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28/04/2022

SERGIO RODRIGUEZ GELFENSTEIN
Stoltenberg et la Norvège : va-t-en-guerre et hypocrisie totale

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 27/4/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Si un sculpteur devait imaginer une statue à l'hypocrisie politique dans les affaires internationales, il devrait sans aucun doute prendre comme modèle la Norvège. D'un côté, le pays scandinave accueille des négociations et des dialogues dans lesquels il est censé agir en tant que médiateur et décerne chaque année le prix Nobel de la paix, mais en même temps, en tant que membre de l'OTAN, il participe à tous les sales coups que les USA ont envie de commettre aux quatre coins de la planète, en semant la guerre, la destruction et la mort.

 

Pour ce qui est du prix Nobel de la paix, au-delà de la valeur réelle de certains de ses lauréats, chacun sait que son attribution est due à des calculs politiques visant à l'insertion de la Norvège et de sa politique étrangère dans le monde. En d'autres termes, le prix peut être utilisé comme un bélier pour la politique agressive de l'Europe et de l'OTAN. Comment comprendre autrement qu'il ait été attribué à des meurtriers notoires qui ont fait souffrir des millions de personnes ? En ce sens, on peut souligner l'ignominie consistant à associer la paix, par exemple, à Theodore Roosevelt, Henry Kissinger, Menahem Begin, Frederik de Klerk, Yitzhak Rabin, Shimon Peres, Barack Obama et Juan Manuel Santos, entre autres. Dans ce dernier cas, le calcul politique a atteint un tel niveau que, même contrairement à la pratique du prix, il n'a pas été attribué aux deux parties à la négociation, mais seulement à l'une d'entre elles. Seule l'ignominie de la Norvège pouvait rendre possible une telle absurdité.

 



24 février 2022 : l'hôtel de ville d'Oslo est illuminé aux couleurs du drapeau ukrainien après le lancement De l’opération militaire russe contre l'Ukraine

 

Il convient de rappeler que dans ce domaine, le testament d'Alfred Nobel stipulait : « [...] un fonds sera créé, dont les intérêts seront distribués chaque année sous forme de prix à ceux qui, au cours de l'année précédente, auront fait le plus ou le mieux pour la fraternité entre les nations, pour l'abolition ou la réduction des armées existantes et pour la conclusion ou la promotion des processus de paix ». Ce prix ne devrait être décerné qu'à ceux qui se sont toujours consacrés à la promotion de la paix, et non à ceux qui font la guerre et qui, lorsqu'ils sont vaincus ou ne parviennent pas à vaincre l'ennemi, sont contraints de négocier en raison du rejet que leurs actions suscitent dans la majorité des habitants de la planète.

 

La raison pour laquelle la Norvège et la Fondation Nobel ont transformé le prix en un instrument politique est la vente de ses actifs au secteur pétrolier, comme l'a annoncé le nouveau directeur de l'organisation basée à Stockholm, Vidar Helgesen, dans une interview à la radio suédoise SR. Avec cette décision, la Fondation Nobel continue de « vendre son âme au diable » puisqu'elle détient indirectement des participations dans les industries de l'armement, du tabac et des énergies non renouvelables depuis plusieurs années, en violation de la volonté même de Nobel et de l'esprit du Prix.

 

Expression parfaite de sa volonté belliciste, la Norvège a envoyé Jens Stoltenberg au poste de secrétaire général de l'OTAN, la plus grande organisation terroriste du monde. Dans la préparation de l'actuel conflit politique, militaire, économique et diplomatique que l'OTAN a déclenché en Europe, Stoltenberg a mené la barque dès le début.

 



Alexander Gorboroukov, Regnum

 

En juin dernier déjà, dans une interview accordée au journal dominical allemand Welt am Sonntag, Stoltenberg avait annoncé qu'il considérait la coopération entre la Chine et la Russie comme une menace pour l'Occident et un défi sérieux pour l'OTAN. La réponse de la Norvège a été de renforcer la coopération avec les pays de la région Pacifique, ajoutant que la montée en puissance de la Chine représente « un changement fondamental dans l'équilibre mondial des forces ». À cet égard, il a déclaré qu'en ce qui concerne la Russie, l'OTAN entendait poursuivre sa stratégie « d'endiguement et de dialogue ». Sacré dialogue !

