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16/08/2022

ANTONIO MAZZEO
Draghi & Co, dernier acte : une vente de véhicules blindés à Porochenko pour armer les milices et les troupes spéciales ukrainiennes

Antonio Mazzeo, Stampalibera, 16/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Des véhicules blindés achetés en Italie par un oligarque controversé se retrouvent entre les mains des troupes d'assaut ukrainiennes pour la sale guerre du Donbass. À la veille du 15 août, onze véhicules MLS Shield produits par la société Tekne SpA, basée dans les Abruzzes, ont été livrés aux parachutistes de la 79e  Brigade aérienne d'assaut, l'unité d'élite des forces armées ukrainiennes dont le QG se trouve à Mykolaïv, déployée depuis 2014 contre les républiques indépendantes autoproclamées de Donetsk et de Lougansk et, après l'invasion du 24 février, pour la contre-offensive antirusse dans la région sud-est troublée du Donbass. Les véhicules blindés ont été achetés par l'“ONG” Sprava Hromad (Affaire communautaire) et la Blahodiynyy Fond Petra Poroshenka (Fondation caritative Petro Porochenko), du magnat et ancien président de la république ukrainienne Petro Oleksiovytch Porochenko, qui était présent à la cérémonie de remise des véhicules de guerre.


Selon Porochenko lui-même, « plus de 3 millions d'euros ont été payés pour les onze véhicules blindés italiens et ils sont capables d'équiper un bataillon amphibie entier ». « Il a fallu trois mois et demi pour que ces véhicules parviennent aux forces armées ukrainiennes après une série de négociations pour obtenir des licences d'exportation », a ajouté l'ancien président. « Le caractère unique de ce projet réside dans le fait que les équipements de l'OTAN ne sont pas achetés dans le cadre d'un programme d'achat public, mais grâce à des contributions privées. D'intenses négociations ont eu lieu et c'est ainsi que nous avons obtenu du gouvernement italien qu'il autorise la vente d'équipements militaires à une organisation non gouvernementale située en dehors de l'UE ».

« Pour la première fois dans l'histoire, des véhicules de combat blindés ont été vendus à un fonds de solidarité et à des volontaires ukrainiens » conclut Petro Porochenko avec emphase. « L'incroyable est devenu possible ! Nous remercions donc les responsables italiens, les ambassadeurs, l'attaché militaire italien en Ukraine et l'attaché militaire ukrainien en Italie, le ministère de la Défense et l'état-major général des forces armées pour leur aide ».

 

La transaction guerrière avec l'autorisation “supposée” du gouvernement italien a été accueillie avec “excitation et enthousiasme” par les hommes de la 79e  bBigade. Dans son reportage sur la remise des véhicules blindés le 11 août, Euroweeklynew.com rapporte les déclarations de certains combattants ukrainiens. « Je pense qu'ils représentent l'espoir pour l'avenir, pour contribuer à notre victoire et vaincre les envahisseurs », a déclaré un soldat. « S'ils nous aident à expulser l'occupant de notre terre, alors nous voterons tous pour Pyotr Oleksiovytch», a promis un deuxième parachutiste.

Selon les deux “ONG” qui ont promu la campagne pour l'achat de véhicules militaires, plus d'une centaine de “grands donateurs privés” ont contribué à la collecte de l'argent nécessaire. Le projet a été lancé par un site web ouvert en avril qui associait les véhicules blindés aux images de onze super-héros de bandes dessinées Marvel. « Nous collectons des fonds pour des véhicules blindés destinés à nos super guerriers d'Ukraine », commencent Sprava Hromad et la Fondation Poroshenko . « Et pour que l'équipement commence à vivre ses histoires légendaires, nous avons décidé d'associer les véhicules blindés aux héros de Marvel Comics ».

