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09/12/2024

Syrie : comment les islamistes se sont emparés du pouvoir

 

Pierre Barbancey, L'Humanité, 8/12/2024

La capitale, Damas, est tombée dimanche 8 décembre sans coup férir et avec elle le régime baassiste mis en place par les Assad. Bachar a quitté le pays tandis que le chef djihadiste, Abou Mohammed Al Jolani, est entré triomphalement dans la grande mosquée des Omeyyades. Mais les différentes factions ne sont pas unies et les combats continuent notamment dans les zones kurdes.


Qui aurait pu penser qu’en seulement douze jours, le leader djihadiste Ahmed Al Sharaa, plus connu sous son nom de guerre de Abou Mohammed Al Jolani, à la tête de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), allait entrer sous les acclamations de la foule dans la fameuse et si belle mosquée des Omeyyades, à Damas ?

À l’inverse, c’est en catimini, sans doute dans la nuit de samedi à dimanche, que Bachar Al Assad s’est enfui vers une destination inconnue. La Russie ? L’Iran ? Interrogé à ce sujet, Anwar Gargash, conseiller du président des Émirats arabes unis (EAU), n’a pas nié pas qu’Assad s’était réfugié dans son pays. Mais il n’a pas non plus confirmé, maniant juste l’humour, une fois n’est pas coutume. « Lorsque les gens demandent où va aller Bachar Al Assad, je réponds qu’en y regardant de plus près, il s’agit d’une note de bas de page de l’Histoire », a-t-il lâché.

Ce n’est sans doute pas la préoccupation la plus importante en Syrie. La première expression de joie qui a prévalu a consisté à s’attaquer aux symboles du pouvoir. Les affiches à l’effigie de Bachar Al Assad ont été déchirées, les statues le représentant ainsi que celles de son père ont été déboulonnées. Jusqu’au drapeau national réduit en charpie et remplacé par un autre.

Des gages de bonne conduite

Les deux étoiles centrales vertes ont été remplacées par trois rouges et la bande rouge supérieure a laissé la place à une étoffe verte ! Mais l’euphorie pourrait bien laisser la place à la désillusion. Si, en Syrie comme ailleurs, tout le monde se réjouit de la chute des Assad, les forces qui ont pris leur place ne sont peut-être pas porteuses d’un avenir très réjouissant.

Depuis le début de l’offensive, Al Jolani fait preuve d’une rare intelligence politique. L’homme, né en 1984 à Deraa, au sud du pays, où ont démarré les premières manifestations en 2011, était pourtant plus préoccupé par le djihad que par les revendications sociales.

Parti en Irak en 2003, il côtoie très vite les leaders irakiens et jordaniens d’al-Qaida, puis les fondateurs de l’« État islamique » en Irak, qui va devenir l’« État islamique » en Irak et au Levant (EIIL) – Daech – après son expansion en Syrie. Al Jolani va fonder le front al Nosra à son retour au pays en 2011 après les premiers rassemblements contre le gouvernement. Il prêtera d’abord allégeance à l’organisation de Ben Laden avant de faire, officiellement, cavalier seul, développant un djihad national (qu’il n’a pas abandonné) en fondant Hayat Tahrir al-Cham.

Regroupé à Idleb, au nord, avec toutes les factions islamistes qui ont perdu du terrain après 2015 et l’arrivée de l’armée russe, il s’impose comme leader et compose avec la Turquie dont les 10 000 hommes postés dans cette province sont les garants d’un cessez-le-feu avec le pouvoir central. L’occasion d’un rapprochement et de la mise en place d’une aide logistique et matérielle de la part d’Ankara.

Mais, depuis le 27 novembre, il donne des gages de bonne conduite. Des signaux certainement destinés aux pays occidentaux. « La victoire que nous avons remportée est une victoire pour tous les Syriens. Bachar Al Assad a propagé le sectarisme et aujourd’hui notre pays appartient à nous tous ! » a-t-il affirmé dimanche. Quelques jours auparavant, il assurait que toutes les communautés avaient leur place en Syrie et appelait au retour de tous les réfugiés.

L’offensive qui a démarré le 27 novembre à Idleb, au nord du pays, et qui s’est terminée dimanche 8 décembre, dans la capitale, après avoir traversé Alep, Hama et Homs, est surtout révélatrice de l’inanité du pouvoir. Celui-ci tenait encore grâce à quelques poches où vivaient les populations alaouites – dont fait partie le clan Assad – et, pour les zones mixtes, grâce à une bourgeoisie sunnite prête à toutes les compromissions pourvu que son statut de classe soit préservé.

Mais, dans l’ensemble, c’est toute une population laborieuse, paysans et travailleurs, qui a fêté la chute d’un régime honni parce qu’incapable de comprendre et encore moins de répondre aux souffrances d’un peuple et de lui ouvrir un avenir autre que celui de l’allégeance ou de la prison.

Les franges les plus progressistes éradiquées

La répression menée par le régime autoritaire contre toute forme d’opposition a surtout éradiqué les franges les plus progressistes, qui ont perdu toute capacité d’organisation et d’expression. Ce qui n’est pas le cas des mouvements islamistes. Eux aussi traqués et emprisonnés, ils ont su garder, à travers les mosquées, un canal politique pour leurs messages d’autant plus difficile à maîtriser qu’ils étaient diffusés publiquement, au grand dam des moukhabarat, les agents des services de renseignements.

C’est ce qui s’est passé en Syrie où les difficultés économiques grandissantes dans les années 2000, l’abandon de l’ouverture politique et d’expression (le fameux « printemps de Damas ») remplacée par une répression féroce, et la mainmise du parti Baas (nationaliste arabe laïc) sur les institutions publiques, se sont traduites par une colère qui a explosé en 2011. Les seules forces organisées – bien que réprimées – se trouvaient être les organisations islamistes, notamment les Frères musulmans.

À l’extérieur, les pays européens, les États-Unis et les pays du Golfe mettaient sur pied une opposition dirigée par des intellectuels laïcs en exil, masquant un projet islamiste pourtant déjà présent. Le mouvement populaire, parti de Deraa, axé d’abord sur des revendications sociales, s’est vite tourné contre le pouvoir central, préférant les balles au dialogue. Dans cet espace se sont infiltrés des groupes armés, en place dès 2011 mais particulièrement actifs à partir de 2012, notamment avec l’arrivée d’al-Qaida puis de Daech.

De nombreuses questions demeurent et la situation est loin d’être claire. Les images sur les réseaux sociaux – comme celles de Jolani entrant dans la mosquée des Omeyyades – ne sauraient faire oublier que les combats se poursuivent dans le pays et sur plusieurs fronts. Le HTS a décidé de se concentrer sur les villes de Lattaquié et de Tartous, sur la côte méditerranéenne.

Les forces venues du Sud, plus hétéroclites et moins disciplinées que les djihadistes, sont d’abord entrées à Damas. Certaines unités ont alors décidé de se diriger vers Deir ez-Zor, en prenant au passage un village détenu par Daech, toujours en embuscade dans la vallée de l’Euphrate, très actif ces derniers mois, et dont on ne sait pas encore comment il va se comporter vis-à-vis des autres groupes.

Le rôle de Tel-Aviv

Mais, pour l’Armée nationale syrienne (ANS), composée de factions islamistes et créée par la Turquie, l’objectif numéro un est les zones kurdes. D’importants combats avaient lieu ce 8 décembre à Manbij, dans le gouvernorat d’Alep, au sud de Kobané, opposant l’ANS aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les groupes de combattants kurdes YPG et YPJ.

Le but de l’ANS réside dans la destruction de l’Administration autonome du nord-est syrien (Aanes) en s’appuyant sur les communautés arabes. Celles-ci ont, jusque-là, accepté les autorités kurdes par rejet du pouvoir central. Elles pourraient bien se retourner contre les Kurdes à la faveur de l’arrivée des islamistes de l’ANS.

L’enjeu syrien n’est pas que national. Avec la disparition du pouvoir baasiste, les cartes sont redistribuées. Personne n’ignore plus le rôle de Tel-Aviv, qui, en bombardant les positions du Hezbollah en Syrie, a facilité la progression de HTS. Israël a d’ailleurs pris, dimanche, le contrôle du versant syrien du mont Hermon sur le plateau du Golan, selon Haaretz. Et les Kurdes ont coupé les voies d’approvisionnement du Hezbollah par l’Iran.

La Russie et l’Iran, principaux alliés de Bachar Al Assad, n’ont pas pu (certains disent pas voulu) le sauver, se bornant à protéger son départ de Syrie. Les discussions entamées au Qatar avec la Turquie n’ont rien donné. Recep Tayyip Erdogan savait qu’il n’avait rien besoin de concéder.

08/12/2024

Agir pour sauver Mohamed Lamine Haddi, prisonnier sahraoui depuis 14 ans

 Cristina Martínez, Mouvement pour les prisonniers politiques sahraouis (MPPS), 8/12/2024
Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

Nous avons commencé les rassemblements pour les prisonniers politiques sahraouis le 1er mars 2021, alors que Mohamed Lamine Haddi   était en grève de la faim depuis 48 jours. Nous avions déjà vécu beaucoup d'angoisse avec une autre grève très longue, celle de Bachir Khadda. Voir les jours passer et sa situation se dégrader de plus en plus et ne rien faire, c'était multiplier l'impuissance. C'est pourquoi nous avons décidé de nous rassembler devant le ministère des Affaires étrangères à Madrid pour exiger une intervention de l'Espagne afin de lui sauver la vie.

