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05/05/2024

REBECCA RUTH GOULD
Littérature carcérale palestinienne et lutte pour la liberté
Présentation du roman “Les trois principes premiers”de Wissam Rafidi

 Rebecca Ruth Gould, Books Are Our Superpower, 26/4/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans son introduction à la traduction anglaise en 2024 de son roman الأقانيم الثلاثة (Les trois principes premiers, publié pour la première fois en arabe en 1998), Wissam Rafidi, ancien prisonnier politique et actuel professeur d'université, cite l'écrivain palestinien emblématique et symbole de la résistance révolutionnaire Ghassan Kanafani. Dans sa nouvelle Retour à Haïfa publiée en 1969, Kanafani écrit : « en dernière analyse, l'homme est une cause ».

Pour les non-initiés à la lutte palestinienne, ces mots peuvent sembler quelque peu énigmatiques. Qu'est-ce que cela signifie exactement de dire que « l'homme » - signifiant ici « l'humain » - est une cause ? Une cause de quoi ? Une cause pour qui ?

La vie de Kanafani, artiste révolutionnaire et créatif - bien connu de tous les écrivains palestiniens - nous indique le sens de ces mots. En affirmant que l'homme est une cause, Kanafani insiste sur le maintien de l'humanisme et de l'humanité, même face à la violence israélienne brutale et à des décennies de colonisation. L'humanité passe toujours en premier : c'est la base de la lutte et sa justification ultime. En citant Kanafani comme son mentor spirituel, Rafidi s'inscrit dans une longue tradition de fiction révolutionnaire, en arabe et au-delà.

Le remarquable roman carcéral de Rafidi est le dernier épisode d'une longue tradition de littérature carcérale palestinienne, qui comprend Walid Daqqa, décédé d'un cancer dans une prison israélienne en avril 2024, Nasser Abu Srour et Mahmud Isa.

La politique de la fiction révolutionnaire

On peut dire que la fiction révolutionnaire est née dans les romans russes du XIXe siècle, tels que Que faire ? de Nikolaï Tchernychevski (1863), et Les possédés (1871-1872) de Fiodor Dostoïevski. La tradition a connu un nouvel essor dans la littérature arabe, avec notamment La neige entre par la fenêtre (1969) de l'écrivain syrien Hanna Mina*.

La fiction révolutionnaire se définit par ses objectifs : comment renverser l'ordre existant de la société contemporaine. Toutes les fictions révolutionnaires ne prônent pas activement la révolution - la critique brutale de l'hypocrisie révolutionnaire par Dostoïevski en est un exemple - mais la fiction révolutionnaire palestinienne le fait certainement.

The Trinity of Fundamentals est une œuvre de fiction révolutionnaire dans le sens où elle a été écrite par un révolutionnaire autoproclamé qui a été emprisonné en raison de ses affiliations politiques. Peut-être plus important encore, il s'agit également d'une œuvre de fiction révolutionnaire parce qu'elle nous aide à imaginer un monde meilleur, fondé sur la conviction que l'humanité est elle-même une cause.

Comment le roman a été écrit et conservé

L'existence de La Trinité des fondamentaux est un miracle en soi. Le roman a été composé entre 1993 et 1995, pendant l'incarcération de Rafidi dans le cam de détention de Ketziot**, dans le désert du Naqab/Néguev (connue par de nombreux Palestiniens sous le nom de Naqab-Ansar 3), alors qu'il rêvait d'être libéré. Afin de dissimuler le manuscrit en cours aux gardiens, les codétenus de Rafidi ont copié des passages du roman en écriture miniature et ont fourré ces extraits dans des capsules de pilules qu'ils ont ensuite fait passer en contrebande dans d'autres prisons.

Le roman a finalement été publié en arabe à Damas en 1998. Il arrive maintenant dans le monde anglophone grâce à 1804 Books et au Mouvement de la jeunesse palestinienne, Mohamed Tutunji ayant rédigé une première version. La traduction se lit bien, même si elle s'écarte par endroits de l'original arabe.

Alors que le manuscrit circulait clandestinement d'une cellule de prison à l'autre, Rafidi, qui languissait dans sa propre cellule, pensait que celui-ci avait été perdu à jamais. En effet, alors qu'il était sur le point d'achever son récit, un gardien a découvert les méthodes utilisées par les prisonniers pour faire passer le manuscrit en contrebande et l'a confisqué.

À l'insu de Rafidi et du gardien israélien, le manuscrit existait en deux exemplaires. Trois codétenus de Rafidi avaient copié le roman sur du papier suffisamment petit pour tenir dans des capsules de médicaments, qui ont ensuite été passées en contrebande dans six prisons, jusqu'à ce que l'auteur découvre en 1996 que le manuscrit qu'il croyait perdu était largement lu par des prisonniers palestiniens.

