Als Israel am 13. Juni einen
Überraschungsangriff auf den Iran startete, war das erklärte Ziel, das
Atomprogramm des Gegners zu zerstören. Doch innerhalb weniger Tage kam es zu
einer Ausweitung der Mission. Der israelische Ministerpräsident Benjamin Netanjahu
räumte offen ein,
dass die Operation zum Sturz der Islamischen Republik führen könnte. Am letzten
Tag der Kämpfe schloss sich Donald Trump, der den Angriff von Anfang an
unterstützt hatte, Netanjahu an und sprach von einem
Regimewechsel.
Muhammad Sahimi (Téhéran, 1954),
professeur de génie chimique et de science des matériaux et titulaire de la
chaire NIOC de génie pétrolier à l’université de Californie du Sud (Los
Angeles), est cofondateur et rédacteur en chef du site ouèbe Iran News &
Middle East Reports.
Depuis l’invasion de l’Irak
en mars 2003, les conservateurs, le lobby israélien aux USA et les groupes qui
leur sont alliés ont cherché une version iranienne d’Ahmed Chalabi, le célèbre
personnage irakien allié aux néoconservateurs lors de la préparation de l’invasion
de l’Irak en 2003, qui a fabriqué pendant des années des mensonges sur les
armes de destruction massive inexistantes de Saddam Hussein.
Depuis au moins une décennie,
le principal candidat est Reza Pahlavi, le fils du dernier roi d’Iran, Mohammad
Reza Pahlavi, dont le régime a été renversé par la révolution de 1979. Pahlavi junior
tente depuis plus de 40 ans de rétablir la monarchie en Iran, mais comme je l’ai
expliqué ailleurs, ses efforts ont été consacrés à l’obtention du soutien
de gouvernements étrangers pour le mettre au pouvoir.
Atelier Populaire des Beaux-Arts, Paris, juin 1968
Dans les années 1980, la CIA
a financé Reza Pahlavi. Il entretient également des relations
de longue dateavec le lobby israélien aux USA. Il
a rencontré Sheldon
Adelson, l’homme qui a suggéré que les USA attaquent l’Iran avec des bombes
nucléaires, et a pris la parole à l’Institut
Hudson, à l’Institut
de Washington pour la politique du Proche-Orient, au Sommet israélo-américain
et dans d’autres organismes pro-israéliens. Pahlavi a
également appelé Israël - ce même pays qui mène des guerres brutales à Gaza
et au Liban depuis un an -à aider la « cause de la démocratie » en Iran.
Les nouveaux efforts pour
soutenir Pahlavi ont
commencé immédiatement après l’élection de Donald Trump en novembre 2016,
avant même qu’il ne prenne officiellement ses fonctions, mais les
manifestations à grande échelle qui ont eu lieu en Iran en septembre-décembre
2022 à la suite de la mort de Mahsa Amini, la jeune femme décédée alors qu’elle
était détenue par les forces de sécurité, ont fourni une nouvelle occasion de
présenter le Chalabi iranien comme le « prochain dirigeant » de l’Iran. Parmi
les proches conseillers de Pahlavi figurent Amir Taheri, Amir Etemadi et Saeed
Ghasseminejad, tous partisans d’Israël.
Taheri, 82 ans, « journaliste
», est président de Gatestone,
Europe, institution islamophobe de droite, qui a menti sur l’Iran à de
multiples reprises, dans le but de provoquer une réaction brutale contre ce
pays. Par exemple, en mai 2006, le National Post, journal canadien de
droite, a publié un article de Taheri dans lequel il affirmait que le Majlis
[parlement iranien] avait adopté une loi qui « envisage des codes
vestimentaires distincts pour les minorités religieuses, les chrétiens, les
juifs et les zoroastriens, qui devront adopter des couleurs distinctes pour
être identifiables en public ». Ces propos ont été rapidement réfutés
par de nombreuses personnes, comme Maurice
Motamed, qui était à l’époque le membre juif du Majlis. Le National Post a retiré
l’article et s’est excusé de l’avoir publié, mais Taheri ne l’a pas fait.
Taheri a également accusé l’ancien
ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, de faire partie
des étudiants qui ont pris d’assaut l’ambassade des USA à Téhéran en novembre
1979, alors qu’à l’époque, Zarif était étudiant à l’université d’État de San
Francisco. Juste après la signature de l’accord nucléaire avec l’Iran,
officiellement connu sous le nom de Plan global d’action conjoint (JCPOA), en
juillet 2015, Taheri a affirmé : « Akbar Zargarzadeh, 14 ans, a été pendu
à un arbre dans un camp de garçons islamiques après que le mollah du camp l’a
accusé d’être gay et de mériter la mort ». Cette affirmation s’est également
révélée être
un canular.
Si Taheri est trop âgé pour
être un Ahmed Chalabi iranien, Ghasseminejad et Etemadi sont relativement
jeunes et ambitionnent d’être le prochain Chalabi. Etemadi, 43 ans, a cofondé
le petit groupe monarchiste Farashgard
[qui signifie renaissance en persan ancien] en 2018. Ghasseminejad et lui
appartenaient tous deux au soi-disant « Groupe des étudiants libéraux iraniens
», un petit groupe d’ultra-droite composé d’étudiants activistes en Iran, dont
la plupart ont déménagé au Canada et aux USA. Avant l’élection de Trump en 2016, Etemadi a reposté
un gazouillis de Mitt Romney dans lequel il qualifiait Trump de « bidon et de fraude »,
mais dès que Trump a été élu, Etemadi et ses acolytes
monarchistes sont tombés amoureux de sa politique iranienne et ont soutenu
la « politique de pression maximale » de l’administration Trump contre l’Iran,
que l’administration Biden a, plus ou moins, poursuivie. Une source bien
informée à Washington a dit à l’auteur qu’Etemadi est payé par la Foundation
for the Defense of Democracies (FDD),
bien que je n’aie pas pu confirmer cette affirmation de manière indépendante.
