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16/05/2023

LUIS CASADO
Il condottiero...

Luis Casado, Politika, 15/5/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Cela fait maintenant plus de 60 ans que j'ai fréquenté le Liceo Neandro Schilling à San Fernando. Je ne l'ai jamais oublié, car il a été pour moi - et il l'est toujours - la meilleure preuve de l'excellence de l'enseignement public, laïque et gratuit. Un must.

En écoutant des opéras, un air de Boris Godounov est apparu, et je me suis souvenu que M. Benavides, notre professeur de musique, nous avait parlé de Moussorgski, ainsi que de Rimski-Korsakov et d'autres compositeurs russes.

Ma belle professeure de français avait la gentillesse d'inviter chez elle deux ou trois de ses élèves, dont moi, et de nous faire écouter La vie en rose et Je ne regrette rien de la voix d'Édith Piaf. A cette époque, il n'était pas courant d'avoir un “tourne-disques”. Loin de moi l'idée que, grâce à la dictature et à ses crimes, je finirais par m'ancrer à Paris.

Don Heriberto Soto, professeur d'histoire, a abordé le sujet du Moyen-Âge européen et a évoqué les condottieri. Les quoi ? Au Moyen Âge, un condottiero était un aventurier, un chef de soldats mercenaires mis au service de ceux qui avaient les moyens de les payer. Les mercenaires ont joué un rôle important au service des empires tout au long de l'histoire.

La créativité règne en maître sur le terrain. Les tirailleurs sénégalais étaient des troupes d'infanterie coloniales françaises recrutées en Afrique subsaharienne. Les premiers soldats noirs au service de la France étaient d'anciens esclaves de confiance - les “laptots” - recrutés au XVIIIe siècle pour assurer la sécurité des navires de la Compagnie générale des Indes, qui faisait commerce avec l'Afrique. Mercenaires et affaires allaient souvent de pair.

Les USA en savent quelque chose. Le coût des guerres perdues - Vietnam, Irak, Afghanistan... - est stupéfiant. Plus de 8 000 milliards de dollars pour les guerres au Moyen-Orient après les attentats contre les tours jumelles le 11 septembre 2001, conflits qui ont fait environ 900 000 morts (Watson Institute of Public and International Affairs - Brown University - Boston).

Les USA ont donc renforcé l'OTAN, dont Mon Général disait qu'elle n'était qu'un masque derrière lequel l'Empire cachait sa domination et ses desseins. De Gaulle avait raison. Au fur et à mesure que l'Empire se rétrécit, l'OTAN s'étend. Première cible : la Russie.

Comme vous le savez, la Russie est désormais capitaliste. La querelle usaméricaine ne porte pas sur l'idéologie, mais sur le contrôle de la planète. Le premier objectif était d'encercler la Russie par l'OTAN : tous les pays voisins devaient adhérer à l'Alliance, acheter des armements aux USA, oublier l'industrie européenne de l'armement et obéir.

La Russie a prévenu que mettre en péril ce qu'elle considère comme sa sécurité conduirait à des problèmes, mais c’est tombé dans des oreilles de sourds. Les USA, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la France et d'autres membres de l'UE ont participé aux manœuvres. Angela Merkel a reconnu que les accords de Minsk, censés mettre fin à l'agression ukrainienne contre deux provinces russophones, n'étaient rien d'autre qu'un prétexte pour armer les fous de Kiev : les mercenaires.

Si, en Europe, la plupart des dirigeants politiques se sont reconvertis en clowns, les USA ont trouvé à Kiev un clown dont ils ont fait un condottiere : Volodymyr Zelinsky.



À l'échelle historique, les sociaux-démocrates allemands Bernstein et Kautsky, qui ont trahi la cause des peuples, sont de vieux godillots comparés à des contemporains comme Tony Blair, Felipe Gonzalez, Josep Borrell et Jens Stoltenberg. Ces deux derniers méritent une reconnaissance particulière : Jens Stoltenberg est secrétaire général de l'OTAN et Josep Borrell secrétaire aux Affaires étrangères de l'Union européenne. Tous deux comptent parmi les promoteurs les plus enthousiastes de la guerre en Ukraine.

