المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

Affichage des articles dont le libellé est Sergio Rodríguez Gelfenstein. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Sergio Rodríguez Gelfenstein. Afficher tous les articles

12/01/2025

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Deux ou trois remarques sur la Trumperie qui vient

Deux semaines avant l’intronisation de Donald Trump à la présidence des USA, je me risquerai à faire quelques observations sur les perspectives de la nouvelle administration, tout d’abord sur sa politique étrangère, surtout après ses déclarations arrogantes de confrontation avec le Mexique, le Panama, le Venezuela et le Danemark (pour le Groenland).


Le rêve trumpien d’acheter le Groenland, vu par la dessinatrice Mette Dreyer pour le journal danois Politiken


À cet égard, on peut conclure que l’impertinence est un trait de personnalité du nouveau dirigeant yankee, qu’il associe à une vision agressive de businessman pour atteindre ses objectifs. Avant de prendre ses fonctions pour sa première présidence, après avoir remporté les élections en 2016, et alors qu’il nommait les membres de l’administration, son meilleur ami Steven Witkoff lui avait recommandé de ne pas faire entrer John Bolton dans le cabinet. Il a répondu que c’était une recommandation tardive parce qu’il l’avait déjà fait.

Aujourd’hui, Trump estime qu’en construisant sa première administration, il a dû accepter de nombreuses impositions parce qu’il n’était pas un homme politique, qu’il n’avait pas d’expérience, qu’il ne contrôlait pas le parti républicain, ni ses sénateurs et ses représentants, ni les médias ou les réseaux sociaux.
Cette situation a aujourd’hui changé. Huit ans plus tard, Trump estime que si Bolton a fait beaucoup de mal à sa première administration, il l’a aussi aidé parce qu’étant détesté de tous, il a fait le sale boulot, après quoi il venait dialoguer sur une situation dans laquelle un espace avait été créé pour négocier et même pour céder, si bien qu’ il a souvent pu capitaliser sur le « règlement » des différends. C’était le vieux jeu du « bon flic/méchant flix » appliqué à la politique.

Dominik Joswig

Ce récit reflète parfaitement la manière dont Trump entend agir en matière de politique étrangère. Au fond, son principal objectif est d’arrêter la Chine, et il y consacrera l’essentiel de son énergie. Par exemple, les pressions exercées sur le Panama ne visent pas à s’emparer du canal, mais à faire sortir la Chine de ce pays. Or, il a déjà mis la question sur la table des négociations et lorsqu’il demandera au gouvernement panaméen de prendre des mesures contre la Chine, il donnera l’impression de céder sur son objectif de s’emparer du canal. En d’autres termes, il « cédera » sur cet objectif en échange de l’expulsion par le Panama de la Chine de son territoire. De même pour le Groenland, il finira par contrôler le territoire sans avoir besoin de s’en emparer, ce qui sera également perçu comme une concession de sa part.


 

Compte tenu de toutes les nominations de fidèles de l’establishment par Trump (voir mon article précédent « Que fera Marco Rubio ? »[en espagnol]), je voudrais réitérer que la question la plus importante reste de savoir quel sera le rôle du département d’État dans l’exécution de la politique étrangère des USA.
La réponse est qu’il se concentrera sur l’exercice de pressions visant à retirer de l’espace à la Chine dans le monde, et en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes, où Rubio entretient des relations étroites avec des gouvernements, des partis et des dirigeants de droite et d’extrême droite, dont certains sont également considérés comme des amis de la Chine. Il s’agira donc également d’un scénario contesté, puisque - j’aimerais insister - la Chine sera la cible numéro un de la politique étrangère yankee, et pas précisément pour coopérer, mais plutôt pour entraver les liens bilatéraux et empêcher la Chine de contester l’hégémonie mondiale de Washington, même si celle-ci n’a pas l’intention de le faire.
Si tel est le cas, il convient de se demander pourquoi Trump a nommé Rubio secrétaire d’État, sachant qu’il ne lui fait pas confiance parce que c’est un « faucon » fidèle aux néoconservateurs. La réponse est que, bien que le prochain président - contrairement à sa première administration - contrôle désormais le parti républicain, certains sénateurs conservent leur autonomie et pourraient l’affronter, comme le montre le fait que Trump devra très probablement retirer la nomination de Pete Hegseth au poste de secrétaire à la Défense en raison de la résistance qu’il rencontre parmi les sénateurs de son propre parti. Trump a besoin d’eux, surtout pour garantir la nomination de certaines figures de son cabinet, notamment Tulsi Gabbard du parti démocrate, que ses anciens collègues ne veulent pas voir à ce poste parce qu’elle connaît trop de secrets internes.
D’autre part, il est certain que Trump reprendra la « guerre commerciale » contre la Chine en établissant de nouveaux droits de douane et en en augmentant d’autres afin que Beijing soit contraint de dévaluer sa monnaie, ce qui rendra ses exportations plus chères et affectera son commerce. Les économies latino-américaines qui importent beaucoup de Chine seront affectées par cette mesure.
De même, en tant qu’instrument d’analyse, il ne faut pas oublier que la personnalité de Trump se caractérise par des décisions inopportunes et la création d’incertitudes en tant qu’instruments de coercition. Cela conduit les gouvernements et les ministères des affaires étrangères à être limités dans leur capacité à prévoir les événements. Trump n’agit pas sur la base d’une idéologie définie. Il est uniquement motivé par la recherche du profit pour les USA, en particulier pour les entreprises et les riches.
L’establishment est son ennemi car il a opté pour l’économie spéculative et de services et Trump vise à revenir à une situation où les USA fondent leur économie sur la production. Cela explique certaines des nominations de Trump visant à affronter l’establishment, notamment Tulsi Gabbard au poste de directrice du renseignement national et Hash Patel au poste de directeur du FBI.
Trump entend prolonger son contrôle de l’État à l’avenir par l’intermédiaire du vice-président J.D. Vance, qui est son « dauphin ». Seul Vance a une idéologie bien définie et éloignée des canons traditionnels. L’émergence de Trump en politique et la recherche de l’extension de son influence dans le temps est l’expression des grandes contradictions dont souffre le système politique yankee, qui s’éloigne de la dichotomie traditionnelle démocrate-républicain ou gauche-droite.

