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Sergio Rodríguez Gelfenstein
¿Qué hará Marcos Rubio? 

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19/07/2023

HERNÁN CANO
Sergio Rodríguez Gelfenstein, combattant au Nicaragua : « Le 19 juillet 1979 a été le plus beau jour de ma vie »

 

Hernán Cano, Sputnik Mundo, 18/7/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Hernán Cano est un journaliste argentin basé au Venezuela bolivarien. https://www.instagram.com/hernancanoperiodista/

43 ans après la victoire de la Révolution sandiniste, cet écrivain, chercheur et analyste politique vénézuélien a raconté dans une interview à Sputnik sa participation au Front Sud, avec un contingent internationaliste envoyé de Cuba par Fidel Castro. De même, il détaille comment, après le triomphe contre la dictature de Somoza, ce lieutenant des Forces armées révolutionnaires (FAR) s'est attelé à la tâche de créer l'armée nicaraguayenne. La vie de Sergio Rodríguez Gelfenstein est associée dès sa naissance à la révolution socialiste. De père guérillero, il fait ses premiers pas en politique avec le triomphe de Salvador Allende au Chili, jusqu'à ce que la dictature d'Augusto Pinochet mette fin à l'expérience de l'Unité Populaire avec le bombardement du Palais de La Moneda et un putsch sanglant. Rodríguez Gelfenstein a été lieutenant dans les FAR cubaines, combattant internationaliste au Nicaragua, bâtisseur de l'armée nicaraguayenne, et plus tard ambassadeur du Venezuela dans ce pays, dans l'un des rares moments où la terre de Sandino a eu un peu de paix. En dialogue avec Sputnik, ce chercheur et écrivain raconte avec passion les événements survenus il y a exactement 43 ans, lorsque le dirigeant cubain Fidel Castro lui proposa, ainsi qu'à un groupe de combattants latino-américains, la mission d'aller combattre au Nicaragua, ce qu'il accepta ,inspiré par la maxime guévariste de « combattre l'impérialisme où qu'il soit ».

Sergio Rodríguez Gelfenstein interviewé par Sputnik à Caracas - Photo Hernán Cano, Sputnik Mundo

Depuis ce jour, le Nicaragua est une collection de souvenirs indélébiles, éternels, d'un bonheur énorme qui exige un engagement continu envers la révolution. « Tout comme nous avons Bolívar, le Nicaragua a Sandino, et cela crée une empreinte, une façon d'être et de se regarder », dit Rodríguez Gelfenstein.

Et il rappelle que « ce n'est pas à Playa Girón que la première défaite de l'impérialisme en Amérique a eu lieu, mais au Nicaragua, lorsque le général Augusto César Sandino a expulsé l'armée d'invasion yankee ». Aujourd'hui, quatre décennies après ces années turbulentes, « le Nicaragua, Cuba et le Venezuela ont formé, non pas un axe du mal, mais un triangle qui poursuit la tradition de la lutte anti-impérialiste" » souligne-t-il.

Sergio Rodríguez Gelfenstein : Fidel nous a dit que l'équilibre au Nicaragua devait être rompu par le Front Sud.

- Quel est votre lien avec la révolution sandiniste ?

- Mon père a été emprisonné dans le stade national du Chili après le coup d'État contre Salvador Allende. Il est ensuite parti au Pérou et n'a pas pu rentrer au Venezuela car il avait des affaires en cours datant de l'époque où il était dans la guérilla. Dans ces conditions, après plusieurs offres, il a choisi de partir à Cuba. J'avais 17 ans, et quand je suis arrivé à La Havane, j'ai demandé une formation militaire, et avec un groupe de camarades chiliens, parce que j'étais aussi chilien, nous avons reçu une formation militaire dans l'armée régulière cubaine. C'était une époque où presque tous les soldats cubains partaient en mission internationaliste, par exemple en Afrique, et beaucoup d'entre nous ont demandé à être envoyés dans l'une de ces missions, mais Fidel, dans son infinie sagesse, nous a dit non, que nous devions attendre, que le temps viendrait pour nous, que nous n'étions pas des Cubains.

- Excusez-moi de vous interrompre, étiez-vous un officier des forces armées cubaines ?

- Oui, à l'époque, j'étais lieutenant, j'étais à la tête d'une batterie d'artillerie et j'avais la responsabilité de 64 soldats, de 6 obusiers de 122 mm, et je remplissais mes fonctions comme tout officier régulier de l'armée cubaine. C'était en 1979, j'avais 22 ans.