 

Cette décision montre clairement la volonté de l'OTAN de s'étendre à l'échelle mondiale, en premier lieu en se rapprochant de manière menaçante des frontières de la Russie, mais aussi en étendant sa présence dans d'autres régions du monde comme l'Asie-Pacifique, l'Amérique latine et les Caraïbes.

 

Dans ce cadre, en décembre 2021, lors d'une visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Bruxelles, Stoltenberg a déclaré que l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord poursuivrait son expansion vers l'est, malgré les protestations de la Russie, rappelant que l'Alliance avait invité la Macédoine du Nord et le Monténégro à rejoindre l'organisation.

 

Dans le même ordre d'idées, le 5 avril, lors d'une conférence de presse, le Norvégien a affirmé que l'Alliance devait étendre sa coopération avec ses partenaires de la région Asie-Pacifique, faisant valoir que la Chine n'avait pas condamné l'opération militaire russe en Ukraine.

 

De la même manière, l'OTAN a fait sentir sa présence en Amérique latine et dans les Caraïbes, non seulement par l'occupation illégale des îles Malouines où elle a introduit des armes nucléaires, mais aussi par la désignation de la Colombie, d'abord comme partenaire extracontinental de l'Alliance en 2017 et plus récemment depuis décembre 2021 comme partenaire global, ce qui donne au gouvernement du pays latino-américain une caution pour continuer à violer les droits humains, maintenir l'impunité pour les assassinats et les massacres quotidiens contre les leaders sociaux, les promoteurs des droits humains et les anciens combattants qui ont signé l'accord de paix. Tout en menant un travail de sape pour détruire l'intégration de l'Amérique latine et des Caraïbes en violant l'accord conclu en janvier 2014 lors du deuxième sommet de la CELAC à La Havane, lors duquel l'Amérique latine et les Caraïbes ont été déclarées zone de paix. De surcroît, le gouvernement colombien, envoyant des messages à ses maîtres du Nord, s’est égosillé dans une rhétorique antirusse afin de « chercher un petit coin sur leurs autels » comme le chante Silvio Rodríguez.

 

Cette décision est une expression claire de la duplicité et de la fausseté de la Norvège, qui, d'une part, a agi en tant que « facilitateur » des pourparlers entre le gouvernement de ce pays et la guérilla des FARC, tout en accordant, d'autre part, un renflouement à cette même administration afin de transformer la Colombie en principal instrument de déclenchement d'agressions militaires et de génération de conflits régionaux, conformément aux intérêts des USA et de l'OTAN. Cette démarche s'inscrit dans la tradition initiée par Juan Manuel Santos qui, en tant que ministre de la Défense, a ordonné une invasion militaire de l'Équateur en 2008 et a ensuite reçu le prix Nobel de la paix en 2016 en tant que président.

 

Dans une interview récente, Stoltenberg a affirmé que l'OTAN n'avait jamais promis de s'étendre vers l'est. Mais le magazine allemand Der Spiegel a publié dans son édition du 18 février un document confidentiel confirmant que l'OTAN a renié ses promesses de ne pas s'étendre. Le magazine a qualifié la version de Stoltenberg de « discutable ».

 

Le document trouvé aux Archives nationales britanniques par le politologue usaméricain Joshua Shifrinson donne les détails d'une réunion entre les ministres des Affaires étrangères de l'Allemagne, des USA, du Royaume-Uni et de la France à Bonn, en Allemagne, le 6 mars 1991, pour discuter de la sécurité de la Pologne et d'autres pays d'Europe orientale. Le document note qu'il y avait un accord unanime sur le fait que l'adhésion des pays d'Europe de l'Est à l'OTAN était « inacceptable ».

 

Lors d'une première réunion en 1990 à laquelle participaient la République fédérale d'Allemagne (RFA), la République démocratique allemande (RDA), la France, l'Union soviétique, le Royaume-Uni et les USA pour discuter de l'accord final sur l'avenir de l'Allemagne, qui a été signé à Moscou plus tard dans l'année, les parties ont exprimé l'opinion que l'expansion de la coalition devait être limitée.

