المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

Affichage des articles dont le libellé est USA. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est USA. Afficher tous les articles

17/02/2025

MURTAZA HUSSAIN
Alors que Modi se rend à Washington, des USAméricains sikhs affirment que la surveillance et les menaces se poursuivent

La campagne transnationale présumée d’assassinats et d’intimidation visant les dissidents sikhs est loin d’être finie

Murtaza Hussain, Drop Site News, 14/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Murtaza Hussain est un journaliste d’origine pakistanaise qui a grandi à Toronto et vit aujourd’hui à New York. Après avoir travaillé au site ouèbe The Intercept, il contribue au nouveau site créé par Jeremy Scahill et Ryan Grim, Drop Site News. @MazMHussain

 


Dans l’après-midi du 22 décembre 2024, un véhicule blanc s’est arrêté devant les portes de la maison de l’activiste politique Pritpal Singh à Fremont, en Californie. Les images de sécurité fournies à Drop Site montrent un homme se garant devant la propriété, située dans un cul de sac tranquille de la banlieue, sortant de son véhicule, prenant plusieurs photos de la maison de Singh et des environs, avant de s’éloigner après avoir été remarqué par des voisins sortant de chez eux.

M. Singh est un organisateur usaméricain d’origine sikh qui avait déjà précédemment été averti par le FBI que sa vie était en danger. Ces avertissements ont été émis après une série d’assassinats et de tentatives d’assassinat d’autres militants sikhs en Amérique du Nord en 2023, qui, selon les USA et le Canada, auraient été orchestrés par des agents des services de renseignement indiens et dirigés par de hauts responsables du gouvernement Modi.

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Alors que le président Donald Trump fait la cour au premier ministre indien Narendra Modi à Washington cette semaine, des agents des forces de l’ordre enquêtent pour savoir si des personnes travaillant pour le gouvernement indien continuent de cibler les USAméricains sikhs dans le cadre d’une série de fusillades, de menaces et d’incidents d’intimidation non élucidés dans plusieurs pays.


Le président Donald Trump et le premier ministre indien Narendra Modi tiennent une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche le 13 février 2025 / Andrew Harnik / Getty Images

Ces incidents feraient partie d’une campagne mondiale orchestrée par le gouvernement indien pour cibler les dissidents à l’étranger, notamment aux USA, au Royaume-Uni et au Canada. L’Inde est actuellement dirigée par un gouvernement nationaliste religieux qui a adopté une ligne dure à l’égard du séparatisme et des mouvements politiques basés sur les minorités dans le pays.

Singh, qui milite pour les droits des Sikhs et l’indépendance politique, a reçu plusieurs notifications du FBI concernant des menaces de mort. Le FBI et d’autres agences de renseignement usaméricaines appliquent une politique connue sous le nom de « devoir d’avertissement », qui les oblige à fournir des informations sur une menace imminente pour la vie d’un individu. À peu près à la même époque, M. Singh a fait état de plusieurs cas où des personnes se sont rendues à son domicile.

« Nous avons cinq cas de surveillance suspecte à mon domicile, dont trois au cours des dernières semaines. D’après ce que nous avons appris grâce à l’alerte du FBI, nous pensons que cette surveillance est liée au gang de Modi », a déclaré M. Singh. « Il est stupéfiant d’apprendre du FBI que l’on est la cible d’un gouvernement étranger alors que l’on pensait être en sécurité chez soi en tant que citoyen usaméricain ».

Les militants sikhs en Occident affirment depuis des années qu’ils sont la cible d’attaques de la part du gouvernement indien, y compris de meurtres présumés. Les militants visés sont pour la plupart des partisans de la création d’un État sikh séparatiste en Inde, une cause qui a déclenché une insurrection militante à l’intérieur de l’Inde dans les années 1980, mais qui est restée largement en sommeil depuis, vivant principalement comme un thème d’activisme politique de la diaspora.


Une liste de 43 “gangsters anti-indiens” recherchés, publiée par la National Investigation Agency (NIA), le FBI indien en septembre 2023. Les personnes assassinées au Canada figuraient sur cette liste

L’année dernière, le gouvernement canadien a publié une série de déclarations publiques sans précédent, accusant l’Inde d’avoir mené pendant des années une campagne de meurtres, d’incendies criminels, d’extorsions, de violations de domicile et de harcèlement politique à l’encontre des militants sikhs dans ce pays. Selon le gouvernement canadien, cette campagne comprenait les meurtres d’au moins deux hommes, Hardeep Singh Nijjar et Sukhdool Singh Gill, tous deux tués par balles lors d’assassinats perpétrés par des gangs qui, selon le Canada, auraient été dirigés par de hauts responsables du gouvernement indien.

