Alan Macleod, MintPress News,
16/10/2024
Traduit
par Fausto Giudice, Tlaxcala
« Un an après les attentats du 7 octobre, Netanyahou est sur une lancée victorieuse » : tel est le titre d’un récent article d’ Axios décrivant le Premier ministre israélien sur une vague imbattable de triomphes. Ces « succès » militaires stupéfiants, note l’auteur Barak Ravid, comprennent le bombardement du Yémen, l’assassinat du chef du Hamas Ismail Haniyeh et du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, ainsi que les attentats aux bipeurs contre le Liban.
Le même
auteur est récemment devenu viral pour un article affirmant que les attaques
israéliennes contre le Hezbollah « n’ont pas pour but de mener à la guerre mais
sont une tentative de “désescalade par l’escalade” ». Les utilisateurs des
médias sociaux se sont moqués de Ravid pour ce raisonnement bizarre et
orwellien. Mais ce qui a échappé à presque tout le monde, c’est que Barak Ravid
est un espion israélien - ou du moins il l’était jusqu’à récemment. Ravid [né en 1980] est un
ancien analyste de l’agence
d’espionnage israélienne Unité 8200. Jusqu’en mars 2023, il était réserviste
des Forces de défense israéliennes.
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L’Unité
8200 est l’organisation d’espionnage la plus importante et peut-être la plus
controversée d’Israël. Elle est responsable de nombreuses opérations d’espionnage
et de terreur très médiatisées, dont le récent attentat aux bipeurs qui a
blessé des milliers de civils libanais. Comme le révélera cette enquête, Ravid
est loin d’être le seul ancien espion israélien à travailler dans les
principaux médias usaméricains, s’efforçant de susciter le soutien de l’Occident
aux actions de son pays.
L’initié
de la Maison Blanche
Ravid est
rapidement devenu l’une des personnalités les plus influentes du corps de
presse du Capitole. En avril, il a remporté le prestigieux prix des
correspondants de presse de la Maison-Blanche « pour l’excellence globale de sa
couverture de la Maison-Blanche », l’une des plus hautes distinctions du
journalisme usaméricain. Les juges ont été impressionnés par ce qu’ils ont décrit comme «
des niveaux profonds, presque intimes, d’approvisionnement en sources aux USA
et à l’étranger » et ont sélectionné six articles comme étant des travaux
journalistiques exemplaires.
La
plupart de ces articles consistaient simplement à publier des sources anonymes
de la Maison Blanche ou du gouvernement israélien, à les mettre en valeur et à distancier
le président Biden des horreurs de l’attaque israélienne contre la Palestine.
Ainsi, il n’y avait pratiquement aucune différence entre ces articles et les
communiqués de presse de la Maison Blanche. Par exemple, l’un des articles
retenus par les juges était intitulé « Scoop : Biden dit à Bibi qu’une pause de
trois jours dans les combats pourrait aider à obtenir la libération de certains
otages », et présentait le 46e président des USA comme un
humanitaire dévoué, déterminé à réduire les souffrances. Un autre article
décrivait la « frustration » de Biden à l’égard de Netanyahou et du
gouvernement israélien.
Des
protestataires avaient appelé les
journalistes à bouder l’événement par solidarité avec leurs confrères tombés à
Gaza (ce qui, à l’heure où nous écrivons ces lignes, représente au moins 128
journalistes). Non seulement l’événement n’a pas été boycotté,
mais les organisateurs ont décerné leur prix le plus prestigieux à un
fonctionnaire des services de renseignement israéliens devenu reporter, qui s’est
forgé la réputation d’être peut-être le sténographe le plus consciencieux du
pouvoir à Washington.
Ravid s’est
vu remettre personnellement le prix par le président Biden, qui l’a embrassé
comme un frère. Le fait qu’un (ancien) espion israélien connu puisse serrer
Biden dans ses bras de cette manière en dit long non seulement sur les
relations intimes entre les USA et Israël, mais aussi sur la mesure dans
laquelle les médias de l’establishment sont redevables au pouvoir politique.
