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03/08/2025

GIDEON LEVY
Reconocer a Palestina no detendrá el genocidio en Gaza: las sanciones a Israel sí lo harán

Gideon Levy, Haaretz, 3/8/2025
Traducido por Tlaxcala

 
El reconocimiento europeo de Palestina es un gesto vacío que exime de responsabilidad a Israel. Sin sanciones para detener la matanza en Gaza, no es diplomacia, es complicidad.

El reconocimiento internacional de un Estado palestino recompensa a Israel, que debería dar las gracias a todos y cada uno de los países que lo hacen, ya que dicho reconocimiento sirve como una alternativa engañosa a lo que realmente se debe hacer: imponer sanciones.

El reconocimiento es un sustituto erróneo de los boicots y las medidas punitivas que se deben tomar contra un país que perpetúa el genocidio. El reconocimiento es una declaración vacía que los gobiernos europeos, vacilantes y débiles, utilizan para demostrar a su opinión pública enfurecida que no guardan silencio.

Reconocer un Estado palestino, que no existe ni existirá en un futuro próximo, si es que alguna vez existe, es un silencio vergonzoso. La gente se muere de hambre en Gaza y la reacción de Europa es reconocer un Estado palestino. ¿Salvará esto a los hambrientos de Gaza? Israel puede ignorar estas declaraciones con el apoyo de USA.

Eran Wolkowski, Haaretz

Se habla de un «tsunami» diplomático en Israel, sabiendo que no llegará a las costas israelíes, siempre y cuando el reconocimiento no vaya acompañado de la imposición de un precio por el genocidio.

El primer ministro británico, Keir Starmer, uno de los primeros en reconocer a Palestina en la ola actual, después de Francia, se superó a sí mismo. Se apresuró a presentar su medida como una sanción (condicional), cumpliendo así con su deber.

 Si Israel se comporta bien, prometió, retirará su dedo acusador.

¿Qué tipo de sanción es esta, señor primer ministro? Si reconocer a Palestina promoverá una solución, según su creencia, ¿por qué presentarlo como un castigo? Y si se trata de una medida punitiva, ¿dónde está?

Así es cuando el miedo a Donald Trump se apodera de Europa y la paraliza, cuando está claro que cualquiera que imponga sanciones a Israel lo pagará. El mundo prefiere por ahora una fiesta verbal. Las sanciones están bien cuando se trata de invasiones rusas, pero no de invasiones israelíes.

La decisión de Starmer ha llevado a muchos otros a seguir su ejemplo, lo que se presenta en Israel como un terremoto diplomático, un tsunami. Esto no detendrá el genocidio, que no se detendrá sin medidas prácticas por parte de la comunidad internacional. Estas son urgentes e insoportables, ya que la matanza y el hambre intensa en Gaza continúan.

El reconocimiento tampoco traerá consigo un Estado. ¿Cómo lo expresó una vez la líder de los colonos Daniella Weiss, tras una anterior ola de reconocimientos? «Abro la ventana y no veo ningún Estado palestino». Tampoco lo verá en un futuro próximo.

A corto plazo, Israel se beneficia de esta ola de reconocimientos porque sustituye al castigo que se merece. A largo plazo, puede haber algún beneficio en reconocer un Estado imaginario, ya que plantea la necesidad de encontrar una solución.

Pero se necesita una dosis enfermiza de optimismo e ingenuidad para creer que el reconocimiento sigue siendo relevante.

 Nunca ha habido un momento peor; el reconocimiento ahora es como silbar en la oscuridad. Los palestinos no tienen líderes, y los líderes israelíes han hecho todo lo posible para impedir ese Estado y lo han conseguido.

Está bien que el número 10 de Downing Street quiera un Estado palestino, pero mientras Jerusalén no lo quiera, con el asentamiento extremista de Yitzhar dedicado a destruir propiedades palestinas y cada vez más fuerte con el apoyo ciego de Washington a Israel, no va a suceder.

Cuando la derecha israelí está en la cima de su poder y el centro israelí vota en la Knesset a favor de la anexión y en contra del establecimiento de un Estado palestino, cuando Hamás es la entidad política más fuerte que tienen los palestinos y los colonos y sus ayudantes son la organización más fuerte de Israel, ¿de qué Estado palestino estamos hablando? ¿Dónde estaría?

Una tormenta en un vaso de agua. El mundo cumple con su deber mientras Israel destruye y mata de hambre. El plan de limpieza étnica defendido por el gobierno israelí se está llevando a cabo primero en Gaza. No se pueden concebir peores condiciones para soñar con la creación de un Estado.

¿Dónde se establecería? ¿En un túnel excavado entre Yitzhar e Itamar? ¿Existe alguna fuerza capaz de evacuar a cientos de miles de colonos? ¿Cuál?

¿Existe un bando político que lucharía por ello?

Lo mejor sería tomar primero medidas punitivas prácticas que obligaran a Israel a poner fin a la guerra —Europa tiene los medios para ello— y luego poner sobre la mesa la única solución que queda: una democracia entre el Mediterráneo y el río Jordán; una persona, un voto. Apartheid o democracia. Para nuestro horror, ya no hay una tercera vía.