Fiche d’identité du détenu Wissam Rafidi

Une histoire de vie, de révolution et d'amour

La révolution pour laquelle le protagoniste du roman, Kan'an Subhi, vit et est prêt à mourir est celle du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation militante à laquelle appartenait Kanafani et que Rafidi a rejointe à l'âge de 16 ans.

Le roman retrace les neuf années (1982-1991) pendant lesquelles Kan'an mène une vie clandestine en Cisjordanie occupée, déménageant de maison en maison pour garder une longueur d'avance sur les autorités militaires israéliennes, qui ont proscrit le FPLP.

La famille de Kan'an lui conseille de sortir de la clandestinité, afin qu'après avoir purgé sa peine, il puisse éventuellement mener une vie normale, mais il a reçu des instructions du FPLP de ne pas se rendre et de ne pas rompre avec la discipline du parti. Les engagements révolutionnaires intransigeants de Kan'an déterminent la structure générale du roman. Pourtant, ses principes politiques coexistent avec un vaste éventail de vies, allant de l'amour passionné à la douleur intense.

En effet, le titre - une traduction plus littérale de l'arabe Al-Aqanim Al-Thalatha serait Les trois hypostases - fait référence aux trois principes que Rafidi considère comme constitutifs du sens de toute chose : la vie, la révolution, l'amour. La tâche de Kan'an, qu'il ne parvient pas à accomplir à la fin du roman, est d'unir ces trois principes en un tout.

Alors que la plupart des ouvrages sur les prisons se concentrent sur l'expérience de l'incarcération, The Trinity of Fundamentals est un roman sur la vie en dehors de la prison, écrit depuis une cellule de prison. L'histoire est racontée à la troisième personne, mais filtrée par le point de vue de Kan'an. Le récit de l'existence clandestine de Kan'an est entrecoupé de digressions historiques éclairantes qui enrichissent considérablement le récit et donnent un aperçu des conditions de la résistance palestinienne tout au long des années 1980.

Entre les explications sur le rôle du FPLP dans la formation de l'activisme étudiant, nous découvrons l'amour de Kan'an pour sa camarade Mouna et les tensions que ses engagements révolutionnaires entraînent dans leur relation. Mouna recherche le bonheur, pas l'action révolutionnaire. Elle est dépeinte de manière quelque peu unidimensionnelle, comme une femme pour qui « l'activité de résistance n'a qu'une influence superficielle, comme du rouge à lèvres ». Au fur et à mesure qu'elle s'efface de sa vie, Mouna devient pour Kan'an un vague souvenir, transformé en « shrapnel d'une image ».

D'autres femmes, comme Hind, son dernier amour avant son emprisonnement, sont encore plus éphémères. Dans la mémoire de Kan'an, Hind est un « éclair qui vous donne le souvenir d'une blessure ». Ces deux femmes sont comparées par le narrateur à des serre-livres qui marquent le début et la fin de son existence clandestine.

Lorsqu'il est capturé par les Israéliens, il consolide « son alliance avec son moi révolutionnaire » et se prépare « à entrer dans la nouvelle phase de confrontation » avec l'État d'Israël, celle d'un prisonnier politique. À travers l'histoire du passage à l'âge adulte d'un prisonnier politique, Rafidi articule un récit central de la littérature carcérale palestinienne. Ce même thème revient dans la fiction d'autres écrivains palestiniens emprisonnés, tels que Walid Daqqa.

Internationalisme palestinien contre domesticité usaméricaine

Comme d'autres romans révolutionnaires, La trinité des fondamentaux est imprégné d'un didactisme sincère. Après tout, il ne s'agit pas seulement de l'histoire d'un individu et de sa quête d'épanouissement personnel ; c'est aussi l'histoire du peuple palestinien dans sa résistance à l'occupation coloniale israélienne. Avec ses longues mais instructives digressions historiques et politiques, The Trinity of Fundamentals a plus en commun avec un roman comme Guerre et Paix ou Que faire ? qu'avec les derniers lauréats du Booker ou du prix Pulitzer.

Je dis cela entièrement dans un esprit de louange. Le sérieux et le didactisme du roman sont en décalage avec la plupart des romans anglophones contemporains, dans lesquels la quête du héros pour la réalisation de soi se déroule dans un monde tourné vers l'intérieur, qui ne tient guère compte des injustices globales.

Une autre qualité qui distingue ce livre de la plupart des romans de langue anglaise est son mélange unique de faits et de fiction. (À cet égard, le roman rappelle celui d'un merveilleux écrivain palestinien de cette plateforme, Ramsey Hanhan 🇵🇸 🌍, auteur de l'autobiographie romancée Fugitive Dreams). Dans l'introduction, Rafidi lui-même décrit La trinité des fondamentaux comme un « roman fictif de la vie clandestine ».

En effet, au milieu du récit, nous avons droit à une histoire de la lecture en prison. Le narrateur nous raconte comment la littérature a « nourri » Kan'an et a également « renforcé sa fibre morale, cultivé son goût pour l'art et la beauté, attisé en lui les flammes de l'inimitié envers les tyrans, stimulé son opposition à toutes les manifestations d'oppression ».