 

« Qu'y a-t-il de commun entre les histoires qui se déroulent dans les univers Marvel et le monde réel, en particulier avec les événements en Ukraine ? », demandent les deux organisations. « Dans les deux cas, il y a une place pour les héros qui protègent le côté du bien, de l'honneur et de la justice. Dans l'univers Marvel, on les appelle des super-héros, mais dans le nôtre, des soldats des forces armées de l'Ukraine ! » C'est ainsi que les onze véhicules de guerre de fabrication italienne s'appellent Hulk, Spiderman, Wolverine, Thor, Punisher, Iron Man, Captain America, Deadpool, Ghost Rider, Rocket Raccoon et Venom ; pour chacun d'eux, un numéro de compte est ouvert, auquel les passionnés ultranationalistes peuvent contribuer. « Nous les appellerons probablement Les Vengeurs ou Bataillon des Vengeurs et tous s'engageront dans la bataille contre le vrai mal ! », annoncent encore Sprava Hromad et la Fondation Porochenko.

Le douzième “super-héros” de l'équipe mobile avec l'Incroyable Hulk et ses amis est le modèle de véhicule blindé MLS Shield. « Ce véhicule présente des caractéristiques élevées de fiabilité, de mobilité, de protection, de vitesse, d'adaptation aux tâches militaires, de polyvalence dans des conditions de menace moyenne-haute », rapporte la fiche technique reproduite par la campagne de collecte de fonds. « Le véhicule blindé a la capacité de transporter jusqu'à dix membres de troupes d’assaut et est équipé de caméras de surveillance et de capteurs ».

Pour une description détaillée des caractéristiques techniques du système d'arme destructeur, il est préférable de consulter les magazines militaires spécialisés. « Un haut niveau de protection intégrée contre les explosions est combiné à une défense balistique pour répondre aux exigences opérationnelles », explique Italian Defence Technologies. Le MLS Shield Speed est un véhicule lourd 4×4 très rapide : il peut atteindre 110 km/h même sur des routes accidentées, avec une autonomie opérationnelle allant jusqu'à 500 km. Le véhicule blindé peut être transporté à bord d'hélicoptères et d'avions cargo C-130 et constitue « une plate-forme idéale pour différents systèmes d'armes : il peut accueillir des tourelles avec périscopes de nuit, des canons télécommandés de 12,7 mm, des lance- grenades de 40 mm et des mitrailleuses de 5,56 et 7,62 mm ».

Après une campagne de collecte de fonds réussie pour les véhicules blindés, Sprava Hromad et la Fondation Porochenko ont lancé un appel pour acquérir une première tranche du carburant nécessaire à leur ravitaillement. Slogan : « J'ai 2,5 tonnes de diesel dans 11 verres ». « Nous n'avons qu'un seul problème : le ravitaillement de nos perles, soit 220 litres de diesel pour chacune d'elles. Et il y en a onze. Deux mille cinq cents litres de diesel pour le dernier trajet. Le ravitaillement de nos perles sera la responsabilité de nos volontaires jusqu'à ce qu'elles soient remises à l'armée ». Même le ravitaillement en carburant a été payé en un temps record grâce aux dons d'autres personnes privées mystérieuses.

Lors de la cérémonie de remise de véhicules de guerre italiens aux parachutistes ukrainiens, l'ancien président Porochenko a annoncé son intention de commander davantage de véhicules à chenilles. Après l'agression militaire russe contre l'Ukraine le 24 février, les organisations appartenant au puissant magnat auraient collecté et consacré quelque 90 millions de dollars à l’achat d’armes. « Avec ces fonds, nous avons acheté des milliers de gilets pare-balles et de casques en Kevlar, des centaines de véhicules pour les opérations sur le front de guerre, tels que des véhicules blindés, des camions et des camionnettes, des caméras thermiques, des drones, des générateurs électriques, des stations de radio numérique et satellite, des vêtements militaires, des kits de premiers secours, des systèmes de purification de l'eau, du carburant, des matériaux de construction pour les fortifications et des denrées alimentaires », indique Solidarité européenne, le parti de centre-droit dirigé par Porochenko.

