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16/01/2025

Copenhague, 13 janvier 2025 : attentat terroriste contre des défenseurs du peuple sahraoui

 L’attentat qui a détruit les bureaux de l'ONG danoise Global Aktion à Copenhague le lundi 13 janvier 2025 est un acte extrêmement grave : c'est à notre connaissance la première fois que les partisans de l’occupation marocaine du Sahara occidental recourent à des méthodes d'une telle violence sur le territoire européen. Est-ce le début d’une campagne organisée visant les défenseurs du peuple sahraoui à travers l'Europe et le monde ? On peut le craindre. En attendant, voici les informations dont nous disposons à ce jour.-SOLIDMAR

Le bureau d’une ONG attaqué au Danemark pour son travail avec le peuple sahraoui : « Ils ne nous feront pas taire »

Francisco Carrión, El Independiente, 14/1/2025
Traduit par Tafsut Aït Baâmrane, Tlaxcala

« Le Sahara appartient au Maroc « ou “Arrêtez de soutenir le terrorisme”. Ce sont les graffitis laissés par l’attaque du bureau de l’ONG danoise Global Aktion à Copenhague pour son travail d’assistance au peuple sahraoui et de dénonciation de l’occupation marocaine de l’ancienne colonie espagnole. La direction de l’ONG a dénoncé « une attaque sans précédent » sur le sol danois.

« Il s’agit d’une escalade sans précédent d’un conflit politique, utilisant des méthodes que nous n’avons pas vues au Danemark depuis des décennies », a déclaré Morten Nielsen, responsable de la politique et des campagnes de Global Aktion. Le bureau de l’ONG a été attaqué tôt lundi matin et entièrement brûlé. « Il est fort probable qu’une bombe incendiaire ait été lancée à travers une fenêtre, brûlant et endommageant tous nos biens », a déclaré le groupe dans un communiqué.

« Une tentative d’arrêter notre travail »

Selon les responsables, « le message était sans équivoque ». « Nous y voyons une tentative claire d’arrêter notre travail pour les droits humains, la liberté et l’opposition à l’occupation brutale du Sahara occidental par le Maroc », disent-ils. Sur ses médias sociaux, l’ONG assure que l’attaque « ne les fera pas taire ». « « Nous soutenons leurs demandes d’indépendance et de décolonisation. Mais nous sommes profondément choqués par ce qui s’est passé la nuit dernière. Nous n’avons jamais imaginé que quelqu’un pourrait intensifier les attaques contre nous d’une manière qui mettrait nos vies en danger. C’est tout à fait inacceptable et nous espérons que l’affaire sera résolue de manière approfondie », admettent-ils.

Global Aktion souligne que les auteurs ne parviendront pas à « affaiblir le mouvement de solidarité mondiale pour le Sahara occidental ». « Cela ne fait que souligner l’importance de rester unis. Un exemple de ce que nos camarades au Sahara Occidental vivent au quotidien. L’attaque contre notre organisation nous oblige à reconsidérer la façon dont nous mènerons notre travail politique à l’avenir, afin d’assurer la sécurité de nos militants. En même temps, elle souligne le besoin urgent de notre voix et notre forte solidarité avec la lutte du peuple sahraoui contre l’occupation ».

« Le feu et la fumée ne nous feront pas taire. Nos pensées et notre solidarité vont au peuple du Sahara occidental occupé et aux camps de réfugiés qui, depuis 50 ans, luttent chaque jour pour les droits humains, la justice et la décolonisation. Ce que nous vivons aujourd’hui ne peut être comparé à l’oppression que le peuple du Sahara Occidental subit depuis 50 ans », affirment-ils.

L’ONG dénonce également la connivence des pays de l’Union européenne avec le Maroc dans une conjoncture marquée par l’annulation par la Cour de justice de l’UE des accords agricoles et de pêche entre Bruxelles et Rabat pour avoir ignoré les droits du peuple sahraoui.