Parmi les romans qui se sont révélés essentiels à l'éducation littéraire de Kan'an, citons La neige entre par la fenêtre (1969), de Hanna Mina, et le classique soviétique Et l’acier fut trempé (1932), de Nikolaï Ostrovsko. Cependant, les œuvres qui inspirent Kan'an ne sont pas toutes ouvertement politiques ; elles comprennent des œuvres de fiction de l'écrivain brésilien Jorge Amado et de l'écrivain saoudien Abderrahmane Mounif.

Bien établi en Russie et dans d'autres traditions littéraires révolutionnaires, le genre de l'autobiographie romancée n'a pas encore réussi à s'imposer en anglais, où l'on préfère généralement que les faits soient étroitement séparés des fictions.

Réunir le personnel et le politique

La séparation de la fiction usaméricaine entre le politique et le personnel se fait à son détriment, comme le montre la comparaison avec les engagements politiques qui animent la fiction palestinienne et arabe. Selon Rafidi, cette séparation du politique et du personnel a conduit à une société dans laquelle « la quête libérale d'enterrer les concepts et les points de départ révolutionnaires, et de semer le doute à leur sujet, a atteint des proportions sans précédent ».

L'évolution de la conscience révolutionnaire de Kan'an au cours de sa vie dans la clandestinité acquiert une acuité particulière dans le contexte du génocide en cours à Gaza. Rafidi nous fait réfléchir sérieusement à ce que signifie se consacrer à une cause et tout sacrifier pour la libération collective.

Comme Kan'an le conseille à Mouna lorsqu'elle met en doute sa lutte révolutionnaire : « Arme-toi de détermination et cela rendra l'impossible possible ». En nous armant de détermination, La Trinité des fondamentaux devient un roman non seulement pour notre époque, mais aussi pour toutes les générations futures. Puisse-t-il nous aider à imaginer collectivement un avenir dans lequel la révolution pour laquelle Kan'an lutte atteindra ses objectifs.

NdT

*Hanna Mina (1924-2018), considéré comme le père du roman arabe moderne, reste un inconnu pour l’édition francophone. Sur ses plus de 40 romans, un seul a été publié en français en 1986, traduit par Abdellatif Laâbi : Soleil en instance.

** La prison de Ketziot, dans le désert du Naqab/Néguev, est le plus grand camp de détention d’Israël et du monde. Ouverte pendant le première Intifada en 1988, elle hébergeait en 1990 6 216 prisonniers palestiniens. Fermée en 1995, elle fut réouverte en avril 2002. En 2010, de nouvelles sections ont été ouvertes pour des immigrants irréguliers érythréens et soudanais. Le camp a fait l’objet de nombreux rapports critiques d’organisations de défense des droits humains. En décembre 2023, une enquête a été ouverte sur 19 gardiens suite à la mort violente sous les coups d’un membre du Fatah détenu, Tair Abu Asab.


 

 

 

 

23/03/2024

GIDEON LEVY
Ofer, le Guantanamo israélien : Munther Amira témoigne

 Gideon Levy &  Alex Levac (photos), Haaretz, 23/3/2024
Traduit par Fausto Giudice
, Tlaxcala

Violences, humiliations, surpopulation effroyable, cellules froides et stériles, entraves pendant des jours. Un Palestinien qui a passé trois mois en détention administrative israélienne pendant la guerre de Gaza décrit son expérience de la prison d’Ofer.

Munther Amira, chez lui dans le camp d’Aida cette semaine, après sa libération de la prison d’Ofer. « J’avais déjà été à Ofer, mais ça n’avait jamais été comme ça ».

Munther Amira a été libéré de “Guantanamo”. Il avait déjà été arrêté à plusieurs reprises par le passé, mais ce qu’il a vécu lors de son incarcération dans une prison israélienne pendant la guerre de Gaza ne ressemble à rien de ce qu’il a pu vivre auparavant. Un ami qui a passé 10 ans dans une prison israélienne lui a dit que l’impact de sa propre incarcération au cours des trois derniers mois équivalait à 10 ans de prison en temps “normal”.

Le témoignage détaillé qu’Amira nous a livré cette semaine dans sa maison du camp de réfugiés d’Aida, à Bethléem, était choquant. Il a exprimé son calvaire avec son corps, s’agenouillant à plusieurs reprises sur le sol, décrivant les choses dans les moindres détails, sans aucun sentiment, jusqu’à ce que les mots deviennent insupportables. Il était impossible de continuer à écouter ces descriptions atroces.

Mais il semblait avoir attendu l’occasion de raconter ce qu’il avait enduré dans une prison israélienne au cours des derniers mois. Les descriptions se succédaient sans interruption - horreur sur horreur, humiliation sur humiliation - à mesure qu’il décrivait l’enfer qu’il avait vécu, dans un anglais courant entrecoupé de termes hébraïques relatifs à la prison. En trois mois, il a perdu 33 kilos.

