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04/04/2025

HELYEH DOUTAGHI
Déclarations sur ma suspension puis mon licenciement par l’Université Yale

Ci-dessous, traduites par Tlaxcala, deux déclarations de Helyeh Doutaghi suite à sa suspension (4 mars) puis son licenciement (28 mars) par l’Université Yale. Son crime : le soutien à la résistance du peuple palestinien, étiqueté comme “terrorisme” par des sionistes anonymes recourant à l’intelligence artificielle.

Suspendue pour un discours en faveur de la Palestine : ma déclaration sur l’adhésion de la faculté de droit de Yale aux calomnies générées par l’IA

Helyeh Doutaghi, 13/3/2025 

Je m’appelle Helyeh Doutaghi. Je suis spécialiste du droit international et de l’économie géopolitique. Mes recherches portent sur les approches du droit international par le tiers monde (TWAIL), les critiques postcoloniales du droit et l’économie politique mondiale des sanctions. J’ai particulièrement examiné les mécanismes et les conséquences de la guerre économique contre l’Iran, ainsi que les formes de connaissances produites dans le cadre du droit international humanitaire (DIH) afin d’obscurcir les opérations militaires usaméricaines et de les soustraire à l’obligation de rendre des comptes. Le 1er octobre 2023, j’ai été nommée directrice adjointe du projet Droit et économie politique (LPE) et j’ai rejoint l’équipe. J’occupais également le poste de chercheuse associée à la Yale Law School (YLS), un poste de professeure non permanente sans responsabilités d’enseignement.

Le matin du 3 mars, j’ai été informée d’un rapport en ligne me concernant. Une obscure plateforme sioniste de droite alimentée par l’IA et appelée “Jewish Onliner” a publié un rapport m’accusant à tort d’être une “terroriste”. Plutôt que de me défendre, la faculté de droit de Yale a décidé, moins de 24 heures après avoir pris connaissance du rapport, de me mettre en congé.

L’administration ne m’a donné que quelques heures de préavis pour assister à un interrogatoire basé sur des allégations d’extrême droite générées par l’IA à mon encontre, tout en subissant un flot de harcèlement en ligne, de menaces de mort et d’abus de la part de trolls sionistes, ce qui a exacerbé une détresse et des complications sans précédent au travail et à la maison. J’ai enduré tout cela alors que je jeûnais, et ma demande d’aménagements religieux pour le Ramadan a été rejetée. Quelques heures plus tard, l’YLS m’a mis en congé, m’a retiré mon accès aux technologies de l’information - y compris mon courrier électronique - et m’a interdit de quitter le campus. Je n’ai bénéficié d’aucune procédure régulière ni d’aucun délai raisonnable pour consulter mon avocat.

Plutôt que d’enquêter d’abord sur la source de ces allégations, la « meilleure école de droit » du pays les a prises pour argent comptant et a transféré la charge de la preuve de l’accusateur à l’accusée, me considérant, prima facie, comme coupable jusqu’à preuve du contraire. Que les avocats de la faculté de droit de Yale se soient sciemment appuyés sur des allégations fabriquées par  l’IA ou aient simplement choisi l’ignorance volontaire reste sans réponse.

Pour mener l’interrogatoire, la faculté de droit de Yale a retenu les services de David Ring du cabinet d’avocats Wiggin and Dana - un avocat dont le profil public mentionne “Israël” comme un “service” qu’il fournit et dont le portfolio se targue de conseiller “les plus grandes entreprises aérospatiales et de défense du monde”. Nommé à deux reprises par le département d’État usaméricain en tant que Special Compliance Officer [agent spécial de conformité], sa carrière est profondément ancrée dans les industries qui soutiennent le génocide et les crimes de guerre en Palestine. Lorsque j’ai fait part de mes inquiétudes concernant le conflit d’intérêts potentiel posé par sa participation à ce processus, l’YLS les a rejetées, déclarant qu’il n’y avait “aucune inquiétude quant à sa capacité à mener un entretien équitable”. Il est répréhensible que l’YLS nomme un avocat qui profite de la machinerie de la mort palestinienne pour “interviewer” une employée à propos de ses positions publiques contre le génocide et en faveur de la Palestine.