« Rendons le Groenland vert à nouveau! » [Groenland signifie Terre verte en danois et un green est la partie de pelouse tondue autour de chaque trou au golf, dont Trump est un passionné]
 Morton Morland, Royaume-Uni

Il y a une crise d’identité dans les deux partis. Chez les démocrates, il existe un courant atlantiste néoconservateur qui s’oppose au vieux parti qui a créé l’État-providence, qui ne veut pas la guerre et qui croit en la nécessité d’augmenter les investissements sociaux, ce qui témoigne d’une débat non abouti. Cependant, ils ont écarté Bernie Sanders d’une manière mauvaise et illégale, montrant clairement que c’est l’aile droite de ce parti (qui est considérée comme « de gauche » aux USA) qui est aux commandes.
De son côté, le Parti républicain, vieille organisation conservatrice et réactionnaire, débat également entre le courant traditionaliste et le trumpisme anti-establishment qui propose une nouvelle façon de faire de la politique. Dans un premier temps, Trump envisage d’intervenir dans le Parti républicain pour que la nouvelle génération Vance le contrôle afin de « rendre à l’Amérique sa grandeur ». Si cela n’est pas possible, Trump cherchera probablement à créer sa propre organisation politique en s’inspirant des deux côtés du bipartisme traditionnel du pays.
Vance a une ligne de pensée cohérente sous-tendue par la suprématie blanche et la lutte contre l’establishment, qu’il considère comme rétrograde et immobilisant. Dans cette mesure, il se considère comme le promoteur d’une classe dirigeante liée à ces principes et comme un fervent défenseur de la religion traditionnelle. Il est intéressant de noter qu’il s’identifie fortement à la classe ouvrière usaméricaine, bien entendu pas en termes marxistes, mais dans le cadre de la conception capitaliste à l’ancienne. Il rejette les grandes entreprises et les monopoles, qu’il tient pour responsables de la destruction du capitalisme, car leur pratique conduit à la destruction de la base de l’économie capitaliste, à savoir la concurrence. Tout cela génère un océan de contradictions qui rend difficile la compréhension de ce qui se passe.
La vérité est que cette situation complexe a été évidente dans les résultats des élections, l’extrême droite dans son ensemble a couvert le spectre électoral en étant présente à la fois dans le camp démocrate et dans le camp républicain. Ainsi, même si Trump a représenté le parti républicain, le fait est qu’une troisième force est en train de naître. La nomination de Gabbard, démocrate de formation et de conviction, et de Robert Kennedy Jr, démocrate pur jus, au poste de secrétaire à la santé et aux services sociaux en sont peut-être les expressions les plus claires. Dans cette dimension, il faut aussi comprendre le soutien des Noirs et des Latinos à Trump, qui est ouvertement raciste et suprémaciste. Il est devenu clair que les discours traditionnels appartiennent au passé.
La seule chose qui compte aujourd’hui est l’économie et la résolution des problèmes économiques des majorités. La distinction traditionnelle dans la société usaméricaine entre ceux qui ont une formation universitaire et ceux qui n’en ont pas n’est plus valable. C’est précisément la ségrégation sur la base de tels critères qui a fait tomber dans l’escarcelle de Trump d’importants secteurs exclus de la société.
En résumé, Trump va essentiellement axer son gouvernement sur la résolution des problèmes de politique intérieure. Sur le plan extérieur, l’accent sera mis sur la Chine. Il essaiera de résoudre le problème de l’Ukraine parce qu’il ne veut pas continuer à saigner à blanc l’économie usaméricaine. La confrontation avec la Chine a une composante systémique à long terme et une composante conjoncturelle à court terme. C’est cette dernière qui sous-tend son soutien à Taïwan, mais pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut, il ne s’agit pas d’une ligne rouge pour Trump. Il continuera à la soutenir parce qu’il a besoin des usines de fabrication de puces de l’île. Lorsque les USA seront autosuffisants dans ce domaine [il n’est pas interdit de rêver, NdT], Taïwan cessera d’être un problème pour les USA. Trump n’est pas disposé à continuer à soutenir un dossier à forte intensité de ressources qui trouve son origine dans la guerre froide. Ce n’est pas à travers Taïwan que Trump structurera la confrontation stratégique avec la Chine.
Il convient de le répéter, la méthode de Trump consiste à lancer des questions qui ne sont pas à l’ordre du jour afin d’évaluer les réponses à ses déclarations. Ainsi, lorsque la question devient d’actualité, la mise en œuvre des mesures à prendre est déjà préparée et avancée. Ses principales questions de politique étrangère seront la Chine, les migrations et l’énergie, et ses actions s’articuleront autour d’elles.

Le plan Meta de Trump pour le Groenland
-Fais donc un fact-checking, pour voir si Trump est vraiment notre président
-Pas possible, Zuckerberg l’a supprimé
Dessin de Burkhard Fritsche, taz, Berlin



12/10/2024

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
12 octobre : “Génocidaires et esclavagistes” ou “héros et saints”

 Sergio Rodríguez Gelfenstein, 12/10/2024

Original español
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

L’émotion nationale médiatisée en Espagne suite à l’annonce que la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, n’a pas invité le roi bourbonien à son investiture amène à se poser la question de savoir si - comme le dit une affiche largement diffusée ces jours-ci dans les rues d’Espagne - les conquistadors étaient des « génocidaires et esclavagistes » ou « des héros et saints ». Cette question nous oblige à étudier et à apprendre les causes et les conséquences du colonialisme et à tirer des conclusions sur un pays qui célèbre comme fête nationale la date du début d’un génocide.


Campagne d’affiches de l'Association catholique des propagandistes (sic) pour ce qu’elle continue d’appeler le « Jour de l’Hispanité » (12 octobre)

Il faut savoir que rien qu’au cours du premier siècle de la colonisation, les Espagnols ont provoqué la mort de 56 millions d’habitants de l’Abya Yala, nom utilisé par les peuples originels pour désigner le territoire de Notre Amérique. Il est également important de savoir qu’au cours de la même période, la monarchie bourbonique a volé jusqu’à 9 550 tonnes d’or et d’argent dans la région, avec lesquelles elle a financé sa propre opulence et celle des autres maisons royales d’Europe.

Lorsque le 25 mars 2019, le président Andrés Manuel López Obrador a écrit au roi Felipe VI d’Espagne et au pape François pour leur demander de présenter des excuses aux peuples originels du Mexique pour les abus commis lors de la conquête du pays il y a 500 ans, c’est à cela qu’il faisait référence. Le président mexicain de l’époque leur a demandé « d’examiner les doléances et de demander pardon aux peuples originels pour les violations de ce que l’on appelle aujourd’hui les droits humains ». Il ajoutait : « Il y eut des tueries, des assujettissements. La soi-disant conquête s’est faite par l’épée et par la croix ».

