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04/02/2023

EQUIPE MEDIA
Le journaliste sahraoui Hmetou El Kaouri condamné à 20 ans de prison

Equipe Media, Territoires occupés du Sahara occidental, 3-2-2023

Hmetou El Kaouri* est journaliste pour Smara News, dans les territoires occupés du Sahara occidental.


Le 7 septembre 2022, Hmetou El Kaouri s'est rendu au poste de police d'El Ayoun pour renouveler sa carte d'identité et a ensuite été arrêté et transféré à Smara. Un mandat d'arrêt à son encontre remontait à 2018.

El Kaouri était dans le même dossier que Mohamed Salem Mayara, un journaliste, et Mohamed Aljomayaai, un caméraman.

Les trois personnes ont été inculpées de perturbation du trafic, d'attaque de biens publics, de groupement armé et de tentative de meurtre.

Cette dernière accusation de tentative de meurtre a été effacée du dossier de Mayara et Aljomayaai, et le 31 mars 2018, ils ont été condamnés à 6 mois d'emprisonnement ferme et 18 mois avec sursis. Ils ont purgé leur peine et ont été libérés.

Mais pour El Kaouri, l'accusation de tentative de meurtre a été maintenue et ajoutée aux autres accusations.

Le 23 novembre 2022, il a été condamné à 10 ans de prison à El Ayoun.

Le 18 janvier 2023, il a été condamné en deuxième instance à 20 ans de prison.

Le Comité pour la défense des droits de l'homme de Smara a publié une déclaration dans laquelle il critique la sentence et dénonce la politique coloniale sans respect des chartes et lois internationales. Il dénonce également la répression systématique contre les Sahraouis, qu'ils soient militants de la cause sahraouie, activistes des droits de l'homme ou journalistes.

Ils ajoutent que les accusations ont été forgées de toutes pièces, et que la sentence, injuste et sévère, est venue couronner un simulacre de procès.

Hmetou El Kaouri est détenu à la prison d'El Ayoun.

* Hmetou El Kaouri est le nom sous lequel il est connu de tous. Son nom sahraoui est Mahmoud Mohamed Salem El Kaouri. Mahmoud El Kaouri est le nom qui figure sur son passeport marocain.

20/01/2023

ALBERTO FREILE
Brahim Ghali, Front Polisario : « Le gouvernement espagnol a commis la deuxième trahison du peuple sahraoui en moins de 50 ans »
Interview sur TVE (Télévision espagnole)

Alberto Freile, TVE, 20/1/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

  • TVE interviewe le leader du Front Polisario alors que sa réélection est votée au Congrès.
  • Ghali critique le soutien de l’exécutif espagnol au plan marocain d'autonomie du Sahara.

Brahim Ghali doit être réélu au poste de secrétaire général du Front Polisario, qui tient depuis vendredi dernier son 16e congrès, le premier depuis la rupture du cessez-le-feu avec le Maroc en 2020. Une équipe de TVE s’est rendue au Sahara pour rencontrer ‘Ghali avant sa réélection, lors d'une réunion au cours de laquelle le Polisario a approuvé l'intensification de la lutte armée contre le Maroc. Avec lui, nous discutons de la possibilité d'une solution négociée pour le Sahara occidental, de la position du gouvernement espagnol et de la situation du conflit.

 

QUESTION : Quelles sont les conclusions auxquelles est parvenu jusqu'à présent ce congrès, dont le slogan est l'intensification de la lutte armée contre le Maroc ?

 

RÉPONSE : Nous avons progressé, nous avons adopté tous les documents présentés au Congrès, il reste les lettres et les recommandations à adopter par le Congrès.

 

Q : Pensez-vous, vous ou les participants au Congrès, qu'il y a encore de l’espace, qu'une solution négociée pour le Sahara occidental est encore possible dans le cadre de la communauté internationale et des Nations Unies ?