Trois ans et neuf mois se sont écoulés. Nous sommes toujours là, essayant de faire connaître la situation de ces prisonniers politiques sahraouis qui souffrent tellement, sans défense, humiliés, torturés, en isolement pendant des années, dans des conditions carcérales indignes allant de la nourriture à l'hygiène, et enfin, privés de traitement médical.

Haddi est dans cette situation. Il est en isolement depuis plus de 7 ans - 7 ans d'isolement est une idée inacceptable -, dans une cellule souterraine sans fenêtre, la nourriture qu'on lui donne est dégoûtante et il doit l'acheter au magasin, de la nourriture froide, toujours ; enfin, il la commande parce qu'il ne peut pas bouger de sa cellule.



Sur la pancarte que nous lui avons dédiée, nous avons indiqué quelques-unes des maladies qu’on ne veut pas lui soigner : infection de l'oreille, fièvre, mal de dos, asthme, énurésie, il peut à peine voir.

Haddi se plaignait de son oreille. Elle est infectée depuis 7 ans. Il se plaint, se plaint et il n'y a rien à faire. Ils ne la soignent pas. Avant, il avait mal à la tête, bien sûr. Maintenant, les douleurs sont infernales, et la fièvre, et l'insomnie. C'est très grave. Et l'administration pénitentiaire ne permet pas le transfert à l'hôpital prescrit par le médecin – car enfin, un médecin l'a visité. Il est peut-être trop tard, mais ils doivent l'emmener à l'hôpital et essayer de le soigner.

Que peut-on faire ? Écrivez au plus grand nombre possible d'organisations et d'ONG. Faites passer le message. Faites-le savoir. Faites honte au Maroc. Faites pression sur le gouvernement espagnol au parlement. Il y a un hashtag #SaveHaddi.

Ce lundi, comme ce premier lundi d’il y a presque quatre ans, nous allons le dédier à Haddi, avec toute notre affection et notre admiration. Et le ministre nous verra par la fenêtre et peut-être se dira-t-il qu'il doit essayer de le sauver.

➤Lundi 9 décembre 2024, 12h30, Plaza de la Provincia, Madrid

LETTRE AU MINISTRE ALBARES
   
S.E. Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères,
Union européenne et coopération
    Plaza de la Provincia
    28012 - Madrid

    Madrid, le 6 décembre 2024

Objet : Haddi, très gravement malade et sans soins médicaux

Votre Excellence, Monsieur le Ministre,

Le médecin de la prison de Tifelt 2 (Maroc) est enfin descendu dans la cellule de Mohamed Lamine Haddi pour examiner son oreille, alerté par la forte fièvre et les terribles douleurs. Vous avez déjà été informé à plusieurs reprises de l'infection de l'oreille de Haddi. Il souffre de cette infection depuis 7 ans à cause des coups qu'il a reçus pendant les séances de torture. Pendant tout ce temps, il n'a reçu aucun soin médical. Vous ne semblez pas non plus vous être préoccupé de son état.
Le médecin a vérifié la gravité de l'infection, qui peut entraîner d'autres complications. En fait, son diagnostic est que Haddi souffre d'une septicémie et d'une tumeur grave, qu'il ne peut pas traiter. La vie de Haddi est en danger. Il doit être transporté à l'hôpital. Mais cette procédure ne relève pas automatiquement du médecin. C'est Haddi qui a dû s'adresser à l'administration pénitentiaire, qui a conditionné son transfert au port de l'uniforme attribué aux assassins. Haddi a refusé, comme d'autres prisonniers politiques sahraouis, pour la simple raison qu'il n'est pas un criminel, mais une victime.
L'administration pénitentiaire marocaine, bien que connaissant la gravité de l'état de santé de Haddi diagnostiqué par un médecin, s'acharne à l'humilier et à ne pas lui fournir les soins de santé urgents dont il a besoin.
Pour ajouter la barbarie à la barbarie, l'administration pénitentiaire a menacé Haddi de représailles - plus ? - s'il révélait à sa famille ou aux organisations de défense des droits humains que son transfert à l'hôpital lui était refusé.
Cela fait des années que le Maroc prolonge son agonie, juste pour le faire souffrir et pour se moquer de tout le monde. Et cela touche à sa fin. Il est affligeant de voir la vie d'un homme supprimée de sang-froid.
Monsieur le Ministre, pouvez-vous faire quelque chose pour tenter de lui sauver la vie ? Évitez cette nouvelle complicité.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler pourquoi vous avez cette obligation.

Cristina Martínez Benítez de Lugo
Participante au Mouvement pour les prisonniers politiques sahraouis





Actuar para salvar a Mohamed Lamine Haddi, preso saharaui desde hace 14 años

Cristina Martínez , Movimiento por los Presos Políticos Saharauis (MPPS), 8-12-2024

Empezamos las concentraciones por los presos políticos saharauis el 1 de marzo de 2021, cuando Mohamed Lamine Haddi llevaba 48 días de huelga de hambre. Ya habíamos pasado mucha angustia con otra huelga muy larga, la de Bachir Khadda. Ver pasar los días que agravaban cada vez más su situación y no hacer nada era multiplicar la impotencia. Por eso decidimos concentrarnos ante el Ministerio a reclamar algún tipo de implicación por parte de España para salvarle la vida.

Han pasado tres años y nueve meses. Seguimos ahí, intentando difundir la situación de esos presos políticos saharauis que están sufriendo tantísimo, indefensos, humillados, torturados, en aislamiento por años, en unas condiciones carcelarias indignas que van desde la comida a la higiene, y por fin, negados de tratamiento médico.

Haddi está en esa circunstancia. Lleva más de 7 años en aislamiento -7 años de aislamiento es un concepto inasumible-, en una celda subterránea sin ventana, la comida que le pasan es asquerosa y se la tiene que comprar en la tienda, comida fría, siempre; bueno, la encarga porque no se puede mover de su celda.

En la pancarta que le tenemos dedicada hemos señalado algunas de las enfermedades que no le quieren curar, oído infectado, fiebre, dolor de espalda, asma, enuresis, casi no ve.

Haddi venía quejándose del oído. Lo tiene infectado desde hace 7 años. Reclama, reclama y no hay nada que hacer. No le curan. Le dolía la cabeza, claro. Ahora, los dolores son infernales, y la fiebre, y el insomnio. Está muy grave. Y la administración de la cárcel no permite el traslado al hospital que prescribió el médico -por fin le visitó un médico-. A lo mejor ya es tarde igual, pero tienen que llevarle al hospital e intentar curarle.

¿Qué se puede hacer? Escribir a todos los organismos y ONG que se pueda. Difundirlo. Que se sepa. Avergonzar a Marruecos. Presionar al Gobierno en el Parlamento. Hay un hashtag #SaveHaddi.

Nosotros, este lunes, como ese primer lunes de hace casi cuatro años, se lo vamos a dedicar a Haddi, con todo nuestro cariño y admiración. Y el ministro nos verá desde la ventana y a lo mejor se le ocurre que tiene que intentar salvarle.

➤Lunes 9 de diciembre de 2024, 12:30 horas, plaza de la Provincia, Madrid

CARTA AL MINISTROS ALBARES

    Excmo. Sr. ministro de Asuntos Exteriores,
Unión Europea y Cooperación
    Plaza de la Provincia
    28012 - Madrid

    Madrid, 6 de diciembre de 2024

Asunto: Haddi, gravísimo y sin asistencia médica

Excmo. Sr. ministro,

El médico de la prisión de Tifelt 2 (Marruecos) bajó por fin a la celda de Mohamed Lamine Haddi a examinarle el oído, alertado por la alta fiebre y los dolores terribles. De la infección en el oído de Haddi ya ha sido Vd. informado en varias ocasiones. Haddi lleva 7 años arrastrando esa infección a raíz de los golpes recibidos durante las sesiones de tortura. Durante todo este tiempo no ha recibido atención médica. Tampoco Vd. parece haberse preocupado por su dolencia.
El médico ha comprobado la gravedad de la infección, que puede causar otras complicaciones. De hecho su diagnóstico es que Haddi sufre sepsis y un grave tumor, que él no puede tratar. La vida de Haddi está en peligro. Hay que llevarlo al hospital. Pero no es ese un trámite automático en manos del médico. Es Haddi quien ha tenido que presentar una solicitud ante la Administración penitenciaria, que ha condicionado su traslado a que se vistiera con el uniforme asignado a los asesinos. Haddi se ha negado, como se han negado otros presos políticos saharauis, por la sencilla razón de que no es un criminal, es una víctima.
La Administración penitenciaria marroquí, aun sabiendo la gravedad del estado de salud de Haddi diagnosticada por un médico, se dedica a humillarle y a no prestarle la atención sanitaria urgente que necesita.
Para añadir barbarie a la barbarie, la Administración de la prisión ha amenazado a Haddi con represalias -¿más?- si contaba a su familia o a organizaciones de derechos humanos que le estaban negando su traslado al hospital.
Marruecos lleva años prolongando su agonía, sólo para que sufra y para escarmiento de todos. Y está llegando al final. Es angustioso ver cómo se están llevando la vida de un hombre a sangre fría.
Sr. ministro, ¿se le ocurre algo que pueda Vd. hacer por intentar salvarle la vida? Evite esta nueva complicidad.
No hace falta recordarle por qué tiene Vd. esa obligación.

Cristina Martínez Benítez de Lugo
Participante en el Movimiento por los Presos Políticos Saharauis





And still we write وما زلنا نكتب
Recent work by Palestinian poets & actions you can take to stop genocide now

It has been more than a year of this genocidal siege on Gaza, with Israeli forces now expanding their attacks on people, homes, and hospitals to the West Bank and Lebanon. The loss, the suffering, and the violence are unrelenting. At every turn, we hear of entire family lines erased from the civil registry; that Gaza’s rubble could take ten or fifteen years to clear; that it could require three and a half centuries to rebuild; that every school and university has been destroyed.

