La perle du jour

 « Le public n'est plus dupe des mensonges propagandistes qui résonnent dans les médias. Ces lettres ont été écrites par un petit groupe de radicaux, manipulés par des organisations financées par des fonds étrangers dans le seul but de renverser le gouvernement de droite. Ce n'est pas une vague. Ce n'est pas un mouvement. C'est un petit groupe de retraités bruyant, anarchiste et déconnecté, dont la plupart n'ont pas servi [dans l’armée] depuis des années ». C’est ainsi que Netanyahou a réagi aux pétitions qui se succèdent en rafales, émanant de centaines et de milliers de réservistes de l’armée de l’air, du corps médical militaire, de la marine, demandant au gouvernement d’arrêter de bombarder Gaza pour épargner les Israéliens encore captifs [les fameux « otages », qui sont encore une trentaine en vie plus une trentaine à l'état de cadavres]]. Bibi, qui a 75 ans, n’a pas l’intention, quant à lui de devenir un paisible retraité, ni bruyant ni silencieux. Les pilotes signataires de la première pétition seront rayés des cadres de l’armée génocidaire, ce qui est une bonne chose.

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09/11/2023

L’histoire de Gaza, ou la fabrique d’une poudrière

Benjamin Barthe, Le Monde,  15 octobre 2023 

Des décombres jonchent une rue entre des bâtiments fumants touchés par une frappe aérienne israélienne à Jabaliya, dans la bande de Gaza, mercredi 11 octobre 2023. Photo HATEM MOUSSA/AP

Décryptage Bizarrerie géographique depuis la création d’Israël, bastion de la résistance palestinienne, sous blocus depuis 2007 après la victoire du Hamas aux législatives, l’enclave s’est transformée en volcan. A l’aube du 7 octobre, elle est entrée en éruption.

Le 11 septembre 2005, le dernier drapeau israélien flottant sur la bande de Gaza est ramené. Après avoir évacué les colons juifs qui y étaient implantés, les troupes de l’État hébreu abandonnent le territoire palestinien qu’elles avaient conquis en 1967, lors de la guerre des Six-Jours. Bastion de la résistance à l’occupation israélienne, Gaza bascule sous le contrôle intégral de l’Autorité palestinienne, en application du plan de « désengagement » voulu par le premier ministre israélien de l’époque, Ariel Sharon. Moment de vertige. L’enclave côtière de 360 kilomètres carrés et de deux millions d’habitants, concentré de colère et de misère, allait-elle faire ses adieux aux armes ? Allait-elle devenir la vitrine des rêves d’indépendance des Palestiniens, le prototype de l’Etat auquel ils aspirent ?

Un multimillionnaire juif américain, familier des grands de ce monde, est chargé de guider ses pas : James Wolfensohn. A 73 ans, l’ex-président de la Banque mondiale, tout juste retraité de l’institution, a accepté la casquette d’envoyé spécial du Quartet (États-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies). Sa mission consiste à redresser l’économie de la langue de sable, saignée à blanc par la répression de la seconde Intifada (2000-2005). En usant de son carnet d’adresses, le philanthrope new-yorkais a déjà récolté 9 milliards de dollars de promesses de dons. Vu de l’étranger, l’espoir ne semble pas interdit. L’éditorialiste du New York Times Thomas Friedman prédit même à Gaza un destin de « Dubaï sur la Méditerranée ».

Ce pronostic laisse aujourd’hui un goût amer. Placé sous blocus depuis 2007, bombardé à intervalles réguliers, le réduit palestinien s’est transformé en volcan. Et, à l’aube du 7 octobre, il est entré en éruption. Couverts par des salves de roquettes, plus d’un millier d’hommes en armes du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige le territoire depuis 2006, ont percé la clôture fortifiée qui le sépare d’Israël. Les infiltrés ont déferlé sur les localités juives voisines, en pick-up, à moto et même en ULM, semant la terreur sur leur passage. Bilan de cet assaut : au moins 1 300 morts, des civils pour l’immense majorité, et au moins 120 kidnappés d’après l’armée israélienne. La pire tuerie d’Israéliens depuis la création de l’État hébreu en 1948.

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