 

R : Le Front Polisario et tous ses militants n'ont jamais fermé la porte aux négociations et à une solution politique et pacifique au conflit. Mais malheureusement, notre adversaire, notre ennemi, n'a pas la même position. Il manque l’esprit et la volonté politique pour trouver une solution juste et définitive qui respecte le droit international. Nous, Sahraouis, sommes attachés à notre cause, à nos droits, nous sommes déterminés à continuer la lutte. Cela ne signifie pas que nous fermons la porte aux négociations, que nous ne considérons pas que les Nations Unies et la communauté internationale doivent assumer cette responsabilité pour parvenir à une solution juste et définitive qui permette au peuple sahraoui de décider de son avenir.

 

Q : Quelle est votre opinion sur la position du gouvernement espagnol, qui considère maintenant l'option marocaine d'autonomie pour le Sahara occidental sous la souveraineté de Rabat comme l'option la plus sérieuse, réaliste et crédible ?

 

R : Tout simplement, je suis d'accord avec l'opinion publique espagnole. Pour nous, c’est la deuxième trahison du peuple sahraoui en moins de 50 ans. Malheureusement, ce n’st pas ce que le peuple sahraoui attendait, c’est frustrant, surtout pour ceux qui ont passé des mois au sein de familles espagnoles, frustrant pour le peuple sahraoui, qui a toujours considéré les peuples de l'État espagnol comme des amis, solidaires, qui considèrent que la trahison de 75 et 76 ne doit pas se répéter. Malheureusement, ce n'était pas le cas ; c’est un autre coup de poignard dans le dos du peuple sahraoui et des peuples de l'État espagnol.

 

Q : Que devrait-il se passer pour recomposer les relations avec le gouvernement espagnol, avec le parti au pouvoir, le PSOE ? Il y a un cycle électoral imminent en Espagne et je ne sais pas si vous considérez qu'un changement politique pourrait vous être bénéfique.

 

R : Nous ne nous mêlons pas des problèmes internes de l’Espagne, nous nous intéressons à la position de l'État espagnol qui, pour normaliser les relations, doit rectifier sa position. Elle doit s'aligner sur la légalité internationale et sur la responsabilité historique, morale et légale de l’État espagnol envers la cause du peuple sahraoui.

 

Q : Cette guerre, cette fin du cessez-le-feu avec le Maroc il y a un peu plus de deux ans, semble se dérouler dans un contexte beaucoup plus technologique que la guerre qui a eu lieu entre 1975 et 1991. Je ne sais pas si vous vous considérez comme désavantagés. Comment gérez-vous ce conflit ?

 

R : L'histoire se répète. Nous n'étions pas dans un rapport de force en 1975, ni en 1976, ni même hier. Il y a un déséquilibre des forces, un mouvement de libération nationale et une armée d'invasion équipée de tous les moyens, mais nous nous adapterons à la demande et à la nouvelle situation qu’exige le type de guerre auquel nous sommes confrontés.

 

Q : Le Front Polisario reconnaît un certain nombre de victimes depuis la fin du cessez-le-feu, un nombre inférieur à une centaine. Dans le cas du Maroc, ce conflit n’existe pas, il ne reconnaît pas les blessés, il ne reconnaît pas les pertes. Je ne sais pas ce que vous pensez qu'il devra se passer pour que cette dynamique change et que l'on parle ouvertement de cette guerre.

 

R : Je pense qu'officiellement l’État marocain essaie d'ignorer cette réalité. Mais il faut aller voir les familles des victimes. Les pertes numériques, tant matérielles qu'humaines, sont considérables. Le dernier exemple est celui du 17 janvier 2023. 30 soldats marocains se sont fait exploser et ont perdu la vie sur place, 30. C’est le dernier chiffre que je peux donner, il y a eu des chiffres au cours des deux dernières années qui ont été supérieurs et inférieurs à ce chiffre. Il y a des victimes, et les familles marocaines elles-mêmes en sont bien conscientes.

 

Q : Ce Congrès qui a lieu a pris plus de temps que prévu. Nous savons qu'il y a au moins un autre leader qui a l'intention de se présenter au secrétariat général, Bashir Mustafa Sayed. Y a-t-il des positions différentes dans l'organisation sur les mesures à prendre dans un avenir immédiat ?

