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25/09/2025

GERALDINA COLOTTI
Italie : la révolution bolivarienne et la Flottille de la liberté

Geraldina Colotti, Resumen Latinoamericano, 24/9/2025
Traduit par Tlaxcala

 


Dans le port d’Otrante, le drapeau vénézuélien flotte aux côtés des drapeaux palestiniens. Un jeune homme grimpe au mât du navire Ghassan Kanafani, dédié à l’un des écrivains palestiniens les plus importants du siècle dernier, journaliste et homme politique, assassiné à Beyrouth par une bombe placée dans sa voiture par le Mossad, le 8 juillet 1972. Il était une figure importante du Front populaire de libération de la Palestine. Aujourd’hui, le drapeau du Venezuela flotte au vent, aux côtés de celui de la Palestine. D’autres militants montent sur le pont, saluent le poing levé devant la caméra pour la campagne « Le Venezuela est un espoir, pas une menace », et crient à tue-tête : « Je m’engage avec Maduro, gringos go home ! » et « Palestine-Venezuela, un seul drapeau ».

Depuis la ville apulienne du Salento, située sur la côte adriatique et considérée comme le point le plus oriental de l’Italie, la Flottille de la liberté se prépare également à partir pour Gaza. « Il y a un équipage maritime, mais aussi un équipage terrestre, qui prépare le voyage et le suivra dans toutes ses phases », explique Schoukri Hroub, qui est ici le coordinateur logistique de l’Union démocratique arabe-palestinienne (UDAP).

La plupart des bateaux, réunis au sein de la Global Sumud Flotilla, ont pris la mer en direction de la ville martyre de Palestine, chargés d’aide humanitaire pour une population affamée et décimée par un génocide que personne ne parvient à arrêter. Global signifie que l’équipage provient de dizaines de pays, et « Sumud » est un mot arabe qui signifie « résilience » et « persévérance inébranlable », pour indiquer la détermination des militants à ne pas se laisser intimider par les menaces du criminel Netanyahou : menaces qui sont toutefois prises au sérieux, compte tenu de la liberté d’action que lui ont laissée ses maîtres occidentaux, en lui permettant d’étendre et de multiplier une occupation à des fins évidentes d’épuration ethnique et d’extermination, qui a maintenant atteint son paroxysme.

La « Sumud » a déjà reçu plus d’un drone d’avertissement et, au moment où nous écrivons ces lignes, il a de nouveau été attaqué. Certains députés de la gauche institutionnelle ont symboliquement occupé la salle du Parlement italieb pour demander au gouvernement d’extrême droite, grand sponsor du régime sioniste, de garantir la sécurité de la flottille sur laquelle des députés ont également embarqué.

Le ministre italien de la Défense a assuré avoir envoyé un navire de sauvetage, mais les conditions obligent les militants à abandonner l’aide à d’autres mains. Netanyahou avait déjà demandé aux navigants de remettre l’aide aux mains sanglantes de ses forces armées qui, a-t-il déclaré sans la moindre honte, la remettraient certainement aux Palestiniens. Proposition rejetée par les militants, unis dans cette affaire malgré la diversité de leurs appartenances.




Compte tenu de la situation, l’ambiance est également joyeuse, mais concentrée, dans le port d’Otrante. La Flottille de la liberté a déjà fait ses preuves sur le plan politique en tentant de briser le blocus naval de Gaza. Schoukri se souvient du prix payé le 31 mai 2010. À l’époque, les forces spéciales sionistes avaient attaqué le navire turc Mavi Marmara, qui faisait partie du convoi, dans les eaux internationales. L’opération, qui s’était déroulée à environ 120 km des côtes israéliennes, avait causé la mort de neuf militants et fait des dizaines de blessés, provoquant une vive réaction internationale et entraînant une crise diplomatique entre la Turquie et Israël.

À Otrante, la Flottille de la liberté bénéficie du soutien des différentes composantes territoriales, ainsi que des autorités ecclésiastiques et politiques, qui ont participé aux journées de rencontres, d’information et de débats en préparation du départ, avec des attitudes plus nuancées et des accents humanitaires.