And then there’s the incalculable loss of adults, children, and babies: gone.  Sometimes, in the face of all this, it feels as though nothing can be said. And yet Palestinians in Gaza continue to write, even in the most difficult of circumstances. And they continue to imagine a different world.  Here, we bring together Palestinian writers in and from Gaza to imagine a future. Recollections of this past year, reflections on where they are now, and thoughts about where they might be tomorrow all come together in this small chapbook.
 

We begin with a moment of silence. In his poem “Amjad,” translated by Wiam El-Tamami, Nasser Rabah writes about trying to find someone to listen to his grief about losing his closest friend: “Who will listen to me tell the story of Amjad? / Who will give me their heart—and a moment of silence?” After our shared silence, Nasser tells us about where he now writes, in his bombed-out home. “Only two rooms on the ground floor remain: this is where my entire family lives now. In a corner of one of the rooms, I curl up and write.”
 

The poet Batool Abu Akleen echoes what many have said about how they must go on writing, despite everything. She has been displaced, and she describes writing among the tents: “You’re sitting and everyone around you is just sitting and watching what you’re doing. It doesn’t feel good at all, but I’m doing it, because poetry is what keeps me alive. It’s what protects me from going insane.”
 

In her poem “A Miracle,” Asmaa Dwaima imagines not a future so much as a wonderment: “A miracle that allows us to start over. / The hand of God wipes away a year, / And takes us one year back. / A miracle: / That’s all I want.”

In this collection, we also remember the many journalists who were targeted and killed by Israeli forces. Poet Heba Al-Agha commemorates two of them in her poem “For Ismail Al-Ghoul and Rami Al-Rifi.” The pair were killed on July 31, 2024 while, according to Reporters Without Borders, they were in an isolated white car in the middle of an empty street, both wearing press vests.  
We include one work by a writer who is not from Gaza: Palestinian poet Samer Abu Hawwash.

The final poem in this collection is his “We Will Lose This War,” translated by Huda Fakhreddine, because it speaks so urgently to both loss and futurity. As he writes, “When our killers look into mirrors, / they will not see their faces, / but ours, many of us, in the mist. / They will finally realize that they have become nothing / but memories of ghosts in the great abyss. / They will never understand how they annihilated us / then annihilated us,/ then annihilated us, / and yet could not erase from their mirrors / our shining image.”
 

These poems and reflections do not exist separately from their authors, nor from the place and time in which they were com- posed. They are not here for passive reading. And so, at the end of this collection, we leave you with suggested actions.

As poet Rasha Abdulhadi has written:

Wherever you are, whatever sand you can throw on the gears of genocide, do it now.”


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07/12/2024

«La destrucción de Gaza definirá a partir de ahora nuestras vidas y las de nuestros hijos": el testimonio de un soldado israelí

 Anónimo, Haaretz , 28/11/2024
Traducido por Luis Casado

El autor es un soldado de combate de reserva, que ha participado en las operaciones terrestres israelíes en el Líbano y en la Franja de Gaza durante el último año.
Lo importante es reflejar lo que está ocurriendo para el público israelí. Sacar las cosas a la superficie. Para que la gente no diga después que no lo sabía.

El norte de la Franja de Gaza, este mes. ¿Cómo encuentra una persona la fuerza para levantarse ante el horror? Foto: Omar Al-Qattaa / AFP


Lo verdaderamente sorprendente es la rapidez con la que todo parece normal y razonable. Al cabo de unas horas, uno se esfuerza por impresionarse ante la magnitud de la destrucción, murmurando para sus adentros frases como «Esto es una locura», pero lo cierto es que uno se acostumbra bastante rápido.

Se convierte en algo banal, kitsch. Otro montón de piedras.
Aquí había probablemente un edificio de una institución oficial, aquellas eran viviendas y esta zona era un barrio. En cualquier dirección que mires, ves montones de barras de refuerzo, arena, hormigón y bloques de hormigón. Botellas de agua de plástico vacías y polvo. Hasta el horizonte. Hasta el mar. La mirada se desplaza hasta un edificio que sigue en pie.

«¿Por qué no han derribado este edificio?», pregunta mi hermana por WhatsApp después de que le enviara una foto. «Y también», añade, “¿por qué demonios has ido allí?”.

Por qué estoy aquí tiene menos interés. Yo no soy la historia aquí. Y esto tampoco es una acusación contra las Fuerzas de Defensa de Israel. Eso tiene cabida en otra parte, en editoriales, en el Tribunal Penal Internacional de La Haya, en universidades de USA, en el Consejo de Seguridad de la ONU.

Lo importante es reflejar lo que está ocurriendo para el público israelí. Sacar las cosas a la superficie. Para que la gente no diga después que no lo sabía. Yo quería saber lo que estaba pasando aquí.

Eso es lo que les dije a todos mis amigos, demasiados para contarlos, que me preguntaron:

«¿Por qué fuiste a Gaza?».

- ¿Qué hacía yo mientras mi país mataba civiles en Gaza?
- Las FDI se preparan para permanecer en Gaza hasta fines de 2025, como mínimo. Esto es lo que parece... - Seis meses después de la primera batalla, las fuerzas israelíes regresan a Shujaiyeh

No hay mucho que decir sobre la destrucción. Está por todas partes. Salta a la vista cuando te acercas a lo que solía ser un barrio residencial desde el punto de vista de un dron: un jardín cultivado rodeado por un muro roto y una casa pulverizada. Una choza improvisada con techo de hojalata al fondo de un callejón.

Manchas oscuras en la arena, una junto a otra: Aparentemente había algún tipo de arboleda allí. Tal vez un olivar. Ahora es la temporada de recogida de la aceituna. Y hay algo de movimiento: una persona subida a un montón de escombros, recogiendo leña en una acera, aplastando algo con una piedra. Todo ello visto desde la trayectoria de vuelo de un dron.

Cuanto más te acercas a las rutas logísticas - Netzarim, Kissufim, Philadelphi - menos estructuras quedan en pie. La destrucción es enorme, y está aquí para quedarse. Y esto es lo que la gente necesita saber: esto no se borrará en los próximos 100 años.

Por mucho que Israel intente hacerlo desaparecer, difuminarlo, la destrucción en Gaza definirá nuestras vidas y las de nuestros hijos a partir de ahora. Es el testimonio de un desenfreno. Un amigo escribió en la pared de la sala de operaciones: «A la calma responderá la calma, a Nova responderá la Nakba». Los mandos del ejército han adoptado este grafiti.

Para un ojo militar, la destrucción es inevitable. Luchar contra un enemigo bien equipado en una zona urbana densamente poblada significa la destrucción de edificios a gran escala, o la muerte segura de los soldados. Si un comandante de brigada tuviera que elegir entre la vida de los soldados bajo su mando o arrasar el territorio, un F-15 cargado de bombas ya estaría dirigiéndose a la pista de aterrizaje de la base aérea de Nevatim y una batería de artillería estaría alineando las miras.

Nadie va a correr riesgos. Esto es la guerra.
Israel puede luchar así gracias al flujo de armamento que recibe de USA, y la necesidad de controlar el territorio con un mínimo de mano de obra está al límite. Esto es cierto tanto en Gaza como en Líbano.

La principal diferencia entre Líbano y el infierno amarillo que nos rodea son los civiles. A diferencia de las aldeas del sur del Líbano, los civiles siguen aquí. Arrastrándose de un nudo de lucha a otro, arrastrando mochilas sobrecargadas, jerricanes. Madres con niños caminan penosamente por la carretera. Si tenemos agua, se la damos.

Las capacidades tecnológicas de las IDF se han desarrollado de manera impresionante en esta guerra. La potencia de fuego, la precisión, la recogida de información por drones: Son un contrapeso a los submundos que Hamás y Hezbolá construyeron durante muchos años.

Uno se encuentra contemplando durante horas desde la distancia a un civil que arrastra una maleta durante unos kilómetros por la carretera de Salah al-Din. El sol abrasador cae sobre él. Y tratas de comprender: ¿Es un artefacto explosivo? ¿Es lo que le queda de vida?

Observas a la gente que se arremolina cerca del recinto de tiendas de campaña en medio del campo, busca artefactos explosivos y mira fijamente los dibujos en la pared en tonos grises de carboncillo. Aquí, por ejemplo, hay un dibujo de una mariposa.

Esta semana he vigilado con drones un campo de refugiados. Observé a dos mujeres que caminaban de la mano. Un joven que entró en una casa medio destruida y desapareció. ¿Quizá es un operativo de Hamás y vino a entregar un mensaje a través de una entrada oculta a un túnel donde hay rehenes?

Desde una altura de 250 metros, seguí a alguien que iba en bicicleta por lo que antes había sido una carretera en los límites del barrio: una excursión vespertina en medio de una catástrofe. En uno de los cruces, el ciclista se detuvo cerca de una casa de la que salían unos cuantos niños, y luego continuó adentrándose en las profundidades del propio campo de refugiados.

Todos los tejados tienen agujeros provocados por los bombardeos. En todos ellos hay barriles azules para recoger el agua de lluvia. Si ves un barril en la carretera, tienes que avisar al centro de control, y marcarlo como posible artefacto explosivo. Aquí hay un hombre horneando pitas. A su lado hay un hombre durmiendo en un colchón.

