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24/05/2024

GIDEON LEVY
Enfin la justice. Mais les Israéliens vont-ils commencer à se réveiller ?


Gideon Levy, Haaretz, 23/5/2024
Dessins de
Glen Le Lievre, Australie
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Il vaut mieux qu’Israël, en ce moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait.


Enfin, la justice ; les tout premiers signes du début d’une justice tardive, partielle, mais tout de même un peu de justice.

Il n’y a aucune joie à voir son Premier ministre et son ministre de la Défense devenir wanted dans le monde entier, mais il est impossible de ne pas ressentir une certaine satisfaction face à l’amorce d’une certaine justice.

Dans la complaisance et la victimisation des Israéliens, dans les interminables débats bien-pensants à la télévision, dans les cris sur un monde antisémite et l’injustice de l’amalgame entre Israël et le Hamas, il manque une question fondamentale et fatidique : Israël a-t-il commis des crimes de guerre à Gaza ? Personne n’ose aborder cette question essentielle et critique : Y a-t-il eu, oui ou non, des crimes ?

Si des crimes de guerre ont été commis, des massacres et une famine, comme l’a suggéré le courageux procureur Karim Khan (à la nomination duquel Israël a participé en coulisses, ayant trouvé sa prédécesseure Fatou Bensouda suspecte), alors il y a des criminels qui en sont responsables. Et s’il y a des criminels de guerre, il est du devoir du monde de les traduire en justice. Ils doivent être déclarés wanted et arrêtés.

Si le Hamas a commis des crimes de guerre - et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet - ses criminels doivent être traduits en justice. Et si Israël a commis des crimes de guerre - et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet dans le monde, sauf dans l’Israël suicidaire qui se trompe lui-même - les responsables de ces crimes doivent également être traduits en justice.

Le fait de les regrouper n’implique pas une symétrie morale ou une équivalence juridique. Même si Israël et le Hamas étaient accusés séparément, Israël aurait soulevé un tollé contre le tribunal.

Le seul argument entendu aujourd’hui en Israël est que le juge est un fils de pute. Le seul moyen suggéré pour empêcher sa condamnation sévère est de nuire à la Cour pénale internationale de La Haye.

Convaincre des nations amies de ne pas respecter ses décisions, imposer des sanctions (!) à ses juges. C’est ainsi que pense tout criminel, mais un État n’a pas le droit de penser ainsi. Les deux tribunaux internationaux devant lesquels Israël et les Israéliens sont jugés méritent le respect de l’État et non son mépris. L’outrage au tribunal de la part d’Israël ne fera qu’allonger la liste des accusations et des soupçons qui pèsent sur lui.

Il vaut mieux qu’Israël, en ce moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait. Mieux vaut qu’il se reproche quelque chose, n’importe quoi, plutôt que de blâmer le monde entier. Comment en sommes-nous arrivés là, telle devrait être la question, plutôt que de se demander comment ils en sont arrivés là.

Quand assumerons-nous enfin la responsabilité de quoi que ce soit, de quelque chose fait en notre nom ? Les 106 députés qui ont signé la pétition contre la CPI et les zéro députés qui ont signé la pétition inexistante contre les crimes de guerre israéliens sont un triste reflet du pays : unis contre la justice, unis dans un éternel sentiment de victimisation, sans droite ni gauche, un chœur céleste. Si Israël est un jour reconnu coupable de crimes de guerre, il faudra se souvenir que 106 députés ont voté pour blanchir ceux de Benjamin Netanyahou et de Yoav Gallant.

La bande de Gaza est en ruines, ses habitants sont tués, blessés, orphelins, affamés, démunis, alors que la plupart d’entre eux étaient innocents. Il s’agit clairement d’un crime de guerre. La famine est considérée par tout le monde en Israël comme un moyen légitime, qu’on le soutienne ou le combatte, tout comme les massacres intentionnels. Comment peut-on affirmer qu’il n’y a pas eu de famine ou de massacre intentionnel ?

Le jour d’après la CPI, Israël doit se regrouper pour procéder à une introspection nationale, ce qu’il n’a jamais fait auparavant. Chaque Israélien doit se poser la question suivante : « Comment en sommes-nous arrivés là ? » Il ne suffit pas de blâmer Netanyahou, le principal coupable, ni d’étouffer l’affaire avec des arguments évasifs sur la hasbara, des conseils juridiques erronés et des remarques extrêmes de la part de responsables israéliens.

