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16/07/2025

GIDEON LEVY
Israël a autrefois sauvé des enfants des décombres. Aujourd’hui, il tue ceux qui tentent de les sauver

Gideon LevyHaaretz, 17/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala  

Hala Arafat est morte dans d’atroces souffrances, avec son mari et ses quatre enfants. Quatorze membres de leur famille, dont sept enfants, ont été tués dans le bombardement de leur maison. Quiconque tentait de s’approcher d’eux était attaqué par des drones.


Hossam Azzam porte le corps de son fils Ameer, un enfant palestinien tué lors d’une frappe israélienne nocturne sur une maison, selon les médecins, à l’hôpital Al-Shifa de Gaza, mardi. Photo Mahmoud Issa/Reuters

Un œil est fermé, l’autre ouvert. Une main agrippe le mur qui s’est effondré sur elle. Elle est coincée dans les décombres, la tête et le corps immobilisés. Elle est dans cette position depuis toute la nuit. Une ampoule est jetée près d’elle, elle tente de l’attraper, peut-être que cela la sauvera. Elle la lâche.

Puis elle lève la main, signe qu’elle est en vie. Elle lutte pour prononcer ces mots : « Sauvez-moi, je suis fatiguée. Je ne peux pas [continuer]. » Avec ses dernières forces, elle dit : « S’il vous plaît, s’il vous plaît, sauvez-moi. » Ce sont ses derniers mots. « Parle, Hala, parle », tente son beau-frère, Anas, mais en vain. Ses yeux se ferment.


On ne sait pas exactement combien de temps elle a survécu après cette photo. Mardi, Nir Hasson a écrit sur X : « Cette femme s’appelle Hala Arafat. Elle a 35 ans. Depuis 2 heures du matin, elle et 14 autres membres de sa famille, principalement des enfants, se trouvent sous les décombres de leur maison de la rue Zarqa, dans le quartier d’Al-Tuffah. J’ai parlé avec son beau-frère, qui m’a dit que toute personne qui tentait de s’approcher d’elle était attaquée par des drones. Si quelqu’un a une idée pour aider, c’est le moment. »

Le bureau du porte-parole de l’armée israélienne n’a pas pris la peine de répondre à Hasson pendant 12 heures. Pourquoi tant de précipitation ? Plus tard, le porte-parole a marmonné quelque chose à propos d’un « manque de coordonnées ».

Hala est morte dans d’atroces souffrances avec son mari et ses quatre enfants. Quatorze membres de leur famille, dont sept enfants, ont été tués dans le bombardement de leur maison.

Ils ne sont pas la seule famille qui a été massacrée mardi. La famille Azzam – Amir, Rateb, Karim et quatre bébés – a également été anéantie. Les images des quatre nourrissons morts, allongés sur le dos dans des linceuls blancs, le visage découvert, sont parmi les plus difficiles à supporter. Le visage de l’un des nourrissons est lacéré.

Certains comptes sur les réseaux sociaux sont devenus des journaux intimes d’un abattoir. Tous les Israéliens doivent désormais les regarder en face. Que les sentiments soient blessés, que les âmes sensibles soient choquées ; aucune image de la bande de Gaza ne doit être censurée. Ce n’est pas un film snuff, c’est la réalité qui doit être vue.

Les derniers mots de Hala et l’impuissance à la sauver sont impardonnables. Une femme piégée dans les décombres de sa maison devrait susciter un fort désir de la sauver. Mais la situation a incité l’armée israélienne à lancer des drones tueurs pour liquider les sauveteurs, comme cela s’est produit mercredi dans la rue Zarqa à Gaza.

Selon les informations disponibles, l’armée israélienne a tiré sur toute personne qui s’approchait. Des femmes soldats audacieuses étaient aux commandes, ou s’agissait-il de soldats jouant à un jeu mortel contre quiconque tentait de porter secours ?

Ce sont les mêmes soldats de l’armée israélienne qu’Israël continue d’embrasser comme s’ils étaient les victimes de cette guerre et ses héros. Ils ne sont ni des victimes ni des héros lorsqu’ils tirent avec des drones sur des personnes sans défense. Ils sont comme les tireurs qui ont attaqué les centres d’aide humanitaire. Mercredi, vingt personnes ont été écrasées à mort après avoir été aspergées de gaz par des soldats.

C’est cette même IDF qui, en 1999, avait sauvé une fillette turque, Shiran Franco, des décombres. Elle avait neuf ans lorsque le tremblement de terre a frappé son pays, et les soldats des FDI l’ont non seulement sauvée, mais aussi emmenée en Israël pour y être soignée. Sa photo, prise par un colonel israélien, est devenue emblématique. Comme nous étions gentils.

L’armée israélienne ne sauve plus personne. Aujourd’hui, elle tire sur quiconque tente de secourir une femme coincée entre les murs de sa maison. Y a-t-il quelque chose de plus monstrueux ?

Une fois de plus, les mots me manquent. Lors du prochain tremblement de terre, en Turquie ou dans n’importe quel autre pays du monde, il faut espérer que les unités de secours de l’armée israélienne qui oseront se montrer pour faire semblant de sauver des vies seront expulsées dans la honte.

Cette armée a perdu le droit d’être hypocrite. Une armée qui tire sur les sauveteurs et les affamés a perdu le droit moral d’offrir son aide.

Non merci, dira le monde. Nous n’accepterons pas l’aide de vos mains trempées du sang des innocents.

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