HERNÁN CANO
Sergio Rodríguez Gelfenstein, combatant in Nicaragua: ‘July 19 was the best day of my life’

Hernán Cano, Sputnik Mundo, 18/7/2022
Translated by John Catalinotto

Hernán Cano is an Argentine journalist based in Bolivarian Venezuela. https://www.instagram.com/hernancanoperiodista/



 After 43 years since the victory of the Sandinista Revolution, this Venezuelan writer, researcher and political analyst recounted in an interview with Sputnik his participation in the Southern Front, with an internationalist contingent sent from Cuba by Fidel Castro.

He also detailed how, after the triumph against the Somoza dictatorship, this lieutenant of Cuba’s Revolutionary Armed Forces (FAR) participated in the task of creating the Nicaraguan army.

Sergio Rodríguez Gelfenstein’s life has been associated with the socialist revolution since his birth. With a guerrilla father, he took his first steps in politics with the triumph of Salvador Allende in Chile [1970], until the dictatorship of Augusto Pinochet put an end to the Popular Unity experience with the bombing of La Moneda Palace and a bloody coup d’état [1973].


Sergio Rodríguez Gelfenstein was interviewed by Sputnik in Caracas - Credit Hernán Cano/Sputnik Mundo

Rodriguez Gelfenstein was a lieutenant in the Cuban FAR, an internationalist combatant in Nicaragua, a builder of the Nicaraguan army, and later ambassador to this country, in one of the few moments in which the land of Sandino had some peace.

In a dialogue with Sputnik, this researcher and writer passionately narrates the events that took place exactly 43 years ago, when Cuban leader Fidel Castro proposed to him and a group of Latin American fighters the mission of going to fight in Nicaragua, which he accepted, inspired by the Guevarist maxim of “fighting against imperialism wherever it is.”

The author conducted this interview with Venezuelan Sergio Rodriguez Gelfenstein for the news agency Sputnik in preparation for the July 20 anniversary of the 1979 Nicaraguan revolution. It’s introduction noted that Rodriguez Gelfenstein, whose guerrilla father was forced out of Chile by the 1973 coup led by Augusto Pinochet, was at 22 an officer in Cuba’s Revolutionary Armed Forces and participated at the last month of Nicaragua’s war of liberation with an international contingent fighting the Somoza dictatorship and later in the training of the national army.

Since that July 20, Nicaragua has been an accumulation of indelible, eternal memories, of enormous happiness that demand a continuous commitment to the revolution. “Just as we [Venezuelans] have Bolivar, Nicaragua has Sandino, and that creates an imprint, a way of being and looking at ourselves,” says Rodriguez Gelfenstein.

And he recalls that “it is not in Playa Girón where the first defeat of imperialism in America took place, but in Nicaragua [in 1933], when General Augusto César Sandino expelled the invading Yankee army.” Today, four decades after those convulsive years, “Nicaragua, Cuba and Venezuela have configured, not an axis of evil, but a triangle that continues with the tradition of anti-imperialist struggle,” he emphasizes.


Sergio Rodríguez Gelfenstein: Fidel told us that the balance in Nicaragua had to be broken by the Southern Front – Credit Hernán Cano/Sputnik Mundo

Hernán Cano- How did you connect with the Sandinista Revolution?

Sergio Rodriguez Gelfenstein- My father was imprisoned in the National Stadium in Chile after the coup d’état against Salvador Allende. Then he left for Peru, and could not return to Venezuela because he had pending cases from when he participated in the guerrilla struggle. 

Under those conditions, and after receiving several offers, he chose to go to Cuba. I was 17 years old, and when I arrived in Havana I requested military training. Together with a group of Chilean comrades, because I was also Chilean, we received military training in the Cuban regular army. 

It was the period when almost all the Cuban military were going on internationalist missions, for example in Africa, and many of us asked to be sent on one of those missions, but Fidel, in his infinite wisdom, said no, we should wait, that the time would come for those of us who were not Cubans.

HC- Excuse me for interrupting, were you an officer in the Cuban Armed Forces?

SRG- Yes, at that time I was a lieutenant, I was head of an artillery battery and I was in charge of 64 soldiers, with six 122mm howitzers, and I performed duties like any regular officer of the Cuban army. That was already 1979, I was 22 years old.