Le problème est bien plus profond : depuis 57 ans*, Israël maintient un régime malfaisant et répréhensible, et aujourd’hui, enfin, le monde se réveille et commence à agir contre lui. Est-ce que cela sera également en mesure de réveiller au moins quelques Israéliens de leur sens de la justice je-m’en-foutiste et scélérat ?

NdT
*En bon Israélien l’auteur fait débuter le parcours criminel d’Israël en 1967. C’est son choix.

23/05/2024

AMOS HAREL
Le procureur de la CPI, Karim Khan, a créé une nouvelle réalité pour Israël, et cela pourrait mal se terminer

Amos Harel, Haaretz, 21/5/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Israël n’est pas la Russie et les sanctions occidentales auront un impact sur tous les aspects de la vie ici Une enquête de l’Institut d’études de sécurité nationale montre que la confiance du public dans les déclarations du porte-parole des FDI est en train de s’éroder.

Carlos Latuff

La demande du procureur général de la Cour pénale internationale de délivrer un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre et du ministre de la Défense d’Israël, ainsi que de trois dirigeants du Hamas, place Israël dans une réalité diplomatique à laquelle il n’’a jamais été confronté auparavant.

À court terme, et pour la première fois, elle met les dirigeants israéliens face à une véritable menace internationale suite à leur décision de poursuivre la guerre à Gaza. À long terme, si les mandats d’arrêt sont délivrés, nous risquons de nous retrouver face à une avalanche diplomatique, avec de possibles effets considérables sur les relations économiques, scientifiques et commerciales, ainsi que dans d’autres domaines.

Ces mesures prises à l’encontre d’un pays démocratique [sic] en pleine guerre sont sans précédent et mettent Benjamin Netanyahou et Yoav Gallant en danger d’extradition s’ils se rendent dans des pays membres de la Cour.

Les responsables israéliens ont critiqué à juste titre [sic] la décision de mettre dans le même sac Netanyahou, Gallant et Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismail Haniyeh, les chefs d’une organisation terroriste dont les membres ont commencé la guerre par un massacre de civils israéliens.

Cependant, on peut soupçonner que l’ordre des démarches du procureur général était inversé. Il a cherché à traduire les dirigeants israéliens en justice pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les dirigeants du Hamas ont été ajoutés à la demande afin de créer une fausse représentation d’équilibre impartial dans le processus.

Contrairement aux premières prévisions, l’enquête du procureur général, Karim Khan, ne vise que des hommes politiques. Aucun officier de l’armée n’est inclus à ce stade. Les allégations se concentrent sur les mesures prises à l’encontre des habitants de Gaza, principalement la privation de nourriture des civils comme méthode de guerre.

Cela indique probablement que Khan sait que l’affirmation selon laquelle les forces de défense israéliennes tuent délibérément de nombreux civils ne tient pas la route. Il est apparu récemment que des organisations internationales ont commencé à mettre en doute les données qu’elles ont reçu du Hamas, qui tentait de faire valoir un taux particulièrement bas de combattants palestiniens par rapport aux civils parmi les personnes tuées.

La démarche de M. Khan est susceptible d’éclairer la Cour internationale de justice de La Haye, qui délibère sur une décision appelant à la fin de la guerre. Le refus de Netanyahou d’accepter cette décision risque de mettre Israël sur la voie de sanctions internationales, si le Conseil de sécurité des Nations unies commence à discuter de la question. Israël n’est ni la Russie ni l’Iran, c’est un pays démocratique qui dépend entièrement de ses relations avec l’Occident.

Cette situation ne dérange probablement pas les dirigeants d’extrême droite du gouvernement, mais un danger potentiel est en train de se développer qui pourrait avoir un impact négatif sur la vie de nombreux citoyens israéliens. On peut imaginer que Sinwar et Deif sont moins gênés par la perspective de ne pas pouvoir se rendre en Europe.

Comme beaucoup d’autres incidents dans cette guerre, il semble que ce développement découle en partie non seulement du deux poids deux mesures de la communauté internationale à l’égard d’Israël, mais aussi de la conduite insensée des dirigeants israéliens.

