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28/11/2021

GILI IZIKOVICH
Agur Schiff, un romancier israélien qui ose écrire sur la traite négrière et les Juifs en Afrique

Gili Izikovich, Haaretz, 25/11/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Gili Izikovich (1980) est journaliste, critique littéraire, de cinéma et de télévision au quotidien israélien Haaretz depuis 2008.

« Oui, c'est vrai. Le grand-père de mon arrière-arrière-grand-père était un marchand d'esclaves ». Le nouveau livre d'Agur Schiff met en scène un Israélien, son homonyme, qui se rend en Afrique et est jugé pour être le descendant d'un trafiquant d'esclaves. L'auteur explique pourquoi cette histoire devait être racontée

 Agur Schiff : « Un écrivain est quelqu'un qui veut être aimé. Comment génèrent-ils cet amour ? Auprès de qui ? » Photo : Hadas Parush

En décembre dernier, épuisé après avoir travaillé sur son dernier roman et inquiet de voir la pandémie retarder sa sortie, l'auteur israélien Agur Schiff a décidé d'entreprendre un voyage.

Rien de ce voyage ou de cette destination n'a été laissé au hasard : le Ghana n'était pas seulement un pays dont Schiff était devenu légèrement obsédé ; c'était aussi un lieu d'une importance significative dans le livre sur lequel il avait travaillé, dont l'histoire se déroule dans un pays d'Afrique occidentale sans nom.

Le Ghana ne l'a pas déçu.

Au cours de sa visite, il a rencontré un ancien chef militaire, a passé une agréable soirée avec des membres de la société littéraire locale et a visité les principaux sites historiques d'un pays qui a été une plaque tournante et une porte d'entrée majeure pour le trafic d'esclaves du 16e  au 19e  siècle. M. Schiff a visité le Fort Saint-Georges (Fort d'Elmina), où les esclaves étaient chargés sur les navires, et le Fort de Cape Coast, aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, où le musée de la traite négrière lui a donné un léger aperçu, une sorte de présage, du champ miné d'identités qu'il avait choisi de traverser.

« Ils ont érigé un site commémoratif pour les touristes venus d'Amérique pour retrouver leurs racines à Cape Coast », raconte-t-il. « Il y a des tombes avec les restes de deux esclaves qui ont été ramenés par la « Porte du non-retour », par laquelle des millions d'Africains ont été forcés de monter sur les bateaux qui leur faisaient traverser l'Atlantique.

« Ils ont construit un mur à côté des tombes et les touristes visiteurs écrivent quelque chose dessus. Spontanément, j'ai décidé d'écrire quelque chose en utilisant un marqueur magique. Mais alors, le gardien du site s'est précipité et a crié "Non ! Non ! Non !" Je lui ai demandé pourquoi et il m'a répondu : 'Parce que tu n'es pas noir'. Je lui ai demandé comment il le savait et après m'avoir jeté un coup d'œil de généticien, il m'a dit 'Je sais' - et ne m'a pas autorisé à écrire ».

 

Agur Schiff : « Je suis toujours très cynique à l'égard de ceux qui font fortune grâce aux guerres, qui écrivent sur l'occupation ou créent de l'art sur l'occupation ». Photo : Hadas Parush

Pas sympa ! Il n'aurait aucun problème à s'exprimer au mémorial de l'Holocauste de Yad Vashem à Jérusalem.

« L'explication qu'il m'a donnée, ainsi que le blâme, j'ai dû les mettre dans mon livre : quand un écrivain blanc écrit sur l'Afrique, il commet un acte évident d'exploitation, de littérature colonialiste. C'est une critique consciente que je devais mettre dans mon livre.

« Je suis toujours très cynique à l'égard de ceux qui font fortune grâce aux guerres, qui écrivent sur l'occupation ou créent de l'art sur l'occupation. Qu'est-ce qu'un écrivain ? Un écrivain est quelqu'un qui veut être aimé. Comment génèrent-ils cet amour ? Auprès de qui ? Cette question me dérange beaucoup. Je me sens aussi coupable : je profite ; un écrivain blanc qui a vécu quelque chose pendant un moment et qui a écrit sur l'Afrique ».

