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05/09/2023

HILO GLAZER
Le Grand Déménagement a commencé
Dans les Préalpes italiennes, des Israéliens créent une communauté d’expatriés. Des initiatives similaires fleurissent, du Portugal à la Grèce

 Note du traducteur

Il y a quelques années, une blague circulait dans les bars de Tel-Aviv : « Un juif israélien optimiste apprend l'arabe, un juif israélien pessimiste apprend l'anglais, un juif israélien réaliste apprend à nager ». Il semble que ce que les Palestiniens ou les Arabes n'ont pas réussi à faire (s'ils en ont jamais eu l'intention), Netanyahou et ses acolytes du gouvernement sont en train de le provoquer : une vague de sauve-qui-peut a éclaté parmi les Juifs israéliens. En effet, des centaines et des milliers d'Israéliens de toutes conditions socio-économiques et de tous âges se précipitent pour trouver une alternative à la vie dans l'État juif. C'est ainsi qu'une nouvelle activité, que l'on pourrait appeler relocation industry (industrie du transfèrement), a vu le jour. L'article d'Hilo Glazer parle du projet Baita, lancé dans la Valsesia, en province de Vercelli, Valsesia, et d'autres projets, y compris des plans ambitieux pour créer des « villes israéliennes » en Europe, de Chypre et de Grèce au Portugal, et ailleurs. L’un d’eux parle même de créer une “communauté de peuplement » (settlement comunity), qui ne manque pas d’évoquer les colonies (appelées pudiquement « settlements ») en Cisjordanie. On peut légitimement se demander si ces projets peuvent constituer un dépassement définitif du sionisme et du tribalisme ou s’ils ne feront que créer des “petits Israël” répandus en confettis à travers le monde. -FG


Hilo Glazer, Haaretz, 2/9/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

À la suite du coup d’État judiciaire, les discussions israéliennes sur l’installation à l’étranger ne se limitent plus aux groupes de médias sociaux. Dans une vallée verdoyante du nord-ouest de l’Italie, les idées d’émigration collective se concrétisent sur le terrain - et des initiatives similaires prennent forme ailleurs également

« Alors que le nombre d’heures de lumière dans la démocratie de leur pays ne cesse de diminuer, de plus en plus d’Israéliens arrivent dans la vallée montagneuse à la recherche d’un nouveau départ. Parmi eux, il y a des jeunes avec des tout petits en porte-bébé, d’autres avec des enfants en âge d’aller à l’école, et il y a les personnes grisonnantes ou dégarnies comme moi. Un enseignant, un entrepreneur technologique, un psychologue, un toiletteur pour chiens, un entraîneur de basket-ball. Certains disent qu’ils ne font qu’explorer, ayant encore honte d’admettre qu’ils envisagent sérieusement l’option. D’autres semblent déterminés et motivés - ils cherchent à savoir comment obtenir un permis de séjour, combien coûte une maison, comment ouvrir un compte en banque et transférer leurs fonds de prévoyance tant que c’est encore possible. Sous tout cela se cache une couche de douleur, la douleur de bons Israéliens qui ont cru qu’après 2 000 ans, ils pouvaient se reposer sur leurs lauriers, mais qui reprennent à présent le bâton du Juif errant ».

L’auteur de ces lignes est Lavi Segal, et la zone montagneuse qu’il décrit se trouve dans la vallée de la Sesia (Valsesia), dans la région du Piémont, province de Vercelli, au nord-ouest de l’Italie, au pied des Alpes. Segal, propriétaire d’une entreprise de tourisme en Galilée, partage ses expériences avec les membres d’un groupe Facebook appelé Baita, qui offre des informations aux Israéliens cherchant à immigrer et à créer leur propre communauté dans la Valsesia, dont de nombreux habitants ont quitté la région au cours des dernières décennies. Le nom du groupe est un amalgame de Bait (qui signifie "maison" en hébreu) et d’Ita (Italie). En italien, Baita signifie “chalet de montagne”. Et il ne s’agit pas de n’importe quelle montagne : la Valsesia est connue comme “la vallée la plus verte d’Italie”. Selon Segal, il s’agit d’un cas de publicité véridique.