Les accusations de famine sont entendues précisément au moment où Israël autorise une large distribution de l’aide humanitaire à Gaza et où la situation s’est améliorée dans de nombreuses régions. Mais au début de la guerre, le gouvernement a pris des mesures délibérées pour rendre la vie difficile à la population palestinienne et a coupé toutes les voies d’approvisionnement entre Israël et la bande de Gaza. C’est ainsi que la crise actuelle a été créée, et elle a été aggravée par des commentaires extrêmes et étranges de ministres et de membres de la coalition.

Netanyahou a attaqué l’enquête de M. Khan lundi et a reçu un soutien relativement large de la part des hommes politiques israéliens, depuis le président jusqu’aux rangs les plus élevés. Aujourd’hui, un effort tardif est fait pour enrôler l’administration usaméricaine afin qu’elle menace la CPI.

Ils se tournent vers l’administration et le président mêmes que les ministres et les députés israéliens ont régulièrement dénigrés. Amir Tibon a rapporté dans ces pages dimanche que le conseiller usaméricain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a informé Netanyahou que les USA lui fourniraient bientôt le texte intégral de l’accord usaméricano-saoudien en cours d’élaboration, dont une partie porte sur la normalisation entre Riyad et Jérusalem.

Netanyahou devra décider s’il l’adopte, y compris une déclaration sur le principe de l’établissement d’un Etat palestinien à l’avenir. Pour l’instant, il semble que le Premier ministre répondra par la négative, malgré la dépendance à l’égard des USA sur la scène internationale et la nécessité croissante de mettre fin à la guerre à Gaza et à la frontière libanaise.

À ce stade, on ne sait pas encore comment la bombe lâchée à La Haye affectera les bombes qui continuent de tomber sur Rafah. L’opération militaire est plus importante que ce que l’on dit au public. La 162edivision s’est emparée de plus de la moitié de la route de Philadelphie, le long de la frontière égyptienne, et progresse lentement jusqu’à la périphérie de Rafah. Des combats ont déjà lieu autour de la première ligne de maisons du camp de réfugiés de Brazil, dans la partie la plus occidentale de la ville. En outre, les responsables des FDI ont l’impression que l’opposition tranchée des USAméricains à l’entrée d’Israël à Rafah s’affaiblit.

Cela se produit en partie parce que la principale revendication usaméricaine contre l’opération n’a pas eu lieu. Quelque 1,4 million de civils palestiniens s’étaient rassemblés dans la ville et ses environs après que l’armée eut conquis d’autres régions. Israël a déclaré pouvoir évacuer la plupart d’entre eux en cinq semaines et les USAméricains ont estimé que cette promesse était sans fondement. Après deux semaines, entre 800 000 personnes (selon l’UNRWA) et 1 million (selon l’armée) ont quitté les lieux, s’installant dans des abris temporaires et surpeuplés.

Au sein de l’establishment de la défense, les avis sur la poursuite de l’opération sont partagés. Les partisans de la conquête de Rafah estiment qu’Israël doit vaincre la dernière brigade régionale du Hamas et ses quatre bataillons.

Cependant, même eux admettent que cela ne signifiera pas la défaite du Hamas, mais nécessitera plutôt la poursuite des combats dans d’autres parties de Gaza pendant de nombreux mois. Les opposants à l’opération estiment qu’il faut s’efforcer de parvenir à un accord sur les otages et mettre fin à la guerre sur les deux fronts, même s’il faut pour cela admettre qu’Israël n’a pas atteint son objectif et n’a pas complètement démantelé le régime du Hamas.

Les deux parties s’opposent à la solution la plus radicale présentée par Netanyahou et ses ministres d’extrême droite : la préparation de l’établissement d’une administration militaire prétendument temporaire à Gaza. Gallant a réitéré son opposition à cette idée lundi devant un public hostile, la délégation du Likoud à la Knesset. Il a prévenu que l’armée n’avait pas assez de soldats pour remplir une telle mission et qu’elle serait obligée d’étendre le service obligatoire des combattants à quatre ans.

Quiconque connaît l’état d’esprit des soldats et de leurs parents sait qu’il serait très difficile de mettre en œuvre une telle mesure. Pour l’instant, Netanyahou adopte la ligne militante, mais il reste à voir si le danger personnel qu’il court à La Haye aura un impact sur ses considérations.

