¿Por qué fui a hablar al extranjero? ¿Por qué lavar allá los trapos sucios? En primer lugar, porque en el extranjero hay mucho más interés y ganas de escuchar que aquí en Israel. El debate público en el que participé la semana pasada en Toronto con Mehdi Hasan, Douglas Murray y Natasha Hausdorff versaba sobre si el antisionismo es antisemitismo. Las 3 mil entradas (que no eran baratas) se vendieron con mucha antelación, y la sala de conciertos de la ciudad estaba completamente llena... y tormentosa. Dudo que se hubieran vendido 30 entradas para un debate similar en el Auditorio Bronfman de Tel Aviv.
Una manifestante disfrazada de Estatua de la Libertad en una concentración de simpatizantes y familiares de rehenes que pedían su liberación el lunes en Tel Aviv.La pancarta hace referencia a la frase «Todos los ojos puestos en Rafah» que circula por la red.Foto: Marko Djurica/Reuters
Pero el interés por debatir cuestiones de principio, que existe en el extranjero mas no en Israel, no es la única razón para ir allí. El extranjero es el escenario que, en gran medida, determinará el futuro de Israel. No debemos dejarlo en manos de la derecha. Nadie se queja cuando los propagandistas de la derecha causan estragos en todo el mundo a través de la clase dirigente sionista, los poderosos, las organizaciones judías y las embajadas israelíes, un vasto grupo de presión con mucho dinero. Siembran el pánico afirmando que cualquier crítica a Israel, a la ocupación o el apartheid israelí es antisemitismo, y así silencian a medio mundo por miedo a ser sospechosos de antisemitismo.
Extracto del discurso de Gideon Levy en el Debate Munk de Toronto
Esta práctica manipuladora produce resultados a corto plazo. A largo plazo, será contraproducente para Israel y los judíos, por cuya culpa se ha suprimido la libertad de expresión. Una investigación de The Guardian ha revelado una vez más los métodos utilizados por el Ministerio de la Diáspora y promovidos por el Ministerio de Asuntos Estratégicos para hacerle frente a lo que está sucediendo en Estados Unidos y en los campus universitarios estadounidenses. Tales métodos bastan para dar una mala imagen de Israel. Todo vale para la derecha colonialista y el establishment sionista y judío; alzar una voz diferente a la de Israel es traición.
El daño más perjudicial para la reputación de Israel lo causan sus políticas. La entrevista o el discurso de un detractor de Israel que le hará tanto daño a Israel como las imágenes de los horrores cometidos en Gaza están aún por venir. Un niño convulsionando y moribundo en el suelo manchado de sangre del hospital Al Rantisi es más destructivo que mil artículos de opinión.
Ninguna campaña de propaganda gubernamental - conocida como «Concierto» o «Kela Shlomo» según The Guardian - puede erradicar la repugnancia (justificada) que Israel despierta con su comportamiento en la Franja de Gaza y Cisjordania.
Ningún artículo ha causado tanto daño como la foto del palestino herido atado al techo del capó en llamas de un Jeep del ejército israelí en Yenín. E incluso quienes sólo se preocupan por la imagen de Israel en el extranjero, y no por su esencia moral y su encarnación, deben estar esperando un cambio de política.
La explicación de que ya no hay distinción entre lo que se dice aquí y lo que se dice allá, porque la tecnología lo transmite todo, es risible. Lo que cuenta es el sentimiento antidemocrático de quienes intentan silenciar una opinión, expresada aquí o allá, y la obligación de recabar apoyos «por el bien» del Estado.
Independientemente de la utilidad o de los daños causados a Israel, cada individuo tiene el derecho a expresar sus opiniones en cualquier lugar y en cualquier momento. Basta ya de esta mierda anarquista, primitiva y antidemocrática de “no se lo digas a los Goys”. ¿Y quién determinará lo que es bueno para Israel? ¿La derecha? ¿El gobierno? ¿Los colonos? ¿Y qué Israel debe ser servido?
Cuando destacados israelíes publicaron el miércoles un llamamiento en el New York Times para que no se invitara a Netanyahu al Congreso, no sólo era su derecho, sino también su deber. Todos los que, como ellos, creen que el Primer Ministro Benjamin Netanyahu está haciéndole un daño irreversible al Estado deben poder decirlo, en todas partes.
Haaretz, que se lee en el extranjero en su edición inglesa tanto como en Israel, no es sólo una fuente de información, sino también una fuente de esperanza de que Israel no se resume en los colonos, en el ministro de Seguridad Nacional Itamar Ben-Gvir, en el ministro de Finanzas Bezalel Smotrich y en Netanyahu. Esta es la mejor defensa pública que Israel puede esperar en estos momentos.