Le Polisario accuse le Maroc

Le Front Polisario a condamné « l’attentat atroce qui a visé les bureaux de Global Aktion au Danemark, où les flammes ont englouti son siège et des graffitis ignobles ont souillé ses locaux avec des messages incitant à la haine contre le peuple sahraoui, ce qui représente une attaque directe contre les valeurs de la justice, de la liberté et de la solidarité internationale ». Par la voix de sa représentation à Bruxelles, le Polisario considère qu’il s’agit d’une « tentative délibérée de faire taire les voix de ceux qui osent contester l’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc et dénoncer ses violations flagrantes des droits humains » et qui s’inscrit dans « un contexte plus large de campagne systématique du Maroc pour réprimer la dissidence et éliminer toute forme de résistance à ses ambitions coloniales ».

« Dans les territoires occupés du Sahara occidental, le régime marocain a employé des mesures brutales pendant des décennies, y compris le meurtre de civils sahraouis, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées et la torture des défenseurs des droits humains. Ces méthodes de répression ont maintenant été étendues pour cibler les mouvements de solidarité internationale, alors que le Maroc cherche à exporter sa campagne d’intimidation et de violence au-delà des frontières du Sahara occidental », déplorent-ils.

« L’attaque à la bombe incendiaire contre Global Aktion est un rappel brutal des limites que le Maroc est prêt à franchir pour maintenir son occupation illégale et étouffer le soutien mondial croissant à la cause sahraouie. Cet acte criminel est emblématique d’un régime qui a constamment montré son mépris pour le droit international et les droits humains, encouragé par le silence et la complicité de certains acteurs puissants sur la scène mondiale », concluent-ils.
Lire aussi Incendie des bureaux d’un partenaire de WSRW


Asria Mohamed après l’attentat de Copenhague : « Cet attentat est la preuve que notre travail est important »

Héctor Bukhari Santorum, Nueva Révolución,  15/01/2025
Traduit par Tafsut Aït Baâmrane, Tlaxcala

L’attaque contre les bureaux de Global Aktion à Copenhague n’était pas seulement un acte de vandalisme, c’était une attaque délibérée contre ceux qui défendent la liberté et les droits humains du peuple sahraoui. En plus de la destruction des locaux de Global Aktion, l’attaque visait aussi directement la délégation du Front Polisario au Danemark, le représentant légitime du peuple du Sahara occidental.

« Il ne s’agit pas simplement d’une agression de plus », ont déclaré les militants après l’incident. C’est une attaque directe contre le seul représentant du peuple sahraoui, le Front Polisario, qui partage le bâtiment avec Global Aktion. Cela montre jusqu’où les ennemis de l’autodétermination sont prêts à aller pour faire taire notre lutte.

À la suite de l’attaque, l’activiste sahraouie Asria Mohamed Taleb a publié un message plein d’indignation. « L’attaque d’hier n’était pas seulement une attaque contre un bureau, c’était une attaque contre les principes que nous défendons : les droits humains, la liberté et la justice pour le peuple du Sahara occidental. Cette attaque est la preuve que votre travail compte, que votre travail est visible, et qu’il met nos ennemis mal à l’aise », a déclaré Mohamed.

Dans son intervention, l’activiste a rappelé les 50 années d’occupation marocaine, marquées par l’oppression et les violations systématiques des droits humains, et a souligné comment le travail d’organisations telles que Global Aktion a permis à la cause sahraouie d’atteindre un public international.

La plus grande mobilisation pro-sahraouie de l’histoire du Danemark

Au lendemain de l’attentat, le Danemark a connu une mobilisation sans précédent. Hier mardi 14 janvier, la plus grande manifestation pro-Sahara occidental jamais enregistrée dans le pays a eu lieu.

Des centaines de personnes ont rempli les rues en scandant des messages tels que « L’occupation doit cesser », montrant clairement que la lutte pour l’autodétermination du Sahara Occidental n’est pas seule.