À la mi-juin, l'ancien président a reçu 12 nouvelles camionnettes Mitsubishi L200 achetées auprès du fabricant japonais, qui ont été réadaptées pour être utilisées au combat par l'armée ; 12 autres devraient être livrées dans les semaines à venir. Fin juin, 12 camions Leyland DAF 45.150 à quatre roues motrices sont arrivés du Royaume- Uni, que la Fondation Porochenko a envoyés au front pour transporter des systèmes d'armes, de la nourriture, de l'eau et du diesel. En juillet, l'ONG a acheté 350 minidrones Autel en Estonie et un nombre inconnu de drones espions H10 Poseidon Mk II à l'avionneur chypriote Swarmly Ltd. « Les Poseidon sont de tout nouveaux avions sans pilote : ils ont un haut degré de protection contre les équipements radio-électroniques de combat de l'ennemi, peuvent rester longtemps dans les airs et sont équipés de caméras modernes avec un zoom 40x », écrit la fondation de l'oligarque ukrainien. « Un tel oiseau vole jusqu'à une distance de 150 kilomètres et une altitude de 4 000 mètres, à une vitesse de croisière de 75 km/h . Nos guerriers ont déjà suivi plusieurs semaines d'entraînement, ont appris les secrets de la meilleure façon d'utiliser cette technologie et sont prêts à les utiliser pour une contre-attaque efficace. Nous ferons tout pour obtenir notre victoire ! »

Magnat de la confiserie et de l'alimentation, propriétaire jusqu'à il y a huit mois de la chaîne de télévision 5 Kanal, Petro Porochenko a réussi à mettre la main sur d'importants groupes agro-industriels et commerciaux ukrainiens [à commencer par l’usine de chocolat Karl-Marx de Kiev, NdT] à la suite des privatisations post-URSS. Émule de Silvio Berlusconi, il se jette dans la politique, devenant d'abord ministre des Affaires étrangères de 2009 à 2010, puis ministre du Commerce et du Développement économique en 2012, jusqu'à remporter l'élection présidentielle de 2014. En tant que chef d'État et de gouvernement, Petro Porochenko a donné un nouvel élan aux politiques ultranationalistes et néolibérales et, après l'annexion de la Crimée par la Fédération de Russie, a lancé une contre-offensive militaire sanglante dans le Donbass contre les milices pro-russes. Il a fait les deux choix qui ont servi de fusible explosif au conflit actuel entre Moscou et Kiev : l'accord d'association de l'Ukraine avec l'Union européenne, mais surtout la demande peu judicieuse d'adhésion à l'OTAN.

La présidence de Porochenko est également connue pour avoir adopté un certain nombre de lois ouvertement antirusses et “anticommunistes”, comme celle qui a ordonné le retrait des monuments érigés à la mémoire des victimes soviétiques de la Seconde Guerre mondiale. Un texte de loi mettait sur un pied d'égalité le régime nazi et le régime soviétique, tout en reconnaissant tous ceux qui « ont combattu pour l'indépendance de l'Ukraine au cours du XXe siècle ». Les héros de la liberté du peuple ukrainien comprennent également les tristement célèbres OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens) et UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne), la première étant un groupe politique fasciste, la seconde une formation paramilitaire nazie, responsable d'innombrables crimes contre l'humanité et du massacre de Juifs ukrainiens et de dizaines de milliers de citoyens polonais pendant la dernière guerre mondiale.

Porochenko a été battu de manière inattendue lors de l'élection présidentielle de 2019 par Volodymyr Zelensky. En décembre 2021, il quitte l'Ukraine pour y revenir le mois suivant après des menaces d'invasion par la Russie. Arrivé à Kiev, l'ancien président a été arrêté pendant quelques jours et a comparu devant les tribunaux le 17 janvier pour répondre aux accusations de haute trahison pour certaines de ses transactions de charbon présumées avec les républiques “sécessionnistes” de Donetsk et de Lougansk. Porochenko a rejeté les accusations et, après l'invasion du 24 février, a endossé le rôle de chef combattant anti-Poutine, achetant des systèmes d'armes à l'étranger et fondant même son propre bataillon avec plusieurs vétérans de la guerre du Donbass de 2014.

Malgré l'interdiction de voyager qui lui a été imposée par les tribunaux de Kiev, Petro Porochenko a tenté à deux reprises de franchir la frontière avec la Pologne (la dernière fois le 28 mai), mais il a été arrêté par les forces de police ukrainiennes. Le 5 juillet, il a été interviewé par une équipe de Sky TG24 : « Je tiens à confirmer le grand leadership du président Biden et des Américains dans leur rôle de soutien à l'Ukraine et, ensuite, je remercie les Italiens et le Premier ministre Draghi », a déclaré M. Porochenko. « Je suis très reconnaissant de votre position fiable, notamment celle à l'intérieur de l'Italie, lorsque les Cinq Étoiles ont essayé de bloquer la résolution du parlement en soutien à l'Ukraine. Je tiens à remercier l'ambassadeur à Kiev qui, avec le gouvernement, a joué un rôle très important et crucial. Maintenant, nous sommes tous des soldats et nous défendons l'Ukraine, l'Europe et l'ensemble du monde démocratique ».

