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22/02/2022

ALI ABOU HILAL
L'antisionisme n'est pas de l'antisémitisme, estime la Cour constitutionnelle sud-africaine

Ali Abou Hilal, abwaba24, 21/2/2022
Original : معاداة الصهيونية ليست معاداة للسامية
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Ali Abou Hilal est un avocat palestinien, maître de conférences en droit international.

« L'antisémitisme » est devenu une accusation toute prête lancée par les dirigeants de l'occupation et des colons israéliens, contre quiconque critique la politique agressive de l'occupation contre le peuple palestinien, et toutes les violations qu'elle pratique contre le peuple palestinien. Cette accusation n'était pas dirigée uniquement contre les Arabes, les Palestiniens et les Musulmans, mais comprenait également tous les partisans du peuple palestinien et de ses droits nationaux légitimes, de la solidarité étrangère, ainsi que les organisations internationales de défense des droits humains et les organes des Nations Unies, dont le Conseil des droits de l'homme, l’UNESCO, Amnesty International et autres organisations internationales.

Cette accusation englobait également des penseurs, des écrivains, des artistes et des juristes qui soutiennent le peuple palestinien et ses droits nationaux légitimes. L'accusation d' « antisémitisme ou de haine des Juifs » lancée par le gouvernement d'occupation israélien, la puissance occupante, est dirigée contre tous ceux qui critiquent le sionisme comme une doctrine politique basée sur « le remplacement et le nettoyage par le vide », dans le but d'établir un État juif en Palestine, et pour quiconque critique les pratiques de l'État occupant et sa perpétration de crimes contre l'humanité, de crimes de guerre et du crime d'apartheid, et cette accusation est dirigée contre quiconque n'accepte pas la définition du judaïsme comme nationalité et non comme une croyance religieuse.

Il est naturel et nécessaire que la communauté internationale, et la justice internationale, réfute cette accusation, qui exprime la doctrine et les idées racistes et agressives du gouvernement occupant, qui voit dans toute critique justifiée qui lui est adressée une haine des Juifs et une opposition antisémite, et dans ce contexte, la Cour constitutionnelle d'Afrique du Sud a rendu mercredi dernier, 16 février 2022, une décision de justice confirmant que les termes judaïsme et sionisme ne sont pas synonymes, et que l'antisionisme n'est pas l'antisémitisme, et qu'il existe des différences de taille entre les deux termes.

 La décision est intervenue dans une affaire intentée par la Commission sud-africaine des droits de l'homme (non gouvernementale) au nom du South African Jewish Board of Deputies (SAJBD, équivalent du CRIF français, NdT), contre les propos tenus en 2009 par l’avocat Bongani Masuku, ancien secrétaire aux relations internationales du Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), le déclarant non-coupable.

La Cour a conclu que sur les quatre commentaires en question - dont un seul répondait aux critères du discours de haine - avaient été faits sous l’effet d’une grave provocation par des sionistes, lors d'une réunion publique de la Campagne de solidarité avec la Palestine à l'Université du Wiwatersrand de Johannesburg. Lors de cette réunion. Masoka était, selon le tribunal, « soumis à un harcèlement sévère de la part de personnes qui s'opposaient à son discours ». En fait, il a été poussé par un groupe d'étudiants juifs qui, avec leurs interventions constantes, ont tenté de le forcer à faire des déclarations hostiles et de limiter son droit à la liberté d'expression.

La décision la Cour a déclaré que les termes judaïsme et sionisme ne sont pas synonymes, que l'antisionisme n'est pas antisémite et qu'il existe des différences subtiles entre les deux termes. Avec cette décision de la plus haute autorité judiciaire de l'État d'Afrique du Sud, la controverse sur la confusion entre les Juifs et ceux qui soutiennent Israël, entre le judaïsme et le sionisme, et entre les juifs et les sionistes, a été dissipée.

La décision de la Cour constitutionnelle d'Afrique du Sud est d'une grande importance, car elle a été rendue par la plus haute juridiction d'un pays qui a longtemps souffert de la politique d'apartheid, et constitue un précédent qui peut être suivi par d'autres instances judiciaires internationales et nationales qui pourraient connaître d'affaires similaires à l'avenir .

Cette décision répond aux allégations du gouvernement d'occupation, qui considère que toute critique de sa politique agressive et raciste contre le peuple palestinien, qui prend de nombreuses formes de crimes et de violations, est antisémite et exprime la haine des Juifs, avec la visée de terroriser ceux qui critiquent cette politique et l'affrontent pour l'arrêter, notamment les organisations internationales de défense des droits humains, dont la plus récente est Amnesty International, qui a confirmé dans son dernier rapport que l'État d'Israël est un État d'apartheid qui pratique le nettoyage ethnique et la discrimination raciale contre le peuple palestinien. Le gouvernement d'occupation a accusé Amnesty International d'être une organisation antisémite. La même accusation a été dirigée contre d'autres organisations internationales, ainsi qu'un grand nombre de penseurs, d'écrivains, de juristes et d'artistes qui soutiennent les droits du peuple palestinien dans le monde.

La décision de la Cour constitutionnelle de l'État d'Afrique du Sud exprime également son soutien et sa protection à tous ceux qui critiquent la politique d'agression et de colonisation du gouvernement d'occupation israélien, ainsi que la politique de nettoyage ethnique et de déportation forcée qu'il pratique contre le peuple palestinien à Jérusalem et dans le reste des territoires palestiniens occupés. L'occupation agressive contre le peuple palestinien et ses droits nationaux légitimes qui trouve un soutien et un soutien au niveau international, parmi les mouvements de solidarité internationale et en faveur de la lutte du peuple palestinien, afin de mettre fin à l'occupation et de garantir le droit du peuple palestinien à la liberté et à l'indépendance.