Three men are pictured in mugshots in this composite photo.

Karan Brar, Kamalpreet Singh and Karanpreet Singh, les 3 suspects dans le meurtre de Hardeep Singh Nijjar

Cette campagne de violence s’est étendue au territoire usaméricain, selon un acte d’accusation usaméricain.



Gurpatwant Singh Pannun


Nikhil Gupta

En 2024, le ministère usaméricain de la justice a inculpé Vikash Yadav, un agent de renseignement indien accusé d’avoir orchestré un projet d’assassinat visant un citoyen usaméricain à New York la même année. Selon le ministère de la justice, le complot visant à tuer Gurpatwant Singh Pannun, conseiller général de l’organisation séparatiste sikh Sikhs For Justice, n’a été déjoué que lorsque le tueur à gages chargé de l’exécuter s’est avéré être un agent infiltré de la DEA. Un autre homme, Nikhil Gupta, attend actuellement d’être jugé aux USA pour son implication dans cette tentative d’assassinat ratée. L’acte d’accusation contre Gupta laisse entendre que de nombreux autres assassinats ont pu être planifiés après celui de Pannun, Gupta ayant déclaré à l’agent infiltré : “Nous avons tellement de cibles”.

15/02/2025

Ils avaient fui la violence au Guatemala : leur fille de 16 ans a été tuée dans une école usaméricaine

Une semaine après qu’une jeune fille de 16 ans a été abattue dans son lycée à Nashville, ses parents ont pris la décision déchirante de renvoyer son corps au Guatemala.

Christina Morales (New York) et Emily Cochrane (Nashville), The New York Times, 31/1/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


Josselin Corea Escalante, 16 ans, venait de fêter sa quinceañera en 2023 et espérait devenir médecin. Photo Landon Edwards pour le New York Times

Josselin Corea Escalante avait 9 ans lorsqu’elle, sa mère et son jeune frère ont quitté le Guatemala pour demander l’asile aux USA, pensant qu’ils y seraient en sécurité.

Ils se sont retrouvés dans le Tennessee, où Josselin - que sa famille appelle Dallana, son deuxième prénom - a fêté ses 15 ans en 2023 avec une quinceañera au printemps dans une salle de bal de Nashville.

Mais la semaine dernière, un autre élève a abattu Josselin, 16 ans, dans la cafétéria de son lycée. Aujourd’hui, sa famille, qui attend toujours une décision en matière d’asile, se demande si cela vaut la peine de rester. La principale raison pour laquelle ils ont fait ce voyage éprouvant vers les USA - à pied pendant près de deux mois - était la crainte que Josselin et son frère ne soient enlevés ou tués par des gangs au Guatemala.

« Nous rêvions d’une vie meilleure », dit son père, German Corea, en espagnol cette semaine. « Mais la réalité, c’est que la vie n’est meilleure nulle part. Au Guatemala, on n’a jamais entendu dire que quelqu’un avait tué quelqu’un à l’école ».

 

Les professeurs et la famille de Josselin se souviennent d’elle comme d’une jeune femme pleine de vie, qui excellait en mathématiques et en sciences et qui aimait chanter. Photo Landon Edwards pour le New York Times


Un autre élève a tué Josselin à l’école le 22 janvier. Il y a eu au moins 15 fusillades sur ou près d’un campus scolaire cette année. Photo Landon Edwards pour le New York Times

Sa femme et lui ont déjà pris une décision déchirante : renvoyer le corps de Josselin au Guatemala pour qu’il y soit enterré, une façon de garantir qu’ils seront réunis s’ils décident - ou sont contraints - de quitter les USA. M. Corea est arrivé dans le pays avant sa femme et ses enfants et n’est pas concerné par la demande d’asile ; il risque donc davantage d’être expulsé.

« C’est le pays qui me l’a enlevée », dit M. Corea. « Et si un jour nous retournons dans notre pays, elle sera là avec nous ».

Josselin s’épanouissait à Nashville, où elle aimait chanter et jouer au football. Elle avait un jour refusé un voyage de trois jours pour ne pas manquer l’école. Elle voulait devenir médecin, dit son oncle, Carlos Corea : « Un médecin sauve des vies, et ce n’était pas juste pour elle ».