« Trois choses sont nécessaires : des armes, des armes et des armes », a conclu l'oligarque ukrainien. Et pour les obtenir, il aurait été “autorisé” à venir personnellement en Italie pour les acheter. Deux jours après l'interview de Sky TG24, Repubblica.it a publié une vidéo dans laquelle Porochenko apparaît en train de visiter l'usine Tekne SpA d'Ortona (Chieti) et, posant, montre les onze véhicules blindés tout-terrain MLS Shield achetés puis livrés aux troupes d'assaut des parachutistes dans le Donbass.

Fondée en tant qu'entreprise de conception et de production de systèmes électroniques, de véhicules spéciaux et de machines agricoles, et de commercialisation de véhicules industriels produits par des industries tierces (notamment Astra Iveco SpA), le groupe Tekne s'est spécialisé depuis 2015 dans le secteur militaire et de la sécurité, obtenant d'importantes commandes du ministère italien de la Défense, de l'agence Frontex pour le contrôle des frontières extérieures de l'UE et au Moyen-Orient. La société est également présente au Bangladesh et sur le continent africain (Angola, Maroc, Tunisie, Mozambique et Afrique du Sud). Son dernier exploit est donc la remise de véhicules blindés aux forces spéciales ukrainiennes, avec la transaction douteuse du politicien-magnat émule Berluska et la bénédiction très opaque de Mario Draghi, Luigi Di Maio et Lorenzo Guerini.

 

25/11/2021

FRANCO “BIFO” BERARDI
La guerre biopolitique

Franco Berardi dit “Bifo” , Comune-Info, 20/11/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Lorsque j'ai réalisé que le virus avait dévoilé un monde dystopique comme ceux que nous avions longtemps imaginés, je me suis souvenu de la prophétie que Max Geraci et moi-même (et le Magicien souffleur) avions formulée dans un roman mal intitulé Morte ai vecchi [Mort aux vieux]. Pour Max et moi, ce livre s'appelle KS, ce qui signifie KapSoul, mais aussi Killing swarm [Essaim tueur]. Dans ce roman, une étrange guerre biopolitique a été imaginée. La véritable guerre biopolitique a commencé lorsqu'en 2020 le bio-virus s'est transformé en info-virus et par conséquent en psycho-virus.

Danse macabre : le vieillard, par Hans Holbein le Jeune, 1538

 Dans le roman, nous avions imaginé une guerre entre les vieux qui s'accrochent à la vie comme on s'accroche au seul bien que l'on possède, et les jeunes qui ont été mis au monde à une époque où naître est le pire malheur qui puisse vous arriver. Des groupes d'adolescents en extase électropsychique se précipitent pour massacrer des personnes âgées sans défense à coups de poing techno-mythologiques. Mais en réalité, c'est le contraire de ce que nous raconte notre petit roman. La population âgée craint d'être exterminée par le virus et a donc déclaré l'état d'urgence, qui touche principalement la population jeune.

 Nous les avions affublés de l'appellation à odeur de soufre de génération Z (la dernière), et ils doivent renoncer à presque tout pour que leur grand-père puisse agoniser en paix un peu plus longtemps. Alors que, après Glasgow, tout le monde sait qu'aucun projet humain ne peut plus résister à l'apocalypse environnementale et que la terre se transforme en une planète inconnue et dangereuse.

Un long hiver pour les migrants, par Tjeerd Royaards, Pays-Bas

 

09/11/2021

MARCO BERSANI
Draghi à l'assaut de la démocratie : interdit de manifester en Italie

Marco Bersani, Attac Italie, 9/11/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Diplômé en philosophie, Marco Bersani est responsable municipal italien de services sociaux et consultant psychopédagogique pour les coopératives sociales. Membre fondateur et coordinateur national d'Attac Italia, il a été l'un des promoteurs du Forum italien des mouvements de l'eau et de la campagne "Stop TTIP Italia". Il est membre fondateur du CADTM Italia. Auteur de nombreux livres sur les biens communs, la dette, le nucléaire, les privatisations et la crise du capitalisme.