HERNÁN CANO
Sergio Rodríguez Gelfenstein, combatiente en Nicaragua: “El 19 de julio fue el mejor día de mi vida”

 Hernán Cano, Sputnik Mundo, 18/7/2022

Hernán Cano es un periodista argentino radicado en la Venezuela Bolivariana. https://www.instagram.com/hernancanoperiodista/

 

 A 43 años de la victoria de la Revolución Sandinista, este escritor, investigador y analista político venezolano relató en entrevista con Sputnik su participación en el Frente Sur, con un contingente internacionalista enviado desde Cuba por Fidel Castro.

Sergio Rodríguez Gelfenstein fue entrevistado por Sputnik en Caracas - Foto Hernán Cano, Sputnik Mundo

Asimismo, él detalló cómo luego del triunfo contra la dictadura de Somoza este teniente de la Fuerzas Armadas Revolucionarias (FAR) se puso a la tarea de crear el ejército nicaragüense.

La vida de Sergio Rodríguez Gelfenstein está asociada desde su nacimiento a la revolución socialista. De padre guerrillero, labra sus primeros pasos en la política con el triunfo de Salvador Allende en Chile, hasta que la dictadura de Augusto Pinochet puso fin a la experiencia de la Unidad Popular con el bombardeo al Palacio de La Moneda y un sangriento golpe de Estado.

Rodríguez Gelfenstein fue teniente de las FAR cubanas, combatiente internacionalista en Nicaragua, constructor del ejército nicaragüense, y luego embajador en este país, en uno de los pocos momentos en que la tierra de Sandino tuvo algo de paz.

En diálogo con Sputnik, este investigador y escritor narra apasionadamente los acontecimientos ocurridos hace exactamente 43 años, cuando el líder cubano Fidel Castro les planteó a él y a un grupo de combatientes latinoamericanos la misión de ir a combatir a Nicaragua, que aceptó inspirado en la máxima guevarista de "luchar contra el imperialismo donde quiera que esté".

Desde aquel día, Nicaragua es un cúmulo de recuerdos imborrables, eternos, de enorme felicidad que exigen un compromiso continuo con la revolución. “Así como nosotros tenemos a Bolívar, Nicaragua tiene a Sandino, y eso crea una impronta, una forma de ser y de mirarnos”, dice Rodríguez Gelfenstein.

Y recuerda que "no es en Playa Girón donde se produce la primera derrota del imperialismo en América, sino en Nicaragua, cuando el General Augusto César Sandino expulsa el ejército invasor yanqui". Hoy, 4 décadas después de aquellos años convulsos, "Nicaragua, Cuba y Venezuela han configurado, no un eje del mal, sino un triángulo que continúa con la tradición de lucha antiimperialista", destaca.

Sergio Rodríguez Gelfenstein: Fidel nos planteó que el equilibrio en Nicaragua lo tenía que romper el Frente Sur. Foto Hernán Cano/ Sputnik

— ¿Cómo te vinculas con la Revolución Sandinista?

— Mi papá estuvo preso en el Estadio Nacional de Chile tras el golpe de Estado contra Salvador Allende. Luego sale hacia Perú, y no podía regresar a Venezuela porque tenía causas pendientes de cuando había estado en la guerrilla. En esas condiciones, luego de varios ofrecimientos, él opta por irnos a Cuba. Yo tenía 17 años, y al llegar a La Habana solicito tener formación militar, y junto con un grupo de compañeros chilenos, porque yo también era chileno, recibimos formación militar en el ejército regular de Cuba. Era la época en que casi todos los militares cubanos iban a cumplir misiones internacionalistas, por ejemplo, en África, y muchos de nosotros solicitamos que nos envíen a una de esas misiones, pero Fidel, con su infinita sabiduría, decía que no, que esperemos, que ya iba a llegar el momento para nosotros, que no éramos cubanos.

11/12/2022

ROBERTO PIZARRO HOFER
Nicaragua : Ortega offense la mémoire de Sandino

Roberto Pizarro Hofer, Politika, 8/12/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La liste des criminels honteux - hommes de main, sbires et tueurs à gages des USA - est aussi longue qu'un jour sans pain. La triste histoire de notre continent rappelle douloureusement Batista, Somoza, Trujillo, Pinochet, Banzer, Castillo Armas, Duvalier, Rojas Pinilla et bien d'autres. Tous - comme Franklin Roosevelt ou Harry Truman l'aurait dit avec une élégance incomparable - étaient des “fils de pute, mais ce sont NOS fils de pute”. L'involution de certaines révolutions est encore plus incompréhensible. Le paysage latino-américain d'aujourd'hui, du Pérou au Nicaragua, en passant par l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale, montre une dangereuse instabilité alimentée par les intérêts de l'Empire.-Luis Casado

 

Les Ortega

Le 4 novembre 1967, Daniel Ortega échappe à une fusillade dans une maison du quartier Monseñor Lezcano de Managua, après une poursuite acharnée de la garde policière du dictateur Somoza. Il sera sauvé par Oscar René Vargas, un des premiers militants du Front sandiniste (FSLN).