Yale a fait preuve de mauvaise foi tout au long de ce "processus". Cela s’est manifesté par l’insistance de l’administration sur un interrogatoire immédiat avec un délai déraisonnable, par le type d’avocat engagé pour m’“interviewer”, par le fait que cet avocat externe a refusé de répondre aux questions sur les protections procédurales, et par le refus de ma demande d’un bref accommodement religieux. La préoccupation singulière de l’YLS de maintenir l’approbation des bailleurs de fonds sionistes qui financent leur complicité dans le génocide a conduit l’organisation à me faire subir un interrogatoire dont j’avais toutes les raisons de penser qu’il était conçu non pas pour découvrir la vérité, mais pour justifier un résultat prédéterminé. Pour plus de détails, voir la note de mon avocat à la fin de cette déclaration.

Ce qui est clair, c’est que les actions de l’Université Yale constituent un acte flagrant de représailles contre la solidarité palestinienne - une violation de mes droits constitutionnels, de ma liberté d’expression, de ma liberté académique et de mes droits fondamentaux à une procédure régulière. Je suis prise pour cible pour une seule raison : pour avoir dit la vérité sur le génocide du peuple palestinien dont l’université Yale est complice.

L’Endowment Justice Coalition (EJC) a exposé les liens financiers étroits de Yale avec les fabricants d’armes, sur la base de déclarations fiscales accessibles au public. Parmi les gestionnaires d’actifs de l’université figurent JLL Partners, lié à General Dynamics et Lockheed Martin, et Farallon Capital, qui investit dans HowMet Aerospace, une société qui produit des composants clés pour les avions de chasse usaméricains F-35 utilisés par Israël pour commettre un génocide.

En tant qu’universitaire du mouvement qui s’oppose sans équivoque à l’impérialisme et au génocide usaméricano-sioniste, ma présence - en particulier en tant que musulmane iranienne dans une université d’élite qui est profondément impliquée dans les structures matérielles et idéologiques du génocide - est intolérable pour les forces du fascisme qui dirigent ce pays.

Les attaques contre moi, y compris les diffamations amplifiées par des trolls fascistes, sont emblématiques d’une politique officielle plus large de ce régime autoritaire visant à utiliser l’IA pour cibler les étudiants, les professeurs et les organisateurs qui osent s’élever contre le génocide, la famine systémique et le nettoyage ethnique des Palestiniens. Cette répression, désormais formalisée dans le cadre du programme de l’initiative “Catch and Revoke” [Attraper et révoquer] marque une dangereuse escalade dans la répression étatique, explicitement conçue pour favoriser une atmosphère de peur sur les campus universitaires. Tous les défenseurs de la liberté d’expression devraient être profondément préoccupés par le fait que ces mots infâmes, « Êtes-vous ou avez-vous déjà été membre de... », redeviennent un refrain courant. Nous entrons dans l’ère du maccarthysme sioniste, une époque où la dissidence est invariablement réprimée, où des carrières sont détruites pour avoir dit la vérité et où le simple fait d’être solidaire de la libération de la Palestine est considéré comme un crime. Tout comme le maccarthysme cherchait à écraser la résistance anti-impérialiste par la peur et la répression, cette nouvelle itération vise à réduire au silence, à intimider et à purger ceux qui contestent le colonialisme sioniste et l’impérialisme usaméricain.

Il ne s’agit pas d’une démonstration de force ; c’est le dernier refuge d’un ordre qui s’effondre - un empire en déclin, qui recourt à la répression brutale pour étouffer et écraser ceux qui exposent son hégémonie en train de s’effilocher.

La connaissance doit être au service des opprimés. Si ce que nous apprenons et enseignons ne nous oblige pas et ne nous donne pas les moyens d’utiliser nos plumes et nos voix pour remettre en cause les systèmes d’oppression, alors c’est un exercice intellectuel dénué de sens. Les institutions universitaires occidentales cultivent une classe lâche de collaborateurs intellectuels qui écrivent des articles critiques sur l’oppression mais la maintiennent par leur silence lorsque leurs privilèges sont menacés. La complicité de l’université de Columbia dans la dernière vague de répression contre ses étudiants en est un exemple.

