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05/06/2024

JADALIYYA
La dissidence juive aux USA
Entretien avec Marjorie N. Feld, auteure du livre “The Treshold of Dissent: A History of American Jewish Critics of Zionism”

Marjorie N. Feld (Harrisburg, Pennsylvanie, 1971) est professeure d'histoire au Babson College, dans le Massachusetts (USA), où elle donne des cours sur l'histoire sociale, l'histoire du travail et l'histoire du genre, la justice alimentaire et la durabilité aux USA. Elle est membre des conseils consultatifs académiques des Archives des femmes juives et de l’organisation
Jewish Voice for Peace [Voix Juive pour la Paix], fondée en 1996.
Elle est l'auteure de Lillian Wald :  A Biography (The University of North Carolina Press, 2012), qui a remporté le prix Saul Viener Book Prize de l'American Jewish Historical Society et de Nations Divided : American Jews and the Struggle over Apartheid (Nations divisées : les Juifs américains et la lutte contre l'apartheid) (Palgrave McMillan, 2014). Son nouveau livre, The Treshold of Dissent: A History of American Jewish Critics of Zionism (Le seuil de la dissidence : une histoire des critiques juifs américains du sionisme) vient d’être publié (New York University Press, 2024). Ci-dessous une interview de l’auteure et un extrait de son livre.

Jadaliyya, 3/6/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Jadaliyya (J) : Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

Marjorie Feld (MF) : J'ai commencé ce livre il y a huit ans, à l'intersection de mes observations au sein de la communauté juive usaméricaine et de mes propres intérêts de recherche. J'avais longtemps vu des dirigeants communautaires juifs usaméricains et des laïcs marginaliser les Juifs usaméricains qui n’étaient pas d’accord avec le soutien inconditionnel à Israël. Dans mes recherches pour mon livre sur les Juifs usaméricains et l'apartheid, j'ai interviewé des militants qui ont souligné leur malaise face à ce soutien remontant aux années 1960. Lorsque je suis retournée dans les archives pour faire des recherches pour ce livre, j'ai trouvé un continuum ininterrompu de critiques du sionisme usaméricain remontant à la fin du XIXe siècle. Dans Threshold, j'explique les visions du monde et les perspectives des critiques du sionisme usaméricain et je retrace leur parcours dans la vie communautaire juive aux USA.

J : Quels thèmes, enjeux et littératures particuliers le livre aborde-t-il ?

MF : Chaque chapitre analyse une période distincte et un groupe d'acteurs historiques, des Juifs usaméricains qui se souciaient profondément de la vie juive usaméricaine et qui étaient également critiques du sionisme usaméricain pour des raisons spécifiques. Le livre examine comment et pourquoi ces individus ont choisi d’entrer an dissidence par rapport au sionisme usaméricain, et comment la communauté juive usaméricaine au sens large a réagi à leur dissidence. Par exemple, certains Juifs usaméricains du début du XXe siècle, les sujets du premier chapitre de “Threshold”, craignaient que le sionisme ne fasse paraître tous les Juifs usaméricains plus loyaux envers une nation qui n'était pas les USA. En plein climat de xénophobie et racisme de l'USAmérique de Jim Crow, ils redoutaient les accusations antisémites de double loyauté et rejetaient le sionisme dans cet esprit. Les dirigeants sionistes juifs usaméricains de cette époque craignaient également profondément l'antisémitisme et s'inquiétaient du fait que toute division au sein de la communauté créerait une vulnérabilité et menacerait l'intégration des Juifs dans le courant dominant blanc.

Les sujets du deuxième chapitre, des Juifs libéraux et anti-communistes de gauche au milieu du siècle, voyaient le sionisme comme diminuant la vitalité de la vie juive en dehors d'Israël, et aussi comme diminuant les valeurs libérales des Juifs usméricains. Les pertes immenses de l'Holocauste rendaient ces critiques particulièrement conscients de la nécessité de trouver des endroits sûrs pour la vie juive ; ils n'étaient pas d'accord pour dire qu'un État juif garantirait la sécurité juive.