« Lorsque les gouvernements privilégient leurs intérêts politiques au détriment du respect du droit international, c’est la société civile qui doit faire entendre sa voix », a souligné Asria Mohamed. Cet événement massif n’a pas seulement montré la solidarité, mais aussi que le message gagne du terrain dans l’opinion publique.

Malgré les tentatives d’intimidation, la récente mobilisation est le signe que la cause sahraouie est plus vivante que jamais. « Aujourd’hui plus que jamais, notre voix résonne fort. Nous n’abandonnerons pas », a conclu Asria Mohamed.

https://globalaktion.dk

Déclarations de solidarité à travers le monde

NdlT
Suite à lattentat, la police a interpellé deux membres d’un gang criminel du quartier de Nørrebro, déclaré illégal par la justice danoise en 2018. Appelé Loyal to Familia, le gang a été créé en 2013 par Shuaib Khan - condamné plus tard à 8 ans de prison pour meurtre - et a été l’un des protagonistes de la guerre des bandes qui a ensanglanté les rues de Copenhague [pour le contrôle du trafice de drogue] en 2017. Le nombre de ses membres, qui avait atteint 225 en 2018, a baissé à une centaine en 2021. Après l’emprisonnement de Khan, deux frères marocains natifs de Nørrebro  et mêlés à une longue série d’actions criminelles ont tenté de prendre la direction de la bande : Abderrazak et Abdessamad Benarabe. Le premier, surnommé « Grand A », a défrayé la chronique danoise, entre autres pour avoir combattu dans les rangs du groupe djihadiste Ahrar El Sham à Idlib en Syrie. Nous ignorons leurs faits et gestes récents.


22/02/2024

De Gaza à Malmö : la bataille de l’Eurovision Horror Show

Fausto Giudice, Tlaxcala, 22/2/2024
Versão portuguesa

Elle s’appelle Eden Golan – tout un programme – et risque d’entrer dans l’histoire comme Gaza Hell. Elle a 20 ans et a deux passeports : russe et israélien. Née à Kfar Saba, une ville israélienne édifiée sur les ruines du village palestinien du même nom, d’un père letton et d’une mère ukrainienne, elle a passé 13 ans de sa courte vie en Russie, où elle a commencé une carrière de chanteuse de variété. Elle vient d’être sélectionnée pour représenter Israël à l’Eurovision 2024, qui aura lieu en mai prochain à Malmö en Suède. Il y a de fortes chances qu’elle n’y mette jamais les pieds. Explication.

Ce sont les Islandais qui ont lancé le mouvement : en décembre dernier, la Société des Auteurs et Compositeurs (FTT), représentant 440 artistes islandais (l’Islande compte 375 000 habitants) ont lancé un appel à la RÚV, la Radiodiffusion nationale, pour qu’elle ne participe pas à lEurovision tant qu’Israël en ferait partie. Les Finlandais ont suivi : 1400 artistes ont demandé la même chose à leur chaîne publique. Les musiciens et artistes norvégiens (350), suédois (1005) et danois (300) ont lancé des appels similaires dans le courant du mois de janvier, imités par les Irlandais, dont 15 000 personnes ont signé l’appel.

C’est qu’Israël est considérée comme faisant partie de l’Europe dans divers domaines : football et autres sports, musique et autres arts. Il ne manque que le domaine politique : l’UE n’a jamais examiné la demande faite il une quarantaine d’années par le charismatique leader radical italien Marco Pannella d’accueillir Israël.

Israël a participé au concours Eurovision depuis 1973 ; elle en a été l’hôte en 1979, 1999 et 2019 et a remporté quatre fois la première place, en 1978, 1979, 1998 et 2018.

