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20/02/2025

GIDEON LEVY
Il n’y a aucun pavé de la mémoire à Gaza pour honorer la mémoire des Palestiniens morts

Gideon Levy, Haaretz, 19/02/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans le quartier berlinois de Charlottenburg, a écrit Naama Riba (Haaretz en hébreu, mardi), il y a une rue avec des dizaines de Stolpersteine, ou pavés de la mémoire, de couleur dorée, incrustés dans le trottoir en mémoire des Juifs qui y ont vécu autrefois. Le droit d’Israël à exister, a fait valoir Riba, découle des événements que ces pierres commémorent.


Les « Stolpersteine », des “pierres sur lesquelles on trébuche”, commémorent les dernières résidences volontaires de Juifs tués par les nazis. Photo Markus Schreiber/AP Photo

En revanche, dans le quartier de Rimal, à Gaza, il ne reste plus de trottoirs, seulement une dévastation totale. L’hôpital Al-Shifa de la ville a également été détruit, ainsi que des immeubles d’habitation, des écoles et des hôtels. Il n’y a pas de « Stolpersteine » dorés à Rimal pour honorer la mémoire des centaines de ses résidents palestiniens tués pendant la guerre. Si de telles pierres existaient, elles pourraient témoigner de la lutte du peuple palestinien pour un État qui le protégerait.

Mais Riba est aveugle aux ruines de Rimal et de Gaza. Elle ne voit que la façon dont les Palestiniens traitent les personnes LGBTQ+. Dans son éditorial, elle critique trois auteurs de Haaretz : Hanin Majadli, Michael Sfard et moi-même, pour avoir remis en question la légitimité de l’existence d’Israël, un État dont la justification – affirme-t-elle – réside dans les pierres de la rue Giesebrecht à Berlin-Charlottenburg.

Je n’ai jamais remis en question le droit d’Israël à exister. Ce que je remets en question, en revanche, c’est son droit d’agir comme il le fait et de commettre les atrocités qu’il commet. Ce sont les actions d’Israël qui remettent en question sa légitimité.

Depuis un siècle, les Palestiniens subissent des persécutions, des dépossessions, des meurtres et des destructions incessants. Aucun meurtre, pas même celui de l’arrière-grand-père de Riba, tué par des Arabes alors qu’il se rendait à la synagogue de Haïfa, ne peut justifier cela.

16/02/2025

GIDEON LEVY
Si quelqu’un ne doit “ni oublier ni pardonner”, ce sont les Palestiniens

Gideon Levy, Haaretz, 16/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Une image vaut mille mots : des centaines de détenus et de prisonniers palestiniens qui ont été libérés samedi sont vus à genoux, en prison, portant des sweatshirts blancs avec une étoile de David bleue et les mots « nous n’oublierons pas et nous ne pardonnerons pas ». Israël les a ainsi contraints à devenir des bannières ambulantes du sionisme sous sa forme la plus méprisable. La semaine dernière, il s’agissait de bracelets portant un message similaire : « Le “peuple éternel” n’oublie jamais, je poursuivrai et trouverai mes ennemis ».


Des prisonniers palestiniens avec des sweatshirts portant le logo de l’administration pénitentiaire israélienne et la phrase « Nous ne pardonnerons ni n’oublierons », photo publiée samedi par l’administration pénitentiaire israélienne

Le chef de l’administration pénitentiaire israélienne, Kobi Yaakobi, s’est révélé être un rédacteur publicitaire douteux. Il n’y a rien de tel que ces images ridicules pour montrer à quel point la propagande d’un État moderne peut tomber bas. L’administration pénitentiaire voulait être Hamas, mais le Hamas réussit mieux que le service, du moins dans cette bataille pour gagner les esprits. On peut également dire qu’il est plus humain. Les captifs israéliens qui sont revenus samedi avaient meilleure mine que certains des prisonniers en sweatshirts bleus et blancs.

Aussi ridicules que soient ces images, on ne peut ignorer le message qu’Israël a choisi d’attacher aux corps des prisonniers libérés : Nous n’oublierons pas. Nous ne pardonnerons pas. Nous vous poursuivrons. Le message du Hamas était le suivant : le temps presse. Même s’il s’agit d’une propagande de bas étage, on ne peut pas ignorer le message. Il est immoral d’utiliser des prisonniers comme bannière de propagande ? Alors cela s’applique aussi à nous. Leur propagande parle de fin de guerre, la nôtre parle de poursuite et de guerre sans fin, menée par le “peuple éternel” qui n’oublie pas et ne pardonne pas.

Le monde, Israël compris, a oublié l’Allemagne nazie, le Vietnam a oublié les USA, les Algériens ont oublié la France et les Indiens ont fait de même avec la Grande-Bretagne - seul le “peuple éternel” n’oubliera jamais. C’est ridicule. Si quelqu’un ne doit un jour « ni oublier ni pardonner », ce sont les Palestiniens, après 100 ans de tourments, y compris les prisonniers qui ont été libérés samedi. Ils n’oublieront pas les conditions dans lesquelles ils ont été détenus, et certains ne pardonneront pas leur détention injustifiée, sans qu’aucun procès ait jamais eu lieu dans leur cas.

Samedi, l’émotion était à nouveau à son comble, et à juste titre. Trois nouvelles vies ont été arrachées à l’enfer. L’analyste militaire Canal 12, Nir Dvori, a expliqué aux Israéliens que la libération des otages était la preuve « de la résilience de la nation israélienne », sans préciser ce qu’il entendait par là. Pour les téléspectateurs qui ont subi un lavage de cerveau et qui sont fatigués, il n’était pas nécessaire de le faire. Il a suffi au philosophe Dvori de dire à quel point nous sommes beaux. Mais tandis que tous les yeux humides étaient tournés vers la base militaire de Re’im, premier point d’arrivée des otages, puis vers le centre médical de Sheba et l’hôpital d’Ichilov, où ils ont été emmenés, 369 autres détenus et prisonniers palestiniens ont été libérés, tous des êtres humains, exactement comme nos Sagui, Iair et Sasha.

Les caméras des médias étrangers se sont moins concentrées sur les Palestiniens, tandis que les caméras israéliennes les ont presque totalement ignorés. Après tout, ce sont tous des “meurtriers”. Aucun hélicoptère ne les a attendus pour les conduire à l’hôpital, et certains ont été immédiatement expulsés de leur pays. Une minorité d’entre eux avaient du sang sur les mains, les autres étaient des prisonniers politiques, des opposants au régime. La plupart d’entre eux étaient des habitants de Gaza qui ont été pris dans cet enfer. Il est peu probable que les centaines de Gazaouis libérés samedi aient tous levé la main sur un soldat des forces de défense israéliennes ou sur des habitants des communautés frontalières d’Israël.

Certains d’entre eux ont été enlevés à Khan Younès, tout comme des Israéliens ont été enlevés à Nir Oz. Mais aux yeux d’Israël, ils faisaient tous partie de la force Nukhba du Hamas. Ils étaient également attendus par des familles enthousiastes, tout aussi enthousiastes que les familles Dekel Chen, Troufanov et Horn. Elles aussi aiment leurs enfants.