¿Por la fuerza de qué inercia sigue la vida? ¿Cómo puede una persona despertarse en medio de un horror como éste y encontrar fuerzas para levantarse, buscar comida, intentar sobrevivir? ¿Qué futuro le ofrece el mundo? Calor, moscas, hedor, agua sucia. Pasa otro día.

Espero al escritor que vendrá a escribir sobre esto, a un fotógrafo que lo documentará, pero sólo estoy yo. Los demás luchadores, si tienen algún pensamiento herético, se lo guardan para ellos.

No estamos hablando de políticos porque nos lo han preguntado, pero la verdad es que sencillamente no interesa a nadie que haya hecho 200 días de servicio en la reserva este año. Las reservas se están colapsando.

Cualquiera que se presente es ya indiferente, molesto por problemas personales o por otros asuntos. Hijos, despidos, estudios, cónyuges. Despidieron al ministro de Defensa. Einav Zangauker, cuyo hijo Matan es rehén en algún lugar de aquí.

Han llegado los bocadillos de schnitzel [escalope vienés, NdT].
Los únicos que se emocionan por algo son los animales. Los perros, los perros. Mueven la cola, corren en grandes manadas, juegan entre ellos. Persiguen los restos de comida que ha dejado el ejército. Aquí y allá se atreven a acercarse a los vehículos en la oscuridad, intentan arrastrar una caja con salchichas cabanossi [versión israelí de las salchichas de cerdo de origen polaco, kosherizadas con carne de pollo o pavo, NdT]. y son ahuyentados por una cacofonía de gritos. También hay muchos cachorros.

Durante las dos últimas semanas, la izquierda israelí se ha preocupado de que el ejército se atrinchere en las rutas este-oeste de la Franja de Gaza. La ruta de Netzarim, por ejemplo. ¿Qué no se ha dicho al respecto? Que está siendo pavimentada, que hay bases de cinco estrellas en ella. Que las FDI están allí para quedarse, que sobre la base de esta infraestructura el proyecto de asentamientos en la Franja volverá a crecer.

No descarto estas preocupaciones. Hay suficientes locos que sólo esperan la oportunidad. Pero las rutas de Netzarim y Kissufim son zonas de combate, áreas entre enormes concentraciones de palestinos. Una masa crítica de desesperación, hambre y angustia. Esto no es Cisjordania. El atrincheramiento a lo largo de la ruta es táctico.

Más que para garantizar el control civil del territorio, está diseñado para proporcionar seguridad a unos soldados agotados. Las bases y los puestos avanzados consisten en estructuras portátiles que pueden desmontarse y retirarse en un convoy de camiones en pocos días. Por supuesto que esto podría cambiar.

Para todos nosotros, desde los que están en la sala de control hasta el último de los combatientes, está claro que el gobierno no sabe absolutamente nada sobre cómo proceder a partir de aquí. No hay objetivos hacia los que avanzar, ni capacidad política para retroceder. Excepto en Jabalya, apenas hay combates. Sólo en los bordes de los campamentos. E incluso esto es parcial, por miedo a que haya rehenes. El problema es diplomático, no militar ni táctico.

Y por lo tanto está claro para todos que seremos llamados para otra ronda, para exactamente las mismas misiones. Seguirán viniendo reservistas, pero menos.

¿Dónde está la línea entre entender la «complejidad» y la obediencia ciega?

¿Cuándo te has ganado el derecho a negarte a participar en un crimen de guerra?

Eso interesa menos. Lo que interesa más es cuándo despertará la corriente dominante israelí, cuándo surgirá un líder que explique a los ciudadanos en qué terrible lío estamos metidos y quién será el primer portador de kipá que me llame traidor.

Porque antes de La Haya, antes de las universidades usamericanas, antes de la condena en el Consejo de Seguridad, esto es ante todo un asunto interno para nosotros.

Y para 2 millones de palestinos.



SILVIA FEDERICI
Le développement capitaliste et la guerre contre la reproduction sociale : la Palestine et au-delà


Silvia Federici,The Commoner, 22/11/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La cruauté de la guerre qu’Israël mène contre le peuple palestinien et maintenant contre la population du Liban est si extrême, son intention génocidaire si évidente que nous semblons perdus dans la recherche d’explications possibles. En effet, il n’y a pas de mots pour décrire l’horreur et la souffrance que les opérations militaires de Tsahal ont infligées aux Palestiniens.

Donostia, Pays basque: mosaïque humaine de solidarité avec les Palestinien·nes

Nous assistons à une campagne d’extermination qui vise à ce qu’il ne reste plus rien sur le terrain qui puisse leur permettre de vivre sur leur terre ou simplement de survivre. Plus de cinquante mille personnes ont été massacrées, principalement des femmes et des enfants, sans compter les milliers de corps enterrés sous les décombres de leurs maisons, qui n’ont jamais été retrouvés, ni les nombreux exécutés, aujourd’hui retrouvés dans des fosses communes, certains manifestement enterrés vivants ou mutilés. Tous les systèmes de reproduction ont été démantelés. Les maisons, les routes, les réseaux d’eau et d’électricité, les hôpitaux ont été détruits, les ambulances aussi ont été bombardées. Il en va de même pour les arbres et les cultures. Au moins quatre cents médecins, infirmières et autres travailleurs de la santé sont morts au cours de cette campagne d’extermination qui a duré un an. Beaucoup ont été exécutés, après avoir été soumis à des pratiques humiliantes, tout comme de nombreuses personnes qui s’étaient réfugiées dans les cliniques après le bombardement de leurs maisons.
Ce qui est clair, c’est qu’Israël mène systématiquement une guerre totale contre tout ce dont les Palestiniens ont besoin pour leur reproduction. Cette campagne de mort brutale s’étend maintenant au Liban et peut-être, dans les semaines à venir, à l’Iran, à la Syrie et au Yémen.
Les femmes et les enfants, c’est-à-dire ceux-là mêmes qui assurent la reproduction de la communauté et constituent l’espoir de l’avenir, sont délibérément pris pour cible. Tout est également mis en œuvre pour effacer le passé. Israël craint le pouvoir des mémoires collectives. Il sait que garder son histoire vivante, garder vivant le souvenir des blessures et des luttes passées est un puissant moyen de résistance. Le souvenir de la Nakba de 1948, des villages détruits et des communautés déplacées, a soutenu des générations de Palestiniens les inspirant à se battre jusqu’au bout pour ne pas quitter leur terre. En réponse, tous les lieux où sont conservés des documents - bibliothèques, universités, archives publiques ou personnelles - ont été réduits en poussière. Et depuis des semaines, aucune nourriture n’a été autorisée à entrer dans la région, si bien que les gens meurent de faim. De manière sadique, lorsque l’aide alimentaire est arrivée, les personnes qui s’y précipitaient ont été abattues, de même que les travailleurs humanitaires.
À cette campagne meurtrière, qui entre dans sa deuxième année, s’ajoute l’assaut brutal que les colons israéliens, lourdement armés et portant souvent des uniformes militaires, ont lancé contre les fermes palestiniennes de Cisjordanie, forçant les propriétaires à partir sous peine de mort, volant et tuant leurs animaux, détruisant les lits de culture. Enfin, il faut mentionner les milliers de personnes arrêtées, qui sont également soumises à des tortures et des humiliations constantes, certaines étant enchaînées depuis si longtemps qu’elles ont dû être amputées des jambes à cause de la gangrène.
Ce qui rend cette opération génocidaire particulièrement horrible, c’est qu’elle est menée ouvertement, devant le monde entier, et qu’elle bénéficie du soutien inconditionnel des USA et de l’Union européenne, qui fournissent un flux incessant d’argent et d’armes pour la soutenir. En effet, l’engagement des USA à soutenir inconditionnellement les décisions d’Israël, aussi meurtrières soient-elles, est tel que, plus qu’un soutien, leur position apparaît comme celle d’un partenaire, voire d’un instigateur.
Quel est donc l’enjeu en Palestine ? Qu’est-ce qui pousse des gouvernements qui se prétendent défenseurs des droits humains à abandonner tous les faux-semblants et à s’efforcer d’étouffer toute contestation de ce génocide ?
L’une des réponses est que l’expulsion massive des Palestiniens de leur terre natale et la campagne de terreur menée par Israël sont l’achèvement de la tâche assignée à Israël depuis sa formation, à savoir défendre les intérêts du capital usaméricain et international, et en particulier défendre les intérêts des compagnies pétrolières de la région et étouffer les aspirations des peuples du monde arabe qui voudraient récupérer les terres et les ressources qui leur ont été enlevées lors de la colonisation britannique.
Comme nous le savons, depuis 1948, Israël a veillé à ce que les champs pétrolifères du Moyen-Orient soient ouverts aux compagnies pétrolières usaméricaines et à ce que les régimes autocratiques que les USA et la Grande-Bretagne ont mis en place dans la région pour protéger leurs intérêts ne soient pas remis en question. Israël s’est acquitté si efficacement de cette tâche répressive qu’il est devenu l’un des principaux exportateurs d’armes au monde et, plus important encore, le principal exportateur de technologies de surveillance et de méthodes répressives dont la Palestine a été le laboratoire et le terrain d’essai [1]. Tous les régimes autocratiques en ont bénéficié. Israël a été le principal soutien de l’Afrique du Sud blanche, du régime Mobutu au Congo, il a collaboré avec Rios Montt dans le massacre de la population indigène au Guatemala au début des années 1980, et la liste est encore longue. Il n’est donc pas surprenant que Joe Biden ait déclaré dès 1986 que : « Si Israël n’existait pas, nous devrions l’inventer » et que, malgré une légère condamnation, la plupart des gouvernements du monde restent silencieux face au massacre des Palestiniens et maintenant des Libanais. La plupart d’entre eux bénéficient de la fourniture par Israël de tactiques et d’armes répressives. Les drones israéliens patrouillent aujourd’hui aux frontières, ils veillent (par exemple) à ce qu’aucun bateau de migrants ne puisse traverser la Méditerranée sans être détecté, leur technologie est utilisée pour ériger des murs, construire des clôtures électrifiées, transformer les frontières en zones militarisées.
Maintenir les Palestiniens en état de siège, les priver de leurs terres, de leurs eaux, de leur possibilité de se déplacer d’un endroit à l’autre, transformer la Palestine en un patchwork de zones séparées et non continues, entrecoupées par un nombre croissant de fermes de colons, faire de la Palestine une « prison à ciel ouvert », où toute forme de résistance est cruellement punie par l’emprisonnement, les meurtres, la démolition des maisons, a été un élément clé dans l’accomplissement de ce projet. Aujourd’hui, en outre, un autre événement accélère la guerre d’Israël et des USA contre les Palestiniens. Il s’agit de la découverte en 2000 d’un important gisement de gaz naturel au large de Gaza et d’Israël, évalué à un demi-billion [500 milliards] de dollars.[2] Comme l’histoire des USA le démontre, des coups d’État ont été organisés, des gouvernements ont été renversés, en hommage à l’extraction du pétrole, et il ne fait aucun doute que cela a été un puissant facteur d’accélération du projet de construction d’un Israël plus grand et de condamnation des Palestiniens à la mort ou à l’expulsion en masse.
Comme l’a montré Charlotte Dennett, en 2007, le gouvernement israélien s’est opposé au projet de British Gas visant à exploiter les ressources gazières offshore de Gaza, ce qui aurait grandement profité aux Palestiniens, et en 2008, « les forces israéliennes ont lancé l’opération Plomb durci », qui a tué près de 1 400 Palestiniens, avec l’intention déclarée d’envoyer Gaza « des décennies dans le passé » [3].
Cependant, nous ne pouvons pas comprendre pleinement ce qui se passe en Palestine si nous ne le relions pas à la guerre plus large que les USA, l’Union européenne et les institutions capitalistes internationales, comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, mènent pour prendre le contrôle de l’économie mondiale et des richesses de la planète. Au moyen d’une « crise de la dette » créée artificiellement - première étape d’un processus de recolonisation d’une grande partie du soi-disant « tiers monde » - et de « programmes d’ajustement structurel » imposés par la suite, un état de guerre permanent a été créé alors que de nouveaux territoires sont ouverts aux investissements de capitaux et que des régions entières sont dépouillées de leurs ressources naturelles. En ce sens, « la Palestine est le monde », comme je l’ai écrit dans un discours que j’ai prononcé en 2024 [4] lors d’une conférence de chercheurs socialistes à New York, à l’occasion de l’attaque de Sharon contre Gaza. Comme je l’ai écrit à l’époque :
« Ce qui, en Palestine, est détruit par les FDI, l’est dans de nombreux pays africains par le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. En Palestine, ce sont les chars israéliens qui détruisent les écoles et les maisons au bulldozer. En Afrique, ce sont les ajustements structurels, le dégraissage du secteur public, la dévaluation de la monnaie, mais les effets sont les mêmes. Dans les deux cas, les résultats sont des populations de réfugiés, le transfert des terres des populations locales aux nouvelles puissances coloniales, la promotion et la protection des intérêts du capital international ».
Depuis lors, les preuves que le développement capitaliste nécessite une véritable guerre contre les moyens et les activités dont les gens ont besoin pour reproduire leur vie se sont accumulées. Que ce soit par des interventions financières ou des opérations militaires ou, plus souvent, par les deux, des millions de personnes sont dépossédées de leurs maisons, de leurs terres, de leurs pays, alors que leurs terres sont privatisées, ouvertes à de nouveaux investissements et à des entreprises extractivistes, par des sociétés pétrolières, minières, agro-industrielles. C’est pourquoi, dans le monde entier, on assiste aujourd’hui à des mouvements migratoires massifs. On estime que plus de trente mille Africains se sont déjà noyés en tentant de passer en Europe au cours des dix dernières années, trois mille rien qu’en 2023. Il s’agit d’un génocide, comme celui auquel nous assistons à Gaza, mais silencieux, invisible.
En Amérique latine aussi, on assiste actuellement à une sortie massive de personnes prêtes à affronter le voyage le plus périlleux pour atteindre les USA, où elles sont traitées et pourchassées comme des criminels par les patrouilles frontalières, la frontière elle-même étant désormais complètement militarisée. À une époque de crise capitaliste croissante et de concurrence intercapitaliste, le développement nécessite des défrichements massifs, des clôtures, la mise à sac de régions entières, ainsi qu’une politique tendant à réduire constamment les investissements dans la reproduction sociale, les avantages sociaux et les salaires. C’est pourquoi, comme on l’a vu surtout en Irak, la guerre évolue elle aussi, en étant principalement dirigée contre la population civile, visant à vider des régions entières de leurs habitants, qu’il faut terroriser et priver de leurs moyens de subsistance. En Irak, comme le rapporte Dan Kovalik dans son ouvrage No More War (2020)[5], citant les conclusions de la Commission d’enquête du Tribunal international des crimes de guerre, l’armée usaméricaine a endommagé :

