Yair Ben David, Haaretz, 20/1/2024
Traduit
par Fausto Giudice, Tlaxcala
Yair Ben David est un conférencier israélien spécialisé dans la psychologie de la moralité. Il est l’auteur de deux livres qui explorent les subtilités de la moralité dans notre vie quotidienne : "Comment être bon" et "Comment être mauvais", tous deux publiés en hébreu par Kinneret Zmora-Bitan Dvir.
Une méta-analyse d’études comportementales s’interroge sur un phénomène étrange : qu’est-ce qui pousse les gens à fermer les yeux sur la vérité - à Gaza, par exemple ?
Dario Castillejos, Mexique
Une allégation fréquemment entendue à l’encontre des critiques d’Israël dans le monde, des campus universitaires des USA aux rues de Paris, à la lumière de la guerre de Gaza, est que nombre d’entre eux ont ignoré les actes de massacre commis par le Hamas. Une grande partie de cette ignorance pourrait provenir d’un manque spécifique de connaissances : de l’ignorance de ce qui se passe dans une région que certains manifestants et critiques ne peuvent même pas situer sur une carte ; et de l’exposition à une vérité partielle ou pire dans les médias sociaux, qui ont tendance à nous diriger vers des contenus qui ne font que confirmer ce que nous pensions déjà.
Mais cette fois-ci, les critiques, dont certaines vont jusqu’à appeler à l’éradication d’Israël, semblent être non seulement la conséquence d’une éducation déficiente et d’une image de la réalité biaisée par les filtres de TikTok et d’Instagram. Il semble que certains “experts” aient un intérêt direct à faire progresser et à orienter le manque de connaissances et l’oubli sélectif dans le contexte israélien. Ce que nous voyons ici est très probablement le phénomène psychologique connu sous le nom d’“ignorance volontaire”.
Une « revue méta-analytique » publiée récemment dans la prestigieuse revue Psychological Bulletin fournit une plate-forme importante pour ce phénomène intriguant, dont certains d’entre nous souffrent régulièrement. L’ignorance volontaire, comme l’explique l’article, est notre choix d’éviter de prendre en considération des informations même lorsqu’elles sont facilement accessibles. Ce phénomène est appelé par d’éminents chercheurs « l’effet autruche », en référence à la croyance commune (mais fausse) selon laquelle cet oiseau enfouit sa tête dans le sable face au danger.
D’un point de vue psychologique, l’ignorance volontaire est un sujet à la fois fascinant et particulier. Les êtres humains étant dotés d’une curiosité innée, on pourrait s’attendre à ce qu’ils s’efforcent d’en savoir le plus possible. La plupart d’entre nous sont des chasseurs et des cueilleurs de connaissances, à la recherche de nouvelles informations en permanence et en tout lieu. Certains d’entre nous ont peut-être été incités à lire cet article précisément pour cette raison.