 

 

GIDEON LEVY
Reconnaître la Palestine n'arrêtera pas le génocide à Gaza – Seules des sanctions contre Israël le feront

Gideon Levy, Haaretz, 3/8/2025
Traduit par Tlaxcala

La reconnaissance européenne de la Palestine est un geste creux qui permet à Israël de s'en tirer à bon compte. Sans sanctions pour mettre fin au massacre à Gaza, ce n'est pas de la diplomatie, c'est de la complicité.


La reconnaissance internationale d'un État palestinien récompense Israël, qui devrait remercier chaque pays qui le fait, car cette reconnaissance sert d'alternative trompeuse à ce qui doit réellement être fait : imposer des sanctions.

La reconnaissance est un substitut erroné aux boycotts et aux mesures punitives qui devraient être pris à l'encontre d'un pays qui perpétue un génocide. La reconnaissance est une déclaration creuse que les gouvernements européens hésitants et faibles utilisent pour montrer à leur opinion publique en colère qu'ils ne restent pas silencieux.

Reconnaître un État palestinien, qui n'existe pas et n'existera pas dans un avenir proche, voire jamais, est un silence honteux. Les habitants de Gaza meurent de faim, et la réaction de l'Europe est de reconnaître un État palestinien. Cela sauvera-t-il les Gazaouis affamés ? Israël peut ignorer ces déclarations avec le soutien des USA.


Eran Wolkowski, Haaretz

On parle d'un « tsunami » diplomatique en Israël, tout en sachant qu'il n'atteindra pas les côtes israéliennes tant que la reconnaissance ne s'accompagnera pas d'un prix à payer pour le génocide.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, l'un des premiers à reconnaître la Palestine dans la vague actuelle, après la France, s'est surpassé. Il s'est empressé de présenter sa décision comme une sanction (conditionnelle), remplissant ainsi son devoir. Si Israël se comporte bien, a-t-il promis, il retirera son index accusateur.

De quel genre de sanction s'agit-il, Monsieur le Premier ministre ? Si, selon vous, la reconnaissance de la Palestine favorise une solution, pourquoi la présenter comme une sanction ? Et s'il s'agit d'une mesure punitive, où est-elle ?

C'est ainsi que les choses se passent lorsque la peur de Donald Trump s'empare de l'Europe et la paralyse, lorsqu'il est clair que quiconque impose des sanctions à Israël en paiera le prix. Le monde préfère pour l'instant une fête verbale. Les sanctions sont bonnes quand il s'agit d'invasions russes, pas israéliennes.

La décision de Starmer a incité beaucoup d'autres à suivre son exemple, ce qui est présenté en Israël comme un raz-de-marée diplomatique, un tsunami. Cela n'arrêtera pas le génocide, qui ne sera pas stoppé sans mesures concrètes de la part de la communauté internationale. Celles-ci sont d'une urgence insupportable, car les tueries et la famine intense se poursuivent à Gaza.

La reconnaissance ne suffira pas non plus à créer un État. Comme l'a dit un jour la leader des colons Daniella Weiss, après une précédente vague de reconnaissances : « J'ouvre ma fenêtre et je ne vois pas d'État palestinien ». Elle n'en verra pas de sitôt.

À court terme, Israël tire profit de cette vague de reconnaissances, car elle remplace la sanction qu'il mérite. À long terme, la reconnaissance d'un État imaginaire pourrait présenter certains avantages, car elle soulève la nécessité de trouver une solution.

Mais il faut être d'un optimisme et d'une naïveté démesurés pour croire que la reconnaissance est encore pertinente. Il n'y a jamais eu de pire moment ; reconnaître maintenant, c'est comme siffler dans le noir. Les Palestiniens sont sans dirigeants, et les dirigeants israéliens ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour empêcher la création d'un tel État, et ils ont réussi.

C'est bien que le 10 Downing Street veuille un État palestinien, mais tant que Jérusalem ne le veut pas, avec la colonie extrémiste de Yitzhar qui s'emploie à détruire les biens palestiniens et qui se renforce grâce au soutien aveugle de Washington à Israël, cela n'arrivera pas.

Alors que la droite israélienne est au sommet de son pouvoir et que le centre israélien vote à la Knesset en faveur de l'annexion et contre la création d'un État palestinien, alors que le Hamas est la plus forte entité politique palestinienne et que les colons et leurs partisans constituent l'organisation la plus puissante en Israël, de quel État palestinien parlons-nous ? Où serait-il ?

Une tempête dans un verre d'eau. Le monde remplit son devoir tandis qu'Israël détruit et affame. Le plan de nettoyage ethnique prôné par le gouvernement israélien est d'abord mis en œuvre à Gaza. On ne peut imaginer pires conditions pour nourrir des rêves d'État.

Où serait-il établi ? Dans un tunnel creusé entre Yitzhar et Itamar ? Existe-t-il une force capable d'évacuer des centaines de milliers de colons ? Laquelle ?

Existe-t-il un camp politique qui se battrait pour cela ?

Il serait préférable de prendre d'abord des mesures punitives concrètes pour forcer Israël à mettre fin à la guerre – l'Europe en a les moyens – puis de mettre à l'ordre du jour la seule solution qui reste aujourd'hui : une démocratie entre la Méditerranée et le Jourdain, une personne, une voix. L'apartheid ou la démocratie. À notre grand effroi, il n'y a plus de troisième voie.

