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12/06/2025

GIDEON LEVY
Sanctionner Ben-Gvir et Smotrich n’est qu’un tout petit pas ridicule pour mettre fin au massacre de Gaza

Gideon LevyHaaretz, 11/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

Hélas ! Malheur à nous, car nous avons péché : cinq pays ont imposé des sanctions au ministre des finances Bezalel Smotrich et au ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir. La guerre à Gaza va maintenant cesser immédiatement, et peut-être aussi l’occupation, certainement l’apartheid.


 Emad Hajjaj

Smotrich, qui a consacré sa vie à l’étude des œuvres d’Ibsen et aime parcourir les rues d’Oslo, inspiré par les drames, ne pourra plus visiter la Norvège.

Ben-Gvir, l’ornithologue passionné, ne pourra plus traquer le kiwi, cet oiseau fascinant dont l’unique habitat est la Nouvelle-Zélande. Ces deux pays, ainsi que la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie, ont décidé d’infliger à ces deux messieurs une punition qu’eux-mêmes, le gouvernement et l’opinion publique israélienne ne pourront probablement pas supporter. Vilains, vilains, Bezalel et Itamar, tsk, tsk, tsk ! Les deux mauvais garçons d’Israël resteront au coin.

Il est difficile de savoir si les gouvernements de ces pays sont naïfs ou lâches. Se contentent-ils de belles paroles ou croient-ils vraiment que cette punition aura un effet quelconque sur les actions d’Israël ? D’un certain point de vue, cette mesure est certainement la bienvenue. Enfin, les pays prennent des mesures concrètes et pas seulement des paroles en l’air, ce qui pourrait, espérons-le, en appeler d’autres.

Peut-être que ce pas minuscule et ridicule n’est destiné qu’à réveiller un monde qui s’est endormi paisiblement au milieu du massacre de Gaza, et que dans son sillage viendra le déluge. Pourtant, d’un autre point de vue, on ne peut s’empêcher de se moquer. Nous méritons beaucoup plus.

La décision de ces pays se fonde sur un certain nombre de déclarations dégoûtantes de nos deux ministres. Ils se gardent bien de les punir pour leurs actes. Ce n’est pas bien, Bezalel, que tu aies dit Huwara doit être rayé de la carte. “Mort aux Arabes”, Itamar ?

Ben-Gvir, par António Santos, Portugal

Outre ces distinctions entre les mauvais garçons et le bon gouvernement, tous ceux qui menacent d’imposer des sanctions prennent également soin de faire la distinction entre le gouvernement et le peuple. Tout cela est la faute du Premier ministre Benjamin Netanyahou et de son gouvernement, et pas la vôtre, chers Israéliens. Nous voulons maintenir avec vous des relations de “forte amitié” et de “valeurs partagées”. Ce n’est pas tous les jours que l’on a la seule démocratie du Moyen-Orient avec l’armée la plus morale du monde.

Les cinq pays qui ont fait les premiers pas ont rejoint les USA de l’administration précédente, qui ont imposé des sanctions personnelles à deux colons violents et demi. Telle est la contribution usaméricaine qui a précédé la guerre contre l’apartheid. Mais l’apartheid a regardé droit dans le blanc des yeux de ces sanctions, et s’est encore renforcé, de même que la violence des colons.

Il en va de même pour la détermination de Smotrich et Ben-Gvir à être les pires pécheurs. Quatre pays du Commonwealth britannique et la Norvège se sont rendu la vie facile. Ce qu’Israël fait dans la bande de Gaza n’est pas dû à Ben-Gvir et Smotrich. Ils ne sont même pas les principaux coupables. Les blâmer, et eux seuls, relève de l’autosatisfaction et de l’hypocrisie.

La bande de Gaza et Israël attendent désespérément des sanctions internationales qui mettront fin au massacre de Gaza. Nous ne pouvons plus attendre, les marmonnements comme ceux des cinq pays ne suffiront pas. Le massacre ne s’arrêtera pas sans sanctions, et le massacre ne peut pas continuer.

Les sanctions doivent viser l’ensemble du gouvernement, de Netanyahou, qui est poursuivi par la Cour pénale internationale. Les sanctions devraient également viser les officiers militaires et les bureaucrates qui se livrent au massacre à Gaza.

Une majorité d’Israéliens, comme l’indiquent les sondages d’opinion, soutient le massacre et et attendent même le transfert de population qui en découlera. C’est pourquoi la pression et la punition doivent être dirigées contre Israël dans son intégralité.

Et nous ne pouvons pas continuer sans un intermède comique : le big boss de la “résistance israélienne”, Benny Gantz, chef du parti de l’Unité nationale, voit dans la décision de sanctions contre Smotrich et Ben-Gvir “un profond échec moral de la part du monde”. Diplomates et décideurs, vous comprenez ? En Israël, nous sommes tous devenus Ben-Gvir et Smotrich. Nous tous.