Ravid s’est fait un nom en publiant sans esprit critique des informations flatteuses qui lui sont communiquées par le gouvernement usaméricain ou israélien et en les faisant passer pour des scoops. En avril, il a écrit que « le président Biden a lancé un ultimatum au premier ministre israélien Benjamin Netanyahou lors de leur conversation téléphonique de jeudi : Si Israël ne change pas de cap à Gaza, « nous ne serons pas en mesure de vous soutenir » », et qu’il “ exerçait sa plus forte pression pour mettre fin aux combats à Gaza après six mois de guerre, et avertissait pour la première fois que la politique américaine sur la guerre dépendrait de l’adhésion d’Israël à ses demandes”, qui incluaient “un cessez-le-feu immédiat”. En juillet, il a répété que des sources anonymes lui avaient dit que Netanyahou et Israël s’efforçaient de trouver « une solution diplomatique », une autre affirmation très douteuse.
D’autres
articles de Ravid suivent le même schéma :
Cet
acharnement à blanchir l’administration Biden a suscité de nombreuses moqueries
en ligne.
« AXIOS
EXCLUSIF : Après avoir vendu à Netanyahou des millions de dollars d’armes,
Biden a joué - à haute voix – ‘Bad Blood’ de Taylor Swift. Tout le monde
pouvait l’entendre, dit une source proche de Biden », a tweeté
l’
utilisateur X David Grossman. « Je continue à donner des tas d’argent et d’armes,
mais je secoue la tête pour que tout le monde sache que je ne suis pas d’accord
», a écrit le comédien Hussein Kesvani, en réponse au dernier article de Ravid
suggérant que Joe Biden est devenu “de plus en plus méfiant” à l’égard du
gouvernement israélien.
Tout au
long de cette prétendue rupture entre les USA et Israël, l’administration Biden
a continué à soutenir avec enthousiasme les offensives israéliennes, à bloquer
les
résolutions de cessez-le-feu et la création d’un État palestinien à l’ONU, et a
envoyé pour 18
milliards de dollars d’armes à Israël au cours des 12 derniers mois. Ainsi,
aussi discutables que soient les rapports d’Axios, ils jouent un rôle vital
pour Washington, en permettant à l’administration Biden de se distancier de ce
que les organismes internationaux ont qualifié de génocide. La fonction de
Ravid a été de fabriquer un consentement pour le gouvernement parmi les élites
libérales qui lisent Axios, leur permettant de continuer à croire que les USA
sont un honnête courtier pour la paix au Machrek plutôt qu’un complice clé d’Israël.
Ravid ne cache pas son mépris affiché pour les Palestiniens. En septembre, il a retweeté un message dans lequel on pouvait lire : « C’est le PaliNazi : C’est la méthode des PaliNazis... ils empochent des concessions sans rien donner en retour et utilisent ensuite ces concessions comme base de référence pour le prochain cycle de négociations. Les PaliNazis ne savent pas dire la vérité ».
Moins d’une
semaine plus tard, il a fait la
promotion de l’ affirmation très douteuse du ministre israélien
de la Défense, Yoav Gallant, selon laquelle les forces de défense israéliennes
avaient trouvé une photo des enfants du chef des Brigades al-Qassam, Mohammed
Sinwar, célébrant devant une immense photo d’avions frappant le World Trade
Center. Gallant a déclaré qu’ils avaient trouvé cette photo - essayant
clairement d’associer faussement les Palestiniens au 11 septembre - dans un
tunnel « où les frères Sinwar se cachaient comme des rats ».
Une
agence d’espionnage tristement célèbre
Fondée en
1952, l’Unité 8200 est la division la plus importante et la plus controversée
de l’armée israélienne.
Responsable
des opérations secrètes, de l’espionnage, de la surveillance et de la
cyberguerre, le groupe est au centre de l’attention mondiale depuis le 7
octobre 2023. Il est largement identifié comme l’organisation
à l’origine du tristement célèbre attentat aux bipeurs au Liban, qui a fait au
moins neuf morts et environ 3 000 blessés. Alors que beaucoup en Israël (et
Ravid lui-même) ont salué l’opération comme un succès, elle a été condamnée
dans le monde entier comme un acte de terrorisme flagrant, y compris par l’ancien
directeur de la CIA, Leon Panetta.
L’Unité
8200 a également établi une
liste de personnes à abattre pour Gaza, alimentée par l’intelligence
artificielle, suggérant des dizaines de milliers d’individus (y compris des
femmes et des enfants) à assassiner. Ce logiciel a été le principal mécanisme
de ciblage utilisé par les FDI au cours des premiers mois de leur attaque
contre cette bande densément peuplée.