 

Pour sa part, le gouvernement allemand a explicitement expliqué à l'Union soviétique que « l'OTAN ne s'étendrait pas à l'Est, que ce soit de manière formelle ou informelle », selon Raymond Seitz, le représentant usaméricain à la réunion, cité dans le document publié par Der Spiegel.

 

Ces informations s'ajoutent à celles obtenues à partir d'autres dossiers classifiés, selon lesquels le secrétaire d'État usaméricain de l'époque, James Baker, a donné à son homologue soviétique, Edouard Chevardnadze, des « assurances fermes » que « la juridiction ou les forces de l'OTAN ne se déplaceraient pas vers l'est ». Lors d'une visite à Moscou en février 1990, Baker a été encore plus explicite en déclarant que l'alliance ne bougerait pas « d'un pouce vers l'est ». Un jour plus tard, le 10 février, le chancelier fédéral allemand Helmut Kohl a réitéré la même promesse à Gorbatchev, déclarant : « Nous pensons que l'OTAN ne doit pas étendre sa sphère d'activité. Nous devons trouver une solution raisonnable. Je comprends bien les intérêts de l'Union soviétique en matière de sécurité ».

 



Alexander Gorboroukov, Regnum

 

Il ressort clairement de ce qui précède que le fonctionnaire norvégien a menti en toute impunité afin de poursuivre la politique agressive et expansive qui caractérise l'OTAN et qui est la cause directe du conflit actuel en Ukraine.

 

Le soutien de l'OTAN à l'Ukraine dans le but de provoquer la Russie et de déclencher une guerre que Moscou a anticipée dure depuis un certain temps. Stoltenberg lui-même, lors d'une conférence de presse, un jour avant la réunion des chefs d'État de l'alliance belliciste, a reconnu que : « les alliés de l'OTAN ont entraîné des dizaines de milliers de soldats ukrainiens depuis 2014 ». Pour qu'il n'y ait aucun doute sur son projet expansionniste et interventionniste, lors de son intervention à la Conférence sur la sécurité de Munich en février dernier, dans une tentative grossière d'effrayer la Russie et le monde, il a assuré que le budget de l'Alliance atlantique avait augmenté de 270 milliards de dollars depuis 2014, comme par hasard après le coup d'État occidental en Ukraine....

 

Tout en se berçant d'une prétendue vocation pacifiste, la Norvège, main dans la main avec l'OTAN, se prépare quotidiennement à jouer un rôle de premier plan dans les guerres que l'Alliance prépare autour du globe, notamment dans sa mission de flanc nord de l'OTAN et de pays européen ayant le plus de kilomètres de frontière avec la Russie.

 

L'alliance déploie des blindés, de l'artillerie et des équipements logistiques à         l'intérieur des grottes norvégiennes, selon le colonel William Bentley, des Marines US, qui a déclaré : « Tout équipement déployé à l'avance réduit les coûts et accélère notre capacité à soutenir les opérations en temps de crise, de sorte que nous pouvons commencer à nous préparer à utiliser l'équipement, qui est déjà en place, pour répondre à toute crise éventuelle ». Selon Magnus Nordenman, directeur de l'initiative de sécurité transatlantique au Conseil atlantique de Washington, le complexe de grottes, que l'OTAN utilise depuis 1981, est doté d'un personnel composé de 100 Norvégiens et USAméricains et contient suffisamment d'équipements pour apporter un appui à 15 000 Marines.

 

Dans le prolongement de ses activités bellicistes, la Norvège a envoyé 4 000 missiles antichars et divers types d'équipements militaires de protection et autres à l'Ukraine. De même, le mercredi 20 avril, le ministre norvégien de la défense, Bjørn Arild Gram, a annoncé la décision de son gouvernement de fournir à l'Ukraine le système de défense aérienne Mistral. Dans un communiqué de son bureau, il est indiqué qu'une centaine de missiles ont déjà été envoyés à Kiev.

 



Le Norvégien Tom Torendal, de Tromsø, est à l'origine d'un groupe Facebook qui aide les personnes souhaitant s'engager dans la Légion étrangère ukrainienne.