01/08/2025

GIDEON LEVY
No es solo una guerra, es un genocidio, y se está cometiendo en nuestro nombre

Gideon Levy, Haaretz, 30-7-2025
Traducido por Fausto GiudiceTlaxcala

Dos importantes organizaciones israelíes de defensa de los derechos humanos han puesto nombre a lo que otros siguen negando: la campaña en Gaza no es solo brutal o desproporcionada, es la destrucción deliberada de un pueblo. Las pruebas son abrumadoras, la intención innegable y el silencio cómplice.


Un periodista muestra el resumen ejecutivo del informe «Nuestro genocidio», elaborado por B’Tselem, en una rueda de prensa celebrada el lunes en Jerusalén. Foto Maya Alleruzzo/AP

Ha llegado el momento. Ya no es posible andarse con rodeos y evitar dar una respuesta. Ya no podemos escondernos, evadir, balbucear, apaciguar y oscurecer. Tampoco podemos aferrarnos a sofismas legales sobre la «cuestión de la intención» o esperar el fallo de la Corte Internacional de Justicia de La Haya, que puede que solo se dicte cuando ya sea demasiado tarde.

Ya es demasiado tarde.

Por eso ha llegado el momento de llamar al horror por su nombre, y su nombre completo es genocidio, el exterminio de un pueblo. No hay otra forma de describirlo. Ante nuestros ojos horrorizados, Israel está cometiendo un genocidio en la Franja de Gaza. No ha comenzado ahora, comenzó en 1948. Ahora, sin embargo, se han acumulado pruebas suficientes para llamar por su nombre monstruoso lo que ocurre en la Franja de Gaza.

Este es un momento de desesperación, pero también liberador. Ya no necesitamos evitar la verdad. El lunes, en el sótano de un hotel de Jerusalén Este, dos importantes grupos israelíes de derechos humanos anunciaron que la suerte estaba echada. B’Tselem y Médicos por los Derechos Humanos declararon que habían llegado a la conclusión de que Israel estaba cometiendo genocidio. Lo hicieron ante decenas de periodistas de todo el mundo y una vergonzosa y escasa representación de los medios de comunicación israelíes.

Con una fiabilidad y valentía incomparables, dieron un paso histórico. Estaba claro que a sus portavoces no les resultaba fácil. La incomodidad se palpaba en la sala de conferencias.

B’Tselem tituló su informe «Nuestro genocidio», y es genocidio, y es nuestro. La dramática declaración fue recibida en Israel con un desprecio casi total. Pero esto también demuestra la gravedad de la situación. El genocidio casi siempre es negado por quienes lo cometen.

El significado es grave. Vivir en un país cuyos soldados están cometiendo un genocidio es una mancha indeleble, un rostro distorsionado que nos mira en el espejo, un desafío personal para todos los israelíes. Este término plantea profundas preguntas sobre el país y nuestra participación en el crimen. Nos recuerda de dónde venimos y plantea preguntas difíciles sobre hacia dónde vamos. Lo más fácil ahora es la carga de la prueba. La corroboración legal bien podría venir de La Haya, pero las pruebas morales se acumulan cada día.

Un niño palestino que sufre desnutrición en el campamento de Al-Shati, en Gaza, la semana pasada. Foto Jehad Alshrafi/AP

Durante meses, los pocos en Israel que ven en la Franja de Gaza la cuestión de la intención han estado sufriendo. ¿Realmente Israel tiene la intención de cometer genocidio, o tal vez ha causado los resultados sin querer? Esta pregunta se ha vuelto superflua. No es la cantidad de muertes y destrucción lo que la ha sacado de la agenda, sino la forma sistemática en que se está llevando a cabo.

Cuando destruyes 33 de 35 hospitales, la intención es transparente y el debate ha terminado. Cuando borras sistemáticamente barrios, pueblos y ciudades enteros, las dudas sobre tus intenciones han llegado a su fin. Cuando matas a decenas de personas cada día mientras esperan en fila para recibir comida, el método ha quedado demostrado más allá de toda duda. Cuando utilizas el hambre como arma, ya no hay lugar para las preguntas.

Ya no falta nada para comprender que lo que está ocurriendo en Gaza no es el daño colateral de una guerra horrible, sino el objetivo. El hambre masiva, la destrucción y la muerte son el objetivo, y desde aquí el camino hacia la conclusión es corto: el genocidio.

Israel tiene la clara intención de provocar la destrucción de la sociedad palestina en la Franja de Gaza, de convertirla en un lugar inhabitable. Pretende llevar a cabo una limpieza étnica, ya sea mediante el genocidio o el traslado de la población, preferiblemente ambas cosas.

Protesta organizada por Standing Together en Tel Aviv la semana pasada. Foto: Tomer Appelbaum

Esto no significa que la cábala vaya a tener éxito, pero se está moviendo en la dirección de esta solución absoluta. El primer ministro Benyamin Netanyahu, padre de esta cábala y su principal ejecutor, lo llama «victoria total», y esta victoria es el genocidio y el traslado de la población. Netanyahu y su gobierno no aceptarán nada menos. Mientras tanto, los partidos judíos de la oposición no tienen a nadie que se oponga realmente.

Israel ya no tiene a nadie que detenga esta marcha hacia el genocidio; solo hay quienes la ignoran. Por aterrador que pueda parecer, existe el peligro de que no se detenga en Gaza. Ya han establecido la infraestructura ideológica y operativa para ello en Cisjordania. Los ciudadanos árabes de Israel podrían muy bien ser los siguientes en la lista. No hay nadie que lo detenga, y debemos detenerlo.