Les points d’interrogation se multiplient

L’armée subit de plein fouet les conséquences de cette situation. Plus la guerre à Gaza s’éternise et tant qu’aucune date n’est fixée pour le retour des habitants du nord dans leurs foyers, plus l’opinion publique s’interroge sur les chances d’atteindre les objectifs qu’Israël s’est fixés au départ. Dans le même temps, l’opinion publique perd également confiance dans l’armée.

L’Institut d’études de sécurité nationale de l’université de Tel-Aviv a réalisé cette semaine un sondage d’opinion. Les résultats sont assez clairs. La confiance de l’opinion publique s’effrite, qu’il s’agisse de l’annonce faite à l’armée ou des décisions prises par le chef d’état-major Herzl Halevi.

Depuis le début de la guerre, l’institut a suivi l’évolution de la confiance du public dans les rapports du porte-parole des FDI. Le point le plus bas, ce qui n’est pas surprenant, a été atteint la semaine suivant le début de la guerre : 66 % des Juifs interrogés faisaient alors confiance au porte-parole. Ce chiffre a atteint 88 % au plus fort de l’opération terrestre, à la mi-novembre. Il est tombé à 78 % à la mi-avril. Cette semaine, il a encore chuté à 68%.

Halevi devrait également s’inquiéter. Les sondeurs ont demandé si le chef d’état-major avait le mandat de nommer une nouvelle série de commandants au sein de l’état-major général, comme cela a été fait au début du mois lorsque cinq nominations de ce type ont été annoncées. Seuls 26 % des personnes interrogées ont répondu qu’il disposait d’un tel mandat pour procéder à des nominations en fonction de ses propres considérations, tandis que 34 % ont répondu « uniquement les nominations nécessaires » et 23 % ont déclaré qu’il ne disposait pas d’un tel mandat.

Halevi a décidé de nommer le général de brigade Shlomi Binder à la tête du renseignement militaire au sein de l’état-major général, en remplacement du général de division Aharon Haliva, qui prenait sa retraite, mais il a choisi de procéder à trois autres nominations (et d’en promouvoir une cinquième, Avi Blut, pour remplacer Yehuda Fuchs à la tête du commandement central).

Une grande partie des critiques à l’encontre de Halevi sont politiques et visent à lui faire porter l’entière responsabilité des échecs du 7 octobre, afin de couvrir la responsabilité de Netanyahou. Cependant, le chef de cabinet devrait prêter attention aux conclusions : le large soutien du public à son égard, malgré l’horrible massacre, était basé en grande partie sur l’hypothèse que son mandat était limité dans le temps et qu’il avait l’intention de prendre sa retraite.

Une longue série de nominations soulève des questions. Il en va de même du sentiment que la guerre n’atteint pas ses objectifs. Il s’agit là d’un problème croissant pour l’armée, qui s’ajoute aux difficultés que le Premier ministre et ses messagers lui imposent.

 

 

 

21/05/2024

Declaración del Fiscal de la CPI Karim A.A. Khan KC: Solicitudes de órdenes de detención en la situación del Estado de Palestina

Karim A.A. Khan KC, CPI, 20-5-2024
Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala


 Hoy presento solicitudes de órdenes de detención ante la Sala de Cuestiones Preliminares I de la Corte Penal Internacional en la situación en el Estado de Palestina.

Yahya Sinwar, Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri (Deif), Ismail Haniyeh

Sobre la base de las pruebas recogidas y examinadas por mi Oficina, tengo motivos razonables para creer que Yahya SINWAR (Jefe del Movimiento de Resistencia Islámica ("Hamás") en la Franja de Gaza), Mohammed Diab Ibrahim AL-MASRI, más conocido como DEIF (Comandante en Jefe del ala militar de Hamás, conocido como Brigadas Al-Qassam), e Ismail HANIYEH (Jefe del Buró Político de Hamás) son penalmente responsables de los siguientes crímenes de guerra y crímenes contra la humanidad cometidos en el territorio de Israel y del Estado de Palestina (en la Franja de Gaza) desde al menos el 7 de octubre de 2023:

·         Exterminio como crimen de lesa humanidad, contrario al artículo 7(1)(b) del Estatuto de Roma;

