Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Les Palestiniens n'ont manifestement pas les mêmes droits que les autres. C'est la seule norme occidentale qui a été appliquée au cours des cent dernières années.
Il n'y a pas de deux poids-deux mesures occidental, comme le prétendent la plupart des Palestiniens et leurs partisans. En fait, l'Occident capitaliste a toujours soutenu l'entreprise sioniste en Palestine depuis sa création. Il n'a jamais prétendu le contraire. Ni en 1948, lorsqu'il a reconnu la création d'un État juif au détriment de la population indigène de Palestine, ni en 1967, lorsqu'Israël a étendu son projet colonial pour occuper le reste de la Palestine avec certaines parties de l'Égypte, de la Syrie et de la Jordanie. Et depuis 1967, il a étendu ses colonies en Cisjordanie occupée, assiégé la bande de Gaza, commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, et ouvertement approuvé les lois d'apartheid contre ses citoyens palestiniens de seconde zone. Les principales organisations occidentales de défense des droits humains ont témoigné de ces faits, mais les gouvernements occidentaux n'ont absolument rien fait pour soutenir le peuple palestinien. Au contraire, ces mêmes gouvernements ont été absolument clairs sur leurs politiques racistes vis-à-vis des droits humains des Palestiniens. Pour eux, les Palestiniens basanés, « arabes », ne sont pas aussi humains que les Juifs ashkénazes blancs qui se trouvent être les victimes du pire pogrom antisémite occidental du 20e siècle.
Si Israël attaque Gaza (comme il l'a fait en 2009, 2012, 2014, 2021) et tue des milliers de civils innocents, détruit des grands immeubles et assassine des manifestants non violents, ce sont les Palestiniens qui sont à blâmer. Au mieux, les « deux camps » devraient faire preuve de « retenue », c'est-à-dire traiter sur un pied d'égalité l'armée qui est équipée d'avions de combat F35 de fabrication usaméricaine, d'ogives nucléaires, de chars d'assaut et de bombes au phosphore, pour n'en citer que quelques-uns, et les enfants et les femmes privés de leurs droits fondamentaux et assiégés dans ce qui est devenu la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Le crime de ces derniers est de ne pas être nés de mères blondes aux yeux bleus ! C'est la suprématie blanche raciste dans toute sa splendeur.
Nous n'osons pas demander le boycott de l'apartheid israélien, ni le respect effectif de nos droits humains fondamentaux, et encore moins notre résistance populaire. N'est-ce pas ce que ces mêmes gouvernements occidentaux soutiennent en Ukraine ? Mais comment osons-nous, nous les Palestiniens, ne serait-ce que penser à cette analogie ?
En tant que réfugié dont les parents, ainsi que 750 000 Palestiniens, ont fait l'objet d'un nettoyage ethnique en 1948, et sont devenus des réfugiés dans des camps à Gaza, en Cisjordanie et dans la diaspora, je ne peux que ressentir l'horrible douleur des réfugiés ukrainiens. Nous condamnons également, dans les termes les plus forts possibles, tout crime de guerre commis par quelque armée que ce soit, que ce soit en Irak ou en Afghanistan, ou en Syrie, ou en Ukraine. Les victimes de ces crimes sont toutes égales dans leur victimisation, indépendamment de leur ethnie, de leur religion et de leur sexe.
L'invasion russe de l'Ukraine, cependant, a été accueillie par la condamnation occidentale la plus forte et la plus rapide pour ces raisons mentionnées par des journalistes et des politiciens blancs sans sourciller : Les réfugiés ukrainiens sont comme « nous» blancs, de classe moyenne, européens, chrétiens (et certains sont juifs), à la différence des « foules » basanées, moyen-orientales, africaines et musulmanes qui veulent inonder l'Europe en « masse » ! Mais ces politiques occidentales, conservatrices et libérales, ont toujours été racistes, colonialistes et classistes. Elles sont le reflet d'une vision darwinienne du monde, selon laquelle les humains ne sont différents que pour des raisons biologiques : plus ils sont blancs, mieux c'est ! Et, par conséquent, les cultures reflètent ces différences biologiques. Comme le dit Étienne Balibar dans sa discussion sur le racisme culturel : « la culture peut aussi fonctionner comme une nature, et elle peut notamment fonctionner comme un moyen d'enfermer les individus et les groupes... dans une détermination d'origine immuable et intangible ».
Maintenant qu'Amnesty International, Human Rights Watch et même B'tselem ont tous conclu qu'Israël pratique l'apartheid, incontestablement un crime contre l'humanité, du Jourdain à la Méditerranée, que vont faire les gouvernements libéraux et occidentaux ? Vont-ils répondre à l'appel lancé par la société civile palestinienne, à savoir boycotter, désinvestir et sanctionner l'Israël de l'apartheid jusqu'à ce qu'il se conforme au droit international, le même droit international qu'ils ont créé après la Seconde Guerre mondiale ? Vont-ils soutenir la poursuite palestinienne de la justice et de la responsabilité via la Cour pénale internationale de la même manière qu'ils soutiennent la poursuite ukrainienne de la justice ? Vont-ils soutenir la résistance palestinienne à l'occupation, au colonialisme de peuplement et à l'apartheid ?
La réponse est un grand NON, uniquement parce que les Palestiniens ne bénéficient pas des mêmes droits que les Ukrainiens. C'est la seule norme occidentale qui a été appliquée au cours des cent dernières années. Prétendre le contraire est - et c'est un euphémisme - une mauvaise interprétation de l'histoire.