Descendant d'un marchand d'esclaves ?

La culpabilité est le cœur battant de La culpabilité du professeur Schiff, qui est le huitième livre de Schiff. Que peut-on attendre d'autre d'un roman qui commence par : « Oui, c'est vrai. Le grand-père de mon arrière-arrière-grand-père était un marchand d'esclaves ».

Cette satire porte sur le procès spectacle du descendant du marchand d'esclaves juif Klonimus Zelig Schiff, dans une république africaine sans nom. Ajoutez à cela le fait que l'écrivain Schiff a donné son nom à son protagoniste et lui a fourni des détails biographiques tirés de sa propre vie, notamment le fait que le professeur enseigne à la Bezalel Academy of Arts and Design de Jérusalem, et vous comprendrez pourquoi il a tendance à parler à la première personne lorsqu'il évoque le livre.

L'intrigue se déroule sous les yeux du lecteur grâce à un mélange d'imagination débridée, d'autodérision et de volonté de mettre à mal tout ce qui est considéré comme normal, important ou lourd en capital symbolique. Il est difficile d'imaginer une création plus contemporaine -une sorte de cadeau amer et sophistiqué de la génération des baby-boomers à ces supposés réparateurs du monde, les milléniaux.

 

La couverture de "La culpabilité du professeur Schiff", le huitième livre de Schiff. Bientôt publié en anglais. Photo : Yediot Books / Éditions Ahuzat Bait

L'histoire tourne autour du professeur Schiff, un type névrosé et maladroit à la Larry David dont la vie change lorsqu'un homme qui lui doit de l'argent s'acquitte de sa dette en lui offrant - avec son consentement - une belle travailleuse immigrée africaine appelée Lucille. Le professeur, qui, comme sa femme, fait partie de l'élite libérale, tombe amoureux de Lucille.

Afin de se rapprocher d'elle, il se rend dans le pays sans nom d'Afrique occidentale où le grand-père de son arrière-arrière-grand-père, le riche esclavagiste Klonimus, a disparu dans des circonstances mystérieuses. Il s'avère qu'après la mort de sa femme, Klonimus est tombé amoureux d'une jeune esclave de 14 ans et a disparu avec elle et quelques esclaves qu'il a convertis au judaïsme.

À    partir de ce moment, l'histoire se déroule rapidement. Le professeur Schiff est arrêté pour avoir tenté de faire sortir clandestinement des trésors nationaux du pays, puis mis en état d'arrestation par une nouvelle loi visant à juger les marchands d'esclaves et leurs descendants. L'intrigue se dirige ensuite vers un tribunal spécial, au cours duquel le professeur raconte son histoire et celle de sa rencontre avec George Abouagye, l'enquêteur spécial chargé de son cas.

« La culpabilité commence quand je tombe amoureux. Elle commence par le domestique, le simple, le banal, le bavardage et le stupide - quand un vieil homme sale tombe amoureux d'une femme plus jeune que lui, une Noire », explique le romancier, utilisant le "je" pour décrire son personnage. « Le professeur Schiff tombe amoureux d'une femme qui est le summum de l'exotisme. Il y a déjà du racisme ici, et vous avez aussi une double portion de culpabilité. [Lucille] lui est donnée pour payer une dette, mais il en tombe amoureux et sa femme aussi - elle lui offre le parrainage du bienfaiteur libéral, du gauchiste de notre propre milieu.

« L'attrait pour l'exotisme est basé sur quelque chose de primitif. C'est arrogant, condescendant, le mythe du "sauvage" noble et innocent qui n'a pas été touché. D'un autre côté, le grand-père de mon arrière-arrière-grand-père... » - il s'arrête pour une pause brève et certainement dramatique – « ... était un marchand d'esclaves » - jouant une fois de plus avec le lecteur.