C’est ainsi que le fascisme gagne : non seulement par la force brute, mais aussi en restant réactif face à l’oppression, et grâce à la complicité de ceux qui prétendent défendre la justice mais choisissent de rester silencieux lorsque le fascisme frappe. Les 17 derniers mois ont prouvé que de nombreux membres de la “gauche” occidentale ne sont pas disposés à faire les sacrifices nécessaires pour mettre fin au génocide. Dans le monde universitaire et à l’extérieur, ils profitent - à titre personnel et professionnel - des structures mêmes du génocide et de l’impérialisme auxquelles ils prétendent s’opposer. Leur confort est acheté aux dépens des opprimés. La gauche occidentale est aujourd’hui confrontée à un choix clair : soit elle relève le défi de lutter contre la vague de répression, soit elle continue à garder le silence au service du génocide.

Mais je ne me tairai pas. Je suis fière d’avoir utilisé ma voix et ma plume pour soutenir la lutte pour la libération de la Palestine. Ils peuvent me dépouiller de mes droits et privilèges, mais mon engagement en faveur d’une Palestine libre et du démantèlement complet de l’impérialisme usaméricain dans le monde ne dépend pas d’une reconnaissance institutionnelle ou d’une stabilité matérielle. Il est enraciné dans la lutte collective des opprimés mais puissants, dans les luttes anticoloniales en cours dans notre région, et dans la certitude que la libération viendra - non pas grâce à la bienveillance de l’empire sous l’égide des partis “démocrate” ou “républicain” qui sont unis dans le génocide de notre peuple, mais par sa défaite politique.

Vivre sous une dictature fasciste aux USA peut sembler étouffant, créant l’illusion que nous sommes isolés et en infériorité numérique. Mais la réalité est tout autre : nous sommes aux côtés de la grande majorité du monde, de la Palestine au Liban, en passant par l’Iran, le Yémen, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua et bien d’autres encore. Notre lutte est celle des opprimés mais puissants, des damnés de la Terre.

La campagne incessante visant à écraser la solidarité palestinienne par des arrestations massives, l’intimidation, le harcèlement et la censure a échoué. Cet échec est la raison pour laquelle l’État se tourne maintenant vers la force brute, comme en témoigne la dernière escalade à Columbia, où des manifestants ont été brutalement battus et où Mahmoud Khalil, étudiant à Columbia - aujourd’hui prisonnier politique - a été enlevé de force par l’État en collaboration avec l’université. Je suis entièrement solidaire de Mahmoud Khalil. Il s’agit d’une violation flagrante des droits constitutionnels les plus élémentaires, qui marque une nouvelle étape dans la descente des USA vers une tyrannie sans foi ni loi.

Le régime colonial israélien traverse une crise profonde. La défaite de sa machine de propagande - si vitale pour sa survie - a été accélérée par sa défaite sur le terrain à Gaza. L’empire ne peut se maintenir sans soutien intellectuel et institutionnel, et par conséquent, la suppression dont j’ai fait l’objet, comme beaucoup d’autres dans le monde universitaire usaméricain et au-delà, n’est pas fortuite, elle est structurelle. Le gouvernement usaméricain, reconfiguré en un appareil de sécurité fasciste, ne se contente pas de réprimer la contestation - il se prépare à la guerre, à l’étranger comme à l’intérieur du pays. Les institutions d’élite et les universités, chargées de reproduire ce système et de former la prochaine génération à le défendre et à le maintenir, se sont transformées en mécanismes de surveillance, veillant à ce que les voix de la résistance soient éradiquées pour permettre les atrocités commises à l’étranger. Mais l’université n’est pas seulement un lieu de répression, c’est un lieu de lutte. Nous devons le reconnaître comme tel et nous dresser pour reprendre le pouvoir sur ces institutions ou, le cas échéant, les démanteler et les perturber. Le temps de la critique passive est révolu depuis longtemps ; nous devons agir collectivement pour exposer, contester et résister au rôle des universités occidentales dans le maintien de l’empire et du génocide.

Appel à l’action

La faculté de droit de Yale doit rendre des comptes. J’appelle à un boycott immédiat et effectif de la faculté de droit de Yale et à une demande collective de divulgation complète et de désinvestissement de Yale dans le domaine du génocide. En outre, Yale doit prendre des mesures concrètes et efficaces pour réparer le préjudice qu’elle m’a infligé, être tenue responsable des dommages qu’elle a causés et faire une déclaration publique pour rétablir ma réputation.