Au vu de ces chiffres, il n’y a pas lieu d’être choqué par cette demande, ni de la considérer comme un affront national (bien que l’Espagne ne soit pas une nation, mais une somme de nations, sous domination castillane). La famille des Bourbons n’est pas originaire de l’Espagne actuelle, mais vient de France et a été imposée dans la péninsule par des mariages arrangés pour conquérir et conserver le pouvoir.

La Pinta, la Niña et la Santa María, les 3 caravelles de Christophe Colomb, par le dessinateur Eneko

Dans une lettre au président mexicain publiée le 26 septembre 2021 à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance du Mexique, le pape François a présenté ses excuses pour les « péchés » de l’Église catholique dans ce pays. La plus haute autorité de l’Église catholique a déclaré : « Mes prédécesseurs et moi-même avons demandé pardon pour les péchés personnels et sociaux, pour toutes les actions ou omissions qui n’ont pas contribué à l’évangélisation ».

López Obrador a déclaré que tout le monde devait demander pardon à l’occasion du 500e anniversaire de la chute de Tenochtitlán, la capitale aztèque, après deux mois et demi de siège qui ont conduit à sa prise par le cruel conquistador et aventurier Hernán Cortés, originaire d’Estrémadure, ce qui a signifié l’effondrement définitif de l’empire mexicain. Ce faisant, il a voulu faire de 2021 une année de réconciliation nationale et internationale. Avec une conviction totale, il a déclaré qu’il était « temps de dire que nous allons nous réconcilier, mais demandons d’abord pardon ». Il a donné l’exemple en disant qu’il le ferait aussi « parce qu’après la colonie, il y a eu beaucoup de répression des peuples originels », faisant référence au châtiment subi par les peuples maya et yaqui pendant le gouvernement du président Porfirio Díaz (1872-1910).

Il est intéressant de noter que dans cette demande de pardon et cette recherche de réconciliation, López Obrador a inclus la communauté chinoise qui a également été réprimée pendant la révolution mexicaine, en particulier dans les États du nord du pays.

Mais le gouvernement espagnol et sa monarchie corrompue ont refusé de prendre des mesures positives en vue d’une réconciliation totale. Au contraire, ils s’étonnent aujourd’hui qu’enfin, des dirigeants dignes n’invitent pas le représentant royal à accompagner un acte démocratique émanant de la souveraineté du peuple, chose qu’ils ne connaissent pas en Espagne puisqu’ils n’ont jamais élu leur chef d’État [sauf pendant la brève Première République de 1873-1874 et la Seconde de 1931-1939, NdT].

Au contraire, le gouvernement espagnol, essayant de cacher la honte émanant des malheurs et des infortunes du processus de conquête et de colonisation, a regretté que la lettre de López Obrador ait été rendue publique. On peut donc supposer que Lopez Obrador avait raison, mais qu’il n’aurait pas dû le faire savoir ouvertement « pour ne pas salir l’honneur de la monarchie ». Se sentant offensé, le gouvernement de Madrid a couronné sa déclaration ridicule en affirmant qu’il rejetait « avec la plus grande fermeté » le contenu de la lettre de López Obrador.

Trois ans plus tard, devant l’étonnement et la lamentation de l’élite espagnole face à la non-invitation du roi bourbonique au changement de gouvernement au Mexique, en toute transparence, la présidente Claudia Sheinbaum a déclaré que l’Espagne avait bien été invitée à la cérémonie du 1er  octobre, mais pas le roi Felipe car le monarque, avec un mépris total, a refusé de répondre à la demande de López Obrador d’une réconciliation définitive entre les deux peuples, ce qui, selon un communiqué publié par Sheinbaum, « aurait correspondu à la meilleure pratique diplomatique des relations bilatérales ». Fin de l’affaire

Sur un autre plan, il convient de se demander si, comme le prétend l’ultra-droite espagnole, les conquistadors, compte tenu des 56 millions de personnes tuées et des 9 550 tonnes d’or et d’argent volées, sont bien des « héros et des saints ». En ce sens, il convient de dire que les voyages de cette époque n’ont pas toujours été considérés comme des « découvertes » et qu’ils n’ont pas toujours nécessité la « croix et l’épée » pour imposer par la force des cultures et des religions étrangères.


Carte du monde attribuée à Zheng He

En 1403, près de 90 ans avant que Christophe Colomb ne « persuade » la reine de Castille Isabelle II de financer son entreprise d’exploration vers l’ouest, l’amiral chinois Zheng He a entamé le premier de ses sept voyages à travers la mer connue sous le nom d’« océan occidental ». Jusqu’en 1433, les voyages de Zheng He étaient essentiellement limités à l’océan Indien, couvrant jusqu’à 30 pays d’Asie et d’Afrique, atteignant la côte ouest de l’Inde et s’étendant plus tard au golfe Arabo-Persique et à la côte est de l’Afrique.

Comparée aux trois caravelles de Christophe Colomb, d’une longueur de 25 à 30 mètres et d’une largeur de 6,5 à 9 mètres, qui transportaient environ 25 marins chacune en 1492, la flotte de l’amiral Zheng comptait en 1405 « plus de 240 navires et plus de 27 000 soldats et membres d’équipage [et] était équipée d’une variété de professionnels, dont des bateliers, des marins, des soldats, des médecins, des cuisiniers, des interprètes, des diseurs de bonne aventure et même des coiffeurs », selon une étude du professeur Wan Ming, chercheur à l’Institut d’histoire ancienne de l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS) et président de la Société chinoise pour l’histoire des relations sino-étrangères, qui estime que les voyages de Zheng He doivent être considérés comme les plus grands de son époque « en termes d’échelle, de nombre de navires et de marins, et de durée ».

Zheng He a organisé la flotte sur la base d’une conception nautique qui établissait l’existence de navires différenciés par leur mission. Ainsi, il existait des navires de commandement, des navires de guerre et des navires logistiques. Parmi ces derniers, il y avait ce que l’on appelait les « navires au trésor », qui servaient à transporter les marchandises destinées au commerce. Les navires au trésor étaient situés au centre de la flotte, et les navires de guerre autour d’eux. En fait, les voyages réussis de la flotte de Zheng He ont également démontré l’excellence de sa technologie nautique et de ses compétences en matière de navigation.

 

Les navires au trésor étaient les plus gros navires de la flotte de Zheng He. Ils sont notamment décrits dans le roman d'aventure de Luo Maodeng, Les voyages de l'eunuque aux trois trésors vers l'océan occidental (1597). L'auteur écrit que les navires avaient neuf mâts et mesuraient 140 mètres de long et 55 mètres de large, ce qui semble difficile à croire. Les chercheurs pensent que les navires avaient probablement cinq ou six mâts et mesuraient entre 75 et 90 mètres de long.