➤Leer el informe de B'Tselem en español

GIDEON LEVY
Ce n’est pas juste une guerre, c’est un génocide, et il est commis en notre nom

Gideon Levy, Haaretz, 30/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Deux importantes organisations israéliennes de défense des droits humains ont nommé ce que d’autres continuent de nier : la campagne menée à Gaza n’est pas seulement brutale ou disproportionnée, elle vise délibérément à détruire un peuple. Les preuves sont accablantes, l’intention indéniable et le silence complice.


Un journaliste montre le résumé du rapport « Notre génocide » publié par B’Tselem lors d’une conférence de presse à Jérusalem, lundi. Photo Maya Alleruzzo/AP

Le moment est venu. Il n’est plus possible de tourner autour du pot et d’éviter de donner une réponse. Nous ne pouvons plus nous cacher, éluder, marmonner, apaiser et obscurcir. Nous ne pouvons pas non plus nous accrocher à des sophismes juridiques sur la « question de l’intention » ou attendre la décision de la Cour internationale de justice de La Haye, qui ne sera peut-être rendue que lorsqu’il sera trop tard.

Il est déjà trop tard. C’est pourquoi le moment est venu d’appeler l’horreur par son nom – et son nom complet est génocide, l’extermination d’un peuple. Il n’y a pas d’autre façon de le décrire. Sous nos yeux horrifiés, Israël commet un génocide dans la bande de Gaza. Cela n’a pas commencé aujourd’hui, cela a commencé en 1948. Mais aujourd’hui, les preuves sont suffisantes pour appeler par son nom monstrueux ce qui se passe dans la bande de Gaza.

C’est un moment de désespoir, mais aussi de libération. Nous n’avons plus besoin d’éviter la vérité. Lundi, dans le sous-sol d’un hôtel de Jérusalem-Est, deux importantes organisations israéliennes de défense des droits humains ont annoncé que les dés étaient jetés. B’Tselem et Physicians for Human Rights ont déclaré qu’elles étaient parvenues à la conclusion qu’Israël commettait un génocide. Elles l’ont fait devant des dizaines de journalistes du monde entier et une représentation honteusement clairsemée des médias israéliens.

D’une fiabilité et d’un courage incomparables, ils ont franchi une étape historique. Il était évident que leurs porte-parole n’avaient pas la tâche facile. Le malaise était palpable dans la salle de conférence.

B’Tselem a intitulé son rapport « Notre génocide » – et c’est bien d’un génocide qu’il s’agit, et c’est le nôtre. Cette déclaration dramatique a été accueillie en Israël avec un mépris quasi total. Mais cela aussi prouve la gravité de la situation. Le génocide est presque toujours nié par ceux qui le commettent.

La signification est grave. Vivre dans un pays dont les soldats commettent un génocide est une tache indélébile, un visage déformé qui nous regarde dans le miroir, un défi personnel pour chaque Israélien. Ce terme soulève de profondes questions sur le pays et notre part dans ce crime. Il nous rappelle d’où nous venons et soulève des questions difficiles sur notre avenir. Le plus facile maintenant, c’est la charge de la preuve. La confirmation juridique viendra peut-être de La Haye, mais les preuves morales s’accumulent chaque jour.

Un enfant palestinien souffrant de malnutrition dans le camp d’Al-Shati à Gaza, la semaine dernière. Photo Jehad Alshrafi/AP

Depuis des mois, les rares personnes en Israël qui voient dans la bande de Gaza une question d’intention souffrent. Israël a-t-il vraiment l’intention de commettre un génocide, ou a-t-il peut-être provoqué ces résultats sans le vouloir ? Cette question est désormais superflue. Ce n’est pas le nombre de morts et l’ampleur des destructions qui l’ont fait disparaître de l’ordre du jour, mais la manière systématique dont elles sont perpétrées.

Lorsque vous détruisez 33 hôpitaux sur 35, l’intention est claire et le débat clos. Lorsque vous effacez systématiquement des quartiers, des villages et des villes entiers, les doutes quant à vos intentions n’ont plus lieu d’être. Lorsque vous tuez chaque jour des dizaines de personnes qui font la queue pour obtenir de la nourriture, la méthode a été prouvée sans l’ombre d’un doute. Lorsque vous utilisez la famine comme arme, il n’y a plus aucun doute possible.

Il ne manque plus rien pour comprendre que ce qui se passe à Gaza n’est pas le dommage collatéral d’une guerre horrible, mais bien l’objectif. La famine, la destruction et la mort à grande échelle sont le but, et de là, le chemin vers la conclusion est court : le génocide.

Israël a clairement l’intention de détruire la société palestinienne dans la bande de Gaza, de la rendre invivable. Il a l’intention de la nettoyer ethniquement, que ce soit par le génocide ou le transfert de population, de préférence les deux.

Manifestation organisée par Standing Together à Tel Aviv la semaine dernière. Photo Tomer Appelbaum

Cela ne signifie pas que la cabale aboutira complètement, mais elle va dans le sens de cette solution absolue. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, père de cette cabale et son principal exécutant, l’appelle « victoire totale », et cette victoire est le génocide et le transfert de population. Netanyahu et son gouvernement ne feront aucun compromis. Pendant ce temps, les partis juifs de l’opposition n’ont personne qui s’y oppose vraiment.