 

R : Non, il n'y a pas de différences sur les objectifs. C’est une démocratie, une vraie démocratie. Je pense que nous avons dépassé les autres démocraties, sur des questions comme les partis politiques et les éléments du débat national. C’est leur droit.

 

Q : Dans cette nouvelle stratégie militaire, je voudrais vous demander si vous envisagez des attaques au-delà de ce que nous connaissons comme le mur marocain, et d’aller au-delà du territoire le plus contesté jusqu'à présent.

 

R : Ce que je peux vous dire, c’est que nous devons nous adapter au slogan du 16e Congrès à l'avenir.

 

Q : Dans quelle mesure pensez-vous que ce système de corruption présumé au Parlement européen impliquant le Maroc a nui à vos intérêts ?

 

R : Je pense que le Parlement européen devrait revoir tous les accords approuvés et signés avec le Maroc au cours des 6-7 dernières années, surtout depuis 2019, je pense, même si je n’n suis pas absolument sûr, qu'ils sont affectés par cette corruption.

 

Q : Il y a eu trois décennies sans confrontations ouvertes entre le Maroc et le Front Polisario. Vous étiez dans cette guerre entre 75 et 91. Maintenant ils ont repris les armes. Je ne sais pas quel est votre sentiment personnel sur le fait que, de votre point de vue, il faille retourner à la lutte armée.

 

R : Eh bien, en toute honnêteté, ce n’est pas ce que l'on attendait. Nous nous sommes engagés dans un processus en 1991 en croyant que nous avions affaire à un monde juste, un monde qui respecte ses engagements, un monde qui respecte la légalité internationale. Trente ans nous ont montré le contraire. C’est frustrant.

 

La communauté internationale et les Nations unies étaient censées honorer cet engagement envers elles-mêmes, envers l'histoire et envers le peuple sahraoui. Mais malheureusement ce ne fut pas le cas, ils ont prolongé nos souffrances, ils auraient pu se limiter à 1992, nous sommes presque 32 ans plus tard, le peuple sahraoui est toujours victime et la communauté internationale regarde ailleurs. C’est décevant.

 

09/01/2022

Le Front Polisario exprime son rejet du rapport de la Commission européenne sur le Sahara Occidental

Front Polisario, 8/1/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Communiqué de presse du Front Polisario à propos du rapport sur les « avantages » : la Commission européenne montre son mépris pour les décisions judiciaires et fait l'apologie de l'occupation illégale du Sahara Occidental

Alors que, par ses arrêts du 29 septembre 2021, la Cour de Justice de l'Union européenne a annulé les nouveaux accords d'élargissement UE-Maroc, la Commission européenne a jugé bon de publier, le 22 décembre 2021, un nouveau rapport pour vanter les mérites du pillage des ressources naturelles du Sahara occidental par l'occupant marocain.

En tant que représentant unique et légitime du peuple sahraoui, le Front Polisario rejette ce rapport, car les prétendus "avantages" ne sont rien d'autre que le fruit des crimes commis par l'occupant marocain, dont la Commission fait l’apologie.

Rappelant que le territoire sahraoui est « un territoire distinct qui ne fait pas partie du Maroc », la Commission européenne se réfère aux désignations juridiques marocaines pour désigner ce qui constitue, en droit international, le territoire du Sahara Occidental.

25/12/2021

ALFONSO LAFARGA
Livré au Maroc par l'Espagne, un blogueur sahraoui condamné à deux ans de prison à Casablanca

 Contramutis, 25/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Faisal El Bahloul, condamné à deux ans et une amende de 1000 dirhams, avait été arrêté par la police nationale espagnole pour des activités présumées sur les réseaux sociaux avec des messages jugés « incendiaires » à l'encontre d'individus et d'institutions marocains.
Hussein Bachir Brahim, un autre Sahraoui livré par l'Espagne en janvier 2019 alors qu'il avait demandé l'asile politique, avait été condamné à 12 ans de prison.