Bien que la flotte de Zheng He ait été équipée de moyens de combat, ceux-ci avaient un caractère défensif. L’arrivée de la flotte dans d’autres ports signifiait tout d’abord la recherche de relations amicales avec les habitants, puis l’ouverture de négociations commerciales par le biais d’échanges et de tributs. Ces derniers n’avaient pas la même signification qu’en Occident, mais constituaient une sorte de rituel au cours duquel les produits naturels du pays étaient présentés et une offrande emblématique était faite des objets à offrir à l’autre partie. Mais leur valeur était équilibrée Les Chinois considéraient cette pratique comme une expression de respect et de reconnaissance envers l’empereur et une manière d’exprimer leur gratitude pour sa protection. Un édit de l’empereur stipulait que l’échange devait être mutuellement bénéfique.

La mission confiée par l’empereur à Zheng He indiquait implicitement qu’en plus du commerce, il devait maintenir la paix sur les mers, assurer la sécurité maritime et arbitrer les conflits susceptibles d’être rencontrés au cours du voyage. Les dirigeants chinois de l’époque avaient tout intérêt à accroître leur prestige dans les régions qu’ils visitaient, mais il ne s’agissait pas d’occuper un territoire ou d’y exercer un contrôle politique. De même, il devait promouvoir la prospérité dans les lieux où il arrivait et l’interaction multiculturelle avec les peuples qu’il visitait. Il était courant pour Zheng He de ne pas visiter les centres de pouvoir, mais de se limiter aux villes portuaires où il pouvait commercer sans avoir à interagir avec l’establishment politique de ces pays.

Selon le professeur Wan, « les flottes de Zheng He étaient en fait une équipe officielle de commerce international à grande échelle qui menait des activités commerciales fréquentes dans les endroits qu’elle atteignait ». On peut ainsi expliquer pourquoi aucun des pays visités n’a fait l’objet de pillage ou d’occupation.

Le professeur Wan explique cela par le fait que la diplomatie de la dynastie Ming au pouvoir stipulait clairement qu’il ne fallait pas conquérir d’autres peuples mais partager avec eux afin d’établir un système international pacifique sans recourir à la force. En pratique, le commerce a permis d’établir un nouveau système émanant de l’ordre chinois et visant à « partager les bénéfices de la paix » sans menacer aucun pays. Savoir cela pourrait expliquer en partie le comportement international de la Chine aujourd’hui.

Si la plupart des chercheurs s’accordent à dire que les voyages de Zheng He l’ont mené à travers l’Asie orientale, centrale et occidentale et l’Afrique, l’écrivain britannique Gavin Menzies a écrit en 1421 un livre intitulé « 1421 The Year China Discovered the World » (fr. 1421, L’année où la Chine a découvert l'Amérique), dans lequel il affirme que les Chinois ont atteint l’Amérique au cours de cette année-là. Cet ouvrage a été rejeté par l’historiographie occidentale, mais cette opinion a été réfutée par l’éminent sinologue mexicain Enrique Dussel Peters, qui a déclaré : « ... d’après mes études historiques (dans lesquelles j’ai utilisé la carte de la quatrième péninsule d’Asie de 1487 de Henricus Martellus), ses arguments [ceux de Gavin Menzies] concernant sa thèse fondamentale sont irréfutables (il y a peut-être des détails à corriger, mais ils n’enlèvent rien à sa force). Cet ouvrage est incontournable ! »

Ce n’est pas le sujet de cet article, mais il est impératif d’établir qu’il existe une hypothèse selon laquelle les Chinois seraient arrivés en Amérique 71 ans avant Colomb. C’est un point qui devra être approfondi, mais dans d’autres parties du monde, les preuves sont claires : les Chinois sont arrivés au début du XVe siècle et aucun des territoires africains ou asiatiques visités par Zheng He ou d’autres navigateurs de ce pays ne parle chinois. De même, bien que Zheng He ait été musulman, ni sa religion ni la religion bouddhiste introduite en Chine 1 600 ans plus tôt n’ont été imposées aux pays qu’il a visités.

Il apparaît donc clairement qu’il était possible d’établir des liens commerciaux et des échanges culturels entre les peuples dans l’Antiquité. La Chine l’a fait, mais la civilisation européenne, intrinsèquement sauvage et violente, n’a pas pu le faire. Son ADN cruel a conduit l’humanité aux pires calamités de l’histoire : le racisme, le colonialisme, l’esclavage, le fascisme, le nazisme, le capitalisme, l’impérialisme, le sionisme et les deux guerres les plus brutales que la planète ait jamais connues. Il suffit de se rendre dans leurs musées pour voir avec quelle fierté ils exposent le produit de leurs méfaits.

Tous ces malheurs sont venus du sol européen La seule chose que le président López Obrador a demandée, c’est le pardon pour aller vers la nécessaire réconciliation. Mais pour l’Espagne ce n’est pas possible, comme je l’ai déjà dit, la violence et l’assujetissement sont dans son ADN. C’est ce qui explique son soutien actuel au gouvernement pro-nazi de l’Ukraine et les énormes ventes d’armes à Israël, alors qu’ils se torchent avec les droits humains des Palestiniens.

La guerre et les conflits sont le moteur de leur organisme. C’est pourquoi ils ne comprennent pas et ne comprendront pas qu’une majorité croissante de la planète les rejette et les répudie jusqu’à ce que, dans un avenir pas trop lointain, ils soient définitivement déposés sur le tas de fumier de l’histoire, un endroit où ils ont toujours été et d’où ils ne pourront jamais sortir.

Aujourd'hui c'est la FêtNat ! On doit cogner sur qui ?

 

 

05/10/2024

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Miguel Enríquez, une vie féconde impérissable


Sergio Rodríguez Gelfenstein, 5/10/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Ce 5 octobre marque le 50e anniversaire de la mort au combat de Miguel Enríquez, secrétaire général du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) au Chili. Il y a quelques années, pour commémorer cet anniversaire, j’ai pris la parole lors d’un événement auquel j’étais invité. Je reprends l’« aide-mémoire » de ce discours et l’actualise pour la nécessaire commémoration de la vie et de l’œuvre de Miguel Enríquez.