 

Et voici la perle qui dit tout de ces gens-là et de ce gouvernement : dans le communiqué, le ministère de la Défense déclare : les forces armées norvégiennes prévoient de remplacer ce type de défense aérienne, et donc, sa fourniture à l'Ukraine « n'aura pas d'impact majeur sur la capacité opérationnelle nationale ». Le « cadeau » de la Norvège à l'Ukraine se précise, car - selon la même déclaration : « Le missile sera progressivement retiré par les forces armées norvégiennes, mais il reste une arme moderne et efficace qui sera très utile à l'Ukraine ». En d'autres termes, ils envoient en Ukraine une arme qu'ils n'utilisent plus et qu'ils mettent au rebut.

 

Par ailleurs, dans l'extension de la zone de conflit, le 23 avril, la frégate norvégienne Fridtjof Nansen est arrivée dans le port de Trieste, en Italie, avec le groupe d'attaque de l'US Navy dirigé par le porte-avions à propulsion nucléaire Harry S. Truman, après avoir effectué des manœuvres navales dans le nord de l’ Adriatique.

 

Ce déploiement effréné de ressources par les forces armées norvégiennes est curieux, alors qu'il y a seulement quatre mois, en janvier de cette année, l'armée norvégienne a commencé à obliger son personnel, hommes et femmes, à rendre les sous-vêtements usagés à la fin de leur service militaire, comme l'a rapporté la radio publique norvégienne (NRK). Ainsi, le haut commandement norvégien a demandé aux militaires de rapporter - en plus de leur équipement - les pantalons, culottes, soutiens-gorge et chaussettes fournis pour être lavés et réutilisés par les nouvelles recrues après la fin de leur service. Telle est l'attitude misérable d'un gouvernement et d'une armée qui impose des restrictions absurdes à ses soldats alors qu'il gaspille des milliards de dollars en armes, menant des guerres dans le monde entier à la remorque des USA Même les forces armées du pays le plus pauvre du monde ne feraient pas cela, par respect pour la dignité humaine.

 

Mais, sans surprise, chaque laquais a sa récompense. Le gouvernement norvégien a décidé de nommer Stoltenberg au poste de gouverneur du directoire de la banque centrale du pays, poste qu'il occupera à la fin de son mandat au sein de l'Alliance atlantique, le 30 septembre. Sauve qui peut !

 



Plutôt la banque centrale que l’état d’urgence (jeu de mots intraduisible)

Kostas Koufogiorgos


 

Kostas Koufogiorgos

 

13/10/2021

ODEH BISHARAT
Un prix Nobel de la vérité pour Gideon Levy

Odeh Bisharat, Haaretz, 12/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Odeh Bisharat est né en 1958 dans une famille originaire de Ma'alul, un village palestinien détruit en 1948, et vit aujourd'hui à Yafiah, en Galilée, avec sa femme et leurs trois enfants. Il a été impliqué dans des activités politiques et sociales toute sa vie, d'abord en tant que responsable du Comité national des lycéens arabes israéliens, puis en tant que responsable de l'Organisation des étudiants arabes à l'université de Haïfa. Il a également été actif dans divers mouvements judéo-arabes et a travaillé comme rédacteur en chef du journal pour jeunes Al-Jad. Au début des années 2000, Bisharat a été secrétaire général du parti politique Hadash (Front démocratique pour la paix et l'égalité). Actuellement, il est chroniqueur d'opinion pour les journaux Haaretz et Al-Atikhad. Il a publié trois romans en arabe : The Streets of Zatunia (traduit en hébreu et en finnois), Donia (traduit en hébreu) et The Late Tammam Mekehoul. @OdehBisharat

S'il y avait un prix Nobel pour l'incitation [à la haine, NdT], il y aurait certainement de la place pour l'appel du journaliste Akiva Novik à attribuer un prix Nobel de la paix à l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahou pour les accords d'Abraham. L'ancien président usaméricain Donald Trump (à qui Novik voulait également accorder un prix de la paix pour les Accords) peut se voir offrir un prix Nobel de la malhonnêteté. Vraiment, quel rapport y a-t-il entre Netanyahou, "l'ange de la destruction" selon le défunt Premier ministre Yitzhak Shamir, et ce prix humain ?

