Sur son chemin vers le cercle intime de Trump, il a moissonné des donateurs, des électeurs, des tiktokeurs et des amis très influents
Robert Draper, The New York Times, 10/2/2025
Une version de cet
article a été publiée le 16 février 2025, à la page 20 du Sunday Magazine,
sous le titre : “He Always Delivers” [Il tient toujours ses promesses]
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Robert Draper couvre la
politique intérieure des USA pour le Times depuis Washington. Il est l’auteur
de plusieurs livres et a été journaliste pendant trois décennies. Pour cet
article, il a interviewé Charlie Kirk à quatre reprises et a assisté à une
réunion de donateurs et à un bal célébrant l’investiture de Donald Trump.
Environ une heure avant que
Donald J. Trump ne prête serment, Charlie Kirk était assis dans la rotonde du
Capitole lorsqu’il a jeté un coup d’œil à son iPhone. Ce que ce militant
conservateur et personnalité des médias de 31 ans a vu l’a fait déglutir de
rire. Un journaliste de The Daily Beast avait posté sur X : « ‘Charlie
Kirk a de meilleures places que tous les membres du Congrès. Ça vous dit à quel
point Trump ne pense pas au Congrès’, m’a dit un législateur du GOP* ».
Vingt minutes plus tard, Kirk a vu qu’un sénateur républicain de l’Indiana, Jim
Banks, avait posté une sorte
de réfutation : « Charlie Kirk a fait plus que la plupart des membres du
Congrès réunis pour que nous en soyons là aujourd’hui ».
Kirk se demandait comment tout le
monde aurait réagi s’il avait pris la place beaucoup plus proche qui lui avait
été offerte à l’origine. Au lieu de cela, l’événement ayant été déplacé à l’intérieur,
sa femme et lui se sont retrouvés à quelques dizaines de rangées de la scène.
Kirk vit à Scottsdale, en Arizona, mais il a emmené sa femme et leurs deux
jeunes enfants avec lui pour séjourner pendant dix jours à l’élégant hôtel
Salamander, à Washington, en janvier, lorsque l’administration Trump a pris le
pouvoir, tout comme il avait déraciné sa famille trois jours après l’élection
et l’avait installée pour un séjour de deux mois dans un appartement à Palm
Beach, en Floride, près de la propriété de Trump à Mar-a-Lago.
Comme tant d’autres dans l’écosystème
MAGA, Kirk est très à l’écoute de l’action liée à Trump. La différence, c’est
que Kirk semble toujours se retrouver au cœur de l’action, chaque fois qu’il s’y
présente. Pendant la première présidence de Trump, Kirk m’a dit qu’il s’était
rendu à la Maison Blanche « plus d’une centaine » de fois. Quelques
jours après la victoire de Trump en novembre, Kirk faisait partie d’un groupe
restreint de conseillers chargés d’examiner
les candidats
à la Maison-Blanche pour déterminer s’ils avaient fait preuve d’une loyauté
sans faille à l’égard de Trump. Selon deux sources au fait des événements, Kirk
s’est retrouvé plus d’une fois dans la même pièce que le président élu pour
discuter des candidats potentiels à un poste de ministre.
La proximité de Kirk avec Trump
est d’autant plus notable qu’il n’a jamais exercé de fonction, travaillé à la
Maison Blanche ou occupé un poste dans l’équipe de campagne. Il puise sa valeur
ailleurs. Kirk est à la tête de Turning Point USA, la principale organisation
de jeunes conservateurs du pays, qu’il a créée à l’âge de 18 ans. Elle possède
des sections dans plus de 850 universités qui inscrivent les étudiants sur les
listes électorales, font venir des conférenciers conservateurs sur les campus
et organisent un réseau national de dirigeants d’associations étudiantes de
droite. La demi-douzaine d’événements annuels de Turning Point, auxquels
participent les plus grands noms de la droite, de Trump jusqu’au bas de l’échelle,
sont des productions élégantes qui attirent des foules énormes.