Certains d’entre eux ne savaient pas ce qu’il était advenu de leurs proches depuis le début de la guerre, tout comme nos familles ne le savaient pas. Mais alors que nos familles, comme l’ensemble de la nation, étaient autorisées à se réjouir autant qu’elles le souhaitaient, guidées par les émissions de propagande israéliennes qui transforment toute célébration humaine en un festival d’endoctrinement à la nord-coréenne, les Palestiniens se sont vu interdire de se réjouir. À Jérusalem-Est et en Cisjordanie, toute manifestation de joie a de nouveau été interdite. Ils n’avaient pas le droit d’exprimer leur joie. Notre tyrannie est si cruelle qu’elle va jusqu’à contrôler leurs émotions.

À en juger par le traitement des prisonniers (palestiniens) et des otages (israéliens) - un indice très significatif - il est difficile de savoir quelle société est la plus humaine. Israël respecte-t-il davantage la convention de Genève que le Hamas ? Il ne peut plus le prétendre. Cette dure impression ne peut plus être corrigée, pas même avec des sweatshirts frappés d’une étoile de David bleue.

 

15/02/2025

GIDEON LEVY
Comment Israël réagirait-il si Trump appelait à la création de camps de la mort à Gaza ?

Gideon Levy,  Haaretz , 12/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Et si le président usaméricain Donald Trump suggérait la création de camps de la mort pour les habitants de la bande de Gaza ? Que se passerait-il alors ? Israël réagirait exactement comme il l’a fait à ses idées de transfert, avec extase à droite et indifférence dans le camp centriste.

Emad Hajjaj

Yair Lapid annoncerait qu’il se rendrait à Washington pour présenter un « plan complémentaire », comme il l’avait proposé pour le plan de transfert. Benny Gantz dirait que le plan fait preuve de « créativité, d’originalité et d’intérêt ». Bezalel Smotrich, dans son état d’esprit messianique, dirait : « Dieu a fait des merveilles pour nous et nous nous en réjouissons ». Benjamin Netanyahou remonterait dans les sondages d’opinion.

La question n’est plus hypothétique. Trump ne suggérera pas explicitement des camps de la mort, mais il a déjà consenti à ce qu’Israël poursuive une guerre qui n’en est pas une, mais plutôt une agression barbare sur une étendue de terre désolée. De là, le chemin vers l’anéantissement est court, et Israël ne bronchera pas. Trump l’a approuvé. Après tout, personne En Israël ne s’est levé pour dire au président des USA : « Merci pour vos idées, mais Israël ne soutiendra jamais l’expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza ».

Pourquoi donc être sûr que si Trump suggérait d’anéantir quiconque refuserait d’évacuer Gaza, Israël ne coopérerait pas avec lui ? Tout comme Trump a révélé le sentiment de transfert qui bat au cœur de presque tous les Israéliens, visant à résoudre le problème « une fois pour toutes », il pourrait encore révéler un élément plus sombre, le sentiment du « c’est nous ou eux ».

Ce n’est pas un hasard si un personnage sinistre comme Trump est devenu un guide pour Israël. Il est exactement ce que nous voulions et ce dont nous rêvions : un blanchisseur de crimes. Il pourrait bien s’avérer être le président usaméricain qui a causé le plus de dommages jamais infligés à Israël. Il y a eu des présidents avares en matière d’aide, d’autres acerbes envers Israël, voire menaçants. Mais jamais un président n’a entrepris de détruire les derniers vestiges de la moralité d’Israël. Désormais, tout ce que Trump approuvera deviendra la référence absolue pour Israël.

Trump pousse maintenant Israël à reprendre ses attaques contre la bande de Gaza, en imposant des conditions impossibles au Hamas : tous les otages doivent être libérés avant samedi midi, pas une minute plus tard, comme le fait la mafia. Et si seulement trois otages sont libérés, comme convenu ? Les portes de l’enfer s’ouvriront.

Elles ne s’ouvriront pas seulement à Gaza, qui a déjà été transformée en enfer. Elles s’ouvriront aussi en Israël. Israël perdra ses dernières limites. Trump a donné son autorisation. Mais Trump disparaîtra un jour. Il peut perdre tout intérêt avant cela, et Israël se retrouvera avec les dégâts qu’il a causés, des dégâts infligés par un État criminel et lépreux.

Aucune diplomatie publique ni aucun ami ne pourra le sauver s’il suit la voie de son nouvel oracle éthique. Aucune accusation d’antisémitisme ne réussira à faire taire le choc du monde si Israël se lance dans une nouvelle série de combats dans l’enclave.

On ne saurait exagérer l’intensité des dégâts. Le renouvellement des attaques contre Gaza, avec la permission et sous l’autorité de l’administration usaméricaine, doit être bloqué en Israël. Parallèlement à la campagne désespérée pour le retour des otages, une nouvelle campagne doit être lancée contre Trump et ses idées farfelues.

Cependant, non seulement il n’y a personne qui puisse mener une telle campagne, mais il n’y a personne qui puisse l’initier. Les seules batailles qui sont menées ici maintenant, pour les otages et pour le renvoi de Netanyahou, sont importantes, mais elles ne peuvent pas rester les seules.

La reprise de la « guerre » est le plus grand désastre auquel nous sommes maintenant confrontés, annonçant un génocide, sans plus de discussion sur les définitions. Après tout, à quoi ressemblerait une « guerre » aujourd’hui, si ce n’est à une attaque contre des dizaines de milliers de réfugiés qui n’ont plus rien ? Que signifiera l’arrêt de l’aide humanitaire, du carburant, des médicaments et de l’eau, si ce n’est un génocide ? Nous découvrirons peut-être que les seize premiers mois de la guerre n’étaient qu’un début, les cinquante mille premiers morts seulement un prélude.

Demandez à n’importe quel Israélien et il vous dira que Trump est un ami d’Israël, mais Trump est en réalité l’ennemi le plus dangereux d’Israël aujourd’hui. Le Hamas et le Hezbollah ne le détruiront jamais comme lui le fera.

 

 

08/02/2025

ALAIN CAMPIOTTI
Leyendo Haaretz

Alain Campiotti, Le Temps, 13-1-2025
Traducido por Michel Mujica

El autor es un periodista y escritor suizo, columnista en el diario Le Temps

En el turco. Es un restaurante banal, no lejos del aeropuerto Ben Gurion. ¿Por qué ir a comer allí? Porque el hijo, que hizo el servicio militar en la zona, pensó que el shawarma era sabroso. El otro día llevó allí a su padre, Gideon Levy. Las cosas salieron mal. Rápidamente se reunió una multitud alrededor de su mesa y los insultos volaron. Al hijo: “¡Que se joda la madre del que come con los nazis!” Al padre: “¡Eres un nazi porque te preocupas por los niños de Gaza!” A causa de la bronca, tuvieron que marcharse.