Il y a quelques jours, Oscar René a été capturé par la garde policière d'Ortega et envoyé en prison. Il rejoint le grand groupe des sandinistes historiques persécutés par le régime. Ortega, devenu dictateur, a non seulement emprisonné l'éminent sociologue nicaraguayen, mais aussi l'ancien vice-ministre des Affaires étrangères, Hugo Tinoco, et les commandants Dora María Téllez et Hugo Torres (qui est mort en prison) ; il a également contraint à l'exil les éminents écrivains Sergio Ramírez et Gioconda Veliz, le commandant de la révolution Luis Carrión, les frères Mejía Godoy et l'ancien directeur du journal Barricada, Carlos Fernando Chamorro. En outre, d'éminentes personnalités politiques démocratiques qui ont tenté de défier le dictateur sur le plan électoral se trouvent également dans les prisons nicaraguayennes.

Les crimes reprochés à Vargas, comme dans plusieurs autres cas, sont d'un arbitraire inconcevable : atteinte à l'intégrité nationale, propagation de fausses nouvelles et provocation à la rébellion.

Le résultat de la révolution nicaraguayenne est triste. De la dynastie de la famille Somoza, une nouvelle dynastie a émergé, la dynastie Ortega-Murillo. Ortega, avec sa femme, a trahi ses camarades de lutte, utilisé le pouvoir pour enrichir sa famille et renoncé au projet populaire et démocratique initié par l'acte héroïque de Sandino et soutenu avec tant d'enthousiasme par notre poétesse chilienne Gabriela Mistral.

La révolution populaire sandiniste, qui a pris le pouvoir en juillet 1979, a non seulement ouvert une voie d'espoir pour le Nicaragua, mais est également devenue un point de référence pour la lutte en Amérique latine, une région écrasée dans ces années-là par des dictatures militaires oppressantes. Et il en a été ainsi dans les premières années, même lorsque Ortega a perdu les élections en 1990 et a cédé démocratiquement le pouvoir à Violeta Chamorro.

Cependant, la passion irrépressible du pouvoir a fait d'Ortega un dictateur. Après avoir été élu président à la fin de 2006, il a déployé une stratégie machiavélique pour contrôler toutes les institutions de l'État. À cette fin, il a conclu un pacte avec le parti libéral somoziste, dirigé par Arnoldo Alemán, les milieux d'affaires, l'Église catholique et le gouvernement usaméricain.

Cette alliance sans précédent lui donne la force d'expulser les partis d'opposition de l'Assemblée nationale, de prendre le contrôle du pouvoir judiciaire et de contrôler les autorités électorales. Ortega-Murillo ont accumulé un pouvoir total sur les institutions de l'État, plaçant leurs amis et leurs flagorneurs aux postes clés, éliminant ainsi la transparence dans la gestion de l'État. C'est notamment ce qui a permis une réforme constitutionnelle assurant la réélection perpétuelle d'Ortega. Le Nicaragua est aujourd'hui un régime totalitaire.

Dans ces conditions, il était inévitable que l'insurrection, qui a explosé en 2018, voie le jour. L'étincelle qui a mis leu feu à la prairie a été une réforme qui a augmenté les cotisations de sécurité sociale des travailleurs et des employeurs et, dans le même temps, réduit les retraites.

Pendant de nombreuses années, l'Institut nicaraguayen de sécurité sociale (INSS) a mal géré ses investissements et accumulé un important déficit financier. Aujourd'hui, les coûts de cette mauvaise gestion sont répercutés sur les retraités. Le Fonds monétaire international (FMI), un ami proche du gouvernement nicaraguayen, a exigé l'arrêt immédiat du déficit. Et la réforme a été mise en œuvre dans le style autoritaire habituel du gouvernement.

Ce n'était que le déclencheur de la crise. Parce que ce qui était présent dans la société était l'indignation accumulée face aux abus, à la corruption et à l'arbitraire d'Ortega-Murillo. Ainsi, la plainte contre la concentration du pouvoir entre les mains du couple, ainsi que la délégation dynastique de postes et d'entreprises à leurs enfants, est devenue insupportable pour le peuple nicaraguayen.