Au sein des mouvements de libération à partir des années 1950, les leaders anticolonialistes arabes, palestiniens et afro-américains et leurs alliés ont commencé à critiquer le colonialisme de peuplement d'Israël, et certains Juifs usaméricains étaient ouverts à ces leçons. Ceux-ci, avec le mouvement anti-guerre, sont les sujets des deux derniers chapitres du livre. Les dirigeants ont critiqué l'oppression des Palestiniens par Israël, puis son occupation de la Palestine après 1967 ; ils craignaient pour l'avenir de la vie juive usaméricaine et l'isolement résultant du soutien inconditionnel de la communauté à Israël. Le soi-disant “consensus” sur le sionisme isolait les Juifs des courants et des mouvements progressistes du XXe siècle jusqu'à nos jours.

J : En quoi ce livre est-il lié à vos travaux précédents et/ou s'en distingue-t-il ?

MF : Mes précédents ouvrages portaient sur des mouvements progressistes – pour la santé publique, les droits des immigrants et des travailleurs, les droits des femmes, et contre l'apartheid sud-africain. En tant qu'historienne sociale des USA, j'ai toujours examiné les relations des Juifs usaméricains avec ces mouvements. Ce livre est l'évolution logique de mes intérêts académiques, car la fidélité de la communauté juive usaméricaine envers Israël a empêché un engagement significatif avec des mouvements de libération comme l'anti-apartheid. Ce livre est aussi rigoureusement documenté que mes précédents et repose également sur des récits et des analyses historiques.

J : Qui espérez-vous voir lire ce livre et quel impact aimeriez-vous qu'il ait ?

MF : Même avant que le mouvement sioniste mondial n'atteigne les USA, les Juifs usaméricains étaient en désaccord sur le rôle que le nationalisme juif devait jouer dans la vie juive usaméricaine. La dissidence d’avec le sionisme a commencé au sein du monde juif usaméricain. Avant l'Holocauste, les dirigeants juifs mainstream accusaient les critiques juifs du sionisme d'antisémitisme et de haine de soi, car ils assimilaient la sécurité juive exclusivement à Israël.

Surtout après les horreurs de l'Holocauste, les Juifs usaméricains pensaient que l'unité juive était d'une importance capitale. Cela a motivé en partie les dirigeants juifs à accueillir les critiques du sionisme usaméricain avec hostilité, en supprimant leurs financements et en les marginalisant. Le sionisme a mobilisé les Juifs, les a rendus visibles alors que beaucoup déménageaient dans l'USAmérique blanche des banlieues ; il les a marqués comme une communauté distincte. Les voix des critiques que j'étudie — dont beaucoup affirmaient que le soutien inconditionnel à Israël mettait les Juifs et nous tous moins en sécurité — n'étaient pas entendues ou étaient activement réduites au silence.

J'espère que tous ceux qui liront mon livre reconnaîtront que nous vivons juste le dernier chapitre de la dissidence juive d’avec le sionisme usaméricain. Les protestations actuelles ont le potentiel de défaire une partie de l'isolement vécu au sein de la vie juive usaméricaine, car les critiques juifs usaméricains de la dévastation de Gaza par Israël (y compris des militants qui sont des Juifs de couleur et des Juifs LGBTQ) se joignent aux Palestiniens, aux Afro-USAméricains, aux Arabes usaméricains et à d'autres pour lutter pour la liberté palestinienne et juive. Comme beaucoup de critiques passés du sionisme, ils savent que les libérations juive et palestinienne ont toujours été interconnectées. J'espère que ce livre suscitera des conversations sincères sur le coût du “consensus” juif usaméricain sur Israël. J'espère aussi que l'accueil de perspectives diverses sur Israël et la Palestine ouvrira des courants plus larges d'inclusion, dans le monde juif usaméricain et au-delà.

J : Sur quels autres projets travaillez-vous actuellement ?