La FDD est un lobby israélien, un ardent opposant au JCPOA et un défenseur des
sanctions économiques et même de la guerre contre l’Iran
Ghasseminejad est aujourd’hui
chercheur principalà la FDD. Il s’est fait le champion du « nettoyage des rues
des bêtes islamistes » et s’inquiète d’une « apocalypse
chiite » imminente alimentée par l’Iran. Mais ce qui est plus important que
ce titre, c’est le travail de Ghasseminejad au nom de la « fausse
opposition » iranienne, un assortiment flou d’activistes réactionnaires qui
soutiennent les sanctions économiques et la pression militaire contre l’Iran,
mais dont la politique contraste fortement avec les groupes de la « vraie
opposition » en Iran et leurs partisans dans la diaspora, qui se compose d’une
large coalition de syndicats de travailleurs et d’enseignants, de groupes de
défense des droits humains, de droits des femmes et d’activistes sociaux, de
réformistes radicaux, de nationalistes, de gauchistes laïques et de nationalistes
religieux.
Ghasseminejad était étudiant
en génie civil à l’université de Téhéran, qui - à l’exception de la période du
gouvernement éphémère du Premier ministre Mohammad Mosaddegh en 1951-1953 - a
toujours été un foyer d’activités antigouvernementales. En 2002, Ghasseminejad
et Etemadi ont publié un bulletin d’information étudiant intitulé Farda
[« demain »] dans lequel ils prônaient le « libéralisme », c’est-à-dire des
aventures militaires du type de celles envisagées par les néoconservateurs
partisans d’une « intervention libérale » afin de répandre la « démocratie »
par la force. Ghasseminejad a soutenu l’invasion usaméricaine de l’Irak en 2003
et, dans un
article intitulé « Pourquoi les USA attaqueront l’Iran », il a
implicitement préconisé des attaques militaires contre son pays natal.
En juin 2003, après des
manifestations sporadiques contre le gouvernement à Téhéran, Ghasseminejad a
été brièvement détenu. Lors d’une conférence de presse tenue après sa
libération, il
s’est excusé auprès du leader suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei,
a promis d’être « un bon citoyen » et a mis fin à ses activités politiques.
Deux ans plus tard, au printemps 2005, Ghasseminejad et un petit groupe d’autres
étudiants ont commencé à publier une autre lettre d’information appelée Talangar
[en gros, « appel au réveil »], qui se concentrait sur la critique des
étudiants de gauche et des lettres d’information qu’ils publiaient.
Bien qu’il ait exprimé son «
amour » pour la démocratie et les droits humains, qu’il se soit présenté comme
un « libéral classique
» et qu’il ait travaillé pour une fondation qui « défend » les démocraties,
Ghasseminejad s’est à plusieurs reprises rallié à l’autoritarisme. Dans un
article intitulé « Qu’apprenons-nous de Lénine », publié dans Talangar, il a exprimé
son admiration pour Vladimir Lénine et son concept de « centralisme
démocratique ». Il
a qualifié Augusto Pinochet, le dictateur chilien, de « cher [dirigeant]
disparu qui a sauvé le Chili... et qui était bien meilleur que Salvador Allende
», le président socialiste chilien qui, comme Mohammad Mosaddegh en 1953, a été
renversé par un coup d’État soutenu par la CIA en 1973.
Ghasseminejad s’est également
prononcé en faveur du massacre des Égyptiens lors des manifestations qui ont
suivi le coup d’État d’Abdel Fattah el-Sissi en 2013, en écrivant sur sa page Facebook:
« J’ai pensé que je devais venir sur Facebook et exprimer mon appréciation pour
l’armée égyptienne qui a nettoyé les rues des fondamentalistes islamiques
criminels. » Il a ajouté : « En fait, la bonne question n’est pas de savoir
pourquoi l’armée égyptienne nettoie l’Égypte des bêtes islamistes, mais plutôt
pourquoi l’armée iranienne a permis aux islamistes de prendre le contrôle de
notre pays » pendant la révolution iranienne, alors qu’au moins 3 000 personnes
ont été assassinées par l’armée du Shah pendant la révolution de 1979.
J’ai beaucoup écrit
sur Ghasseminejad. Dans sa jeunesse, il était opposé à la monarchie en
Iran, qualifiant Mohammad Reza Shah de « dictateur insensé »,
mais, comme tous les opportunistes monarchistes, lui, Etemadi, Taheri et
Farashgard soutiennent tous Reza Pahlavi et le retour de la dictature
monarchique en Iran, ainsi qu’Israël.
Taheri est un monarchiste si ardent qu’à un moment donné, il a exprimé le
souhait de lécher
les bottes de Mohammad Reza Shah.
Le point le plus important
concernant ces aspirants Chalabi est qu’eux et leurs partisans ne disposent pas
d’une base sociale de soutien significative en Iran. Reza Pahlavi n’a jamais
osé appeler le peuple iranien à lui manifester son soutien en Iran par le biais
d’une manifestation ouverte, et lorsqu’en décembre 2018 et janvier 2019, le monarchiste
Farashgard a appelé à de telles
manifestations, personne ne s’est présenté. Même dans la diaspora, une grande
majorité d’Iraniens, tout en s’opposant aux religieux en Iran, méprisent les
sanctions économiques, les menaces militaires et le soutien des monarchistes à
la guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahou contre l’Iran. En Iran, l’hostilité
entre Netanyahou et les monarchistes iraniens a transformé les Iraniens
généralement favorables à l’Occident en de fervents opposants à Israël.
Les monarchistes savent que l’absence
d’une base sociale significative en Iran implique qu’ils ne reviendront jamais
au pouvoir par le biais d’un mouvement social ou d’une révolution dans le pays.
Leur seul espoir réside donc dans une intervention étrangère en Iran, raison
pour laquelle ils prônent toujours la guerre et les sanctions économiques et soutiennent
Israël. C’est pourquoi, après les grandes manifestations qui ont eu lieu en
Iran en 2022, Etemadi et Ghasseminejad ont convaincu Reza Pahlavi qu’il devait
faire connaître son alliance avec Israël et l’ont incité à s’y rendre.
Accompagné de deux hommes, Pahlavi se
rend en Israël en avril 2023 et rencontre Netanyahou
et le président israélien Isaac
Herzog. Pendant son séjour, Pahlavi a rencontré toutes sortes de groupes
sociaux et religieux, à l’exception des Palestiniens et des musulmans.