Une décennie d'autoritarisme, avec des griefs intolérables, a eu raison des citoyens, déclenchant un soulèvement populaire comparable aux héroïques luttes de rue contre le somozisme.

Un mois de manifestations a fait plus de 300 morts, ainsi que des milliers de blessés, de disparus et de torturés. La répression par la police et les bandes d'autodéfense était la réponse du régime aux demandes des citoyens contre l'arbitraire, le vol et la corruption.

Des demandes ont commencé à être faites pour des enquêtes indépendantes sur la répression, pour que le gouvernement rende des comptes et pour que les responsables des meurtres soient jugés. S'y ajoutent des demandes de démocratisation du pays, de départ d'Ortega et d'élections anticipées. La réponse du régime a été une répression accrue des leaders sociaux, des sandinistes historiques et des politiciens démocratiques. Aujourd'hui, on estime à 219 le nombre de prisonniers politiques au Nicaragua.

Comment expliquer l'insurrection surprenante et massive de divers secteurs de la société dans un pays qui semblait progresser pacifiquement ? L'économie a connu une croissance annuelle moyenne de plus de 4 % entre 2007 et 2017, la pauvreté est en baisse et il n'y a pas de gangs de jeunes. Le FMI a applaudi Ortega parce qu'il s'occupait des finances budgétaires et que le gouvernement avait fait des hommes d'affaires son principal allié. Une alliance curieuse qui a favorisé les investissements et facilité les affaires.

D'autre part, le gouvernement avait le soutien de l'Église, une alliance facilitée par la législation anti-avortement sévère du gouvernement. Le soutien de l'Église était privilégié par rapport au droit des femmes à la santé et à la liberté.

Et, soit dit en passant, la realpolitik du gouvernement usaméricain a fait d'Ortega son principal allié en Amérique centrale, en échange de quoi le Nicaragua facilite les investissements des entreprises usaméricaines, bloque les immigrants à ses frontières et collabore au trafic de drogue.

Les drapeaux rouge et noir, démocratiques, révolutionnaires et progressistes du FSLN des années 1980 avaient été abaissés. Des principaux dirigeants du FSLN, les neuf comandantes et Sergio Ramírez, seul Bayardo Arce se tient aux côtés d'Ortega, bien qu'il soit plus intéressé par ses affaires personnelles.

Rosario Murillo, la femme d’Ortega, a qualifié les contestataires de 2018 de « ... des petites âmes toxiques, pleines de haine, des vampires assoiffés de sang, des groupes minuscules », tandis qu'Ortega a parlé de « gangs qui s'entretuent ». La maladresse de ces propos a servi à multiplier la colère des citoyens.

Après les manifestations citoyennes, l'élite économique a réalisé que le gouvernement ne garantissait plus la sécurité économique de ses investissements et que le monopole politique des institutions étatiques n'apportait pas non plus la stabilité au pays. Le secteur privé est arrivé à la conclusion que le partenariat de dix ans avec le gouvernement avait fait son temps.

D'autre part, l'Église, alliée au gouvernement sur les questions de valeurs, s'est radicalement distancée du gouvernement et est devenue un point de référence fondamental pour la sécurité et la crédibilité des citoyens. Enfin, le gouvernement usaméricain n'a pas pu résister à la pression internationale en faveur des droits humains contre Ortega et a été contraint d'exprimer son rejet des mesures répressives du régime.

Cependant, avec la crise sanitaire du Covid-19, les protestations ont faibli, ce qui a permis au régime Ortega-Murillo d'avoir une certaine tranquillité d'esprit. Le gouvernement a saisi l'occasion pour faire passer une législation visant à contrôler la dissidence et à réprimer tout espace de dissidence, afin de s'assurer une victoire confortable dans les urnes. Il a également fait adopter une réforme constitutionnelle visant à permettre la réélection du président lors des élections du 7 novembre 2021.

Dans ces conditions, la coalition d'opposition, née dans le sillage de la crise de 2018 et qui réunissait étudiants, paysans, féministes, retraités, indigènes, catholiques, sandinistes historiques, antisandinistes et écologistes, a fini par se disloquer. En réalité, il s'agissait d'une opposition avec un nombre excessif de sensibilités idéologiques et d'intérêts sectoriels qui ne convergeaient que dans leur rejet du régime. Lorsque les mobilisations ont disparu, des leaders politiques d'opposition épars ont émergé, sans base sociale importante, que le régime a emprisonnés en profitant de la législation répressive, ce qui a ouvert la voie à une victoire électorale sans concurrence.

