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13/10/2022

ANSHEL PFEFFER
Élections israéliennes : qui bénéficiera de l'accord maritime avec le Liban ?

Anshel Pfeffer, Haaretz, le 12/10/2022
 
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Benjamin Netanyahou dépeint l'accord comme un signe de faiblesse et un acquiescement au Hezbollah, tandis que le Premier ministre Yair Lapid le salue comme une avancée historique. Tous les deux espèrent que cela fera basculer les élections en leur faveur

Dans son adolescence, Amos Hochstein – le diplomate usaméricain qui vient de négocier l'accord maritime entre Israël et le Liban – était un leader dans la branche jeunesse de Meimad. Ce petit parti religieux de gauche s'est présenté aux élections israéliennes de l'époque (1988), mais n'a pas franchi le seuil électoral. Finissant son service militaire au milieu des années 1990, il quitta Israël pour la terre de ses parents, où il devint un acteur influent dans un parti légèrement plus prospère : les Démocrates.

Amos avec Oncle Joe


Oncle Joe avec les 4 enfants d'Amos dans un gazouillis électoral

Maintenant, en tant que conseiller principal pour la sécurité énergétique mondiale au Département d'État, il est une fois de plus impliqué dans une élection israélienne. Cette fois, cependant, il peut avoir un peu plus d'impact.

À moins de trois semaines du jour des élections du 1er novembre, l'accord avec le Liban est devenu étonnamment la principale question pour faire des news politiques. Mais qui est-ce que ça aide ?

D'une part, le passage quasi unanime de l'accord au cabinet de sécurité (Ayelet Shaked s'est abstenue) est un accomplissement pour le Premier ministre Yair Lapid. D'autre part, cela donne à son principal adversaire, Benjamin Netanyahou, une occasion inattendue de l'accuser, lui et ses collègues, de défaitisme passif face aux menaces du Hezbollah de mettre le feu à la Méditerranée si Israël commençait à pomper du gaz naturel du champ offshore de Karich.

Un navire de stockage et de déchargement de production flottant énergétique dans le champ de gaz naturel de Karich en mer Méditerranée le mois dernier. Photo : AFP

L'équipe de Lapid semble satisfaite du timing du deal, annonçant ce qui est essentiellement un compromis commercial comme une percée « historique ». Les réponses grincheuses de ses collègues du cabinet (et de ses rivaux), qui, tout en votant en faveur, ont dit que ce n'était ni historique ni hystérique, n'ont pas terni l’éclat de l'accord pour le leader de Yesh Atid.

En ce qui le concerne, c'est exactement l'image qu'il veut projeter au public israélien : un premier ministre compétent et efficace qui a réussi à conclure l’accord que deux de ses prédécesseurs – Netanyahuo et Naftali Bennett – n'ont pas scellé, conjurant ainsi la perspective d'une nouvelle guerre avec le Hezbollah.

À quel point l’accord est-il bon ? ça dépend bien sûr de votre position politique. Mais le fait que Netanyahou, malgré toutes ses critiques, n'ait pas menacé une seule fois d'abandonner l'accord s'il devenait premier ministre le mois prochain est révélateur. En attendant, l'intérêt de Netanyahou pour l'accord est purement ce qu'il peut lui apporter dans les trois prochaines semaines.

Le leader du Likoud a été en manque d'une question brûlante avec laquelle motiver sa base. En entrant dans la campagne il y a quatre mois, il semblait que lui et ses comparses se concentreraient sur la collaboration entre le gouvernement sortant et la Liste arabe unie, en les qualifiant de « Frères musulmans » et de « partisans de la terreur » auxquels Lapid et ses alliés ont donné 55 milliards de shekels (15,84 milliards d’€) d'argent des contribuables. Mais comme les sondages ont commencé à indiquer un taux de participation particulièrement faible dans la communauté arabe, ce qui sera avantageux pour Netanyahou, il est devenu presque silencieux sur les Arabes de peur de les inciter à voter.

Sa prochaine question de choix a été la crise du coût de la vie, mais ça n'a pas décollé. Les vidéos de Netanyahou remplissant son réservoir et se plaignant de la hausse du coût du carburant ont suscité une dérision généralisée et ont rappelé à de nombreux Israéliens qu'en tant que Premier ministre pendant 12 ans, il avait peu fait, voire rien, pour faire baisser les prix.

Netanyahou espérait que l'administration Biden lui fournirait sa tête de Turc préférée, l'Iran, en rejoignant l'accord nucléaire. Cela lui aurait donné l'occasion parfaite d’éreinter Lapid et le ministre de la Défense Benny Gantz pour avoir faiblement acquiescé. Mais l'Iran est tombé à l’eau, Téhéran ajoutant de nouvelles conditions que les USAméricains ne pouvaient accepter.

Il a essayé d'utiliser l'escalade de la violence en Cisjordanie pour attaquer le gouvernement. Cependant, la cruelle vérité est que l'écrasante majorité des Israéliens, même ceux de droite, ne sont dérangés par les attaques palestiniennes que lorsqu'elles se produisent à l'intérieur des frontières reconnues d'Israël.

C'est pourquoi il essaie de tirer le maximum de l'accord avec le Liban, le décrivant – avant même de le lire – comme une capitulation honteuse devant le Hezbollah. Il a mobilisé tous ses canaux pour pousser cette ligne sans relâche.

Mais, à en croire un sondage de Channel 12 publié mardi soir, ça n’a pas marché pour le moment. Quarante pour cent des Israéliens interrogés ont dit soutenir l'accord, 29 % se sont déclarés contre et 31 % ont déclaré qu'ils n'en savaient pas assez.

La pire nouvelle pour Netanyahou était que parmi ceux qui prévoyaient de voter pour des partis dans son bloc, les « ne sait pas » dans le sondage étaient encore plus élevés, à 38 pour cent. Soit ses électeurs ne l'écoutent pas, soit ils le font et n'ont pas été tout à fait convaincus.

Il est difficile de les blâmer : peu d'électeurs de quelque camp que ce soit sont des experts en droit maritime. Mais ne pas être pleinement au fait de la question du jour n'a généralement pas été un problème pour les électeurs de Netanyahou dans le passé. Et même sa base est sensible à la menace d'une guerre avec le Hezbollah.

 

 

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