Le blogueur sahraoui Faisal El Bahloul, livré au Maroc par l'Espagne le 16 novembre, a été condamné à 2 ans de prison par un tribunal correctionnel de Casablanca.

El Bahloul, également condamné à une amende de 1000 dirhams, a été jugé et condamné le 24 décembre par le tribunal de Casablanca.
Faisal El Bahloul, 44 ans, était connu pour ses positions hostiles à l'occupation marocaine et pour avoir défendu le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, surtout depuis la reprise de la lutte armée par le Front Polisario, le 13 novembre 2020, après  la rupture du cessez-le-feu par Maroc.

Il a été arrêté par la Police nationale espagnole le 30 mars à Basauri (Biscaye) pour des activités présumées sur les réseaux sociaux avec des messages considérés comme « incendiaires » contre des personnes et des institutions marocaines et mis à la disposition de l’Audiencia Ncional ; il a été détenu d'abord à Madrid puis à Murcie.

Le 16 novembre, il a été emmené par la police espagnole à Casablanca et à l'aéroport, il a été laissé entre les mains de la police marocaine. La remise du blogueur sahraoui, qui selon sa famille avait une résidence légale en Espagne jusqu'en 2024 et était en attente d'une réponse à sa demande d'asile en France, a provoqué le rejet et l'indignation contre le gouvernement sur les réseaux sociaux et a suscité plusieurs questions parlementaires du sénateur de Compromis Carles Mulet Garcia.

24/12/2021

MARY LAWLOR
La défenseuse sahraouie des droits humains Sultana Khaya rapporte des attaques violentes durant son assignation à résidence

Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseur·ses des droits humains, srdefenders.org, 23/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La défenseuse des droits humains sahraouie Sultana Khaya m'a dit qu'elle était assignée à résidence de force depuis plus d'un an, sans pouvoir sortir, ni recevoir la visite de membres de sa famille ou de qui ce soit - y compris des médecins - même lorsqu'elle est malade.


Elle m'a raconté comment, après son arrestation en novembre 2020, elle a été retenue dans la maison de sa famille, avec des dizaines d'agents de sécurité gardant les portes, jour et nuit, que sa sœur et sa mère âgée sont avec elle, et que seule sa mère est autorisée à sortir pour aller chercher de la nourriture.

Sultana a déclaré qu'elle n'avait été accusée d'aucun crime et qu'elle serait heureuse d'avoir la possibilité de répondre aux allégations qui pèsent sur elle. En juin 2021, je me suis jointe à d'autres experts indépendants des Nations unies pour évoquer son traitement avec les autorités marocaines, en rappelant que Sultana est une femme éminente qui défend les droits humains depuis de nombreuses années.

En 2007, elle a perdu un œil à la suite d'une agression et a été victime de diverses attaques en raison de son action en faveur des droits humains.  Aujourd'hui, elle est détenue pour une durée indéterminée dans des conditions difficiles. Sa maison a été vidée de presque tous ses meubles et appareils, et elle, sa mère et sa sœur dorment toutes dans la même petite pièce.

Elle m'a raconté qu'au cours des derniers mois, des agents de sécurité masqués ont fait des incursions répétées dans sa maison pendant la nuit, lui attachant les mains, lui bandant les yeux et la bâillonnant. Elle a dit que lors de ces raids, elle et sa sœur ont été attaquées et qu'elle a été violée. Elle a nommé les personnes qui, selon elle, sont les auteurs de ces agressions, et elle craint constamment de nouvelles attaques.

Elle a également décrit comment, au cours de deux de ces raids, les agresseurs lui ont injecté des substances inconnues, et qu'ils ont également jeté des liquides toxiques dans la maison, décapant les murs et affectant sa santé. Elle dit que le poison a fait tomber ses cheveux et rendu ses dents cassantes.

Sultana semble être en grand danger, sa santé déclinant et étant vulnérable à de nouvelles attaques. Elle est détenue dans ces conditions depuis 400 jours.