Deux grandes photos trônent dans son salon. L’une représente son ami Nasser Abu Srour, emprisonné depuis 32 ans pour le meurtre d’un agent du service de sécurité du Shin Bet ; l’autre le représente le jour de sa libération, il y a exactement deux semaines. Cette semaine, Amira est apparu physiquement et mentalement résilient, semblant être une personne différente de celle qu’il était le jour de sa sortie de prison.

Amira chez lui cette semaine. Ce qu’il a vécu lors de son incarcération dans une prison israélienne pendant la guerre dans la bande de Gaza est différent de tout ce qu’il a connu dans le passé.

Amira a 53 ans, il est marié et père de cinq enfants. Il est né dans ce camp de réfugiés, dont la population comprend les descendants des habitants de 27 villages palestiniens détruits. Il a conçu la grande clé du retour qui est accrochée à la porte d’entrée du camp et qui porte l’inscription « Pas à vendre ». Amira est un militant politique qui croit en la lutte non violente, un principe qu’il défend toujours, même après le nombre considérable de morts à Gaza pendant la guerre, souligne-t-il. Membre du Fatah, il travaille au Bureau des colonies et de la clôture de l’Autorité palestinienne et est diplômé de la faculté des sciences sociales de l’université de Bethléem.

18 décembre 2023, 1 heure du matin. Bruits sourds. Amira regarde par la fenêtre et voit des soldats israéliens frapper son jeune frère Karim, âgé de 40 ans. Les soldats traînent Karim au deuxième étage, dans l’appartement d’Amira, et le jettent à terre au milieu du salon. Amira affirme que son frère s’est évanoui. Karim est le directeur administratif du service de cardiologie de l’hôpital Al-Jumaya al-Arabiya de Bethléem, et il n’est pas habitué à ce genre de violence.

27/12/2023

GIDEON LEVY
Quand Israël tourmente les otages qu’il détient

Gideon Levy, Haaretz, 23/12/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Chaque dimanche et chaque mardi, des gardiens israéliens entrent dans les cellules des prisonniers palestiniens, les entravent et les frappent à coups de matraque.


Prison d’Ofer. Ammar Awad/REUTERS

C’est leur fête hebdomadaire, selon des prisonniers libérés. Quatre prisonniers sont morts depuis le début de la guerre, le 7 octobre, presque certainement sous les coups. Dix-neuf gardiens ayant participé à ces séances de détraqués font l’objet d’une enquête, soupçonnés d’avoir causé la mort d’un prisonnier.

Des centaines de Palestiniens détenus dans la bande de Gaza ont été ligotés et ont eu les yeux bandés 24 heures sur 24, et ont également été brutalement battus. Certains, peut-être même la plupart, n’ont aucun lien avec le Hamas. Certains d’entre eux - personne n’a pris la peine d’indiquer combien - sont morts en captivité à la base de Sde Teiman.

Quelque 4 000 travailleurs gazaouis arrêtés en Israël le 7 octobre alors qu’ils n’avaient rien fait de mal sont également détenus dans des conditions inhumaines. Au moins deux d’entre eux sont morts. Et l’on a déjà beaucoup écrit sur le déshabillage des détenus et les photos humiliantes.

Dans cette terrible compétition sur l’ampleur du mal, il n’y a pas de gagnants, il n’y a que des perdants. Mais il est impossible de parler jour et nuit des atrocités commises par le Hamas - les auteurs rivalisent entre eux pour inventer les termes les plus désobligeants pour l’organisation - tout en ignorant complètement le mal commis par Israël.

Il n’y a pas non plus de gagnants, seulement des perdants, dans la compétition sur la quantité de sang versé et la manière dont il est versé. Mais il est impossible d’ignorer l’horrible quantité de sang qui a été versée dans la bande de Gaza. Ce week-end, quelque 400 personnes ont été tuées en deux jours, dont une majorité d’enfants. Samedi, j’ai vu les photos du week-end prises à Al-Bureij et Nuseirat, y compris des enfants mourant sur le sol de l’hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah, et elles sont horribles.

Le refus d’Israël d’augmenter la quantité d’aide humanitaire autorisée à entrer dans Gaza, au mépris d’une décision du Conseil de sécurité des Nations unies, témoigne également d’une politique du mal.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, les voix du mal en Israël ont relevé la barre des propositions sataniques. Le journaliste Zvi Yehezkeli est favorable à l’assassinat de 100 000 habitants de Gaza lors d’une première frappe. Le général de division (de réserve) Giora Eiland a changé d’avis et est passé de la proposition de répandre des maladies à Gaza à celle d’affamer ses habitants.

