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15/06/2023

SERGIO FERRARI
Ni fous ni morts : les anciens prisonniers politiques argentins de la Coronda entretiennent la mémoire et internationalisent l’espoir

Sergio Ferrari, La Pluma, 12/6/2023
Original :
Ex presos políticos argentinos | Celebrar la memoria, internacionalizar la esperanza: Ni locos ni muertos

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans le cadre de la célébration du 20e anniversaire d’El Periscopio, je me suis entretenu avec trois des organisateurs de cette activité : Alfredo Vivono, de Rosario, Luis Larpin, de Santa Fe, et Augusto Saro, de Buenos Aires.

Pour les anciens prisonniers politiques de la prison de Coronda, dans la province de Santa Fe, en Argentine, la mémoire est une passion. Vingt ans après la publication de leur livre Del otro lado de la mirilla [De l'autre côté du judas], ils ont célébré samedi 3 juin leurs deux décennies de militantisme associatif contre l’oubli dans le sinistre ancien quartier général de la police de la ville de Rosario (300 kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires).


Dans le bâtiment de l’ancien quartier général de la police de l’unité régionale II de Rosario, le service d’information (SI), le plus grand centre d’enlèvements illégaux de la région, opérait sous la direction du deuxième corps d’armée, au centre de la ville de Rosario. On estime qu’environ 2000 personnes y ont été enlevées, torturées et, dans de nombreux cas, victimes de disparitions forcées. L’ancien service d’information a été récupéré par l’État provincial en vue de la création d’un espace de mémoire, pour la défense, la promotion et l’expansion des droits.

Le 25 mai 2003, ils ont fondé l’association El Periscopio et lancé, non sans hésitation, la première édition de leurs témoignages collectifs et anonymes, avec une préface d’Adolfo Pérez Esquivel.

L’écrivain uruguayen Eduardo Galeano leur a ensuite offert un cadeau important, ses mots émouvants de reconnaissance pour la quatrième de couverture : « Ce témoignage des prisonniers de Coronda est une autre contribution à la mémoire collective. Il respire, caché sous l’amnésie obligatoire ».

Et à partir de ce moment, l’association El Periscopio - ce petit instrument clandestin utilisé par les prisonniers de Coronda pour suivre depuis les cellules les mouvements des gardiens dans le bloc cellulaire - n’a cessé de multiplier les initiatives en faveur de la Mémoire, de la Vérité et de la Justice.

 
Au cours des vingt dernières années, trois éditions du livre ont été publiées en espagnol, avec plus de 10 000 exemplaires vendus. En 2020, au plus fort de la pandémie en Europe, Ni fous ni morts l’édition française - déjà épuisée – a été publiée par les Éditions de l’Aire, de Vevey, en Suisse. En septembre dernier, c’était au tour de la version italienne, cyniquement intitulée Grand Hotel Coronda, publiée par la prestigieuse maison d’édition romaine Albatros Il Filo. Et avant la fin de l’année 2023, une édition portugaise est prévue, en collaboration avec la maison d’édition Expressão Popular de São Paulo, étroitement liée aux acteurs sociaux brésiliens les plus dynamiques, en particulier le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST).


Dès le début, le mot d’ordre d’El Periscopio était clair : « Il faut militer pour le livre ». Des centaines d’activités publiques dans les quartiers, les écoles, les universités, les centres culturels, les théâtres, les cinémas, les paroisses et les syndicats, tant en Argentine qu’en Europe, ont accompagné la promotion de ce témoignage écrit. Les plus récentes ont été les sept présentations durant la deuxième quinzaine de mai dans six villes de Sicile, auxquelles ont participé plus de 350 personnes, principalement des jeunes des lycées d’Agrigente et de Favara, dans le sud de l’île.

Dans le cadre de la célébration du 20e anniversaire d’El Periscopio, je me suis entretenu avec trois des organisateurs de l’événement : Alfredo Vivono, de Rosario, Luis Larpin, de Santa Fe, et Augusto Saro, de Buenos Aires.


