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05/04/2024

YANIV KUBOVICH
Israël a créé des “zones de mise à mort” à Gaza : quiconque y pénètre est abattu

 

Yaniv Kubovich, Haaretz, 31/3/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’armée israélienne affirme que 9 000 terroristes ont été tués depuis le début de la guerre à Gaza. Des responsables de la défense et des soldats expliquent cependant à Haaretz qu’il s’agit souvent de civils dont le seul crime a été de franchir une ligne invisible tracée par les FDI.


Soldats de l’armée israélienne à Khan Younès, le mois dernier. Photo Olivier Fitoussi

Il s’agissait d’une annonce de routine de plus de la part de l’armée israélienne. Après le lancement d’une roquette sur Ashkelon, « un terroriste qui avait tiré la roquette a été identifié et un avion de l’armée de l’air l’a attaqué et éliminé ». En apparence, il s’agissait d’une nouvelle statistique dans la liste des militants du Hamas morts.

Cependant, il y a plus d’une semaine, d’autres documents relatifs à l’incident ont fait surface sur Al-Jazeera. On y voit quatre hommes, et non un seul, marchant ensemble sur un large chemin, en vêtements civils. Il n’y a personne à proximité, seulement les ruines des maisons où les gens vivaient autrefois. Ce silence apocalyptique dans la région de Khan Younès a été brisé par une forte explosion. Deux des hommes sont tués sur le coup. Deux autres, blessés, tentent de continuer à marcher. Ils pensaient peut-être avoir été sauvés, mais quelques secondes plus tard, une bombe est tombée sur l’un d’entre eux. On voit alors l’autre tomber à genoux, puis un boum, du feu et de la fumée.

« Il s’agit d’un incident très grave », a déclaré à Haaretz un officier supérieur des Forces de défense israéliennes. « Ils n’étaient pas armés, ils ne mettaient pas en danger nos forces dans la zone où ils marchaient ». En outre, selon un officier des services de renseignement qui connaît bien l’affaire, il n’est pas du tout certain qu’ils aient été impliqués dans le lancement de la roquette. Selon lui, il s’agissait simplement des personnes les plus proches du site de lancement - il est possible qu’il s’agisse de terroristes ou de civils à la recherche de nourriture.

Cette histoire n’est qu’un exemple, rendu public, de la manière dont les Palestiniens sont tués par les tirs des FDI dans la bande de Gaza. On estime aujourd’hui à plus de 32 000 le nombre de morts parmi les habitants de Gaza. Selon l’armée, quelque 9 000 d’entre eux sont des terroristes.

Images de l’attaque publiées par Al Jazeera. Avertissement : contenu pénible

Cependant, un grand nombre de commandants de l’armée de réserve et de l’armée permanente qui se sont entretenus avec Haaretz ont mis en doute l’affirmation selon laquelle tous ces hommes étaient des terroristes. Ils laissent entendre que la définition du terme “terroriste” est sujette à de nombreuses interprétations. Il est tout à fait possible que des Palestiniens qui n’ont jamais tenu une arme de leur vie aient été élevés au rang de “terroristes” à titre posthume, du moins par les FDI.

"Dans la pratique, un terroriste est toute personne que les FDI ont tuée dans les zones où leurs forces opèrent", explique un officier de réserve qui a servi à Gaza.

Les chiffres de l’armée ne sont pas secrets. Au contraire, ils sont devenus au fil du temps une source de fierté, peut-être ce qui se rapproche le plus d’une « image de victoire » qu’Israël a obtenue depuis le début de la guerre. Mais cette image n’est pas tout à fait authentique, comme l’explique un officier supérieur du commandement sud, très au fait de la question.

« Il est étonnant d’entendre, après chaque opération, les rapports sur le nombre de terroristes tués », explique-t-il : « Il n’est pas nécessaire d’être un génie pour comprendre qu’il n’y a pas des centaines ou des dizaines d’hommes armés qui courent dans les rues de Khan Younès ou de Jabaliya et qui combattent les FDI ».

Alors, à quoi ressemblent vraiment les batailles à Gaza ? Selon un officier de réserve qui s’est rendu sur place, « il y a généralement un terroriste, peut-être deux ou trois, caché dans un bâtiment. Ceux qui les découvrent sont des combattants équipés de matériel spécial ou de drones ».

L’un des rôles de cet officier était d’informer les échelons supérieurs du nombre de terroristes tués dans la zone où lui et ses hommes se battaient. « Il ne s’agissait pas d’un débriefing officiel où l’on vous demande de présenter tous les corps », explique-t-il. « Ils vous demandent combien et je donne un chiffre basé sur ce que nous voyons et comprenons sur le terrain, et nous passons à autre chose ».