 

Schiff a visité le Fort Saint-Georges (Fort d'Elmina), où les esclaves étaient embarqués sur les navires, et le Fort de Cape Coast (photo), désormais inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Photo : Carolyn Kaster / AP

Il y a un moment dans le livre où la femme du protagoniste l'appelle affectueusement "Agury". C'est à ce moment-là que j'ai pensé que tu t'étais mis dans le pétrin en mélangeant vérité et fiction.

 « Ce n'est pas de la fiction, c'est la vérité. Et d'ailleurs, il n'y a pas de différence entre la fiction et la vérité - et ça n'a pas vraiment d'importance ».

 Je ne suis pas d'accord avec ça.

 « Nous vivons à l'ère des fake news - mais ce ne sont pas des nouvelles, pas vraiment des nouvelles, et donc ce ne sont pas des fake. Nous vivons dans une ère où il y a plusieurs versions de l'histoire, et plusieurs récits historiques. Il suffit d'attendre suffisamment longtemps pour que cela devienne "l'histoire" et que les différents récits soient autorisés à coexister. Tant que c'est le présent, nous sommes choqués : "Oh ! Fake news ! Ce n'est pas possible ! Une fois que vous laissez le temps passer, les récits historiques peuvent coexister même s'ils sont complètement différents».

 Peut-être, mais tu parles en théorie et je me réfère à une dure réalité.

 « La dure réalité est que notre mémoire n'est pas de la documentation, elle est trompeuse. La mémoire collective n'est pas non plus de la documentation, et la documentation est limitée, subjective et manipulatrice. Notre aspiration aux faits, en particulier aux faits historiques, est ridicule. Mon livre traite de nos revendications vis-à-vis de l'histoire et de la responsabilité de nos ancêtres à son égard. Ils ont fait ce qu'ils ont fait. À la suite de ce qu'ils ont fait, nous avons une culture dont nous bénéficions tous. Porter aujourd'hui des accusations sur des personnes qui ont agi selon des normes morales totalement différentes est le sommet inquiétant du politiquement correct - quand les gens portent des accusations sur le Dr Seuss, quand 'Autant en emporte le vent' devient un film qui pourrait bientôt être interdit ».

 On peut le regarder, mais un avertissement a été ajouté pour expliquer le contexte.

« Bientôt, ils en feront un film qu'il ne faut pas regarder à cause de ce qu'il dépeint [le Sud d’avant la Guerre de Sécession]. Tous les comptes que nous réglons avec l'histoire ne sont pas seulement bizarres, ils sont absurdes. L'histoire nous a faits, et cette culture est le résultat de personnes travaillant selon des normes morales totalement différentes. C'est comme ça, c'est la vie. Les revendications contre l'histoire ou contre les artistes d'aujourd'hui dont les œuvres sont basées sur l'histoire sont ridicules, et c'est la revendication principale de mon roman ».

Le Fort d'Elmina, au Ghana. Photo : Luc Gnago / REUTERS

Une moquerie élégante

Agur Schiff a 66 ans et n'est pas loin de prendre sa retraite du monde universitaire. Bien qu'il ait écrit huit livres - dont la plupart ont été chaleureusement accueillis et dont deux ont été nominés pour le prix Sapir -on ne peut pas dire qu'il soit connu de tout le monde. Notre conversation, dans un café situé non loin de sa maison au nord de Tel Aviv, commence par un regret à ce sujet et se termine par la constatation que Schiff est trop privilégié pour se distinguer sur le champ de bataille des identités concurrentes.

Son précédent livre, "Anonymity" ("Quel nom minable pour un livre, on aurait aussi bien pu l'appeler "Boredom" [Ennui]", dit-il à propos du titre de son propre livre), était une allégorie sur l'histoire de la littérature israélienne. Il se moquait élégamment de la lutte de pouvoir entre un auteur en perte de vitesse, Aram Frisch, et une superstar de la littérature israélienne, Yoel Onn. Qui Schiff visait est évident [Amos Oz ?, NdT]. La critique d'Omri Herzog dans Haaretz l'a qualifié de « roman complexe et créatif, révélateur et plein d'esprit, mais entièrement dépourvu de respectabilité hautaine ».