Dit comme ça, ça ne veut rien dire. Mais il faut savoir qu'à l'heure où nous écrivons ces lignes, l'“aide” militaire usaméricaine à Kiev s'élève à plus de 73 milliards de dollars. Pour leur part, les pays de l'UE ont apporté une “aide” de l'ordre de 65 milliards d'euros supplémentaires.

Les USA sont aux prises avec une dette publique qui a atteint son plafond - 31 000 milliards de dollars - et qui constitue un danger de déstabilisation de l'économie du monde entier. Le Congrès usaméricain doit voter pour augmenter le niveau de la dette fédérale, une procédure utilisée 78 fois depuis les années 1960, souvent sans débat. Le risque est que les USA se retrouvent en défaut de paiement le 1er juin. Cette fois, les Républicains ne semblent pas prêts à donner plus de mou à Mister Biden.

De leur côté, les pays de l'Union européenne affirment, les uns après les autres, qu'il n'y a pas d'argent pour les écoles, pas d'argent pour les hôpitaux, pas même d'argent pour les investissements. Alors, ils font comme la France : ils dansent sur la musique des investisseurs étrangers et baissent leur froc...

Pendant ce temps, le clown transformé en condottiero parcourt l'Europe pour demander des armes, des avions de chasse, des missiles et tout ce qui lui passe par la tête, tout en cachant dans d'autres pays le bakchich qu'il prend chaque fois que Kiev reçoit de l'argent.

L'objectif immédiat des USA est de soumettre la Russie, puis la Chine.

C'est pour ça qu'ils utilisent ces condottieri....

Cimetière d'Irpin, Ukraine, avril 2022. Photo Zohra Bensemra / REUTERS

 

24/08/2022

WERNER RÜGEMER
1,21 € de salario mínimo o cómo Ucrania comparte “nuestros valores europeos”
La verdad sobre la corrupción, la pobreza, la prostitución, la maternidad subrogada, el acaparamiento de tierras y la explotación en Ucrania

Werner Rügemer, Nachdenkseiten, 21/7/2022
Traducido por Miguel Álvarez Sánchez, Tlaxcala

Ucrania es corrupta, lo sabemos, pero no importa, es por la buena causa. Pero la población más pobre y enferma, el país como eje de la mano de obra barata en toda Europa y el contrabando de cigarrillos en toda Europa, líder mundial en el tráfico del cuerpo femenino... y más soldados que cualquier Estado europeo de la OTAN.

 

Cuando se introdujo por primera vez un salario mínimo legal en Ucrania, en 2015, era de 0,34 euros la hora. Después lo incrementaron: en 2017 estaba en 68 céntimos, en 2019 en 10 céntimos más, que siguen siendo 78 céntimos, y desde 2021 son 1,21 euros. ¿Has oído hablar de algo así alguna vez?

Incluso este bajísimo salario no siempre se paga

Esto no significa en absoluto que este salario mínimo se pague realmente de forma correcta en este estado. Así, para una semana laboral completa en 2017, el salario mínimo mensual era de 96 euros. Pero en la industria textil y del cuero, por ejemplo, este salario mínimo para un tercio de los trabajadores, en su mayoría mujeres, sólo se consiguió mediante horas extraordinarias forzadas y no pagadas específicamente. También es habitual el pago por piezas: hay que coser un número determinado de camisas en una hora; si no se consigue, hay que volver a trabajar sin cobrar.

Si no había encargos, se ordenaban vacaciones no remuneradas. En muchos casos, no se concedieron o no se pagaron las vacaciones anuales que correspondían por ley. La dirección impidió la elección de los representantes de los trabajadores. Con este salario mínimo las personas estaban muy por debajo del nivel oficial de subsistencia: era de 166 euros en el año en cuestión.