Décrite
comme le Harvard israélien, l’Unité 8200 est l’une des institutions les plus
prestigieuses du pays. Les parents dépensent des fortunes pour que leurs
enfants suivent des cours de sciences et de mathématiques, dans l’espoir qu’ils
soient choisis pour y servir, ce qui leur ouvrirait les portes d’une carrière
lucrative dans le secteur florissant de la haute technologie en Israël.
L’unité
sert également de pièce maîtresse à l’appareil d’État répressif futuriste d’Israël.
En utilisant des quantités gigantesques de données compilées sur les
Palestiniens en suivant leurs moindres mouvements grâce à des caméras de
reconnaissance faciale, en surveillant leurs appels, leurs messages, leurs
courriels et leurs données personnelles, l’Unité 8200 a créé un filet
dystopique qu’elle utilise pour surveiller, harceler et réprimer les
Palestiniens.
L’Unité
8200 constitue des dossiers sur chaque Palestinien, y compris ses antécédents
médicaux, sa vie sexuelle et ses recherches, afin que ces informations puissent
être utilisées ultérieurement à des fins d’extorsion ou de chantage. Si, par
exemple, un individu trompe son conjoint, a désespérément besoin d’une
opération médicale ou est secrètement homosexuel, ces informations peuvent être
utilisées pour transformer des civils en informateurs et en espions pour le
compte d’Israël. Un ancien agent de l’Unité 8200 a déclaré que,
dans le cadre de sa formation, il devait mémoriser différents mots arabes pour
« gay » afin de pouvoir les repérer dans les conversations.
Les
agents de l’Unité 8200 ont ensuite créé certaines des applications les plus
téléchargées au monde et un grand nombre des programmes d’espionnage les plus
tristement célèbres, dont Pegasus. Pegasus a été utilisé pour surveiller des
dizaines de dirigeants politiques dans le monde entier, dont Emmanuel Macron en
France, Cyril Ramaphosa en Afrique du Sud et Imran Khan au Pakistan.
Le
gouvernement israélien a autorisé la vente de Pegasus à la Central Intelligence
Agency, ainsi qu’à certains des gouvernements les plus autoritaires de la
planète. L’Arabie saoudite, notamment, a utilisé le logiciel pour surveiller le
journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi avant qu’il ne soit
assassiné par des agents saoudiens en Turquie.
Une
récente enquête
de
MintPress News a révélé qu’une grande partie du marché mondial des VPN est
détenue et exploitée par une société israélienne dirigée et cofondée par un
ancien élève de l’Unité 8200.
En 2014,
43 réservistes de l’Unité 8200 ont
rédigé une déclaration commune dans laquelle ils déclaraient ne plus
vouloir servir dans cette unité en raison de ses pratiques contraires à l’éthique,
qui consistaient notamment à ne pas faire de distinction entre les citoyens
palestiniens ordinaires et les terroristes. La lettre indiquait également que
leurs renseignements étaient transmis à des politiciens locaux puissants, qui
les utilisaient comme bon leur semblait.
Cette
déclaration publique a hérissé Ravid de colère à l’égard de ses collègues. À la
suite de ce scandale, Ravid s’est rendu à la radio de l’armée israélienne pour attaquer les
dénonciateurs. Il a déclaré que s’opposer à l’occupation de la Palestine
revenait à s’opposer à Israël lui-même, l’occupation étant une « partie »
fondamentale d’Israël. « Si le problème est vraiment l’occupation, a-t-il dit,
alors vos impôts sont aussi un problème - ils financent le soldat au poste de
contrôle, le système éducatif... et 8200 est une belle blague ».
Si l’on
met de côté les commentaires de Ravid, une question se pose : est-il vraiment
acceptable que des membres d’un groupe conçu pour infiltrer, surveiller et
cibler des populations étrangères, qui a produit un grand nombre des
technologies d’espionnage les plus dangereuses et les plus invasives de la
planète, et qui est largement considéré comme étant à l’origine d’attaques
terroristes internationales sophistiquées, écrivent les news des USAméricains
sur Israël et la Palestine ? Quelle serait la réaction si des personnalités des
médias usaméricains s’avéraient être des agents de renseignement du Hezbollah,
du Hamas ou du FSB russe ?
