Featured articles en vedette Artículos Artigos destacados Ausgewählte Artikel Articoli in evidenza

Affichage des articles dont le libellé est CPI. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est CPI. Afficher tous les articles

06/08/2024

HAGAI EL-AD
La partie émergée de l’iceberg : Israël ne peut blanchir les horribles abus commis par ses soldats sur les Palestiniens

Hagai El-Ad, Haaretz, 6/8/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala


Hagai El-Ad (Haifa, 1969) est un militant israélien des droits humains. Arabophone, il a effectué ses 3 ans de service militaire (1987-1991) dans l’unité d’élite 504 du renseignement militaire. Diplômé en astrophysique, il a dirigé successivement la Maison ouverte pour la fierté et la tolérance à Jérusalem, l’Association pour les droits civils en Israël et, de 2014 à 2023, l’organisation de défense des droits humains B’Tselem. Interrogé en 2021 par une journaliste belge, il a eu cette réponse :

« Œuvrer en faveur des droits de l’homme fait de vous, personnellement, mais aussi votre organisation, des « traîtres » en Israël. Comment vit-on cela ?

A quoi sommes-nous censés être loyaux ? Si l’on me demande d’être loyal envers un régime d’oppression perpétuelle d’un autre peuple, alors je suis un traître. Si l’on demande d’être loyal envers une impunité totale, envers les violations des droits humains et les crimes de guerre, je suis un traître et fier de l’être. Ce n’est pas agréable d’être traité de traître. Mais il faut mettre cela en perspective. Avec tous les désagréments auxquels nous devons faire face, je suis un citoyen privilégié, juif, avec toutes les protections qui viennent avec au sein de mon Etat. Aussi désagréable que soit parfois la situation, un défenseur palestinien des droits de l’homme peut être frappé d’une interdiction de voyager, sa famille peut perdre son permis de travail et il peut être placé en détention, abattu. Je regarde avec une profonde admiration le courage de mes collègues palestiniens, qui sont non seulement opprimés par les autorités israéliennes, mais aussi par l’Autorité palestinienne qu’ils critiquent également. » [Lire entretien ici]
Meta

 

Il n’est pas facile de commettre des crimes et de s’en tirer à bon compte. Cela nécessite une expertise juridique et un certain degré de sophistication, surtout lorsque vous devez simultanément faire face à l’opinion publique, tant locale qu’internationale.

Et non, je ne parle pas des réservistes soupçonnés d’avoir violé un détenu palestinien à la base militaire de Sde Teiman. Je parle de l’État d’Israël et de ses mécanismes sophistiqués de blanchiment. Ces mécanismes ont servi loyalement le système israélien pendant des générations. Mais il semble qu’ils aient finalement atteint leur date d’expiration et qu’ils s’effondrent maintenant sous le poids des contradictions internes qu’ils avaient réussi à contenir auparavant.

Pendant des décennies, le système israélien a perfectionné sa capacité à utiliser la violence brutale contre les Palestiniens sans avoir à en payer le prix. Il s’agit là d’une question cruciale. Après tout, il est impossible d’opprimer des millions de personnes pendant des décennies sans recourir à la violence à une échelle effroyable. Mais il est également impossible de continuer à juger ceux qui recourent à cette violence, car qui accepterait de gouverner par la force s’il est ensuite dénoncé comme un criminel ?

Alors, que faites-vous ? Vous vous engagez dans un bluff israélien typique, mais sophistiqué.

Le bluff est le système d’exploitation qui a si bien fonctionné jusqu’à présent. Des masses de plaintes sont reçues de la part de tous ceux qui prennent la peine de porter plainte. Les Palestiniens, les organisations de défense des droits humains, les agences de l’ONU allez-y, plaignez-vous. De la paperasse est générée, mais rien n’est sérieusement examiné.

Chaque incident est traité comme s’il s’agissait tout au plus d’une violation commise par les échelons inférieurs. La politique et les cadres supérieurs ne font jamais l’objet d’une enquête. Et l’ensemble du processus se déroule très lentement.

Il traîne si longtemps que tout le monde l’oublie. L’attention se déplace et les années passent. Et à ce moment-là, qui se soucie d’un adolescent palestinien que des soldats ont tué d’une balle dans le dos quelque part près de la barrière de séparation il y a de nombreuses années ? Néanmoins, nous pouvons dire : « Nous avons enquêté ».