 

11/11/2021

Mohamed VI, le roi du vent au Sahara occidental

Francisco Peregil et Trinidad Deiros Bronte, El País, 11/11/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Six des neuf parcs éoliens construits ou prévus dans l'ancienne colonie espagnole seront gérés par Nareva, une filiale du consortium contrôlé par le monarque.

Une grande partie de l’énergie produite dans le territoire occupé est destinée aux industriels. Ces éoliennes approvisionnent la cimenterie de HeidelbergCement, qui est l’une des entreprises importantes pour la colonisation du territoire par le Maroc. Photos WSRW

Le Maroc a un plan ambitieux pour les projets d'énergie solaire et éolienne, où le Sahara occidental est la clé. Ce territoire contesté, que Rabat considère comme ses "provinces du sud", est classé par les Nations unies comme la dernière colonie d'Afrique. La figure du roi, Mohammed VI, est également un élément clé de ces plans. Non seulement en tant que chef d'État, mais aussi en tant qu'investisseur. La principale entreprise d'énergie renouvelable au Sahara Occidental s'appelle Nareva. La société appartient au méga-groupe d'affaires Al Mada, dont les actionnaires majoritaires sont Mohammed VI et sa famille.

Nareva, la société du monarque, a développé deux des trois projets de production d'énergie éolienne déjà en exploitation au Sahara occidental : Foum el Oued, avec 50 mégawatts (MW) de capacité installée, et Aftissat, avec 200 MW. Seule une petite centrale, de 5 MW selon l'Agence marocaine pour le développement durable (Masen), qui approvisionne le cimentier Cimar, reste en dehors de son portefeuille. Quatre des six autres centrales éoliennes prévues au Sahara Occidental seront également gérées par Nareva, selon le rapport Éco-blanchimentde l'occupation, publié en octobre par l'organisation qui surveille l'exploitation des ressources naturelles du territoire, Western Sahara Resource Watch (WSRW).

Au total, sur les neuf parcs éoliens que comptera le Sahara dans quelques années, six seront exploités par la société de Mohamed VI ou par des consortiums auxquels sa société participe, selon le site web de Nareva. Outre les deux parcs en exploitation (Foum el Oued et Aftissat), il est prévu de construire les parcs éoliens de Tiskrad, Boujdour et Aftissat II, ainsi qu'une usine de dessalement à énergie éolienne à Dakhla. Pour le journaliste marocain Omar Brouksy - l'une des rares voix critiques du pays sur les affaires royales - cette présence importante des entreprises de Mohammed VI dans le secteur des énergies renouvelables constitue un "quasi-monopole", nous a-t-il expliqué par téléphone depuis le Maroc.

04/11/2021

ALFONSO LAFARGA
La France se targue de défendre les droits humains partout dans le monde, sauf au Sahara occidental

Alfonso Lafarga, Contramutis, 3/11/2021
Traduit de l’espagnol par CMBL
  • Pour la République française, les droits humains sont une priorité de sa politique étrangère, mais elle empêche qu’ils figurent parmi les attributions de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO).
  • · Les droits humains sont violés en permanence au Sahara occidental occupé par le Maroc, qui détient une cinquantaine de prisonniers politiques condamnés dans le cadre de procès irréguliers et sans preuves.


"Les droits de l'Homme, une priorité de la politique étrangère de la France". C'est le titre précis sous lequel le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères présente sur son site officiel sa position sur les droits humains, dont les violations selon lui conduisent sa diplomatie à les combattre « partout où elles sont commises ».

La présentation commence par cette définition : "Les droits de l’Homme sont définis comme les droits inaliénables de tous les êtres humains, quels que soient leur nationalité, lieu de résidence, sexe, origine ethnique ou nationale, couleur, religion, langue ou toute autre condition et recouvrent de nombreuses thématiques".

Il indique que « ces droits font partie des valeurs fondatrices de la République française comme cela a été proclamé dans le préambule de notre Constitution. Leur respect est au cœur de l’exercice de la démocratie en France et de notre engagement au sein de l’Union européenne et des organisations internationales », un engagement qui se traduit par « des actions sur le plan politique et diplomatique au niveau national, européen et international ».