Même le nouveau prince charmant de la gauche, Yair Golan, qui gagne actuellement 12 sièges à la Knesset dans les sondages auprès de personnes qui se considèrent comme les beaux Israéliens, a déclaré aux GazaouSi dans une interview au quotidien Yedioth Ahronoth : 3En ce qui nous concerne, vous pouvez mourir de faim. C’est tout à fait légitime3.

Pourtant, après tout cela, nous considérons le Hamas comme le seul monstre de la région, son chef comme le seul psychotique et seule la façon dont il retient des Israéliens en otages est inhumaine. Il est impossible de ne pas être horrifié à l’idée du sort de nos otages, en particulier les malades et les personnes âgées. Mais il est également impossible de ne pas être horrifié par le sort des Palestiniens que nous maintenons entravés et les yeux bandés depuis des semaines et des mois.

Israël n’a pas le droit de fixer des normes pour le mal alors que ses mains sont également souillées par l’abjection. Oublions les massacres, la famine et les déplacements massifs de population. Notre traitement des prisonniers palestiniens aurait dû particulièrement déranger les Israéliens, ne serait-ce qu’en raison du danger que cela représente pour les Israéliens détenus par le Hamas. Que pensera un membre du Hamas qui détient un otage israélien lorsqu’il apprendra que ses camarades sont entravés et battus sans relâche ?

Nous pouvons conclure avec prudence qu’au moins certains des Israéliens détenus par le Hamas sont mieux traités que les Palestiniens détenus par Israël. Lorsque les otages libérés Chen et Agam Goldstein ont raconté vendredi soir à Channel 12 News comment ils étaient traités par le Hamas et comment leurs ravisseurs les protégeaient avec leurs propres corps pendant les frappes aériennes israéliennes, ils ont été vivement attaqués sur les médias sociaux. Comment osent-ils dire la vérité ?

Le Hamas a perpétré une attaque barbare le 7 octobre. Il a tué et kidnappé sans distinction. Il n’y a pas de mots pour décrire sa brutalité, y compris lorsqu’il a pris en otage des dizaines de personnes âgées, de malades et d’enfants pendant des mois dans des conditions insoutenables.

Mais est-il pour autant légitime que nous agissions de la même manière ? Oublions la morale. La brutalité d’Israël dans la guerre et dans ses prisons contribuera-t-elle à faire avancer ses objectifs ? Le Hamas libérera-t-il ses otages plus rapidement si Israël maltraite les Palestiniens qu’il retient en otages ?

 

11/01/2023

GIDEON LEVY
Pour la première fois en 40 ans, Karim Younis est vraiment libre

Gideon Levy, Haaretz, 8/1/2023
Traduit par 
Fausto Giudice, Tlaxcala

Bienvenue, Karim Younis, ahlan wa sahlan. J’étais si heureux de ta libération de prison, comme toute personne décente qui a vu le moment où tu es rentré chez toi après 40 ans. Les embrassades des hommes, les youyous des femmes et le visage impassible de l’homme de 66 ans qui a été incarcéré pendant la majeure partie de sa vie. C’était probablement la première fois que quelqu’un embrassait Younis en 40 ans ; c’était la première fois qu’il était libre. Comment ne pas être ému par cela ?

Karim Younis après sa libération de la prison israélienne. Photo : Fadi Amun

Younis a été condamné à la prison à vie pour avoir participé au meurtre d’Avi Bromberg, un soldat israélien. Très peu de condamnés restent en prison pendant 40 ans pour un seul chef d’accusation de meurtre ; 40 ans est une peine inhumaine et disproportionnée pour presque tout. Même Yigal Amir, le meurtrier d’Yitzhak Rabin, ne le mérite pas. Parce que Younis est un citoyen israélien, l’État a été plus cruel envers lui qu’envers les prisonniers des territoires, et bien sûr qu’envers les Juifs.

Même lors de sa libération, il a été traité de manière honteuse. Il a été déposé à un arrêt de bus à Ra’anana, après 40 ans, de peur qu’ils ne se réjouissent à Wadi Ara. Au moins, il n’a pas été jeté dans une décharge. Au pays de la pirouette, le ministre de la Défense s’est précipité à la prison de Nafha afin de « s’assurer qu’une personne qui a assassiné des Juifs ne bénéficie pas d’un traitement favorable ». O, Itamar Ben-Gvir : Tous les prisonniers palestiniens ne sont pas des meurtriers, et même les meurtriers méritent des conditions bien meilleures que celles accordées aux prisonniers de sécurité. Quarante ans sans une permission, un appel téléphonique, une visite conjugale ? Tel est le visage du mal.

Des voix stridentes à droite ont appelé à son expulsion ; même une journaliste aussi respectée et modérée que Tal Schneider a écrit : « C’est une honte de voir la joie avec laquelle un meurtrier est accueilli... un tel comportement est nauséabond». C’est sa réaction qui est nauséabonde. Dans un pays où des soldats tuent presque quotidiennement des adolescents et des adultes, dont certains sont innocents et presque tous inutilement, c’est en fait la réaction diabolique des Israéliens qui provoque la nausée. Les Israéliens palestiniens sont autorisés à considérer Younis comme un héros, et plus encore, ils sont autorisés à se réjouir de sa libération après 40 ans. C’est répugnant ? Jusqu’où iront la haine des Arabes et les doubles standards moraux dans une société qui sanctifie chaque soldat et chaque crime de guerre ?