Dans le cadre de ce système, une personne de rang inférieur est inculpée une fois toutes les quelques années et l’on en fait tout un plat. Une telle mise en accusation se produit presque toujours lorsqu’il existe des séquences vidéo ou des preuves médico-légales incontestables, alors que faire ? Et puis, c’est un scandale. L’attention est internationale. C’est le choc.

Pensez à l’agent de la police des frontières Ben Dery à Beitunia en 2014 ou au sergent Elor Azaria à Hébron en 2016. Dans les deux cas, il y avait des preuves vidéo sans équivoque, de sorte qu’il n’y avait pas d’autre choix que de les juger.

Tous deux ont tué un Palestinien. Tous deux ont été condamnés. Mais aucun d’entre eux n’a passé ne serait-ce qu’un an en prison.

31/07/2024

ADDAMEER
Llamamiento internacional a la acción: Investiguen la redada de Sde Teiman y las violaciones de los derechos humanos de los detenidos gazatíes

 Addameer, 29/7/2024
Traducido por
Fausto Giudice, Tlaxcala

 

ADDAMEER (conciencia en árabe) Prisoner Support and Human Rights Association es una institución civil no gubernamental palestina que trabaja en apoyo de los presos políticos palestinos recluidos en cárceles israelíes y palestinas. Creada en 1991 por un grupo de activistas interesados en los derechos humanos, ofrece asistencia jurídica gratuita a los presos políticos, defiende sus derechos a escala nacional e internacional y trabaja para poner fin a la tortura y otras violaciones de los derechos de los presos mediante actividades de seguimiento, procedimientos legales y campañas de solidaridad.

El 29 de julio de 2024, la policía militar de la ocupación realizó una redada en el campo militar de Sde Teman y detuvo a soldados acusados de agredir sexualmente de forma brutal a un detenido varón de Gaza. Según los informes, el detenido presentaba graves signos de haber sido violado con instrumentos de tortura afilados. Los abogados han documentado numerosos casos de tortura y violencia sexual contra detenidos de Gaza, que revelan un sombrío patrón de abusos en el campo militar de Sde Teman. A pesar de estos casos bien documentados, el 99% de las investigaciones sobre torturas y abusos de las FOI (Fuerzas de ocupación israelíes) contra palestinos no avanzan, por lo que no hay rendición de cuentas ni repercusiones para los autores. Esta persistente falta de justicia pone de manifiesto la impunidad sistémica en el seno de las FOI, que permite que violaciones tan atroces continúen sin control. 

 


 

Los abogados han documentado numerosos casos en los que las FOI realizaron registros corporales excesivos a detenidos de Gaza. Durante estos registros, los detenidos fueron obligados a adoptar posturas humillantes y sometidos al uso de detectores de metales en el cuerpo, que se movían por sus zonas íntimas mientras los soldados se burlaban de ellos y los maltrataban verbalmente con constantes insultos y obligando a los detenidos a maldecirse a sí mismos.

 

Numerosas organizaciones de derechos humanos, entre ellas Addameer, llevan documentando las torturas, los malos tratos y las violaciones de derechos humanos contra detenidos gazatíes desde el comienzo del genocidio en Gaza. Las organizaciones han registrado meticulosamente casos de abusos físicos y psicológicos, aportando pruebas decisivas de los malos tratos y la tortura sistemáticos que se producen en centros como Sde Teman. Los informes ponen de relieve la gravedad y la magnitud de las violaciones, y subrayan la urgente necesidad de que la comunidad internacional intervenga y rinda cuentas para hacer frente a estos continuos abusos contra los derechos humanos. 

 

ADDAMEER
Appel international à l’action : Enquêtez sur le raid à Sde Teiman et les violations des droits humains des détenus gazaouis

Addameer, 29/7/2024

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

 

ADDAMEER (conscience en arabe) Prisoner Support and Human Rights Association est une institution civile non gouvernementale palestinienne qui s’efforce de soutenir les prisonniers politiques palestiniens détenus dans les prisons israéliennes et palestiniennes. Créé en 1991 par un groupe d’activistes intéressés par les droits de l’homme, le centre offre une aide juridique gratuite aux prisonniers politiques, défend leurs droits au niveau national et international et s’efforce de mettre fin à la torture et aux autres violations des droits des prisonniers par le biais d’un suivi, de procédures juridiques et de campagnes de solidarité.