Reza Pahlavi au Mur des Lamentations
Reza Pahlavi et Yasmine, Sara et Bibi Netanyahou
Après l’attaque de l’Iran
contre Israël la semaine dernière, les spéculations sur la réponse possible d’Israël
à cette attaque vont bon train. Ici aussi, les Chalabi monarchistes ne sont pas
seulement des alliés d’Israël, mais certains d’entre eux participent activement
à la planification du bombardement de l’Iran par Israël. Interrogé sur la
manière dont Israël décide où bombarder en Iran lors d’une interview avec Erin
Burnett de CNN, le lieutenant-colonel (Re.) Jonathan Conricus, ancien
porte-parole de Tsahal et actuellement chercheur principal à la FDD, a répondu que les sites
potentiels sont étudiés et analysés par les experts de la FDD, dont Ghasseminejad, Behnam Ben Taleblu -
un autre « chercheur principal » iranien - et Andrea Stricker, chercheuse
anti-iranienne à la FDD, experte en
prolifération nucléaire. En d’autres termes, les Chalabi iraniens empruntent la
même voie que celle empruntée par les Irakiens.
Mais, contrairement à l’Irak
où le nationalisme sous le régime de Saddam Hussein était faible, puisque ce
dernier avait toujours prôné le panarabisme, les Iraniens sont farouchement
nationalistes et ne pardonneront jamais aux renégats tels que ces aspirants Chalabi.
Ceux-ci doivent également se rappeler le sort des Chalabi irakiens : une fois
que les USA ont atteint leur objectif d’envahir et d’occuper l’Irak avec l’aide
des mensonges et des exagérations de Chalabi, celui-ci a été jeté sans
cérémonie comme une vieille serpillère : il n’a jamais accédé au pouvoir et est mort
dans l’infamie.
BONUS
TLAXCALA
Trombinoscope
chalabiesque
Carnet
Mondain
Leurs
Altesses Impériales Reza Pahlavi (qui aura 64 ans le 31 octobre) et sa maman,
la Chahbanou Farah (qui aura 86 ans le 14 octobre) se sont vu décerner le Prix
Architecte de Paix de la Fondation Richard Nixon. Reza sera l’hôte d’un dîner
de gala le 22 octobre à la Bibliothèque/Musée présidentielle Richard Nixon,
àYorba Linda, Californie, tandis que la
Chahbanou le recevra plus tard, lors d’une cérémonie privée. Vous pouvez
acheter vos tickets pour le dîner, dont le prix va de 1 000 à 50 000 $,
ou faire une donation, si vous ne pouvez pas assister au dîner, ici. Malheureusement, le menu du dîner n'a pas été communiqué par les organisateurs. On espère qu'il y aura du caviar de la Caspienne et du vin de Shiraz californien.
Le jeune Reza avec Tricky
Dickie Nixon, papa et maman, en 1979, au country club de Cuernavaca. Nixon et Pahlavi senior
furent les meilleurs amis du monde, s’étant connus à Téhéran après le coup d’État
organisé par la CIA en 1953, puis rencontrés une douzaine de fois, jusqu’à l’enterrement
du despote déchu au Caire en 1980, auquel Nixon fut le seul (ex)président à
assister. Lors de la première visite de Nixon, alors vice-président, le 7 décembre 1953, 3 étudiants iraniens en grève qui protestaient contre sa présence furent tués par la police : Ahmad Ghandchi appartenait au Jebhe-e Melli (Front national de Mossadegh), Shariat-Razavi et Bozorg-Nia au Hezb-e Tudeh (parti communiste). Leur mémoire est honorée en Iran chaque 16 de mois d'Azar.
Des fuites révèlent les efforts
secrets déployés par Carl
Gershman, dirigeant retraité de la National Endowment for Democracy[1],
pour consolider le contrôle des néoconservateurs assoiffés de guerre sur l’opposition
iranienne, tout en canalisant les fonds du gouvernement usaméricain vers ses
propres initiatives de changement de régime.
Carl Gershman (à g.) et Bill Kristol (à
dr.)
Des documents et des courriels
ayant fait l’objet d’une fuite et obtenus par The Grayzone révèlent un
effort apparemment secret de la part d’agents usaméricains chargés du
changement de régime pour imposer une direction radicale aux vestiges du
mouvement de protestation iranien contre le tchador obligatoire, afin de
renverser le gouvernement de l’Iran.
L’initiative a été lancée par
Carl Gershman, directeur de longue date de la National Endowment for Democracy
(NED), une organisation à but non lucratif financée par le gouvernement usaméricain
qui soutient les opérations de changement de régime dans le monde entier.
Conçue à l’origine par la CIA de l’administration Reagan, la NED s’est immiscée dans des
élections et a soutenu des putschistes du Nicaragua au Venezuela, en
passant par Hong Kong et bien d’autres pays encore.
Les fuites révèlent comment
Gershman a comploté en privé pour canaliser les ressources du département d’État
vers la construction d’une « coalition pour la liberté de l’Iran »
composée de militants iraniens pro-occidentaux et d’agents néoconservateurs usaméricains
qui réclament à cor et à cri une attaque militaire usaméricaine contre l’Iran.
Tout en visant à « mobiliser
un soutien international » en faveur du mouvement « Femmes, vie,
liberté », « et à faire tout ce qui est possible pour soutenir [leur]
lutte" » la Coalition pour la liberté représente une tentative
manifeste d’imposer une direction en exil à l’opposition iranienne de base qui
est dirigée et parrainée par les éléments les plus belliqueux de Washington.
Les tentatives de The Grayzone
de joindre plusieurs membres de la Coalition pour obtenir des commentaires ont
été infructueuses. Nous n’avons donc pas pu déterminer si les personnes citées
par Gershman s’étaient explicitement engagées à participer, ou si elles avaient
été nommées par le vétéran de la NED en tant que leaders potentiels.
Quel que soit le niveau de
participation des membres énumérés, la composition de la Coalition pour la
liberté de l’Iran proposée par Gershman montre comment le mouvement
pro-démocratique autoproclamé de l’Iran est devenu un jouet pour le lobby Bomb
Iran. Parmi les personnes triées sur le volet par Gershman pour diriger l’initiative,
on trouve William Kristol, l’impresario néocon qui mène depuis des décennies
une campagne de lobbying en faveur d’une invasion militaire de l’Iran par les USA.
Joshua Muravchik, un partisan flamboyant du Likoud israélien, a également été
choisi, car il affirme que « la
guerre avec l’Iran est probablement notre meilleure option ».