Les élections de novembre 2021 ont servi à consolider le régime totalitaire. En effet, celui-ci a abordé les élections avec des dés pipés, après avoir survécu à l'assaut de l'opposition lors de la rébellion de 2018. En effet, en contrôlant le Conseil suprême électoral, il a pu opposer son veto et annuler les candidats et les organisations politiques opposés à la réélection d'Ortega.

Les deux principales organisations qui ont émergé dans le sillage de l'épidémie - Alianza Cívica (AC) et Unidad Nacional Azul y Blanco (UNAB) - n'ont ensuite pas été en mesure de transformer l'énergie de la rue en pouvoir pour négocier des réformes clés, ni de devenir un véhicule électoral ou une force politique. Cela révèle l'incapacité de l'opposition à formuler une proposition commune, en plus d’avoir eu le tort de faire appel à l'antisandinisme.

En effet, au-delà d'Ortega, le sandinisme est une culture nationale, qui comprend des militants historiques aujourd'hui ennemis du dictateur. « ... Il est difficile de réunir un discours majoritaire si l'identité sandiniste, qui est de loin la plus répandue dans le pays, est criminalisée (et non intégrée). De plus, le discours furieux antisandiniste profite à Ortega car, en le positionnant comme l'unique référent du sandinisme, il favorise sa consolidation au sein du parti, au lieu de le diviser ». D'autre part, l'opposition s'est montrée excessivement dépendante de la communauté internationale, ce qui a permis au régime de faire plus facilement appel à l'argument du « coup d'État soft » et au nationalisme anti-impérialiste (S. Puig et M. Jarquín, El Precio de la Perpetuación de Daniel Ortega, Nueva Sociedad, juin 2021).

Les perspectives de démocratie au Nicaragua ne sont pas encourageantes. Avec une opposition faible et fragmentée, la famille Ortega-Murillo a consolidé un pouvoir politique absolu dans le pays. Pour l'instant, Ortega est en train de gagner ; mais, comme l'a dit à juste titre José Saramago, « la victoire a quelque chose de négatif ; elle n'est jamais définitive ».

 

ROBERTO PIZARRO HOFER
Nicaragua: Ortega ofende la memoria de Sandino

Roberto Pizarro Hofer, Politika, 8-12-2022

La lista de vergonzosos criminales -esbirros, secuaces y sicarios de los EEUU- es larga como un día sin pan. La triste historia de nuestro continente recuerda con dolor a Batista, Somoza, Trujillo, Pinochet, Banzer, Castillo Armas, Duvalier, Rojas Pinilla y muchos más. Todos ellos -como hubiera dicho con inigualable elegancia Franklin Roosevelt o Harry Truman- eran unos "hijos de puta, pero son NUESTROS hijos de puta". La involución de algunas revoluciones resulta aun más incomprensible. El panorama latinoamericano actual, de Perú a Nicaragua, pasando por sur y centro América, muestra una peligrosa inestabilidad alimentada por los intereses del Imperio.-LC

 

Los Ortega

El 4 de noviembre de 1967, Daniel Ortega, escapó de morir acribillado en una casa del barrio Monseñor Lezcano, de Managua, luego de una implacable persecución de la Guardia policial del dictador Somoza. Lo salvó Oscar René Vargas, militante de la primera hora del Frente Sandinista (FSLN).

Hace algunos días Oscar René fue capturado por la Guardia policial de Ortega y enviado a la cárcel. Se suma así al nutrido grupo de sandinistas históricos perseguidos por el régimen. Ortega, convertido en dictador, no sólo encarceló al destacado sociólogo nicaragüense, sino también al exvicecanciller, Hugo Tinoco, y a los comandantes Dora María Téllez y Hugo Torres (quien falleció en la cárcel); además obligó al exilio a los destacados escritores Sergio Ramírez y Gioconda Veliz, al comandante de la revolución, Luis Carrión, a los hermanos Mejía Godoy y al ex director del diario Barricada, Carlos Fernando Chamorro. Además, se encuentran habitando cárceles nicaragüenses destacadas figuras políticas democráticas, que intentaron desafiar electoralmente al dictador.

Los delitos imputados a Vargas, como en varios otros casos, son de una inconcebible arbitrariedad: menoscabo a la integridad nacional, propagación de noticias falsas y provocación para cometer rebelión.