 

Le 29 juillet 2024, la police militaire de l’occupation a fait une descente dans le camp militaire de Sde Teman, arrêtant des soldats accusés d’avoir brutalement agressé sexuellement un détenu de Gaza. Le détenu présenterait de graves signes de viol à l’aide d’outils de torture tranchants. Des avocats ont documenté de nombreux cas de torture et de violence sexuelle à l’encontre de détenus de Gaza, révélant un sinistre schéma d’abus au sein du camp militaire de Sde Teman. Malgré ces cas bien documentés, 99 % des enquêtes sur les actes de torture et les abus commis par les FOI (Forces d’occupation israéliennes) à l’encontre des Palestiniens n’aboutissent pas, ce qui fait que les auteurs de ces actes ne sont pas tenus de rendre des comptes et ne connaissent aucune répercussion. Cette absence persistante de justice met en évidence l’impunité systémique au sein des FOI qui permet à des violations aussi flagrantes de se poursuivre sans contrôle.

 

Les avocats ont documenté de nombreux cas où l’armée israélienne a procédé à des fouilles à nu excessives sur des détenus gazaouis. Au cours de ces fouilles, les détenus ont été contraints de se placer dans des positions humiliantes et ont été soumis à l’utilisation de détecteurs de métaux sur leur corps, qui ont été déplacés autour de leurs parties intimes pendant que les soldats se moquaient d’eux et les agressaient verbalement en les maudissant constamment et en les forçant à se maudire eux-mêmes.

24/05/2024

GIDEON LEVY
Enfin la justice. Mais les Israéliens vont-ils commencer à se réveiller ?


Gideon Levy, Haaretz, 23/5/2024
Dessins de
Glen Le Lievre, Australie
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Il vaut mieux qu’Israël, en ce moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait.


Enfin, la justice ; les tout premiers signes du début d’une justice tardive, partielle, mais tout de même un peu de justice.

Il n’y a aucune joie à voir son Premier ministre et son ministre de la Défense devenir wanted dans le monde entier, mais il est impossible de ne pas ressentir une certaine satisfaction face à l’amorce d’une certaine justice.

Dans la complaisance et la victimisation des Israéliens, dans les interminables débats bien-pensants à la télévision, dans les cris sur un monde antisémite et l’injustice de l’amalgame entre Israël et le Hamas, il manque une question fondamentale et fatidique : Israël a-t-il commis des crimes de guerre à Gaza ? Personne n’ose aborder cette question essentielle et critique : Y a-t-il eu, oui ou non, des crimes ?

Si des crimes de guerre ont été commis, des massacres et une famine, comme l’a suggéré le courageux procureur Karim Khan (à la nomination duquel Israël a participé en coulisses, ayant trouvé sa prédécesseure Fatou Bensouda suspecte), alors il y a des criminels qui en sont responsables. Et s’il y a des criminels de guerre, il est du devoir du monde de les traduire en justice. Ils doivent être déclarés wanted et arrêtés.

Si le Hamas a commis des crimes de guerre - et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet - ses criminels doivent être traduits en justice. Et si Israël a commis des crimes de guerre - et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet dans le monde, sauf dans l’Israël suicidaire qui se trompe lui-même - les responsables de ces crimes doivent également être traduits en justice.

Le fait de les regrouper n’implique pas une symétrie morale ou une équivalence juridique. Même si Israël et le Hamas étaient accusés séparément, Israël aurait soulevé un tollé contre le tribunal.

Le seul argument entendu aujourd’hui en Israël est que le juge est un fils de pute. Le seul moyen suggéré pour empêcher sa condamnation sévère est de nuire à la Cour pénale internationale de La Haye.

Convaincre des nations amies de ne pas respecter ses décisions, imposer des sanctions (!) à ses juges. C’est ainsi que pense tout criminel, mais un État n’a pas le droit de penser ainsi. Les deux tribunaux internationaux devant lesquels Israël et les Israéliens sont jugés méritent le respect de l’État et non son mépris. L’outrage au tribunal de la part d’Israël ne fera qu’allonger la liste des accusations et des soupçons qui pèsent sur lui.