·         Asesinato como crimen de lesa humanidad, contrario al artículo 7(1)(a), y como crimen de guerra, contrario al artículo 8(2)(c)(i);

·         La toma de rehenes como crimen de guerra, en contra de lo dispuesto en el artículo 8(2)(c)(iii);

·         La violación y otros actos de violencia sexual como crímenes de lesa humanidad, en contra de lo dispuesto en el artículo 7(1)(g), y también como crímenes de guerra, en contra de lo dispuesto en el artículo 8(2)(e)(vi) en el contexto del cautiverio;

·         La tortura como crimen de lesa humanidad, contrario al artículo 7(1)(f), y también como crimen de guerra, contrario al artículo 8(2)(c)(i), en el contexto del cautiverio;

·         Otros actos inhumanos como crimen de lesa humanidad, contrario al artículo 7(l)(k), en el contexto del cautiverio;

·         Trato cruel como crimen de guerra, contrario al artículo 8(2)(c)(i), en el contexto del cautiverio; y

·         Ultrajes a la dignidad personal como crimen de guerra, contrario al artículo 8(2)(c)(ii), en el contexto del cautiverio.

Mi Oficina sostiene que los crímenes de guerra alegados en estas solicitudes se cometieron en el contexto de un conflicto armado internacional entre Israel y Palestina, y un conflicto armado no internacional entre Israel y Hamás que se desarrolló en paralelo. Sostenemos que los crímenes de lesa humanidad imputados formaban parte de un ataque generalizado y sistemático contra la población civil de Israel por parte de Hamás y otros grupos armados en aplicación de políticas organizativas. En nuestra opinión, algunos de estos crímenes continúan en la actualidad.

Mi Oficina sostiene que hay motivos razonables para creer que SINWAR, DEIF y HANIYEH son penalmente responsables de la muerte de cientos de civiles israelíes en ataques perpetrados por Hamás (en particular su brazo militar, las Brigadas al-Qassam) y otros grupos armados el 7 de octubre de 2023 y de la toma de al menos 245 rehenes. En el marco de nuestras investigaciones, mi Oficina ha entrevistado a víctimas y supervivientes, incluidos antiguos rehenes y testigos presenciales de seis lugares principales de los ataques: Kfar Aza; Holit; la ubicación del Festival de Música Supernova; Be'eri; Nir Oz; y Nahal Oz. La investigación también se basa en pruebas como grabaciones de circuito cerrado de televisión, material de audio, fotografía y vídeo autentificado, declaraciones de miembros de Hamás, incluidos los presuntos autores antes mencionados, y pruebas periciales.

En opinión de mi Oficina, estas personas planearon e instigaron la comisión de los crímenes el 7 de octubre de 2023 y, mediante sus propias acciones, incluidas las visitas personales a los rehenes poco después de su secuestro, han reconocido su responsabilidad en dichos crímenes. Sostenemos que estos crímenes no podrían haberse cometido sin sus acciones. Se les acusa como coautores y como superiores en virtud de los artículos 25 y 28 del Estatuto de Roma.

Durante mi propia visita al kibutz Be'eri y al kibutz Kfar Aza, así como al lugar donde se celebró el Festival de Música Supernova en Re'im, vi las devastadoras escenas de estos ataques y el profundo impacto de los crímenes inconcebibles que se imputan en las solicitudes presentadas hoy. Hablando con los supervivientes, escuché cómo el amor dentro de una familia, los lazos más profundos entre un padre y un hijo, fueron contorsionados para infligir un dolor insondable mediante una crueldad calculada y una insensibilidad extrema. Estos actos exigen responsabilidades.

Mi Oficina también afirma que existen motivos razonables para creer que los rehenes secuestrados en Israel han sido mantenidos en condiciones inhumanas y que algunos han sido objeto de violencia sexual, incluida la violación, mientras permanecían en cautividad. Hemos llegado a esa conclusión basándonos en historiales médicos, pruebas documentales y de vídeo contemporáneas y entrevistas con víctimas y supervivientes. Mi Oficina también sigue investigando las denuncias de violencia sexual cometida el 7 de octubre.

Deseo expresar mi gratitud a los supervivientes, y a las familias de las víctimas de los atentados del 7 de octubre, por su valentía al presentarse para proporcionar sus relatos a mi Oficina. Seguimos centrados en profundizar en nuestras investigaciones de todos los delitos cometidos en el marco de estos atentados y continuaremos trabajando con todos los socios para garantizar que se hace justicia.