Les membres iraniens de la
Coalition pour la liberté sont essentiellement des personnalités culturelles
parrainées par le gouvernement usaméricain et des membres du personnel des laboratoires
d’idées occidentaux interventionnistes tels que l’Institut Tony Blair. Alors
que ces personnalités sont citées dans les médias occidentaux comme les leaders
de la lutte pour la « liberté » en Iran, leur implication dans des
campagnes soutenues par le gouvernement usaméricain, comme celle conçue par
Gershman, révèle qu’elles ne sont rien d’autres que des figurants de façade
persans pour les bellicistes de Washington.
Des manifestations ont éclaté
dans les villes iraniennes en septembre
2022 après la mort d’une jeune femme iranienne, Mahsa Amini, brièvement
placée en garde à vue à Téhéran pour avoir enfreint les codes moraux imposant
aux femmes de porter le tchador. Le mouvement a attiré le soutien zélé de
gouvernements occidentaux, de célébrités et d’ONG féministes, qui l’ont
encouragé même après qu’il se fut éteint dans les rues.
Comme l’illustre la proposition
divulguée par Gershman, ces éléments ont rapidement détourné les
manifestations, en insérant des exilés parrainés par le gouvernement usaméricain
comme figures et voix internationakles du mouvement, garantissant ainsi que
leur effet final serait un renforcement des sanctions usaméricaines contre les
Iraniens moyens.
Dans une
enquête publiée en août dernier, The Grayzone a révélé qu’après s’être
retiré de son poste de longue date à la tête de la NED en 2021, Gershman s’est
enfermé dans une lutte de pouvoir vicieuse avec ses successeurs plus jeunes et
plus progressistes sur le plan social. Les fuites sur l’Iran que nous avons
obtenues montrent comment, même à la retraite, Gershman a tenté de contourner
la bureaucratie, en mobilisant ses relations dans les réseaux de politique
étrangère des USA pour canaliser les ressources gouvernementales vers ses
propres projets de changement de régime.
Demande d’une part du fonds “illégitime”
de 55 millions de dollars du département d’État
Lorsque Gershman a voulu donner
le coup d’envoi à son dernier complot de changement de régime en Iran, il s’est
adressé à un allié de longue date qui a enregistré un “hommage
à la retraite” de trois minutes pour honorer son mandat à la NED. Il s’agit du
député Mario Díaz-Balart, un représentant républicain du lobby cubano-usaméricain
basé dans le sud de la Floride. En tant que président de la sous-commission du
département d’État au sein de la commission des affaires étrangères de la
Chambre des représentants, Diaz-Balart exerçait une influence considérable sur
les opérations étrangères des USA.
Le 27 août 2023, Gershman a
envoyé un courriel à Díaz-Balart et à son assistant parlementaire, Austin Morley,
déclarant que l’une de ses “initiatives de retraite” était de « travailler
avec Freedom House pour créer une coalition de groupes de travail ». En l’appelant
Iran Freedom Coalition (IFC), Gershman a affirmé que la Coalition était déjà “établie”.
Cependant, aucune trace de son existence ne peut être trouvée en ligne.
Gershman a expliqué à Díaz-Balart
que ses « amis iraniens ont été surpris » par les lignes directrices
du Fonds pour la démocratie en Iran 2023 du Département d’État, qui réservent
55 millions de dollars à des propositions visant à « renforcer l’engagement
de la société civile dans les processus électoraux ». Selon Gershman,
étant donné que le mouvement “Femmes, vie, liberté”, à l’origine des
manifestations nationales, « ne reconnaît pas la légitimité du régime qui
gérera ces processus électoraux » une partie de l’argent devrait être
affectée à une initiative plus dure.
La Coalition devait être composée
« d’une douzaine de groupes de travail solidaires représentant [...] les
femmes, la société civile et les groupes de défense des droits de l’homme, les
parlementaires, les syndicalistes et les médecins qui aident les manifestants
blessés et traumatisés ». Bizarrement, alors que les manifestations s’étaient
éteintes en Iran, Gershman a proposé à son IFC de « soutenir... le
soulèvement de masse » en Iran, comme s’il s’agissait d’un phénomène
contemporain.
Il a suggéré à Díaz-Balart d’user
de son influence au sein du Congrès pour « diriger... peut-être 10 % »
du budget annuel de 55 millions de dollars du Fonds controversé
pour la démocratie en Iran du département d’État vers sa propre NED.
« Les fonds pourraient être
gérés par la NED, écrit Gershman, qui dispose déjà d’un petit programme de
subventions pour l’Iran et qui est en contact étroit avec des groupes aux USA
et ailleurs qui tentent très discrètement d’aider le mouvement de
résistance.En fait, cela permettrait à
la NED d’étendre ce qu’elle fait déjà. Prendre une telle initiative en ce
moment serait un acte de solidarité important ».
Après avoir
épuisé la grande occasion de Gaza, Israël se tourne vers l’épuisement de la
prochaine grande occasion, une guerre au Liban. En matière de guerre, Israël
est le pays des opportunités illimitées. Chaque guerre est une opportunité et
chaque opportunité amène une guerre.
Y a-t-il un
problème à Gaza ? La guerre. Y en a-t-il un à la frontière nord ? Une autre
guerre. De nombreux Israéliens sont enthousiastes. Après tout, ils attendent
une telle occasion depuis des années. D’autres la soutiennent en silence, sous
un nuage oppressant, et presque tous sont convaincus qu’il n’y a pas d’autre
option.
C’est une
chose de considérer la guerre comme une horrible nécessité, mais c’en est une
autre lorsqu’elle est perçue comme une opportunité : une opportunité de
façonner un nouveau monde, une nouvelle réalité, une meilleure réalité. Le
Hamas sera éradiqué, les otages libérés et le Hezbollah ridiculisé. Les
habitants évacués du nord retourneront chez eux, la Galilée prospérera et ses
fleurs s’épanouiront. Il en ira de même pour les communautés situées le long de
la frontière de Gaza. Quelle merveilleuse opportunité que la guerre.
Le fait que,
tout au long de son histoire, Israël n’ait pas encore entrepris une seule
guerre qui ait amélioré sa situation ou résolu ses problèmes, certaines d’entre
elles, comme la guerre de 1967, ayant même, sans le reconnaître, aggravé sa
situation, n’a convaincu personne. Il suffit d’attendre la prochaine guerre.
Elle résoudra tous nos problèmes une fois pour toutes.