J’ai rencontré Younis en 2011, à la prison de Shatta, dans le bureau du commandant de la prison, dont le mur était orné d’une photo du rabbin des Loubavitch [Menahem Schneerson, NdT]. Younis me paraissait “légèrement courbé, dur et enragé”. Cela faisait alors plus de vingt ans qu’il était en prison. « Ils ont assassiné mon espoir », m’a-t-il dit. « Que peut penser un prisonnier si sept ans de pourparlers de paix n’ont pas abouti à sa libération, alors qu’un seul enlèvement par le Hezbollah y parvient ? Israël ne comprend que la force ». Il y a dix ans, sa mère, Subhiya, alors âgée de 78 ans, l’attendait toujours. Jeudi, il s’est rendu sur sa tombe. Lorsqu’elle lui a rendu visite une fois, les gardiens de la prison ont refusé de la laisser entrer dans son fauteuil roulant. Quand elle a fondu en larmes, un garde lui a dit : « Pleure, pleure. La mère de Gilad Shalit pleure tous les jours ».

Quand les Israéliens commenceront-ils à réaliser que ces personnes sont des soldats courageux dans une lutte de libération nationale, non seulement aux yeux de leurs compatriotes, mais aux yeux de toute personne objective ? Quand un sentiment humain s’allumera-t-il à leur égard ?

Le nouveau prisonnier de sécurité le plus ancien, Walid Dakka, est resté en arrière. En 1984, il a été condamné à la prison à vie, qui a été commuée en 37 ans. Il y a vingt ans, il écrivait : « Je vous écris depuis une époque parallèle. Un des jeunes hommes de l’Intifada m’a dit que beaucoup de choses ont changé à votre époque. Les téléphones n’ont plus de cadran et les pneus n’ont plus de chambre à air ». En 2014, les habitants de Baka al-Garbiyeh se sont préparés à sa libération ; son frère As’ad a acheté 200 ballons lumineux. Sa libération a été annulée à la dernière minute.

« J’aurais pu continuer ma vie comme peintre en bâtiment ou comme pompiste dans une station-service. J’aurais pu acheter un camion. Mais j’ai vu les horreurs de la guerre du Liban et le massacre de Sabra et Chatila et cela m’a choqué. Sombrer dans l’apathie face à de telles horreurs est la mesure de la capitulation », a-t-il écrit. Quand comprendrons-nous cela ?

 

20/12/2022

  Les Palestiniens appellent à la grève générale après la mort du leader du Fatah Nasser Abou Humaid dans une prison israélienne

Jack Khoury et Josh Breiner, avec AP et DPA, Haaretz, 20/12/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Nasser Abou Humaid, l'un des fondateurs de la Brigade des martyrs d'Al-Aqsa du Fatah, est mort en prison d'un cancer du poumon alors qu'il purgeait sept peines de prison à vie pour des activités menées pendant la deuxième Intifada palestinienne L'administration des prisonniers palestiniens accuse l'administration pénitentiaire israélienne de négligence médicale.

Des personnes protestent à Gaza après la mort du militant palestinien Nasser Abou Humaid, mardi. Photo : MOHAMMED SALEM/ REUTERS

 Les factions palestiniennes ont appelé à une grève générale et ont exhorté les Palestiniens à affronter les troupes israéliennes, mardi, à la suite du décès du prisonnier de sécurité Nasser Abou Humaid, l'un des fondateurs des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa du Fatah. Abou Humaid, qui souffrait d'un cancer du poumon, avait été condamné à sept peines de prison à vie en 2002 pour son implication dans la mort de sept Israéliens lors de la deuxième Intifada palestinienne.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé à une “journée de rage” après la mort d'Abou Humaid.

 L'administration des prisonniers palestiniens a publié un communiqué déplorant la mort d'Abou Humaid et accusant Israël de négligence médicale, tandis que les prisonniers de sécurité dans les prisons israéliennes ont également déclaré une grève de la faim. Les services pénitentiaires israéliens sont en état d'alerte élevé en prévision d'émeutes dans les prisons.

Nasser Abou Humaid
Photo : Club des prisonniers palestiniens

Nasser Abou Humaid, 51 ans, était atteint d'un cancer du poumon et a été transféré au centre médical Shamir lundi après que son état se fut détérioré. Plusieurs membres de sa famille lui rendaient visite alors que son état se détériorait, et lorsqu'il est décédé par la suite.