NdT: el gobierno de Netanyahu intenta ahora silenciar Haaretz cortándole todas las fuentes de financiamiento.
Un pogrom hideux et criminel [sic] contre des supporters de football
israéliens a eu lieu à Amsterdam jeudi. Des pogroms similaires,
perpétrés par des colons, ont lieu presque quotidiennement en
Cisjordanie. Les pogroms de Huwara, par exemple, ont dépassé par leur
ampleur et leur violence même l’Holocauste II à Amsterdam. Le lendemain
du pogrom aux Pays-Bas, des colons violents se sont déchaînés à Surif ;
deux jours auparavant, ils s’étaient déchaînés à Al-Maniya.
Alors que des Israéliens étaient tabassés à Amsterdam, dans la bande de Gaza, des dizaines de personnes ont été tuées sans distinction, y compris de nombreux enfants, comme c’est le cas tous les jours. Les pogroms quotidiens en Cisjordanie et, bien sûr, la guerre à Gaza n’ont pas été comparés à l’Holocauste ; le président de Yad Vashem n’a pas été interrogé à leur sujet ; aucune force de secours n’a été envoyée pour sauver les victimes ; le ministre israélien des affaires étrangères et le président de la Knesset n’y ont pas vu l’occasion d’une séance de photos. Ces pogroms ont lieu tous les jours et personne ne se soucie de vous en informer. Israël a battu jeudi un nouveau record d’auto-victimisation, et les médias ont battu un nouveau record d’incitation à la haine, d’exagération, d’alarmisme et, surtout, de dissimulation des informations qui ne cadrent pas avec le récit, que leurs consommateurs apprécient. Amsterdam était une occasion à ne pas manquer : une fois de plus, des Juifs sont tabassés en Europe. Un fan de football du Maccabi Tel Aviv a raconté qu’il avait visité la veille la Maison d’Anne Frank - quelle coïncidence qui fait froid dans le dos - et l’animateur radio a failli fondre en larmes. La correspondante de la propagande israélienne de droite et ultranationaliste en Allemagne, Antonia Yamin, a expliqué que « l’Europe ne comprend pas le problème » : l’année dernière, 300 membres d’une famille de Khan Younès sont venus à Berlin et certains d’entre eux sont déjà connus de la police. Gaza est également à blâmer à Amsterdam. Yamin a bien sûr oublié de mentionner l’enfer d’où venait cette famille et qui l’avait créé. C’est comme ça quand on vit dans la bulle chaude et confortable, complètement déconnectée de la réalité, dans le déni complet, que les médias israéliens construisent pour nous : nous sommes toujours les victimes et les seules victimes ; il n’y a eu un massacre que le 7 octobre; tout Gaza est à blâmer ; tous les Arabes sont assoiffés de sang ; toute l’Europe est antisémite. Vous en doutez ? Voyez la Nuit de Cristal à Amsterdam. Et maintenant, les faits : à Amsterdam, certains supporters israéliens se sont déchaînés dans les rues avant même le pogrom : les médias israéliens n’ont presque jamais montré les cris dégoûtants « Nous allons baiser les Arabes » (en hébreu) et l’arrachage d’un drapeau palestinien légitimement accroché au balcon d’un immeuble, ce qui pourrait gâcher l’image de l’antisémitisme. Personne n’a posé la première question que la vue de la violence et de la haine à Amsterdam aurait dû soulever : pourquoi nous détestent-ils à ce point ? Non, ce n’est pas parce que nous sommes juifs. Non pas qu’il n’y ait pas d’antisémitisme : bien sûr qu’il existe et qu’il doit être combattu, mais la tentative de tout mettre sur le dos de l’antisémitisme est ridicule et mensongère. Un vent anti-israélien a soufflé sur Amsterdam jeudi, et c’est ce qui a déclenché le pogrom. Les immigrés nord-africains, les Arabes et les Néerlandais qui se sont révoltés ont vu les horreurs commises à Gaza au cours de l’année écoulée. Ils n’ont pas l’intention de les passer sous silence. Pour eux, les victimes sont leurs frères et leurs compatriotes. Et qui peut rester indifférent lorsque son peuple est massacré de manière aussi cruelle ? Chaque garçon de café marocain dans chaque ville néerlandaise reculée a vu bien plus de Gaza que les experts des affaires arabes en Israël. Aucune personne décente ne peut rester indifférente aux images de Gaza. Les émeutiers d’Amsterdam ont commis des actes de violence flagrants et méritent d’être condamnés et punis. Rien ne peut justifier un pogrom, ni à Amsterdam, ni à Huwara. Mais les émeutes d’Amsterdam ont aussi un contexte, et Israël ne veut pas l’aborder. Il préfère envoyer un garde du corps avec chaque supporter israélien qui se rendra désormais en Europe plutôt que de se demander pourquoi ils nous haïssent tant et comment cette haine peut être apaisée. Après tout, elle n’avait pas éclaté de la sorte avant la guerre de Gaza. Il s’agit là d’un autre coût de la guerre à Gaza qui aurait dû être pris en compte : le monde nous détestera pour cela. Chaque Israélien à l’étranger sera désormais la cible de la haine et de la violence. C’est ce qui arrive lorsque l’on tue près de 20 000 enfants, que l’on procède à un nettoyage ethnique et que l’on détruit la bande de Gaza. C’est une petite bizarrerie du monde : il n’aime pas ceux qui commettent ce genre de crimes.