« Une fois
pour toutes », c’est la “victoire totale” d’antan. Après avoir soi-disant
vaincu le Hamas - une fois pour toutes - Israël vaincra également le Hezbollah,
une fois pour toutes. Le problème, c’est que ça se termine toujours par
quelques années de calme suivies d’une guerre pire que les précédentes. Les
partisans d’une grande guerre au Liban expliquent aujourd’hui leur soif de
revoir les FDI aux abords de Beyrouth en disant qu’il s’agit d’une grande
opportunité.
Au cours du
week-end, ils ont exhorté les décideurs à agir. Après tout, ont-ils fait
valoir, les 500 personnes devenues aveugles au Liban à la suite de l’explosion
de bipeurs constituent une occasion en or qui ne se représentera pas de sitôt.
Alors, qu’attendez-vous pour déclencher la guerre ?
Le
concept même de la guerre en tant qu’opportunité révèle un état d’esprit
malsain. Considérer la guerre comme le seul et principal moyen de résoudre les
problèmes suggère une distorsion mentale. Mais dans un pays où Karni Eldad,
chroniqueuse au quotidien Israel Hayom, qualifie les dizaines de morts,
les milliers de blessés et les centaines de personnes rendues aveugles par l’explosion
de bipeurs au Liban « d’immense cadeau à notre nation, qui le mérite
grandement à l’approche de la nouvelle année », on ne s’étonne de rien.
Une
vraie tueuse sionihiliste : Karni Eldad, une ancienne
de Haaretz passée avec armes et bagages au quotidien gratuit Israel
Hayom, mégaphone likoudien propriété du milliardaire Sheldon Adelson
« Les coups
incroyables portés à l’ennemi au nord étaient exactement ce dont notre nation
avait besoin : l’élégance, la précision, l’humiliation, le fait de penser un
million de fois à l’avance », a-t-elle déclaré avec lyrisme. Un million de pas
en avant. Cependant, pour les personnes saines d’esprit, la guerre n’est qu’une
occasion d’effusion de sang, de destruction et de perte.
L’école qui
a adopté le concept « une fois pour toutes » semble particulièrement stupide
après la guerre à Gaza. Après tout, cette guerre était censée résoudre nos
problèmes une fois pour toutes. Aucun d’entre eux n’a été résolu après une
année de combats acharnés, avec des dizaines de milliers de morts et une
destruction totale. Israël sortira de la guerre de Gaza dans une situation bien
pire que celle dans laquelle il est entré.
Comment
peut-on même penser qu’une guerre contre un ennemi beaucoup plus puissant, sur
un terrain beaucoup plus difficile, avec une armée épuisée, confrontée à la
réprobation mondiale, aboutira à un meilleur résultat que le fiasco de Gaza ?
Cela ne peut que signifier que la plupart des Israéliens n’ont pas encore pris
conscience de l’ampleur de l’échec à Gaza. Ils ne sont pas encore parvenus à la
conclusion évidente qu’il aurait mieux valu qu’Israël ne se lance pas dans une
guerre à Gaza, pour ensuite se précipiter vers Sidon. Tout comme dans le cas de
Rafah, il n’y a rien. Il y a des protestations, mais pas contre une guerre.
Il est
difficile d’imaginer une telle conjonction de développements inconcevables :
alors que les soldats continuent de tuer, d’être tués et de semer la ruine à
Gaza, inutilement et sans but, d’autres forces se dirigent vers le nord pour
une guerre encore plus maudite, elle aussi destinée à résoudre les problèmes
une fois pour toutes. Et tout le monde voit les voix et achète les mensonges.
Après le Liban, nous nous attaquerons à l’Iran. Là aussi, nous aurons une
opportunité, là aussi nous résoudrons nos problèmes une fois pour toutes.
“Prévenons un autre Holocauste : bombardons l’Iran” Carlos Latuff, 2010
Le Guide suprême Ali Khamenei
assiste à la prière funéraire pour le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh.
Photo : Bureau de presse du Guide suprême
« La
seule chose qui m’est venue à l’esprit, c’est qu’Israël a tué notre chef »,
a déclaré Khaled Qaddoumi, représentant du Hamas en Iran, qui dormait dans un
appartement situé deux étages en dessous du chef politique du groupe, Ismail
Haniyeh, lorsqu’une explosion a secoué l’immeuble. « Que ce soit avec les
outils usaméricains ou par l’intermédiaire des USAméricains, ce qui m’est venu
directement à l’esprit, c’est que l’ennemi israélien a tué notre dirigeant ».
Aujourd’hui,
le Corps des gardiens de la révolution a directement accusé Israël d’avoir
assassiné Haniyeh à Téhéran tôt mercredi matin en tirant un « projectile à
courte portée avec une ogive d’environ 7 kilogrammes » depuis l’extérieur
du complexe d’appartements. Bien que le Corps des gardiens de la révolution
islamique (CGRI) n’ait fourni aucune preuve médico-légale à l’appui de ses
allégations, cette déclaration constitue un défi direct à un article
publié jeudi dans le New York Times, selon lequel Haniyeh aurait été
tué par une bombe placée secrètement dans la résidence il y a plusieurs mois.
D’après ce
que Qaddoumi a vu, il semble qu’un projectile ait fait un trou dans le côté du
bâtiment, directement sur l’appartement où se trouvait Haniyeh. Dans une
interview accordée à Drop Site News, M. Qaddoumi, qui est également membre du
bureau des relations politiques du Hamas dans le monde arabe et islamique, a
déclaré avoir rencontré M. Haniyeh dans la résidence située dans le nord de
Téhéran, à la suite d’un dîner d’État organisé en l’honneur du président
iranien nouvellement investi. Qaddoumi n’a pas assisté au dîner, mais attendait
le retour d’Haniyeh dans le complexe d’appartements, situé dans une enceinte
gérée et gardée par le Corps des gardiens de la révolution islamique. Qaddoumi
et d’autres personnes se sont alors réunis avec le chef du Hamas pour discuter
de la récente attaque israélienne dans un quartier sud de Beyrouth, qui a coûté
la vie à Fouad Shukr, haut commandant du Hezbollah.
Au bout d’une
heure environ, « il est parti dans sa chambre au quatrième étage de l’immeuble.
Je suis allé chez moi, au deuxième étage », se souvient M. Qaddoumi.
Il s’est
endormi et a été réveillé par les secousses de l’immeuble autour de lui. « Vers
1 h 37, j’ai ressenti un choc dans le bâtiment. Cela m’a donné une sensation
très étrange ». Il a pensé qu’il s’agissait « peut-être d’un
tremblement de terre », mais « avec plus d’ampleur.