« Nous avons une attitude inclusive et ouverte, la lutte doit s’intensifier car ce combat est mondial et concerne l’humanité tout entière, mais il n’y a aucune ambiguïté sur la nature du génocide et sur le modèle capitaliste qui le détermine dans sa férocité coloniale », déclare Boris Tremolizzo, l’un des coordinateurs.

C’est pourquoi, dans les deux débats centraux, le comité organisateur s’est efforcé d’inviter, outre les personnes qui luttent pour la défense du territoire – paysans, pêcheurs, précaires, étudiants, ouvriers, féministes et écologistes – également des représentants de Cuba et du Nicaragua (alors occupés à d’autres activités), et surtout du Venezuela, attaqué par l’impérialisme usaméricain, qui a envoyé sur les côtes des Caraïbes une flotte opposée à celle de la flottille de la paix, qui dénonce le génocide de Gaza.

Au nom de l’ambassadrice Marilyn Di Luca, Estalina Báez, première secrétaire de la mission diplomatique vénézuélienne auprès de la FAO, a participé aux deux débats – « La faim comme arme de guerre et outil de domination » et « De la Palestine au Venezuela en passant par l’Afrique, la guerre de l’impérialisme ne s’arrête pas » – et a reçu un accueil très favorable.

En compagnie de plusieurs médecins palestiniens, connectés à distance, Estalina a présenté avec précision les données, les initiatives et les dénonciations internationales présentées par le Venezuela pour accompagner les actions de paix entreprises par le président Maduro et le gouvernement bolivarien face à l’agression impérialiste de Donald Trump et Marco Rubio.

Elle a montré l’adhésion populaire résolue à la défense de la souveraineté du Venezuela, qui a impliqué tous les secteurs sociaux : des pêcheurs aux paysans, des ouvriers aux jeunes, avec les femmes productrices toujours en première ligne. Des personnes qui voient leur propre survie et leur travail menacés, comme cela a été le cas pour les pêcheurs, pris pour cible par les navires de guerre sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue.

Trump, a-t-elle déclaré, bombarde les bateaux de pêche sans avertissement, ce qui fait que beaucoup ont peur de prendre la mer, ce qui compromet leurs activités de pêche habituelles, leur économie, et pourrait même menacer la souveraineté alimentaire du pays, en les empêchant de se procurer de la nourriture. Une fois de plus, a-t-elle ajouté, l’impérialisme utilise à nouveau l’alimentation comme une arme de guerre contre la révolution bolivarienne.

Le même mécanisme criminel est à l’œuvre contre la population de Gaza, à qui l’occupant empêche de se procurer de la nourriture sur ses propres côtes, en les prenant pour cible avec ses fusils. Que dirait, a-t-elle demandé à l’assistance, un pêcheur de ces côtes en signe de solidarité avec les pêcheurs vénézuéliens, attaqués comme ceux de Gaza ? Depuis le public, les comités territoriaux ont répondu sans hésiter : « Gringos go home ! » Et, dans la soirée, lors d’une réunion de paysans et d’écologistes avec la représentante diplomatique vénézuélienne, ils se sont déclarés prêts à impliquer dans cette lutte les pêcheurs des autres côtes et à organiser des jumelages avec les communes et les pêcheurs vénézuéliens.

« Nous défendrons toujours la souveraineté du Venezuela », a répété Schoukri Hroub, rappelant que la liberté de la Palestine a toujours été présente et la solidarité toujours active, tant au niveau international que populaire, de Chávez à Maduro.

Le Venezuela est un espoir, pas une menace. Mais pour l’impérialisme usaméricain et les gouvernements européens hypocrites qui le soutiennent, la véritable menace est celle de l’exemple, qui doit être enterré sous un voile de mensonges avec la complicité des médias hégémoniques qui ont cautionné les fausses informations du prétendu Cartel des Soleils, initialement pour calomnier le capitaine Diosdado Cabello, puis le président Maduro.

La menace que représente le socialisme bolivarien est celle d’avoir lancé un modèle alternatif au capitalisme dominant grâce auquel le Venezuela avait réussi à atteindre les premiers objectifs du millénaire de la FAO en deux fois moins de temps, et c’est pourquoi on a tenté de le bloquer et de l’étouffer par tous les moyens.

