás ha cedido un ápice, territorial, judicial, laboral, ambiental, ha sido Israel.

Erdan finalmente se quejó ante el pedido de conmemoración del 75º aniversario de la Nakba, que es a la vez el 75º aniversario de la creación del Estado de Israel. “Han plantado una cláusula que presenta su visión distorsionada de la verdad”. No es versión distorsionada, porque los hechos históricos a los que se refiere la Nakba son ciertos, ilevantables. Pero, eso sí, muy incómodos para que suenen junto a la conmemoración del 75o. aniversario de la creación del Estado de Israel.  “Nunca es triste la verdad, lo que no tiene es remedio.”

La exhortación final de este embajador israelí es por demás preocupante (siempre según la fuente Europa Press, 1º de dic. 2022): "Dejen de apoyar los libelos palestinos y de votar a favor de estas invenciones peligrosas".

La descalificación moral por “libelos” califica más bien al autor. Invocar “invenciones”  palestinas, cuando la ideación del Estado de Israel no provino de la realidad, sino, en todo caso, como una inferencia milenaria a partir de un libro entendido como libro de historia sin serlo,  convocando así el sionismo a corporizar un sueño o aspiración, lo que a su vez  también se lo puede considerar una invención, no deja de ser penoso.

Y si advertimos que el sionismo ha constituido una invención peligrosa, la invocación de Erdan es realmente, permítaseme el neologismo, esquizopeligrosa.

 Notas

[1]   Así describe con acierto el historiador Miguel Ibarlucía el asentamiento sionista (Editorial Canaán, Buenos Aires, 2012).

[2]   Resolución de la A. G. de la ONU, 28 nov. 2022.

[3]   EUROPA PRESS INTERNACIONAL, 1o. dic. 2022.

[4]   En 1947 la UNSCOP propone por mayoría (con el rechazo de la minoría que no acepta la partición) un 52% para un estado judío y un 47% para un estado palestino (y el 1% restante como territorio internacionalizado, administrado por la ONU, en Jerusalén). Con el retiro británico, los dispositivos militares del recién inaugurado Estado de Israel se apropian del 78% de la Palestina histórica. Y a lo largo de las décadas, Israel ha ido tomando tierra de lo que fue quedando en manos palestinas, asfixiando más y más la vida material y cotidiana de la población remanente.

[5]    E P I, ob. cit.

[6]   Ibíd.

 Viñetas de Carlos Latuff, Brasil

ACTIVIDAD ABIERTA Y GRATUITA A TRAVÉS DE ZOOM CON INSCRIPCIÓN PREVIA