Gideon Levy es periodista de Haaretz, uno de los diarios más conocidos de Israel, conocido por sus investigaciones sobre el terreno entre los palestinos y sus despiadados comentarios contra el gobierno de Benyamin Netanyahu y los partidos que dominan la escena política israelí. También es probablemente el periodista más odiado e insultado del país. Sin embargo, este hijo de inmigrantes centroeuropeos era cualquier cosa menos un exaltado. Religioso y nacionalista acérrimo en su juventud, según él mismo afirma, llegó a ser portavoz de Shimon Peres, del Partido Laborista, antes de incorporarse a Haaretz, donde se convirtió en una voz resonante cuando el centenario diario pasó del liberalismo moderado a la crítica de los supremacistas y anexionistas que poco a poco se hacían con el poder en Israel.

Pero este Haaretz tan comprometido no es un órgano de propaganda: trabaja en profundidad. También está abierto a voces que lo desafían, como Israel Harel, colono radical y belicista sin complejos, o el historiador Benny Morris, que aboga constantemente por un ataque a gran escala contra Irán.

Tras el asalto masivo de Hamás el 7 de octubre de 2023, el periódico no vaciló en su denuncia de este horror y en su documentación de las masacres, torturas y violaciones que pudieron probarse. Pero cuando se desataron las represalias en Gaza y luego en otros lugares, puso el mismo celo en describir los abusos de esta guerra sin límites y sin piedad para los civiles, a pesar de los obstáculos de todo tipo. Un periodismo ejemplar y solitario, en la adversidad y el dolor.
En otro lugar, el periódico ofrece una descripción a gran escala, completa con mapas (antes y después) de las ciudades destruidas en Gaza y las tiendas de campaña que han sustituido a las casas, bajo la lluvia torrencial de este día de Año Nuevo para nosotros. Otro texto imagina a toda la población de Jerusalén, Tel Aviv y Haifa concentrada en la playa bajo las inclemencias del tiempo: ésta es la vida de los gazatíes que describe.
El otro sábado, Alain Finkielkraut, en Répliques, su programa de culto en la radio France Culture, abrió una especie de apasionada discusión talmúdica sobre este tema (y sobre el pensamiento de Emmanuel Lévinas). ¿Qué significa «pueblo elegido» para los judíos? Todos estuvieron de acuerdo en que sólo puede significar revelar a otros pueblos (el pueblo palestino, por ejemplo) su parte en la elección. Para los extremistas en el poder en Israel significa algo muy distinto. Para algunos de ellos (diputados), no hay ni un solo inocente entre los 2,3 millones de palestinos de Gaza. Se lo dice la Biblia: ante las trompetas de Josué, las murallas de Jericó se derrumbaron y sus habitantes fueron pasados a cuchillo, hombres, mujeres, niños, ancianos, bueyes, ovejas y burros. Un miembro no fanático de la Knesset se levantó para denunciar la «bajeza moral» de este «mesianismo mendaz, nacionalista, racista y fundamentalista que envenena y destruye el espíritu de Israel».
Cuando Gideon Levy salió el otro día del restaurante de shawarma cerca del aeropuerto Ben-Gurion con su hijo, que había sido ahuyentado a base de insultos, fue abordado en la calle por un joven. Era simpático. Le pidió al odiado periodista su bendición. Un tímido atisbo.

Así que me suscribí hace 400 días, para saber más. Es útil, o indispensable. El martes pasado, oí una noticia de diez segundos en una emisora de radio francesa: 51 gazatíes habían muerto durante el día. Miré a ver qué se decía aquí. No había nada. La guerra dura, uno se acostumbra a ella, y algunas muertes valen más que otras; en aquel momento sólo hablábamos de «Charlie», diez años después.

Con Haaretz, estamos en el meollo, con los ojos abiertos. ¿Le apetece? Por ejemplo, el 1 de enero, cuando estábamos de celebración. Ese día, el periódico llegaba al final de un completo reportaje sobre la «guerra contra la prensa» que, en su opinión, libraba el gobierno de Netanyahu, y no hablaba sólo de los 110 periodistas muertos en Gaza. Se ha puesto en marcha un boicot contra el diario rebelde: no más comunicaciones, no más publicidad, no más ingresos del Estado; un viejo plan puesto en marcha el día en que Amos Schocken, el propietario de Haaretz, hablaba en una conferencia en Londres sobre los «luchadores por la libertad palestinos a los que Israel llama terroristas».

El veterano de Haaretz Zvi Bar'el se pregunta por qué la población israelí ha asimilado tan silenciosamente lo que ocurre en Gaza: destrucción masiva y muerte; le recuerda, y mucho, a la Noche de los cristales rotos en Alemania en noviembre de 1938. Una columnista árabe del periódico lamenta cómo las víctimas de los bombardeos han quedado reducidas a estadísticas, mientras que los niños quedan sepultados bajo las ruinas, sus vidas olvidadas para siempre.

Este número de Haaretz habla, por supuesto, de la destrucción del hospital Kamal Adwan en Beit Lahia, justo al norte de Gaza. Poco después, este rudimentario hospital, el penúltimo de esta parte de la Franja, también fue mencionado en un debate del canal LCI, el menos despreciable de los canales franceses de noticias. David Pujadas y sus invitados intentan distinguir lo verdadero de lo falso en este asunto. Porque lo que viene de Gaza está bajo el control de Hamás, ya que el territorio está cerrado a los periodistas. ¿Y no serían  terroristas los pacientes a los que se ve salir con los brazos en alto? ¿Y el médico jefe hecho prisionero, el doctor Hossam Abu Safiya, que tenía un cargo en Hamás, no es otro terrorista? Por otro lado, está la descripción que hace Haaretz del asalto al hospital. Pero cuidao, este periódico es la oposición, es la izquierda…

Haaretz es muy citado en el mundo (la prueba...), pero en Israel es una voz débil: 5% de la audiencia. Gran parte del resto de los medios de comunicación se alinean con la retórica de la venganza y la guerra total desde el 7 de octubre de hace 2 años: los pacientes de Kamal Adwan son terroristas, el médico es un combatiente. En este paisaje, Haaretz es un tenue faro de ética antibelicista. La ética...

Esto es también lo que escribe Haaretz todos los días. Pero frente a esta débil voz, está la realidad del poder sin parangón del ejército de Israel, alimentado sin cesar por sus aliados occidentales, de la victoria total y la obliteración de Jericó, de Palestina. El periódico acaba de revelar que está a punto de alcanzarse un acuerdo con Arabia Saudí para un arreglo regional cuyas migajas para los palestinos, si es que alguna vez obtienen alguna, no serán más que la humillación de sus aspiraciones. La lucha de Haaretz se verá entonces como lo que es: heroica, trágica, perdida.

Gran parte del resto de los medios de comunicación se alinean con la retórica de la venganza y la guerra total.