Le 22 janvier, un élève qui, selon la police, avait adopté une rhétorique haineuse en ligne, a apporté un pistolet au lycée Antioch, dans le sud de Nashville. Il a ouvert le feu, tuant Josselin et blessant un autre élève avant de se suicider. La police n’a pas précisé si le tireur visait Josselin.

Un mois après le début de l’année 2025, on dénombre au moins 15 fusillades survenues sur un campus scolaire ou à proximité, selon la base de données sur les fusillades dans les écoles (K-12 School Shooting Database).


Les membres de la famille ont déclaré que Josselin était la plus heureuse lors de sa fête de la quinceañera, où elle a dansé avec son père et ses oncles.  Photo Landon Edwards pour le New York Times

La perte de Josselin, qui traduisait souvent pour sa famille, a poussé certains d’entre eux à s’exprimer.

« Je n’ai pas peur, je dis la vérité, je dis aux gens ce que je ressens », dit Carlos Corea en espagnol.

C’est pourquoi lui et un autre oncle de Josselin, Juan Corea, se sont retrouvés lundi sur les marches du Capitole de l’État du Tennessee, entourés d’une foule de députés démocrates, d’étudiants et de militants pour le contrôle des armes à feu. En quittant l’église voisine où ils avaient célébré les funérailles de Josselin, ils ont vu des gens rassemblés avec des photos de leur nièce et ont compris ce qui se passait.

« Nous n’avions jamais pensé que nous serions dans cette position, mais nous voulions transmettre notre message aux gens » a déclaré Carlos Corea plus tard. Les deux hommes portaient des photos de Josselin, coiffée du diadème de quinceañera et vêtue d’une robe rouge scintillante.

Des manifestations en faveur du contrôle des armes à feu ont déjà eu lieu à Nashville, notamment en 2023, après la mort de trois élèves de troisième année et de trois membres du personnel dans une école chrétienne privée. Mais alors que les députés arrivent pour débattre de la création d’un tsar de l’immigration, la foule présente à cette manifestation n’a cessé de faire le lien entre la menace de l’application de la loi sur l’immigration et ses craintes de violence par arme à feu.


Juan Corea s’est souvenu dernièrement de la danse qu’il avait effectuée avec sa nièce lors de sa quinceañera, au cours de laquelle il lui avait dit d’aller au bout de ses rêves.

Carlos Corea s’est impliqué dans une manifestation contre la violence des armes à feu après avoir vu des gens rassemblés avec les photos de sa nièce près de ses funérailles. Photo Landon Edwards pour le New York Times

Par l’intermédiaire d’un traducteur, Carlos Corea s’est adressé à la foule au nom de sa famille. Sous les applaudissements, il a brandi le poing.

Dans le silence de la maison où ils se réunissent pour les repas hebdomadaires, les proches de Josselin ne parviennent pas à se reposer. Son oncle Juan pense à la danse qu’ils ont partagée lors de la célébration de son anniversaire, au cours de laquelle il a dit à Josselin qu’il l’aimait. Son père envisage de militer en son nom.

« Nous avons du soutien, mais ce que je dis à tous les parents qui ont perdu leurs enfants à l’école, c’est qu’il ne faut pas que ça en reste là », dit German Corea : « Ne laissez pas les choses en l’état, continuez à faire ce que vous pouvez pour que justice soit rendue à nos enfants. Si nous restons les bras croisés, ça continuera à se produire ».

Bien que le lycée d’Antioch ait rouvert ses portes, avec un agent scolaire supplémentaire et de nouveaux détecteurs de métaux, les cousins de Josselin qui fréquentaient l’établissement avec elle ont trop peur pour y retourner. Ils s’inscriront bientôt dans une nouvelle école, ont indiqué des membres de leur famille.

Jeudi, le cercueil rose de Josselin a été chargé dans un avion pour son retour au Guatemala. Ses grands-parents et sa tante l’y attendaient.


14/02/2025

DANIEL BERGNER
Les militants noirs et juifs aux USA ont été des alliés pendant des décennies. Qu’en est-il aujourd’hui ?

La cause palestinienne a ravivé un partenariat forgé à l’époque de la lutte pour les droits civiques, tout en créant de nouvelles tensions.

Daniel Bergner, The New York Times, 18/1/2024
Traduit par 
Fausto GiudiceTlaxcala


Daniel Bergner (1960) est un collaborateur du du New York Times Magazine et l’auteur de 7 livres, dont le plus récent est “The Mind and the Moon: My Brother’s Story, the Science of Our Brains, and the Search for Our Psyches”.