Nouvelles
d’Israël, livrées par Israël
Ravid est
loin d’être le seul journaliste influent aux USA à entretenir des liens étroits
avec l’État israélien. Shachar
Peled a passé trois ans en tant qu’officier de l’unité 8200, à la
tête d’une équipe d’analystes spécialisés dans la surveillance, le
renseignement et la cyberguerre. Elle a
également travaillé comme analyste technologique pour le Shin Bet, le service
de renseignement israélien. En 2017, elle a été engagée comme productrice et
rédactrice par CNN et a passé trois ans à préparer des segments pour les
émissions de Fareed Zakaria et Christiane Amanpour. Google l’a ensuite engagée
pour devenir sa spécialiste principale des médias.
Tal
Heinrich est un autre agent de l’Unité 8200 qui a
travaillé pour CNN. Heinrich a passé trois ans en tant qu’agent de l’Unité
8200. Entre 2014 et 2017, elle a été productrice sur le terrain et à la
rédaction du bureau de CNN à Jérusalem, notoirement pro-israélien, où elle a
été l’une des principales journalistes à façonner la compréhension par l’USAmérique
de l’opération « Bordure protectrice », le bombardement israélien de
Gaza qui a tué plus de 2 000 personnes et laissé des centaines de milliers de
personnes déplacées. Heinrich a ensuite quitté CNN et est aujourd’hui la
porte-parole officielle du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
La tendance de CNN à l’embauche de personnalités de l’État israélien se poursuit encore aujourd’hui. Tamar Michaelis, par exemple, travaille actuellement pour la chaîne et produit une grande partie de son contenu sur Israël et la Palestine. Elle a pourtant été porte-parole officielle des Forces de défense israéliennes (FDI).
Le New
York Times, quant à lui, a embauché Anat Schwartz, une ancienne officière de
renseignement de l’armée de l’air israélienne sans aucune expérience
journalistique. Schwartz a coécrit le fameux article« Screams
Without Words », aujourd’hui discrédité, qui
affirmait que des combattants du Hamas avaient systématiquement violé des
Israéliennes le 7 octobre. Le personnel du Times lui-même s’est révolté
devant l’absence de preuves et de vérification des faits dans l’article.
Plusieurs
employés du New York Times, dont l’éditorialiste vedette David Brooks,
ont des enfants qui servent
dans
les forces de défense israéliennes ; alors même qu’ils font des reportages ou
émettent des opinions sur la région, le Times n’a jamais révélé ces
conflits d’intérêts flagrants à ses lecteurs. Il n’a pas non plus révélé qu’il
avait acheté pour sa cheffe de bureau Jodi Rudoren une maison à Jérusalem qui avait été volée
à la famille de l’intellectuelle palestinienne Ghada Karmi en 1948.
MintPress
News a
interviewé Ghada Karmi l’année dernière à propos de son dernier livre et
des tentatives israéliennes de la faire taire. Jeffrey Goldberg (un USAméricain),
ancien rédacteur du New York Times Magazine et actuel rédacteur en chef
de The Atlantic, avait abandonné ses études à l’université de Pennsylvanie
pour se porter volontaire en tant que gardien de prison des FDI pendant la
première Intifada (soulèvement) palestinienne. Dans ses mémoires, Goldberg a révélé que,
lorsqu’il servait dans les FDI, il a aidé à dissimuler les mauvais traitements
infligés aux prisonniers palestiniens.
Les
entreprises de médias sociaux sont elles aussi remplies d’anciens agents de l’Unité
8200. Une étude
réalisée par MintPress en 2022 a révélé que pas moins de 99
anciens agents de l’Unité 8200 travaillaient pour Google.
Facebook
emploie également des dizaines d’anciens espions de cette unité controversée. C’est
le cas d’Emi Palmor, qui siège au conseil de surveillance de Meta. Ce comité de
21 personnes décide en dernier ressort de l’orientation de Facebook, d’Instagram
et des autres offres de Meta, en se prononçant sur les contenus à autoriser, à
promouvoir et à supprimer. Human Rights Watch a formellement condamné Meta
pour sa suppression systématique des voix palestiniennes sur ses plateformes. L’organisation
a recensé plus de 1 000 cas de censure ouvertement anti-palestinienne pour les
seuls mois d’octobre et de novembre 2023. Une mesure de cette partialité est
mise en évidence par le fait que, à un moment donné, Instagram a
automatiquement inséré le mot «
terroriste » dans les profils des utilisateurs qui se disaient palestiniens.