Il vaut mieux qu’Israël, en ce moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait. Mieux vaut qu’il se reproche quelque chose, n’importe quoi, plutôt que de blâmer le monde entier. Comment en sommes-nous arrivés là, telle devrait être la question, plutôt que de se demander comment ils en sont arrivés là.

Quand assumerons-nous enfin la responsabilité de quoi que ce soit, de quelque chose fait en notre nom ? Les 106 députés qui ont signé la pétition contre la CPI et les zéro députés qui ont signé la pétition inexistante contre les crimes de guerre israéliens sont un triste reflet du pays : unis contre la justice, unis dans un éternel sentiment de victimisation, sans droite ni gauche, un chœur céleste. Si Israël est un jour reconnu coupable de crimes de guerre, il faudra se souvenir que 106 députés ont voté pour blanchir ceux de Benjamin Netanyahou et de Yoav Gallant.

La bande de Gaza est en ruines, ses habitants sont tués, blessés, orphelins, affamés, démunis, alors que la plupart d’entre eux étaient innocents. Il s’agit clairement d’un crime de guerre. La famine est considérée par tout le monde en Israël comme un moyen légitime, qu’on le soutienne ou le combatte, tout comme les massacres intentionnels. Comment peut-on affirmer qu’il n’y a pas eu de famine ou de massacre intentionnel ?

Le jour d’après la CPI, Israël doit se regrouper pour procéder à une introspection nationale, ce qu’il n’a jamais fait auparavant. Chaque Israélien doit se poser la question suivante : « Comment en sommes-nous arrivés là ? » Il ne suffit pas de blâmer Netanyahou, le principal coupable, ni d’étouffer l’affaire avec des arguments évasifs sur la hasbara, des conseils juridiques erronés et des remarques extrêmes de la part de responsables israéliens.

Le problème est bien plus profond : depuis 57 ans*, Israël maintient un régime malfaisant et répréhensible, et aujourd’hui, enfin, le monde se réveille et commence à agir contre lui. Est-ce que cela sera également en mesure de réveiller au moins quelques Israéliens de leur sens de la justice je-m’en-foutiste et scélérat ?

NdT
*En bon Israélien l’auteur fait débuter le parcours criminel d’Israël en 1967. C’est son choix.

23/05/2024

AMOS HAREL
Le procureur de la CPI, Karim Khan, a créé une nouvelle réalité pour Israël, et cela pourrait mal se terminer

Amos Harel, Haaretz, 21/5/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Israël n’est pas la Russie et les sanctions occidentales auront un impact sur tous les aspects de la vie ici Une enquête de l’Institut d’études de sécurité nationale montre que la confiance du public dans les déclarations du porte-parole des FDI est en train de s’éroder.

Carlos Latuff

La demande du procureur général de la Cour pénale internationale de délivrer un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre et du ministre de la Défense d’Israël, ainsi que de trois dirigeants du Hamas, place Israël dans une réalité diplomatique à laquelle il n’’a jamais été confronté auparavant.

À court terme, et pour la première fois, elle met les dirigeants israéliens face à une véritable menace internationale suite à leur décision de poursuivre la guerre à Gaza. À long terme, si les mandats d’arrêt sont délivrés, nous risquons de nous retrouver face à une avalanche diplomatique, avec de possibles effets considérables sur les relations économiques, scientifiques et commerciales, ainsi que dans d’autres domaines.

Ces mesures prises à l’encontre d’un pays démocratique [sic] en pleine guerre sont sans précédent et mettent Benjamin Netanyahou et Yoav Gallant en danger d’extradition s’ils se rendent dans des pays membres de la Cour.

Les responsables israéliens ont critiqué à juste titre [sic] la décision de mettre dans le même sac Netanyahou, Gallant et Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismail Haniyeh, les chefs d’une organisation terroriste dont les membres ont commencé la guerre par un massacre de civils israéliens.

Cependant, on peut soupçonner que l’ordre des démarches du procureur général était inversé. Il a cherché à traduire les dirigeants israéliens en justice pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les dirigeants du Hamas ont été ajoutés à la demande afin de créer une fausse représentation d’équilibre impartial dans le processus.