La cadena salarial del hambre desde Ucrania a los países vecinos de la UE

Hay unas 2.800 empresas textiles registradas oficialmente, pero probablemente también un número igual de pequeñas empresas no registradas. Desde hace unas décadas, constituyen una economía sumergida muy normal, a menudo en pequeñas ciudades y pueblos.

En ello la mayoría de estas empresas son sólo proveedores de segunda clase para los productores de bajo coste mejor conectados internacionalmente en los países vecinos de la UE, especialmente en Polonia, pero también en Rumanía y Hungría.

Así, el 41 % de los zapatos de Ucrania se envían como productos semiacabados de sueldos de miseria a las fábricas de bajos salarios de Rumanía, Hungría e Italia: allí obtienen la inocente y hermosa etiqueta «Made in EU».


Los propios trabajadores del sector textil sólo pueden permitirse importaciones de segunda mano de Alemania

La mayoría de los aproximadamente 220.000 trabajadores textiles son mujeres mayores. Sólo se mantienen a flote gracias a su propia agricultura de subsistencia, por ejemplo, teniendo su propio huerto con un gallinero. Las enfermedades debidas a la malnutrición son comunes.

La ropa propia que compran las trabajadoras del sector textil procede en su mayoía de importaciones de segunda mano, principalmente de Alemania, Polonia, Bélgica, Suiza y Estados Unidos. Ucrania importa muchos más productos textiles de los que exporta.

Las caras importaciones de Boss y Esprit procedentes del rico Occidente de la UE, preproducidas en Ucrania, se destinan a la élite rica y a la burbuja de las ONG de Kiev, mientras que la mayoría de las importaciones son productos textiles de segunda mano de lo más barato. Los trabajadores del sector textil, pero también la mayoría de la población, sólo pueden permitirse los textiles desechables casi gratuitos de los países ricos.[1]

Pero los sindicatos occidentales y los «activistas de los derechos humanos» siguen mirando a Asia y a Bangladés cuando se trata de mano de obra barata en la industria textil que viola los derechos humanos. Aunque los salarios bajos son mucho más inferiores en Ucrania. También en los debates actuales en la UE y en el Bundestag alemán sobre una ley de la cadena de suministro: allí la visión va más allá, en términos globales, hacia Asia, mientras que se niega la cadena de pobreza UE-Ucrania.

He aquí está la corrupción: C&A, Hugo Boss, Adidas, Marks&Spencer, New Balance, Esprit, Zara, Mexx son los usuarios finales que se lucran. Viven de una explotación que viola los derechos humanos. Es aquí, en los estados ricos de la UE, donde se encuentran los principales protagonistas de la corrupción. En secreto aplauden la inexistente o cómplice inspección de trabajo del estado ucraniano y la UE encubre también la injusticia laboral sistémica, con una amonestación ritualmente hipócrita e inconsecuente de la corrupción en Ucrania. [2]

Distribuidores de automóviles, productos farmacéuticos, ingeniería mecánica

De modo similar a la industria textil y del cuero funciona en otros sectores. Ucrania fue un foco de producción industrial en la Unión Soviética. Tras la independencia en 1991, los oligarcas se hicieron con las empresas, se llevaron los beneficios y no invirtieron nada en innovación. Las empresas occidentales tenían a su disposición a millones de trabajadores bien cualificados; con bajísimos salarios.

Miles de empresas, sobre todo de Estados Unidos y de la UE -unas 2.000 sólo de Alemania-, hacen pedidos de subcontratación de piezas más bien sencillas: Porsche, VW, BMW, Schaeffler, Bosch y Leoni, por ejemplo, para los cables de los coches; empresas farmacéuticas como Bayer, BASF, Henkel, Ratiopharm y Wella envasan y embalan sus productos allí; Arcelor Mittal, Siemens, Demag, Vaillant, Viessmann mantienen sucursales de montaje y venta. Aquí se pagan salarios de dos a tres euros, lo que supera el salario mínimo, pero sigue siendo inferior al de los países vecinos de la UE, Hungría, Polonia y Rumanía.