Alfredo Vivono

Histoire collective

« Lorsque nous avons imaginé de célébrer notre vingtième anniversaire, nous avons décidé de le faire simplement et dans un lieu qui nous aiderait à nous souvenir à la fois de la répression dictatoriale et de la résistance contre celle-ci - comme l’ancien siège de la police de Rosario. Et nous avons décidé de nous réunir avec d’autres personnes qui, comme nous, ont été impliquées dans la résistance collective et ont toujours continué à contribuer à la construction de la mémoire », se souvient Alfredo Vivono. Il ajoute : « Nous faisons partie d’un ensemble qui a connu de nombreuses formes de lutte contre le même ennemi et sa méthode quotidienne de terrorisme d’État ». Enfin, explique Vivono, « Celebrar vient de celebrare, celeber, qui signifie nombreux, encombré, abondant. Ce à quoi El Periscopio ajoute également les concepts de collectif et d’unitaire. Collectif et unitaire, comme l’a toujours été tout ce que nous avons fait: depuis cette merveilleuse résistance dans les prisons de Cordoba jusqu’à cette célébration à Rosario. De la première édition de Del otro lado de la mirilla aux centaines de présentations et d’initiatives que nous avons inlassablement promues en Argentine et à l’étranger ». 


Luis Larpin

Luis Larpin, également membre du conseil d’administration d’El Periscopio, souligne : « Notre expérience est aussi collective que l’a été la résistance populaire à la dictature dans les prisons, dans les centres de détention illégaux, dans la lutte pour les droits humains, dans les rues, dans la solidarité internationale ». Comment célébrer aujourd’hui le 20ème anniversaire de l’association en cohérence avec cet “esprit périscopien” qui animait la résistance unie et fraternelle de Coronda, s’interroge Larpin. La réponse est toute trouvée : « En invitant des représentants de quelques-unes des nombreuses initiatives qui œuvrent à la recréation collective de la mémoire. En les reconnaissant et en nous reconnaissant en eux ».

Absences

La célébration à Rosario s’est ouverte par un montage audiovisuel avec des images de ses 20 ans d’existence. Elle s’est achevée par le non moins émouvant film de 12 minutes, Retorno a Coronda, d’Alberto Marquardt, cinéaste argentin basé en France et ancien prisonnier de Coronda. Il s’agit d’un témoignage de la visite effectuée en octobre 2019 par huit anciens détenus politiques à la prison de Santa Fe.

Dans le cadre de cette activité, El Periscopio a remis des plaques de reconnaissance à près de 30 associations, groupes et personnes, tels que les anciennes prisonnières politiques de la prison de Devoto, autrices du livre Nosotras, l’Instituto Venadense por Memoria, Verdad y Justicia (Venado Tuerto), les anciens prisonniers politiques de la prison de Mendoza, qui ont publié No nos podían et le Colectivo de la Memoria de Santa Fe, entre autres. Le programme Postas de la Memoria, les auteurs de Historias de Vida, de la Sonrisa no se rinde, La Mirada et Capitana Editorial et leur ouvrage Impresas Políticas, ainsi que le quotidien Página 12 ont également été honorés. Graciela Camino et Gabriela Robles, deux personnalités importantes du monde du théâtre et de la communication audiovisuelle, ont également été récompensées. La première a dirigé, avec María Moreno, Coronda en Acción, qui a connu un grand succès en 2006, tandis que Robles a coordonné une expérience audiovisuelle en quarantaine sur Coronda pendant la pandémie.

La liste comprenait également des noms individuels, pour la plupart d’anciens prisonniers politiques ou des membres de leur famille qui, de par leur position professionnelle/militante (dans des domaines tels que la communication, le syndicalisme, la performance artistique, la peinture, l’historiographie, etc.), ont soutenu et soutiennent la lutte pour la mémoire : Victorio Paulón, Daniel Gollán, Hugo Soriani, Raúl Viso, Jorge Miceli, Raúl Borsatti, Jorge Giles, Alba Acosta, Rubén Mensi, Luciano Sánchez, Carlos Samojedny et Carlos del Frade. En outre, des syndicats ou des institutions qui ont toujours fait preuve d’une solidarité active avec les anciens prisonniers de Coronda. Entre autres, Puerto Libro, les syndicats SADOP et CTERA, ainsi que le Secrétariat des droits humains de Santa Fe.