Contrairement aux premières prévisions, l’enquête du procureur général, Karim Khan, ne vise que des hommes politiques. Aucun officier de l’armée n’est inclus à ce stade. Les allégations se concentrent sur les mesures prises à l’encontre des habitants de Gaza, principalement la privation de nourriture des civils comme méthode de guerre.

Cela indique probablement que Khan sait que l’affirmation selon laquelle les forces de défense israéliennes tuent délibérément de nombreux civils ne tient pas la route. Il est apparu récemment que des organisations internationales ont commencé à mettre en doute les données qu’elles ont reçu du Hamas, qui tentait de faire valoir un taux particulièrement bas de combattants palestiniens par rapport aux civils parmi les personnes tuées.

La démarche de M. Khan est susceptible d’éclairer la Cour internationale de justice de La Haye, qui délibère sur une décision appelant à la fin de la guerre. Le refus de Netanyahou d’accepter cette décision risque de mettre Israël sur la voie de sanctions internationales, si le Conseil de sécurité des Nations unies commence à discuter de la question. Israël n’est ni la Russie ni l’Iran, c’est un pays démocratique qui dépend entièrement de ses relations avec l’Occident.

Cette situation ne dérange probablement pas les dirigeants d’extrême droite du gouvernement, mais un danger potentiel est en train de se développer qui pourrait avoir un impact négatif sur la vie de nombreux citoyens israéliens. On peut imaginer que Sinwar et Deif sont moins gênés par la perspective de ne pas pouvoir se rendre en Europe.

Comme beaucoup d’autres incidents dans cette guerre, il semble que ce développement découle en partie non seulement du deux poids deux mesures de la communauté internationale à l’égard d’Israël, mais aussi de la conduite insensée des dirigeants israéliens.

Les accusations de famine sont entendues précisément au moment où Israël autorise une large distribution de l’aide humanitaire à Gaza et où la situation s’est améliorée dans de nombreuses régions. Mais au début de la guerre, le gouvernement a pris des mesures délibérées pour rendre la vie difficile à la population palestinienne et a coupé toutes les voies d’approvisionnement entre Israël et la bande de Gaza. C’est ainsi que la crise actuelle a été créée, et elle a été aggravée par des commentaires extrêmes et étranges de ministres et de membres de la coalition.

Netanyahou a attaqué l’enquête de M. Khan lundi et a reçu un soutien relativement large de la part des hommes politiques israéliens, depuis le président jusqu’aux rangs les plus élevés. Aujourd’hui, un effort tardif est fait pour enrôler l’administration usaméricaine afin qu’elle menace la CPI.

Ils se tournent vers l’administration et le président mêmes que les ministres et les députés israéliens ont régulièrement dénigrés. Amir Tibon a rapporté dans ces pages dimanche que le conseiller usaméricain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a informé Netanyahou que les USA lui fourniraient bientôt le texte intégral de l’accord usaméricano-saoudien en cours d’élaboration, dont une partie porte sur la normalisation entre Riyad et Jérusalem.

Netanyahou devra décider s’il l’adopte, y compris une déclaration sur le principe de l’établissement d’un Etat palestinien à l’avenir. Pour l’instant, il semble que le Premier ministre répondra par la négative, malgré la dépendance à l’égard des USA sur la scène internationale et la nécessité croissante de mettre fin à la guerre à Gaza et à la frontière libanaise.

À ce stade, on ne sait pas encore comment la bombe lâchée à La Haye affectera les bombes qui continuent de tomber sur Rafah. L’opération militaire est plus importante que ce que l’on dit au public. La 162edivision s’est emparée de plus de la moitié de la route de Philadelphie, le long de la frontière égyptienne, et progresse lentement jusqu’à la périphérie de Rafah. Des combats ont déjà lieu autour de la première ligne de maisons du camp de réfugiés de Brazil, dans la partie la plus occidentale de la ville. En outre, les responsables des FDI ont l’impression que l’opposition tranchée des USAméricains à l’entrée d’Israël à Rafah s’affaiblit.