« Je
suis sorti pour vérifier. J’ai constaté que de la fumée s’échappait de partout.
Les toilettes de ma suite étaient détruites, le plafond était détruit. Et puis
je suis sorti. Mes amis m’ont raconté ce qui s’était passé. Je me suis alors
précipité vers la chambre d’Ismail », raconte-t-il. « Je suis entré
dans la [suite] et j’ai trouvé une pièce où les deux murs du côté extérieur du
bâtiment avaient été détruits. Le plafond de cette pièce était également
détruit. J’ai donc eu l’impression que quelque chose était venu de l’extérieur,
[tiré] dans la pièce ».
Qaddoumi dit
avoir vu le corps de Haniyeh et, dans une pièce adjacente, son garde du corps,
qui a également été tué. Après cela, lui et d’autres responsables palestiniens
à Téhéran ont été informés par leurs homologues iraniens. « Au départ,
tout le monde, d’après l’évaluation faite sur le terrain, était d’accord pour
dire que quelque chose avait attaqué le bâtiment de l’extérieur. Puis, avec le
temps et la vérification des processus techniques, [le CGRI] a publié cette
déclaration ».
Un engin
explosif caché dans un complexe lourdement gardé où Ismail Haniyeh était réputé
séjourner en Iran est à l’origine de sa mort, selon une enquête du NY Times.
Une photo
circulant sur Telegram et parmi les officiels iraniens mercredi montre un
bâtiment endommagé dans le nord de Téhéran.
Ismail
Haniyeh, l’un des principaux dirigeants du Hamas, a été assassiné mercredi par
un engin explosif introduit clandestinement dans la maison d’hôtes de Téhéran
où il séjournait, selon sept responsables du Moyen-Orient [manière élégante
de dire « israéliens », NdT], dont deux Iraniens, et un
responsable usaméricain.
La bombe
avait été dissimulée il y a environ deux mois dans la maison d’hôtes, selon
cinq des responsables du Moyen-Orient. La maison d’hôtes est gérée et protégée
par le Corps des gardiens de la révolution islamique et fait partie d’un grand
complexe, connu sous le nom de Neshat, dans un quartier huppé du nord de
Téhéran.
M. Haniyeh
se trouvait dans la capitale iranienne pour assister à l’investiture
présidentielle. La bombe a été déclenchée à distance, selon les cinq
responsables, une fois qu’il a été confirmé que M. Haniyeh se trouvait dans sa
chambre à la maison d’hôtes. L’explosion a également tué un garde du corps.
L’explosion
a secoué le bâtiment, brisé quelques fenêtres et provoqué l’effondrement
partiel d’un mur extérieur, selon les deux responsables iraniens, membres des
gardiens de la révolution informés de l’incident. Ces dégâts sont également
visibles sur une photographie du bâtiment communiquée au New York Times.
M. Haniyeh,
qui a dirigé le bureau politique du Hamas au Qatar, avait séjourné dans la
maison d’hôtes à plusieurs reprises lors de ses visites à Téhéran, selon les
responsables du Moyen-Orient. Tous ces responsables ont parlé sous le couvert
de l’anonymat afin de ne pas divulguer de détails sensibles sur l’assassinat.
Des
personnes en deuil se sont rassemblées à Téhéran jeudi pour les funérailles du
chef du Hamas, Ismail Haniyeh. L’Iran a déclaré qu’Israël était derrière son
assassinat. Photo Arash Khamooshi pour le New York Times
Des
responsables iraniens et le Hamas ont déclaré mercredi qu’Israël était
responsable de l’assassinat, un avis partagé par plusieurs responsables usaméricains
ayant requis l’anonymat. Cet assassinat risque de déclencher une nouvelle vague
de violence au Moyen-Orient et de compromettre les négociations en cours pour
mettre fin à la guerre à Gaza. M. Haniyeh avait été l’un des principaux
négociateurs des pourparlers sur le cessez-le-feu.
Israël n’a
pas reconnu publiquement sa responsabilité dans l’assassinat, mais les services
de renseignement israéliens ont informé les USA et d’autres gouvernements
occidentaux des détails de l’opération dans les jours qui ont suivi, selon les
cinq responsables du Moyen-Orient.
Mercredi, le
secrétaire d’État Antony J. Blinken a déclaré que les USA n’avaient pas été
informés à l’avance du projet d’assassinat.
Dans les
heures qui ont suivi l’assassinat, les spéculations se sont immédiatement
concentrées sur la possibilité qu’Israël ait tué M. Haniyeh à l’aide d’un
missile, peut-être tiré à partir d’un drone ou d’un avion, de la même manière
qu’Israël avait lancé un missile sur une base militaire à Ispahan en avril dernier.
Cette
théorie du missile a soulevé des questions sur la manière dont Israël aurait pu
échapper à nouveau aux systèmes de défense aérienne iraniens pour exécuter une
frappe aérienne aussi effrontée dans la capitale.
Il s’avère
que les assassins ont pu exploiter un autre type de faille dans les défenses
iraniennes : une faille dans la sécurité d’un complexe supposé étroitement
gardé, qui a permis de poser une bombe et de la dissimuler pendant de
nombreuses semaines avant qu’elle ne soit finalement déclenchée.
Un panneau d’affichage
à Téhéran en avril représentant des missiles. Photo Arash Khamooshi pour The
New York Times
Trois
responsables iraniens ont déclaré qu’une telle violation constituait un échec
catastrophique en matière de renseignement et de sécurité pour l’Iran et un
énorme embarras pour les Gardiens, qui utilisent le complexe pour des
retraites, des réunions secrètes et l’hébergement d’invités de marque tels que
M. Haniyeh.
La manière
dont la bombe a été dissimulée dans la maison d’hôtes n’a pas été élucidée. Les
responsables du Moyen-Orient ont déclaré que la préparation de l’assassinat
avait pris des mois et avait nécessité une surveillance approfondie du
complexe. Les deux responsables iraniens qui ont décrit la nature de l’assassinat
ont déclaré qu’ils ne savaient pas comment ni quand les explosifs avaient été
placés dans la chambre.
Israël a
décidé de procéder à l’assassinat en dehors du Qatar, où vivent M. Haniyeh et d’autres
hauts responsables politiques du Hamas. Le gouvernement qatari joue le rôle de
médiateur dans les négociations entre Israël et le Hamas en vue d’un
cessez-le-feu à Gaza.