Israël n’a plus personne pour arrêter cette marche vers le génocide ; il n’y a que ceux qui l’ignorent. Aussi effrayant que cela puisse paraître, le danger existe que cela ne s’arrête pas à Gaza. Ils ont déjà mis en place l’infrastructure idéologique et opérationnelle nécessaire à cet effet en Cisjordanie. Les citoyens arabes d’Israël pourraient bien être les prochains sur la liste. Il n’y a personne pour l’arrêter, et nous devons l’arrêter.

➤Lire le rapport de B'Tselem en français

29/07/2025

GIDEON LEVY
Negar la hambruna en Gaza no es menos vil que negar el Holocausto

Gideon Levy, Haaretz27/7/2025
Traducido por Tlaxcala

 
Negar es legítimo en Israel, es coherente con la corrección política local – no hay hambre, y las descripciones de hambruna deliberada en Gaza son una conspiración antisemita.



Un hombre lleva el cuerpo del bebé palestino Zainab Abu Haleeb, que murió por desnutrición según autoridades sanitarias, en el hospital Naser de Jan Yunis, en el sur de la Franja de Gaza, el sábado. Foto Ramadan Abed/Reuters


Pocos fenómenos son tan mezquinos como la negación del Holocausto judío. Los negacionistas han afirmado que nunca ocurrió, o que, si ocurrió, las víctimas fueron pocas, o que nunca hubo cámaras de gas.

Tomaron medidas y datos para respaldar sus afirmaciones. El Holocausto fue una conspiración para extorsionar compensaciones y compasión. Su negación ha sido criminalizada en muchos países, y quienes la practican son considerados antisemitas. El historiador británico David Irving fue encarcelado en Austria y marginado.

Cuestionar el 7 de octubre fue condenado en Israel, y cualquiera que se atreviera era tachado de antisemita. Cuando Roger Waters afirmó que no había pruebas de violaciones y que la historia de bebés quemados en hornos era una mentira israelí, fue duramente atacado, al igual que muchos otros que señalaron exageraciones en el relato israelí.

En las últimas semanas, una ola despreciable de negación ha barrido Israel, precisamente allí. Está presente en grandes sectores de la población y compartida por casi todos los medios de comunicación.

Hemos tratado de ignorar, de ocultar, de desviar la mirada, de culpar a Hamas, de decir que “así es la guerra”, de afirmar que no hay inocentes en Gaza – hasta que los crímenes de Israel en la Franja de Gaza colmaron la medida.

Con el inicio del hambre deliberada y mortal, no quedó otra opción que recurrir a la negación, tan repugnante como la del Holocausto.

La negación actual incluye negar la intención genocida y el objetivo transparente de desplazar a la población de Gaza.

Este tipo de negación es legítimo en Israel, es políticamente correcto – ¡no hay hambre! Nadie será condenado ni castigado por haberla provocado.

Esta actitud se ha convertido en parte del discurso dominante. Las descripciones de hambruna deliberada en Gaza son consideradas una conspiración antisemita. Si hay hambre, hablen con Hamas.


Palestinos luchan por conseguir alimentos donados en un comedor comunitario en la ciudad de Gaza, al norte de la Franja, el sábado. Crédito: Abdel Kareem Hana/AP

Así es cuando se acaban las excusas, las mentiras y la propaganda. Así es cuando se está tan deformado moralmente que se dice que no hay hambre incluso con las imágenes delante. ¿Qué derecho tienen a decir eso?

Existen 50 matices de negación israelí, todos igual de despreciables. Desde apartar la mirada hasta mentirse a uno mismo.

Todos persiguen el mismo objetivo: eludir la culpa, seguir siendo la víctima mientras se canta alabanzas a sí mismo. Los negacionistas provienen de todos los ámbitos.

Incluye a cuatro investigadores israelíes que escribieron un ensayo titulado “El supuesto genocidio en la guerra Espadas de Hierro” – cuya falsedad fue expuesta por el historiador del Holocausto Daniel Blatman y el periodista Nir Hasson (edición hebrea de Haaretz) – y a la mujer que reparte el diario gratuito Israel Hayom, que me dijo con gran seguridad que las imágenes del hambre “eran del Yemen o generadas por IA”.

Incluye también a la santurrona periodista de televisión Moriah Asraf, que hizo callar con arrogancia a la periodista independiente Emmanuelle Elbaz-Phelps, y a todos los editores de noticieros que ocultan lo que sucede en Gaza.


Palestinos intentan recibir alimentos de un comedor comunitario, en medio de una crisis de hambre, en la ciudad de Gaza, el sábado. Photo Mahmoud Issa/Reuters

La negación acompaña a Israel desde la primera Nakba, en 1948, que supuestamente nunca ocurrió y solo existe en la imaginación de los enemigos de Israel. Continuó durante todos los años de ocupación y apartheid.

No hay otra sociedad en el mundo que viva en tal grado de autoengaño, mucho de ello fomentado por su prensa “libre”. Pero lo que está ocurriendo en estas semanas supera todos los límites de la vileza.