Es triste el resultado de la revolución nicaragüense. De la dinastía de la familia Somoza se ha transitado a una nueva dinastía, la de Ortega-Murillo. Ortega, en compañía de su esposa, traicionó a sus compañeros de lucha, ha utilizado el poder para enriquecer a su familia y renunció al proyecto popular y democrático que iniciara la gesta heroica de Sandino y que nuestra poetisa, Gabriela Mistral apoyara con tanto entusiasmo.

La revolución popular sandinista, que asumió el gobierno en julio de 1979, no sólo abría un camino de esperanza para Nicaragua, sino se convertía en un referente de lucha para América Latina, región aplastada en esos años por dictaduras militares oprobiosas. Y así fue en los primeros años, incluso cuando Ortega pierde las elecciones en 1990 y entrega democráticamente el gobierno a doña Violeta Chamorro.

Sin embargo, la irrefrenable pasión por el poder convierte a Ortega en dictador. Luego de ser elegido presidente a fines del 2006, despliega una maquiavélica estrategia para controlar todas las instituciones del Estado. Y, para ello, pacta con el partido liberal somocista, que encabeza Arnoldo Alemán, con el empresariado, la Iglesia católica y el gobierno de los Estados Unidos.

Esa inédita alianza le otorga fuerza para expulsar de la Asamblea Nacional (Parlamento) a los partidos opositores, apropiarse del poder judicial y controlar a las autoridades electorales. Ortega-Murillo han acumulado el poder total de las instituciones estatales, colocando a sus amigos y aduladores en puestos claves, eliminando así la transparencia en la gestión del Estado. Entre otras cosas ello es lo que permitió una reforma constitucional para asegurar a Ortega la reelección perpetua. Nicaragua es hoy un régimen totalitario.

En esas condiciones era inevitable que naciera la insurgencia, la que explotó en 2018. La chispa que encendió la pradera fue una reforma que aumentaba las contribuciones de trabajadores y empleadores al seguro social y, al mismo tiempo, reducía las pensiones a los jubilados.

Durante largos años el Instituto Nicaragüense de Seguridad Social (INSS) manejó mal sus inversiones y acumuló un gran déficit financiero, y ahora se cargaban los costos de ese mal manejo a los jubilados. El Fondo Monetario Internacional (FMI), muy amigo del gobierno nicaragüense, exigió un freno inmediato al déficit. Y, la reforma se implementó con el acostumbrado estilo autoritario del gobierno.

Ese hecho fue sólo el desencadenante de la crisis. Porque lo que estaba presente en la sociedad era la acumulada indignación de abusos, corrupciones y arbitrariedades de Ortega-Murillo. Explotaba así el reclamo contra la concentración de poder en manos del matrimonio, así como la delegación dinástica de cargos y negocios en sus hijos, lo que resultaba insoportable para el pueblo nicaragüense.

Una década de autoritarismo, con intolerables agravios, se hacía carne en la ciudadanía, y desata un levantamiento popular sólo comparable a las heroicas luchas callejeras contra el somocismo.

Un mes de protestas dieron por resultado más de 300 muertos, junto a miles de heridos desaparecidos y torturados. La represión policial y de las bandas parapoliciales fue la respuesta del régimen a las demandas ciudadanas contra la arbitrariedad, el robo y la corrupción.

Comienzan entonces a exigirse investigaciones independientes sobre la represión, responsabilidades gubernamentales y juicio a los culpables de los asesinatos. A ello se agregan demandas sobre la democratización del país, la salida de Ortega y el adelantamiento de las elecciones. La respuesta del régimen fue mayor represión de dirigentes sociales, sandinistas históricos y políticos demócratas. Al día de hoy se estima en 219 los presos políticos en Nicaragua.

¿Cómo explicar la sorpresiva y masiva insurgencia de diversos sectores de la sociedad en un país que parecía progresar con tranquilidad? La economía había crecido más de 4% promedio anual entre 2007 y 2017; la pobreza estaba disminuyendo; y, no existían las pandillas juveniles. El FMI aplaudía a Ortega porque cuidaba las finanzas fiscales y el gobierno había convertido a los empresarios en su principal aliado. Curiosa alianza que favorecía las inversiones y facilitaba los negocios.

Por otra parte, el gobierno contaba con el apoyo de la Iglesia, alianza facilitada con la dura legislación que impulsó el gobierno contra el aborto. Se privilegiaba así el apoyo de la Iglesia antes que el derecho a la salud y libertad de las mujeres.

Y, por cierto, la realpolitik del Gobierno norteamericano, convertía a Ortega en su principal aliado en Centroamérica, a cambio de que Nicaragua facilitara las inversiones de empresas estadounidenses, retuviera a los inmigrantes en sus fronteras y colaborara con el trasiego del narcotráfico.