L’Union européenne de radio-télévision (UER/EBU), qui organise ce concours, a répondu la même chose à toutes demandes d’exclusion d’Israël : « LEurovision n’est pas un concours entre gouvernements, mais entre artistes. Il ne fait pas de politique ». C’est au nom de cet argument qu’elle a exclu la Russie en 2022, quelques jours après le déclenchement de l’invasion (ou de l’opération militaire spéciale, selon les goûts) de l’Ukraine. Commentant cette décision, Martin Österdahl, superviseur exécutif de lEurovision, avait déclaré : « Lorsque nous disons que nous ne sommes pas politiques, ce que nous devrions toujours défendre, ce sont les valeurs fondamentales et suprêmes de la démocratie ».

Eden Golan a été sélectionnée au cours d’un événement organisé par la Société publique de radiodiffusion israélienne (KAN), où elle a chanté I Don't Want To Miss A Thing” du groupe Aerosmith, sur une scène remplie de chaises vides représentant les Israéliens captifs à Gaza, les fameux otages qui sont au centre de la dramaturgie mise en scène par Israël. KAN a ensuite annoncé que la chanson qu’elle présenterait à Malmö avait pour titre « October Rain » [Pluie d’Octobre]. La direction de l’UER a aussitôt fait savoir qu’elle examinerait le texte de la chanson pour voir s’il avait un contenu politique, auquel cas celle-ci serait rejetée. Le ministre israélien de la Culture Miki Zohar a aussitôt qualifié cette annonce de « scandaleuse » et KAN a fait savoir qu’en cas de rejet, elle ne proposerait pas d’autre texte. De plus, Eden Golan ne participera pas à la cérémonie d’inauguration de Malmö, pour des « raisons de sécurité » et parce qu’elle coïncidera avec Yom Hachoa, le Jour de la Shoah.

Il y a donc de fortes chances qu’Israël se retrouve de fait exclu de ce grand moment de spectacle marchand qui est un véritable horror show.

Questions : si jamais Eden Golan était retenue et devait se produire sur la scène de de l’Arena de Malmö, arborant le ruban jaune de la campagne israélienne « Bring Them Home », qu’en penseraient les organisateurs de ce concours « apolitique » ? Et que pensent ces mêmes organisateurs du fait que la chanteuse s’est produite dans plusieurs grands événements en Russie, dont l’un en Crimée après son annexion (ou sa libération selon les goûts) par la Russie ? Ne devrait-elle pas être frappée par les mesures d’exclusion de la Russie de l’Eurovision ?

En attendant, la guerre des images et des discours sur tous les médias en ligne bat son plein. Et les valeureux Scandinaves continuent leur combat. Ci-dessous, des photos de deux actions devant le siège de la NRK, la radio-télévision publique norvégienne à Marienlyst (Oslo) en janvier. Les activistes ont annoncé qu’ils et elles feraient des sit-in tous les jours pour exiger de la NRK qu’elle ne diffuse pas le concours si Israël y participe.


27 janvier 2024


                                                31 janvier 2024 : “Oui à une fête populaire”

 

“Non au génocide”

 

09/02/2023

JOTAM CONFINO
Juifs et musulmans roulent pour la paix : MuJu & Co., un club de motards danois unique en son genre

Jotam Confino (bio), Haaretz, 11/1/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les calottes ont remplacé les tête de mort : les membres du club de motards danois MuJu & Co. rêvent d'un voyage au Moyen-Orient.

 

MuJu & Co. en tournée sur l'île danoise de Bornholm, où ils ont visité des sites historiques et des églises, et célébré le Ramadan avec une famille musulmane locale. Photo : Dan Meyrowitsch

 COPENHAGUE - Ils célèbrent ensemble le Ramadan et Hanoukka, gardent les cimetières juifs lors de l'anniversaire de la Nuit de cristal et discutent d'un voyage en Pologne et d'une visite à Auschwitz. C'est une première mondiale : un club de motards juifs et musulmans qui sillonne les routes du Danemark pour promouvoir la coexistence entre les minorités religieuses.

 

Au lieu d'arborer des têtes de mort sur leurs vestes en cuir,

comme le font certains gangs de motards, les membres de MuJu & Co. MC Danmark portent un symbole qui unit juifs et musulmans : la hamsa, une amulette en forme de paume symbolisant la protection. Le club judéo-musulman a conçu sa propre version, remplaçant l'œil au centre de l'amulette par une roue de moto.