NdT 1-Mais que fait donc Israël dans l’Europa League ? 2-Les
détenteurs d’un passeport israélien peuvent voyager dans 128 pays du
monde, dont ceux d’Europe à une seule exception (Arménie), sans visa 3-Les
polices de l’Union européenne surveillent les hooligans, tifosi et autres supporters de près et les fichent, mais
apparemment pas les 2 700 “Maccabi Fanatics” débarqués à Amsterdam. Or, à
l’occasion du match de Conference League face à Olympiakos en mars
2024, les fanatics du Maccabi Tel Aviv avaient à nouveau fait parler
d’eux en agressant sauvagement trois personnes sur la place Syntagma à
Athènes. Un lynchage en règle qui avait envoyé une des victimes,
d’’origine arabe, à l’’hôpital. 4-Les autorités turques viennent
d’interdire la tenue, prévue pour le 28 novembre, d’un match entre
Beşiktaş et Maccabi, qui devrait se tenir dans un “pays neutre” (le
Groenland ? Les îles Kamchatka ? Les Galapagos ?) 5-Les autorités
françaises ont en revanche décidé de maintenir le match France-Israël
(Ligue des Nations) prévu pour le jeudi 14 novembre au Stade de France.
On annonce la venue de 70 à 90 supporters israéliens, pour la protection
desquels 2 500 policiers et gendarmes seront réquisitionnés, outre
plusieurs compagnies de CRS réparties dans la capitale [en tout, de 4 000 à 4 500 uniformés]. « Le Stade de
France et ses abords seront bunkérisés », a déclaré une source policière
au journal L’Équipe. Prix de l’opération (pour les contribuables) :
un minimum de 250 000 € [plus un ensemble de primes d'un montant
inconnu], soit environ 2500 € par supporter. On vit une époque formidable
« Un
an après les attentats du 7 octobre, Netanyahou est sur une lancée victorieuse » :
tel est le titre d’un récent article d’Axios
décrivant le Premier ministre israélien sur une vague imbattable de triomphes.
Ces « succès » militaires stupéfiants, note l’auteur Barak Ravid, comprennent
le bombardement du Yémen, l’assassinat du chef du Hamas Ismail Haniyeh et du
chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, ainsi que les attentats aux bipeurs contre
le Liban.
Le même
auteur est récemment devenu viral pour un article affirmant que les attaques
israéliennes contre le Hezbollah « n’ont pas pour but de mener à la guerre mais
sont une tentative de “désescalade par l’escalade” ». Les utilisateurs des
médias sociaux se sont moqués de Ravid pour ce raisonnement bizarre et
orwellien. Mais ce qui a échappé à presque tout le monde, c’est que Barak Ravid
est un espion israélien - ou du moins il l’était jusqu’à récemment. Ravid [né en 1980] est un
ancien analyste de l’agence
d’espionnage israélienne Unité 8200. Jusqu’en mars 2023, il était réserviste
des Forces de défense israéliennes.
L’Unité
8200 est l’organisation d’espionnage la plus importante et peut-être la plus
controversée d’Israël. Elle est responsable de nombreuses opérations d’espionnage
et de terreur très médiatisées, dont le récent attentat aux bipeurs qui a
blessé des milliers de civils libanais. Comme le révélera cette enquête, Ravid
est loin d’être le seul ancien espion israélien à travailler dans les
principaux médias usaméricains, s’efforçant de susciter le soutien de l’Occident
aux actions de son pays.