03/02/2025

GIDEON LEVY
Las tropas israelíes de ocupación revisan ahora los teléfonos de los palestinos. Cualquier contenido ‘prohibido’ provoca abusos

 Gideon Levy & Alex Levac, Haaretz1-2-2025
Traducido por Fausto GiudiceTlaxcala

Los testimonios no dejan lugar a dudas: hay un nuevo tipo de censura militar israelí en Al Jalil/Hebrón


Ayman Yabbar, a la izquierda, con su hermano Omar, que dice: “Todo el barrio está pasando por esto, todo el mundo lo experimenta casi todos los días”

Se ha añadido una nueva y original tarea a las muchas asignadas a las fuerzas de la ocupación: la censura militar. De hecho, los soldados de las Fuerzas de Defensa de Israel en los puestos de control de Hebrón funcionan ahora efectivamente como censores.

Hace tres semanas, relatamos en estas páginas la historia de Fatma Yabbar, madre de siete hijos y voluntaria de la organización israelí de derechos humanos B’Tselem, que fue sometida a golpes y humillaciones por las tropas israelíes en Hebrón porque su teléfono contenía un vídeo de un soldado de las FDI maltratando a un palestino con necesidades especiales. Esta semana se ha sabido que tales abusos no eran excepcionales, sino una conducta habitual y rutinaria.

En los últimos meses, los soldados han estado revisando el contenido de los teléfonos móviles de los palestinos que pasan por los puestos de control peatonal que dan acceso al barrio H2 de Hebrón, y sometiendo a muchos de ellos a malos tratos. Cada texto, imagen o videoclip que disgusta a los soldados conlleva inmediatamente un interrogatorio, una detención y/o una paliza.

Según la investigadora de campo de B’Tselem en la ciudad, Manal Yabari, alrededor del 70% de las decenas de miles de residentes palestinos de ese barrio -en el que viven menos de 1.000 colonos y que está bajo control militar israelí- han sufrido abusos porque sus teléfonos contenían algún tipo de contenido ostensiblemente prohibido.

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Quizá las imágenes procedían de un noticiario de la televisión israelí, o había una imagen de soldados o colonos que circulaba por las redes sociales palestinas, o había fotos de un palestino armado que se hicieron virales.

02/02/2025

GIDEON LEVY
À Al Khalil, les troupes israéliennes d’occupation fouillent désormais les téléphones des Palestiniens. Tout ce qui est “interdit” provoque des abus

 

Gideon Levy Alex Levac Haaretz 1/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Les témoignages ne laissent aucune place au doute : il y a une nouvelle forme de censure militaire israélienne à Al Khalil/Hébron


Ayman Jabbar, à gauche, avec son frère Omar, qui déclare : « Tout le quartier vit ça, tout le monde en fait l'expérience presque tous les jours ».

Une tâche nouvelle et originale a été ajoutée aux nombreuses missions confiées aux forces d'occupation : la censure militaire. En effet, les soldats des Forces de défense israéliennes qui se trouvent aux points de contrôle à Hébron font désormais office de censeurs.

Il y a trois semaines, nous avons relaté dans ces pages l'histoire de Fatma Jabbar, mère de sept enfants et bénévole pour l'organisation israélienne de défense des droits humains B'Tselem, qui a été soumise à des coups et à des humiliations par les troupes israéliennes à Hébron parce que son téléphone contenait un clip montrant un soldat des FDI en train de maltraiter un Palestinien à besoins spécifiques. Cette semaine, il est apparu qu'un tel abus n'était pas exceptionnel, mais qu'il s'agissait d'un comportement régulier et routinier.

Depuis quelques mois, des soldats vérifient le contenu des téléphones portables des Palestiniens qui passent par les points de contrôle pour piétons menant au quartier H2 d'Hébron, et soumettent nombre d'entre eux à des mauvais traitements. Chaque texte, image ou clip vidéo qui déplaît aux soldats entraîne immédiatement un interrogatoire, une détention et/ou des coups.

Selon Manal Jabari, chercheuse de B'Tselem sur le terrain, environ 70 % des dizaines de milliers de résidents palestiniens de ce quartier - qui abrite moins de 1 000 colons et se trouve sous contrôle militaire israélien - ont été victimes d'abus parce que leur téléphone contenait un contenu manifestement interdit.

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Les images proviennent peut-être d'un journal télévisé israélien, ou bien une image de soldats ou de colons a circulé sur les médias sociaux palestiniens, ou encore des photos d'un Palestinien armé sont devenues virales.

L'histoire d'Omar et d'Ayman Jabbar (sans lien de parenté avec Fatma), deux frères âgés respectivement de 41 et 30 ans, illustre de manière frappante la nouvelle réalité. Les deux frères sont handicapés. Ayman souffre d'une maladie musculaire dégénérative, Omar a une plaque de platine dans la jambe à la suite d'un accident. Mais les soldats ne se soucient apparemment pas le moins du monde de leur état. Omar a été malmené par les troupes à deux reprises au cours de la même semaine, début janvier, et a dû être hospitalisé. En tout état de cause, les troupes déployées à Hébron n'ont probablement jamais entendu parler des droits humains, du droit à la vie privée ou de la liberté d'expression. Et c’est certainement aussi le cas des troupes qui tiennent les points de contrôle et qui considèrent qu'elles ont le droit de faire ce qu'elles veulent aux résidents palestiniens.


Hébron, l'année dernière

Nous avons rencontré les deux frères la semaine dernière dans le bureau du Human Rights Defenders Fund à Hébron, qui se trouve au-dessus du poste de contrôle à l'entrée de la rue Shuhada, située dans le vieux marché. Deux femmes qui se trouvaient à proximité nous ont raconté qu'elles rentraient chez elles et qu'elles attendaient depuis plus d'une demi-heure de pouvoir passer. Les soldats étaient occupés à autre chose, bien sûr.

Omar Jabbar, marié et père de quatre enfants, enseigne les mathématiques à l'école primaire Al-Amari pour garçons à Hébron. Ayman gère un commerce de vêtements en ligne. Le lundi 6 janvier, Omar est rentré de l'école et a appelé son frère pour organiser leur rencontre. Ayman l'a informé qu'il était détenu au poste de contrôle du quartier d'A-Ras. Omar s'est précipité sur place et a lui aussi été placé en détention.

Omar a reçu l'ordre de mettre les mains derrière le dos, puis les soldats ont commencé à vérifier ses messages WhatsApp. De quel droit ? Par quelle autorité ? Ce sont des questions qui ne se posent pas à Hébron. Ils lui ont ordonné de s'agenouiller ; il a tenté d'expliquer qu'il avait une plaque de platine dans la jambe et qu'il ne pouvait pas vraiment le faire. Le soldat lui rétorque : « Je m'en fous complètement ».

L'instituteur a été retenu pendant deux heures pénibles sur le sol du poste de contrôle, avant d'être emmené dans un bureau, où il a été menotté et placé dans la jeep blanche de l'armée, devenue un symbole pour la population palestinienne. Nous entendons sans cesse parler de cet effrayant véhicule blanc qui emmène les gens.

Omar a été emmené dans un terrain vague et on lui a ordonné de se mettre à genoux. Un soldat a pointé un fusil sur sa tête et a menacé de l'abattre. Quelques soldats lui ont donné des coups de pied, d'autres l'ont maudit et l'ont forcé à répéter leurs cris en hébreu : « Am Yisrael chai » (le peuple d'Israël vit), « Netanyahu melech Yisrael ! » (Netanyahou, roi d'Israël) - et de maudire le Hamas. Lorsque nous lui avons demandé de répéter les malédictions, il a demandé à Jabari, la chercheuse de terrain de B'Tselem, de quitter la pièce pour qu'elle ne les entende pas.