Pendant des années, on a associé les clubs de motards danois aux Hells Angels et aux Bandidos, deux bandes rivales qui se sont violemment affrontées dans les années 1990. Mais ils sont loin d'être les seuls clubs de ce type dans le pays. En fait, il y a bien plus de 200 clubs de motards au Danemark, selon l'organisation nationale danoise de la moto, et il est fréquent de voir des motards parcourir les routes du Danemark au printemps et en été. Mais il n'en existe aucun comme MuJu & Co.

 

Il a été cofondé en 2019 par Dan Meyrowitsch, un épidémiologiste juif de 60 ans de l'université de Copenhague, et Sohail Asghar, musulman et médecin de 44 ans. Les deux hommes sont amis depuis de nombreuses années et ont toujours partagé une passion pour les motos.

 

« En fait, tout a commencé par une blague », raconte Meyrowitsch. « J'ai suggéré à Sohail, qui est maintenant le vice-président du club, que nous devrions créer le premier club de moto juif-musulman au monde. Mais il a tout de suite aimé l'idée et a suggéré de le créer comme un club de motards à l'ancienne, avec un écusson, des gilets en cuir, une structure et une hiérarchie traditionnelles », ajoute-t-il.

 

Des membres de MuJu & Co. répondant à des questions lors d'un événement coordonné par le Centre d'information juif du Danemark dans une synagogue de Copenhague en novembre dernier.

Meyrowitsch, qui est aujourd'hui président du club, a grandi dans une famille juive traditionnelle dans la banlieue de Copenhague et a toujours eu une affinité avec les motos. Il dit qu'il a toujours été important pour lui de rompre avec les stéréotypes culturels sur les minorités religieuses. Et c'est exactement ce que fait son club.

 

« Nous voulons montrer aux gens que ce n'est pas parce que nous sommes juifs et musulmans que nous sommes si différents des autres Danois », dit-il. « Bien que je n'aie jamais été confronté à beaucoup de racisme, j'ai constaté une certaine distance entre les juifs et les musulmans au Danemark - et c'est une honte. C'est pourquoi notre club est un bon moyen de montrer que ça ne doit pas forcément être comme ça ».

 

Said Idrissi, 52 ans, est né au Maroc mais a passé la majeure partie de sa vie au Danemark, où il a grandi dans une famille musulmane traditionnelle dans l'un des quartiers les plus durs de Copenhague, Sydhavnen. Lorsqu'il a entendu dire que le premier club de motards judéo-musulmans était sur le point d'être créé, il a tout de suite su qu'il voulait en faire partie.

 

« Quand j'ai grandi, j'ai souvent entendu dire que les juifs et les musulmans ne s'entendent pas », raconte Idrissi, qui travaille comme charpentier. « Malheureusement, j'ai aussi entendu des musulmans dire qu'on ne peut pas faire confiance aux juifs. Et beaucoup d'entre eux vivent dans des régions où il n'y a pas de Juifs, donc ils n'ont aucune idée de qui ils sont vraiment. Mais quand je leur parle de ce club, ils sont curieux. Ils veulent savoir de quoi il s'agit. Je m'efforce toujours de leur faire part de mes expériences positives », note Idrissi.

 

Il occupe actuellement le poste de “capitaine de route” - ou, en termes plus simples, d'organisateur du club. Idrissi est chargé de vérifier les éventuels retards dans les tournées hebdomadaires prévues tout au long de la saison, qui commence en mars et se termine en octobre. Elles comprennent souvent des visites d'institutions juives, musulmanes et chrétiennes au Danemark : ils ont visité des églises, des mosquées, des synagogues, des musées et des cimetières dans ce petit pays, et ont été invités au festival annuel de la culture juive à Copenhague, où ils ont répondu à des questions sur le club et ses efforts pour promouvoir la coexistence

