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05/02/2025

YASMINE EL-SABAWI
“Nous nous l’approprierons” : Trump veut faire de Gaza un lieu de villégiature sans les Palestiniens

Après avoir expulsé les Palestiniens, Donald Trump envisage de développer l’enclave côtière pour les « gens du monde ».

Yasmine El-Sabawi, Middle East Eye  , 5/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Yasmine El-Sabawi est une journaliste et productrice palestino-canadienne. Elle a couvert la politique intérieure et étrangère des États-Unis tout au long des administrations Obama, Trump et Biden pour l’Agence de presse du Koweït, TRT World et maintenant Middle East Eye, en mettant l’accent sur la diplomatie, la démocratie, le militarisme et la diaspora arabe et musulmane.


Des journalistes tentent d’attirer l’attention de Trump durant sa conférence de presse avec Netanyahu à la Maison Blanche, le 4 février 2025. Photo Chip Somodevilla/Getty Images/AFP

Si le président Donald Trump parvient à ses fins, son gendre Jared Kushner pourrait bien être en mesure de développer les hôtels en bord de mer à Gaza dont il a vanté les mérites l’année dernière.

Mardi, lors d’une étonnante conférence de presse conjointe aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, Trump a annoncé que les USA allaient prendre le contrôle de Gaza et la diriger potentiellement dans un avenir prévisible.

« Tous ceux à qui j’ai parlé adorent l’idée que les USA possèdent ce morceau de terre, le développent et créent des milliers d’emplois avec quelque chose de magnifique », a déclaré Trump aux journalistes après une réunion de trois heures avec Netanyahou.

Plus tôt dans la journée, il avait insisté sur le fait que les Palestiniens n’avaient pas d’autre choix que de quitter Gaza pour aller dans un endroit « bon, frais et beau », sans perspective de retour, et il avait de nouveau appelé la Jordanie et l’Égypte à accueillir les Palestiniens expulsés de force, ainsi que d’autres pays dont le nom n’a pas été cité.

Interrogé sur la question, M. Trump a déclaré que la Jordanie et l’Égypte avaient pu dire non à son prédécesseur Joe Biden, mais qu’ ils ne peuvent pas lui dire non, faisant allusion à ses capacités de négociateur.


La « Legacy Stone » (stèle de l’héritage), une installation artistique new-yorkaise éphémère de Brian Andrew Whiteley portant le nom de Trump, ainsi qu’une épitaphe disant : « Made America Hate Again » [ Grâce à lui, l’Amérique est redevenue haineuse ]. Exposée à Central Park en 2016, elle avait été saisie par la police, qui la rendit à l'auteur 4 mois plus tard. En 2024, elle a été de npuveau exposée dans une galerie après les deux tentatives d'attentat contre le candidat Trump
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La Jordanie et l’Égypte ont jusqu’à présent rejeté l’idée d’accueillir des Palestiniens, et l’expulsion des habitants de Gaza a été fermement condamnée par le Hamas, l’Autorité palestinienne et des acteurs régionaux de premier plan comme la Turquie.

Gaza, a déclaré Trump, est « un chantier de démolition ». « Pratiquement tous les bâtiments sont détruits. Ils vivent sous des éboulis de béton, ce qui est très dangereux et très précaire ».

« Au lieu de ça, ils peuvent occuper toute une belle zone avec des maisons et en toute sécurité, et ils peuvent vivre leur vie dans la paix et l’harmonie, au lieu d’avoir à revenir [à Gaza] et à recommencer », a-t-il ajouté.

Le président n’a pas exclu l’utilisation de troupes usaméricaines pour cette mission, ajoutant que seul le contrôle des USA pourrait apporter « une grande stabilité à cette partie du Moyen-Orient ».

« Les USA prendront le contrôle de la bande de Gaza, et nous ferons du bon travail. Nous en serons les propriétaires et nous serons responsables du démantèlement de toutes les dangereuses bombes non explosées et autres armes présentes sur le site3 ;

Lorsqu’on lui a demandé qui vivrait exactement dans la bande de Gaza qu’il envisage, M. Trump a répondu : « des gens du monde entier ».

« Je pense que nous en ferons un lieu international et incroyable. Je pense que le potentiel de la bande de Gaza est incroyable », a-t-il déclaré. « Et je pense que le monde entier... s’y rendra et y vivra. Les Palestiniens aussi. Les Palestiniens y vivront ».