Vers 18 h 30, les soldats ont jeté Omar à côté du poste de police de Kiryat Arba, la colonie urbaine qui jouxte Hébron, lui ont rendu son téléphone et lui ont ordonné de ne jamais rien enregistrer dessus. Son frère a été relâché avec lui.


Omar Jabbar à Hébron cette semaine

Pour sa part, Ayman raconte qu'il a quitté son domicile ce matin-là vers 9 heures et qu'il a été arrêté à A-Ras. Les troupes ont pris son téléphone et sa carte d'identité. Il a essayé de leur dire qu'il souffrait d'une maladie dégénérative, ce qui est assez visible, et leur a montré des documents à cet effet, mais en vain. Les soldats ont apparemment trouvé dans son téléphone une image d'un Palestinien armé qui a circulé sur les médias sociaux.

Les yeux bandés et menottés, Ayman a été emmené à un poste des FDI dans le quartier de Givat Harsina à Kiryat Arba. On lui a retiré sa chemise et, alors qu'il tremblait de froid, on l'a forcé à s'asseoir sur un banc en fer. Il se souvient d'avoir été poussé et d'être tombé. Au bout d'un moment, il s'est senti mal et a dit à ses ravisseurs : « Tuez-moi ». Il a commencé à perdre connaissance et lorsqu'il a demandé aux soldats de desserrer un peu les menottes, ils les ont serrées encore plus fort. Comme pour Omar, ils l'ont forcé à chanter « Am Yisrael chai » et diverses béné[malé]dictions, avant de le relâcher quelques heures plus tard près du poste de police de Kiryat Arba.

Les frères Jabbar ont eu du mal à se remettre de cette épreuve. Une semaine plus tard, le 13 janvier, vers midi, Omar et son neveu de 12 ans, Yazen, sont arrivés au poste de contrôle d'Al-Rajbi (Beit Shalom) dans le quartier H2. Braquant leurs armes sur eux, les soldats leur ont ordonné d'enlever leurs manteaux et de baisser leurs pantalons. L'enseignant a refusé, mais a dû s'exécuter après que le soldat l'a menacé de lui tirer dessus. On lui a de nouveau pris son téléphone, puis on l'a menotté. Il a été traîné sur le sol et a reçu des coups de pied, raconte-t-il. Un sac en plastique a été placé sur sa tête, de sorte qu'il pouvait à peine respirer. Entre-temps, Yazen a été relâché.

Une fois de plus, l'effrayante jeep blanche s'est arrêtée ; une fois de plus, Omar a été poussé à l'intérieur. Il se souvient d'avoir été frappé à la tête avec un talkie-walkie et d'avoir été emmené dans une pièce où des soldats parlaient à la radio ; certains passaient et lui criaient des insultes à l'encontre du Hamas, tandis que d'autres le frappaient. Vers 16h30, il a entendu une conversation avec le bureau de coordination et de liaison palestinien, au cours de laquelle les soldats ont été informés qu'il était handicapé. Il a continué à subir des violences jusqu'à l'arrivée d'un agent du service de sécurité du Shin Bet, qui lui a montré une image de son téléphone portable montrant un Palestinien tenant un fusil.

L'agent lui a demandé : « Tu sais qui c'est ? » Omar a répondu que la photo avait été prise sur un site d'information arabe et qu'elle avait circulé sur les médias sociaux palestiniens.

Il a ensuite été conduit au poste de Givat Harsina, où se trouvaient des soldats et deux colons en civil. Les colons ont commencé à le frapper, mais les soldats les ont arrêtés - et ont continué à le frapper eux-mêmes. Ils ont ensuite emmené Omar au poste de contrôle de Givat Ha'avot, à Kiryat Arba, et lui ont dit de se casser vite fait bien fait – « Je compte jusqu'à 4 et ensuite je tire », lui a aboyé un soldat.


Hébron en 2023 Photo : Moti Milrod

Omar a fait de son mieux pour s'enfuir, bien que ses mains soient encore liées et qu'il ait mal à la jambe. Entrant dans une ruelle voisine, il a donné un coup de pied à la porte d'une maison. Les occupants l'ont libéré de ses entraves et ont appelé sa famille pour qu'elle vienne le chercher et l'emmène à l'hôpital Alia, situé à proximité. Le médecin de garde, le Dr Ahmad Zayn, a écrit sur le formulaire de sortie qu'Omar souffrait d'hémorragies aux jambes et à l'estomac à la suite des coups qu'il avait reçus.

L'unité du porte-parole des FDI a déclaré cette semaine en réponse à la question de Haaretz sur les deux événements : « Dans le cadre du protocole de contrôle de sécurité de routine, lors du passage des points de contrôle, les forces ont retardé un suspect à la suite de photos d'armes et de soldats des FDI enregistrées dans son téléphone portable. Le suspect a été convoqué pour poursuivre son interrogatoire dans un poste de police. Nous insistons sur le fait qu'à aucun moment nos forces n'ont eu recours à la violence ».

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Il est important de souligner ici que nous avons demandé au porte-parole pourquoi les deux frères Jabbar avaient été détenus, mais l'armée a choisi de ne répondre que pour un seul “suspect”.

Un chroniqueur usaméricain qui nous accompagnait le jour de notre visite a demandé à Omar quel était le but d'un tel comportement.

« L’humiliation », a-t-il répondu. « Des pressions sont exercées sur nous pour que nous quittions la ville. Tout le quartier vit cela, tout le monde en fait l'expérience presque tous les jours. Un jour, je raconterai ça à mes petits-enfants ».

27/01/2025

L'autre Grand absent d’Auschwitz

Il y a eu ce 27 janvier un autre grand absent que la Russie aux cérémonies de célébration du 80ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz par l’Armée rouge. Ci-dessous le commentaire de Gideon Levy sur cette absence, publié le 23 décembre dernier


D’Auschwitz à Gaza, avec une escale à La Haye

Gideon LevyHaaretz , 23/12/2024
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Benjamin Netanyahou ne se rendra pas en Pologne le mois prochain pour la principale cérémonie marquant le 80e anniversaire de la libération du camp de la mort d’Auschwitz, car il craint d’être arrêté sur la base du mandat émis à son encontre par la Cour pénale internationale de La Haye.

Cette ironie amère et peu subtile de l’histoire fournit une confluence surréaliste qui était presque inimaginable jusqu’à présent : il suffit d’imaginer le premier ministre atterrissant à Cracovie, arrivant à l’entrée principale d’Auschwitz et étant arrêté par la police polonaise à l’entrée, sous le slogan « Arbeit macht frei » (« Le travail libère ») ; il suffit de considérer que de tous les personnages et pays, c’est le premier ministre d’Israël qui est empêché d’assister à la commémoration des membres de son peuple en raison de la menace du droit international qui plane au-dessus de sa tête. Le chancelier allemand, oui ; Netanyahou, non.