Des membres de MuJu & Co. écoutent l'Imam Abdul leur parler de la foi musulmane, au centre islamique de la ville danoise d'Albertslund. Photo : Dan Meyrowitsch

06/02/2023

FAUSTO GIUDICE
Pour pouvoir résister à une invasion russe, les Danois devraient bosser au lieu de prier

 Fausto Giudice, Basta Yekfi, 6/2/2023


Il y a au Royaume du Danemark quelque chose de pourri, on le sait depuis Shakespeare. La Première ministre social-démocrate, Mette Fredriksen, gouverne depuis quelques semaines avec le soutien de la droite (libéraux et modérés), une première depuis 40 ans. Elle ne peut compter sur une majorité parlementaire qu'avec les voix des béni-oui-oui des colonies (Groenland et Iles Feroë). Elle a neutralisé l’extrême-droite en reprenant l’essentiel de son programme en matière d’immigration et d’asile, qu’on peut résumer par « zéro immigrés, zéro réfugiés ». En présentant sa coalition bancale en décembre, elle l’a commentée ainsi : « il y a beaucoup de compromis, mais surtout beaucoup d’ambitions ». Parmi les ambitions, atteindre les fameux 2% en 2030.

Explication : le budget de la défense danoise était en 2022 de 27 milliards de couronnes, environ 3,6 milliards d’euros, soit 1,34% du PNB. L’objectif que Washington cherche à imposer aux pays du protectorat européen depuis des années est qu’ils consacrent 2% de leur budget à la défense. Le Danemark, fidèle toutou de l’OTAN depuis 1945, s’attelle donc à cette tâche. Pour y arriver en 2030, le Danemark doit trouver le fric quelque part. Qu’à cela ne tienne, il n’y a qu’à supprimer un jour férié : si les Danois bossent 7,4 heures de plus par an, on récupère 3 milliards de couronnes (403 millions d’Euros). Et Madame Fredriksen, dont le parti avait tenté le coup une première fois il y a dix ans, subissant un échec, remet quand même ça : supprimons donc le Store bededag*, le Grand Jour de Prière, un truc inventé par l’Église luthérienne d’État (à laquelle appartiennent 79% des Danois), et qui tombe le quatrième vendredi après Pâques. En trois siècles et demi, le Store bededag est devenu une part constitutive de la danité (ou danitude) : ce jour-là, on se balade en famille, on rend visite aux amis, bref on se repose. Et éventuellement, on prie.

Là, les Danois ont vu rouge et la confédération syndicale FH (Fagbevægelsens Hovedorganisation, 1 287 901 membres en 2022 , y compris celles et ceux du Syndicat des soldats) lance une pétition « Maintenons le Store bededag » qui a recueilli à ce jour 466 482 signatures**, et appelle à une manifestation le dimanche 5 février. Succès massif.

50 000 manifestants dans un pays de 5,9 millions d’habitants avec une capitale de 600 000 âmes, c’est vraiment une grosse manif. Mette, touche pas aux petits pains chauds ! Et suis donc le conseil de Mogens Glistrup, le défunt combattant truculent contre l’impôt : dissous l’armée danoise et remplace-la par un répondeur téléphonique disant en russe : « On se rend, on se rend »…

Dimanche à Copenhague. Voir plus de photos

Notes

*Le Store Bededag a été institué en 1686 par Hans Bagger, évêque de Roskilde.  Il a décidé qu’à la place d’avoir plusieurs petites journées de prières durant toute l’année, il valait mieux les grouper dans une journée : le Jour de Prières. Ce jour-là, toute activité était interdite afin de se consacrer exclusivement au recueillement et à des occupations spirituelles. Les boulangers ont alors pris l’habitude de confectionner, la veille, des petits pains. Comme le lendemain ils étaient devenus un peu durs, ils étaient alors réchauffés ; la coutume s’est ainsi répandue de consommer des petits pains chauds, varme hveder, le Grand jour de prière. (Source)