Reitero una vez más mi llamamiento para que se libere inmediatamente a todos los rehenes secuestrados en Israel y se les devuelva sanos y salvos a sus familias. Se trata de un requisito fundamental del derecho internacional humanitario.

Benjamin Netanyahu, Yoav Gallant

Sobre la base de las pruebas recopiladas y examinadas por mi Oficina, tengo motivos razonables para creer que Benjamin NETANYAHU, Primer Ministro de Israel, y Yoav GALLANT, Ministro de Defensa de Israel, son penalmente responsables de los siguientes crímenes de guerra y crímenes de lesa humanidad cometidos en el territorio del Estado de Palestina (en la Franja de Gaza) desde al menos el 8 de octubre de 2023:

·         Matar de hambre a civiles como método de guerra, como crimen de guerra contrario al artículo 8(2)(b)(xxv) del Estatuto;

·         Causar deliberadamente grandes sufrimientos o atentar gravemente contra la integridad física o la salud, en contra de lo dispuesto en el artículo 8(2)(a)(iii), o tratos crueles como crimen de guerra, en contra de lo dispuesto en el artículo 8(2)(c)(i);

·         Homicidio intencional contrario al artículo 8(2)(a)(i), o Asesinato como crimen de guerra contrario al artículo 8(2)(c)(i);

·         Dirigir intencionadamente ataques contra una población civil como crimen de guerra contrario al artículo 8(2)(b)(i), o al artículo 8(2)(e)(i);

·         Exterminio y/o asesinato contrarios a los artículos 7(1)(b) y 7(1)(a), incluso en el contexto de muertes causadas por inanición, como crimen de lesa humanidad;

·         Persecución como crimen de lesa humanidad contrario al artículo 7(1)(h);

·         Otros actos inhumanos como crímenes de lesa humanidad contrarios al artículo 7(1)(k).

Mi Oficina sostiene que los crímenes de guerra alegados en estas solicitudes se cometieron en el contexto de un conflicto armado internacional entre Israel y Palestina, y un conflicto armado no internacional entre Israel y Hamás (junto con otros grupos armados palestinos) que se desarrolló en paralelo. Sostenemos que los crímenes de lesa humanidad imputados se cometieron como parte de un ataque generalizado y sistemático contra la población civil palestina en aplicación de una política de Estado. En nuestra opinión, estos crímenes continúan hasta el día de hoy.

Mi Oficina sostiene que las pruebas que hemos reunido, incluidas entrevistas con supervivientes y testigos presenciales, material de vídeo, fotográfico y sonoro autenticado, imágenes por satélite y declaraciones del grupo de presuntos autores, demuestran que Israel ha privado de forma intencionada y sistemática a la población civil de todas las zonas de Gaza de objetos indispensables para la supervivencia humana.

Esto se produjo mediante la imposición de un asedio total sobre Gaza que supuso el cierre completo de los tres pasos fronterizos, Rafah, Kerem Shalom y Erez, a partir del 8 de octubre de 2023 durante periodos prolongados y, posteriormente, mediante la restricción arbitraria de la transferencia de suministros esenciales -incluidos alimentos y medicinas- a través de los pasos fronterizos tras su reapertura. El asedio también incluyó el corte de las tuberías de agua transfronterizas de Israel a Gaza -principal fuente de agua potable de los gazatíes- durante un periodo prolongado a partir del 9 de octubre de 2023, y el corte y la obstaculización del suministro de electricidad desde al menos el 8 de octubre de 2023 hasta hoy. Estos actos se produjeron junto con otros ataques contra civiles, incluidos los que hacían cola para recibir alimentos; la obstrucción de la entrega de ayuda por parte de organismos humanitarios; y los ataques y asesinatos de trabajadores humanitarios, que obligaron a muchos organismos a cesar o limitar sus operaciones en Gaza.

Mi Oficina sostiene que estos actos se cometieron como parte de un plan común para utilizar la inanición como método de guerra y otros actos de violencia contra la población civil de Gaza como medio para (i) eliminar a Hamás; (ii) garantizar la devolución de los rehenes secuestrados por Hamás, y (iii) castigar colectivamente a la población civil de Gaza, a la que percibían como una amenaza para Israel.