« Avec tout le respect que je dois à ceux qui parlent de la “belle terre d’Israël” », dit-il dans un entretien téléphonique avec Haaretz, Israël est peut-être beau comparé à la Syrie ou à l’Arabie saoudite [sic], mais l’Europe et les Alpes sont un monde différent. Les paysages sont à couper le souffle, le climat est merveilleux et tous les problèmes bien connus d’Israël - guerres, saleté, surpopulation, coût de la vie - n’existent tout simplement pas ici ».

Segal vit en Valsesia avec sa femme, Nirit, depuis deux mois ; tous deux sont âgés d’une soixantaine d’années. « Nous sommes en train de nous familiariser avec la région et de l’explorer », explique-t-il. « Nous avons loué une maison ici et, de temps en temps, nous discutons avec des agents immobiliers de la possibilité d’en acheter une. Pour l’instant, nous ne parlons pas de déracinement permanent, même si cela pourrait se produire si la vie en Israël devenait intolérable. Pour l’instant, nous cherchons un endroit où nous pourrons partager notre temps entre Israël et l’étranger. Israël nous est très cher : Lorsque nous sommes là-bas, nous participons activement aux manifestations » contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement.

Nirit, qui organise des retraites artistiques, est partagée : « C’est un endroit de rêve pour la création artistique, mais je suis très attachée à Israël et, comme beaucoup de gens dans mon entourage, je le ressens particulièrement aujourd’hui. J’appréhende les implications de la vague de migration pour le mouvement de protestation ».

Pour l’instant, elle a décidé de ne pas prendre de décision, admet-elle. « Je veux tenir le bâton par les deux bouts. Participer à la protestation, mais aussi rester ici pendant de longues périodes. Passer de l’un à l’autre. Nous avons été accueillis chaleureusement ici. Malgré les difficultés linguistiques, nous avons développé des liens agréables et naturels avec les gens. C’est bizarre, mais je commence à m’attacher ».

Lavi attribue moins d’importance aux bouleversements politiques dans son pays d’origine lorsqu’il s’agit de prendre la décision d’étudier d’autres options. « Je n’ai pas eu besoin d’être témoin des événements actuels pour comprendre qu’Israël s’engage dans une voie qui n’est pas la bonne », déclare-t-il.

Le chemin des Segal, qui ont trois enfants adultes, pour s’installer dans la vallée est pavé, principalement grâce au passeport lituanien de Lavi. « Grâce à lui, nous pouvons rester indéfiniment dans les frontières de l’Union européenne, et les enfants peuvent étudier et travailler. Qui aurait pensé qu’après tout ce qui est arrivé à notre peuple et à ma famille sur le sol lituanien, un passeport lituanien nous permettrait de circuler librement ? »

En attendant, ils vivent dans une ville tranquille située à 650 mètres au-dessus du niveau de la mer. 

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HILO GLAZER
Nelle Prealpi italiane, degli israeliani fondano una comunità di espatriati. Iniziative simili stanno nascendo altrove

 Nota del traduttore

Una battuta circolava qualche anno fa nei bar di Tel Aviv: “Un ebreo israeliano ottimista impara l'arabo, un ebreo israeliano pessimista impara l'inglese, un ebreo israeliano realista impara a nuotare”. Sembra che quello che i Palestinesi o gli arabi non sono riusciti a fare (semmai ne abbiano avuto davvero l'intenzione), Netanyahu e i suoi accoliti di governo lo stanno provocando: un'ondata di fuggi fuggi si è scatenata fra gli ebrei israeliani. Infatti, centinaia e migliaia di israeliani di varie condizioni socioeconomiche e di ogni età stanno dandosi da fare per trovare un'alternativa di vita allo Stato ebraico. Ed è in questo modo che è nato un nuovo business, che si potrebbe chiamare relocation industry (industria del trasferimento). L'articolo di Hilo Glazer racconta del Progetto Baita, lanciato in provincia di Vercelli, nella Valsesia, e di altri progetti, fra i quali ambiziosi progetti di creazione di "città israeliane" in Europa, da Cipro e Grecia al Portogallo, ed altrove. Uno di loro parla addirittura di creare una “comunità di insediamento”, che ricorda i cosiddetti insediamenti (colonie) in Cisgiordania. Possiamo legittimamente chiederci se questi progetti possano costituire un superamento definitivo del sionismo e del tribalismo, oppure se creeranno semplicemente “piccoli Israele” sparsi come coriandoli per il mondo.-FG

Hilo Glazer, Haaretz, 2/9/2023
Tradotto da Fausto Giudice, Tlaxcala

 Sulla scia del golpe giudiziario [la riforma progettata dal governo Netanyahu], le discussioni israeliane sul trasferimento all’estero non si fermano più ai gruppi sui social media. In una valle lussureggiante dell’Italia nord-occidentale, le idee di emigrazione collettiva si stanno attuando sul campo e iniziative simili stanno prendendo forma anche altrove.