Luis Larpín souligne : « Nous nous reconnaissons dans chacun·e d’entre eux·elles, qui ne sont pas seulement des “allié·es” de notre histoire commune, mais aussi des points de référence pour poursuivre notre propre chemin ». C’est pourquoi il ne s’agissait pas de décerner des distinctions ou des prix. « Il s’agissait simplement de les reconnaître pour tout ce qu’ils·elles ont fait et continuent de faire pour une autre Argentine possible. Notre reconnaissance est une gratitude. Notre hommage signifie de plus grands défis pour l’avenir et l’impossibilité d’abandonner ou de s’arrêter en pensant que la tâche est déjà accomplie ».

Absences

« Le bonheur profond éprouvé en ce moment de retrouvailles ne nous empêche pas de ressentir - avec non moins d’émotion - les nombreuses absences », explique Augusto Saro, président du conseil d’administration d’El Periscopio.

« Nous sommes une génération marquée au fer rouge par le vide », souligne-t-il. « C’est le prix que nous payons pour la générosité de ce dévouement inconditionnel et sans limite. Ce sont les 30 000 disparus, ainsi que Daniel Gorosito, Luis Alberto Hormaeche, Raúl San Martín et Juan Carlos Voisard, nos quatre camarades assassinés à Coronda. Ce sont aussi ceux qui nous ont été enlevés au cours des deux dernières décennies. Ils font tous partie de l’essence de notre collectif. Ils nous manquent beaucoup, même si nous sentons que nous continuons à marcher ensemble ».

Saro a cette réflexion : « Quel immense privilège de penser que, lors de cette célébration à Rosario, nous sommes en train de récolter la vie ! Dans ce lieu (l’ancien siège de la police), où les génocidaires ont semé la torture et la mort. Nous voyons dans cet espace au symbolisme si particulier que, avec nous, il y a les mères, les grands-mères et les fils. Et les ex-prisonniers, ainsi que beaucoup de nos proches.  La vérité a triomphé, dit Saro. Une pause, un silence et une affirmation catégorique : « Tout comme la justice a prévalu ». Et il rappelle la victoire juridique qu’El Periscopio a obtenue avec le soutien de l’équipe juridique de HIJOS [association des enfants de disparus] à Santa Fe dans le procès dit de Coronda. En mai 2018, les deux commandants de la gendarmerie nationale qui avaient dirigé la prison pendant la dictature ont été condamnés à de lourdes peines de prison : la justice a établi que le régime quotidien et les décès qui ont eu lieu à Coronda constituaient des crimes contre l’humanité. 



Internationalisation de la mémoire

Alfredo Vivono, qui en septembre 2022 a participé en Suisse, en France et en Italie au lancement de la version italienne de Del otro lado de la mirilla, anticipe l’émotion produite par la célébration à Rosario et ne peut éviter une réflexion complémentaire : en tant que collectif, des frontières planétaires ont été franchies. « Nous sommes à Rosario et nous penserons là-bas, loin et près, à des milliers de kilomètres, où nous voyons les visages de femmes et d’hommes que nous sentons déjà comme des frères et des sœurs. Depuis 5 ans, nous marchons avec des Suisses et des Suissesses, des Français et des Françaises, des Italiens et des Italiennes. Del otro lado de la mirilla ; Ni fous ni morts ; Grand Hôtel Coronda : une succession sans fin de volontés qui revendiquent la même passion/obsession pour la Mémoire, la Vérité et la Justice ».


Augusto Saro

Augusto Saro, qui faisait également partie de la délégation périscopienne chargée de présenter le livre en Europe, partage cet avis : « Nous avons découvert dans El Periscopio la magie d’une planète globale ». Selon lui, ces visages lointains - à plus de 11 000 kilomètres de distance et 45 ans plus tard - qui s’émeuvent aujourd’hui de l’histoire des prisons et des centres de détention clandestins de la dictature argentine, « ne vibrent pas par volontarisme mais par nécessité. Nous lire, nous traduire, nous publier, nous écouter, c’est pour eux faire partie d’un dialogue ouvert. Ce qu’ils ont vécu à Coronda, Devoto, Mendoza, Rawson, Córdoba, Resistencia, Caseros, dans chaque centre de détention, les rapproche de leurs propres histoires continentales de lutte, hier et aujourd’hui ».

Don Luigi Ciotti, prêtre anti-mafia et point de référence pour les sans-papiers arrivant en Italie, a introduit dans sa préface à Grand Hôtel Coronda une réflexion généreuse dédiée à El Periscopio, étendue à tous les militants des droits humains en Argentine et dans le monde : « Votre dévouement est un acte de grande générosité. La générosité de la mémoire n’est jamais un devoir, (surtout pour ceux qui sont passés par le territoire le plus extrême de la douleur), mais un choix, un chemin, un don ». 

