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18/10/2024

ALI ABUNIMAH
La police britannique perquisitionne le domicile du journaliste Asa Winstanley et saisit ses appareils

Ali Abunimah, The Electronic Intifada, 17/10/2024
Traduit par Tlaxcala

La police antiterroriste britannique a effectué ce jeudi 17 octobre une descente au domicile d’Asa Winstanley, rédacteur en chef adjoint de The Electronic Intifada, et a saisi plusieurs appareils électroniques lui appartenant.

 

Une dizaine d’agents sont arrivés au domicile de Winstanley, dans le nord de Londres, avant 6 heures du matin, et ont remis au journaliste des mandats et autres documents les autorisant à fouiller sa maison et son véhicule à la recherche d’appareils et de documents.

Une lettre adressée à Winstanley par le « Counter Terrorism Command » du Metropolitan Police Service indique que les autorités sont « conscientes de votre profession » de journaliste mais que « nonobstant, la police enquête sur de possibles infractions » en vertu des sections 1 et 2 du Terrorism Act (2006). Ces dispositions définissent le délit présumé d’« encouragement au terrorisme ».

Un agent dirigeant  la descente de police de jeudi a informé Winstanley que l’enquête était liée aux publications du journaliste sur les médias sociaux. Les tentatives de contact avec le Metropolitan Police Service pour obtenir des commentaires sur cet article ont été infructueuses.

Bien que ses appareils aient été saisis, Winstanley n’a pas été arrêté et n’a été inculpé d’aucune infraction.

Winstanley est actif sur plusieurs plateformes de médias sociaux et compte plus de 100 000 adeptes sur Twitter/X, où il partage fréquemment des articles, des opinions d’autres personnes et ses propres commentaires sur les crimes d’Israël contre le peuple palestinien, le soutien du gouvernement britannique à ces crimes et la résistance palestinienne à l’occupation, à l’apartheid et au génocide israéliens.

Les dispositions vaguement formulées relatives à « l’encouragement du terrorisme » violeraient clairement le premier amendement de la Constitution des USA garantissant la liberté d’expression, mais le Royaume-Uni ne dispose pas de protections constitutionnelles similaires pour la liberté d’expression.

Selon Andrew Cornford, professeur de droit à l’université d’Édimbourg, cette législation draconienne « restreint toute une série de libertés », notamment « la liberté de discuter ouvertement de sujets controversés et de partager des opinions morales, politiques et religieuses ».

Human Rights Watch a appelé le gouvernement britannique à abroger les dispositions répressives de la loi sur le terrorisme (2006), notant que « la définition de l’infraction d’encouragement au terrorisme est trop large, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à une atteinte injustifiée à la liberté d’expression ».

En août, le Crown Prosecution Service [procureur] britannique a lancé un avertissement au public britannique, l’invitant à « réfléchir avant de poster » et le menaçant de poursuivre toute personne qu’il jugerait coupable de ce qu’il appelle la « violence en ligne ».

« Le journalisme n’est pas un crime »

La descente de police au domicile de Winstanley et la saisie de ses appareils semblent être la dernière utilisation par les autorités britanniques de la législation répressive sur la « lutte contre le terrorisme » pour réprimer les journalistes et les militants qui dénoncent les crimes d’Israël, notamment le génocide en cours dans la bande de Gaza, ou qui protestent contre ces crimes.

En décembre, Winstanley a rapporté pour The Electronic Intifada comment la police antiterroriste britannique avait arrêté Mick Napier et Tony Greenstein, deux militants de premier plan, pour avoir dit qu’ils soutenaient le droit des Palestiniens à résister à Israël - un droit inscrit dans le droit international.

Dans le cadre de sa mise en liberté sous caution, Greenstein, auteur et collaborateur de The Electronic Intifada, a reçu l’ordre de « ne pas publier sur X (anciennement Twitter) de messages relatifs au conflit en cours à Gaza ».

À la mi-août, le journaliste britannique Richard Medhurst a été arrêté à son arrivée à l’aéroport londonien de Heathrow, détenu en vertu de la loi sur le terrorisme (2000), et s’est vu confisquer son téléphone et les appareils d’enregistrement qu’il utilisait dans le cadre de ses activités journalistiques.

« L’arrestation et la détention de Richard Medhurst pendant près de 24 heures en vertu de la législation sur le terrorisme sont profondément préoccupantes et auront probablement un effet dissuasif sur les journalistes au Royaume-Uni et dans le monde entier, qui craignent d’être arrêtés par les autorités britanniques simplement pour avoir fait leur travail », ont déclaré à l’époque Michelle Stanistreet, secrétaire générale de la National Union of Journalists du Royaume-Uni, et Anthony Bellanger, secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, dans un communiqué commun.

« La NUJ et la FIJ sont toutes deux choquées par l’utilisation accrue de la législation sur le terrorisme par la police britannique de cette manière », ont ajouté Stanistreet et Bellanger. « Le journalisme n’est pas un crime. Les pouvoirs contenus dans la législation antiterroriste doivent être déployés de manière proportionnée - et non pas utilisés contre les journalistes d’une manière qui étouffe inévitablement la liberté de la presse ».

Néanmoins, plus tard en août, la police antiterroriste britannique a perquisitionné le domicile de Sarah Wilkinson, une militante de la solidarité avec la Palestine qui compte de nombreux adeptes, également en rapport avec le contenu qu’elle a publié en ligne.

Solidarité totale avec Asa Winstanley

La lettre remise à Asa Winstanley par la police mentionne la descente à son domicile comme faisant partie de l’opération « Incessantness » [= « incessance », sic, NdT], ce qui est peut-être révélateur d’une vaste campagne de répression contre ceux qui critiquent les crimes d’Israël soutenus par les Britanniques.

L’article d’investigation le plus récent de Winstanley, « Comment Israël a tué des centaines de ses propres citoyens le 7 octobre », rassemble un an de reportages de The Electronic Intifada, ainsi que de nouvelles informations, détaillant l’utilisation par Israël de la directive Hannibal - un ordre secret qui permet aux forces israéliennes de tuer leurs propres citoyens plutôt que de permettre qu’ils soient faits prisonniers.


Keir Starmer, le PM travailliste

Winstanley est l’auteur de Weaponising Anti-Semitism : How the Israel Lobby Brought Down Jeremy Corbyn, un livre qui constitue le point culminant de ses années de reportage sur le Parti travailliste britannique lorsqu’il était dans l’opposition.

Depuis 2019, le Parti travailliste a lancé une enquête et a proféré des menaces juridiques en représailles apparentes au journalisme de Winstanley.

Maintenant que le parti travailliste est au pouvoir au Royaume-Uni, il a la possibilité d’utiliser l’appareil de l’État contre ceux qu’il considère comme ses propres ennemis politiques - ou ceux d’Israël.

La descente au domicile de Winstanley a clairement pour but de l’intimider et de le réduire au silence, ainsi que d’autres journalistes et militants.

En ce qui concerne The Electronic Intifada, elle n’aura que l’effet inverse. Notre collègue Asa Winstanley peut compter sur notre soutien total et notre solidarité, et en tant que publication, nous continuerons à poursuivre avec vigueur toute histoire documentant la complicité britannique dans les crimes d’Israël.