Cela se produit en partie parce que la principale revendication usaméricaine contre l’opération n’a pas eu lieu. Quelque 1,4 million de civils palestiniens s’étaient rassemblés dans la ville et ses environs après que l’armée eut conquis d’autres régions. Israël a déclaré pouvoir évacuer la plupart d’entre eux en cinq semaines et les USAméricains ont estimé que cette promesse était sans fondement. Après deux semaines, entre 800 000 personnes (selon l’UNRWA) et 1 million (selon l’armée) ont quitté les lieux, s’installant dans des abris temporaires et surpeuplés.

Au sein de l’establishment de la défense, les avis sur la poursuite de l’opération sont partagés. Les partisans de la conquête de Rafah estiment qu’Israël doit vaincre la dernière brigade régionale du Hamas et ses quatre bataillons.

Cependant, même eux admettent que cela ne signifiera pas la défaite du Hamas, mais nécessitera plutôt la poursuite des combats dans d’autres parties de Gaza pendant de nombreux mois. Les opposants à l’opération estiment qu’il faut s’efforcer de parvenir à un accord sur les otages et mettre fin à la guerre sur les deux fronts, même s’il faut pour cela admettre qu’Israël n’a pas atteint son objectif et n’a pas complètement démantelé le régime du Hamas.

Les deux parties s’opposent à la solution la plus radicale présentée par Netanyahou et ses ministres d’extrême droite : la préparation de l’établissement d’une administration militaire prétendument temporaire à Gaza. Gallant a réitéré son opposition à cette idée lundi devant un public hostile, la délégation du Likoud à la Knesset. Il a prévenu que l’armée n’avait pas assez de soldats pour remplir une telle mission et qu’elle serait obligée d’étendre le service obligatoire des combattants à quatre ans.

Quiconque connaît l’état d’esprit des soldats et de leurs parents sait qu’il serait très difficile de mettre en œuvre une telle mesure. Pour l’instant, Netanyahou adopte la ligne militante, mais il reste à voir si le danger personnel qu’il court à La Haye aura un impact sur ses considérations.

Les points d’interrogation se multiplient

L’armée subit de plein fouet les conséquences de cette situation. Plus la guerre à Gaza s’éternise et tant qu’aucune date n’est fixée pour le retour des habitants du nord dans leurs foyers, plus l’opinion publique s’interroge sur les chances d’atteindre les objectifs qu’Israël s’est fixés au départ. Dans le même temps, l’opinion publique perd également confiance dans l’armée.

L’Institut d’études de sécurité nationale de l’université de Tel-Aviv a réalisé cette semaine un sondage d’opinion. Les résultats sont assez clairs. La confiance de l’opinion publique s’effrite, qu’il s’agisse de l’annonce faite à l’armée ou des décisions prises par le chef d’état-major Herzl Halevi.

Depuis le début de la guerre, l’institut a suivi l’évolution de la confiance du public dans les rapports du porte-parole des FDI. Le point le plus bas, ce qui n’est pas surprenant, a été atteint la semaine suivant le début de la guerre : 66 % des Juifs interrogés faisaient alors confiance au porte-parole. Ce chiffre a atteint 88 % au plus fort de l’opération terrestre, à la mi-novembre. Il est tombé à 78 % à la mi-avril. Cette semaine, il a encore chuté à 68%.

Halevi devrait également s’inquiéter. Les sondeurs ont demandé si le chef d’état-major avait le mandat de nommer une nouvelle série de commandants au sein de l’état-major général, comme cela a été fait au début du mois lorsque cinq nominations de ce type ont été annoncées. Seuls 26 % des personnes interrogées ont répondu qu’il disposait d’un tel mandat pour procéder à des nominations en fonction de ses propres considérations, tandis que 34 % ont répondu « uniquement les nominations nécessaires » et 23 % ont déclaré qu’il ne disposait pas d’un tel mandat.

Halevi a décidé de nommer le général de brigade Shlomi Binder à la tête du renseignement militaire au sein de l’état-major général, en remplacement du général de division Aharon Haliva, qui prenait sa retraite, mais il a choisi de procéder à trois autres nominations (et d’en promouvoir une cinquième, Avi Blut, pour remplacer Yehuda Fuchs à la tête du commandement central).

Une grande partie des critiques à l’encontre de Halevi sont politiques et visent à lui faire porter l’entière responsabilité des échecs du 7 octobre, afin de couvrir la responsabilité de Netanyahou. Cependant, le chef de cabinet devrait prêter attention aux conclusions : le large soutien du public à son égard, malgré l’horrible massacre, était basé en grande partie sur l’hypothèse que son mandat était limité dans le temps et qu’il avait l’intention de prendre sa retraite.