Los efectos del uso de la inanición como método de guerra, junto con otros ataques y castigos colectivos contra la población civil de Gaza son agudos, visibles y ampliamente conocidos, y han sido confirmados por múltiples testigos entrevistados por mi Oficina, incluidos médicos locales e internacionales. Incluyen desnutrición, deshidratación, profundo sufrimiento y un número creciente de muertes entre la población palestina, incluidos bebés, otros niños y mujeres.

La hambruna está presente en algunas zonas de Gaza y es inminente en otras. Como advirtió el Secretario General de la ONU, António Guterres, hace más de dos meses, “1,1 millones de personas en Gaza se enfrentan a una hambruna catastrófica -el mayor número de personas jamás registrado- en cualquier lugar y en cualquier momento” como consecuencia de un “desastre totalmente provocado por el hombre”. Hoy, mi Fiscalía solicita que se acuse a dos de los máximos responsables, NETANYAHU y GALLANT, como coautores y como superiores, en virtud de los artículos 25 y 28 del Estatuto de Roma.

Israel, como todos los Estados, tiene derecho a tomar medidas para defender a su población. Sin embargo, ese derecho no exime a Israel ni a ningún Estado de su obligación de cumplir el derecho internacional humanitario. Independientemente de los objetivos militares que puedan tener, los medios que Israel eligió para alcanzarlos en Gaza -a saber, causar intencionadamente la muerte, inanición, grandes sufrimientos y lesiones graves a la integridad física o la salud de la población civil- son criminales. 

Desde el año pasado, en Ramala, en El Cairo, en Israel y en Rafah, he insistido constantemente en que el derecho internacional humanitario exige que Israel adopte medidas urgentes para permitir de inmediato el acceso a la ayuda humanitaria en Gaza a gran escala. He subrayado específicamente que la inanición como método de guerra y la denegación de ayuda humanitaria constituyen delitos tipificados en el Estatuto de Roma. No pude ser más claro.

Como también subrayé repetidamente en mis declaraciones públicas, quienes no cumplan la ley no deben quejarse después cuando mi Oficina tome medidas. Ese día ha llegado.

Al presentar estas solicitudes de órdenes de detención, mi Fiscalía actúa de conformidad con su mandato en virtud del Estatuto de Roma. El 5 de febrero de 2021, la Sala de Cuestiones Preliminares I decidió que la Corte puede ejercer su jurisdicción penal en la situación en el Estado de Palestina y que el ámbito territorial de esta jurisdicción se extiende a Gaza y Cisjordania, incluida Jerusalén Oriental. Este mandato está en curso e incluye la escalada de hostilidades y violencia desde el 7 de octubre de 2023. Mi Oficina también tiene jurisdicción sobre los crímenes cometidos por nacionales de Estados Partes y por nacionales de Estados no Partes en el territorio de un Estado Parte.

Las solicitudes presentadas hoy son el resultado de una investigación independiente e imparcial llevada a cabo por mi Oficina. Guiada por nuestra obligación de investigar por igual las pruebas incriminatorias y las eximentes, mi Fiscalía ha trabajado concienzudamente para separar las afirmaciones de los hechos y presentar con sobriedad a la Sala de Cuestiones Preliminares conclusiones basadas en pruebas.

Como salvaguardia adicional, también he agradecido el asesoramiento de un grupo de expertos en derecho internacional, un grupo imparcial que convoqué para apoyar el examen de las pruebas y el análisis jurídico en relación con estas solicitudes de órdenes de detención. El grupo está compuesto por expertos de gran prestigio en derecho internacional humanitario y derecho penal internacional, entre ellos Sir Adrian Fulford PC, ex Lord Justice of Appeal y ex juez de la Corte Penal Internacional; la baronesa Helena Kennedy KC, presidenta del Instituto de Derechos Humanos de la Asociación Internacional de Abogados; Elizabeth Wilmshurst CMG KC, ex asesora jurídica adjunta del Ministerio de Asuntos Exteriores y de la Commonwealth del Reino Unido; Danny Friedman KC; y dos de mis asesores especiales: Amal Clooney y Su Excelencia el juez Theodor Meron CMG. Este análisis de expertos independientes ha respaldado y reforzado las solicitudes presentadas hoy por mi Oficina. También he agradecido las contribuciones de varios de mis otros Asesores Especiales a esta revisión, en particular Adama Dieng y el Profesor Kevin Jon Heller.