Je ne veux pas tomber dans une fausse originalité qui m’amènerait à prononcer des mots pompeux, à rappeler des lieux communs et à prononcer les phrases sans engagement qui caractérisent les discours dans lesquels on commémore la vie et l’œuvre d’un combattant populaire, pour ensuite, dans la vie de tous les jours, faire le contraire de ce que l’on dit.

Je ne suis pas seulement là pour dire « honneur et gloire ». C’est pourquoi je vais me permettre de reprendre les mots enflammés d’un grand révolutionnaire vénézuélien, Jorge Rodríguez Senior, qui, le 2 octobre 1975, à l’occasion du premier anniversaire de la mort au combat de Miguel Enríquez, dans un discours prononcé dans l’Aula Magna de l’Université centrale du Venezuela, a dit ceci : « Rendre hommage à Miguel Enriquez est pour les révolutionnaires vénézuéliens et les révolutionnaires du monde entier un engagement et un devoir inaliénable », ajoutant plus tard qu’il s’agissait “... de s’engager à travailler sérieusement à la formation des outils de combat des peuples opprimés du monde...”.

Quarante-neuf ans se sont écoulés depuis cette date mémorable et cinquante depuis le dernier combat de Miguel Enríquez dans la rue Santa Fe du quartier San Miguel de Santiago du Chili. La situation dans le monde, en Amérique latine, au Chili et au Venezuela est différente, mais l’impact de son exemple est toujours présent, comme en témoignent les dizaines d’événements qui ont lieu ces jours-ci au Chili et dans d’autres pays.

Cependant, dans certains secteurs, l’idée persiste que le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR), dont Miguel était le Secrétaire Général, a adopté des positions d’ultra-gauche qui ont joué un rôle décisif dans la chute du gouvernement de l’Unité Populaire (UP) présidé par Salvador Allende. Ces idées étaient et sont toujours présentes au Venezuela. Je pense qu’il vaut la peine d’esquisser quelques réflexions à ce sujet en hommage à Miguel Enríquez à l’occasion du 50e anniversaire de sa disparition physique.

L’accusation rebattue contre le MIR d’être une organisation d’ultra-gauche oblige à établir une définition de ce qu’est la « gauche », afin de replacer cette caractérisation dans sa juste dimension, d’autant plus qu’elle a été décontextualisée de manière intéressée.

Pour qu’il y ait une ultra-gauche, il faut qu’il y ait une gauche. Dans le Chili de 1973, il y avait sans aucun doute des organisations qui s’inspiraient de cette position politique. Cependant, le diagnostic le plus juste de ce qui allait se passer et de ce qui s’est passé a été fait par le MIR dirigé par Miguel Enríquez. Par ailleurs, ce mouvement n’était pas préparé à affronter avec succès la situation créée, alors qu’il était censé l’être.


Il faut rappeler que même le président Allende croyait en cette possibilité lorsque, en pleine défense de La Moneda le 11 septembre, il a dit à sa fille Beatriz de transmettre le message suivant à Miguel Enríquez : « Maintenant, c’est ton tour Miguel ! Le secrétaire général du MIR lui-même avait exprimé son point de vue sur la situation et la possibilité d’un coup d’État dans un discours prononcé au théâtre Caupolicán de Santiago le 17 juillet de la même année. Cependant, rien n’enlève au MIR sa contribution ultérieure et incontestable à la fin de la dictature. Miguel Enríquez a donné un exemple de conséquence qui a été présent jusqu’au dernier jour du gouvernement civilo-militaire qui, vaincu en 1989, continue d’exercer une forte influence sur la politique chilienne jusqu’à aujourd’hui.

Je dois avouer que depuis ma modeste position de lycéen, j’étais un farouche opposant au MIR et que c’est dans les tranchées des combats de la guerre de libération au Nicaragua en 1979 que j’ai pris conscience de la futilité de cette animosité construite de manière intéressée par les dirigeants de la gauche traditionnelle chilienne. J’ai découvert dans les militants du MIR des camarades d’une extraordinaire conviction et des valeurs de solidarité et de lutte profondément enracinées.

Tout cela pour dire que ceux d’entre nous qui étaient à « gauche » et qui caractérisaient le MIR comme une organisation d’ultra-gauche, n’étaient pas loin d’assumer - malgré nos différences - des positions erronées quant à la définition de l’ennemi principal, ce qui permettrait d’établir une politique correcte d’alliances pour unir les forces - dans la diversité - afin d’affronter l’empire et ses laquais locaux à partir de meilleures positions.

Il convient de dire que, dans le Chili d’aujourd’hui, un grand nombre des dirigeants de l’époque, ceux du MIR et ceux de tous les partis qui ont fait partie du gouvernement de l’Unité populaire, font partie du système créé par Pinochet et en tirent profit. D’où l’insignifiance du débat de ces années-là quand on découvre aujourd’hui que les deux partis aspiraient à la même chose.


Le désir frénétique d’être au gouvernement est aujourd’hui au-dessus de toute conviction et de tout comportement éthique que l’on aurait pu avoir dans les années glorieuses de l’Unidad Popular, y compris en établissant des accords avec les promoteurs du coup d’État, qui sont les mêmes qui attaquent actuellement le Venezuela dans tous les forums internationaux auxquels ils participent, les mêmes qui ont soutenu le coup d’État de 2002 contre le président Chávez, les mêmes qui ont réussi à Cúcuta en 2019, les mêmes qui ont participé activement au groupe de Lima.

Il convient de dire que le gouvernement actuel - qualifié de « centre-gauche » - maintient les pratiques néolibérales cimentées par la dictature de Pinochet, a paralysé la mobilisation populaire de 2019, a saboté l’appel à une assemblée constituante originale qui renverserait légalement le système constitutionnel créé par le dictateur et est devenu un féroce répresseur des étudiants, des travailleurs et des Mapuches.

De ce point de vue, on peut se demander qui a été, qui était et qui est de gauche, qui est d’ultra-gauche et qui est une gauche réformiste sans vocation au pouvoir, qui a gaspillé le potentiel de participation et d’organisation populaire généré par le gouvernement de l’UP ? D’un autre point de vue, on pourrait accuser les partis de la gauche traditionnelle d’être les principaux responsables du coup d’État. Ni l’un ni l’autre, ce serait une caricature simpliste de la lutte politique et sociale.

Supposer une analyse aussi superficielle et grossière, c’est sous-estimer l’incroyable potentiel de déstabilisation de l’empire, qui utilise tous les instruments politiques, économiques et militaires pour inverser le cours de l’histoire. C’est là qu’il faut chercher les véritables explications du coup d’État, ainsi que dans l’incapacité du mouvement populaire à construire un rapport de forces qui fasse avancer le processus de changement sans se tromper d’ennemi principal. Dans le cas du Chili en 1973, le MIR ne pouvait certainement pas être placé dans ce camp.