Une longue série de nominations soulève des questions. Il en va de même du sentiment que la guerre n’atteint pas ses objectifs. Il s’agit là d’un problème croissant pour l’armée, qui s’ajoute aux difficultés que le Premier ministre et ses messagers lui imposent.

 

 

 

30/01/2024

DAWN
Premiers suspects : Enquête sur les crimes de guerre israéliens à Gaza

DAWN, 20/12/2023

Traduit par Tlaxcala

DAWN [Democracy for the Arab World Now/ AURORE, Démocratie pour le monde arabe maintenant] est une organisation à but non lucratif qui promeut la démocratie, l'État de droit et les droits humains pour tous les peuples du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA en anglais). Elle regroupe des analystes, des chercheurs, des juristes et des militants dédiés à la réalisation de la vision de son fondateur Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné le 2 octobre 2018, 5 mois après l’avoir créée.

Le procureur de la Cour pénale internationale enquête sur des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Voici la liste des premiers suspects de crimes de guerre - officiers et  commandants responsables de la [première phase de la] guerre déclenchée par Israël contre Gaza - que nous lui avons soumise.

Les premiers suspects

DAWN a soumis au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) une liste de plus de 40 officiers militaires israéliens qui ont été impliqués dans les cinq premières semaines de la guerre déclarée par Israël à la suite des attaques du Hamas du 7 octobre 2023. Chaque officier avait la responsabilité du commandement des unités impliquées dans les combats ou le bombardement de Gaza entre le 8 octobre 2023 et le 13 novembre 2023, ou était impliqué dans l'imposition du siège de Gaza pendant cette période.

Chaque fiche « Prime Suspect » comprend le nom, le grade, la photo et le rôle d'un commandant israélien. DAWN a dressé la liste des officiers exclusivement à partir des publications militaires israéliennes officielles qui ont confirmé la présence d'unités militaires spécifiques dans des lieux spécifiques à des moments spécifiques. (Une seule entrée a été vérifiée par le biais d'une interview télévisée avec un commandant de l'unité en question). La liste comprend des officiers à partir du grade de lieutenant-général (général 3 étoiles) qui commandent des unités dont la taille n'est pas inférieure à celle d'un bataillon. Elle couvre presque toutes les branches de l'armée israélienne, ainsi que le coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), l'unité qui administre le siège de Gaza.

DAWN publie régulièrement sur cette page des fiches individuelles « Prime Suspect » identifiant chaque officier.



Liste nominative

1.            Yoav Gallant, ministre de la Défense

2.           Général de brigade Gilad Keinan

3.           Général de division Ghassan Alian

4.           Lieutenant-colonel Katy Perry

5.           Lieutenant-colonel Adoniram Sharabi

6.           Colonel Edo Kass

7.            Général de corps d'armée Herzi Halevi

8.           Lieutenant-colonel Dvir Edri

9.           Col. Ehud Bibi

10.       Contre-amiral Daniel Hagari

11.        Colonel Elad Tzuri

12.       Général de brigade Avi Rosenfeld

13.       Lieutenant-colonel Daniel Ella

14.       Lieutenant-colonel Or Klasser

15.       Lieutenant-colonel David Cohen

16.       Général de division Aharon Haliva

17.        Général de division Tomer Bar

18.       Général de brigade Dan Goldfuss

19.       Général de division Oded Basyuk

20.      Lieutenant-colonel Almog Rotem

21.       Général de brigade Edo Mizrahi

22.      Lieutenant-colonel Gilad Mills

23.      Général de brigade Dado Bar Kalifa

24.      Lieutenant-colonel Oz Meshulam

25.      Colonel Benny Aharon

26.      Colonel Ami Biton

27.       Colonel Moshe Tetro

28.      Lieutenant-colonel Amit Madlasi

29.      Lieutenant-colonel Ziv Baunish

30.      Général de division Yaron Finkleman

31.       Colonel Yair Plai

32.      Général de brigade Itzik Cohen

33.      Général de division David Sa'ar Salame

34.      Lieutenant-colonel Tomer Sayeg