Hoy subrayamos una vez más que el derecho internacional y las leyes de los conflictos armados se aplican a todos. Ningún soldado de infantería, ningún comandante, ningún dirigente civil -nadie- puede actuar con impunidad. Nada puede justificar que se prive deliberadamente a seres humanos, entre ellos tantas mujeres y niños, de las necesidades básicas que requiere la vida. Nada puede justificar la toma de rehenes ni los ataques contra civiles.

Los jueces independientes de la Corte Penal Internacional son los únicos que pueden decidir si se cumplen los requisitos necesarios para dictar órdenes de detención. En caso de que accedan a mis solicitudes y dicten las órdenes solicitadas, colaboraré estrechamente con el Secretario en todos los esfuerzos encaminados a detener a las personas mencionadas. Cuento con todos los Estados Partes en el Estatuto de Roma para que se tomen estas solicitudes y la subsiguiente decisión judicial con la misma seriedad que han mostrado en otras situaciones, cumpliendo así sus obligaciones en virtud del Estatuto. También estoy dispuesto a colaborar con los Estados no Partes en nuestra búsqueda común de la rendición de cuentas.

Es fundamental en este momento que se permita a mi Oficina y a todas las partes de la Corte, incluidos sus magistrados independientes, llevar a cabo su labor con plena independencia e imparcialidad. Insisto en que deben cesar de inmediato todos los intentos de obstaculizar, intimidar o influir indebidamente en los funcionarios de este Tribunal. Mi Fiscalía no dudará en actuar de conformidad con el artículo 70 del Estatuto de Roma si esa conducta continúa.

Sigo profundamente preocupado por las continuas denuncias y las nuevas pruebas de crímenes internacionales cometidos en Israel, Gaza y Cisjordania. Nuestra investigación continúa. Mi Oficina está avanzando en múltiples líneas de investigación adicionales interconectadas, incluidas las relativas a informes sobre violencia sexual durante los ataques del 7 de octubre y en relación con los bombardeos a gran escala que han causado y siguen causando tantas muertes, lesiones y sufrimiento a civiles en Gaza. Animo a quienes dispongan de información pertinente a que se pongan en contacto con mi Oficina y a que envíen información a través de OTP Link.

Mi Oficina no dudará en presentar nuevas solicitudes de órdenes de detención siempre y cuando consideremos que se ha alcanzado el umbral de una perspectiva realista de condena. Renuevo mi llamamiento a todas las partes en el conflicto actual para que cumplan la ley ahora.

También deseo hacer hincapié en que el principio de complementariedad, que está en la base del Estatuto de Roma, seguirá siendo evaluado por mi Fiscalía a medida que adoptemos medidas en relación con los presuntos crímenes y los presuntos autores antes mencionados y avancemos en otras líneas de investigación. La complementariedad, sin embargo, exige que sólo se remita a las autoridades nacionales cuando éstas emprendan procesos judiciales independientes e imparciales que no protejan a los sospechosos ni sean una farsa. Requiere investigaciones exhaustivas a todos los niveles que aborden las políticas y acciones subyacentes a estas solicitudes.

Seamos claros hoy sobre una cuestión fundamental: si no demostramos nuestra voluntad de aplicar la ley por igual, si se considera que se aplica de forma selectiva, estaremos creando las condiciones para su colapso. Al hacerlo, estaremos aflojando los lazos que aún nos mantienen unidos, las conexiones estabilizadoras entre todas las comunidades e individuos, la red de seguridad a la que todas las víctimas recurren en momentos de sufrimiento. Este es el verdadero riesgo al que nos enfrentamos en este momento.

Ahora, más que nunca, debemos demostrar colectivamente que el derecho internacional humanitario, la base fundamental de la conducta humana durante los conflictos, se aplica a todas las personas y se aplica por igual en todas las situaciones de las que se ocupan mi Fiscalía y la Corte. Así es como demostraremos, de forma tangible, que las vidas de todos los seres humanos tienen el mismo valor.

Fuente: Fiscalía | Contacto: OTPNewsDesk@icc-cpi.int