L’initié
de la Maison Blanche
Ravid est
rapidement devenu l’une des personnalités les plus influentes du corps de
presse du Capitole. En avril, il a remporté le prestigieux prix des
correspondants de presse de la Maison-Blanche « pour l’excellence globale de sa
couverture de la Maison-Blanche », l’une des plus hautes distinctions du
journalisme usaméricain. Les juges ont été impressionnés par ce qu’ils ont décrit comme «
des niveaux profonds, presque intimes, d’approvisionnement en sources aux USA
et à l’étranger » et ont sélectionné six articles comme étant des travaux
journalistiques exemplaires.
La
plupart de ces articles consistaient simplement à publier des sources anonymes
de la Maison Blanche ou du gouvernement israélien, à les mettre en valeur et à distancier
le président Biden des horreurs de l’attaque israélienne contre la Palestine.
Ainsi, il n’y avait pratiquement aucune différence entre ces articles et les
communiqués de presse de la Maison Blanche. Par exemple, l’un des articles
retenus par les juges était intitulé « Scoop : Biden dit à Bibi qu’une pause de
trois jours dans les combats pourrait aider à obtenir la libération de certains
otages », et présentait le 46e président des USA comme un
humanitaire dévoué, déterminé à réduire les souffrances. Un autre article
décrivait la « frustration » de Biden à l’égard de Netanyahou et du
gouvernement israélien.
Des
protestataires avaient appelé les
journalistes à bouder l’événement par solidarité avec leurs confrères tombés à
Gaza (ce qui, à l’heure où nous écrivons ces lignes, représente au moins 128
journalistes). Non seulement l’événement n’a pas été boycotté,
mais les organisateurs ont décerné leur prix le plus prestigieux à un
fonctionnaire des services de renseignement israéliens devenu reporter, qui s’est
forgé la réputation d’être peut-être le sténographe le plus consciencieux du
pouvoir à Washington.
Ravid s’est
vu remettre personnellement le prix par le président Biden, qui l’a embrassé
comme un frère. Le fait qu’un (ancien) espion israélien connu puisse serrer
Biden dans ses bras de cette manière en dit long non seulement sur les
relations intimes entre les USA et Israël, mais aussi sur la mesure dans
laquelle les médias de l’establishment sont redevables au pouvoir politique.
Ravid s’est
fait un nom en publiant sans esprit critique des informations flatteuses qui
lui sont communiquées par le gouvernement usaméricain ou israélien et en les
faisant passer pour des scoops. En avril, il a écrit que « le
président Biden a lancé un ultimatum au premier ministre israélien Benjamin
Netanyahou lors de leur conversation téléphonique de jeudi : Si Israël ne
change pas de cap à Gaza, « nous ne serons pas en mesure de vous soutenir » »,
et qu’il “ exerçait sa plus
forte pression pour mettre fin aux combats à Gaza après six mois de guerre, et
avertissait pour la première fois que la politique américaine sur la guerre
dépendrait de l’adhésion d’Israël à ses demandes”, qui incluaient “un
cessez-le-feu immédiat”. En juillet, il a répété
que
des sources anonymes lui avaient dit que Netanyahou et Israël s’efforçaient de
trouver « une solution diplomatique », une autre affirmation très douteuse.
D’autres
articles de Ravid suivent le même schéma :
Cet
acharnement à blanchir l’administration Biden a suscité de nombreuses moqueries
en ligne.
« AXIOS
EXCLUSIF : Après avoir vendu à Netanyahou des millions de dollars d’armes,
Biden a joué - à haute voix – ‘Bad Blood’ de Taylor Swift. Tout le monde
pouvait l’entendre, dit une source proche de Biden », a tweeté
l’
utilisateur X David Grossman. « Je continue à donner des tas d’argent et d’armes,
mais je secoue la tête pour que tout le monde sache que je ne suis pas d’accord
», a écrit le comédien Hussein Kesvani, en réponse au dernier article de Ravid
suggérant que Joe Biden est devenu “de plus en plus méfiant” à l’égard du
gouvernement israélien.
Tout au
long de cette prétendue rupture entre les USA et Israël, l’administration Biden
a continué à soutenir avec enthousiasme les offensives israéliennes, à bloquer
les
résolutions de cessez-le-feu et la création d’un État palestinien à l’ONU, et a
envoyé pour 18
milliards de dollars d’armes à Israël au cours des 12 derniers mois. Ainsi,
aussi discutables que soient les rapports d’Axios, ils jouent un rôle vital
pour Washington, en permettant à l’administration Biden de se distancier de ce
que les organismes internationaux ont qualifié de génocide. La fonction de
Ravid a été de fabriquer un consentement pour le gouvernement parmi les élites
libérales qui lisent Axios, leur permettant de continuer à croire que les USA
sont un honnête courtier pour la paix au Machrek plutôt qu’un complice clé d’Israël.