« des maisons, des centrales électriques, des installations de stockage de carburant, des usines civiles, des hôpitaux, des églises, des aéroports civils, des entrepôts de nourriture, des laboratoires d’essais alimentaires, des silos à grains, des centres de vaccination des animaux, des écoles, des tours de communication, des immeubles de bureaux du gouvernement civil et des magasins... »

La plupart des sites ont été bombardés deux ou trois fois, « de manière à ce qu’ils ne puissent pas être réparés ». (ibid). En conséquence, les gens ont continué à mourir longtemps après la fin des bombardements. Selon les estimations, plus de 2 millions de personnes ont perdu la vie à cause de cette campagne, dont 500 000 enfants. C’est sans doute ce qui se passera en Palestine.
Nous ne pouvons pas prédire, à l’heure actuelle, quand le massacre et la famine des Palestiniens prendront fin. Le carnage semble aujourd’hui sans fin, Tsahal préparant une invasion massive de Rafah. Mais, quelle que soit l’issue de cette guerre génocidaire, les Palestiniens continueront à mourir pendant longtemps encore, à cause des effets de la malnutrition, des maladies causées par le manque de nourriture et d’eau potable, des conséquences des blessures et autres maladies qui ne peuvent plus être soignées en toute sécurité, et des traumatismes innommables que les gens ont subis.
La guerre menée par les Israéliens en Palestine est particulièrement cruelle pour les femmes qui sont responsables de la reproduction de leurs communautés et qui se retrouvent aujourd’hui sans rien - pas de maison, pas de nourriture, pas de moyens de se reproduire, de soigner et de protéger leurs enfants et leurs familles. Nombreuses sont celles qui ont accouché pour voir leurs enfants tués ou condamnés à mourir de faim. On ne peut imaginer la douleur des centaines de femmes enceintes qui doivent accoucher sous les bombes, sans soins médicaux, en sachant que les enfants qu’elles portent dans leur ventre n’auront aucune chance de survivre. La cruauté qui leur est infligée revêt une signification particulière. Les femmes sont celles qui maintiennent l’unité de la communauté, qui, lorsque tout semble perdu, tiennent bon, cherchent de la nourriture, poursuivent la vie même sous une tente, consolent les enfants.
Parallèlement à l’horreur devant le comportement inhumain d’Israël, nous devons ressentir une immense admiration pour leur courage et leur force, pour le courage et la force des médecins et de tout le peuple palestinien qui, sous les bombardements, continuent à résister, disant au monde qu’ils préfèrent mourir là où ils sont plutôt que de quitter à nouveau leur terre, parce que quitter sa terre est aussi une forme de mort - et parce qu’ils savent que sous l’occupation israélienne, il n’y a pas d’endroits sûrs pour eux.
Dénoncer ce génocide, soutenir leur lutte par tous les moyens dont nous disposons, se mobiliser pour exiger non seulement un cessez-le-feu mais la fin de la domination israélienne sur la Palestine, c’est le moins que nous puissions faire face à cette abomination. Nous sommes d’ailleurs dans l’illusion si nous pensons que la guerre qu’Israël mène en Palestine n’est pas d’une importance vitale pour nos vies. Le flux constant d’argent et d’armes que l’administration Biden envoie pour contribuer à ce génocide est prélevé sur nos propres écoles, sur les investissements dans nos communautés, sur nos systèmes de soins de santé et nos hôpitaux. Le traitement inhumain et barbare infligé aux Palestiniens est une menace pour nous tous. Il nous rappelle que nous vivons dans un système social qui ne se préoccupe pas des vies humaines et n’hésite pas à se livrer à des destructions massives de personnes pour parvenir à ses fins.

Notes
1.    Voir Antony Loewenstein, The Palestine Laboratory. How Israel Exports the Technology of Occupation Around the World. London-New York: Verso, 2023.
2.    Charlotte Dennett, ‘Israel, Gaza, and the Struggle for Oil’. Counterpunch, December 11, 2023
3.    Ibid.
4.    Silvia Federici “Palestine is the World” (2002) Counterpunch, March 12, 2024.
5.    Dan Kovalik, No More War. How the West Violates International Law by Using ‘Humanitarian’ Intervention to Advance Economic and Strategic Interests, Skyhorse Publishing, 2020, p.86. ↩︎ La citation de Kovalik est tirée d’un rapport de la Commission d’enquête du Tribunal international des crimes de guerre.