MF : J'ai en tête un nouveau projet sur l'agriculture durable juive usaméricaine, son rôle dans le mouvement environnemental juif usaméricain, et comment ces militants abordent le changement climatique tout en innovant la vie rituelle juive. Je reste intéressée par la manière dont les Juifs usaméricains rejoignent les mouvements mondiaux — les mouvements pour la justice climatique sont particulièrement urgents en ce moment — et offrent des alternatives : à la vie juive traditionnelle et mainstream, et au système alimentaire industriel (non durable).


Extrait du livre (du Chapitre 3, “Israël — Right or Wrong” — Anticolonialism, Freedom Movements, and American Jewish Life, pp. 102-106)

L'histoire des courants mondiaux d'anticolonialisme et des mouvements de libération est centrale dans l'histoire du sionisme usaméricain et dans la politique de la vie juive usaméricaine concernant la critique du sionisme après 1967. Avant 1967, de nombreux dirigeants juifs usaméricains mainstream soutenaient les mouvements nationalistes noirs et de Black Power. Même les dirigeants juifs qui ne soutenaient pas pleinement ces mouvements de libération les comparaient au sionisme en essayant de comprendre les luttes des Afro-Américains pour l'autonomie et l'émancipation. En 1966, par exemple, le “Jewish Advocate” de Boston rapportait : « Un leader rabbinique orthodoxe a averti que le slogan 'Black Power' et la détérioration rapportée des relations entre Noirs et Juifs ne devraient pas décourager les rabbins d'encourager le soutien aux droits civiques ».

L'article note que les dirigeants communautaires juifs ont exprimé leur compréhension du besoin de Black Power, car ils comprenaient que « les progrès vers l'objectif d'égalité totale doivent être accélérés de manière spectaculaire ». Cependant, ces dirigeants espéraient que les Blancs seraient inclus dans ces coalitions pour le changement. Pourtant, le rabbin Emanuel Rackman de l'Université Yeshiva a déclaré que les Juifs et les autres Blancs ne devaient pas “exagérer” le fait que les Noirs voulaient « diriger leurs propres mouvements ». Il pensait que « de telles déclarations » étaient faites « dans le même esprit que celles des sionistes en Israël, qui se sont plaints que les sionistes américains interféraient dans leurs affaires ».

Au cours de ces mêmes années, alors que certains sionistes juifs usaméricains comparaient le nationalisme noir au sionisme pour mieux le comprendre, la montée de la solidarité avec les Palestiniens parmi les nationalistes noirs et les militants des droits civiques ne faisait que creuser le fossé entre les Juifs usaméricains et les Afro-USAméricains. Cette montée a également grandement contribué à l'éloignement des Juifs USaméricains des coalitions progressistes, telles que celles luttant pour les droits civiques.

Tous les dirigeants noirs n'ont pas adopté ces positions. Au milieu des années 1970, A. Philip Randolph et Bayard Rustin ont lancé une organisation appelée Black Americans to Support Israel Committee (BASIC), par une publicité pleine page dans le New York Times du 23 novembre 1975, avec le soutien de deux douzaines de personnalités importantes. L'historienne Brenda Gayle Plummer écrit également qu'un « Black-Jewish Information Center, dont le siège était à New York, diffusait des rapports favorables à Israël dans la presse noire ». Le Black-Jewish Information Center, géré par Richard Cohen Associates, une agence de relations publiques travaillant avec les principales organisations juives, republiait principalement des articles de publications juives célébrant les moments d'unité entre les leaders noirs et juifs. L'agence se concentrait principalement, et de manière prévisible, sur Israël. Elle a publié une déclaration lorsque la Histadrout, la Fédération générale du travail d'Israël, a honoré le leader des droits civiques et des travaialleurs noirs Robert Powell, par exemple. Elle cherchait à apaiser les tensions, en minimisant les liens économiques d'Israël avec l'Afrique du Sud. Cependant, cette tâche était ardue, car le soutien inconditionnel à Israël diminuait parmi les militants noirs à mesure qu'Israël changeait de position sur la scène mondiale.