C’est pourquoi, comme à Gaza, l’impérialisme utilise la faim et l’alimentation comme arme de guerre. Mais sans succès, car, tout comme en Palestine, malgré les agressions et les « sanctions », le Venezuela a toujours répondu avec créativité, à commencer par la création des Clap, les comités locaux d’approvisionnement et de production, qui sont également des instruments d’auto-organisation sociale.

Aujourd’hui, le pays produit 90 % de ce qu’il consomme, et les données sur la croissance économique, illustrées ces derniers jours par la vice-présidente exécutive, Delcy Rodríguez, sont encore plus prometteuses. Une offense insupportable pour un impérialisme qui bafoue le droit international, comme nous le voyons avec le génocide en Palestine, mais qui a ainsi éveillé la conscience des peuples.



 


25/08/2025

De Gaza à Pise : Marah Abou Zhouri, 20 ans, 35 kilos, morte de famine
La justice italienne ne voit aucune raison d'ouvrir une enquête

Adieu émouvant à Marah, morte en Italie victime du génocide

Une arme infâme : La Palestinienne de 20 ans, arrivée de Gaza dans un état désespéré, a été inhumée dans la province de Pise


Cérémonie funéraire pourMarah Abou Zhouri, Palestinienne de 20 ans décédée à l’hôpital de Pise. Photo Alessandro La Rocca/LaPresse

Giula Torrini, il manifesto, 21/8/2025
Traduit par Tlaxcala

« Marah signifie joie, gaieté en arabe. C’est ce que ma fille transmettait. C’était ma petite dernière, la plus jeune de ses cinq sœurs et de son frère qui m’attendent maintenant à Gaza, où je veux retourner dès que je l’aurai enterrée ». La mère de la Palestinienne de 20 ans dont la mort par malnutrition fait parler toute l’Italie est petite, polie et enfermée dans une douleur très digne. Voilée, entièrement vêtue de noir, elle porte un petit foulard palestinien que nous lui avons offert ces derniers jours, lorsque nous l’avons rencontrée pour lui apporter la solidarité de l’association « Un Ponte Per ».

Elle parle très peu, protégée par ses proches venus du Portugal, de Belgique, du Maroc et par la communauté palestinienne qui s’est précipitée de toute la Toscane pour la soutenir lors des funérailles de sa fille, morte de faim et du génocide.

Des centaines de personnes ont assisté à la cérémonie dans le « parc de la Paix » Tiziano Terzani de Pontasserchio, près de la commune de San Giuliano Terme, dans la province de Pise. Une mer de drapeaux palestiniens et de keffiehs sous un ciel humide et étouffant. De nombreux délégués des administrations de Pise et des environs, avec leurs écharpes tricolores et leurs bannières, des dizaines de journalistes, des caméras et des téléphones pour filmer le simple cercueil en bois clair, posé sur un beau tapis brodé de rouge et d’or. Des fleurs blanches, quelques tournesols et le drapeau de la Palestine recouvraient le cercueil.

Arrivée en Italie par un vol humanitaire, déjà affaiblie, épuisée par des jours de marche et atteinte d’une leucémie suspectée puis démentie par les médecins italiens, la jeune femme est décédée après moins de deux jours d’hospitalisation à Pise. Aujourd’hui, son corps repose, enterré selon la tradition musulmane, face à La Mecque, à côté du petit cimetière de San Giuliano Terme, où le maire Matteo Cecchelli lui a offert une place. « Marah est arrivée en Italie trop tard, tuée par la faim qui, pendant des mois, l’a empêchée de se nourrir correctement, à cause du génocide en cours.

Les institutions ne peuvent rester spectatrices : le gouvernement italien doit reconnaître l’État palestinien et promouvoir des actions concrètes avec la communauté internationale pour mettre fin à ce massacre », a-t-il déclaré. Israël utilise la nourriture et l’eau comme des armes, dénonce la communauté internationale depuis des mois.