Miguel Enríquez s’est épuisé à présenter une proposition d’organisation et de lutte pour les travailleurs et le peuple chilien. Il l’a fait dans d’innombrables interviews, discours et lettres bien avant le coup d’État, avant même l’arrivée au pouvoir du président Allende. Bien entendu, il a été violemment attaqué par la droite et diabolisé par la gauche traditionnelle.

Après le 11 septembre, dès le 17 février 1974, est publiée la « Directive du MIR pour l’union des forces prêtes à promouvoir la lutte contre la dictature ». Toujours sous la direction de Miguel Enríquez, le document affirme que : « La tâche fondamentale est de générer un large bloc social pour développer la lutte contre la dictature gorille jusqu’à son renversement. Pour ce faire, il est nécessaire d’unir l’ensemble du peuple dans la lutte contre cette dictature et, en même temps, il est stratégiquement nécessaire d’atteindre le plus haut degré d’unité possible entre toutes les forces politiques de gauche et progressistes désireuses de promouvoir la lutte contre la dictature gorille ». Il a proposé la création d’un Front politique de résistance auquel il a appelé à participer les partis politiques de l’UP, les secteurs du Parti démocrate-chrétien (PDC) désireux de lutter contre la dictature gorille et le MIR.

En même temps, il proposait de construire l’unité sur la base d’une plate-forme immédiate avec trois objectifs : l’unité de tout le peuple contre la dictature gorille, la lutte pour la restauration des libertés démocratiques et la défense du niveau de vie des masses. Cette large plate-forme a permis d’intégrer tous les secteurs qui s’opposaient réellement à la dictature.

Aujourd’hui, on pourrait établir des points communs entre cette situation et celle à laquelle le Venezuela est confronté aujourd’hui, le plus important étant l’intention manifeste des USA de répéter au Venezuela ce qu’ils ont réalisé au Chili il y a 51 ans. Dans les deux cas, les laquais locaux se plient servilement aux intérêts impériaux et adoptent des postures terroristes pour atteindre leurs objectifs. De même, dans les deux cas, l’application d’une politique correcte d’unité aurait conduit, ou conduit actuellement, à l’accumulation des forces nécessaires pour aller de l’avant.

Il est valable de s’être opposé ou de s’opposer au MIR chilien et à ses propositions de lutte dans les années 60 et 70 du siècle dernier, mais il faut être clairvoyant pour reconnaître la valeur morale et éthique indéniable de Miguel Enriquez. Ce n’est que sa conséquence révolutionnaire qui l’a fait rester au Chili après l’instauration de la dictature, pour assumer un rôle dans la direction des forces de résistance. L’attitude du MIR est indissociable de celle de son secrétaire général.

Miguel Enriquez a été la figure la plus visible d’une pléiade de dirigeants qui ont façonné une étape très complexe de la lutte politique au cours de laquelle il a fallu passer du réformisme social-chrétien soutenu par l’Alliance pour le progrès, aux jours radieux du gouvernement du président Allende et, de là, à la dictature criminelle de Pinochet, également soutenue politiquement, militairement et économiquement par les USA et le cadre politique fourni par la droite fasciste et démocrate-chrétienne dans son opposition féroce et déloyale à Salvador Allende.

Se souvenir de Miguel Enriquez est un acte de justice, c’est une responsabilité envers la mémoire qui doit accompagner la lutte des peuples, c’est réaffirmer qu’après une étape vient une autre étape dans laquelle l’engagement pour la recherche d’un monde meilleur est ratifié, c’est s’assurer que son absence physique ne nous empêche pas de partager avec joie la grandeur d’un homme qui n’a vécu que 30 ans, mais qui sera toujours présent dans la lutte et la victoire du Chili et de l’Amérique Latine.

 Lire aussi

 

04/10/2024

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Miguel Enríquez, una vida fecunda que perdura

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 5-10-2024

Este 5 de octubre se cumplen 50 años de la caída en combate de Miguel Enríquez, secretario general del Movimiento de Izquierda Revolucionaria (MIR) de Chile. Hace unos años en conmemoración de esta efeméride pronuncié unas palabras en un evento al que me invitaron. Retomo el “ayuda memoria” de esa intervención y la actualizo para la necesaria recordación de la vida y la obra de Miguel Enríquez.

No quiero caer en una falsa originalidad que me lleve a emitir palabras fatuas, rememorar lugares comunes y pronunciar las frases no comprometidas que caracterizan esos discursos en que se conmemora la vida y obra de un luchador popular, para después, en la vida cotidiana, hacer todo lo contrario de lo que se dice.

No vengo solo a decir  “honor y gloria”. Por ello, me voy a permitir usar el verbo encendido de un gran revolucionario venezolano, Jorge Rodríguez padre, quien el 2 de octubre de 1975 en el primer aniversario de la caída en combate de Miguel Enríquez en un discurso pronunciado en el Aula Magna de la Universidad Central de Venezuela dijera que: “Rendir homenaje a Miguel Enríquez es para los revolucionarios venezolanos y de cualquier parte del mundo un compromiso y un deber irrenunciable”, agregando más adelante que ello era “… comprometerse a trabajar seriamente por la formación de las herramientas de combate de los pueblos oprimidos del mundo…”

Han pasado 49 años de esa fecha memorable y 50 del último combate de Miguel Enríquez en la calle Santa Fe de la comuna San Miguel en Santiago de Chile. La situación del mundo, de América Latina,  de Chile y Venezuela es otra, pero el impacto de su ejemplo sigue estando presente, como lo testimonian las decenas de actos que se están realizando durante estos días en Chile y otros países.

Persiste sin embargo, en algunos sectores, la idea de que el Movimiento de Izquierda Revolucionaria (MIR), del cual Miguel era Secretario General adoptó posiciones de ultra izquierda que jugaron un papel determinante en la caída del gobierno de la Unidad Popular (UP) que presidía Salvador Allende. Esas ideas estuvieron y están presentes en Venezuela. Creo que vale la pena esbozar algunas reflexiones al respecto como desagravio a Miguel Enríquez cuando se conmemoran 50 años de su desaparición física.

La manida acusación que se le daba al MIR de ser una organización de ultraizquierda obligaría a establecer una definición respecto de ¿qué es “izquierda”? de manera que ubique tal caracterización en su justa dimensión, sobre todo porque se ha hecho una descontextualización interesada.