Enfants à Khan Younès vendredi 29 mars. Photo Ahmed Zakot/Reuters

Il souligne : « ce n’est pas que nous inventons des corps, mais personne ne peut déterminer avec certitude qui est un terroriste et qui a été touché après avoir pénétré dans la zone de combat d’une force de Tsahal ». En effet, un certain nombre de réservistes et d’autres soldats qui se trouvaient à Gaza ces derniers mois soulignent la facilité avec laquelle un Palestinien est inclus dans une catégorie spécifique après sa mort. Il semble que la question ne soit pas de savoir ce qu’il a fait mais où il a été tué.

Au cœur d’une zone de mise à mort

La zone de combat est un terme clé. Il s’agit d’une zone dans laquelle une force s’installe, généralement dans une maison abandonnée, et dont les abords deviennent une zone militaire fermée, sans qu’elle soit clairement identifiée comme telle. Un autre terme pour désigner ces zones est celui de “kill zones” [zones de mise à mort”].

« Dans chaque zone de combat, les commandants définissent de telles zones de mise à mort », explique l’officier de réserve. "Il s’agit de lignes rouges claires que personne n’appartenant pas à Tsahal ne peut franchir, afin que nos forces présentes dans la région ne soient pas touchées. Les limites de ces zones d’abattage ne sont pas déterminées à l’avance, pas plus que leur distance par rapport à la maison où se trouvent les forces ».

25/11/2023

Les femmes soldates qui ont averti de l’imminence d’une attaque du Hamas le 7 octobre, et qui ont été ignorées
Le blues des tatzpitanit de l’armée israélienne rescapées du Samedi noir

NdT
Les deux articles ci-dessous, du correspondant militaire du quotidien israélien Haaretz, jettent une lumière aveuglante sur le merdier qu’est devenue “l’armée la plus morale du monde”, actuellement occupée à commettre un génocide pour exercer “le droit à la défense” de “la seule démocratie du Moyen-Orient”. L’’état de l’’armée israélienne évoque de plus en plus celui de l’armée US au Vietnam à partir de l’Offensive du Têt du FNL au Sud-Vietnam en février 1968 : une armée-patchwork traversée par des clivages et des incompatibilités de toutes sortes : ethniques, idéologiques, culturels, de genre, en un mot anthropologiques. Aujourd’hui, la galère des petites guetteuses, véritables cyber-esclaves .-FG

Yaniv Kubovich, Haaretz, 20/11/2023

Tout au long de l’année écoulée, les guetteuses des Forces de défense israéliennes (FDI) stationnées à la frontière avec Gaza, toutes des femmes, ont averti que quelque chose d’inhabituel était en train de se produire. Celles qui ont survécu au massacre du 7 octobre sont convaincues que si des hommes avaient tiré la sonnette d’alarme, la situation serait différente aujourd’hui

 

Photo : Ariel Shalit / Animation : Aron Ehrlich

Trois jours après le massacre du 7 octobre dans le sud d’Israël, Mai - une guetteuse qui sert dans la division de Gaza des FDI et qui a survécu à l’assaut meurtrier du Hamas contre sa base militaire près de la frontière - a reçu un appel téléphonique à son domicile.

Au bout du fil, une personne de la division des ressources humaines de l’armée. « Si tu ne reviens pas à ton poste, l’a-t-elle prévenue, c’est de l’absentéisme en temps de guerre et ça peut te valoir jusqu’à dix ans de prison ». Des messages identiques ont également été envoyés à des collègues de la base militaire qui, comme elle, s’étaient retrouvées le Samedi noir enfermées dans une salle d’opérations, “armées” uniquement de leurs téléphones cellulaires, alors que les terroristes du Hamas se déchaînaient.

« Nous avons essayé d’expliquer que nous ne pouvions pas revenir au boulot », raconte Mai. « Nous avons perdu nos camarades. Nous avons passé des heures à nous cacher, au milieu des cadavres, dans cette salle d’opérations ».