“Mentre il numero di ore di luce nella democrazia del loro Paese continua a diminuire, sempre più israeliani arrivano nella valle montana alla ricerca di un nuovo inizio. Tra loro ci sono giovani con neonati nel marsupio, altri con bambini in età scolare, e ci sono persone brizzolate o pelate come me. Un insegnante, un imprenditore tecnologico, uno psicologo, un toelettatore di cani, un allenatore di basket. Alcuni dicono che stanno solo esplorando, si vergognano ancora di ammettere che stanno prendendo seriamente in considerazione l’opzione. Altri sembrano intenzionati e motivati: si informano su come ottenere il permesso di soggiorno, su quanto costa una casa, su come aprire un conto bancario e trasferire i fondi previdenziali finché è ancora possibile. Alla base di tutto questo c’è uno strato di dolore, il dolore dei bravi israeliani che credevano di potersi riposare sugli allori dopo 2.000 anni, ma che ora stanno riprendendo in mano il bastone del viandante”.

L’autore è Lavi Segal, la zona montuosa che descrive si trova nella Valsesia, nella regione Piemonte dell’Italia nord-occidentale, ai piedi delle Alpi. Segal, proprietario di un’azienda turistica della Galilea, condivide le sue esperienze con i membri di un gruppo Facebook chiamato Baita, che offre informazioni agli israeliani che cercano di immigrare e creare una propria comunità in Valsesia, molti dei cui abitanti originari sono partiti negli ultimi decenni. Il nome del gruppo è un amalgama di Bait (che in ebraico significa “casa”) e Ita - abbreviazione di Italia. Baita in italiano si traduce anche come “capanna in montagna”. E non si tratta di montagne qualsiasi: la Valsesia è conosciuta come “la valle più verde d’Italia”. Segal afferma che quello che sta presentando è un caso di pubblicità veritiera.

“Con tutto il rispetto per i discorsi sulla ‘bella Terra d’Israele’”, dice ad Haaretz in un’intervista telefonica, “Israele è forse bella se paragonata alla Siria o all’Arabia Saudita [sic] [ma] l’Europa e le Alpi sono un altro mondo. Il paesaggio è mozzafiato, il clima è meraviglioso e tutti i noti problemi di Israele - guerre, sporcizia, sovraffollamento, costo della vita - semplicemente non esistono qui”.

Segal vive in Valsesia da due mesi con la moglie Nirit, entrambi sessantenni. “Stiamo facendo un viaggio di familiarizzazione e di esplorazione”, spiega. “Abbiamo affittato una casa qui e ogni tanto parliamo con le agenzie immobiliari della possibilità di acquistarne una. Al momento non stiamo parlando di uno sradicamento definitivo, anche se potrebbe accadere se la vita in Israele diventasse intollerabile. Per il momento stiamo cercando un posto in cui possiamo dividere il nostro tempo tra Israele e l’estero. Israele ci è molto caro: Quando siamo lì partecipiamo attivamente alle manifestazioni” contro i piani del governo per la revisione del sistema giudiziario.

Nirit, che organizza ritiri artistici, ha due idee: “Questo posto è un sogno quando si tratta di creare arte, ma sono molto legata a Israele e, come molte persone del mio ambiente, lo sento soprattutto oggi. Sono preoccupata per le implicazioni dellondata migratoria sul movimento di protesta”.