No hay hambre en Gaza. Después de todo, hay camiones esperando en la frontera, los padres de los niños que mueren de hambre están obesos, hay un video de terroristas de Hamas comiendo plátanos en sus túneles (un video de hace seis meses, ahora difundido por el principal portavoz de propaganda del país, el vocero del ejército israelí).

Hay algo aún más despreciable que eludir la culpa: el desprecio por la víctima, por el niño que muere en brazos de su madre que llora. Decirle que no hay hambruna deliberada es burlarse de su dolor.

Durante años creí que incluso si mostráramos a los israelíes todas las pruebas horribles, las rechazarían. Ahora está comprobado. Las imágenes del hambre inundan pantallas y diarios en todo el mundo – e Israel lo niega.

Con qué seguridad afirman que las imágenes son falsas, que no hay hambrientos, que hay plátanos, que 80 camiones entran diariamente a Gaza.

Eso es exactamente lo que hacía el académico francés Robert Faurisson: decía que, dado el volumen de las cámaras de gas, el Holocausto nunca había occurrido.

GIDEON LEVY
Nier la famine à Gaza n’est pas moins ignoble que nier la Shoah

Gideon Levy, Haaretz, 27/7/2025
Traduit par Tlaxcala

La négation est légitime en Israël, elle est conforme à la bienséance politique locale – il n’y a pas de famine, et les descriptions d’une famine délibérée à Gaza relèvent d’un complot antisémite.


Un homme porte le corps du bébé palestinien Zainab Abu Haleeb, décédé de malnutrition selon les autorités sanitaires, à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, samedi. Photo : Ramadan Abed/Reuters

Il n’existe que peu de phénomènes aussi odieux que la négation de la Shoah juive. Les négationnistes ont affirmé qu’elle n’avait jamais eu lieu, ou que le nombre de victimes était faible, voire qu’il n’y avait jamais eu de chambres à gaz.
Ils ont pris des mesures et utilisé des données pour soutenir leurs dires. La Shoah serait une conspiration destinée à obtenir des compensations et de la compassion. Sa négation est criminalisée dans de nombreux pays, et les négationnistes sont considérés comme antisémites. L’historien britannique David Irving a été emprisonné en Autriche et banni.

Mettre en doute le 7 octobre a été condamné en Israël, et quiconque s’y risquait était qualifié d’antisémite. Lorsque Roger Waters a déclaré qu’il n’y avait pas de preuves de viols et que l’histoire de bébés brûlés dans des fours était un mensonge israélien, il a été largement attaqué – comme bien d’autres qui ont souligné des exagérations dans le récit israélien.

Ces dernières semaines, une vague abjecte de déni déferle sur Israël, de tous les endroits possibles. Elle touche de larges pans de la société et est partagée par presque tous les médias.

Nous avons essayé d’ignorer, de dissimuler, de détourner le regard, de blâmer le Hamas, de dire que “c’est la guerre”, ou qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza – jusqu’à ce que la somme des crimes commis par Israël dans la bande de Gaza déborde.

Avec l’apparition d’une famine mortelle et délibérée, il ne restait plus d’autre issue que le déni, aussi ignoble que celui de la Shoah.

Ce déni actuel inclut la négation de l’intention génocidaire et de l’objectif évident de déplacer la population de Gaza ailleurs.

Ce type de déni est légitime en Israël, il est conforme à la bienséance politique locale – il n’y a pas de famine ! Personne ne sera blâmé ou puni pour l’avoir causée.

Cette attitude fait désormais partie du courant dominant. Les descriptions de famine délibérée à Gaza sont perçues comme une conspiration antisémite. S’il y a famine, parlez-en au Hamas.

Des Palestiniens attendent de recevoir de la nourriture d'une cantine caritative, en pleine crise alimentaire, à Gaza, samedi. Photo Mahmoud Issa/Reuters

C’est ce qui arrive quand on épuise ses excuses, ses mensonges et sa propagande. Quand on est devenu moralement si perverti qu’on affirme qu’il n’y a pas de famine, alors même que les images sont sous nos yeux. Quel droit ont ces gens de dire ça ?

Il existe 50 nuances de négation israélienne, toutes aussi méprisables. De la simple indifférence au regard fuyant, jusqu’au mensonge pur et simple.

Elles visent toutes le même objectif : fuir la responsabilité, continuer à jouer les victimes tout en se glorifiant. Les négationnistes viennent de tous les milieux.

Cela inclut quatre chercheurs israéliens ayant publié un article intitulé « Le soi-disant génocide dans la guerre des Épées de Fer » – dont les failles ont été dénoncées par l’historien de la Shoah Daniel Blatman et le journaliste Nir Hasson (édition hébreue de Haaretz) – et la femme distribuant gratuitement Israel Hayom, qui m’a assuré récemment que les images de famine « venaient du Yémen ou avaient été créées par l’IA ».

Cela inclut aussi la journaliste télé moralisatrice Moriah Asraf, qui a fait taire de façon méprisante la journaliste indépendante Emmanuelle Elbaz-Phelps, et tous les rédacteurs des journaux télévisés qui dissimulent ce qui se passe à Gaza.

Des Palestiniens tentent d'obtenir de la nourriture distribuée dans une cuisine communautaire de la ville de Gaza, au nord de la bande de Gaza, samedi. Photo Abdel Kareem Hana/AP

Le déni accompagne Israël depuis la première Nakba, en 1948 – qui, bien sûr, n’aurait jamais eu lieu et ne serait qu’une invention des ennemis d’Israël. Ce déni s’est poursuivi durant toutes les années d’occupation et d’apartheid.