Ravid ne
cache pas son mépris affiché pour les Palestiniens. En septembre, il a retweeté un
message dans lequel on pouvait lire : « C’est le PaliNazi : C’est la
méthode des PaliNazis... ils empochent des concessions sans rien donner en
retour et utilisent ensuite ces concessions comme base de référence pour le
prochain cycle de négociations. Les PaliNazis ne savent pas dire la vérité ».
Moins d’une
semaine plus tard, il a fait la
promotion de l’ affirmation très douteuse du ministre israélien
de la Défense, Yoav Gallant, selon laquelle les forces de défense israéliennes
avaient trouvé une photo des enfants du chef des Brigades al-Qassam, Mohammed
Sinwar, célébrant devant une immense photo d’avions frappant le World Trade
Center. Gallant a déclaré qu’ils avaient trouvé cette photo - essayant
clairement d’associer faussement les Palestiniens au 11 septembre - dans un
tunnel « où les frères Sinwar se cachaient comme des rats ».
Une
agence d’espionnage tristement célèbre
Fondée en
1952, l’Unité 8200 est la division la plus importante et la plus controversée
de l’armée israélienne.
Responsable
des opérations secrètes, de l’espionnage, de la surveillance et de la
cyberguerre, le groupe est au centre de l’attention mondiale depuis le 7
octobre 2023. Il est largementidentifié comme l’organisation
à l’origine du tristement célèbre attentat aux bipeurs au Liban, qui a fait au
moins neuf morts et environ 3 000 blessés. Alors que beaucoup en Israël (et
Ravid lui-même) ont salué l’opération comme un succès, elle a été condamnée
dans le monde entier comme un acte de terrorisme flagrant, y compris par l’ancien
directeur de la CIA, Leon Panetta.
L’Unité
8200 a également établi une
liste de personnes à abattre pour Gaza, alimentée par l’intelligence
artificielle, suggérant des dizaines de milliers d’individus (y compris des
femmes et des enfants) à assassiner. Ce logiciel a été le principal mécanisme
de ciblage utilisé par les FDI au cours des premiers mois de leur attaque
contre cette bande densément peuplée.
Décrite
comme le Harvard israélien, l’Unité 8200 est l’une des institutions les plus
prestigieuses du pays. Les parents dépensent des fortunes pour que leurs
enfants suivent des cours de sciences et de mathématiques, dans l’espoir qu’ils
soient choisis pour y servir, ce qui leur ouvrirait les portes d’une carrière
lucrative dans le secteur florissant de la haute technologie en Israël.
L’unité
sert également de pièce maîtresse à l’appareil d’État répressif futuriste d’Israël.
En utilisant des quantités gigantesques de données compilées sur les
Palestiniens en suivant leurs moindres mouvements grâce à des caméras de
reconnaissance faciale, en surveillant leurs appels, leurs messages, leurs
courriels et leurs données personnelles, l’Unité 8200 a créé un filet
dystopique qu’elle utilise pour surveiller, harceler et réprimer les
Palestiniens.
L’Unité
8200 constitue des dossiers sur chaque Palestinien, y compris ses antécédents
médicaux, sa vie sexuelle et ses recherches, afin que ces informations puissent
être utilisées ultérieurement à des fins d’extorsion ou de chantage. Si, par
exemple, un individu trompe son conjoint, a désespérément besoin d’une
opération médicale ou est secrètement homosexuel, ces informations peuvent être
utilisées pour transformer des civils en informateurs et en espions pour le
compte d’Israël. Un ancien agent de l’Unité 8200 a déclaré que,
dans le cadre de sa formation, il devait mémoriser différents mots arabes pour
« gay » afin de pouvoir les repérer dans les conversations.
Les
agents de l’Unité 8200 ont ensuite créé certaines des applications les plus
téléchargées au monde et un grand nombre des programmes d’espionnage les plus
tristement célèbres, dont Pegasus. Pegasus a été utilisé pour surveiller des
dizaines de dirigeants politiques dans le monde entier, dont Emmanuel Macron en
France, Cyril Ramaphosa en Afrique du Sud et Imran Khan au Pakistan.
Le
gouvernement israélien a autorisé la vente de Pegasus à la Central Intelligence
Agency, ainsi qu’à certains des gouvernements les plus autoritaires de la
planète. L’Arabie saoudite, notamment, a utilisé le logiciel pour surveiller le
journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi avant qu’il ne soit
assassiné par des agents saoudiens en Turquie.
Une
récente enquête
de
MintPress News a révélé qu’une grande partie du marché mondial des VPN est
détenue et exploitée par une société israélienne dirigée et cofondée par un
ancien élève de l’Unité 8200.