Comme dans le plus prévisible des scénarios de théâtre, après avoir habilement préparé le terrain pendant quelques mois, la boucle est bouclée et le gouvernement Draghi-Lamorgese donne le coup de grâce : dans l'Italie de la reprise-résilience, les manifestations seront interdites.

Ce dénouement a été préparé en plusieurs étapes.

La première s'est produite le 9 octobre, lorsqu'une gestion "irréfléchie" de l'ordre public à Rome a permis à des groupes néofascistes de prendre d'assaut le siège national de la CGIL, après l'avoir annoncé deux heures plus tôt depuis le podium de la Piazza del Popolo.

Turin, 11 octobre : Draghi brûlé en effigie lors de la grève générale

La seconde a eu lieu en vue du G20 des 30 et 31 octobre, lorsqu'une campagne de presse de trois semaines a été construite sur des alarmes inexistantes en référence aux manifestations des mouvements sociaux, qui ont amené l’armée dans les rues et des tireurs d'élite sur les toits pour affronter nul autre que la jeune génération écologiste des Fridays for Future. Naturellement, le succès des mobilisations est attribué au ministère de l'Intérieur, qui les a "empêchées" de causer des troubles à l'ordre public.

Il suffit d'une goutte d'eau pour faire déborder le vase : l'annonce d'un possible regroupement de personnes infectées en raison des manifestations répétées "No Green Pass" dans la ville de Trieste et la prise de position du maire de la ville qui, sans aucun sens de la mesure ni de la dérision, réclame à cor et à cri l'adoption de lois spéciales "comme à l'époque des Brigades rouges".

La soupe est servie le gouvernement Draghi - non content d’voir imposé un parlement embedded (embarqué), totalement aligné sur ses choix politiques en matière de post-pandémie - tente de résoudre l'autre pôle du problème, représenté par le conflit social.
Et voici le nouveau paquet de mesures annoncé dans la presse par la ministre Lamorgese, qui, bien sûr, n’ignore pas le droit de manifester (article 21 de la Constitution), mais le place après le "droit" des citoyens de ne pas participer aux cortèges (comme si c'était obligatoire) et après le "droit" des commerçants de récolter les bénéfices habituels des achats des fêtes et, plus encore, des achats de Noël.
Les défilés seront interdits dans les centres historiques des villes, dans toutes les rues commerçantes et à proximité des points sensibles. Et, comme si cela ne suffisait pas, en l'absence de "besoins et garanties spécifiques", qui décide ? - Les défilés en tant que tels seront interdits et seules les manifestations statiques et les sit-in seront autorisés.
L'image est assez claire. La pandémie a mis en évidence toutes les contradictions et l'insoutenabilité générale d'un modèle de société fondé sur l'économie de profit. Le gouvernement Draghi s'est donné pour mission de poursuivre ce modèle coûte que coûte.

Ainsi, nous avons un Plan national de relance et de résilience visant à satisfaire les entreprises et à mortifier le travail et ses droits ; une politique fiscale visant à libérer les classes aisées d'impôts insupportables, une fois de plus déversés sur les travailleurs et les retraités ; une transition écologique entièrement consacrée au greenwashing ; une nouvelle vague de privatisation de tous les services publics locaux ; une attaque contre les pauvres, à travers des mesures honteuses telles que la tentative de restreindre le revenu de citoyenneté et de réduire l'allocation pour les personnes handicapées.
Toutes ces mesures vont, bien sûr, exacerber le malaise des gens et susciter la colère et les conflits sociaux.

Comment résoudre ça ? Pas de problème, il suffit de l'interdire.

D'ailleurs, les grandes puissances financières ne disent-elles pas depuis longtemps que les constitutions des pays d'Europe du Sud sont inadaptées à la modernité car trop imprégnées d'idées socialistes ?

NdT: il y a un siècle, le 9 novembre 1921, était fondé le Parti national fasciste de Mussolini. C'était une remarque juste en passant...