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23/10/2021

Benny Gantz interdit sept ONG palestiniennes comme organisations terroristes

Jonathan Lis et Hagar Shezaf, Haaretz, 22/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans une déclaration commune, Amnesty International et Human Rights Watch ont qualifié cette décision d'"escalade alarmante", tandis que le ministère palestinien des Affaires étrangères l'a "condamnée sans équivoque".


Le ministre israélien de la Défense [et Premier ministre à partir du 17 novembre], le général de brigade Benny Gantz, a signé vendredi un décret déclarant sept organisations de la société civile en Cisjordanie comme organisations terroristes.

Selon un communiqué du ministère de la Défense, ces organisations opèrent au sein d'un réseau dirigé par le « groupe terroriste » du Front populaire de libération de la Palestine.

Certains de ces groupes opèrent comme des organisations de défense des droits humains : Addameer offre un soutien juridique aux prisonniers et collecte des données sur les arrestations et les détentions administratives, et travaille activement à mettre fin à la torture et aux violations des droits des prisonniers. Defence for Children International Palestine surveille les meurtres d'enfants et les conditions de détention des mineurs arrêtés en Israël.

Selon la déclaration, ces groupes "ont reçu d'importantes sommes d'argent de pays européens et d'organisations internationales tout en utilisant des méthodes de fraude et de tromperie." L'argent a ensuite été utilisé par le FPLP pour promouvoir le terrorisme, recruter des membres et payer des salaires à des prisonniers sécuritaires et à leurs familles ainsi qu'à des terroristes.

"Les groupes sont contrôlés par les hauts dirigeants du FPLP et emploient de nombreux membres du groupe à des postes de direction et sur le terrain - y compris des militants qui ont été impliqués dans le terrorisme", peut-on lire dans la déclaration.

Les sept groupes sont Addameer, Al-Haq, Bisan Center for Research and Development, Defence for Children International Palestine, Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network, l'Union des comités de femmes palestiniennes et l’Union des Comités  de travail agricole, [membre de l'union internationale de paysans Via Campesina, NdT]. [L'ONG sioniste NGO Monitor a identifié 7 autres ONG « liées à l'organisation terroriste du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et financées par des structures gouvernementales européennes et, dans certains cas, d’ailleurs », NdT].

Dans une déclaration commune, Amnesty International et Human Rights Watch ont qualifié cette décision de "consternante et injuste". Cette décision constitue « une attaque du gouvernement israélien contre le mouvement international des droits humains » .

"Cette décision est une escalade alarmante qui menace de mettre un terme au travail des organisations de la société civile les plus importantes de Palestine", peut-on lire dans la déclaration commune.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des Expatriés a "condamné sans équivoque" vendredi la décision de Gantz.

"Cette calomnie fallacieuse et diffamatoire est une attaque stratégique contre la société civile palestinienne et le droit fondamental du peuple palestinien à s'opposer à l'occupation illégale d'Israël et à dénoncer ses crimes continus", indique un communiqué du ministère.

Le ministère a ajouté que "cette mesure scandaleuse est la dernière d'une campagne systémique et implacable contre les organisations de la société civile palestinienne et les principaux défenseurs des droits humains".

Le ministère a également mis en garde "contre les graves conséquences possibles de cette agression sans précédent et tient Israël pleinement responsable de la sécurité du personnel des organisations".

L'organisation israélienne de défense des droits humains B'Tselem a déclaré que "la classification par le gouvernement israélien des organisations palestiniennes de défense des droits humains comme organisations terroristes n'est pas simplement déclarative".

"Il s'agit d'un acte caractéristique des régimes totalitaires, dans le but évident de faire disparaître ces organisations", a ajouté B'Tselem.

Toutes ces organisations sont affiliées à la gauche politique palestinienne, et certaines ont critiqué l'Autorité palestinienne par le passé. Par exemple, en mars dernier, Al-Haq a publié un rapport sur l'état de la liberté d'expression sous l'Autorité palestinienne. Al-Haq est également l'une des organisations qui font avancer les procédures devant la Cour pénale internationale contre les actions d'Israël dans les colonies.

Au fil des ans, Israël a pris diverses mesures à l'encontre des membres des différentes organisations, et ce n'est que cette semaine que l'organisation Addameer a annoncé qu'Israël avait révoqué la résidence permanente de l'un de ses avocats, Salah Hammouri, de Jérusalem-Est. Selon l'organisation, la décision a été justifiée par l'implication de Hammouri dans "une activité terroriste ou une affiliation avec un organisme terroriste", selon des informations confidentielles.

L'Union des comités de travail agricole est une organisation qui aide les agriculteurs palestiniens, notamment dans la zone C. Deux membres de cette organisation, Samer Arbid et Abdel Razeq Farraj, membres du Front populaire de libération de la Palestine, ont été inculpés pour leur implication dans le meurtre d’une femme colon, Rina Shnerb en 2019. Arbid a été inculpé de meurtre et Farage de complicité.

Les organisations de défense des droits des prisonniers, dont Addameer et Defence for Children International Palestine, ont publié vendredi une déclaration à la suite de cette décision, la qualifiant de "poursuite de l'attaque contre le peuple palestinien et ses institutions ... dans une tentative d'effacer la société civile palestinienne". Les organisations ont ajouté que ces dernières années, elles ont souffert de boycotts, d'arrestations de leurs employés et de restrictions de leur travail dans le domaine des droits humains.

NdT: des critiques de cette décision et des demandes d'explications ont été émises par Washington, l'UE et l'ONU. Reste à voir si elles seront suivies d'actes.


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