Rappelant ce qu’il a vécu lors de sa tournée européenne, Augusto Saro conclut : « Lorsque nous présentons nos témoignages, les héritiers des partigiani résistants italiens sont émus, les jeunes qui cherchent désespérément des alternatives à la planète qui bout ou à la domination patriarcale sous toutes ses formes sont interpellés... Bénie soit la résistance unie, nous disent-ils avec émotion ». Heureuse la résistance unie, nous disent-ils avec émotion ». Bénit soit l’Autre Monde possible et de plus en plus nécessaire, répond El Periscopio.


15/01/2023

  SERGIO FERRARI
16-20 janvier 2023 : Davos se cherche une boussole
Un forum dévalué


Sergio Ferrari , 14 janvier 2023
Traduit par 
Fausto Giudice, Tlaxcala

« Les riches et les puissants se pressent à Davos pour discuter à huis clos du climat et des inégalités en utilisant le moyen de transport le plus inégalitaire et le plus polluant : le jet privé », souligne l'ONG internationale Greenpeace...La planète Terre, en flammes, cherche et attend toujours des solutions climatiques, la démocratie et la relance économique avec équité. Une société mondiale plongée dans l'incertitude. Et dans ce concert, un Davos dévalué. On prend les mêmes et on recommence.

La société civile ne renonce pas à ses critiques

Du 16 au 20 janvier, le Forum économique mondial se réunira à nouveau à Davos sous le thème “De la coopération dans un monde fragmenté”. Plus de 2 500 participants, dont une cinquantaine de chefs d'État ou de gouvernement, arriveront dans la station d'hiver des Alpes. Contrairement au passé, à l'exception du chancelier allemand Olaf Scholz, aucun dirigeant de grande puissance n'a confirmé son voyage à Davos. 

Comme de coutume, des représentants du monde des affaires, de la politique, de la science et de la culture arrivent. Selon les autorités suisses, entre 200 et 300 d'entre eux sont protégés par le droit international (par exemple, des chefs d'État et de gouvernement, des ministres ou des représentants de haut rang d'organisations internationales), ce qui nécessite une sécurité accrue.

Le dispositif de sécurité du Forum économique mondial (WEF) coûtera environ 9,7 millions de dollars, dont un tiers sera financé par le Forum lui-même et le reste par les autorités fédérales, cantonales et municipales suisses, c'est-à-dire les contribuables suisses. Ce facteur a été critiqué à plusieurs reprises par les médias nationaux, qui mettent en cause cette participation excessive de l'État à une initiative privée.

Un monde en crise

Comme le soulignent les organisateurs du Forum, le monde est confronté à une crise débilitante. Ils ajoutent que les conséquences de la pandémie de Covid-19 et la guerre inattendue entre la Russie et l'Ukraine augmentent l'incertitude mondiale, ce qui entraîne une forte baisse de la croissance et une hausse significative de l'inflation. Cela exige des solutions audacieuses et collectives.

Le 53e Forum de Davos s'articulera autour de cinq axes thématiques : les crises énergétique et alimentaire ; l'économie dans une période de forte inflation, de faible croissance et d'endettement élevé ; les contraintes pesant sur l'industrie ; la vulnérabilité sociale dans le contexte d'un nouveau système de travail ; ainsi que les risques géopolitiques dans le cadre d'un nouveau système mondial multipolaire.

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04/11/2022

SERGIO FERRARI
La tumba mediterránea
Miles de migrantes indocumentados mueren cada año

Sergio Ferrari4/11/2022

En solo siete años, desde 2014 hasta fines de 2021, se calcula que 29.000 inmigrantes “ilegales” o indocumentados murieron en su intento de entrar en el acorazado europeo mediante el cruce del Mar Mediterráneo. Cifras que podrían ser mucho más altas, ya que centenares (incluso miles) de todas las edades perecen en embarcaciones improvisadas sin que nadie los contabilice. Y muchos otros tampoco aparecen en los cálculos oficiales debido a que sus muertes se relacionan con deportaciones obligadas, en general forzadas y, muy a menudo violentas.