Aucune société au monde ne vit dans un tel déni de soi, largement encouragé par sa presse dite libre. Mais ce qui se passe ces dernières semaines dépasse tous les records d’abjection.

Il n’y a pas de famine à Gaza. Après tout, des camions attendent à la frontière, les parents d’enfants mourant de faim sont obèses, une vidéo montre des terroristes du Hamas mangeant des bananes dans leurs tunnels (vidéo prise il y a six mois, aujourd’hui diffusée par le principal propagandiste du pays, le porte-parole de Tsahal).

Il y a là quelque chose de plus ignoble encore que la fuite de responsabilité : le mépris de la victime, de l’enfant qui meurt dans les bras de sa mère en pleurs. Lui dire qu’il n’y a pas de famine délibérée, c’est la mépriser dans sa douleur.

Pendant des années, j’ai pensé que même si on montrait aux Israéliens toutes les preuves, ils les rejetteraient. La preuve est là. Les images de la famine envahissent les écrans du monde entier – et les Israéliens les nient.

Avec quelle assurance ils affirment que ces images sont fausses, qu’il n’y a pas de famine, qu’il y a des bananes, que 80 camions par jour entrent à Gaza.

C’est exactement ce que faisait le professeur français Robert Faurisson : il affirmait que, compte tenu du volume des chambres à gaz, la Shoah n’avait jamais eu lieu.

26/07/2025

GIDEON LEVY
Les Palestiniens ne vivent plus dans cette vallée. Ils ont même peur de s’en approcher

Gideon Levy  & Alex Levac (photos), Haaretz , 26/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Avant la guerre, cette étendue de terre à l’est de Jérusalem, parsemée de rochers et d’oliveraies, abritait trois communautés de bergers palestiniens – jusqu’à ce que des colons violents et des ordres d’évacuation les en chassent.


Ali Askar parmi les ruines calcinées de la ferme familiale.
Un autre habitant de Hizma a raconté au frère blessé d’Ali, Ouda, qu’un officier de l’armée s’était présenté et lui avait dit :
« Les colons sont fous. On ne peut pas les arrêter. Ne vous frottez pas à eux. »

 Le danger rôde partout. Il est dangereux de mener les troupeaux au pâturage, dangereux de se promener dans la nature, dangereux de travailler la terre, dangereux même d’essayer de l’atteindre.

Depuis le début de la guerre à Gaza – et dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie devenues l’arrière-cour de ce conflit – le terrain a subi une transformation radicale. Aux centaines de check-points militaires, à l’étranglement économique imposé par les blocus israéliens sur les villages et villes, à la brutalité des soldats atteignant des sommets inédits, aux descentes militaires aléatoires et incessantes, aux innombrables avant-postes de colons sauvages établis sans aucune opposition des autorités, et aux pogroms quasi quotidiens commis par les colons, s’ajoute une atmosphère de terreur absolue.

Une terreur de quitter sa maison, et encore plus de s’aventurer hors de sa communauté. Dehors, tout est plus dangereux. Les colons violents rôdent partout, et personne ne les arrête. Ils observent de loin et attaquent rapidement quiconque ose marcher dans les zones ouvertes, pourtant en grande partie propriétés privées palestiniennes.

Depuis le 7 octobre, les territoires palestiniens ont vu fleurir des tentes de deuil pour les centaines de personnes tuées par des tirs de soldats ou de colons, ainsi que pour des milliers de blessés tentant de se remettre des violences, sous le regard des forces israéliennes.

Nous avons récemment rendu visite à plusieurs blessés, chacun dans une zone différente de la Cisjordanie. À Hizma, à l’est de Jérusalem, trois personnes se remettent d’attaques récentes de colons. L’une d’elles est Ouda Ahmed Askar, 29 ans, ouvrier du bâtiment célibataire, dont la jambe a été pulvérisée par des balles, et qui est en convalescence chez son frère.


Ouda Askar, qui a été blessé à la jambe par des colons ce mois-ci.
Un ami est venu l’aider — et les colons ont tiré sur l’ami aussi, raconte Askar.

 Une attaque ciblée contre des bergers

L’incident a eu lieu le dimanche 29 juin. Sabrine, la sœur de 25 ans d’Ouda, emmenait les moutons de la famille au pâturage, accompagnée de sa nièce de 3 ans, Ibtisam. Leur troupeau, d’environ 100 têtes, est gardé dans un enclos en bordure de la ville, près d’une vallée appelée Biryat Hizma.

Alors qu’elles s’approchaient de la vallée, huit colons masqués, dont quatre armés de fusils et pistolets, ont surgi d’une colline voisine. Apparemment venus d’un avant-poste clandestin, ils ont pris position face à Sabrine et à l’enfant.

Sabrine a immédiatement envoyé un message WhatsApp à Ouda, lui demandant de venir d’urgence. Vingt proches et voisins l’ont suivi. Sabrine, fuyant la vallée avec sa nièce, a raconté qu’un des colons les avait menacées en arabe :
« Si vous revenez avec les moutons, on vous les confisque et on brûle l’enclos. »
Ils ont ajouté :
« On vous fera comme à Kafr Malik »,
faisant référence au pogrom du 25 juin, où trois Palestiniens ont été tués et de nombreux biens incendiés.