Eva Borgwardt a embrassé la cause palestinienne pour la première fois l’été suivant sa sortie du lycée. C’est arrivé à cause de Michael Brown. C’était en août 2014, et à Ferguson, dans le Maryland, non loin du quartier aisé de sa famille à Saint-Louis, des manifestations éclataient après que Michael Brown eut été tué par un policier. À la maison, Borgwardt s’est souvent demandé qui elle aurait été à l’époque du mouvement pour les droits civiques. Aurait-elle vraiment défendu ce qui était juste ? Aujourd’hui, alors que les manifestations pour la justice raciale et contre les brutalités policières dominent l’actualité, sa mère, professeure d’histoire et spécialiste des droits humains, lui dit : « C’est un moment de ‘Où étais-tu dans l’histoire’ ».


Eva Borgwardt à Manhattan en décembre 2023 lors d’un événement appelant à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Photo Jessica Dimmock pour le New York Times

Borgwardt s’est rendue aux manifestations avec une grande glacière et a distribué des bouteilles d’eau en marge de la manifestation. « J’étais une jeune fille blanche de 18 ans qui essayait de se rendre utile » Lorsque les manifestants défilaient, elle tirait sa glacière disgracieuse le long du défilé.

À Ferguson, jour après jour, Borgwardt a été confrontée pour la première fois au racisme systémique. « J’ai dû me rendre compte que dans ces manifestations, dans les rues, les policiers ne sont pas les gentils. Que les structures, comme la police, qui m’ont servi toute ma vie sont littéralement mortelles et conçues pour opprimer les gens qui vivent dans ma ville. Je n’avais jamais été confronté à ça auparavant ».

Lors des manifestations, elle a été confrontée à autre chose : le lien entre la lutte pour la justice raciale dans ce pays et le mouvement pour la libération de la Palestine. Il y avait des Palestiniens aux rassemblements, dont les banderoles proclamaient « Palestine Stands With Ferguson » et « Palestinian Lives Matter ». Sur Twitter, Borgwardt a vu que les Palestiniens tweetaient leur soutien à plus de 6 000 kilomètres de là, ainsi que des conseils sur la manière de faire face aux gaz lacrymogènes lancés par la police. Cet été-là, une attaque palestinienne meurtrière et les représailles de l’armée israélienne en Cisjordanie ont entraîné des semaines de guerre entre Israël et le Hamas à Gaza. « Soudain, se souvient Borgwardt, les parallèles m’ont paru évidents. Les Noirs usaméricains face à une police militarisée et les Palestiniens de Cisjordanie face à une armée chargée du maintien de l’ordre ».

Eva Borgwardt, qui est juive, a commencé à interpréter différemment le langage qu’elle a entendu lors des manifestations. « J’ai été socialisée à percevoir des phrases comme “Du fleuve à la mer” et “Palestine libre” comme menaçantes, comme signifiant “effacer les Juifs de la carte”, au lieu de parler de liberté et d’égalité ».

Mais alors qu’elle commençait à penser différemment, « la plupart des membres de ma communauté juive, même les juifs de ma congrégation qui sont allés aux manifestations », dit-elle, « paniquaient à propos de la solidarité avec la Palestine lors des manifestations ». À propos d’une banderole « Free Palestine », elle se souvient d’un commentaire d’un autre juif : « C’est une honte qu’elle soit là ».

Deux ans plus tard, alors qu’elle était étudiante à Stanford, cette tension est montée en flèche. Le Movement for Black Lives (Mouvement pour les vies noires), le consortium de groupes pour la justice raciale qui comprend Black Lives Matter, a publié une tribune déclarant qu’Israël était “un État d’apartheid” et que les USA étaient complices « du génocide perpétré contre le peuple palestinien ». Des dénonciations furieuses et des accusations d’antisémitisme sont venues de tout le monde juif. Borgwardt craignait que l’allégeance farouche des Juifs usaméricains à Israël ne les écarte facilement de l’action en faveur de la justice raciale.

Pendant et après ses études, elle a donc entrepris de persuader les jeunes juifs de voir réellement « l’oppression de l’occupation », les rapprochant ainsi de la façon dont les militants noirs ont tendance à considérer Israël et les Palestiniens. Dans les salles de réunion des universités et dans les centres communautaires, elle a mené des discussions informelles sur des articles concernant des villages palestiniens rasés par les forces israéliennes. Malgré le malaise institutionnel des juifs à l’égard du Mouvement pour les vies noires et de Black Lives Matter, elle a constaté que les juifs de son âge étaient « plus susceptibles de sympathiser avec la cause palestinienne sur la base de la politique de justice raciale menée dans leur pays ». Elle a mobilisé de jeunes Juifs pour faire pression sur la Fédération de la communauté juive et le Fonds de dotation de San Francisco afin qu’ils cessent de financer des groupes qui, selon des articles de presse, ont favorisé l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie. (La fédération dément ces informations).