Les dossiers sur lesquels la France est particulièrement attachée sont détaillés par la suite, notamment les "détentions arbitraires" et les "disparitions forcées".

A l'occasion de son incorporation, en janvier 2021, au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, la France a indiqué parmi ses priorités la protection des défenseurs des droits de l'homme, la liberté d'information et la liberté de presse, en plus de continuer à œuvrer à l'abolition universelle de la peine de mort, la lutte contre toute forme de discrimination et «la lutte contre l'impunité de ceux qui commettent des crimes atroces ».

Ces violations des droits humains contre lesquelles la France se prononce sont une réalité dans un lieu précis : le Sahara occidental occupé par le Maroc, territoire non autonome en attente de décolonisation. Elles ont été dénoncées à maintes reprises par des organisations telles qu'Amnesty International (AI), Human Rights Watch (HRW), le Centre Robert F. Kennedy (RFKC), le Réseau euro-méditerranéen des droits humains (REMDH), l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains ou Reporters sans frontières (RSF).

Dans les résumés mensuels que Contramutis publie sur les violations des droits humains au Sahara Occidental, les événements se répètent : répression de toute expression ou manifestation de la population sahraouie qui appelle à l'autodétermination, détentions arbitraires, disparitions forcées, tortures et mauvais traitements, procès irréguliers, persécutions de journalistes, absence de liberté d'information et de presse, discrimination à l'emploi envers les Sahraouis, expulsion d'observateurs internationaux.

Par ailleurs, une cinquantaine de prisonniers politiques sahraouis purgent des peines sévères, prononcées dans des procès dénoncés par des commissions de juristes internationaux pour leurs irrégularités et leur manque de preuves. La plupart des détenus se trouvent dans des prisons marocaines loin de leurs familles, qui doivent parcourir jusqu'à mille kilomètres sans savoir si elles seront autorisées à les visiter. Plusieurs d'entre eux sont à l'isolement depuis longtemps.

17/10/2021

ANTONIO MAZZEO
Dépenses folles en armes : contre le Front Polisario, le Maroc achète des drones à la Turquie

Antonio Mazzeo, Africa Express, 15/10/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le Royaume du Maroc stocke des drones tueurs pour renforcer ses capacités de frappe contre les unités sahraouies et tout "ennemi" éventuel à l'intérieur et à l'extérieur de la frontière.

Le 17 septembre, les forces armées marocaines ont reçu les premiers véhicules sans pilote (UAV) Bayraktar TB2 achetés en Turquie. C'est ce qu'a révélé le site spécialisé sud-africain Defenceweb. Le contrat pour la fourniture de 13 drones, d'une valeur totale de 70 millions de dollars, a été signé par les autorités de Rabat en avril", rapporte Defenceweb, « En juillet, les militaires marocains ont commencé à s'entraîner en Turquie à l'utilisation des drones ».

 
Le Bayraktar TB2, exposé à la Teknofest d'Istanbul, le 22/9/2021. (Photo AA)


Les forces armées du Royaume du Maroc recevront également quatre stations de contrôle au sol et un système numérique pour collecter et traiter les informations provenant des drones. Un centre de commandement et de contrôle des opérations sera installé sur une base aérienne marocaine où des techniciens turcs assureront la formation et le soutien technique et logistique du personnel militaire marocain chargé de faire fonctionner les nouveaux systèmes d'armes sophistiqués.
Les Bayraktar TB2 ont été conçus et construits par l'industrie militaire privée "Baykar" d'Istanbul, spécialisée dans la production d'avions sans pilote, de systèmes de commandement, de contrôle et de renseignement (C3I) et d'intelligence artificielle. Fondé en 1984, "Bayrak" est entièrement détenu par la famille Bayraktar ; le président du conseil d'administration est Selçuk Bayraktar, gendre du président turc Recep Tayyp Erdogan, dont il a épousé la fille Sümeyye.