Izzeddin Elzir, imam de Florence, le rappelle également : « C’est pourquoi Marah est arrivée en Italie dans un état de dénutrition avancé. Le couloir humanitaire qui l’a mise en sécurité n’a pas suffi, car elle n’avait pas mangé depuis trop longtemps. Dans la bande de Gaza, la nourriture est très rare, rationnée et de mauvaise qualité. Quand j’entends parler de droit, je me demande : l’État d’Israël n’a-t-il pas été créé par le droit international ? Si le droit international n’est pas respecté, alors on pourrait dire qu’Israël n’existe pas non plus ». Les applaudissements les plus forts et les chants du public s’élèvent sur les accusations de complicité des États occidentaux, y compris l’Italie. « Nous sommes tous complices, dit Luisa Morgantini, la vie vient de Gaza, et nous devons défendre cette vie. Le peuple palestinien est fort, habitué depuis trop longtemps à souffrir. C’est à nous qu’il revient de mener ce combat dans notre vie quotidienne ».

Tandis que la foule scande « Palestine libre » et applaudit les interventions du président de la province de Pise et de la porte-parole de la nouvelle ambassadrice de Palestine, Mona Abuamara, assise aux côtés de sa mère visiblement émue, le président de la région, Eugenio Giani, fait son apparition. Il prend la parole pour défendre les médecins toscans, les hôpitaux de Florence, Pise et Massa, excellences italiennes dans le domaine des soins aux mineurs, mais il est couvert par les sifflets et les chants. « Honte, assez d’armes pour Israël, fermez les ports aux armes, bloquez la base militaire de Coltano » sont quelques-uns des messages scandés. Mais Giani poursuit son intervention en rappelant que la région Toscane a récemment approuvé une résolution déclarant l’État de Palestine indépendant et souverain.

C’est à l’imam de Pise, Mohammed Khalil, qu’il revient de conclure et de ramener le calme dans un contexte qui, de cérémonie commémorative, s’est soudainement transformé en arène politique, nous rappelant que la cause palestinienne passe aussi par des choix politiques et partisans. « Ce n’est pas humanitaire de jeter de la nourriture sur la tête des gens. Je me souviens de ma mère dans les années 70 qui tamisait la farine parce qu’elle était pleine de vers. Nous avons le devoir de nous souvenir de Marah comme symbole de ce qui se passe à Gaza : la question palestinienne n’est pas humanitaire, mais politique ».

Nous nous rendons au cimetière pour la cérémonie d’enterrement. Et tandis que la terre tombe peu à peu sur le cercueil de la jeune Marah, qui rêvait de manger enfin un hamburger avec un Coca-Cola, qui coûte 50 dollars la canette à Gaza, le visage de sa mère semble se détendre légèrement. « Demain, je retourne à Gaza. Si je dois mourir, je mourrai sur ma terre. Je laisse ici en Italie une partie de moi-même, ma Marah, ma joie. Je vous demande de prier pour elle, si vous le pouvez ».

 


Marah Abou Zhouri : le parquet a décidé de ne pas ouvrir d’enquête

Alessandra Annoni, Francesco B. Morelli, il manifesto, 21/8/2025

Traduit par Tlaxcala

Alessandra Annoni est professeure de droit international à Ferrare, Francesco B. Morelli est professeur de droit pénal procédural à Messine

« Nous ne voyons aucun délit dans cette affaire ». C’est ainsi que, selon la presse, la procureure de la République de Pise a justifié sa décision de ne pas ordonner l’autopsie du corps de Marah Abou Zhouri, la jeune Palestinienne évacuée de la bande de Gaza le 14 août et décédée à l’hôpital de Cisanello 36 heures après son admission.

La femme était arrivée à l’hôpital avec une suspicion de leucémie, déjà exclue par les premiers examens diagnostiques ; elle pesait 35 kilos et présentait, selon les médecins, un état général de déperdition organique. Marah venait d’un territoire réduit en cendres par 22 mois de bombardements intensifs, dont le système sanitaire a été complètement détruit et où, depuis des mois, l’entrée et la distribution de l’aide humanitaire sont entravées de toutes les manières possibles.