En 2014,
43 réservistes de l’Unité 8200 ont
rédigé une déclaration commune dans laquelle ils déclaraient ne plus
vouloir servir dans cette unité en raison de ses pratiques contraires à l’éthique,
qui consistaient notamment à ne pas faire de distinction entre les citoyens
palestiniens ordinaires et les terroristes. La lettre indiquait également que
leurs renseignements étaient transmis à des politiciens locaux puissants, qui
les utilisaient comme bon leur semblait.
Cette
déclaration publique a hérissé Ravid de colère à l’égard de ses collègues. À la
suite de ce scandale, Ravid s’est rendu à la radio de l’armée israélienne pour attaquer les
dénonciateurs. Il a déclaré que s’opposer à l’occupation de la Palestine
revenait à s’opposer à Israël lui-même, l’occupation étant une « partie »
fondamentale d’Israël. « Si le problème est vraiment l’occupation, a-t-il dit,
alors vos impôts sont aussi un problème - ils financent le soldat au poste de
contrôle, le système éducatif... et 8200 est une belle blague ».
Si l’on
met de côté les commentaires de Ravid, une question se pose : est-il vraiment
acceptable que des membres d’un groupe conçu pour infiltrer, surveiller et
cibler des populations étrangères, qui a produit un grand nombre des
technologies d’espionnage les plus dangereuses et les plus invasives de la
planète, et qui est largement considéré comme étant à l’origine d’attaques
terroristes internationales sophistiquées, écrivent les news des USAméricains
sur Israël et la Palestine ? Quelle serait la réaction si des personnalités des
médias usaméricains s’avéraient être des agents de renseignement du Hezbollah,
du Hamas ou du FSB russe ?
Nouvelles
d’Israël, livrées par Israël
Ravid est
loin d’être le seul journaliste influent aux USA à entretenir des liens étroits
avec l’État israélien. Shachar
Peled a passé trois ans en tant qu’officier de l’unité 8200, à la
tête d’une équipe d’analystes spécialisés dans la surveillance, le
renseignement et la cyberguerre. Elle a
également travaillé comme analyste technologique pour le Shin Bet, le service
de renseignement israélien. En 2017, elle a été engagée comme productrice et
rédactrice par CNN et a passé trois ans à préparer des segments pour les
émissions de Fareed Zakaria et Christiane Amanpour. Google l’a ensuite engagée
pour devenir sa spécialiste principale des médias.
L’ancienne
espionne israélienne Shachar Peled a travaillé pour la chaîne israélienne i24
News avant d’être embauchée par CNN, puis par Google.
Tal
Heinrich est un autre agent de l’Unité 8200 qui a
travaillé pour CNN. Heinrich a passé trois ans en tant qu’agent de l’Unité
8200. Entre 2014 et 2017, elle a été productrice sur le terrain et à la
rédaction du bureau de CNN à Jérusalem, notoirement pro-israélien, où elle a
été l’une des principales journalistes à façonner la compréhension par l’USAmérique
de l’opération « Bordure protectrice », le bombardement israélien de
Gaza qui a tué plus de 2 000 personnes et laissé des centaines de milliers de
personnes déplacées. Heinrich a ensuite quitté CNN et est aujourd’hui la
porte-parole officielle du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
La
tendance de CNN à l’embauche de personnalités de l’État israélien se poursuit
encore aujourd’hui. Tamar Michaelis, par exemple, travaille actuellement pour
la chaîne et produit une grande partie de son contenu sur Israël et la
Palestine. Elle a pourtant été
porte-parole officielle des Forces de défense israéliennes (FDI).
Anat Schwartz avait liké un gazouillis d'un autre sioniste appelant à "transformer la bande de Gaza en abattoir", exemple cité par l'Afrique du Sud dans sa plainte à la CIJ contre Israël pour génocide. Elle a finalement été virée par le New York Times
Le New
York Times, quant à lui, a embauché Anat Schwartz, une ancienne officière de
renseignement de l’armée de l’air israélienne sans aucune expérience
journalistique. Schwartz a coécrit le fameux article« Screams
Without Words », aujourd’hui discrédité, qui
affirmait que des combattants du Hamas avaient systématiquement violé des
Israéliennes le 7 octobre. Le personnel du Times lui-même s’est révolté
devant l’absence de preuves et de vérification des faits dans l’article.
Plusieurs
employés du New York Times, dont l’éditorialiste vedette David Brooks,
ont des enfants qui servent
dans
les forces de défense israéliennes ; alors même qu’ils font des reportages ou
émettent des opinions sur la région, le Times n’a jamais révélé ces
conflits d’intérêts flagrants à ses lecteurs. Il n’a pas non plus révélé qu’il
avait acheté pour sa cheffe de bureau Jodi Rudoren une maison à Jérusalem qui avait été volée
à la famille de l’intellectuelle palestinienne Ghada Karmi en 1948.