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HILO GLAZER
In Italy's Alpine Foothills, Israelis Are Starting an Expat Community. Similar Initiatives Aren't Far Behind


Editor's Note

A joke circulated a few years ago in Tel Aviv bars, “An optimistic Israeli Jew learns Arabic, a pessimistic Israeli Jew learns English, a realistic Israeli Jew learns to swim.” It seems that what the Palestinians or Arabs have failed to do (if they ever really intended to), Netanyahu and his government acolytes are causing: a stampede has broken out among Israeli Jews. Indeed, hundreds and thousands of Israelis of various socio-economic conditions and all ages are scrambling to find an alternative to the life in the Jewish state. And in this way a new business, which could be called the relocation industry, has emerged. Hilo Glazer's article tells of the Baita Project, launched in the Sesia Valley, in the province of Vercelli, and other projects, including ambitious plans to create “Israeli cities” in Europe, from Cyprus and Greece to Portugal, and elsewhere. One of them even speaks of creating a “settlement community”, which is reminiscent of the so-called settlements (colonies) in the West Bank. It's legitimate to wonder whether these projects can constitute a definitive overcoming of Zionism and tribalism, or whether they will simply create "little Israels" scattered like confetti across the world.-FG

Hilo Glazer, Haaretz, Sep 2, 2023

In the wake of the judicial coup, Israeli discussions about relocating abroad no longer stop at social media groups. In a lush valley in northwestern Italy, ideas of collective emigration are being played out on the ground – and similar initiatives are taking shape elsewhere as well

“As the number of hours of light in their country’s democracy keeps diminishing, more and more Israelis are arriving in the mountainous valley in their search for a new start. Among them are young people with babies in carriers, others with children of school age, and there are the graying-balding people like me. A teacher, a tech entrepreneur, a psychologist, a dog groomer, a basketball coach. Some say they’re only exploring, still ashamed to admit that they are seriously considering the option. Others look purposeful and motivated – looking into how to get a residency permit, how much a house costs, how to open a bank account and transfer your provident funds while it’s still possible. Underlying all this is a layer of pain, the pain of good Israelis who believed that after 2,000 years they could rest on their laurels, but were now taking up the wanderer’s staff once again.”

The writer is Lavi Segal, the mountainous area he is describing is in the Sesia Valley (Valsesia), in the Piedmont region of northwest Italy, at the foot of the Alps. Segal, the owner of a tourism business from the Galilee, shares his experiences with members of a Facebook group called Baita, which offers information to Israelis seeking to immigrate to and create their own community in Valsesia, many of whose original inhabitants have left in recent decades. The group’s name is an amalgam of Bait (Hebrew for “home,” or “house”) and Ita – short for Italy. Baita in Italian also translates as “hut in the mountains.” And these are not just any mountains: Valsesia is known as “the greenest valley in Italy.” Segal says what he’s presenting is a case of truthful advertising.

“With all due respect for the talk about ‘the beautiful Land of Israel,’” he tells Haaretz in a phone interview, “Israel is perhaps beautiful compared to Syria or Saudi Arabia [but] Europe and the Alps are a different world. The landscape is breathtaking, the weather is marvelous, and all the well-known troubles of Israel – wars, dirtiness, overcrowding, cost of living – simply don’t exist here.”

Segal has lived in Valsesia with his wife, Nirit, for two months; both are in their 60s. “We’re on a journey of familiarization and exploring,” he explains. “We’ve rented a house here, and every so often we talk to real estate agents about the possibility of buying one. At the moment we’re not talking about permanent uprooting, though that could happen if life in Israel becomes intolerable. For the time being we’re looking for a place where we can divide our time between Israel and overseas. Israel is very dear to us: When we’re there we’re active in demonstrations” against the government’s plans for a judicial overhaul.

Nirit, who organizes art retreats, is of two minds: “This place is a dream when it comes to creating art, but I’m very attached to Israel, and like many people in my circles I feel it today especially. I’m apprehensive about the implications of the wave of migration for the protest movement.”

For the time being, she’s decided not to decide, she admits. “I want to hold the stick at both ends. To take part in the protest, but also to stay here for long periods. To move between the two. We have been received here cordially. Despite the language difficulties, we’ve developed some pleasant and natural ties with people. It’s odd, but I’m getting attached.”

Lavi attributes less importance to the political upheaval back home when relating to the decision to investigate other options. “I didn’t need to witness current events in order to grasp that Israel is heading in directions that aren’t good,” he says.

The path of the Segals, who have three grown children, to settle in the valley is being paved thanks mainly to Lavi’s Lithuanian passport. “With it, we can stay indefinitely within the boundaries of the European Union, and the children can study and work. Who would have thought that after everything that happened to our people and to my family on Lithuanian soil, that a Lithuanian passport, of all things, would make this freedom of movement possible for us?”

In the meantime, they’re living in a quiet town that’s 650 meters above sea level.

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