 La Organización Internacional para las Migraciones, OIM, logró documentar desde principios de 2021 hasta octubre de ese mismo año unas 5.684 muertes en las rutas migratorias hacia Europa y dentro del continente.

Documentar la barbarie con dignidad

Julia Black, una de las autoras de un informe elaborado por el Proyecto Migrantes Desaparecidos de dicha organización, publicado la última semana de octubre, señala que «esta continuidad de muertes constituye otro sombrío recordatorio de que se necesitan, desesperadamente, más vías legales y seguras para la migración».

Según dicho informe, en ese mismo período se registraron 2.836 muertes y desapariciones en la ruta del Mediterráneo Central, un aumento significativo en comparación con los 2.262 casos entre 2019 y 2020. Son particularmente alarmantes las 1.532 muertes en la ruta desde África Occidental hacia las Islas Canarias (España): el número más alto desde 2014, cuando la OIM inició el registro.

Los investigadores que elaboraron el informe señalan que, muy probablemente, los datos sobre estas rutas mediterráneas son incompletos debido a las complicaciones para verificar los denominados «naufragios invisibles», es decir, de embarcaciones que se pierden en el mar sin que nadie se entere y, en consecuencia, sin ninguna búsqueda ni rescate.

El Proyecto Migrantes Desaparecidos documenta casos de personas —incluso refugiados y solicitantes de asilo—, que han fallecido en zonas de frontera o en su trayecto hacia un destino fuera de sus respectivos países de origen. Este proyecto se puso en marcha para dar respuesta a conteos discrepantes sobre el número de fallecidos (o desaparecidos) en las más variadas rutas migratorias de todo el mundo, y particularmente, después del naufragio ocurrido en octubre de 2013, cuando 368 personas perecieron cerca de la isla italiana de Lampedusa.

El Proyecto es, actualmente, autoridad indiscutida en su género ya que cuenta con la única base de datos de libre acceso sobre personas fallecidas a nivel internacional en trayectos migratorios. Además publica reportes, resúmenes e infografías que analizan en cada región geográfica los riesgos en las rutas de migración irregular, cuestiones vinculadas a la identificación de migrantes desaparecidos, información sobre los mecanismos de asistencia para las familias de los migrantes desaparecidos y la metodología para la recopilación de datos. Se propone convertirse en un punto de referencia y consulta en aquellos casos en que se busca a migrantes de los que no se tiene ninguna información actualizada.

Desde 2014, más de 50.000 personas han muerto durante viajes migratorios inseguros. Como señala su sitio web, “los datos recopilados por el Proyecto son testimonio de uno de los fracasos políticos más estrepitosos de los tiempos actuales. La OIM reclama que inmediatamente se provean rutas para la migración seguras, humanas y legales”. Los responsables del Proyecto sostienen que, de contarse con mejores datos, sería posible formular políticas que pongan fin a esta tragedia.


Más allá del Mediterráneo

24/10/2022

SERGIO FERRARI
Aumentan las protestas sociales: Europa entre guerra, crisis y un invierno que puede ser helado

Sergio Ferrari, 24-10-2022

Una parte significativa de Europa se convirtió la tercera semana de octubre en una olla a presión en la que empezó a calentarse la sopa del conflicto. A este ritmo, de mantenerse prendida la cocina, el continente se dirige hacia una etapa muy tensa debido a las consecuencias directas de la guerra, entre ellas la creciente tensión social.

La crisis europea es sostenida y va en aumento, agravada por el impacto cada vez más visible del conflicto Rusia-Ucrania en la vida cotidiana. Los aumentos exorbitantes, especialmente en electricidad, combustibles y servicios, hacen explotar los presupuestos familiares y desencadenan la cólera sindical.

Jornada de lucha del 18 de octubre en Francia_ Los afiches dicen Respeto al derecho de Huelga y Aumento de salarios y pensiones Foto CGT

La cólera francesa

En Francia, el martes 18 de octubre se realizó una jornada interprofesional de protesta. Habían pasado solo tres días desde la masiva movilización convocada el por la Nueva Unión Popular Ecologista y Social (NUPES), que en las legislativas de junio pasado se convirtió en la segunda fuerza más votada. Como de costumbre, la batalla de cifras complica el balance: mientras que los organizadores estimaron la participación el martes en unas 300.000 personas, los portavoces oficiales indicaron un número tres veces menor.   