En prenant des positions publiques de soutien aux Palestiniens dans les années 1960 et 1970, de nombreux leaders noirs ont franchi le seuil de la dissidence publique acceptable d’avec le sionisme et Israël. Les dirigeants sionistes juifs considéraient de plus en plus la critique afro-usaméricaine du sionisme comme une menace, surtout lorsque certains Afro-USAméricains parlaient de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme représentative de la lutte de libération palestinienne. Souvent, les dirigeants juifs attribuaient la solidarité noire avec les Palestiniens à la “propagande arabe” et se sentaient doublement ciblés en tant que Blancs, en pensant que le nationalisme noir était anti-blanc. Alternativement, les dirigeants juifs attribuaient la solidarité noire avec les Palestiniens à l’“antisémitisme noir”,  une phrase identifiée par les chercheurs comme un concept pernicieux et raciste destiné à éloigner les Juifs blancs de la libération noire.

Des chercheurs écrivent sur la Conférence nationale pour une nouvelle politique, tenue à Chicago en septembre 1967, comme un tournant pour les activistes juifs de gauche. La conférence a tenté de rassembler des libéraux anti-guerre, des radicaux de la Nouvelle Gauche et des militants afro-usaméricains. Lors de la conférence, un groupe d'organisations radicales noires a proposé treize résolutions, dont la plupart portaient sur “le soutien blanc à l'autodétermination et au pouvoir politique noirs”. Une résolution portait sur la condamnation de “la guerre sioniste impérialiste”. De nombreux activistes juifs autoproclamés ont entendu ce langage fort comme une menace, voire un ultimatum. Même s'ils critiquaient à la fois Israël et le sionisme, ils sentaient désormais qu'ils ne pouvaient pas équilibrer ces idées avec leurs engagements envers la Nouvelle Gauche et l'activisme anticolonialiste. La vision d'Israël avec laquelle ils vivaient, qu'ils avaient apprise, ne correspondait pas au discours sur l'impérialisme, et beaucoup ont quitté la conférence pour démontrer leur rejet des idées de la résolution.

À mesure qu'Israël et les droits palestiniens devenaient des enjeux importants parmi les militants afro-usaméricains et arabo-usaméricains, ces questions compliquaient les coalitions progressistes entre Afro-USAméricains et Juifs usaméricains. Cela était certainement vrai après la Convention politique nationale noire en mars 1972, où un groupe de délégués a décrit Israël comme “expansionniste”, a condamné son travail avec les puissances impérialistes et a appelé les USA à cesser de soutenir Israël. Les tensions ont encore augmenté en 1979 après que le président Carter a nommé Andrew Young comme premier ambassadeur noir des USA aux Nations Unies. Après sa rencontre avec des représentants de l'Organisation de libération de la Palestine, Young a fait face à des appels à la démission de la part de nombreux dirigeants juifs mainstream. La même année, lorsque deux cents dirigeants d'une variété d'organisations noires, y compris la National Urban League, la National Association for the Advancement of Colored People et la Southern Christian Leadership Conference, se sont réunis pour discuter des appels à la démission d'Andrew Young, ils ont attiré l'attention sur les relations étroites d'Israël avec l'apartheid en Afrique du Sud et ont exprimé leur plein soutien aux efforts des dirigeants noirs pour soutenir la paix en discutant avec l'OLP. Les dirigeants noirs ont qualifié cela de “déclaration d'indépendance sur la question du Moyen-Orient”, et ils ont aligné ce sentiment avec une forte critique des positions des dirigeants juifs de plus en plus “contraires aux intérêts de la communauté noire”.