Et maintenant, le point principal : cette année, les responsables du prix ont pensé autrement. Ils sont partis du principe qu'il existe un lien étroit entre "paix" et "vérité", sinon ils n'auraient pas accordé le prestigieux prix à deux journalistes, Maria Ressa des Philippines et Dmitry Muratov de Russie, car les journalistes ne s'occupent pas directement de promouvoir des relations pacifiques entre les pays et les nations, ils s'occupent d'extraire la vérité des mâchoires mensongères du gouvernement - presque chaque gouvernement. 

À cette occasion, je peux proposer deux explications à cette décision. La première : la paix et la vérité sont du côté du bien, de la vie, alors que la guerre et le mensonge sont du côté du mal. Aussi, afin de renforcer la fraternité du bien, le comité a jugé bon d'honorer la vérité dans les rangs du royaume de la paix. Pas mal. Je suis d'accord. 

Et une autre explication qui me vient à l'esprit : il est vrai que les lauréats ne sont pas les premiers journalistes à recevoir le prix Nobel de la paix - auparavant, deux journalistes ont reçu le prix, en 1907 [Ernesto Teodoro Moneta, pacifiste italien] et en 1935 [Carl von Ossietzky, alors emprisonné par les nazis] - mais la guerre entre les mensonges, la désinformation et la manipulation des faits, d'une part, et un reportage équilibré et véridique, d'autre part, est aujourd'hui le principal champ de bataille dans notre monde turbulent. Les mots ont remplacé les coups de feu, les enquêtes ont remplacé l'artillerie et les images ont remplacé les bombes. 

Aujourd'hui, il est difficile d'entrer dans les médias sociaux sans être frappé par les éclats de l'incitation. Si on la compare à un tir réel, on peut compter de nombreuses victimes. Il est vrai que l'incitation ne laisse pas de morts et de blessés derrière elle, mais son impact psychologique négatif sur le comportement humain est énorme, surtout lorsque ce champ de bataille est géré par des géants tels que Facebook qui, selon les enquêtes, enflamme les éléments négatifs de notre discours. Nous pouvons certainement considérer la décision actuelle du comité du prix Nobel comme une sorte d'expression d'aversion pour le discours superficiel des médias sociaux. 

Je suis donc impressionné par le fait que ce prix important ait été décerné à des journalistes. À l'époque actuelle, ils sont les leaders de la diffusion de la vérité dans le monde. Sans la vérité, tout est fragile et sur le point de s'effondrer. D'autre part, on ne peut rien construire sur des mensonges, on ne peut que détruire, et à mon avis, le moment est venu d'offrir un nouveau prix, qui ne soit pas une annexe du prix de la paix ou un invité d'honneur - un prix Nobel de la vérité. La vérité mérite un prix, car souvent, ceux qui la révèlent le paient cher : atteinte à leurs moyens de subsistance, marginalisation, menaces et parfois, comme dans les pays des lauréats actuels, des choses bien plus terribles. 

Il est vrai que le chemin de la vérité est difficile et plein de déceptions, alors que le mensonge a de nombreux consommateurs et applaudisseurs, mais un monde sans vérité est un monde cruel, désolé et déprimant. Bien que le journaliste, après avoir révélé la vérité, ne puisse rien faire de plus, même sans changer la réalité, nous pouvons au moins trouver une consolation dans le fait que le mal ne marchera pas droit. 

La caméra de Basel al-Adra n'a pas changé la réalité à Khirbet al-Mufkara dans les collines du sud d'Hébron, mais a exposé l'armée et les émeutiers dans leur disgrâce. La vérité érode la confiance en soi des oppresseurs et donne espoir et confiance aux opprimés. Ce n'est pas une mince affaire. 

En Israël, il y a un certain nombre de journalistes qui révèlent la vérité, et qui paient un prix élevé pour cela. Nous devons leur en être reconnaissants, mais le problème est que, malgré cela, la plupart des Israéliens ne remarquent même pas le monstre dans la pièce - l'occupation. Par conséquent, je pense que nous devrions également décerner le prix Nobel de la vérité au journaliste Gideon Levy, qui, semaine après semaine, nous montre la laideur du monstre invisible.