Mapa de las 150 movilizaciones locales en la jornada de huelga del 18 de octubre en Francia_Belgica y Luxemburgo Gráfico CGT

La huelga sectorial que se inició a fines de septiembre en las refinerías de petróleo, se extendió el martes 18 a otros sectores, con impactos parciales: servicio público, energía, transporte urbano, industria alimentaria, comercio y personal de institutos profesionales. Las dos principales reivindicaciones fueron la exigencia de un aumento salarial y la oposición categórica a que los trabajadores en lucha sean forzados a volver al trabajo. Saltando fronteras, el 8 y el 9 de octubre varios centenares de activistas habían manifestado y bloqueado instalaciones de TotalEnergie también en Bélgica.

Protestas sociales en Bélgica el 8 y 9 de octubre 2022 Foto La Relève

 En la industria petrolera francesa, el conflicto sindical continuó aun hasta el jueves 20. Ese día se normalizaron tres de los cinco centros aun paralizados luego de que los huelguistas alcanzaran logros aceptables. El suministro de combustible en las estaciones de servicio fue caótico en Francia desde fines del mes pasado.

Para la Confederación General del Trabajo (CGT) de Francia, “a pesar de los enormes beneficios que obtienen las compañías petroleras, en particular Total y Exxon, éstas se niegan a aceptar las exigencias de los trabajadores”. La CGT subraya que el reclamo consiste en recuperar la pérdida del poder salarial causada por la inflación y asegurar una mejor distribución de la riqueza creada por los trabajadores mientras se pagan miles de millones de euros en dividendos a los accionistas.

Se calcula que solo en el primer semestre del año en curso, TotalEnergies registró más de 10.000 millones de dólares de beneficios. Este gigante petroquímico, con sede en Francia, cuenta con 105.000 trabajadores en 130 países. En 2021 contabilizó ingresos por 184,7 miles de millones de dólares.


Convocatoria a la manifestación del 22 de octubre en Italia

Roma, a la calle

En Italia, las principales centrales sindicales del país realizaron el sábado 22 de octubre una manifestación unitaria que convocaron en Roma en defensa de la “Salud y la Seguridad en el Trabajo”. Argumentan que en lo que va de 2022 se produjeron 600 muertes y 400 mil accidentes laborales, así como un altísimo número de irregularidades empresariales que irrespeta el cumplimiento de cláusulas básicas. Para los convocantes, "no se trata solo de números, sino también de la vida de las personas, su dignidad y sus derechos”.

Esta convocatoria, que según varios analistas políticos puede calentar los motores de la protesta social, dio continuidad a la masiva movilización sindical que la Confederación General Italiana del Trabajo (CGIL, su sigla en italiano) convocó el 8 de octubre en esa capital, exactamente un año después del ataque por parte de grupos neonazis contra su sede central y menos de dos semanas después de la victoria electoral de la extrema derecha de Fratelli d’Italia. Resultado que puso en tensión al movimiento sindical y las fuerzas políticas progresistas.

Las dos reivindicaciones de esta primera protesta luego de las recientes elecciones italianas fueron la defensa de un salario mínimo digno y la búsqueda de alternativas al conflicto bélico entre Rusia y Ucrania.  "Frenar la guerra con negociaciones, no con el envío de armas", constituyó una de las consignas de la manifestación.

Bellinzona, Tesino, 17 de octubre: "Luchamos por nuestra salud y dignidad"

Se despierta Suiza

En la pequeña Bellinzona, capital del cantón Tesino, fronterizo con Italia, los trabajadores de la construcción dieron el pitazo inicial de un proceso de movilizaciones que se ampliará nacionalmente en las próximas semanas.

Más de 2 mil quinientas personas participaron el lunes 17 de octubre en una marcha (en una ciudad de apenas 40 mil habitantes) que continuará con futuras manifestaciones el 1 de noviembre en Basilea; el 7 y el 8 en otras cinco ciudades de la Suiza francesa, y el 11 en Zúrich, donde se realizará una jornada nacional.