Il y a 80 ans, la libération d’Auschwitz aurait semblé être l’événement le plus insensé que l’on puisse imaginer. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a 80 ans, les Juifs ont eu le choix entre deux héritages : « Plus jamais les Juifs ne seront confrontés à un danger similaire », ou « Plus jamais personne dans le monde ne sera confronté à un danger similaire ». Israël a clairement choisi la première option, avec un ajout fatal : Après Auschwitz, les Juifs sont autorisés à faire n’importe quoi.

Au cours de l’année écoulée, Israël a appliqué cette doctrine comme jamais auparavant. Un premier ministre qui a évité une cérémonie à Auschwitz en est peut-être l’illustration la plus flagrante. Le fait que, de tous les endroits du monde, Auschwitz soit le premier où Netanyahou craint de se rendre, relève du symbolisme et de la justice historique.

D’autres chefs d’État assisteront à la cérémonie, mais pas Netanyahou. Il est recherché par le tribunal - qui a été créé à la suite des événements d’Auschwitz - car il est soupçonné de crimes de guerre qui, à une vitesse alarmante, ressemblent de plus en plus aux crimes d’Auschwitz.

La distance entre Auschwitz et Gaza, avec une escale à La Haye, est encore énorme, mais on ne peut plus soutenir que la comparaison est absurde.

Après avoir lu le rapport cauchemardesque de Yaniv Kubovich sur ce qui se passe dans le couloir de la mort à Netzarim, on se rend compte que cette distance se réduit de jour en jour.

Il a toujours été tabou de comparer quoi que ce soit à l’Holocauste, et à juste titre. Il n’y a jamais rien eu de comparable. Les pires crimes de l’occupation [sionistes des territoires depuis 1967, NdT] pâlissent en comparaison des crimes d’Auschwitz.

De plus, cette comparaison a toujours laissé Israël blanc comme neige et ses accusateurs comme des antisémites : après tout, il n’y a pas de camps de la mort à Gaza, de sorte que chaque accusation peut être facilement réfutée. Il n’y a pas de camps de la mort, donc les FDI sont l’armée la plus morale au monde. Il n’y aura jamais de camps de la mort à Gaza, et pourtant les comparaisons commencent à se faire entendre sous les décombres et les charniers.

Lorsque les Palestiniens de Gaza savent que là où rôdent des meutes de chiens errants, il y a des cadavres humains mangés par les chiens, les souvenirs de l’Holocauste commencent à remonter à la surface.

Lorsque, dans la bande de Gaza occupée, il existe une ligne imaginaire de la mort et que quiconque la franchit est voué à la mort, même un enfant affamé ou handicapé, le souvenir de l’Holocauste commence à se faire entendre.

Et lorsque le nettoyage ethnique est mené dans le nord de Gaza, suivi de signes évidents de génocide dans toute la bande, la mémoire de l’Holocauste gronde déjà.

Le 7 octobre 2023 apparaît de plus en plus comme un tournant fatidique pour Israël, bien plus qu’il n’y paraît actuellement, semblable seulement à sa calamité précédente, la guerre de 1967, qui n’a pas non plus été diagnostiquée à temps. Lors de la guerre des Six jours, Israël a perdu son humilité, et le 7 octobre, il a perdu son humanité. Dans les deux cas, les dommages sont irréversibles.

Entre-temps, nous devons considérer l’occasion historique et absorber sa signification : une cérémonie commémorant le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz, les dirigeants mondiaux marchent en silence, les derniers survivants vivants marchent à leurs côtés, et la place du premier ministre de l’État qui a surgi des cendres de l’Holocauste est vacante.

Elle est vacante parce que son État est devenu un paria et parce qu’il est recherché par le tribunal le plus respecté qui juge les criminels de guerre. Il convient de sortir un instant la tête du scandale Hanni Bleiweiss et de laffaire Feldstein: Netanyahou ne sera pas à Auschwitz, parce qu’il est recherché pour crimes de guerre.


L’artiste norvégien Rune Furelid a provoqué un scandale lorsqu’il a exposé cette œuvre à  Ålesund il y a quelques mois. La citation à côté de Bibi « Faites aux autres ce que les autres vous font » est un détournement d’une phrase de l’Évangile selon Mathieu, "tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes" (7:12 est devenu 7:10 en référence au 7 octobre)

26/01/2025

GIDEON LEVY
Kitsch et mensonges pour le retour des 4 “otages”
L'illusion israélienne de la grande “unité nationale”

Gideon Levy, Haaretz , 24/1/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Non seulement les quatre soldates enlevées sont rentrées chez elles samedi, mais le pays tout entier est revenu à lui-même, à son autoglorification, à son unité trompeuse, à ses fausses célébrations de victoire, à ses sentiments de supériorité, à l’ultranationalisme et à l’incitation à la violence.


La joie personnelle émouvante des membres des familles et des amis, dont le monde s’est effondré au cours de l’année écoulée, s’est transformée en un carnaval national démesuré. Nous nous y étions déjà habitués, mais samedi, nous nous sommes injecté une overdose de kitsch et de mensonges.

Après plus d’une année épouvantable, il est facile de comprendre le besoin d’être heureux, ne serait-ce qu’un instant, voire le besoin de s’enorgueillir et de se féliciter. Mais la célébration de samedi est allée bien au-delà. Comme si la joie naturelle du retour des soldates ne suffisait pas, il a fallu la couvrir de mensonges. Le besoin de propagande et d’incitation, précisément en ce jour de grande joie nationale, atteste du fait que quelque chose de mauvais bouillonne sous le couvert des embrassades, des baisers et des larmes partagés avec Karina, Naama, Daniella et Liri.

On nous a menti samedi. Le mensonge de la victoire totale sur le Hamas a volé en éclats, à la vue d’un Hamas organisé, ordonné et armé, souverain de Gaza, organisant une cérémonie de libération avec une scène et quelques figurants. Si victoire il y a eu samedi, c’est celle d’une organisation qui, après 16 mois de frappes aériennes, de tueries et de destructions, s’est relevée de ses cendres et de ses ruines, toujours debout, vivante et en pleine forme.

On nous a dit que cette organisation était nazie, cruelle, monstrueuse, démoniaque - non seulement dans les discours excités de la rue, mais aussi par les plus grands présentateurs de télévision, la voix d’Israël et ceux qui arrangent la réalité. La réalité, comment dire, était quelque peu en contradiction avec ces déclarations.

La compétition entre les présentateurs de télévision pour savoir qui pouvait le plus vilipender le Hamas dans leurs studios était en contradiction grotesque avec le spectacle réconfortant et relativement encourageant des femmes libérées de leur captivité. Elles se tenaient droites, distribuaient des sourires, tenaient des sacs contenant des souvenirs qui leur avaient été donnés par leurs ravisseurs.

Elles n’avaient pas du tout la même allure que les détenus palestiniens à leur libération, dont certains au moins ont l’air de véritables épaves. On peut supposer qu’à l’avenir, nous assisterons à des scènes plus dures de libération d’otages israéliens, et il est évident qu’il ne faut pas prendre à la légère les souffrances endurées par les soldates libérées, mais ce n’est pas à ça que ressemblent des personnes libérées par des nazis.