Aujourd’hui, elle est d’autant plus passionnée. Borgwardt, de petite taille et aux cheveux noirs bouclés, est la porte-parole nationale d’IfNotNow, une organisation composée principalement de jeunes juifs à la pointe de l’activisme en faveur de la libération de la Palestine. À la mi-octobre, devant le nombre croissant de civils tués par les bombardements israéliens sur Gaza en réponse à l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, qui a fait environ 1 200 morts, un nombre inconnu de viols [sic] et de mutilations [resic] et plus de 240 otages, IfNotNow est passé à l’action. L’organisation, ainsi que Jewish Voice for Peace, un groupe de progressistes juifs partageant les mêmes idées, a entraîné des milliers de personnes dans des rassemblements pro-palestiniens, bloquant les portes de la Maison Blanche et investissant la rotonde du Capitole, ce qui a donné lieu à des centaines d’arrestations. Tout au long de l’automne, dans la région de la baie, à Boston, à New York, à Chicago et à Los Angeles, IfNotNow a bloqué des ponts, organisé des sit-in aux heures de pointe sur les autoroutes et occupé des bâtiments gouvernementaux.

J’ai rencontré Eva Borgwardt à Washington au début du mois de novembre, lors de l’une des plus grandes manifestations pro-palestiniennes jamais organisées sur le sol usaméricain. Des cercueils factices, recouverts de drapeaux palestiniens, étaient alignés au pied d’une scène. Au-dessus des cercueils, une longue banderole rouge et noire exigeait : « Mettez fin au nettoyage ethnique de la Palestine financé par les USA ». La foule, qui comptait entre 100 000 et 300 000 personnes, scandait : «Five, six, seven, eight, Israel is a terrorist state” [ Cinq, six, sept, huit, Israël est un État terroriste].

Cette manifestation n’était pas organisée par IfNotNow, mais le groupe de Borgwardt a rassemblé un contingent assez important. Leurs pancartes se sont mélangées aux pancartes artisanales qui flottaient dans l’air : L’une d’entre elles, intitulée « Genocide Joe », fait référence au soutien apporté par le président Biden à Israël par le biais d’une aide militaire se chiffrant en milliards de dollars. « Cessez le feu maintenant », « Pas de paix sur une terre volée », « Les Juifs disent non au génocide ! », « Révolution Intifada ! »

« Près de 40 % des Juifs usaméricains de moins de 40 ans considèrent Israël comme un État d’apartheid », m’a dit Borgwardt, fière d’avoir contribué à amener les jeunes Juifs à cette conclusion. Cette statistique est issue d’un sondage réalisé en 2021 par l’Institut de l’électorat juif ; elle suppose que ce chiffre est en augmentation.

13/02/2025

EMMA GOLDBERG
À la recherche de Dieu, ou de Peter Thiel, dans la Silicon Valley

 Lorsque des manitous du monde de la technologie parlent de leur foi chrétienne, les gens les écoutent.

Emma Goldberg, The New York Times, 11/2/2025
Traduit par 
Fausto GiudiceTlaxcala

Emma Goldberg est une journaliste couvrant le monde de l’entreprise qui s’intéresse à la culture du lieu de travail et à l’évolution du travail à une époque de changements sociaux et technologiques. En savoir plus sur Emma Goldberg

Tout s’est enclenché lorsque Peter Thiel a prononcé le discours sur Dieu.

“Il s’agissait d’une fête d’anniversaire pour les 40 ans de Trae Stephens, partenaire en capital-risque de Thiel et l’un des fondateurs d’Anduril Industries, un fabricant de systèmes de défense et d’armement de haute technologie. L’événement s’est déroulé sur plusieurs jours, en 2023, au domicile de Stephens, au Nouveau-Mexique. Il a commencé par une soirée en l’honneur du quarantenaire, suivie d’une autre où l’on a porté un toast, puis d’un brunch avec caviar, mimosas et pizzas de petit-déjeuner. Lors du brunch (dont le thème était le Saint-Esprit), Thiel, milliardaire de la Silicon Valley et faiseur de rois de la droite, a prononcé un discours sur les miracles, le pardon et Jésus-Christ. Les invités ont été captivés.