05/06/2021

L'affaire du Sahara occidental

 Sebastián Ruiz-Cabrera, El Salto, avril 2021

Traduit par Rosa Llorens

Une série d’articles d’investigation explorant les causes diverses du maintien de la situation d’exceptionnalité dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Cette série a été rendue possible grâce à l'ONG MUNDUBAT et au financement de la mairie de Madrid.

1-Violer la vie

2-Briser le vent

3-La plante du désert

4-La mer indomptable

 

13/05/2021

Appel urgent pour la fin de la répression brutale du Maroc au Sahara occidental

Contramutis, 13/5/2021
Traduit par Fausto Giudice
  • La Délégation sahraouie en Espagne demande qu'il soit exigé du Maroc d'arrêter la répression brutale et la campagne d'arrestations arbitraires contre les civils sahraouis.
  •  Elle regrette le « silence choquant » des partis politiques et des institutions européennes, des organisations internationales et demande à l'Espagne de s'impliquer par « responsabilité légale, politique et morale ».
  • Depuis la violation du cessez-le-feu par le Maroc et la déclaration sahraouie de l'état de guerre dans les zones occupées, une vengeance de l'armée marocaine contre la population civile sahraouie a commencé.

 

Abdulah Arabi, délégué sahraoui en Espagne

La Délégation sahraouie en Espagne a lancé un appel urgent au gouvernement espagnol pour qu’il exige du gouvernement marocain la fin de la répression brutale et de la campagne d'arrestations arbitraires contre les civils sahraouis au Sahara Occidental occupé, et regrette le « silence choquant » des partis politiques et des institutions européennes et des organismes internationaux.

La représentation du Front Polisario affirme que depuis la violation du cessez-le-feu par le Maroc et la déclaration par les Sahraouis de l'état de guerre en légitime défense, « dans les zones occupées, une vengeance de l'armée marocaine d'occupation contre le peuple sahraoui sans défense a commencé, générant une situation de terreur et d'angoisse, marquée par le déploiement massif d'unités de l'armée marocaine d'occupation, des raids sur les maisons et la persécution des militants ».

L'un des derniers actes de répression a eu lieu au domicile des sœurs Sultana et Luaara Khaya, qui sont assignées à résidence depuis le 19 novembre 2020 pour leurs manifestations publiques et pacifiques contre l'occupation marocaine. Après des attaques et des raids répétés sur leur maison pendant ces 5 mois, le 12 mai « elles ont été attaquées et torturées avec des bâtons et des tuyaux métalliques par des soldats en civil ».

La délégation sahraouie demande aux organisations des droits humains d'intervenir immédiatement et d'exiger du Maroc « qu'il mette fin à cette vague d'agression et garantisse ainsi la protection de la population sahraouie et le respect du droit international humanitaire ». Elle appelle à des mesures concrètes pour que le Maroc respecte ses engagements internationaux, mesures qui, affirme-t-elle, « devraient être promues par l'État espagnol dans le cadre de sa responsabilité juridique, politique et morale au Sahara occidental ».

La représentation sahraouie attire l'attention sur le silence des organisations internationales, des partis politiques et des institutions européennes et dit qu' « il ne peut être admis que l'Union européenne, une institution qui défend les droits humains et la légalité internationale, devienne l'avocat d'un régime célèbre pour ses attaques contre la Déclaration universelle des droits de l'homme ».

Au cas des sœurs Khaya s'ajoutent les enlèvements du président de l'organisation de défense des droits de l'homme CODESA, Babozid Lbaihi et des militants Salek Baber et Khalid Boufraioua, torturés et abandonnés aux abords de la ville de Boujdour ; les arrestations et mauvais traitements de Hassanna Abba, membre du bureau exécutif de la Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines (LPPS), et de Lahcen Dalil, membre de l'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine (ISACOM). Et les agressions et menaces subies par Hmad Hamad, vice-président de l'organisation de défense des droits de l'homme CODAPSO et membre de l'ISACOM.