L’explosion
meurtrière survenue tôt mercredi a brisé des fenêtres et fait s’effondrer une
partie du mur de l’enceinte, comme l’ont montré des photographies et comme l’ont
indiqué les responsables iraniens. Des dégâts minimes au-delà du bâtiment
lui-même, comme l’aurait probablement fait un missile, n’ont été que minimes.
Vers 2
heures du matin, heure locale, l’engin a explosé, selon les responsables du
Moyen-Orient et les sources iraniennes. Les membres du personnel de l’immeuble,
surpris, ont couru à la recherche de la source de l’énorme bruit, ce qui les a
conduits à la chambre où M. Haniyeh se trouvait avec un garde du corps.
Une
image satellite prise le 25 juillet ne montre pas de dégâts visibles ni de
bâche verte sur le bâtiment, ce qui suggère que l’image avec les dégâts
visibles a été prise plus récemment. Photo Maxar Technologies
Le complexe
dispose d’une équipe médicale qui s’est précipitée dans la pièce immédiatement
après l’explosion. L’équipe a déclaré que M. Haniyeh était mort immédiatement.
L’équipe a tenté de ranimer le garde du corps, mais il était lui aussi mort.
Le chef du
Jihad islamique palestinien, Ziyad al-Nakhalah, se trouvait dans la chambre
voisine, ont déclaré deux des responsables iraniens. Sa chambre n’a pas été
gravement endommagée, ce qui laisse supposer que M. Haniyeh a fait l’objet d’un
ciblage précis.
Khalil
al-Hayya, le commandant adjoint du Hamas dans la bande de Gaza, qui se trouvait
également à Téhéran, est arrivé sur les lieux et a vu le corps de son collègue,
selon les cinq responsables du Moyen-Orient.
Rasha Hilwi est une
écrivaine palestinienne, mère de famille, journaliste, éditrice, programmatrice
culturelle, conteuse, DJ, féministe, et activiste culturelle. Née et élevée
dans la ville d’Akka (Acre) en Palestine de 1948, elle vit aujourd’hui à
Amsterdam. InstagramMetaX
Je n’ai pas
écrit un seul article depuis le début de la guerre génocidaire contre mon
peuple à Gaza. Pendant des mois, j’ai évité d’écrire.
Lorsque j’ai
commencé à écrire à la fin de mon adolescence à Akka, c’était parce que j’étais
convaincue que l’écriture ne se résume pas à poser un stylo sur du papier ou
des doigts sur un clavier. Même la création d’un texte personnel peut avoir des
implications plus larges dans le monde extérieur et peut influencer le
changement. Pour moi, l’écriture est un acte de résistance face à l’injustice,
une tentative d’élever la voix des opprimés.
Mais la
machine à tuer israélienne qui extermine les Palestiniens de Gaza - enfants,
femmes et hommes - sous les yeux des gouvernements du monde et de leurs
justifications, a créé un espace de doute quant à l’efficacité de l’écriture.
Je suis une
femme palestinienne dont l’identité, les sentiments et les choix ont été
façonnés par l’injustice qui a frappé sa famille lors de la Nakba de 1948,
ainsi que par ce qu’elle a vécu à l’intérieur de la Palestine pendant plus de
trente ans. Alors que j’étais partie, mon peuple était toujours là.
Naturellement, l’écriture a été la première action face à ceux et celles qui
tentaient d’effacer les récits de notre peuple, ses journaux intimes, ses
peurs, ses rêves et sa résilience, ainsi que son insistance sur la vie.
Plus
important encore, l’écriture est une tentative de récupérer la maison volée, ou
du moins d’y appartenir, à l’intérieur d’un État qui a tout fait depuis la
Nakba pour que les Palestiniens se sentent étrangers. La ghorbah est un
sentiment pénible que nous ne connaissons que trop bien.
Plus
important encore, l’écriture est une tentative de récupérer la maison volée, ou
du moins d’y appartenir, dans un État qui, depuis la Nakba, a tout fait pour
que les Palestiniens se sentent étrangers. Ghorbah est un sentiment difficile
que nous ne connaissons que trop bien.
“Ghorbah” (غربة) vient du mot arabe “Gharb” (l’Occident), le mot “Tagharraba” (تغرّب) signifie se déplacer vers un autre endroit, loin de chez soi,
être éloigné ou étranger. “Ghorbah” ne désigne pas seulement un lieu
géographique, mais implique également la distance émotionnelle par rapport à la
maison, même pour quelqu’un qui n’a jamais déménagé physiquement.
J’ai décidé
de quitter la Palestine il y a neuf ans, à la recherche d’une autre maison à l’étranger.
C’était un choix qui, au fond, était un privilège, car je suis une Palestinienne
détentrice d’un passeport israélien, ce qui me permet de circuler librement en
Europe.
Je ne m’attendais
pas à ce que cette recherche de Ghorbah me permette de fonder un foyer, de
former une famille et de devenir mère.
Mais
maintenant que c’est fait, j’ai reçu une autre leçon : la maternité n’est pas
une identité qui vous est donnée d’un seul coup, c’est une pratique avec
laquelle vous devez vous familiariser chaque jour, dont vous devez apprendre et
même désapprendre des choses. La maternité est une pratique qui a commencé
lorsque j’ai donné naissance à mes filles, un événement qui s’est produit loin
de mon premier foyer, la Palestine. Pendant les jours, les mois et les années
où j’ai été confrontée à cette nouvelle identité, la Palestine a connu le « soulèvement
de mai », l’assassinat de sa journaliste Shireen Abu Akleh, la guerre
génocidaire contre Gaza et tant d’autres événements qui l’ont placée, ainsi que
moi, la mère palestinienne éloignée, face à la question suivante : « Comment
puis-je continuer à faire quoi que ce soit ? Comment puis-je continuer à faire
quelque chose, même si c’est un simple acte, face à l’injustice ? »
Il y a
quelques semaines, je me préparais à quitter la maison pour rejoindre une
manifestation pour Gaza à Amsterdam. L’une de mes filles m’a demandé où j’allais.
Lorsque je le lui ai dit, elle n’a d’abord pas compris. Puis j’ai dit : « Free,
free Palestine ! ». En tant que famille, nous étions allées à une
manifestation quelques jours auparavant, et j’ai pensé que ce chant
clarifierait mon propos. Elle a réagi en portant la main à son oreille et en
disant « Mama, owie » - elle se souvenait avoir été dérangée par les
chants bruyants. Je lui ai dit : « Ce n’est pas grave, ma chérie. J’ai une
vieille oreille. Elle a plus de soixante-dix ans ». Elle m’a souri, même
si elle ne comprenait rien.