Regardez-nous, comme nous sommes beaux, comme nous sanctifions la vie. Nous sommes prêts à payer n’importe quel prix pour libérer nos otages. Cette perception de soi contraste avec la vérité persistante et contrariante selon laquelle la cérémonie de samedi aurait pu avoir lieu il y a huit mois, peut-être dans les jours qui ont suivi le 7 octobre. L’affirmation selon laquelle eux sanctifient la mort et nous la vie est peut-être le plus vil des mensonges.

Après 50 000 morts, pour la plupart d’innocents, causées par les forces de défense israéliennes, , il est inutile de gaspiller des mots sur cette idée. Israël sanctifie à peine la vie de ses propres fils - avec plus de 800 soldats morts au combat, on peut en douter - et ne sanctifie définitivement pas la vie d’un quelconque être humain.

Rien n’est moins cher en Israël que la vie d’un Palestinien, en temps de guerre comme au quotidien. Demandez à Gaza quelle valeur les soldats et les pilotes israéliens attribuent à la vie humaine. Ceux qui ont systématiquement détruit tous les hôpitaux de Gaza, tiré sur les ambulances et tué des centaines de secouristes n’ont pas sanctifié la vie, mais l’ont écrasée.

La solidarité a également été falsifiée ad nauseam samedi. Un ruban jaune sur une voiture n’est pas de la solidarité. Les Israéliens se soucient les uns des autres ? C’est une plaisanterie. Parcourez les autoroutes, faites la queue, considérez la falsification massive des documents d’invalidité. Ce n’est pas de la solidarité ou de l’attention réciproque, c’est le règne des puissants ; c’est chacun pour soi, et aucune parole noble ne peut cacher cette réalité.

Samedi, Israël a célébré le retour de quatre otages. La joie était sincère, émouvante et générale. Mais le maquillage était de mauvaise qualité, les accessoires bon marché et le kitsch rappelait Bollywood. Avec un peu plus de vérité et moins de mensonges, cette célébration aurait pu être beaucoup plus complète.


25/01/2025

GIDEON LEVY
Khalida Jarrar : lorsque cette otage a été libérée cette semaine, (presque) tout le monde en Israël s’en est foutu

Après avoir été détenue cinq fois, dont quatre sans même avoir été jugée, Khalida Jarrar, députée palestinienne chevronnée, a été libérée de sa prison israélienne dans le cadre de la première étape de l’accord sur les otages. Khalida Jarrar a elle aussi été prise en otage ; elle a été arrachée de force à son domicile et emprisonnée sans aucune charge.

Jarrar, après sa libération cette semaine. Photo Alex Levac

Gideon Levy  & Alex Levac, Haaretz , 24/1/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Deux images postées ensemble sur les réseaux sociaux cette semaine racontent toute l’histoire : L’une concerne la libération de l’ancienne prisonnière Khalida Jarrar, dans la banlieue de Ramallah, tôt lundi matin ; l’autre concerne les trois femmes otages israéliennes qui ont été libérées dans la bande de Gaza la veille au soir.

Face à l’émotion et à la joie émanant de l’image des trois Israéliennes, Romi Gonen, Emily Damari et Doron Steinbrecher, la photo de la Palestinienne libérée est déchirante. Les images affichées d’elle avant sa dernière incarcération de 13 mois racontaient également l’histoire d’une femme qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Certaines connaissances ne la reconnaissaient même pas sur la photo de cette semaine.

La couverture médiatique a également raconté l’histoire : c’était pratiquement un festival de libération pour les otages israéliennes, avec une couverture interminable en direct ici et à l’étranger, des images fixes et vidéo de joie et d’allégresse - comparée à la sombre libération de Jarrar, aux petites heures d’un matin glacial, non loin d’une prison de Cisjordanie, qui n’a suscité pratiquement aucun intérêt de la part des médias locaux et une maigre couverture de la part des médias internationaux.

Mme Jarrar, qui fêtera ses 62 ans le mois prochain, a été libérée après avoir été jetée en prison, en détention administrative, c’est-à-dire sans procès, comme lors de quatre des cinq incarcérations précédentes qu’elle avait subies. Mais quiconque a suivi le sort de cette combattante palestinienne déterminée - la première prisonnière palestinienne, une prisonnière politique à tous égards - qui n’a jamais été condamnée pour avoir perpétré une quelconque violence, n’a pu s’empêcher de remarquer les différences : Jarrar n’avait jamais eu l’air aussi bouleversée après sa libération. Les changements illégaux et inhumains apportés aux conditions de détention des Palestiniens arrêtés ou détenus après le 7 octobre, et sous la direction du ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, ont laissé leur marque sur elle, comme sur chaque détenu·e palestinien·ne dans un établissement israélien.

Khalida Jarrar à sa libération après 13 mois de détention dans une prison israélienne. L’ombre d’elle-même. Photo Leo Correa/ AP

Khalida Jarrar a elle aussi été une otage. Elle a été arrachée de force à son domicile et emprisonnée sans qu’aucune charge ou accusation n’ait été formellement retenue contre elle, si ce n’est le fait d’être Palestinienne et opposante au régime d’occupation. La lutte pour sa libération a été menée à une échelle limitée ; il est inutile de songer à la comparer aux campagnes mondiales visant à accélérer la libération de nos otages. Les présidents usaméricains et les grands d’Europe n’ont jamais rencontré le mari de Jarrar ; la fille du couple n’a jamais été invitée à s’adresser au Conseil de sécurité des Nations unies pour réclamer la libération de la prisonnière. Dans le cas des otages comme dans celui de Jarrar, la Croix-Rouge internationale n’a pas été autorisée à rendre visite aux otages, pas plus que leurs familles, bien entendu. Aujourd’hui, avec la libération de Jarrar dans le cadre de la première étape de l’accord sur les otages - ainsi que celle de 89 autres prisonniers palestiniens, dont une grande majorité de femmes - certains pourraient tenter de comparer les conditions d’incarcération dans les tunnels du Hamas à Gaza à celles des cellules humides des prisons de Neve Tirtza et de Damon.

Une demi-journée après sa libération, Jarrar semblait déjà rajeunie, comme si elle était presque redevenue elle-même malgré les tourments qu’elle avait endurés. Lundi en fin d’après-midi, un flot de Palestiniens a afflué dans la vaste salle de banquet de l’église catholique de la vieille ville de Ramallah pour saluer Jarrar à l’occasion de sa liberté retrouvée. Elle se tenait à l’entrée de la salle avec son mari, Ghassan, et, portant un masque chirurgical en raison de sa santé fragile, elle a embrassé et serré la main des milliers de personnes présentes. Toutes les personnes présentes étaient envahies par l’excitation et la joie.