Censure
pro-israélienne de haut en bas
Lorsqu’il
s’agit de l’attaque d’Israël contre ses voisins, les médias capitalistes ont
toujours fait preuve d’un parti pris pro-israélien. Le New York Times,
par exemple, s’abstient
régulièrement d’identifier l’auteur des violences lorsqu’il s’agit de l’armée
israélienne et décrit le génocide
de 750 000 Palestiniens en 1948 comme une simple « migration ». Une étude de la
couverture du journal a révélé que des mots tels que « massacre » et « horrible
» apparaissent 22 fois plus souvent lorsqu’il est question des morts israéliens
que des morts palestiniens, malgré la disparité gigantesque du nombre de
personnes tuées dans les deux camps.
Pendant
ce temps, dans un reportage sur la façon dont les soldats israéliens ont tiré
335 balles sur une voiture dans laquelle se trouvait une enfant palestinienne
et ont ensuite tiré sur les secouristes venus la sauver, CNN a imprimé
le
titre « Five-year-old Palestinian girl found dead after being trapped in car
with dead relatives » (une fillette palestinienne de cinq ans retrouvée morte
après avoir été piégée dans une voiture avec des parents décédés) - un titre
qui pourrait être interprété comme signifiant que sa mort était un accident
tragique.
Ce type
de reportage n’est pas le fruit du hasard. En fait, il vient directement du
sommet de la hiérarchie. Une note de
service du New York Times datant de novembre et ayant fait l’objet
d’une fuite révèle que la direction de l’entreprise a explicitement demandé à
ses journalistes de ne pas utiliser des mots tels que « génocide », « massacre
» et « nettoyage ethnique » lorsqu’ils évoquent des actions d’Israël. Le
personnel du Times doit s’abstenir d’utiliser des mots tels que « camp
de réfugiés », « territoire occupé » ou même « Palestine » dans ses reportages,
ce qui rend presque impossible la transmission de certains des faits les plus
élémentaires à son public.
Le
personnel de CNN est soumis à des pressions similaires. En octobre dernier, le
nouveau directeur général Mark Thompson a envoyé une note
de service à l’ensemble du personnel, lui demandant de veiller à ce que le
Hamas (et non Israël) soit présenté comme responsable de la violence, de
toujours utiliser l’expression « contrôlé par le Hamas » lorsqu’il est question
du ministère de la santé de Gaza et de ses chiffres de mortalité civile, et lui
interdisant de rendre compte du point de vue du Hamas, dont le directeur
principal des normes et pratiques en matière d’information a déclaré au
personnel qu’il n’était « pas digne d’intérêt » et qu’il s’agissait de « rhétorique
incendiaire et de propagande ».
Le Times
et CNN ont tous deux licencié de nombreux journalistes en raison de leur
opposition aux actions israéliennes ou de leur soutien à la libération de la
Palestine. En novembre, Jazmine Hughes, du Times, a été renvoyée après
avoir signé une
lettre ouverte s’opposant au génocide en Palestine. L’année précédente, le
journal avait mis fin
au
contrat de Hosam Salem à la suite d’une campagne de pression menée par le
groupe pro-israélien Honest
Reporting. Et le présentateur de CNN Marc Lamont Hill a été brusquement
licencié en 2018
pour avoir appelé à la libération de la Palestine dans un discours aux Nations
unies.
Les
grandes organisations comme Axios, CNN et le New York Times
savent évidemment qui elles embauchent. Il s’agit de certains des emplois les
plus recherchés dans le journalisme, et des centaines de candidats postulent
probablement pour chaque poste. Le fait que ces organisations choisissent de
sélectionner des espions israéliens avant tout autre candidat soulève de
sérieuses questions quant à leur crédibilité journalistique et leur objectif.
Engager des agents de l’unité 8200 pour produire des news usaméricaines devrait être aussi impensable que d’employer des combattants du Hamas ou du Hezbollah comme reporters. Pourtant, d’anciens espions israéliens sont chargés d’informer le public usaméricain sur les offensives en cours de leur pays contre la Palestine, le Liban, le Yémen, l’Iran et la Syrie. Qu’en est-il de la crédibilité et de la partialité de nos médias ?
Étant donné qu’Israël ne pourrait pas poursuivre cette guerre sans l’aide des USA, la bataille pour le contrôle des cerveaux yankees est aussi importante que les actions sur le terrain. Et au fur et à mesure que la guerre de propagande se poursuit, la frontière entre journaliste et combattant s’estompe. Le fait que nombre des principaux journalistes qui nous fournissent des informations sur Israël et la Palestine soient littéralement d’anciens agents des services de renseignement israéliens ne fait que le souligner.
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