Cette description s'applique également aux événements de La culpabilité du professeur Schiff. Les droits de traduction de ce livre, qui devait être publié il y a 18 mois mais a été retardé à cause de la pandémie, ont été vendus aux USA avant même qu'il n'arrive dans les librairies israéliennes. L'éditeur usaméricain a même comparé le roman à Saul Bellow. Il semble que cette fois, grâce à la manière intelligente et multicouche dont il traite l'histoire et aux nombreux symboles et œufs de Pâques qu'il inclut - par exemple, la cabine de verre dans laquelle est assis le professeur Schiff fait écho au procès Eichmann à Jérusalem, et même le nom Klonimus (de l'hébreu "kalon", honte), invite à penser à des actes honteux - tout cela pourrait aboutir à un succès international. Cela est quelque peu surprenant compte tenu du climat actuel du politiquement correct et des messages complexes formulés dans le livre.



Janvier 1896 : Après avoir pris la ville de Kumasi en Ashanti (dans l'actuel Ghana), le gouverneur Maxwell oblige le roi Prempeh et la reine mère à lui faire un acte de soumission. Photo : Hulton Archive / Getty Images

« J'ai fait des recherches approfondies pour le livre », dit Schiff. « Il y a des histoires bien connues d'esclaves qui ont changé de camp et ont aidé les marchands d'esclaves. Il y a aussi les histoires connues du Liberia, qui a été fondé dans les années 1850 par des esclaves libérés qui sont revenus d'USAmérique et dont la première chose qu'ils ont faite a été de réduire les habitants en esclavage. Lorsque j'ai visité le Ghana, il m'est apparu clairement que personne ne parle de l'esclavage en Afrique de l'Ouest. Demandez-moi pourquoi ». [Mister Schiff généralise un peu rapidement, NdT]

Pourquoi ?

« Parce qu'ils y ont pris part. Leur héritage national est basé sur la libération du colonialisme, mais l'esclavage transatlantique ? Ça, ils n'en parlent pas beaucoup. Il y a un peuple au Ghana, les Akan - le principal groupe ethnique du pays - qui a fait fortune dans le commerce des esclaves. C'est une partie de l'histoire qu'ils mettent de côté. Aujourd'hui, les Noirs usaméricains qui font des voyages de découverte au Ghana ignorent ce fait, et c'est bien ainsi.

« Mais en plus du commerce transatlantique, il y avait un commerce dans l'autre sens, vers l'est, par Zanzibar. Pendant des années, les plus grands marchands d'esclaves étaient les Arabes, les musulmans. Les membres de la Nation of Islam aux USA ne s'attardent pas sur ce point. On sait aussi qu'il y avait des marchands d'esclaves juifs. Ils ne constituaient pas un élément majeur ou essentiel du trafic d'esclaves - mais partout où il y avait du commerce, il y avait des Juifs. Je suis désolé, ce n'est pas une remarque antisémite.

« Aujourd'hui, il y a plein de sites ouèbe anti-juifs, appelons-les antisémites, qui utilisent ce fait. Mais tout le monde - l'ensemble du monde occidental - a profité de la traite négrière, que ce soit directement ou indirectement. Toute l'économie occidentale a grandi sur les épaules des esclaves, et le capitalisme est né de la traite transatlantique. Que fabriquaient-ils dans les Caraïbes ? Du sucre, du café, du tabac, du coton - des produits dont les Européens sont devenus dépendants et dont ils ne pouvaient plus se passer. Ils en voulaient toujours plus, et c'est ainsi qu'est né le capitalisme. Aujourd'hui, c'est le seul système que nous comprenions et chérissions ».

Et ça ne marche pas si bien sans esclaves. Vous devez asservir d'une autre manière.

« Exactement. Vous avez des esclaves, mais ils ne sont pas noirs et ils ne viennent pas d'Afrique. Lorsque le mouvement Black Lives Matter a commencé - avant la furie qui a suivi l'assassinat de George Floyd - l'idée de réclamer des réparations pour les descendants d'esclaves avait déjà émergé. C'est là que j'ai pensé : que se passerait-il si un État africain adoptait une loi visant à rendre justice contre les trafiquants d'esclaves ? Cette loi était formulée de manière imaginative, à l'instar de la loi israélienne sur les "nazis et les collaborateurs des nazis" ».


