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14/10/2022

WILLIAM NEUMAN
Les USA ne peuvent pas maintenir la fiction que Juan Guaidó est le président du Venezuela et doivent reconnaître la réalité : il s’appelle Nicolás Maduro

William Neuman, The New York Times, 8/10/2022
Español
Nicolás Maduro es el presidente de Venezuela. Debemos reconocerlo
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

William Neuman est un auteur et journaliste qui a travaillé pour le New York Times pendant plus de 15 ans. Il a été chef du bureau du Times pour la région des Andes de 2012 à 2016, à Caracas, au Venezuela. Il était auparavant journaliste pour le New York Post et son travail a également été publié par le San Francisco Chronicle, le Fort Worth Star-Telegram, le Milwaukee Journal Sentinel et The Independent, entre autres. Il a commencé sa carrière de journaliste alors qu'il vivait au Mexique et a publié des traductions en anglais de plusieurs romans en espagnol. Auteur de Things Are Never so Bad That They Can’t Get Worse: Inside the Collapse of Venezuela.

NdT : la Maison Blanche saura-t-elle entendre ce genre de « voix de la raison » qui lui demandent de reconnaître la réalité du Venezuela, à savoir que son président s’appelle Nicolás Maduro, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas (ce qui semble être le cas de l’auteur) ? -FG

Lorsque les USA ont organisé un échange de prisonniers avec le président vénézuélien Nicolás Maduro la semaine dernière - renvoyant chez eux deux neveux de l'épouse de M. Maduro qui avaient été condamnés pour trafic de drogue en échange de sept USAméricains détenus dans les prisons vénézuéliennes - cela a mis en évidence l'incohérence de la politique usaméricaine envers le Venezuela.


Alors même qu'elle négocie avec M. Maduro, la Maison Blanche continue d'insister sur le fait que Juan Guaidó, un homme politique de l'opposition, est le véritable président du Venezuela. Les USA n'ont pas de relations diplomatiques officielles avec le gouvernement Maduro, et l'ambassade à Caracas est fermée depuis le début de 2019, peu après que le président Donald Trump a reconnu M. Guaidó comme président dans une tentative infructueuse et de longue haleine de forcer M. Maduro à quitter le pouvoir.

Il est temps pour l'administration Biden d'accepter que le gambit de Guaidó a échoué et que la plupart des Vénézuéliens, et la majeure partie de la communauté internationale, sont passés à autre chose. La Maison Blanche a besoin d'une politique vénézuélienne basée sur les faits, et non sur la fiction. Et le fait est que M. Maduro est président du Venezuela et que M. Guaidó ne l'est pas.

Accepter la réalité aura de nombreux avantages potentiels - notamment pour l'opposition vénézuélienne, qui patauge au milieu d'un effort turbulent pour se reconstruire.

Après que M. Trump a annoncé son soutien à M. Guaidó en janvier 2019, des dizaines d'autres pays ont suivi l'exemple de Washington. Mais aujourd'hui, seule une poignée décroissante continue de reconnaître M. Guaidó comme le président du Venezuela et, comme les USA, évite les liens diplomatiques directs avec le gouvernement de M. Maduro.

Et cette liste se raccourcit.

Gustavo Petro, le président de gauche nouvellement élu de la Colombie, a agi rapidement après son entrée en fonction en août pour abandonner la reconnaissance de M. Guaidó par son pays et rouvrir son ambassade à Caracas. Ce changement est crucial car la Colombie a longtemps été l'allié le plus important de Washington en Amérique du Sud et un soutien clé de M. Guaidó.

Le Brésil, autre soutien puissant de M. Guaidó, pourrait être le prochain, si Luiz Inácio Lula da Silva reprend la présidence lors d'un second tour de scrutin plus tard ce mois-ci.

M. Guaidó n'a jamais été président que de nom - il n'avait pas de gouvernement et aucun pouvoir d'action au Venezuela. Il a fait preuve de courage lorsqu'il a défié le régime répressif de M. Maduro, mais il n'a jamais eu de plan viable, au-delà des vagues espoirs d'un coup d'État militaire ou d'une intervention usaméricaine. Et il s'est rallié à l'approche lourde en sanctions de M. Trump, qui a exacerbé la crise économique du Venezuela.