Un projet de document, finalement non publié, nommait la Ligue anti-diffamation, le Congrès juif américain et le Comité juif américain comme trois organisations juives qui avaient “combattu les intérêts de la communauté noire” dans des affaires judiciaires sur l'action affirmative. Les dirigeants noirs ont également qualifié les contributions juives aux droits civiques de “condescendantes” parce qu'elles étaient faites « dans l’attente d’éclaircissements sur ce que ressentent les bénéficiaires, qui les sollicitent, à leur sujet » Après que les dirigeants noirs ont annoncé que la Ligue de défense juive avait utilisé des “menaces de violence physique” contre eux, Nathan Perlmutter, directeur national de la Ligue anti-diffamation, a dénoncé les menaces comme “fausses” et méritant une “condamnation”. Perlmutter a cité l’“engagement documenté des Juifs en faveur des droits civiques et de l'amélioration de la condition humaine”. Il a écrit : “Nous ne nous excusons auprès de personne”. Le titre à la une du Michigan Chronicle, un journal noir, était “Le leader juif dit aux Noirs : pas d'excuses”.

En résumé, l'antisionisme dans la gauche usaméricaine est né d'une nouvelle conscience mondiale et d'une solidarité globale parmi les militants noirs, palestiniens et arabes : opposition au racisme et à l'oppression ratifiés par l'État chez eux et aux alliances de guerre froide à l'étranger, y compris l'implication des USA en Asie du Sud-Est et en Israël, ainsi que l'implication d'Israël en Algérie et en Afrique du Sud. Ces nouvelles alliances de guerre froide ont servi de tremplin à l'acceptation mainstream et même au pouvoir pour les Juifs, et un soutien fort à Israël s'est révélé crucial pour leur retrait progressif de certains aspects de l'agenda des droits civiques nationaux.

Comme le note le politologue Adolph L. Reed Jr., l'accent mis sur “l'antisémitisme noir” semblait distrayant pour ceux qui estimaient fortement que la xénophobie, le racisme et l'antisémitisme de droite (par exemple, du Ku Klux Klan et d'autres suprémacistes blancs) représentaient une menace réelle et beaucoup plus redoutable pour les groupes minoritaires tels que les Afro-USAméricains, les immigrants et les Juifs. Certes, il y avait des exemples d'antisémitisme au sein des mouvements des droits civiques, du Black Power, des Arabes usaméricains et d'autres mouvements. En se concentrant si puissamment sur “l'antisémitisme noir”, cependant, les Juifs usaméricains se donnaient la permission de retirer leur soutien à des positions qui remettaient en cause le statu quo raciste et donc leurs propres positions émergentes, peut-être vulnérables, en tant que figures puissantes de la vie usaméricaine. En liant une grande partie des critiques d'Israël à l'antisémitisme et aux critiques anticolonialistes des Afro-USAméricains et des Arabes usaméricains sous les catégories fallacieuses de “l'antisémitisme noir” et de la “propagande arabe”, les dirigeants juifs usaméricains renforçaient également leur blanchitude et donc leur influence politique. Qu'ils le veuillent ou non, certains dirigeants juifs ont ainsi contribué à la réaction contre les mouvements de libération. Lors d'une réunion en 1979, les dirigeants noirs ont pris note du nouveau rôle des Juifs usaméricains, consistant à abandonner leur travail pour l'égalité des Noirs et rejoignant les “apologistes du statu quo racial”. La surveillance des critiques du sionisme et d'Israël par les dirigeants juifs était une composante de ce nouveau rôle. Historiquement, les débats sur le non-sionisme et l'antisionisme juifs se sont déroulés sur l'ensemble du spectre politique, les critiques du sionisme ayant été formulées par des Juifs réformés de l'élite jusqu'aux années 1940 et par des Juifs laïcs de gauche jusqu'aux années 1960. Après 1967, à mesure que les dirigeants juifs usaméricains gagnaient en pouvoir et en stature, ils ont confondu l'antisionisme avec l'antisémitisme et aussi les diverses tendances historiques, politiques et intellectuelles de la gauche en une menace unique, rejoignant ainsi les attaques plus larges contre la gauche dans les guerres culturelles. Cette position leur a permis de diaboliser les mouvements qui offraient aux militants du monde entier une vision critique d'Israël et d'autres puissances coloniales.


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