المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

Affichage des articles dont le libellé est Échelle des massacres. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Échelle des massacres. Afficher tous les articles

16/09/2025

FRANÇOIS VADROT
Propositions pour une échelle de Netanyahou des massacres

Quand les médias classent l’horreur comme on mesure un séisme.

 François Vadrot, 16/9/2025

Préambule

Tout est parti de la Une du Journal de référence, ce matin du 16 septembre 2025. On y lisait que la « défense civile palestinienne » ( formule soigneusement choisie pour éviter le mot Hamas) « craint un massacre majeur » à Gaza, alors qu’un ministre israélien se réjouissait que « Gaza brûle ».

La dissonance était frappante : d’un côté une institution civile qui redoute un massacre, de l’autre un responsable politique qui s’en félicite. Mais le plus troublant était ailleurs : l’idée même de « massacre majeur ». Comme s’il existait une taxonomie implicite, un classement administratif des tueries. Un massacre « mineur » serait-il donc acceptable, soluble dans la routine des bilans de guerre ?
De là est née l’idée d’une échelle de Netanyahou des massacres : une satire du langage médiatique, une comptabilité graduée de l’horreur, où le mot « massacre » n’apparaît qu’après un seuil arbitraire, et où l’indignation se calcule à la décimale.



L’échelle de Netanyahou

Niveau 0 — Incidents insignifiants
Snipers, drones : les morts isolées n’entrent pas dans la comptabilité.

Niveau 1 — Micro-massacre
Moins de dix morts. On parle d’« incident » ou de « frappe ciblée ». Pas de photo, juste une ligne perdue dans un direct.

Niveau 2 — Bavure modérée
10 à 20 morts. Le mot « massacre » est interdit : on évoque un « bilan encore incertain ».

Niveau 3 — Massacre mineur
20 à 49 morts. Les rédactions admettent le terme, mais au conditionnel : « craintes d’un massacre ».

Niveau 4 — Massacre majeur
50 morts ou plus. On ouvre un direct. Le mot « massacre » s’impose, mais assorti de l’adjectif : un massacre oui, mais « majeur ».

Niveau 5 — Catastrophe
100 morts et plus. On parle d’« horreur », mais à travers la voix d’une ONG ou d’un historien.

Niveau 6 — Apocalypse
Plusieurs centaines de morts en un instant (camp, école, hôpital). On évoque un « tournant du conflit », aussitôt effacé par le suivant.

Niveau 7 — L’indicible
On ressort l’éditorial sur « l’échec international », sans jamais nommer le criminel.

Conclusion

Sur l’échelle de Richter, on mesure la force des séismes. Sur l’échelle de Netanyahou, on mesure la tolérance médiatique à l’horreur.