« Dans la salle, plus de 220 personnes, pour la plupart issues du monde de la technologie et du capital-risque, venaient nous voir en disant : Oh, mon Dieu, je ne savais pas que Peter Thiel était chrétien” », se souvient Michelle Stephens, l’épouse de Stephens. « Il est gay et milliardaire. Comment peut-il être chrétien ? »

Cette réaction – froncements de sourcils, curiosité sincère - a donné une idée à Mme Stephens : réunir des personnes influentes, y compris dans la Silicon Valley, pour parler de la foi chrétienne. L’année dernière, elle a créé une association à but non lucratif appelée ACTS 17 Collective, qui organise des événements au cours desquels les grands noms des secteurs de la technologie et du divertissement discutent de leur foi. Pour ceux qui sont en quête de spiritualité, mais aussi de professionnalisme, c’est l’occasion de se rapprocher des demi-dieux de l’industrie.

Thiel a été l’orateur principal de la première manifestation d’ACTS 17 en mai dernier, au domicile de Garry Tan, directeur général de Y Combinator, à San Francisco. Il a expliqué comment la théologie chrétienne influence sa politique et lesquels des dix commandements sont le plus importants pour lui. ((Le premier et le dernier : Adore Dieu, et Ne convoite pas le bien d’autrui) Un DJ a mis de l’ambiance en mixant des rythmes religieux pour les plus de 200 participants.

Lire la suite



RODERT DRAPER
Comment Charlie Kirk est devenu l’homme qui susurre l’air de la trumperie à l’oreille des jeunes aux USA

 Sur son chemin vers le cercle intime de Trump, il a moissonné des donateurs, des électeurs, des tiktokeurs et des amis très influents

Robert Draper, The New York Times, 10/2/2025
Une version de cet article a été publiée le 16 février 2025, à la page 20 du Sunday Magazine, sous le titre : “He Always Delivers” [Il tient toujours ses promesses]

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Robert Draper couvre la politique intérieure des USA pour le Times depuis Washington. Il est l’auteur de plusieurs livres et a été journaliste pendant trois décennies. Pour cet article, il a interviewé Charlie Kirk à quatre reprises et a assisté à une réunion de donateurs et à un bal célébrant l’investiture de Donald Trump.

Environ une heure avant que Donald J. Trump ne prête serment, Charlie Kirk était assis dans la rotonde du Capitole lorsqu’il a jeté un coup d’œil à son iPhone. Ce que ce militant conservateur et personnalité des médias de 31 ans a vu l’a fait déglutir de rire. Un journaliste de The Daily Beast avait posté sur X : « ‘Charlie Kirk a de meilleures places que tous les membres du Congrès. Ça vous dit à quel point Trump ne pense pas au Congrès’, m’a dit un législateur du GOP* ». Vingt minutes plus tard, Kirk a vu qu’un sénateur républicain de l’Indiana, Jim Banks, avait posté une sorte de réfutation : « Charlie Kirk a fait plus que la plupart des membres du Congrès réunis pour que nous en soyons là aujourd’hui ».

Kirk se demandait comment tout le monde aurait réagi s’il avait pris la place beaucoup plus proche qui lui avait été offerte à l’origine. Au lieu de cela, l’événement ayant été déplacé à l’intérieur, sa femme et lui se sont retrouvés à quelques dizaines de rangées de la scène. Kirk vit à Scottsdale, en Arizona, mais il a emmené sa femme et leurs deux jeunes enfants avec lui pour séjourner pendant dix jours à l’élégant hôtel Salamander, à Washington, en janvier, lorsque l’administration Trump a pris le pouvoir, tout comme il avait déraciné sa famille trois jours après l’élection et l’avait installée pour un séjour de deux mois dans un appartement à Palm Beach, en Floride, près de la propriété de Trump à Mar-a-Lago.

Comme tant d’autres dans l’écosystème MAGA, Kirk est très à l’écoute de l’action liée à Trump. La différence, c’est que Kirk semble toujours se retrouver au cœur de l’action, chaque fois qu’il s’y présente. Pendant la première présidence de Trump, Kirk m’a dit qu’il s’était rendu à la Maison Blanche « plus d’une centaine » de fois. Quelques jours après la victoire de Trump en novembre, Kirk faisait partie d’un groupe restreint de conseillers chargés d’examiner les candidats à la Maison-Blanche pour déterminer s’ils avaient fait preuve d’une loyauté sans faille à l’égard de Trump. Selon deux sources au fait des événements, Kirk s’est retrouvé plus d’une fois dans la même pièce que le président élu pour discuter des candidats potentiels à un poste de ministre.