Je suis
devenue mère de mes jumelles à la fin du mois de mars 2021. J’ai toujours voulu
être mère, même lorsque je vivais encore en Palestine. Mais lorsque je pensais
à la maternité, je n’imaginais pas que le père de mes enfants serait un
non-Palestinien, ou même un non-arabe. Ce que nous imaginons est sans
importance, car le cœur a toujours d’autres plans. Mon cœur s’est tourné vers
la Perse. Plus précisément, vers un Iranien qui avait été contraint de quitter
l’Iran et de fuir à Amsterdam. Lorsque j’ai fait part à ma mère de nos projets
de mariage, elle m’a dit d’un ton sarcastique : « Nous t’avons envoyée en
Europe pour que tu épouses un Iranien ? Qu’est-ce qui ne va pas avec les
Néerlandais ? » Elle a ri, j’ai ri, et je lui ai dit : « Mais, maman,
mon cœur va toujours vers celui qui a la même douleur ».
Sa douleur,
même si elle n’est pas exactement la même que la mienne, est aussi celle de la
perte de sa maison. Je n’ai pas perdu ma maison directement, mais mes
grands-parents ont perdu la leur après que les milices sionistes ont procédé au
nettoyage ethnique de leur village d’Iqrith. Ils ont vécu leur vie comme des
réfugiés dans leur patrie et sont morts avant que leur rêve de retourner dans
leur village natal ne se réalise. Un fait qui a façonné ma vie, mon identité,
mes rêves et mes peurs. C’est ce qu’on appelle le traumatisme
intergénérationnel.
Mon mari a
perdu sa maison directement. Il était un enfant de trois ans lorsque son père s’est
enfui pour la première fois afin d’éviter d’être tué après la prise de pouvoir
des islamistes en Iran. Il s’est enfui à travers les montagnes et a atteint la
Turquie. Son fils en bas âge et sa femme l’ont ensuite suivi sur la même route
jusqu’à ce qu’ils se retrouvent à Istanbul pour finalement arriver aux Pays-Bas
en tant que famille de réfugiés. Mon mari, qui a grandi en exil, ne peut pas se
rendre dans sa ville natale, Téhéran, et sa mère, qui a souffert de démence
pendant de nombreuses années, est morte en exil alors qu’elle rêvait de
retourner dans son pays.
La question
de la confrontation de l’injustice à l’intersection de la maternité s’est
élargie depuis que je suis devenue mère de filles iraniennes-palestiniennes. Il
aurait peut-être été plus facile d’y répondre si je ne m’étais pas réveillée
chaque jour à la maison avec la douleur de la Palestine et de l’Iran. Cette
douleur est présente et vit dans deux tableaux accrochés à notre mur. Notre
propre galerie d’exilés décédés, expulsés de leur pays mais ayant une place
dans notre maison, est exposée : ma grand-mère Salma et la mère de mon mari,
Parvin.
Dans ma vie,
l’espace personnel est un espace de deuil partagé, mais c’est aussi un espace
de questions difficiles, de légitimité d’une réalité complexe qui ne veut pas
que le deuil d’une partie de la maison soit plus important que le deuil de l’autre.
Plus important encore, la confrontation avec l’injustice, cette graine qui m’anime,
ne se fait pas au détriment d’une autre injustice.
Je ne parle
pas beaucoup de la Palestine à mes filles. Plus précisément, je ne leur parle
pas avec des mots. J’ai trouvé d’autres méthodes indirectes pour le faire. Je m’efforce
de préparer les plats palestiniens que j’ai appris de ma mère et nous écoutons
ensemble des chansons palestiniennes, des plus traditionnelles à celles qui
sont sorties hier. Je leur parle dans mon dialecte hétéroclite, qui est un
mélange de la montagne (ma mère) et de la mer (mon père), et tous les soirs, je
leur chante des berceuses palestiniennes avant qu’elles s’endorment.
En novembre
dernier, après une journée passée à regarder des images et des vidéos en
provenance de Gaza, et avec le sentiment de culpabilité qui me rongeait en
comparant la sécurité du toit qui me protège à celle des mères gazaouies et de
leurs enfants, je me suis jetée entre mes filles ; la première tenait ma main
droite et la seconde ma main gauche. Je leur ai demandé : « Que
voulez-vous que je chante pour vous ? » Elles ont répondu ensemble : « Ya
Siti ! (Oh ma grand-mère !) ». C’est la berceuse qui leur tient le plus à
cœur. Au milieu de la chanson, la sonnette de la maison a retenti. « Maman,
n’aie pas peur », a dit l’une de mes filles, ce qui était sa façon de dire
qu’elle avait peur.
Je leur ai
dit que c’était le facteur et j’ai recommencé à chanter jusqu’à ce qu’elles s’endorment.
Tout comme
je ne leur parle pas directement de la Palestine, je ne leur dis pas non plus
que j’ai souvent très peur de beaucoup de choses, d’un monde qui ne considère
pas l’enfant palestinien comme aussi précieux que les autres enfants. J’ai peur
que des filles et des femmes iraniennes soient encore tuées parce qu’elles ne
portent pas le hijab “correctement”. J’ai peur qu’Israël ne soit pas tenu pour
responsable de ses crimes, les anciens, les nouveaux et ceux à venir. Je crains
que la République islamique d’Iran ne soit pas tenue de rendre des comptes pour
les exécutions de jeunes gens qu’elle continue de commettre... et la liste est
encore longue.
Je reviens à
l’écriture aujourd’hui, au milieu de ce qui se passe, pour me dire et souligner
que ma maternité, en effet, est un fil qui s’étend vers la réflexion sur la
justice pour la Palestine dans ma maison, à travers la nourriture, les odeurs,
les chansons, ma voix, mon visage, et ma tristesse héritée qui flotte à la
surface fortement ces jours-ci. Mais c’est aussi un fil qui s’étend vers la
réflexion sur la justice pour l’Iran. Parce que Téhéran devrait être un jour
une maison pour mes filles, tout comme Akka. La douleur est la même, même si
les “garde-barrières” de nos pays sont différents ou prétendent être des
ennemis.