"Comment réussir dans le journalisme sans vraiment prendre un diplôme" : BD à la gloire de Jeff Goldberg sur le site ouèbe de l'Université de Pennsylvanie
MintPress
News a
interviewé Ghada Karmi l’année dernière à propos de son dernier livre et
des tentatives israéliennes de la faire taire. Jeffrey Goldberg (un USAméricain),
ancien rédacteur du New York Times Magazine et actuel rédacteur en chef
de The Atlantic, avait abandonné ses études à l’université de Pennsylvanie
pour se porter volontaire en tant que gardien de prison des FDI pendant la
première Intifada (soulèvement) palestinienne. Dans ses mémoires, Goldberg a révélé que,
lorsqu’il servait dans les FDI, il a aidé à dissimuler les mauvais traitements
infligés aux prisonniers palestiniens.
Les
entreprises de médias sociaux sont elles aussi remplies d’anciens agents de l’Unité
8200. Une étude
réalisée par MintPress en 2022 a révélé que pas moins de 99
anciens agents de l’Unité 8200 travaillaient pour Google.
Marine Le Pen jeune ? Non, Emi Palmor
Facebook
emploie également des dizaines d’anciens espions de cette unité controversée. C’est
le cas d’Emi Palmor, qui siège au conseil de surveillance de Meta. Ce comité de
21 personnes décide en dernier ressort de l’orientation de Facebook, d’Instagram
et des autres offres de Meta, en se prononçant sur les contenus à autoriser, à
promouvoir et à supprimer. Human Rights Watch a formellement condamné Meta
pour sa suppression systématique des voix palestiniennes sur ses plateformes. L’organisation
a recensé plus de 1 000 cas de censure ouvertement anti-palestinienne pour les
seuls mois d’octobre et de novembre 2023. Une mesure de cette partialité est
mise en évidence par le fait que, à un moment donné, Instagram a
automatiquement inséré le mot «
terroriste » dans les profils des utilisateurs qui se disaient palestiniens.
Malgré
les affirmations répandues par des politiciens usaméricains selon lesquelles
elle est un foyer de racisme anti-israélien et antisémite, TikTok emploie
également de nombreux anciens agents de l’Unité 8200 à des postes clés de son
organisation. Par exemple, en 2021, elle a embauché Asaf
Hochman en tant que responsable mondial de la stratégie des produits
et des opérations. Avant de rejoindre TikTok, Hochman a passé plus de cinq ans
en tant qu’espion israélien. Il travaille aujourd’hui pour Meta.
Censure
pro-israélienne de haut en bas
Lorsqu’il
s’agit de l’attaque d’Israël contre ses voisins, les médias capitalistes ont
toujours fait preuve d’un parti pris pro-israélien. Le New York Times,
par exemple, s’abstient
régulièrement d’identifier l’auteur des violences lorsqu’il s’agit de l’armée
israélienne et décrit le génocide
de 750 000 Palestiniens en 1948 comme une simple « migration ». Une étude de la
couverture du journal a révélé que des mots tels que « massacre » et « horrible
» apparaissent 22 fois plus souvent lorsqu’il est question des morts israéliens
que des morts palestiniens, malgré la disparité gigantesque du nombre de
personnes tuées dans les deux camps.
Pendant
ce temps, dans un reportage sur la façon dont les soldats israéliens ont tiré
335 balles sur une voiture dans laquelle se trouvait une enfant palestinienne
et ont ensuite tiré sur les secouristes venus la sauver, CNN a imprimé
le
titre « Five-year-old Palestinian girl found dead after being trapped in car
with dead relatives » (une fillette palestinienne de cinq ans retrouvée morte
après avoir été piégée dans une voiture avec des parents décédés) - un titre
qui pourrait être interprété comme signifiant que sa mort était un accident
tragique.
Ce type
de reportage n’est pas le fruit du hasard. En fait, il vient directement du
sommet de la hiérarchie. Une note de
service duNew York Times datant de novembre et ayant fait l’objet
d’une fuite révèle que la direction de l’entreprise a explicitement demandé à
ses journalistes de ne pas utiliser des mots tels que « génocide », « massacre
» et « nettoyage ethnique » lorsqu’ils évoquent des actions d’Israël. Le
personnel du Times doit s’abstenir d’utiliser des mots tels que « camp
de réfugiés », « territoire occupé » ou même « Palestine » dans ses reportages,
ce qui rend presque impossible la transmission de certains des faits les plus
élémentaires à son public.
