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01/09/2021

GIDEON LEVY
La joyeuse visite du président Herzog aux écoles d'apartheid d'Israël

Gideon Levy, Haaretz, 1/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Le président de l'État d'apartheid et son épouse ont effectué cette semaine une visite d'État dans des "fermes blanches" en Cisjordanie. Le nouveau président, considéré comme un homme de gauche, a visité deux d'entre elles, l'une violente et l'autre bourgeoise, toutes deux situées sur des terres volées selon le droit international. Dans l'une, il a visité une ulpana, ou école religieuse pour filles, tandis que dans l'autre, il a visité une école Montessori. C'est là toute la beauté des fermes blanches : elles contiennent "toute la mosaïque israélienne", comme l'a dit le président.

Le président israélien Isaac Herzog en Cisjordanie avec son épouse et des dirigeants de colons, mardi. Photo : Amos Ben Gershom/GPO

Comme il est agréable, vraiment, que dans ce pays d'apartheid, il y ait une école qui fonde sa méthode d'enseignement sur un "environnement d'apprentissage libre". La colonie de Sela'it est justement l'endroit idéal pour faire la démonstration de la liberté.

Ce fut une visite passionnante, selon le rapport publié sur le site d'Arutz Sheva. Isaac Herzog a été enthousiasmé par "le splendide paysage humain de la Samarie". Et vraiment, où peut-on trouver un paysage humain aussi merveilleux que dans les colonies de Har Bracha et de Sela'it ? C'est merveilleux que le président ait consacré l'une de ses premières visites officielles en tant que président à ces fermes blanches. De toute évidence, il n'a pas pris la peine de voir les habitants des communes adjacentes, même pas à travers des jumelles.

Rappelons donc au président où il est allé. En face de Har Bracha se trouve le village de Burin. Vraisemblablement, Herzog ne l'a jamais visité et ne le fera jamais. Les habitants de Burin vivent sous la menace constante d'attaques violentes - contre leurs biens et leurs vies - de la part des colons de la région, avec le soutien de l'armée. Il est difficile de dire si les voyous viennent de Yitzhar, de l'avant-poste violent de Givat Ronen, qui est une excroissance de Har Bracha, ou de Har Bracha lui-même. On peut supposer qu'ils viennent de toutes ces colonies. B'Tselem a recensé 17 attaques de ce type au cours de l'année et demie écoulée.

Lorsque Herzog et son épouse sont photographiés aux côtés du leader des colons Yossi Dagan et du rabbin Eliezer Melamed, il donne à ces programmes le plus haut sceau d'approbation que l'État puisse offrir. Pas un mot présidentiel sur les agressions, les arrachages d'arbres, les incendies d'oliveraies, les attaques contre les agriculteurs et les incendies de maisons. Juste le "splendide paysage humain" de la Samarie, qui n'est pas seulement splendide, mais aussi 100 % juif.

Le deuxième endroit que le président a visité est tout aussi répugnant - Sela'it, une colonie laïque bourgeoise, l'une des plus riches. Ici, on ne voit pas l'occupation. La barrière de séparation se trouve à l'est de la colonie, qui s'appelle elle-même un moshav. Ici, les Herzog pourraient voir un autre type d'apartheid, s'ils s'intéressaient la réalité locale - l'apartheid qui est caché à la vue, et qui est donc peut-être encore pire que la version plus ouverte. Pas de clôture, pas de poste de contrôle. Une partie d'Israël.

Un village palestinien voisin, Hirbat Jabara, est resté pendant plusieurs années à l'ouest de la clôture - comme Sela'it, mais sans la liberté - jusqu'à ce que la clôture de séparation soit démolie et reconstruite spécifiquement pour placer le village au-delà de la clôture et hors de vue des sensibles Montessoriens de Sela'it. La vie est belle à Sela'it : une école Montessori, pas de clôture ni d'occupation visible depuis le balcon, pas de postes de contrôle et, surtout, pas d'Arabes. Au lieu de cela, il y a une vue qui s'étend jusqu'à la mer. Il n'est pas étonnant que lors des dernières élections, 75 % des résidents aient voté pour les partis de gauche et du centre - plus qu'à Tel Aviv. Il ne s'agit pas vraiment d'une colonie ; après tout, ils ne font que s'installer sur des terres confisquées par l'État pour des "besoins de sécurité".

C'était une visite présidentielle importante. Elle a démontré une fois de plus que l'annexion a eu lieu il y a longtemps. Herzog n'a pas voyagé à l'étranger, il a voyagé au cœur d'Israël. Si Har Bracha fait partie de l'État, l'État est un État d'apartheid. Herzog a offert une reconnaissance de ce fait, pour que tout le monde puisse le voir. Le président a complètement ignoré l'existence de la majorité de la population dans la zone qu'il a visitée ; pour lui, comme pour tous les Israéliens, elle n'existe pas. 


Lorsque M. Herzog rencontrera des dignitaires européens et américains, il leur dira à quel point il soutient le processus de paix et la solution des deux États et ils se pâmeront devant lui. Comme lui, ils sont tous pour la paix et la justice. Tout comme un autre président, Balthazar Johannes Vorster, qui a dirigé l'ancien État d'apartheid, et qui était également un ami d'Israël.

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