Pas un seul professeur de Yale ne s’est levé pour s’opposer publiquement à ce que Yale m’a fait subir jusqu’à présent. Dans tout le pays, les universitaires et les administrateurs d’université - à quelques honorables exceptions près - ont joué un rôle lâche et collaboratif en facilitant l’attaque contre les droits démocratiques. Ceux qui sont trop préoccupés par leur salaire et leur carrière pour s’opposer à cette attaque sans précédent contre la liberté d’expression sont complices de leur propre assujettissement et de l’érosion de la force collective de la communauté. J’appelle chaque professeur, universitaire, chercheur, étudiant et membre de la communauté à se lever et à s’exprimer publiquement contre le fait que la faculté de droit de Yale fonctionne comme une extension de l’appareil d’État fasciste.

Je ne me laisserai pas intimider. Je ne reculerai pas. Je reste fidèle à mon engagement en faveur de la libération de nos peuples de l’impérialisme usaméricain, de la justice, de la vérité et de la solidarité indéfectible qui nous lie dans la lutte pour une Palestine libre.

En avant, quoi qu’il en coûte,

Helyeh Doutaghi

Mon avocat, Eric Lee, fait la déclaration suivante :

J’ai été engagé par la Dre Doutaghi en fin de matinée le 4 mars. Vers 14 h 30 cet après-midi-là, j’ai reçu un courriel du bureau de l’avocat général de Yale renvoyant à l’article du “Jewish Onliner” et indiquant que la Dre Doutaghi faisait l’objet d’une enquête à la suite de cet article. J’ai ensuite été contacté par l’avocat externe de Yale qui a insisté pour que la Dre Doutaghi accepte une interview l’après-midi même. J’ai demandé à m’entretenir avec l’avocat externe et nous avons discuté à 16 heures. J’ai demandé quelles procédures seraient mises en place pour l’entretien et j’ai expliqué qu’en raison de réunions déjà planifiées, je ne serais pas en mesure de participer à un entretien l’après-midi même. L’avocat externe m’a demandé d’envoyer un courriel proposant les prochaines étapes, ce que j’ai fait à 17h30, environ une heure après la fin de notre appel téléphonique. Dans ce courriel, j’ai indiqué que nous demandions un bref accommodement religieux en raison du fait que Mme Doutaghi avait jeûné pendant le ramadan tout en subissant un harcèlement et une violence intenses en ligne, et que nous serions mieux préparés à discuter des prochaines étapes le lendemain, après que Mme Doutaghi eut passé une bonne nuit de sommeil. Au moment où j’ai envoyé ce courriel, j’ai reçu un courriel du bureau de l’avocat général de Yale indiquant que la Dre Doutaghi avait été placée en congé administratif pour avoir prétendument omis de répondre à la demande d’entretien.

Après une recherche Google sur “Jewish Onliner”, nous avons appris qu’en janvier 2025, le journal israélien Haaretzavait enquêté sur “Jewish Onliner” et l’avait présenté comme un type de bot généré par l’IA qui diffuse des informations erronées pour contrer les discours pro-palestiniens en ligne. Haaretz a également indiqué que le robot pourrait avoir des liens avec le gouvernement et l’armée israéliens. À la lumière de ces informations, j’ai écrit à Yale le 5 mars pour leur demander (1) s’ils étaient au courant de l’illégitimité de la source, (2) si ce n’était pas le cas, s’ils avaient pris des mesures pour déterminer la légitimité de la source avant de se précipiter pour juger la Dre Doutaghi, et (3) si la précipitation pour forcer la Dre Doutaghi à une interview immédiate avait pour but de nous empêcher d’avoir le temps d’enquêter sur la légitimité de la source. Yale a refusé de répondre à ces questions.

Yale plie le genou devant les efforts de Trump pour supprimer la liberté d’expression, écraser la liberté académique et établir une dictature. Sa réussite dépendra entièrement de la réaction de la population. Nous exhortons tout le monde à se lever et à prendre la défense de la Dre Doutaghi et des principes démocratiques de liberté d’expression et de respect de la légalité qui sont fondamentaux pour nous tous. Nous demandons à nouveau à Yale de réintégrer la Dre Doutaghi, de lui donner accès au campus et à son courrier électronique, et de prendre des mesures publiques pour restaurer sa crédibilité et sa réputation.