21/10/2022

  YANIV KUBOVICH/JACK KHOURY
La Tanière des Lions de Naplouse, un sacré casse-tête pour l’occupant israélien et l’(In)autorité palestinienne

Yaniv Kubovich et Jack Khoury, Haaretz, 12/10/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La “Tanière des Lions” [عرين الأسد arin al ousoud  גוב האריות gov-ha-ar-ayot, Lion’s Den] est une cellule laïque et inorganisée [une façon de parler, NdT] composée principalement de jeunes hommes palestiniens. En quelques semaines, elle est devenue le principal auteur des tirs contre les soldats israéliens autour de Naplouse
 

Des jeunes de Naplouse attaquent les forces de sécurité de l'(In)autorité palestinienne après l'arrestation de Shtayeh en début d'année. Photo : JAAFAR ASHTIYEH - AFP

Au début de 2022, les responsables de la sécurité israélienne ont noté une augmentation du nombre d'incidents de tirs dirigés contre des cibles militaires israéliennes dans la région de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. L'augmentation des incidents a été attribuée, à l'époque, à un groupe appelé les Bataillons de Naplouse, qui avait intensifié son activité dans la vieille ville de Naplouse.

Sur la base des renseignements recueillis, les responsables de la sécurité ont manifesté un intérêt particulier pour plusieurs personnalités éminentes du groupe, et il a été décidé de prendre des mesures à leur encontre. En février, après que l'agence de sécurité Shin Bet eut déterminé que quatre membres du groupe prévoyaient d'attaquer des soldats israéliens prochainement, il a été décidé de procéder à leur assassinat ciblé.

Au cours de la journée du 8 février, les troupes de Yamam, l’unité spéciale ce contre-insurrection [“lutte contre le terrorisme”] de la police aux frontières, sont entrées dans le centre de Naplouse pour coincer la bande. Dans l’échange de tirs qui s’est ensuivi, trois membres du groupe palestinien ont été tués – Ashraf al-Mubaslat, Adham Mabrukeh et Mohammed al-Dakheel – qui étaient connus des autorités de sécurité israéliennes comme membres des Bataillons de Naplouse. Un quatrième homme, Ibrahim al-Nabulsi, qui dirigeait le groupe armé, n'était pas présent ce jour-là.

Six mois plus tard, le 9 août, les forces israéliennes ont tué al-Nabulsi, qui se cachait dans la région de Naplouse. Les Forces de défense israéliennes ont alors annoncé qu'il avait fait partie de la bande terroriste de Mabrukeh, qui n'était « pas affiliée à une organisation terroriste » [sic].

Soldats israéliens près de Naplouse, la semaine dernière. Photo  : Majdi Mohammed/AP

Un mois après la mort d'al-Nabulsi, un Israélien qui roulait en voiture près du village palestinien de Hawara en Cisjordanie a été abattu depuis un véhicule qui a fui les lieux. Un groupe appelé La Tanière des Lions, inconnu des autorités israéliennes, a revendiqué la responsabilité de la fusillade. Depuis lors, le groupe, qui a été responsable d'un grand nombre d'attaques armées dans la région de Naplouse, est devenu un problème majeur pour les forces de sécurité israéliennes et pour les forces de sécurité de l'(In)autorité palestinienne.

Les responsables de la sécurité israélienne pensent que le groupe est composé de personnes qui avaient précédemment été membres d'autres groupes et qu'une série d'événements les a amenés à se « rebaptiser » La Tanière des Lions.

Les membres du groupe sont actifs dans la région de Naplouse, principalement dans sa vieille ville et dans le camp de réfugiés de Balata, et leur objectif déclaré est d'affronter les soldats de Tsahal lorsqu'ils entrent dans la ville ou viennent escorter les juifs orthodoxes venant prier au Tombeau de Joseph à la périphérie de la ville. La plupart sont de jeunes hommes laïcs âgés de 18 à 24 ans qui ne fréquentent pas les mosquées et ne sont pas influencés par des personnalités religieuses.

Dans une conversation avec Haaretz, les membres du groupe ont reconnu que leurs opérations étaient centrées sur la réponse aux opérations de l'armée israélienne ou qu'elles étaient lancées au niveau local. « Il n'y a pas de salle d'opération au sens militaire, ni de plans ou d'objectifs officiels », disent-ils. Ils ajoutent qu'ils sont loin d'être une milice organisée et qu'ils ne mènent pas d'opérations telles que celles de la branche militaire du Hamas ou du Jihad islamique dans la bande de Gaza.