Lo que está en juego es la negociación de un nuevo Convenio Colectivo de Trabajo con la patronal empresaria de la construcción. Según el sindicato UNIA, la patronal insiste en sus condiciones reaccionarias. Ignora las reivindicaciones de los trabajadores y busca negociar eventuales aumentos salariales imponiendo el deterioro de las condiciones de trabajo. Para el sindicato helvético, la realidad es paradójica: en un país donde se está construyendo más que nunca, las condiciones laborales son cada día peores. La patronal procura suprimir todas las regulaciones pertinentes a las horas de trabajo imponiendo jornadas diarias de hasta 12 horas (sin contar el traslado hasta las obras) y semanas de hasta 58 horas. “Se trata de un ataque a la salud y a la vida familiar de los trabajadores de la construcción”, denuncia el sindicato.

El malestar social, con distintos rostros y reivindicaciones concretas, se manifestó también en la segunda semana de octubre cuando los choferes del transporte público de Ginebra paralizaron el servicio durante 36 horas para exigir --con relativo éxito-- un reajuste salarial para compensar el deterioro del nivel de vida. 

"Familia y trabajo", no "familia o trabajo": ¡Basta Ya!

Por su parte, el 17 de octubre entraron en huelga por tres días, en el aeropuerto suizo de Zúrich, los pilotos de Eurowings, filial de Lufthansa de Alemania. Como consecuencia, se canceló la mayoría de los vuelos de esa compañía de bajos costos con origen y destino en Zúrich. Un día antes, los pilotos de SWISS International Air Lines --otra filial de Lufthansa--, votaron la huelga si en los próximos días el directorio de la empresa no presenta una propuesta aceptable en cuanto a salarios y condiciones de trabajo.

-¿Eurowings en huelga? ¿Qué puede ofrecerme como opción alternativa?
-Chicken wings
Viñeta de Harm Bengen, Alemania

Malestar en otros países

En España, los sindicatos del sector ferroviario están convocando una huelga de la empresa Renfe (Red Nacional de Ferrocarriles Españoles) para el 28 de octubre y paros parciales el 7 y el 11 de noviembre. Las protestas son resultado de la inacción de la empresa para acordar el nuevo convenio colectivo, indican los promotores de dicha medida de fuerza. Los sindicatos exigen, además, que se dé respuesta “a la evidente falta de personal en todas las áreas y colectivos de la empresa” mediante la prórroga de los contratos temporales.

Unas 15 mil personas, según fuentes oficiales, se movilizaron el 15 de octubre en Madrid para exigir la actualización de pensiones y salarios conforme al Índice de Precios de Consumo. Dos de las principales centrales sindicales españolas (Comisiones Obreras y UGT), anticiparon una jornada de protesta nacional para el 3 de noviembre. En tanto, sectores de la izquierda anticapitalista organizan encuentros y debates en 40 ciudades para replicar en la península las protestas que se están dando en Bélgica, Francia y Gran Bretaña.

Octubre también ha despertado en un ambiente de cólera en Gran Bretaña, donde se esperan nuevas manifestaciones en las próximas semanas. El 1 de octubre, varias protestas sociales desbordaron las calles de los centros urbanos más grandes con reivindicaciones precisas que van desde el aumento salarial hasta la protección del clima.

Adicionalmente, diversas organizaciones --en particular del movimiento juvenil-- han convocado nuevas movilizaciones en distintas ciudades europeas durante las próximas semanas, retomando la iniciativa de ganar las calles en defensa del clima. Convencidos de que la sociedad civil planetaria en general y la europea en particular, deben exigir resultados concretos a la Conferencia de las Naciones Unidas sobre el Cambio Climático, la COP27 que se realizará en Sharm el-Sheij, Egipto, del 6 al 18 de noviembre. 

#LibérenlosATodos #LibérenAAlaa: Campaña por la liberación de Alaa Abdlfattah y los 60.000 presos políticos en Egipto

Europa palpita. Se moviliza y protesta ante la dimensión de la crisis económica y social. En paralelo, comienza a tomar fuerza entre expertos y analistas –y más tibiamente entre sindicatos y actores sociales-- la pregunta sobre quién pagará la factura principal de la guerra Ucrania-Rusia y de la futura reconstrucción de Ucrania. En este conflicto, en el propio corazón europeo, nada es gratis. La industria bélico-armamentista, la principal beneficiada, le saca punta al lápiz y se refriega las manos. La ciudadanía europea, ya sancionada por el aumento estrepitoso de los precios de los combustibles y la energía, empieza a alzar la voz.