Rassemblement Black Lives Matter à Brooklyn, l'année dernière. Photo : Kathy Willens/AP

 « C'est une satire ; je ne pense pas que nous devions tenir compte de l'histoire. Mais d'un autre côté, je me suis dit : 'OK, comment cette loi va-t-elle fonctionner ?'. Alors je me suis pris comme un cas d'école. J'ai commencé avec cette histoire de Schiff, qui signifie "bateau" en yiddish.

Pourquoi un juif de Biélorussie s'appellerait-il "bateau" ? D'où ça vient ? Tu ne sais même pas à quoi ressemble un bateau. Il y a beaucoup de Schiff dans le monde, et la plupart ne sont probablement pas apparentés. Mais j'ai compris que je devais chercher les racines dans la mer des Caraïbes, puis je me suis rendu en Afrique de l'Ouest et me suis présenté devant le tribunal pour raconter une histoire que je ne connais pas vraiment ».

 C'est une chose de jouer avec les détails biographiques, de faire un clin d'œil à la réalité et de s'amuser avec des personnes réelles et leurs noms, mais c'en est une autre de donner son propre nom au protagoniste et de décider que tous les noms de rue du livre doivent être réels. Tu as choisi de placer ta prose dans les limites de ta réalité.

 « Je me suis choisi, et pour une raison. Je voulais donner l'exemple et prendre sur moi toutes ces accusations. Les gens refusent d'assumer la faute lorsqu'ils sont en contact avec des travailleurs immigrés, et il y a aussi d'autres manifestations de culpabilité de notre vie bourgeoise. J'accepte cette culpabilité : moi et personne d'autre. C'est une question de principe, tu vois, et non plus une question de littérature, et il est important pour moi de le dire clairement.

 « La farce existe et je l'embrasse de tout cœur, et j'espère que ceux qui lisent le livre en rigolent. Mais je ne pouvais pas rejeter la faute sur quelqu'un d'autre. Que savais-je de l'Afrique ? Lobengulu, roi des Zoulous [un personnage dans un livre de Nahum Gutman]. Tarzan. Les Hutus et les Tutsis s'assassinant les uns les autres, quelque chose que nous ne pouvons pas résoudre. C'est de l'audace absolue de ma part, parce que c'est un continent immense avec tant de cultures et de langues, et "nous" - nom de code des Juifs ashkénazes - l'aplatissons. Les Israéliens ont également un point de référence spécifique, car nous avons participé à la destruction postcoloniale par l'exploitation minière et le commerce des armes.

 « Au Ghana, il y a des personnes âgées qui parlent hébreu parce que Kwame Nkrumah [le premier président et premier ministre du pays] admirait le Premier ministre israélien David Ben-Gourion et le mouvement des kibboutz. Avant de s'égarer dans le giron de l'Union soviétique dans les années 1960, il a flirté avec Israël. De nombreux conseillers israéliens sont allés au Ghana, et de nombreux jeunes Ghanéens sont venus en Israël. Nous avons joué un rôle important dans le développement de ce beau pays.

 « D'un autre côté, dans d'autres régions d'Afrique, nous nous sommes déchaînés. L'un des personnages du livre est largement inspiré de mon oncle, Yeshurun Schiff, qui était ambassadeur d'Israël au Liberia au début des années 60 et qui a ramené des histoires folkloriques avec lui. J'ai inventé les histoires que j'ai mises dans la bouche de ce personnage, mais l'esprit des choses est le même : condescendance, mépris, postcolonialisme classique. J'imaginais mon oncle Yeshurun en short kaki, chaussettes jusqu'aux genoux et casque colonial, buvant un gin tonic pendant que quelqu'un, à côté de lui, chassait les mouches. C'est ainsi que j'imaginais l'ambassadeur d'Israël dans la capitale [libérienne], Monrovia. Le postcolonialisme est bien vivant, et nous continuons à l'alimenter ».

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