Quand les médias classent l’horreur comme on mesure un séisme.
François Vadrot, 16/9/2025
Préambule
Niveau 0 — Incidents insignifiants
Snipers, drones : les morts isolées n’entrent pas dans la comptabilité.
Niveau 1 — Micro-massacre
Moins de dix morts. On parle d’« incident » ou de « frappe ciblée ». Pas de photo, juste une ligne perdue dans un direct.
Niveau 2 — Bavure modérée
10 à 20 morts. Le mot « massacre » est interdit : on évoque un « bilan encore incertain ».
Niveau 3 — Massacre mineur
20 à 49 morts. Les rédactions admettent le terme, mais au conditionnel : « craintes d’un massacre ».
Niveau 4 — Massacre majeur
50
morts ou plus. On ouvre un direct. Le mot « massacre » s’impose, mais
assorti de l’adjectif : un massacre oui, mais « majeur ».
Niveau 5 — Catastrophe
100 morts et plus. On parle d’« horreur », mais à travers la voix d’une ONG ou d’un historien.
Niveau 6 — Apocalypse
Plusieurs
centaines de morts en un instant (camp, école, hôpital). On évoque un «
tournant du conflit », aussitôt effacé par le suivant.
Niveau 7 — L’indicible
On ressort l’éditorial sur « l’échec international », sans jamais nommer le criminel.