18/10/2022

SERGIO FERRARI
Suspense au Brésil : qui occupera le Palais du Planalto le 1er janvier 2023 ?
L'Amérique latine retient son souffle

Sergio Ferrari, 17-10-2022
En collaboration avec Djalma Costa, Tuto Wehrle et E-CHANGER, ONG suisse de coopération solidaire présente au Brésil

Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Au-delà du second tour de l’élection présidentielle au Brésil (30 octobre), les regards de l'Amérique latine se tournent déjà vers le 1er janvier 2023, date à laquelle le président qui dirigera le pays pendant quatre ans prendra ses fonctions. La question essentielle est : quelle sera l'orientation politico-idéologique triomphante dans le géant sud-américain ?

Cette orientation aura un impact direct sur tout le continent latino-américain. Avec 220 millions d'habitants et 8,5 millions de kilomètres carrés, le Brésil est le pays le plus important de la région. Et de son propre avenir dépendra, en partie, si l'Amérique latine peut faire des pas plus significatifs vers l'unité économique et politique, pour le moment plus ou moins à l’arrêt.


La santé de la planète

Ce qui est en outre en jeu, c’est l’état de santé de la région amazonienne, véritable poumon de la planète, aujourd'hui victime d'une déforestation accélérée : connaîtra-t-elle une réhabilitation progressive ou une aggravation ? Au cours du seul premier semestre de l'année en cours, la plus grande forêt tropicale de la planète a perdu près de 4 000 kilomètres carrés de végétation, soit 10,6 % de plus qu'à la même période en 2021 et 80 % de plus qu'à la même période en 2018, un an avant l'arrivée de Bolsonaro au pouvoir.

Au-delà de la sphère environnementale, les certitudes et les hypothèses concernant cette nouvelle étape politique sur le point de commencer sont diverses.


Les extrêmes politiques

Le Brésil sort des urnes extrêmement polarisé. Aucun des deux camps - celui de l'extrême droite, dirigé par Jair Messías Bolsonaro, et celui du centre-gauche, par Luis Inázio Lula da Silva - ne pourra parvenir à une hégémonie suffisante pour conférer au prochain président un pouvoir incontestable. La gouvernance brésilienne elle-même pourrait prendre de sérieux risques dans un avenir proche.

Le Parlement sera un miroir direct de la polarisation post-électorale croissante. Deux faces d'une même pièce : d'importantes voix représentatives des mouvements sociaux urbains, du Mouvement des Sans Terre et des organisations indigènes ont été élues, ce qui permet d'augmenter le nombre de députés alignés sur Lula. Cependant, la droite la plus radicale semble se consolider, et selon les négociations internes de cet espace, elle pourrait même assurer la majorité dans les deux chambres.

Après ces élections, le projet de l'extrême droite au Brésil ne dépend plus seulement de ce que représente un leader messianique, mais il a pris du poids et se montre consolidé. D'autre part, en tant que projet ultra-conservateur, il se projette comme référence principale des secteurs réactionnaires de tout le continent, remplaçant dans ce rôle les forces de droite colombiennes, aujourd'hui frappées par la perte d'hégémonie depuis les dernières élections et la victoire de Gustavo Petro.

Le projet bolsonariste exprime en Amérique latine des phénomènes similaires qui se produisent sous différentes latitudes du globe. Entre autres, le trumpisme yankee, Fratelli d'Italia, qui a remporté une victoire électorale dans la péninsule fin septembre, VOX en Espagne, devenu troisième force électorale, le Rassemblement national - ancien Front national,- de Marine Le Pen, en France - qui a réussi à atteindre le ballotage au second tour en avril dernier -, et la droite victorieuse en Suède lors des dernières élections du 11 septembre. Sans oublier la force que le projet de droite/extrême droite accumule depuis longtemps dans d'autres pays, comme l'Autriche et la Hongrie.

 

Le MST se mobilise contre Bolsonaro et dénonce l'augmentation de la crise alimentaire au Brésil

Une nation fondamentalement inégalitaire

Le fossé économique et social interne au Brésil est de plus en plus profond et continuera de marquer non seulement les quatre prochaines années, mais plusieurs générations de Brésiliens. Aujourd'hui, 60 % de la population ne parvient pas à assurer les quatre repas quotidiens et 33 millions de personnes souffrent de la faim, situation similaire à celle de la crise du début des années 1990.