Por eso están los sitios ucranianos estrechamente vinculados a los sitios de las mismas empresas en estos países vecinos de la UE, donde los salarios mínimos legales son superiores a 3 euros e inferiores a 4 euros. Pero la interconexión es igual de válida con los estados vecinos aún más pobres, o sea Moldavia, Georgia y Armenia, que no son miembros de la UE. Aquí también operan las sucursales. En el contexto de la «vecindad del este», organizada por la UE, se explotan todas las diferencias de cualificación, incluso de salario, con Ucrania como puerta giratoria. 

Fuga de cerebros, por Sergii Fedko

 

Migración laboral por millones

Esta explotación selectiva de las ventajas de ubicación por parte de los capitalistas occidentales no ha conducido al desarrollo económico nacional, sino todo lo contrario. Ucrania se ha empobrecido económicamente. La mayoría de la población se hizo más pobre y más enferma. Una reacción masiva es la emigración laboral.

Empezó muy pronto. Hasta finales de la década de 1990, varios cientos de miles de ucranianos habían emigrado a Rusia. Los salarios no eran mucho más altos, pero en Rusia la excesiva occidentalización de los estilos de vida y el aumento del coste de la vida en lo que respecta a la alimentación, los alquileres, la sanidad y las tasas gubernamentales no causan estragos.

22/07/2022

WERNER RÜGEMER
1,21 € de salaire minimum ou comment l’Ukraine partage « nos valeurs européennes »

Werner Rügemer, Nachdenkseiten, 21/7/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Lorsqu'un salaire minimum légal a été introduit pour la première fois en Ukraine en 2015, il était de 0,34 euro, soit 34 centimes de l'heure. Il a ensuite été augmenté : en 2017 il était de 68 centimes, en 2019 il était de 10 centimes de plus, soit 78 centimes, et depuis 2021 il est de 1,21 euro. Vous le saviez ?

Même ce salaire le plus bas n'est pas toujours payé

Bien sûr, cela ne signifie pas que ce salaire minimum est effectivement payé correctement dans cet État. Pour une semaine de travail complète en 2017, le salaire minimum mensuel était de 96 euros. Mais dans l'industrie du textile et du cuir, par exemple, ce salaire minimum n'est intervenu pour un tiers des salariés, majoritairement féminins, que par le biais d'heures supplémentaires forcées et non spécifiquement rémunérées. Le paiement aux pièces est également courant – un certain nombre de chemises doivent être cousues en une heure ; si ce n’est pas la cas, il faut travailler plus gratuitement. S'il n'y avait pas de commandes, un congé sans solde était ordonné. Le congé annuel légal n'était souvent ni accordé ni payé. La direction de l'entreprise a empêché l'élection de représentants des salariés.

Avec ce salaire minimum, les personnes se trouvaient bien en dessous du minimum vital officiel : il s'élevait à 166 euros l'année en question.

La chaîne des salaires de misère de l'Ukraine vers les pays voisins de l'UE

Il existe environ 2 800 entreprises textiles officiellement enregistrées, mais aussi un nombre probablement aussi élevé de petites entreprises non enregistrées. Elles constituent depuis des décennies une économie souterraine tout à fait normale, souvent dans les petites villes et les villages.

Pourtant, la plupart de ces entreprises ne se classent que comme fournisseurs de deuxième classe pour les producteurs à bas prix mieux connectés au niveau international dans les pays voisins de l'UE, surtout en Pologne, mais aussi en Roumanie et en Hongrie.

C'est ainsi que 41 pour cent des chaussures semi-finies, payées une misère, quittent l'Ukraine pour les usines à bas salaires de Roumanie, de Hongrie et d'Italie, où elles reçoivent l'innocente et belle étiquette « Made in EU ».


 Les travailleurs du textile eux-mêmes ne peuvent se permettre que des importations de seconde main en provenance d'Allemagne

La majorité des quelque 220 000 travailleur·ses du textile sont des femmes âgées. Elles ne survivent que grâce à leur propre agriculture de subsistance, par exemple en cultivant leur propre jardin avec un poulailler. Les maladies dues à la malnutrition sont fréquentes.