Après la mort d'Abou Humaid, le chef de l'administration des prisonniers palestiniens, Qadri Abou Bakr, a accusé Israël de « poursuivre ses crimes de négligence médicale à l'égard des prisonniers de sécurité palestiniens en violation de toutes les lois internationales ». Les services pénitentiaires israéliens ont répondu aux affirmations d'Abou Bakr, soulignant que « le prisonnier a été traité de manière consciencieuse et continue par le personnel médical des services pénitentiaires israéliens et par des professionnels de la santé extérieurs ».

Après la mort d'Abou Humaid, Hussein al-Sheikh - le secrétaire général du comité exécutif de l'OLP - a appelé Israël à libérer son corps. « Nous exigeons que les autorités d'occupation remettent le corps du martyr prisonnier », a tweeté al-Sheikh. Le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh a également publié une déclaration de deuil et a appelé la Croix-Rouge et les organisations internationales de défense des droits humains à collaborer avec le gouvernement israélien pour libérer les prisonniers de sécurité palestiniens malades.

Le groupe militant Hamas, qui dirige la bande de Gaza, a appelé à une « véritable escalade dans les prisons de l'occupation » en réponse à sa mort.

Des milliers de Palestiniens ont défilé en Cisjordanie à la mémoire d'Abou Humaid. Selon un rapport, des militants masqués ont tiré des coups de feu en l'air lors d'une procession à Ramallah. Les magasins et les entreprises étaient également fermés.

 
Des militants masqués participent à une procession funéraire pour Nasser Abou Humaid à Ramallah, mardi

 

Des personnes sont assises à l'extérieur d'un restaurant fermé à Ramallah pendant une grève générale suite à la mort du prisonnier palestinien Nasser Abou Humaid, mardi. Photo : MOHAMAD TOROKMAN/ REUTERS

Abou Humaid venait du camp de réfugiés d'Al Ama'ari, à côté de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie. Il a été arrêté à la fin de la deuxième Intifada en 2002 pour ses activités au sein des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, la branche militaire du Fatah. Il a été condamné à sept peines de prison à vie et à 50 autres années pour les attentats qu'il a perpétrés et organisés.

 Abou Humaid était considéré comme un proche confident de Marwan Barghouti, un éminent dirigeant du Fatah, et a été condamné sur la base du fait qu'il a admis sa responsabilité dans les attaques au cours desquelles sept Israéliens ont été assassinés, sur la base de 12 chefs d'accusation de tentative de meurtre ainsi que de conspiration de meurtre et d'activité dans une organisation terroriste. Les juges israéliens ont écrit dans la sentence d'Abou Humaid que les sept peines de prison à vie ont été imposées « pour chaque âme » qu'il a assassinée.

Latifa, la mère du prisonnier palestinien Nasser Abou Humaid, emprisonné par Israël et décédé dans un hôpital israélien où il a été transféré après que son état de santé se fut détérioré, chez elle à Ramallah, mardi. Photo : MOHAMAD TOROKMAN/ REUTERS

Jusqu'en 2000, Abou Humaid était membre de la direction du Fatah à Ramallah et était responsable de diverses attaques par balles contre des Israéliens. Il a annoncé la formation des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa et a rejoint Barghouti, qui a financé les activités de l'organisation et fourni des armes et des munitions pour les attaques contre les Israéliens. Pendant la deuxième Intifada, Abou Humaid a commandé une série de fusillades meurtrières en Cisjordanie, puis a orchestré des attentats-suicides. Trois de ses frères sont également emprisonnés et purgent des peines de prison à vie en Israël.

Le Club des prisonniers palestiniens, un groupe représentant les prisonniers anciens et actuels, a déclaré qu'environ 4 700 Palestiniens sont emprisonnés par Israël pour des infractions à la sécurité et pour entrée illégale en Israël.


25/08/2022

GIDEON LEVY
Les détentions sans jugement de Palestiniens prouvent que Lapid et Gantz menacent aussi la démocratie

Gideon Levy, Haaretz, 24/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Il y a 723 raisons de ne pas soutenir l’actuel gouvernement israélien, et six autres en bonus. Les 723 personnes qui sont en prison sans jugement sont une raison suffisante pour comprendre qu'il n'y a pas de réelle différence entre le gouvernement actuel et son prédécesseur. L’interdiction et fermeture de six groupes de défense des droits humains en Cisjordanie fournit six raisons supplémentaires à quiconque insiste sur le fait que notre “gouvernement de changement” et d'espoir diffère de son prédécesseur.

Des manifestant·es palestinien·nes demandent la libération du détenu administratif Maher Akhras, dans le centre-ville d'Hébron en Cisjordanie occupée, le 14 octobre 2020.Photo : AFP

Maintenant, 729 éléments de preuve montrent qu'aucune amélioration significative n'est visible sur les questions fondamentales sous le gouvernement de centre-gauche. Nous pourrions même aller plus loin et conclure, au moins en ce qui concerne les détentions administratives scandaleuses - des détentions sans jugement - que Benjamin Netanyahou était préférable. Pendant 14 ans, dont la quasi-totalité sous son gouvernement, le nombre de détenus administratifs n'a jamais atteint ces proportions monstrueuses - et puis le gouvernement de centre-gauche est arrivé.