Tous ceux qui se sont déchaînés cette semaine contre le député Ayman Odeh (Hadash-Ta’al), pour avoir osé exprimer sa joie à l’occasion de la libération des otages des deux camps, sont contaminés par le fascisme : il est à la fois permis et nécessaire de se réjouir de la libération de Jarrar, sans que cela n’affecte le moins du monde la joie que procure la libération de Gonen, Damari et Steinbrecher. Elle et elles méritent bien la liberté qu’elles ont retrouvée. Leur joie devrait être une expérience humaine transcendante.

La salle de Ramallah m’a fait penser à une autre salle, celle d’une église protestante de Ramallah, où, il y a trois ans et demi, Ghassan Jarrar était le seul parent présent aux funérailles de l’une de ses deux filles, Suha, décédée subitement à l’âge de 31 ans. Ce jour-là, des milliers de personnes sont venues présenter leurs condoléances au père endeuillé, mais Israël n’a pas autorisé la mère, Khalida, qui était également en prison à l’époque, à assister aux funérailles. À l’époque, Ben-Gvir n’était pas encore sur la photo : c’est le représentant du camp supposé éclairé, Omer Bar-Lev (travailliste), ministre de la sécurité publique (comme on appelait alors ce portefeuille), qui a empêché Jarrar d’être présente.

En effet, au cours de chacune de ses cinq incarcérations, un membre de la famille proche de Jarrar est décédé, et elle n’a été autorisée à accompagner aucun d’entre eux dans son dernier voyage. Dans l’église catholique, cette semaine, l’atmosphère était radicalement différente de ces occasions : il y avait enfin une vraie joie, même si elle était contenue et teintée de douleur. Jarrar était de nouveau chez elle.

Dans un coin de la salle, alors que la foule s’agite, Ghassan décrit ce que sa femme a subi, alors même qu’elle continue à serrer des mains au milieu d’une scène qui ressemble à une sorte de réception de la fête de l’indépendance. Ancien prisonnier lui-même, il a accompagné les luttes et les incarcérations de sa femme avec un amour et un soutien sans bornes, et il avait l’air d’un jeune marié le jour de ses noces. Tout son corps rayonnait de bonheur, même si sa femme faisait preuve d’une certaine retenue.

Khalida Jarrar a été placée en détention le 26 décembre 2023, deux mois après le début de l’offensive terrestre dans la bande de Gaza, dans le cadre des arrestations massives et indiscriminées auxquelles Israël procédait également en Cisjordanie. Son interrogatoire a été bref. Après tout, qu’y avait-il de plus à demander après tous les interrogatoires précédents ? Jarrar, qui a été légalement élue à l’Assemblée législative palestinienne et n’a jamais été condamnée pour autre chose que « l’appartenance à une association illégale » - sous un régime où toute association palestinienne est illégale - a de nouveau été enlevée à son domicile de Ramallah.

Elle a d’abord été incarcérée à la prison de Damon, avec d’autres femmes détenues pour des raisons de sécurité, mais le 12 août 2024, l’administration pénitentiaire a décidé de la punir, d’abord sans aucune explication, en la plaçant à l’isolement, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Pour cela, elle a été transférée à Neve Tirtza, qui héberge des femmes criminelles, et non des détenues de sécurité.

Ghassan, qui est presque devenu avocat à la suite des nombreuses arrestations de sa femme, a expliqué à l’époque qu’avant d’imposer l’isolement, la loi exige qu’une audience soit organisée pour le détenu afin qu’il puisse se défendre. L’audience de Khalida n’a eu lieu que le 19 septembre, soit 37 jours après qu’elle a été coupée du monde, ce qui n’est pas tout à fait conforme au protocole. Selon l’explication donnée ce jour-là, quelques détenues avaient témoigné qu’elle avait tenté de les pousser à se rebeller contre les autorités pénitentiaires. D’où l’isolement.

Les conditions : une cellule de 2,5 x 1,5 mètres, un lit en béton avec un mince matelas, une couverture et demie, selon Ghassan, pour lutter contre le froid hivernal ; des toilettes sans porte, pas d’eau la majeure partie de la journée, pas d’ouverture, pas même une fente. À un moment donné, Ghassan nous a dit que l’avocate de Khalida lui avait dit que sa femme malade s’allongeait souvent à côté de la porte, essayant de respirer un peu d’air frais à travers l’espace étroit entre la porte et le sol.


Ghassan, le mari de Khalida Jarrar, à droite, avec son frère. Photo Alex Levac

« Je n’ai pas d’air à respirer », a dit Khalida à son avocate - un commentaire qui a pris une certaine importance mythologique, devenant un hashtag sur les médias sociaux palestiniens. [lire ici]

Ghassan a raconté qu’au début, Khalida n’avait pas de matériel de nettoyage à utiliser pour nettoyer la cellule, qui puait. Elle n’a reçu une brosse à cheveux qu’il y a quelques semaines et n’a pas toujours reçu ses médicaments contre la tension artérielle, le diabète et l’anémie. Bien qu’elle ait été autorisée, après une courte période, à se rendre dans une cour de prison vide pendant 45 minutes par jour, il lui était interdit d’entrer en contact avec qui que ce soit. Il en a été ainsi jusqu’à sa libération cette semaine - près de cinq mois de coupure totale avec le monde.

Cette semaine, tard dans la nuit, sur la place de Beitunia, Khalida et Ghassan ont été réunis. La vidéo de leur première étreinte est aussi émouvante que les clips de nos otages libérés avec leurs familles. Il pleure, elle est plus calme. Elle a ensuite été examinée à l’hôpital gouvernemental de Ramallah - comme nos captives l’ont été au centre médical de Sheba -, a été libérée peu après, puis convoquée de nouveau en urgence en raison des résultats de l’un des tests ; elle a finalement été libérée à l’aube.

Le couple s’est d’abord rendu au cimetière, où Khalida a déposé une rose rouge sur la tombe de sa fille Suha. Ils se sont également rendus sur la tombe d’un autre membre de leur famille, qu’ils avaient élevé comme un fils et qui est également décédé jeune. Elles se sont ensuite rendues dans un salon de beauté ouvert spécialement pour Khalida - les salons de Ramallah sont fermés le lundi. Lorsqu’ils sont arrivés à l’église, Khalida avait été virtuellement transformée, ses cheveux étant à nouveau teints en noir.

Lorsqu’on lui demande depuis combien de temps ils sont mariés, Ghassan répond « un mois ». « Je respire Khalida et je vis Khalida. Et lorsqu’elle est arrêtée, mon temps s’arrête », explique-t-il. C’est ce qu’il ressent, après 40 ans de mariage, de lutte et de séparation. « Chaque année, je l’aime de plus en plus », murmure-t-il. En mai, il prévoit de se rendre au Canada pour voir leur autre fille, Yafa, puis de la ramener à Ramallah pour rendre visite à sa petite-fille, Suha, âgée de presque deux ans et demi et nommée d’après sa tante. Pour sa part, Khalida n’a pas le droit de quitter la Cisjordanie : elle est trop dangereuse.

Y aura-t-il une sixième arrestation ? Ghassan : « Je ne la laisserai pas continuer. Je suis inquiet pour son bien-être. Nous avions convenu de ne jamais intervenir dans les activités de l’autre, mais cette fois-ci, j’userai de mon influence. »