** Texte de la pétition :
“Bas les pattes de notre jour férié !
La vie ne se résume pas au travail et aux feuilles de calcul. La journée de prière est notre jour de congé commun, où nous pouvons nous détendre ou passer du temps avec notre famille et nos amis. C’est ainsi que les choses devraient se passer au Danemark à l’avenir. Il n’est pas normal que le gouvernement supprime les jours fériés ou les jours de congé au-dessus de nos têtes. Et supprime même la compensation pour les employés qui ont tout le temps travaillé toute la journée de grande prière.” (Source)



18/04/2022

FAUSTO GIUDICE
Rasmus Paludan : portrait d’un fouteur de merde

 FG, BastaYekfi, 18/4/2022

L’homme qui a mis le feu aux banlieues suédoises pendant le week-end de Pâques et en plein Ramadan gagne à être connu. Portrait express.

Rasmus Paludan, vu par Morten Ingemann

 Rasmus Paludan est né en 1982 en Sélande du nord d’une mère danoise et d’un père suédois, ce qui lui a permis il y a deux ans d’obtenir la nationalité suédoise en plus de la danoise et devrait lui ouvrir la voie comme candidat aux élections législatives de septembre prochain. Il n’aura sans doute pas plus de chance d’y être élu qu’au Danemark, où il a recueilli à peine quelques milliers de voix, mais cela devrait élargir sa surface d’influence sur les réseaux dits sociaux, où il s’étale, multipliant les provocations, mais sans rencontrer le succès escompté.

Rasmus a un petit frère gauchiste – qui a appelé dans une vidéo à ne pas voter pour lui en 2019 – et une petite sœur poétesse féministe, qui fait aussi de la musique électro. Il s’est marié à l’automne dernier avec une jeune femme de 21 ans, dont l’anonymat a été préservé et dont on sait seulement qu’elle a entretenu une liaison amoureuse depuis l’âge de 17 ans avec Peter Madsen, alias Raket-Madsen, l’inventeur de fusées et de sous-marins qui purge une peine de prison à vie pour le meurtre, précédé de viol, de la journaliste suédoise Kim Wall. Mariage de façade ? On l’ignore. En tout cas, cette nouvelle a mis un terme aux rumeurs insistant sur l’homosexualité de Rasmus, lequel fait par ailleurs l’objet d’une plainte d’une ONG de défense des enfants pour des échanges de propos sexuels avec des moins de 15 ans.

Rasmus a deux problèmes personnels : son cerveau et son surpoids.

En 2005, à 23 ans, il a eu un accident de voiture qui a provoqué une lésion cérébrale entraînant une perte de 25% de ses capacités et compromettant ses études de droit. Mais il a appris suffisamment de droit pour se faire une spécialité des plaintes et procès en tous genres, que ce soit contre l’auteur d’un message selon lequel Hitler n’avait pas fini le boulot pour débarrasser la terre des « pédés » ou contre son homonyme Rasmus Padulan Malver pour usage indu de son « nom intermédiaire » (Padulan) comme nom de famille. Mais il a perdu plus de procès qu’il n’en a gagné et a été condamné un nombre respectable de fois pour ses appels à la haine contre les musulmans.

C’est que Rasmus s’est spécialisé dans une activité particulière : il brûle publiquement des corans, souvent après les avoir enveloppés dans du bacon ou enduits de graisse de porc, aussi bien au Danemark qu’en Suède, et cela, sous protection policière, au nom du sacro-saint droit à la liberté d’expression. Pour cela, il a créé une start-up, qui se présente comme un parti politique mais relève plutôt de l’entreprise unipersonnelle : Stram Kurs ou Hard Line (Ligne dure). La philosophie de l’entreprise se résume à deux mots instagrammés : « ethnonationaliste et libertarien ». Bref, un croisé du XXIème siècle, qui veut nettoyer le Danemark de l’engeance musulmane avant que celle-ci finisse par prendre le pouvoir au terme du grand remplacement en cours.