La proximité de Kirk avec Trump est d’autant plus notable qu’il n’a jamais exercé de fonction, travaillé à la Maison Blanche ou occupé un poste dans l’équipe de campagne. Il puise sa valeur ailleurs. Kirk est à la tête de Turning Point USA, la principale organisation de jeunes conservateurs du pays, qu’il a créée à l’âge de 18 ans. Elle possède des sections dans plus de 850 universités qui inscrivent les étudiants sur les listes électorales, font venir des conférenciers conservateurs sur les campus et organisent un réseau national de dirigeants d’associations étudiantes de droite. La demi-douzaine d’événements annuels de Turning Point, auxquels participent les plus grands noms de la droite, de Trump jusqu’au bas de l’échelle, sont des productions élégantes qui attirent des foules énormes.

Lire la suite



07/02/2025

Comment Elon Musk et ses alliés ont pris d’assaut Washington et se sont lancés dans la Grande Mutation

Le milliardaire et ses associés de la Silicon Valley ont atterri dans la capitale et ont immédiatement entrepris de réduire la taille du gouvernement fédéral, reprenant le scénario qu’il avait utilisé après avoir acheté Twitter en 2022.
 Theodore Schleifer et Madeleine NgoThe New York Times, 29/1/2025
Kirsten Grind et Ryan Mac ont contribué à ce reportage.
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Theodore Schleifer est un journaliste qui couvre les milliardaires et leur impact sur le monde pour le Times.

Madeleine Ngo couvre la politique économique usaméricaine et son impact sur la population à travers le pays.

 

Elon Musk, à gauche, à Washington la veille de l’investiture du président Trump. M. Musk s’est vu attribuer un bureau dans l’aile ouest, où il dirige le soi-disant Département de l’efficacité gouvernementale. Photo Doug Mills/The New York Times

Vendredi 24 janvier dans l’ après-midi, la personne la plus riche du monde s’est présentée dans ce qui semble être l’une des agences les plus ennuyeuses du monde pour exiger une liste.

Elon Musk était arrivé au Bureau de la gestion du personnel, une agence au nom banal qui détient un vaste pouvoir de supervision de la main-d’œuvre civile fédérale. Au cours du premier mandat du président Trump, le dirigeant de la nation a utilisé l’agence pour imposer la loyauté à son programme. Pendant son second mandat, il semble que Musk pourrait essayer d’utiliser le bureau pour imposer sa propre vision des choses.

Musk a débarqué à Washington avec une foule d’amis et d’employés rémunérés, déterminé à laisser rapidement son empreinte. Jamais auparavant dans l’histoire moderne, quelqu’un d’aussi riche n’avait joué un rôle aussi actif dans le gouvernement usaméricain, Musk se rendant omniprésent à Washington depuis son arrivée pour l’investiture de Trump. Son avion n’a pas redécollé.

Dès le premier jour de Trump, ce dernier a donné du pouvoir à Musk en créant le soi-disant Département de l’efficacité gouvernementale, une initiative de réduction des coûts menée par le milliardaire de la technologie. Trump a donné au groupe le pouvoir de travailler sur un plan visant, entre autres, à réduire la taille de la main-d’œuvre fédérale.

Se rendant à Washington avec la détermination et la bravade qui le caractérisent, Musk reprend les tactiques qu’il a déployées chez Twitter, qu’il avait racheté en 2022. Il a mis à profit tout le poids de son réseau dans la Silicon Valley, en nommant certains des mêmes dirigeants qui ont licencié 80 % du personnel du réseau social, et en utilisant même les mêmes objets de courriel. Il a promis « des réductions massives d’effectifs dans toute la bureaucratie fédérale », et il s’empresse maintenant de le faire.

06/02/2025

La C.I.A. a envoyé un courriel non classifié contenant les noms de certains employés à l’administration Trump

La liste des noms partiels a été fournie dans le but de se conformer à un décret présidentiel visant à réduire la main-d’œuvre fédérale.