Le
personnel de CNN est soumis à des pressions similaires. En octobre dernier, le
nouveau directeur général Mark Thompson a envoyé une note
de service à l’ensemble du personnel, lui demandant de veiller à ce que le
Hamas (et non Israël) soit présenté comme responsable de la violence, de
toujours utiliser l’expression « contrôlé par le Hamas » lorsqu’il est question
du ministère de la santé de Gaza et de ses chiffres de mortalité civile, et lui
interdisant de rendre compte du point de vue du Hamas, dont le directeur
principal des normes et pratiques en matière d’information a déclaré au
personnel qu’il n’était « pas digne d’intérêt » et qu’il s’agissait de « rhétorique
incendiaire et de propagande ».
Le Times
et CNN ont tous deux licencié de nombreux journalistes en raison de leur
opposition aux actions israéliennes ou de leur soutien à la libération de la
Palestine. En novembre, Jazmine Hughes, du Times, a été renvoyée après
avoir signé une
lettre ouverte s’opposant au génocide en Palestine. L’année précédente, le
journal avait mis fin
au
contrat de Hosam Salem à la suite d’une campagne de pression menée par le
groupe pro-israélien Honest
Reporting. Et le présentateur de CNN Marc Lamont Hill a été brusquement
licencié en 2018
pour avoir appelé à la libération de la Palestine dans un discours aux Nations
unies.
Les
grandes organisations comme Axios, CNN et le New York Times
savent évidemment qui elles embauchent. Il s’agit de certains des emplois les
plus recherchés dans le journalisme, et des centaines de candidats postulent
probablement pour chaque poste. Le fait que ces organisations choisissent de
sélectionner des espions israéliens avant tout autre candidat soulève de
sérieuses questions quant à leur crédibilité journalistique et leur objectif.
Engager
des agents de l’unité 8200 pour produire des news usaméricaines devrait
être aussi impensable que d’employer des combattants du Hamas ou du Hezbollah
comme reporters. Pourtant, d’anciens espions israéliens sont chargés d’informer
le public usaméricain sur les offensives en cours de leur pays contre la
Palestine, le Liban, le Yémen, l’Iran et la Syrie. Qu’en est-il de la
crédibilité et de la partialité de nos médias ?
Étant
donné qu’Israël ne pourrait pas poursuivre cette guerre sans l’aide des USA, la
bataille pour le contrôle des cerveaux yankees est aussi importante que les
actions sur le terrain. Et au fur et à mesure que la guerre de propagande se
poursuit, la frontière entre journaliste et combattant s’estompe. Le fait que
nombre des principaux journalistes qui nous fournissent des informations sur
Israël et la Palestine soient littéralement d’anciens agents des services de
renseignement israéliens ne fait que le souligner.
Le Prix Pulitzer au New York Times pour sa couverture du génocide de Gaza: une grosse farce
Sûrement
des membres du Hamas. Photo Justin Tallis/AFP
« Mais
le Hamas ! »
C’est le
refrain favori de tous les ardents défenseurs de la guerre brutale d’Israël
contre Gaza. Et ces partisans sont, sans aucun doute, implacables.
« Hamas,
Hamas, Hamas ».
C’est
constant, incessant, sans fin.
Tous ceux
que l’armée israélienne tue à Gaza sont des membres du Hamas. Tous ceux
qui prennent la défense de la population de Gaza sont des membres du Hamas.
C’est la
plus grande et - pensent-ils - la meilleure diffamation dont ils disposent.
Mais pour
illustrer à quel point cette diffamation est devenue absurde, j’ai dressé une
liste, par ordre alphabétique, de toutes les personnalités ou organisations
(anglophones) auxquelles j’ai pu penser, qu’elles soient politiques ou
apolitiques, juives ou non juives, qui ont été accusées depuis le 7 octobre
2023 de « soutenir » le Hamas, de « sympathiser » avec le Hamas, de faire l’«
apologie » duHamas*.
Voici la
liste (avec les liens vers les accusations )*:
Quelle que
soit la célébrité, le respect ou la crédibilité d’une personne ou d’une
organisation, ce que nous avons appris depuis le 7 octobre, c’est que si vous
osez parler en faveur des droits des Palestiniens, ou critiquer ou même
remettre en question les actions d’Israël à Gaza, vous recevez automatiquement
l’étiquette du Hamas. C’est aussi simple que ça. Et tout aussi ridicule.
* Si j’ai
oublié d’autres exemples évidents,n’hésitez pas à les mentionner dans
les commentaires ci-dessous !