01/09/2024

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Conversando con mi hijo en medio del apagón

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 1/9/2024

Durante el apagón de más de 9 horas en la zona de Caracas donde vivo que fuerzas terroristas provocaron el pasado viernes 30 en casi toda Venezuela y cuando en mi casa no había luz, agua ni internet, mi hijo de 8 años me preguntó ¿qué estaba pasando? y ¿cómo era posible que ello ocurriera?

Sabiendo de su inteligencia y sagacidad y conociendo que no se iba a conformar con respuestas nimias y superficiales, me di a la tarea de intentar explicarle la situación. Le hablé del significado de las palabras dignidad, honor y orgullo. Le expliqué que él, al igual que el Libertador Simón Bolívar, había nacido en Caracas, en Venezuela y que nuestro comportamiento entrañaba un compromiso con su memoria.

Le dije que lamentablemente en el mundo, había hombres y mujeres malos que eran felices haciéndole daño a los demás. Le conté que en Estados Unido hacían cosas muy bonitas para el disfrute de los niños como los maravillosos parques de diversiones que existen en la Florida, pero que al mismo tiempo, el gobierno de ese país estaba enviando dinero y armas para que un gobierno también de gente mala, matara a los niños en Palestina y le dije que en menos de un año habían sido asesinados por los gobiernos de Israel y Estados Unidos casi 30 mil niños. Le explique que eso era como si mataran a todos los niños de 30 escuelas iguales a la de él. Le indique que los líderes estadounidenses odian a los niños del mundo y que el pueblo humilde y los niños de estados Unidos eran las primeras víctimas de su gobierno. Le expuse que en ese país para convertirse en líder había que ser millonarios y que su principal negocio era la guerra y la venta de armamento.

Por eso, mandan a matar a través de secuaces y cómplices como Zelensky, Machado, Pinochet, Somoza y Netanyahu. Por eso también, nos cortan la luz , el agua y el internet, porque su felicidad se sustenta en el odio a la humanidad y por supuesto a los niños que como él, no pueden jugar, ver televisión o ver sus programas favoritos. Por eso, nosotros debemos hacer todo lo contrario, amar y ayudar a los demás sin importar lo que sean o lo que piensen.

Le explique que el gobierno de Estados Unidos había mandado a matar al presidente chileno Salvador Allende. Papá, ¿Allende es el de la foto que está en tu estudio? Si hijo, junto a la del general nicaragüense Augusto C. Sandino también asesinado por órdenes del gobierno de Estados Unidos. ¿Y porque tienes sus fotos? Porque ellos son un ejemplo, hijo, un ejemplo de lo que debemos ser y cómo debemos actuar en la vida.

También tengo un cuadro de Simón Bolívar. Estados Unidos no lo quería porque como el Libertador quería que todos los países de América Latina estuviéramos hermanados, inventaron una idea para apropiarse de nuestras riquezas y mantenernos desunidos.

Papá, ¿esto siempre va a ser así? No Hijo, esto que está ocurriendo va a pasar porque la mayoría de los hombres y mujeres del planeta son buenos, quieren trabajar, construir, vivir en paz y amar a sus esposas y esposos, a sus padres y madres y sobre todo a sus hijos.

Mi hijo me preguntó: papá, ¿por qué hacen eso? Le expliqué que lo hacían por el afán de lucro excesivo que no era una condición natural del ser humano. Entonces vino una pregunta que debí haber previsto:  Papá, ¿qué es lucro excesivo? Es obtener ganancias materiales innecesarias hijo, solo por suponer que así se logra la felicidad.

Le dije además que eso es posible porque a pesar de que las leyes establecen que en la sociedad todos somos iguales, eso, en la práctica, no es verdad. Que en el mundo había muchos niños que no tenían comida, ni luz, ni agua, ni escuela, ni internet, ni posibilidad de jugar y divertirse porque el 1% de la humanidad no quería que lo tuvieran.

Mi hijo me preguntó que significaba el 1%. Le tuve que decir que se imaginara que en el auditorio de su escuela había 100 sillones para asistir a una actividad cultural, y que solo una persona ocupaba 62 sillones, mientras que las otras 99 se debían sentar muy apretados en los 38 sillones restantes.

Me dijo que eso no estaba bien porque esas personas iban a estar incomodas a pesar de que había suficientes sillones para todos y que eso era injusto. Entonces me vi obligado a explicarle que esa era precisamente el problema: la injusticia en el mundo y -antes que me lo preguntara- le señalé que el causante era algo que se llama capitalismo.

¿Qué significa capitalismo, papá? Significa que muchos millones de personas trabajan y producen y unos pocos se apropian indebidamente de ese trabajo y esa producción para lucrar con ello. Significa también que para los capitalistas, ganar dinero en exceso y guardarlo es más importante que usar ese dinero para que los niños no tengan que trabajar, para que haya escuelas para todos, para que cuando se enfermen existan hospitales para atenderlos, para que puedan comer todos los días y jugar con sus amigos.

Le dije que esos malos señores y señoras de Estados Unidos y de un continente dirigido por gente muy salvaje e incivilizada que se llamaba Europa querían ser felices a costa de que el resto de la humanidad esté en permanente guerras y pasando dificultades y miserias. Le dije que uno de esos señores que se llama Borrell, había dicho que esa Europa era un jardín y que el resto del mundo era una selva, cuando la historia demostraba todo lo contrario

Le dije que en Europa había surgido lo peor de la historia de la humanidad: el esclavismo, el racismo, las guerras más brutales jamás ocurridas e ideas que promueven el odio, como el nazismo, el sionismo y el fascismo (antes que me preguntara que era eso, le expresé que, en otro momento, cuando fuera más grande, se lo explicaría con detalles) y que esas ideas impulsaron e impulsan el asesinato y la persecución de millones de personas, entre ellos muchos niños. Es lo que están haciendo hoy en Ucrania, en Palestina, en Haití, y también en Venezuela. Así mismo, en un país tan rico como Argentina, miles de niños están pasando hambre porque estos señores inventaron teorías que hoy usa el presidente de ese país para justificar el empobrecimiento y la miseria de ese pueblo que es hermano del de Venezuela.

Le aclaré que, en esta situación, las víctimas eran los niños de Estados Unidos y Europa, porque a través de la televisión y las llamadas “redes” los enseñan a odiar y a matar. Por eso es que se ve en las noticias que hay tantas matanzas en escuelas de Estados Unidos. Y por eso te digo, hijo, que hay que tener mucho cuidado con la televisión y los programas que hay en la tablet porque lo que transmiten suelen ser más malo que bueno.