“La destruction de Gaza définira désormais nos vies et celles de nos enfants” : le témoignage d’un soldat israélien


L'important est de refléter ce qui se passe pour le public israélien. Faire remonter les choses à la surface. Ainsi, les gens ne diront pas après coup qu'ils ne savaient pas.

Le nord de la bande de Gaza, ce mois-ci. Comment une personne trouve-t-elle la force de se lever face à l'horreur ? Photo : Omar Al-Qattaa / AFP

Anonyme, Haaretz , 28/11/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L'auteur est un soldat de réserve israélien qui a participé aux opérations terrestres au Liban et dans la bande de Gaza au cours de l'année écoulée.

Ce qui est vraiment surprenant, c'est la rapidité avec laquelle tout en vient à sembler normal et raisonnable. Au bout de quelques heures, on s'efforce d'être impressionné par l'ampleur des destructions, on se dit des phrases comme « C'est de la folie », mais en réalité, on s'y habitue assez vite.
Ça devient banal, kitsch. Un autre tas de pierres. Ici, il s'agissait probablement d'un bâtiment d'une institution officielle, là, de maisons et ici, d'un quartier. Dans toutes les directions, on voit des tas de barres d'armature, de sable, de béton et de parpaings. Des bouteilles d'eau en plastique vides et de la poussière. Jusqu'à l'horizon. Jusqu'à la mer. Le regard se porte sur un bâtiment encore debout. « Pourquoi n'ont-ils pas démoli ce bâtiment ? », demande ma sœur sur WhatsApp après que je lui ai envoyé une photo. « Et aussi, ajoute-t-elle, pourquoi diable es-tu allé là-bas ? »
La raison de ma présence ici est moins intéressante. Je ne suis pas le sujet de l'histoire. Et il ne s'agit pas non plus d'un réquisitoire contre les forces de défense israéliennes. Ça a sa place ailleurs, dans les éditoriaux, à la Cour pénale internationale de La Haye, dans les universités des USA, au Conseil de sécurité des Nations unies.
L'important est de refléter ce qui se passe pour le public israélien. De faire remonter les choses à la surface. Ainsi, les gens ne diront pas après coup qu'ils ne savaient pas. Je voulais savoir ce qui se passait ici. C'est ce que j'ai dit à tous mes amis, trop nombreux pour être comptés, qui m'ont demandé : « Pourquoi es-tu allé à Gaza ? »
Il n'y a pas grand-chose à dire sur les destructions. Elles sont partout. Elles sautent aux yeux lorsqu'on s'approche de ce qui était un quartier résidentiel depuis le point d'observation d'un drone : un jardin cultivé entouré d'un mur brisé et d'une maison pulvérisée. Une cabane improvisée avec un toit en tôle au fond d'une allée. Des taches sombres dans le sable, les unes à côté des autres : apparemment, il y avait là une sorte de bosquet. Peut-être une oliveraie. C'est la saison de la récolte des olives. Et il y a du mouvement - une personne grimpant sur un tas de décombres, ramassant du bois sur un trottoir, écrasant quelque chose avec une pierre. Le tout vu depuis la trajectoire de vol d'un drone.
Plus on se rapproche des routes logistiques - Netzarim, Kissufim, Philadelphi - moins il y a de structures encore debout. La destruction est énorme, et elle est là pour durer. Et c'est ce que les gens doivent savoir : tout cela ne sera pas effacé dans les 100 prochaines années. Quels que soient les efforts déployés par Israël pour la faire disparaître, pour l'estomper, la destruction de Gaza définira désormais nos vies et celles de nos. C'est le témoignage d'un déchaînement effréné. Un ami a écrit sur le mur de la salle des opérations : « Au silence répondra le silence, à Nova répondra la Nakba ». Les commandants de l'armée ont repris ce graffiti.
Pour un militaire, la destruction est inévitable. Combattre un ennemi bien équipé dans une zone urbaine densément peuplée signifie une destruction massive des bâtiments - ou une mort certaine pour les soldats. Si un commandant de brigade devait choisir entre la vie des soldats sous son commandement et la destruction du territoire, un F-15 chargé de bombes se dirigerait déjà vers la piste de la base aérienne de Nevatim et une batterie d'artillerie serait en train d'aligner son tir. Personne ne prendra de risques. C'est la guerre.
Israël peut se battre ainsi grâce au flux d'armes qu'il reçoit des USA, et la nécessité de contrôler le territoire avec un minimum d'effectifs est poussée à son paroxysme. Il en va de même pour Gaza et le Liban. La principale différence entre le Liban et l'enfer jaune qui nous entoure réside dans les civils. Contrairement aux villages du sud du Liban, à Gaza les civils sont toujours là. Ils se traînent d'un nœud de combat à l'autre, traînant des sacs à dos surchargés, des jerricanes. Des mères avec leurs enfants marchent péniblement le long de la route. Si nous avons de l'eau, nous la leur donnons. Les capacités technologiques de l'armée israélienne se sont développées de manière impressionnante au cours de cette guerre. La puissance de feu, la précision, la collecte de renseignements par des drones : elles font contrepoids aux mondes souterrains que le Hamas et le Hezbollah ont construits pendant de nombreuses années.
Vous vous retrouvez à regarder de loin, pendant des heures, un civil qui traîne une valise sur quelques kilomètres sur la route de Salah al-Din. Le soleil brûlant tape sur lui. Et vous essayez de comprendre : est-ce un engin explosif ? S'agit-il de ce qui reste de sa vie ? Vous observez les gens qui s'affairent près de l'enceinte de tentes au milieu du camp, vous cherchez des engins explosifs et vous regardez les dessins sur le mur dans des tons gris de charbon de bois. Ici, par exemple, c'est l'image d'un papillon.
Cette semaine, j'ai surveillé un camp de réfugiés à l'aide d'un drone. J'ai vu deux femmes marcher main dans la main. Un jeune homme est entré dans une maison à moitié détruite et a disparu. Peut-être s'agit-il d'un agent du Hamas venu délivrer un message par une entrée cachée dans un tunnel où des otages sont détenus ? D'une hauteur de 250 mètres, j'ai suivi une personne à vélo le long de ce qui avait été une route à la limite du quartier - une sortie d'après-midi au milieu d'une catastrophe. À l'une des intersections, le cycliste s'est arrêté près d'une maison d'où sortaient quelques enfants, puis il a continué dans les profondeurs du camp de réfugiés lui-même.
Tous les toits sont troués par les bombardements. Sur chacun d'entre eux se trouvent des tonneaux bleus destinés à recueillir l'eau de pluie. Si vous voyez un baril sur la route, vous devez en informer le centre de contrôle et le marquer comme un possible engin explosif. Ici, un homme fait cuire des pitas. À côté de lui, un homme dort sur un matelas. Par quelle force d'inertie la vie continue-t-elle ? Comment une personne peut-elle se réveiller au milieu d'une telle horreur et trouver la force de se lever, de trouver de la nourriture, d'essayer de survivre ? Quel avenir le monde lui offre-t-il ? Chaleur, mouches, puanteur, eau sale. Un jour de plus s'écoule.
J'attends l'écrivain qui viendra écrire sur ce sujet, le photographe qui le documentera, mais il n'y a que moi. Les autres combattants, s'ils ont des pensées hérétiques, les gardent pour eux. Nous ne parlons pas des politiciens parce qu'ils l'ont demandé, mais la vérité est que cela n'intéresse tout simplement pas ceux qui ont fait 200 jours de service de réserve cette année. Les réserves s'effondrent. Ceux qui se présentent sont déjà indifférents, préoccupés par leurs problèmes personnels ou par d'autres questions. Enfants, licenciements, études, conjoints. Ils ont renvoyé le ministre de la défense. Einav Zangauker, dont le fils Matan est retenu en otage quelque part ici. Les sandwichs à la schnitzel sont arrivés.
Les seuls qui s'excitent pour quelque chose, ce sont les animaux. Les chiens, les chiens. Ils remuent la queue, courent en masse, jouent les uns avec les autres. Ils chassent les restes de nourriture que l'armée a laissés derrière elle. Ici et là, ils osent s'approcher des véhicules dans l'obscurité, tentent d'emporter une boîte contenant des saucisses kabanos [version israélienne de saucisses de port d’origine polonaise, cachérisée avec de la viande de poulet ou de dinde, NdT]et sont chassés par une cacophonie de cris. Il y a aussi beaucoup de chiots.
Au cours des deux dernières semaines, la gauche israélienne s'est inquiétée de voir l'armée creuser les routes est-ouest de la bande de Gaza. La route de Netzarim, par exemple. Qu'est-ce qui n'a pas été dit à ce sujet ? Qu'elle est en train d'être goudronnée, qu'il y a des bases cinq étoiles dessus. Que les FDI sont là pour rester, que sur la base de cette infrastructure, le projet de colonisation dans la bande de Gaza va reprendre.
Je ne rejette pas ces préoccupations. Il y a suffisamment de fous qui n'attendent que l'occasion. Mais les routes de Netzarim et de Kissufim sont des zones de combat, des zones entre d'énormes concentrations de Palestiniens. Une masse critique de désespoir, de faim et de détresse. Ce n'est pas la Cisjordanie. Le retranchement le long de la route est tactique. Plus que d'assurer une emprise civile sur le territoire, il s'agit d'assurer la sécurité de soldats usés. Les bases et les avant-postes sont des structures portables qui peuvent être démontées et enlevées par un convoi de camions en quelques jours. Bien sûr, ça pourrait changer.
Pour nous tous, de la salle de contrôle aux derniers combattants, il est clair que le gouvernement ne sait absolument pas comment procéder à partir d'ici. Il n'y a pas d'objectifs à atteindre, pas de capacité politique à reculer. À l'exception de Jabalya, il n'y a pratiquement pas de combats. Il n'y a que des combats à la périphérie des camps. Et encore, ces combats sont partiels, par crainte de la présence d'otages. Le problème est diplomatique, non militaire et non tactique. Il est donc clair pour tout le monde que nous serons appelés une nouvelle fois, pour les mêmes missions. Les réservistes viendront encore, mais moins nombreux.
Où se situe la limite entre la compréhension de la « complexité » et l'obéissance aveugle ? Quand avez-vous gagné le droit de refuser de participer à un crime de guerre ? C'est moins intéressant. Ce qui est plus intéressant, c'est de savoir quand le grand public israélien se réveillera, quand un leader se présentera pour expliquer aux citoyens dans quel terrible pétrin nous nous trouvons, et qui sera le premier porteur de kippa à me traiter de traître. Car avant La Haye, avant les universités usaméricaines, avant la condamnation au Conseil de sécurité, c'est d'abord et avant tout une affaire interne pour nous. Et pour 2 millions de Palestiniens.