Las banderas rojinegras, democráticas, revolucionarias y progresistas del FSLN de los años ochenta, se habían arriado. De los máximos dirigentes del FSLN, los nueve comandantes y Sergio Ramírez, sólo se encuentra junto a Ortega, Bayardo Arce, aunque más bien interesado en sus negocios personales.

Rosario Murillo calificó a los cuestionadores del 2018 como “…almas pequeñas, tóxicas, llenas de odio, vampiros sedientos de sangre, grupos minúsculos”, mientras Ortega hablaba de “pandillas matándose entre ellos mismos”. La torpeza de esos dichos sirvió para multiplicar el enojo ciudadano.

La élite empresarial, después, de las protestas ciudadanas, se dio cuenta que el gobierno ya no le garantizaba seguridad económica para sus inversiones y que el monopolio político de las instituciones estatales tampoco le daba estabilidad al país. El sector privado llegó a la conclusión que la hermandad de diez años con el gobierno ya no le servía, había hecho agua.

Por otra parte, la Iglesia, aliada al gobierno en temas valóricos, se distancia radicalmente del gobierno y se convierte en referente fundamental de seguridad y de credibilidad para ciudadanía. Finalmente, el gobierno norteamericano, no pudo resistir la presión internacional por los derechos humanos contra Ortega y se vio obligado manifestar su rechazo a las medidas represivas del régimen.

Sin embargo, con la crisis sanitaria de la Covid-19, se debilitaron las protestas lo que dio cierta tranquilidad al régimen de Ortega-Murillo. El gobierno aprovechó para impulsar una legislación que controlara la disidencia y reprimiese cualquier espacio de disensión, para asegurarse una victoria holgada en las urnas. Apuró además una reforma constitucional para permitir la reelección presidencial en los comicios del 7 de noviembre de 2021.

En estas circunstancias, la coalición opositora, que surgió a raíz de la crisis del 2018 y que aglutinaba estudiantes, campesinos, feministas, jubilados, indígenas, católicos, sandinistas históricos, antisandinistas y ecologistas terminó quebrándose. En realidad, era una oposición con excesiva cantidad de sensibilidades ideológicas e intereses sectoriales que sólo convergían en su rechazo al régimen Cuando las movilizaciones desaparecieron surgieron líderes políticos opositores dispersos, sin mayor base social, que el régimen encarceló aprovechando la legislación represiva, lo que abrió camino una victoria electoral no competitiva.

Las pasadas elecciones de noviembre de 2021 sirvieron para la consolidación del régimen totalitario. En efecto, el orteguismo emprendió unos comicios con las cartas marcadas, después de haber sobrevivido al embate opositor de la rebelión de 2018. De hecho, al controlar el Consejo Supremo Electoral, pudo vetar y anular candidatos y organizaciones políticas en función de la reelección de Ortega.

Las dos principales organizaciones surgidas a raíz del estallido –Alianza Cívica (AC) y Unidad Nacional Azul y Blanco (UNAB)– no lograron convertir entonces la energía callejera en poder, para negociar reformas clave, ni pudieron convertirse en vehículo electoral o fuerza política. Ello revela la incapacidad de la oposición para articular una propuesta común, la que además se ha equivocado en apelar al antisandinismo.

En efecto, más allá de Ortega, el sandinismo es una cultura nacional, que incluye militantes históricos, hoy día enemigos del dictador. “…es complicado armar un discurso mayoritario si se criminaliza (y no integra) la identidad sandinista que, de lejos, es la más extendida en el país. Además, el discurso antisandinista furibundo reditúa a Ortega porque, al posicionarlo como referente único del sandinismo, favorece su consolidación dentro del partido, en vez de fraccionarlo”. Por otra parte, la oposición se ha mostrado excesivamente dependiente de la comunidad internacional, lo que ha facilitado al régimen apelar al argumento del “golpe blando” y al nacionalismo antiimperialista. (S. Puig y M. Jarquín, El Precio de la Perpetuación de Daniel Ortega, Nueva Sociedad, junio 2021).

Las perspectivas en favor de la democracia en Nicaragua no son alentadoras. Con una oposición débil y fragmentada, la familia Ortega-Murillo, ha consolidado un poder político absoluto en el país. Por ahora Ortega está ganando; pero, como bien ha dicho José Saramago “La victoria tiene algo negativo; jamás es definitiva.”