En este punto, mi hijo me preguntó: Papá, ¿qué se puede hacer? Hijo, no nos queda más que luchar, resistir y hacer todo lo que sea necesario para que el mundo sea más justo, para que todos los niños tengan salud, puedan comer todos los días, jugar e ir a la escuela. Sin embargo, le advertí que el capitalismo no quiere que sea así por lo que la lucha será larga y dura.

Le dije que, en algún momento, ni su mamá ni yo estaremos y que él, que es un niño bondadoso, que comparte todo lo que tiene, que es respetuoso -aunque un poco indisciplinado a veces-, que no le da mucho valor a las cosas materiales que posee, que ama a sus padres, a su familia y a sus amigos, deberá en el futuro, ser un hombre bueno que también deberá luchar por ese mundo mejor al que todos aspiramos. Le dije que la vida no tiene sentido, si no se hace eso.

Así, podrás hacer un aporte -aunque sea pequeño- para que los malos no sigan haciendo apagones, no corten el agua ni la luz a las familias y para que, en el futuro, los niños puedan jugar y ser felices.


 

 

26/07/2024

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Un bon Gringo

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 24/7/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala


Nous célébrons ce 24 juillet le   241e anniversaire de la naissance du libérateur Simón Bolívar. En hommage au père de la patrie, l’éminent collègue du journal Ciudad Caracas, Luis Carlucho Martín, extraordinaire chroniqueur de faits peu connus de l’histoire locale, a écrit sous le titre “Simón Bolívar est mort pendant la Seconde Guerre mondiale”, publié dans le journal El Pepazo le 18 juillet, une histoire intéressante sur un général usaméricain nommé Simon Bolivar Buckner Jr. (écrit ainsi, sans accents) qui a participé à la Seconde Guerre mondiale et est mort lors de l’invasion de l’île d’Okinawa en 1945, étant - selon l’auteur - le plus haut gradé de l’armée usaméricaine tué au combat. Pour ajouter à la curiosité du fait, il convient de mentionner que le père du général, qui était également militaire, s’appelait aussi Simon Bolivar [une tradition poursuivie par ses descendants, dont le cinquième est né en 1990, NdT].

Simon Bolivar Buckner Junior enfant


Bukcner Junior peu avant sa mort à Okinawa

Plaque commémorative de Buckner à l’Académie militaire de West Point

Établissant avec précision les idéaux pour lesquels notre Libérateur et ce général usaméricain éponyme se sont battus, Martin affirme qu’entre les deux “la différence est fondamentale. Simón Bolívar le créole a donné sa vie pour apporter la liberté. Les Simón Bolívar du Nord, en tant que soldats, ont donné leur vie pour renforcer leur pays”, avant tout, ajouterais-je, pour renforcer l’impérialisme usaméricain.

Je ne vais pas faire l’historique de ce général. Luis Carlucho l’a fait explicitement dans un article très didactique et éclairant comme tous ceux qu’il publie dans différents médias de notre pays, le Venezuela. Cet article m’a rappelé un récent échange épistolaire avec le camarade John Catalinotto, un révolutionnaire usaméricain à part entière qui, depuis les profondeurs de l’empire, le combat, le dénonce dans ses articles et ses publications, tout en embrassant avec enthousiasme et passion la cause des opprimés. 



Suite à mon article sur la grande farce médiatique construite en Occident pour nier l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, en particulier en ce qui concerne le débarquement en Normandie, John m’a écrit pour me dire : « Sergio, je comprends ta colère et ta passion au sujet de cet événement en Normandie. Lorsque j’ai lu le NY Times ce matin, j’ai voulu écrire un article très similaire au tien, et plus tôt cette semaine, j’ai écrit un article sur l’OTAN et sa mission de répression de la lutte des travailleurs et du socialisme dans l’Europe d’après-guerre. Pour moi, c’est également personnel, parce qu’un bon camarade, qui a été le premier rédacteur en chef de The Bond, notre journal pour organiser les soldats contre la guerre du Viêt Nam, était un parachutiste qui avait sauté derrière les lignes allemandes la nuit précédant la bataille [de Normandie] : notre F.O. Richardson, [qui] à 21 ans était un héros en 1944, mais en tant que communiste en 1968, était un véritable héros, luttant contre l’impérialisme usaméricain ».

Le soldat de deuxième classe Fayette O. H, 508e Régiment d’infanterie parachutiste, Camp Mackall, Caroline du Nord. 1943


Les parachutistes du 508e  Régiment d’infanterie parachutiste de la 82e Division aéroportée, juin 1944, qui ont sauté derrière les lignes allemandes la nuit précédant l’invasion de la Normandie. Parmi eux, F.O. Richardson, premier rédacteur en chef de The Bond, le journal du Syndicat des soldats contre la guerre en 1968.

Tombe de F.O. Richardson au cimetière de Strykersville, comté de Wyoming, New-York, USA

Cette lettre m’a incité à découvrir qui était F.O. Richardson, car venant de John, j’ai supposé qu’il était l’un de ces héros méconnus qui vivent et meurent pour la cause des travailleurs et du peuple, à l’insu de tous. F.O. Richardson, que ses amis appelaient Richie, était le parachutiste Fayette O. Richardson, né le 20 avril 1923, qui, adolescent, a sauté en Normandie la nuit précédant le débarquement du 6 juin 1944. Il faisait partie du 508e Régiment d’infanterie parachutiste de la 82e  Division aéroportée, une force d’élite de l’armée usaméricaine chargée d’allumer des balises pour la force d’invasion.

Richardson, qui avait déjà participé à la bataille des Ardennes, a survécu à l’intense DCA allemande et est parvenu jusqu’à la fin de la guerre. Pour sa participation exceptionnelle aux combats, il a reçu la médaille de bonne conduite de l’armée et l’étoile de bronze.

Une fois la guerre finie, il a passé une année à récupérer et à travailler comme il le pouvait pour gagner sa vie. En 1964, près de 20 ans après la Seconde Guerre mondiale, il était instituteur. Les rigueurs de l’après-guerre et sa lutte pour la survie ont fait de Richie « un combattant engagé pour la classe ouvrière du monde entier », selon Catalinotto.

En 1965, il participe en tant qu’orateur principal à une grande manifestation sur Union Square à New York pour protester contre l’envoi de troupes de combat au Viêt Nam par le président Lyndon Johnson. Cette manifestation organisée par “Youth Against War and Fascism” (Jeunesse contre la guerre et le fascisme) a été attaquée par des groupes réactionnaires et pro-guerre.