Un enregistrement attribué à al-Nabulsi, peu avant sa mort : « Je suis entouré maintenant, j'aime ma mère et je vais mourir comme un martyr. Protégez la patrie, je vous adjure tous de faire le serment de ne pas déposer les armes. »

14/07/2022

YANIV KUBOVICH
Une soldate israélienne se suicide après avoir déclaré avoir été violée. L'armée enquête maintenant sur des soupçons de négligence

Yaniv Kubovich, Haaretz, 12/7/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Bien qu'elle ait signalé le viol le soir même, la soldate n'a pas été emmenée pour se faire soigner, sa plainte n'a pas été transmise et son accès à une arme n'a pas été limité.

Soldates israéliennes lors du Yom HaZikaron (Journée du souvenir des soldats morts en opération) 2021. Photo Getty Images

Une femme soldat a signalé à ses officiers qu'elle avait été violée. Sa plainte n'a pas été transmise comme il se doit, et aucun membre des services de santé mentale de l'armée ne lui en a parlé. Dix jours après avoir signalé son viol, et après une première tentative ratée, elle s'est suicidée sur la base où elle servait, avec l'arme de son commandant.

La police militaire interroge actuellement les officiers impliqués dans l'affaire pour suspicion de négligence, car ils n'ont pas transmis la plainte de la soldate à la police israélienne ou à la police militaire, et ne lui ont pas fourni un traitement approprié.

Environ 10 jours avant de mettre fin à ses jours, la soldate a participé à une fête de Pourim en dehors de la base où elle servait. Après la fête, elle a informé ses commandants qu'elle avait été violée et qu'elle était en mauvaise condition psychologique. Malgré sa plainte, elle n'a pas été conduite dans la salle de traumatologie spéciale de l'hôpital pour les victimes d'agressions sexuelles. En outre, aucune mesure n'a été prise pour limiter son accès à une arme, comme cela devrait être fait dans de tels cas.

Bien que ses commandants aient signalé le viol aux services de santé mentale de l'armée et au conseiller du chef d'état-major pour les questions de genre, leurs représentants ne l'ont pas rencontrée.

La veille de sa mort, la soldate a été hospitalisée après une tentative de suicide ratée. Selon des sources au fait de l'affaire, alors qu'elle était à l'hôpital, un responsable de la santé mentale lui a téléphoné pour lui demander comment elle allait, mais n'a pas donné suite pour s'assurer qu'un environnement sûr l'attendait à sa sortie de l'hôpital. Sa famille immédiate n'était pas en Israël à ce moment-là, et on ignore ce qu'elle savait à ce stade.

Elle est sortie de l'hôpital sans que personne de l'armée ne l'accompagne et aucun membre de l'armée n'a tenté de la contacter. Son accès à une arme n'a pas été restreint, et elle a été autorisée à entrer dans les bases de l'armée.

19/09/2021

Les forces de sécurité israéliennes capturent les deux derniers évadés palestiniens à Jénine

 Josh Breiner, Jack Khoury et Yaniv Kubovich, Haaretz, 19/9/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

 La chasse aux six évadés de la prison de Gilboa touche à sa fin, alors que des affrontements entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes ont été signalés à Jénine.

 

Monadal Infiat et Iham Kamamji

Les forces de sécurité israéliennes ont appréhendé les deux derniers des six prisonniers palestiniens de haute sécurité qui se sont échappés de la prison de Gilboa il y a environ deux semaines, dans la nuit de samedi à dimanche, dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie.

Les quatre autres évadés ont été appréhendés la semaine dernière. Tous les six sont originaires des environs de Jénine.

Selon la police israélienne, Kamamji et Infiat se sont cachés ensemble dans une maison de Jénine au cours des derniers jours. Après que le service de sécurité Shin Bet a reçu des renseignements sur leur localisation quelques heures plus tôt, les forces de police spéciales et les soldats israéliens ont encerclé le bâtiment où les deux hommes se seraient cachés. Kamamji et Infiat sont sortis du bâtiment sans armes et se sont rendus sans résister, a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué. Ils ont ensuite été emmenés pour être interrogés. Deux Palestiniens soupçonnés d'avoir aidé et encouragé la fuite des fugitifs ont également été arrêtés.

La nouvelle de la capture d'Iham Kamamji et de Monadel Infiat est intervenue au milieu des affrontements entre les Palestiniens et les forces de sécurité israéliennes dans la ville. L'armée israélienne a déclaré que des émeutes ont éclaté dans toute la zone alors que les forces quittaient la ville, au cours desquelles des pierres et des explosifs improvisés ont été lancés et des Palestiniens ont tiré sur les soldats. L'armée israélienne craignait que des hommes armés ne sortent du camp de réfugiés de Jénine l'arrivée des forces ; des troupes ont été envoyées dans la zone afin d'éviter tout trouble.