 

Ma déclaration sur mon licenciement par la faculté de droit de Yale et le projet “Droit et économie politique” (Law and Political Economy Project, LEP)

1er avril 2025

Le vendredi 28 mars, jour d’Al-Quds, quelques jours avant que nous, musulmans, ne célébrions notre deuxième Aïd à l’ombre d’un génocide continu contre nos familles en Palestine, la faculté de droit de Yale (YLS) m’a licenciée pour avoir dénoncé la barbarie sioniste en Palestine. Cet acte s’inscrit dans le cadre d’une répression violente et plus large à l’encontre des étudiants et des universitaires à travers le pays, dont beaucoup occupent des postes précaires.  Ce à quoi nous assistons dans des institutions comme Yale, Cornell, Columbia et Harvard, c’est à la normalisation d’une gouvernance fasciste.  De l’enlèvement d’étudiants et de chercheurs pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression à la criminalisation, à l’exécution, à la suspension et au bâillon institutionnel qui sont maintenant monnaie courante sur les campus, les universités sont devenues des collaboratrices actives dans la réduction au silence de la dissidence et la criminalisation de la résistance. Fonctionnant comme des sites efficaces de surveillance et d’oppression, ces institutions - en collaboration avec l’appareil répressif de l’État - établissent de nouveaux et dangereux précédents pour les règles d’engagement dans tout le pays.

Yale affirme m’avoir donné de multiples occasions au cours des trois dernières semaines de répondre à ses “préoccupations” - des préoccupations qui sont apparues après que l’YLS a été publiquement exposée pour avoir agi sur la base d’un rapport généré par l’IA à mon encontre. Bien que j’aie déclaré à plusieurs reprises que j’étais disposée à répondre par écrit aux questions d’YLS, j’ai maintenu ma position selon laquelle je ne coopérerai pas avec les forces sionistes qui représentent et défendent les intérêts des génocidaires. Je ne légitimerai pas un processus mené par des acteurs sionistes qui défendent les intérêts d’un régime dont la politique consiste à tuer des enfants. Pour cette raison, l’YLS a jugé “inappropriées” mes graves préoccupations concernant l’implication d’un conseiller externe ayant des liens publics avec Israël et les fabricants d’armes.

Ils ont tenté de me faire taire, en vain. Plus d’un millier de professeurs, d’avocats, d’universitaires, d’étudiants et d’organisateurs se sont levés en signe de solidarité, condamnant la capitulation de Yale face à la répression sioniste et sa complicité avec les et sa complicité dans la chasse aux sorcières sioniste-maccarthyste dont je fais l’objet. (lire et signer la lettre de soutien)

Dans la lettre mettant fin à ma nomination, l’YLS prétend avoir vérifié de manière indépendante mon affiliation à Samidoun, le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens. Je rejette catégoriquement la criminalisation de l’organisation politique face à la répression, y compris celle dirigée contre Samidoun. Pourtant, même selon ses propres critères illégitimes, l’YLS n’a pas réussi à établir le seuil de preuve le plus élémentaire. L’article qu’elle cite pour insinuer mon affiliation à Samidoun date de 2022, soit plus de deux ans avant que l’organisation ne soit inscrite sur la liste des entités terroristes au Canada. À cette époque, Samidoun était en fait une organisation à but non lucratif légalement enregistrée au Canada.

Ni l’YLS ni aucun rapport sioniste (ou les deux !) n’ont présenté la moindre preuve démontrant un lien ou un acte illégal de ma part. J’ai été licenciée sur la base d’allégations non prouvées, en l’absence de toute procédure régulière ou d’allégation fondée. Pour un compte rendu complet des faits relatifs à mon engagement avec Yale, et pour corriger leurs fausses affirmations, veuillez vous référer à la déclaration publiée par mon avocat, M. Eric Lee, ci-dessus.

Cela crée un précédent qui fait froid dans le dos. Si une pipistrelle artificielle ou n’importe qui accuse un professeur ou un étudiant de Yale d’avoir commis un acte répréhensible, cela peut désormais suffire à mettre un terme à sa carrière. Tel est l’état de l’académie juridique usaméricaine aujourd’hui : le respect des procédures et l’État de droit sont enseignés dans les salles de classe, mais abandonnés dans la pratique.