Casablanca, Marruecos : el levantamiento del 7 y 8 de diciembre de 1952, un hito histórico

He aquí dos artículos, traducidos por Tlaxcala, que recuerdan los motines del 7 y 8 de diciembre de 1952 en Casablanca, Marruecos, que fueron brutalmente reprimidos por las autoridades coloniales francesas del llamado Protectorado. Al día de hoy, no se conoce todavía el número exacto de víctimas.

7 y 8 de diciembre de 1952: motines en las Canteras Centrales de Casablanca tras el asesinato del líder sindical Farhat Hached en Túnez.

Sabrina El Faiz, lebrief.ma, 5/12/2024

Canteras Centrales. El nombre resuena
en la memoria de los habitantes de Casablanca y Marruecos. Los días 7 y 8 de diciembre de 1952, Casablanca fue escenario de violentos disturbios. Estos acontecimientos, que tuvieron lugar en el barrio de Carrières Centrales, fueron desencadenados por el asesinato de Farhat Hached, dirigente sindical tunecino y ferviente defensor de la independencia de los países del Magreb. La revuelta de los trabajadores y vecinos de este barrio precario se convirtió rápidamente en un símbolo de la lucha anticolonial en Marruecos. Inmersión...


Farhat Hached
(2 de febrero de 1914 - 5 de diciembre de 1952)


Para el noticiero de British Pathé, todo eso eran “disturbios comunistas”.

A principios de la década de 1950, Marruecos vivía bajo el protectorado francés, establecido en 1912. Aunque este régimen colonial se basaba en una administración modernizadora, había engendrado numerosas desigualdades sociales, marginado a las poblaciones rurales y suprimido toda forma de reivindicación política.
Casablanca, como centro económico del país, simbolizaba todas estas disparidades.
Las Canteras Centrales, para quien no las conozca, es un barrio obrero de la periferia de la ciudad. En aquella época, albergaba a una población predominantemente marroquí que vivía en condiciones precarias. El barrio era un refugio para los trabajadores empleados en las industrias y obras de construcción de Casablanca, a menudo explotados y privados de los derechos más elementales. En este contexto creció considerablemente la influencia de los sindicatos y los movimientos nacionalistas, como el partido Istiqlal.
Farhat Hached, Secretario General de la Unión General Tunecina del Trabajo (UGTT) y figura emblemática de la lucha independentista en Túnez, era considerado un aliado natural por los militantes marroquíes. Su asesinato el 5 de diciembre de 1952 por miembros de la Liga Anticomunista, grupo paramilitar próximo a los colonos, conmocionó a todo el norte de África.

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La prensa preponderante se desencadena

El estallido de los disturbios

El 7 de diciembre se celebraron manifestaciones en todo Marruecos para denunciar el asesinato de Farhat Hached. En Casablanca, las protestas fueron especialmente intensas en las Canteras Centrales. La ira de los habitantes se expresó inicialmente mediante concentraciones pacíficas. Trabajadores, activistas nacionalistas y sindicalistas convocaron una huelga general para expresar su solidaridad con los tunecinos y su rechazo a la violencia colonial.
 Pero las tensiones no tardaron en aumentar. El aumento de la presencia de la policía francesa, que había acudido para sofocar cualquier protesta, avivó la ira de los manifestantes. Estallaron enfrentamientos entre los residentes y la policía, convirtiendo las calles del distrito en un campo de batalla. Las protestas, en principio pacíficas, se convirtieron en violentos disturbios.
Las fuerzas coloniales, sorprendidas por la amplitud de la movilización, reaccionaron con extrema brutalidad. La policía y el ejército se desplegaron en masa para dispersar a los manifestantes. Se disparó munición real, causando numerosas víctimas. Según fuentes históricas, varias decenas de personas murieron y centenares resultaron heridas.

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Las autoridades francesas también llevaron a cabo una oleada de detenciones. Activistas nacionalistas, sindicalistas y residentes ordinarios fueron arrestados en masa. Testimonios posteriores relataron escenas de violencia sin precedentes, marcadas por exacciones y actos de humillación contra los marroquíes.
A pesar de esta feroz represión, las revueltas de las Canteras Centrales tuvieron una amplia repercusión nacional e internacional. Demostraron el alcance del rechazo al régimen colonial.
Estos acontecimientos no se limitaron a Casablanca. Manifestaciones similares estallaron en varias ciudades marroquíes, mostrando la solidaridad de los marroquíes frente a la represión colonial. Los disturbios de diciembre de 1952 se convirtieron en un símbolo de la resistencia popular contra la opresión y dieron un nuevo impulso al movimiento nacionalista.

11 décembre

En la escena internacional, estos acontecimientos llamaron la atención sobre la situación de los países del Magreb bajo dominio colonial. Las reivindicaciones de los movimientos independentistas marroquíes ganaron en legitimidad, sobre todo en la Organización de las Naciones Unidas (ONU).

 Aún hoy, los disturbios de diciembre de 1952 permanecen grabados en la memoria colectiva de Marruecos, y especialmente de Casablanca. Son un recordatorio de los sacrificios realizados por la libertad y de la importancia de la solidaridad entre los pueblos del Magreb en su búsqueda de la emancipación.

Casablanca 1952: la arquitectura al servicio de la lucha anticolonial o de la contrarrevolución


Léopold Lambert, The Funambulist, 9/8/2018
Traducido por
Tlaxcala

Recientemente viajé a Argelia para hacer algunas investigaciones para mi próximo libro sobre el espacio del estado de emergencia francés; espero escribir pronto algunos de esos artículos no rigurosos al respecto pero, mientras tanto, me gustaría escribir un breve artículo sobre una lucha de liberación nacional contra el imperio colonial francés que generalmente mencionamos con menos frecuencia que la Revolución argelina: la lucha de liberación marroquí. Un momento de esa lucha reviste especial importancia a la hora de hablar de la relación entre colonialismo y arquitectura, sobre todo si se compara con las estrategias adoptadas por los sucesivos gobiernos franceses en Argelia en los años posteriores a ese momento concreto.
El acontecimiento en cuestión consiste en dos días de huelgas y manifestaciones organizadas por la Union. Générale des Syndicats Confédérés du. Maroc (UGSCM) y el principal partido nacionalista marroquí (Istiqlal) en diciembre de 1952, descritos con precisión por Jim House en un ensayo titulado 
L’impossible contrôle d’une ville coloniale ? [¿El control imposible de una ciudad colonial?] (Genèses vol. 86, 2012). Aunque este artículo está motivado en parte por el intento de traducir ciertos elementos de la descripción de House de la huelga de 1952 (a la que se dedica la primera parte de este artículo), también encuentra su motivación en la falta de consideración de su artículo por la transformación urbana masiva que las autoridades coloniales estaban llevando a cabo en ese momento. Este punto, y lo que nos dice sobre las responsabilidades de los arquitectos en la contrarrevolución colonial, será por tanto el tema de la segunda parte de este artículo.
 


 Farhat Hached (de traje oscuro) a la cabeza de una manifestación de la UGTT, la confederación sindical tunecina

Manifestación anticolonial en las Canteras Centrales de Casablanca 

El 5 de diciembre de 1952, el nacionalista y sindicalista tunecino Farhat Hached es asesinado en un complot en el que parecen estar implicadas las autoridades coloniales francesas en Túnez. Como respuesta transnacional, la UGSCM marroquí y el Istiqlal organizaron una huelga general en Marruecos el 7 de diciembre. La huelga se originó en el barrio de chabolas de Carrières Centrales (ahora Hay Mohammadi) en Casablanca, donde vivían más de 130.000 personas colonizadas. Algunos de ellos se habían trasladado allí desde las zonas rurales del país; otros habían sido desplazados del centro de la ciudad en 1938, después de que una epidemia de fiebre tifoidea sirviera de pretexto a las autoridades para destruir los pequeños barrios de chabolas adyacentes a los "barrios europeos" y expulsar a sus habitantes fuera de lo que entonces eran los límites de la ciudad. 
El chabolismo masivo que existía a principios de la década de 1950 fue visto por las autoridades francesas como una amenaza política para el orden colonial -veremos en la segunda parte en qué consistió la estrategia contrarrevolucionaria que siguió-. En consecuencia, se puso en marcha un plan específico de represión para responder a cualquier movimiento anticolonial en las Carrières Centrales: además de los agentes de policía franceses y marroquíes (estos últimos a las órdenes del Majzén), las autoridades coloniales idearon varios niveles de refuerzos militares como tiradores marroquíes o senegaleses, goums (unidades militares bereberes) y otras ramas del ejército colonial.