Le 29 juillet 2025, l’IPC Global Initiative, la principale autorité internationale en matière de sécurité alimentaire, a publié un avis urgent pour signaler le risque réel et imminent de famine dans la bande de Gaza. Depuis le début des hostilités, les autorités sanitaires de Gaza ont documenté la mort par famine de 235 personnes, dont 106 mineurs. Ce type de décès est en augmentation exponentielle : 170 ont été recensés entre le 1er juillet et le 13 août. Comme l’a souligné à plusieurs reprises le secrétaire général de l’ONU, cette situation n’est pas le résultat d’une catastrophe naturelle. Il ne s’agit pas non plus d’une conséquence inévitable du conflit armé en cours. La famine à Gaza est le résultat d’un comportement humain.

Pourtant, selon le parquet de Pise, la mort de Marah ne serait pas liée à une hypothèse de crime méritant une enquête. Il faut donc exclure que cette femme ait été victime d’un génocide, un crime pourtant prévu par notre législation (article 1 de la loi 962 de 1967). La Cour internationale de justice avait déjà jugé plausible le risque de génocide à Gaza en janvier 2024 et avait intimé à Israël de lever tous les obstacles à l’entrée de l’aide humanitaire ; de nombreux experts ont désormais conclu qu’Israël commet un génocide, mais pour le parquet de Pise, cette hypothèse de crime ne mérite pas d’être approfondie.

Le parquet lui-même a manifestement estimé pouvoir exclure également la commission d’infractions « communes » qui, selon les informations et les faits révélés, auraient pu être envisagées : l’homicide volontaire ou involontaire ; la torture, en supposant que la victime ait été contrainte de subir des souffrances physiques et psychiques alors qu’elle se trouvait certainement dans un état de défense réduite, à la merci des bombes, sans nourriture ni médicaments. Enfin, la mort comme conséquence d’un autre crime. Il s’agit de crimes sur lesquels les autorités italiennes auraient eu pleine compétence, même s’ils résultent d’actes commis à l’étranger : Marah est décédée en Italie et, conformément à l’article 6 du code pénal, cela suffit pour considérer que le crime a été commis sur le territoire italien.

La déclaration de la procureure Camelio rapportée par la presse doit être évaluée dans le contexte de la Constitution et du code de procédure pénale. Pour que l’enquête puisse commencer, il n’est pas nécessaire que le procureur identifie un délit avant d’avoir effectué tout acte d’enquête. Ce qui doit ressortir, c’est une information relative à un délit, c’est-à-dire « la représentation d’un fait, déterminé et non invraisemblable, pouvant être rattaché à une infraction pénale » (article 335 du code de procédure pénale). Comme nous l’avons vu, ces éléments ne manquent pas. Et les éléments qui fondent une hypothèse concrète d’infraction ne manquent pas non plus. Les médecins italiens ont nié l’existence de la leucémie qui aurait été diagnostiquée ailleurs. Nous savons de la bouche même des professionnels de santé que le décès est survenu à la suite d’un « grave dépérissement organique », intuitivement attribuable à la malnutrition.

Nous savons que dans la bande de Gaza, l’entrée et la distribution de nourriture dans des conditions de sécurité sont interdites. Il s’agit là d’éléments factuels qui révèlent que la mort de Marah est très probablement imputable à des comportements d’autres personnes et non à des pathologies indépendantes de celles-ci, ce qui ne peut que justifier la nécessité d’une enquête.

L’obligation de poursuivre ne prétend pas qu’un délit soit diagnostiqué avec certitude au moment où il est signalé. Ce principe constitutionnel exige plutôt que les enquêtes nécessaires soient menées afin de déterminer si les indices qui fondent l’hypothèse d’un délit peuvent aboutir à sa constatation à l’issue d’un procès. La procureure aurait dû procéder à l’audition des médecins qui ont soigné la victime, de ses parents, à l’acquisition du diagnostic établi ailleurs et de tous les éléments nécessaires pour faire la lumière sur le comportement et ses responsables ; mais avant tout, l’autopsie, qui aurait pu attester la ou les causes du décès. La présence même d’autres maladies non diagnostiquées n’exclut pas l’infraction, car la maladie aurait pu provoquer la mort, telle qu’elle s’est produite, uniquement en présence de conditions, créées par d’autres, de malnutrition et d’absence de soins.