Lorsqu’on lui a demandé si les Palestiniens pourraient retourner à Gaza dans le cadre de son plan, il n’a pas répondu par l’affirmative.

Lorsqu’on lui a demandé si les USA reconnaîtraient la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie occupée - en violation du droit international - Trump a répondu :"Nous en discutons avec beaucoup de vos représentants. Vous êtes très bien représentés... [mais] nous n’avons pas encore pris position à ce sujet ».

Trump a ajouté qu’il prendrait une décision sur l’annexion par Israël de la Cisjordanie occupée dans quatre semaines.

S’appuyer sur les dirigeants arabes

Trump a bâti la fortune de sa famille dans l’immobilier à New York et dans le reste du pays avant de devenir une star de la télé-réalité, puis le président des USA

« Je ne veux pas faire le malin, mais la riviera du Moyen-Orient, ça pourrait être magnifique », a-t-il déclaré.

Une zone touristique côtière le long de la côte méditerranéenne de Gaza, a ajouté Trump, serait « de classe mondiale ».

« J’ai le sentiment que le roi de Jordanie et le général d’Égypte ouvriront leur cœur et nous donneront le type de terrain dont nous avons besoin pour mener à bien ce projet », a-t-il ajouté en référence au roi Abdallah et au président Abdel Fattah el-Sissi.

La Jordanie et l’Égypte figurent régulièrement parmi les trois principaux bénéficiaires de l’aide militaire usaméricaine après Israël, selon les chiffres du département d’État et de l’Agence américaine pour le développement international (USAID).

Selon les derniers chiffres datant de 2023, les deux pays ont reçu plus de 1,5 milliard de dollars de Washington, tandis qu’Israël a reçu plus de 3,3 milliards de dollars.

Le Caire et Amman ont également été les deux premiers gouvernements de la région à normaliser leurs relations avec Israël.

Interrogé plus tôt dans la journée dans le bureau ovale pour savoir si l’Arabie saoudite avait assoupli ses conditions de normalisation avec Israël, Trump a laissé entendre que le royaume n’avait plus besoin de voir un État palestinien pour conclure un accord.

Pour sa part, l’Arabie saoudite a déclaré que son engagement en faveur d’un État palestinien était « ferme et inébranlable ».

« Je pense que la paix entre Israël et l’Arabie saoudite n’est pas seulement possible. Je pense qu’elle va se produire », a déclaré Netanyahou. « Je suis déterminé à y parvenir ».

Le premier ministre israélien a fait l’éloge de Trump, le qualifiant de « plus grand ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison Blanche ».

« Dans les premiers jours de votre second mandat, vous avez repris là où vous vous étiez arrêté. Votre leadership a permis de ramener nos otages à la maison. Parmi eux, des citoyens américains », a déclaré Netanyahou.

« Vous avez mis fin à des sanctions injustes contre des citoyens israéliens respectueux de la loi », a-t-il ajouté, en référence aux colons israéliens qui ont incendié des maisons palestiniennes et qui ont ensuite fait l’objet de sanctions imposées par l’administration Biden.

Netanyahou a ensuite félicité Trump pour sa lutte contre l’antisémitisme, pour l’arrêt du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et pour avoir rétabli la campagne de « pression maximale » contre l’Iran.

« Mesdames et Messieurs, tout cela en seulement deux semaines. Pouvons-nous imaginer où nous en serons dans quatre ans ? »

Il a “détesté” punir l’Iran

Sur l’Iran, Donald Trump a déclaré qu’il avait « détesté » signer le décret pour revenir à la campagne de « pression maximale » de son premier mandat, qui visait à pressurer Téhéran, voire à conduire à un changement de régime.

« J’ai détesté le faire. Je veux que l’Iran soit pacifique et prospère. J’ai détesté faire ça », a déclaré le président à la presse. « Je l’ai déjà fait une fois, et nous les avons ramenés à un niveau tel qu’ils ne pouvaient plus donner d’argent. Ils devaient survivre par eux-mêmes, et ils n’avaient pas d’argent ».

« Je le dis à l’Iran, qui écoute très attentivement », a répondu Trump à une question sur des pourparlers directs avec la République islamique.

« J’adorerais pouvoir conclure un grand accord, un accord qui vous permettrait de reprendre votre vie et de vous en sortir à merveille ».

Mais il n’a posé qu’une seule condition : « Ils ne doivent pas avoir d’armes nucléaires. C’est très simple ».

TRUANT