David E. Sanger et Julian E. Barnes, The New York Times, 5/2/2025
Traduit par Tlaxcala

 John Ratcliffe, le directeur de la C.I.A., lors de sa cérémonie de prestation de serment le mois dernier. Ratcliffe a entrepris de pousser les agents de longue date de l’agence à prendre une retraite anticipée. Photo Doug Mills/The New York Times

La C.I.A. a envoyé un courriel non classifié énumérant tous les employés embauchés par l’agence d’espionnage au cours des deux dernières années pour se conformer à un décret du président Trump visant à réduire la main-d’œuvre fédérale, dans une démarche qui, selon d’anciens fonctionnaires, risquait de divulguer la liste à des adversaires.

La liste comprenait les prénoms et l’initiale du nom de famille des nouvelles recrues, qui sont encore en période d’essai - et donc faciles à licencier. Elle comprenait un grand nombre de jeunes analystes et agents qui ont été embauchés spécifiquement pour se concentrer sur la Chine et dont les identités sont habituellement gardées secrètes parce que les pirates informatiques chinois cherchent constamment à les identifier.

L’agence préférerait normalement ne pas faire figurer ces noms dans un système non classifié. Certains anciens fonctionnaires ont dit craindre que la liste ne soit transmise à une équipe de jeunes experts en logiciels récemment embauchés pour travailler avec Elon Musk et son équipe d’efficacité gouvernementale. Dans ce cas, les noms des employés pourraient être plus facilement ciblés par la Chine, la Russie ou d’autres services de renseignement étrangers.

Un ancien responsable de l’agence a qualifié de « désastre en matière de contre-espionnage » le fait que les noms aient été communiqués dans un courriel non classifié.

Les fonctionnaires actuels ont confirmé que la C.I.A. avait envoyé les noms des employés à l’Office of Personnel Management, conformément à un décret signé par M. Trump. Mais les fonctionnaires ont minimisé les problèmes de sécurité. En n’envoyant que les prénoms et les initiales des employés en période d’essai, ils espéraient, selon un fonctionnaire usaméricain, que les informations seraient protégées.

Mais d’anciens fonctionnaires se sont moqués de cette explication, affirmant que les noms et les initiales pouvaient être combinés avec d’autres informations - provenant des systèmes de permis de conduire et d’immatriculation des voitures, des comptes de médias sociaux et des données accessibles au public provenant des universités que l’agence utilise comme terrains de recrutement - afin de dresser une liste plus complète.

04/02/2025

Adiós USAID: por qué no lloraré su muerte

 FG, 4-2-2025

La pareja infernal de corbatas rojas, Donald II y Baby Marco, en sintonía con Adolf Musk, han decidido liquidar USAID, a la que consideran una cueva de fanáticos, una especie de Al-Qaeda marxista de izquierda radical dentro del Beltway, el anillo de circunvalación de Washington. 

Las redes sociales están llenas de lamentos de treintañeros del Sur Global, que ven cómo se les escapa su sustento en dólares. 

Solo puedo aplaudir esta decisión de los MAGAlomaníacos. He aquí el porqué: en mi lejana juventud, en los felices años 60, vivía en el centro de Túnez. De camino a casa desde la escuela, alrededor del mediodía, me detenía en la ahora desaparecida boulangerie, una panadería industrial sin tienda, donde se compraba pan recién salido del horno, para comprar «bâtards», «pan italiano» o, más raramente, «baguettes». 


Alrededor de 1963-1964, el pan dejó de ser comestible. Al abrirlo, aparecía una miga verde. Harina podrida. Le pregunté al panadero: «¿Qué está pasando?». Con gesto de disgusto, señaló un montón de sacos de harina apilados en un rincón. El texto impreso en los sacos decía: «Donado gentilmente por el pueblo de los Estados Unidos de América - USAID» y, debajo, las dos manos entrelazadas, con la bandera de barras y estrellas de fondo.

En pocas palabras, USAID nos ofrecía generosamente harina de trigo podrida. Una razón más para vomitar a los yanquis, que habían empezado a bombardear Vietnam del Norte y a desembarcar tropas en Vietnam del Sur. 

Hoy en día, USAID ya no nos envenena con harina podrida, sino con programas de empowerment: empoderamiento de los jóvenes, empoderamiento de las mujeres, empoderamiento de l@s LGBTQ+, en definitiva, empoderamiento con todas las salsas, incluida la de kétchup. Han comprado a la generación de la Primavera Árabe, en dura competencia con fundaciones alemanas, suecas, canadienses, francesas y japonesas, sin olvidar a nuestros hermanos emiratíes. Benditos sean entonces Donald, Marco y Adolf, que nos liberen de esta escoria de la tierra y su moneda de monopoly.