 

19/05/2021

Ras l’bol de l’hystérie pro-israélienne en Allemagne

Abi Melzer, Der Semit, 19/5/2021 

Traduit par Fausto Giudice

Abraham (Abi) Melzer (Samarcande, 1945) est un éditeur, écrivain et blogueur juif allemand qui a grandi en Israël et a émigré avec sa famille en Allemagne en 1958.

 L'hystérie qui règne en Allemagne parmi les politiciens et dans les médias face aux événements en « Terre sainte », comme on appelle Israël sur la ZDF [deuxième chaîne de télévision publique], est devenue insupportable. 

On n’a plus envie de critiquer cette hystérie, car cela revient à essayer de verser de l'eau dans un seau dont le fond est troué. Les nuits de bombardements sur Tel Aviv ressemblent effectivement aux nuits de bombardements sur Gaza, du moins en ce qui concerne la peur de la population, mais trop d'Israéliens acceptent malheureusement les mensonges de leur gouvernement, et en Allemagne ce n'est pas différent. Occupants et occupés ont peur d'une guerre imminente, d'un avenir incertain. Dans une guerre, il n'y a pas de gagnants, seulement des perdants. Et nous, en Allemagne, nous avons peur des jeunes Palestiniens et Musulmans qui protestent désespérément et nous nous protégeons en les traitant d'antisémites. Lors d'une manifestation pro-israélienne à Munich, une femme juive qui vit en Israël a déclaré qu'elle avait plus peur à Munich qu'à Sderot, où des roquettes provenant de Gaza tombent chaque jour. Ce n'est pas seulement exagéré, c'est complètement écœurant. Selon la police et les médias, la quasi-totalité des rassemblements et des manifestations ont été pacifiques. À quel point faut-il être dogmatique pour ignorer non seulement ce qui se passe en Allemagne, mais aussi ce qui se passe à Sderot.

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                                                                Carlos Latuff

Les Palestiniens sont expulsés de leurs maisons et appartements à Jérusalem-Est depuis des années. Ils doivent laisser la place à des colons juifs national-religieux. Ce qui se passe actuellement à Sheikh Jarrah n'est pas seulement un excellent exemple de purification ethnique et de violence liée à l'occupation israélienne, mais aussi un exemple de la politique impitoyable d'un premier ministre autoritaire et réactionnaire de droite qui est prêt à sacrifier des soldats israéliens et des civils palestiniens uniquement pour détourner l'attention de ses affaires judiciaires et rester au pouvoir. Comme Netanyahou n'a pas de majorité pour former une coalition, il cherche l'escalade à Jérusalem pour creuser un fossé entre ses adversaires politiques, ce qu'il a réussi à faire, puisque le parti arabe Raam, qui était prêt à former une coalition avec les adversaires de Bibi, y a bien sûr renoncé à la lumière des récents développements.

Entretemps, les Palestiniens ont commencé à riposter. Et lorsque cela a été connu au niveau international, les hypocrites journalistiques et politiques du monde entier sont sortis de leurs trous. Sans s'être informés, ils savent quoi écrire : pour Israël d'un côté et en appelant à la haine de l'autre. Le magazine conservateur Focus et ses correspondants Ulrich Reitz et Hugo Müller-Vogg clament haut et fort leur ignorance, et des politiciens comme Heiko Maas (ministre fédéral des Affaires étrangères) et Cem Özdemir [député fédéral des Verts, ancien président du parti, se définissant comme « Souabe anatolien », NdT] ne parlent que d'antisémitisme, comme si cela pouvait expliquer la situation en Israël/Palestine.

Ainsi, Reitz écrit - si je peux commencer par le dernier paragraphe de son pamphlet - que le logo de Paliroots montre une carte d'Israël incluant Gaza et la Cisjordanie aux couleurs palestiniennes, - en d'autres termes : « L'organisation ne reconnaît pas le droit à l'existence de l'État d'Israël ».  Est-ce là une preuve de la politique palestinienne ou une preuve d'interprétations obsessionnelles ? Ce qui est certain, cependant : Israël, en tout état de cause, ne reconnaît pas du tout le droit à l'existence d'un État de Palestine.

Seule une personne qui ne veut rien savoir des conditions sur le terrain peut ne pas comprendre le contexte. Paliroots est une marque déposée pour des produits économiques. Fondée en 2016, la mission de PaliRoots est de sensibiliser le monde à la culture palestinienne en fabriquant des produits spécialisés inspirés de cette culture.

Le logo dessine le contour de l'ancien territoire sous mandat britannique de la Palestine. Comment la marque est-elle censée transmettre l'affirmation politique selon laquelle Israël n'existe pas ou que son droit d'exister n'est pas reconnu ? Au mieux, la marque indique l'origine des produits sur le territoire de l'ancien mandat.

D’ailleurs, si vous louez une voiture en Israël, vous obtenez gratuitement une carte routière. Elle est délivrée par le ministère israélien des Transports. Sur cette carte, tout comme sur la carte de Paliroots, aucune frontière n'est indiquée. La société de location de voitures précise que l'assurance n'est valable que « dans les frontières d'Israël ». Et où sont indiquées les frontières sur cette carte du ministère ? Nulle part ! Il n'y a pas de frontières à trouver. Les cartes de la société de location de voitures sont identiques à celles du gouvernement et ne peuvent être distribuées que sous cette forme.