La vallée est rapidement devenue une zone de guerre. Les habitants jetèrent des pierres pour repousser les colons, qui menaçaient d’approcher les maisons et les enclos. Soudain, les colons ont ouvert le feu. À une distance de 50 mètres, ils ont tiré en rafale.

Ouda a été touché à la jambe droite. Un ami l’a aidé à fuir en voiture — mais lui aussi a été blessé par balle. Les deux hommes ont atteint une clinique à Hizma, où un troisième blessé, touché à l’épaule lors de la même attaque, venait aussi d’arriver. Tous trois ont été évacués à l’hôpital gouvernemental de Ramallah.


Des biens palestiniens vandalisés par des colons dans la vallée, ce mois-ci.
Après que les colons ont ouvert le feu, les habitants ont fui, et les colons ont incendié la propriété sans être inquiétés.

Entendant les tirs des colons, les Palestiniens ont fui en panique vers la ville.
Ni l’armée ni la police n’étaient présentes.
Le repli des habitants a permis aux colons de passer à leur deuxième activité favorite — après les tirs à balles réelles sur des Palestiniens — à savoir incendier les biens palestiniens.

Ils ont mis le feu à la ferme des Askar, située à la lisière de la vallée.
C’était une construction en bois colorée — comme on peut le voir sur les photos — où la famille venait se reposer en paix, au cœur de la nature. Elle était ornée de plantations décoratives et de pots de fleurs.
Il n’en reste plus rien aujourd’hui.

Ouda a subi deux opérations à la jambe et a été hospitalisé pendant huit jours.
Il commencera la rééducation le mois prochain ; en attendant, il est alité.
L’ami qui l’a secouru — et qui a demandé à rester anonyme — a lui aussi passé une semaine à l’hôpital.

Trois autres familles élargies vivaient à proximité de cette vallée jusqu’au début de la guerre à Gaza.
L’une d’elles a dû partir après la démolition de ses habitations par l’Administration civile (branche du gouvernement militaire israélien).
Les deux autres familles, terrorisées par les colons, se sont déplacées cinq kilomètres plus à l’est.

La vallée a été “nettoyée”.

 


Mohammed Askar. L’oliveraie familiale est divisée en deux parcelles : la famille n’a plus le droit d’approcher l’une, et l’autre a été arrachée par les colons.


Amer Aruri, chercheur de terrain pour l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem, a documenté six attaques de colons qui ont accéléré le nettoyage de la vallée.
La barrière de séparation, qui coupe les Palestiniens de 40 % de leurs terres depuis plus de vingt ans, a été accompagnée depuis le 7 octobre d’une hausse significative des attaques et accaparements par les colons près de Hizma, selon B’Tselem.

Les colons n’entrent pas dans la ville densément peuplée, à l’entrée de laquelle l’armée a récemment installé une barrière en acier jaune (ouverte cette semaine).
Mais ils se contentent d’expulser quiconque s’approche ou entre dans la vallée en bordure de Hizma — même sur ses confins les plus éloignés.

Retour à l’incident avec Ouda : une unité de l’armée est arrivée à la clinique où Ouda et son ami s’étaient rendus, mais ils étaient déjà à l’hôpital.
Un interrogateur du Shin Bet l’a appelé là-bas, mais Ouda était incapable de parler.
Depuis, il affirme n’avoir reçu aucune nouvelle des autorités israéliennes.

Un habitant local a raconté à Ouda qu’après sa fuite, l’armée est arrivée et un officier a déclaré :

« Les colons sont fous. On ne peut pas les arrêter. Ne vous frottez pas à eux et ne leur lancez pas de pierres. »

Nous nous sommes rendus sur les lieux de l’attaque avec Ali, le frère de 40 ans d’Ouda, père de quatre enfants, qui avait lui aussi participé à la défense du troupeau ce dimanche-là.
Il nous a également montré les ruines de maisons voisines, démolies ces dernières années par l’Administration civile.
Pendant ce temps, un nouveau quartier de tours est en construction non loin de là.
Les colonies d’Anatot (à l’est) et d’Adam (au nord) dominent les crêtes des collines environnantes.

Au cœur de la vallée, on aperçoit deux caroubiers isolés.
L’oliveraie des Askar y est divisée en deux :
la famille ne peut plus approcher l’une des parcelles depuis le début de la guerre ; l’autre a été arrachée par les colons.
Le reste de la vallée est rocailleux, désert, vallonné.
Le troupeau familial est toujours dans l’enclos — mais il est désormais impossible de l’emmener paître dans la vallée.

Le père d’Ouda, un homme barbu et expressif nommé Mohammed, affirme avoir « environ 70 ans ».
Combien d’enfants avez-vous ?, lui avons-nous demandé.
— Vingt.

Des bidons jaunes en plastique, utilisés pour apporter de l’eau aux moutons, sont éparpillés sur le sol.
Un chien de berger, attaché, montre les crocs et aboie sur notre passage.

Non loin de là, tout ce qui reste de la ferme des Askar, c’est de la poussière et des cendres.

Les colonies juives et la "barrière de séparation" (Mur de l'Apartheid), photographiée ici en 2007 lorsqu'elle était en construction, ont fait perdre aux habitants d'Hizma 60% de leurs terres