Il est profondément ironique qu’en tant qu’universitaire dont le travail interroge les architectures juridiques des régimes de sanctions, j’aie été licenciée de mon poste à la faculté de droit de Yale et du projet LPE sur la base d’allégations d’affiliation à une organisation sanctionnée. Depuis plus d’une demi-décennie, mes recherches portent sur la manière dont les régimes de sanctions, y compris ceux qui sont présentés comme des mesures antiterroristes, fonctionnent comme un outil de gouvernance impériale. Ces mécanismes, conçus pour discipliner et contenir les soi-disant “États voyous” comme l’Iran qui défient l’impérialisme américain, ont longtemps permis l’expropriation d’actifs et l’inscription d’individus sur des listes noires par le biais de procédures secrètes sans procès en bonne et due forme, ainsi que la négation de la souveraineté. Ce qui se passe actuellement aux USA est l’effet boomerang de ces régimes de sanctions.

Les technologies juridiques développées pour gérer et punir les acteurs du Sud qui contestent l’oppression et la domination occidentales sont de plus en plus redéployées vers l’intérieur, en tournant leur regard vers les universitaires, les activistes, les organisations et les mouvements qui critiquent les régimes usaméricain ou israélien.  Des mécanismes tels que la liste SIGN, qui s’est développée après le 11 septembre 2001 dans le cadre d’un appareil de sécurité mondial visant à contrôler les menaces perçues par les USA à l’étranger, élargissent aujourd’hui leur cible et criminalisent les activités de plaidoyer en faveur de la Palestine, tout en supprimant les dissensions internes. Sous couvert de conformité et de sécurité nationale, ces outils sont utilisés pour priver les individus de leurs droits sans procédure régulière. Dans mon cas, aucune preuve n’a été présentée, aucune audience n’a été accordée, seule l’invocation d’un rapport généré par IA a suffi à mettre fin à mon emploi à la faculté de droit de Yale et au projet LPE. Il ne s’agit pas d’une erreur d’appréciation institutionnelle, mais de la manifestation d’un ordre juridique impérial qui érode les protections des accusés, rend les États et les peuples hors la loi et définit la dissidence comme une menace. Les sanctions servent donc à légitimer et à étendre la violence, au-delà des frontières et maintenant dans les universités usaméricaines.  Ce qui était à l’origine un instrument de domination à l’étranger est devenu un outil de contrôle autoritaire à l’intérieur du pays.  Dans ce changement, l’architecture de l’impérialisme capitaliste révèle son visage intérieur : l’autoritarisme fasciste, qui s’appuie de plus en plus sur la répression, la surveillance et la criminalisation de la résistance. Nous sommes à un moment charnière de l’histoire et du déclin de l’empire usaméricain. Le régime usaméricain coordonne la répression violente sur le front intérieur avec une escalade de la guerre sur le front extérieur. Sur de multiples fronts, y compris le génocide en cours en Palestine par le fondé de pouvoir terroriste sioniste des USA dans notre région, le bombardement sauvage du Yémen, le nettoyage ethnique en Syrie par des chargés de mission usaméricains, les assauts israéliens contre le Liban et les menaces quotidiennes contre l’Iran dans le discours officiel et la propagande médiatique, les USA conduisent activement le monde vers une guerre plus large en Asie occidentale. 

Pour maintenir l’illusion de la stabilité intérieure, les mécanismes du pouvoir autoritaire doivent supprimer la dissidence, en ciblant toute personne qui s’oppose à ces politiques afin de créer un effet de refroidissement sur la parole et de faire taire l’opposition. 

Cette suppression de la dissidence vise à maintenir l’impunité des USA et des sionistes face à la résistance croissante à leur impérialisme génocidaire en Asie occidentale et au-delà. Le gouvernement usaméricain tente d’empêcher l’inévitable. Mais rien n’arrêtera la chute de l’empire usaméricain, et rien n’empêchera l’histoire de se souvenir qu’il s’agit de l’un des empires les plus brutaux que le monde ait jamais connu.

Ce à quoi nous assistons aux USA, ce n’est pas l’échec de la démocratie, c’est la démocratie libérale occidentale en soi. Un système construit pour servir la propriété capitaliste. Un système né dans le génocide et l’esclavage, dont l’objectif a toujours été, en premier et dernier lieu, la “liberté” des classes possédantes d’accumuler des richesses par la négation de la liberté et de la souveraineté des colonisés. Face aux défis sans précédent lancés à l’impérialisme capitaliste occidental par le monde majoritaire, ce système a de nouveau montré sa véritable essence, une fois pour toutes, en retournant à ses racines génocidaires.