 La huelga organizada originalmente por el Istiqlal se conocía como la “huelga del ratón”. Consistía en negarse a salir de casa para ir a trabajar. Sin embargo, la noche del 7 de diciembre, los pregoneros circularon por el barrio de chabolas para declarar que la huelga estaba prohibida y que todo el mundo debía abrir sus comercios como en un día normal. Momentos después, la policía abrió fuego contra los vecinos que les habían lanzado piedras en respuesta a la prohibición. Los manifestantes se concentraron frente a la comisaría local; algunos murieron por disparos. La policía comenzó entonces a registrar el poblado de chabolas, entrando sistemáticamente en las casas y deteniendo a activistas nacionalistas. Al día siguiente, los colonos que vivían cerca fueron evacuados y la policía volvió a disparar en el barrio, matando a un muchacho de 15 años que había estado cavando una zanja dentro de su casa para proteger a su familia. 
El 8 de diciembre por la tarde se organizó una marcha multitudinaria, que salió de los barrios marroquíes pobres y se dirigió al centro de la ciudad, hacia la Casa de los Sindicatos, donde estaba prevista una reunión. Al describir los acontecimientos, la prensa francesa se refirió a un "intento de invasión de la ciudad europea". La policía disparó y mató al menos a 14 personas de la procesión. Muchas otras personas fueron detenidas. Un pequeño número fue liberado en medio de una multitud de colonos que les atacaron. Mientras tanto, se solicitaron grandes refuerzos militares para acordonar los barrios pobres marroquíes. Aviones de reconocimiento sobrevolaron a baja altura estos barrios en un esfuerzo que era tanto de vigilancia como de intimidación. Asimismo, tanques ligeros y ametralladoras desfilaron por las Carreras Centrales. En el propio distrito, la policía marroquí obligó a los residentes a abrir sus tiendas y destruyó las que permanecían cerradas, en lo que prefiguró la respuesta francesa a la huelga general organizada por el FLN en Argelia cinco años después.
En los días siguientes, miles de policías y soldados se desplegaron en los barrios marroquíes y 1.206 personas fueron declaradas culpables de alteración del orden público por los tribunales coloniales. Algunos de los manifestantes detenidos fueron torturados con electricidad en las comisarías, un presagio de los años siguientes de la revolución argelina (1954-1962). 51 sindicalistas franceses próximos al movimiento nacionalista marroquí también fueron deportados a Francia. 
Como suele ocurrir en las masacres coloniales (el Estado tiene interés en impedir que existan archivos), el número de manifestantes muertos durante estos días de represión sigue sin estar claro, pero se cree que osciló entre 100 y 300 (Jim House, "L'impossible contrôle d'une ville coloniale?", 2012).


El Plan Écochard y el chabolismo. Hemeroteca del Ministerio de Vivienda marroquí


Arquitectos y contrarrevolución 
 

Como se ha mencionado anteriormente, la información proporcionada por Jim House en su ensayo es extremadamente valiosa, pero tampoco menciona cómo las Carrières Centrales fueron al mismo tiempo el lugar de una drástica transformación urbana que sigue siendo bien conocida en la historia de la arquitectura actual. Por lo tanto, la narrativa política e histórica no implica a la arquitectura y, como era de esperar, la mayoría de las narrativas arquitectónicas no implican la violencia del colonialismo o lo hacen con demasiado poco énfasis. 
Siendo director del Departamento de Planificación Urbana de Marruecos (1946 a 1952), el arquitecto y urbanista francés Michel Écochard diseñó un plan director para las Carrières Centrales con su colectivo, cuyo nombre, GAMMA por Grupo de Arquitectos Modernas Marroquíes, induce a error en cuanto al tipo de arquitectos implicados (“marroquíes” significa aquí franceses y occidentales en Marruecos, como Shadrach Woods o Georges Candilis).
Como ya se ha dicho, este plan director y su reconocible cuadrícula de 8×8 metros, así como sus intentos (más o menos orientalistas) de adaptarlo a la población marroquí, pertenecen a la historia canónica de la arquitectura. En las raras ocasiones en que se menciona el contexto político de este proyecto (no “simplemente” el orden colonial francés en Marruecos, sino también la supresión del movimiento nacionalista marroquí), este contexto se entiende como el trasfondo del proyecto, más que como su propia esencia. 
Esta es, en mi opinión, una dimensión fundamental para entender no sólo el papel de la arquitectura aquí, no sólo la relación que la arquitectura tiene con el colonialismo, sino, más ampliamente, la propia función de la arquitectura en la cristalización y la imposición de órdenes políticos (y, quizás en las más raras ocasiones, del desorden).
En otras palabras, no debería sorprendernos simplemente el hecho de que la masacre de 1952 se produjera mientras estaba en marcha la transformación urbana del poblado chabolista, sino que deberíamos ver esta transformación como el esfuerzo colonial por silenciar el movimiento anticolonial, como ocurriría más tarde en Argelia a finales de la década de 1950 con la construcción de complejos residenciales masivos por parte de las autoridades francesas como la segunda oleada contrarrevolucionaria (después y al mismo tiempo que la oleada judicial y militar) contra la revolución anticolonial. Por supuesto, el proyecto en sí no fue una respuesta a la huelga de 1952, sino más bien una respuesta preventiva a dicha lucha política. 
Afirmar esto no es sugerir que la historia deba releerse a través del prisma de una conspiración colonial en la que participaron arquitectos y urbanistas en todos los niveles de la toma de decisiones militares y administrativas. Personalmente, no he leído ningún relato que implique a Écochard y a los militares sobre los rasgos contrarrevolucionarios de su proyecto urbano, y no sé si existe alguno, al igual que no lo hice con Fernand Pouillon en Argel unos años más tarde. 
Sin embargo, el grado de intencionalidad mostrado por los arquitectos a la hora de participar en el orden colonial es secundario cuando los clientes son precisamente los guardianes de ese orden, y los arquitectos miembros de la sociedad colonial. Además, con su extremo énfasis en la racionalidad, la arquitectura moderna, quizás más que ninguna otra, encarna el paradigma espacial ideal cuando se trata de controlar a la población (véase este artículo de 2014 sobre Brasilia, por ejemplo) y enmarcar la mayoría de los aspectos de la vida cotidiana de sus residentes. 
Por tanto, los diversos complejos modernistas construidos por las autoridades coloniales francesas en Marruecos y Argelia deben verse, tanto política como operativamente, como lo que son: armas arquitectónicas contrarrevolucionarias.


El edificio “Nid d'Abeilles” [Nido de abejas] diseñado por Georges Candilis y Sadrach Woods en 1952 y 2016. Fotos de Léopold Lambert

Arquitectura y revolución anticolonial

 Como he dicho muchas veces en The Funambulist, estoy convencido de que la arquitectura tiene propensión a encarnar el orden colonial. Su violencia intrínseca materializa fácilmente los muros que el Estado colonial necesita para mantenerse, y nada es más fácil que extruir una línea trazada en un mapa donde las fronteras son construcciones coloniales. Una parte de mí sigue creyendo que se puede lograr un diseño anticolonial si se está dispuesto de algún modo a abrazar esa violencia intrínseca en favor de una agenda anticolonial. Sin embargo, la relación entre arquitectura y revolución anticolonial nunca es mayor que cuando el orden encarnado por la primera se subvierte (voluntaria o involuntariamente) en favor de la segunda. Aunque la liberación de Marruecos tuvo lugar en 1956, y es dudoso que tal proceso ya se hubiera logrado para entonces en el entramado Écochard de las Carrières Centrales, una visita a la arquitectura moderna del actual Hay Mohammadi sugiere sin duda tal subversión en la dificultad que incluso podríamos experimentar al intentar reconocerla.
Por supuesto, la subversión aquí se basaba principalmente en la apropiación de un espacio doméstico para las necesidades cotidianas, no en un esfuerzo político anticolonial; sin embargo, al igual que los arquitectos coloniales no necesitan contribuir voluntariamente al orden colonial para hacerlo, los residentes colonizados y poscoloniales (Hay Mohammadi sigue siendo hoy un barrio proletario) no necesitan subvertir voluntariamente ese orden para hacerlo.
Si se nos permite concluir con una última comparación con Argel, la Casba no necesitó ser transformada políticamente para constituir una condición espacial ideal para la revolución argelina; su existencia continuada en desacuerdo con la lógica colonial, así como su encarnación de una multitud de procesos racionales (en oposición a un proceso uniforme, siempre manifestado en un plan maestro), hicieron que lo fuera. Por ello, las fotografías siguientes, en comparación con la anterior del plan Écochard, representan menos la eficacia de una lucha anticolonial pasada que el símbolo de su potencial presente o futuro en la subversión del orden colonial que encarnan.

Abajo fotografías de Hay Mohammadi, Casablanca, de Léopold Lambert (2016).



Agradecimientos: este artículo solo ha podido escribirse hoy gracias a una invitación a Hay Mohammadi de las amigas Karima El Kharraze y Hélène Harder en 2016, y a la generosa introducción de Karim Rouissi a la historia proletaria de la ciudad. También me gustaría aprovechar este párrafo adicional para decir que, por supuesto, he leído varios de los textos de Marion Von Osten sobre el tema, y por lo tanto estoy obligado a ser influenciado de una manera u otra por su trabajo en este artículo; sin embargo, sigo siendo incapaz de articular una respuesta a ella porque su discurso parece estar formulado más para los fines de la historia de la arquitectura que para la historia del colonialismo y los movimientos anticoloniales abordados a través de la perspectiva de la arquitectura, como me interesa hacer.