L'incarcération massive sans procès et la fermeture des groupes de défense des droits humains constituent un bon test décisif pour le caractère réel d'un gouvernement et de ses valeurs. « Cette loi est une loi nazie. Elle est tyrannique. Elle est immorale - et une loi immorale est une loi illégale », a déclaré Menahem Begin à propos des règlements d'urgence autorisant la détention administrative. Begin s'exprimait en mai 1951 à la Knesset après que des membres de Brit Hakanaim [Pacte des zélotes, qui voulait faire de la Halakha, la loi juive, celle de l’État, NdT], un groupe clandestin ultra-orthodoxe radical, avaient été placés en détention administrative.

Mais ses paroles s'appliquent aujourd'hui aux détenus palestiniens retenus sans procès, même si aucune personne de gauche n'oserait les qualifier de lois nazies comme l'a fait Begin. Seule la droite peut le faire.

HAARETZ
La Cour suprême d'Israël refuse de libérer les Palestiniens en détention administrative

Éditorial, Haaretz, 23/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Lorsqu'il s'agit de la détention administrative - l'une des tactiques gouvernementales les plus agressives que l'on puisse imaginer, étant une forme de détention sans jugement - il est impossible de se fier à la Cour suprêmee. Selon une enquête du Haaretz, la Cour n'a pas fait droit à une seule demande d'annulation d'un ordre de détention administrative depuis le début de l'année. Et l'Association pour les droits civils en Israël ne se souvient d'aucun cas où elle l'aurait fait - pas seulement cette année, mais jamais (Hagar Shezaf, Haaretz de lundi).

Prisonniers palestiniens à la prison de Megiddo. Photo : Itzik Ben-Malki

 Le fait que la Cour serve de blanc-seing au service de sécurité du Shin Bet et aux Forces de défense israéliennes en ce qui concerne les détentions administratives est particulièrement inquiétant étant donné l'utilisation massive qu'Israël fait de cette tactique draconienne. Le nombre de personnes détenues dans les prisons israéliennes sans jugement a atteint 723 la semaine dernière, soit le chiffre le plus élevé depuis 2008. Onze de ces détenus sont des citoyens ou résidents arabes d'Israël, les autres étant des Palestiniens. Aucun d'entre eux n'est juif.

Aucune charge n'est jamais retenue contre les détenus administratifs ; leur détention est considérée comme une arrestation préventive. Les preuves à leur encontre ne sont jamais entendues au tribunal. Même leurs avocats ne sont pas autorisés à voir ces preuves, à l'exception d'un bref résumé de quelques phrases décrivant les soupçons qui pèsent sur eux. Le droit international autorise la détention administrative, mais seulement si elle est utilisée de manière limitée, dans les cas où il existe une menace pour le bien-être public et qu'il n'y a pas d'autre moyen de l'empêcher. Pour Israël, cependant, ce n'est jamais assez.

22/08/2022

HAGAR SHEZAF
Le nombre de Palestiniens détenus sans jugement dans les prisons israéliennes atteint son plus haut niveau depuis 2008

 Hagar Shezaf, Haaretz, 22/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Le nombre de détenus administratifs en Israël a grimpé en flèche depuis la vague d'attaques terroristes de mars dernier, atteignant plus de 700, dont 11 Palestiniens de nationalité israélienne

La prison israélienne d'Ofer en Cisjordanie, ce mois-ci. Photo : Ohad Zwigenberg

Israël détient actuellement 723 détenus en prison sans jugement, le nombre le plus élevé depuis 2008 et une augmentation significative par rapport aux 671 détenus début août. Onze des détenus sont des citoyens israéliens-aucun d'entre eux n'est juif-et les autres sont des Palestiniens.

Le nombre de détenus administratifs en Israël a grimpé en flèche depuis la vague d'attentats terroristes de mars, avec 52 nouveaux prisonniers depuis le début du mois d'août. Des arrestations ont été effectuées depuis les combats à Gaza au début du mois contre le Jihad islamique et la répression de l'organisation en Cisjordanie.

Les suspects placés en détention administrative sont incarcérés en Israël sans inculpation dans le cadre d'un système de “détention préventive”. Ils ne sont pas traduits devant un tribunal et leurs avocats ne reçoivent pas les preuves à leur encontre, à l'exception d'un bref résumé des principaux soupçons. Un rapport de renseignement confidentiel et un ordre de détention administrative signés par le chef du Commandement central des Forces de défense israéliennes sont présentés au juge qui doit approuver la détention, sans la présence du détenu.


Ahlam Haddad, l'avocate représentant le gréviste de la faim Khalil Awawdeh, a déclaré à Haaretz que de nombreux détenus administratifs avaient été arrêtés parce qu'ils avaient exprimé leur soutien à son client.