Les ouvrières du textile achètent la plupart du temps leurs propres vêtements à partir d'importations de seconde main : celles-ci proviennent principalement d'Allemagne, de Pologne, de Belgique, de Suisse et des USA. L'Ukraine importe en effet beaucoup plus de textiles qu'elle n'en exporte.

Les importations coûteuses de Boss et d'Esprit, préproduites en Ukraine et provenant de l'Ouest riche de l'UE, sont destinées à l'élite riche et à la bulle oéngéiste à Kiev - alors que la majorité des importations sont des textiles de seconde main les moins chers. Les ouvrières du textile, mais aussi la majorité de la population, ne peuvent s'offrir que des textiles jetables presque gratuits en provenance des pays riches [1].

Mais les syndicats occidentaux et les « défenseurs des droits humains » continuent de regarder vers l'Asie et le Bangladesh lorsqu'il s'agit de bas salaires contraires aux droits humains dans l'industrie textile. Mais les bas salaires soient bien moins élevés en Ukraine. Il en va de même pour les discussions actuelles au sein de l'UE et du Bundestag allemand sur une loi relative à la chaîne d'approvisionnement : le regard se porte loin, à l'échelle mondiale, vers l'Asie, tandis que la chaîne de pauvreté UE-Ukraine est niée.

C'est là qu'elle se trouve, la corruption : C&A, Hugo Boss, Adidas, Marks&Spencer, New Balance, Esprit, Zara, Mexx sont les acheteurs finaux qui en profitent. Ils vivent d'une exploitation contraire aux droits humains. C'est ici, dans les riches États de l'UE, que se trouvent les principaux acteurs de la corruption. En secret, ils saluent joyeusement l'inspection du travail inexistante ou complice de l'État ukrainien, et l'UE couvre également l'injustice systémique en matière de travail, avec un rappel rituel, hypocrite et sans conséquence de la corruption en Ukraine [2].

Sous-traitants automobiles, industrie pharmaceutique, construction mécanique

Comme dans l'industrie du textile et du cuir, il en va de même dans d'autres secteurs. L'Ukraine était un centre de production industrielle de l'Union soviétique. Après l'indépendance en 1991, les oligarques ont repris les entreprises, ont fait des bénéfices et n'ont rien investi dans l'innovation. Des millions d'employés bien qualifiés étaient à la disposition des entreprises occidentales - pour des salaires très bas.

Des milliers d'entreprises, surtout usaméricaines et européennes - environ 2 000 pour la seule Allemagne - sous-traitent des pièces plutôt simples : Porsche, VW, BMW, Schaeffler, Bosch et Leoni par exemple pour les câbles automobiles ; des groupes pharmaceutiques comme Bayer, BASF, Henkel, Ratiopharm et Wella font remplir et emballer leurs produits ; Arcelor Mittal, Siemens, Demag, Vaillant, Viessmann entretiennent des filiales de montage et de vente. Les salaires y atteignent deux à trois euros, soit plus que le salaire minimum, mais encore plus bas que dans les pays voisins de l'UE, la Hongrie, la Pologne et la Roumanie.

C'est pourquoi les sites ukrainiens sont étroitement reliés aux sites des mêmes entreprises dans ces pays voisins de l'UE, où les salaires minimums légaux sont supérieurs à 3 euros et inférieurs à 4 euros. Mais ce réseau est tout aussi valable avec les pays voisins encore plus pauvres que sont la Moldavie, la Géorgie et l'Arménie, qui ne sont pas membres de l'UE. Des filiales y sont également exploitées. Dans le cadre du « voisinage oriental » organisé par l'UE, toutes les différences de qualification et de salaire sont exploitées, avec l'Ukraine comme porte de sortie.

Fuite de cerveaux, par Sergii Fedko

Des millions de travailleurs migrants

Cette exploitation sélective des avantages liés à la localisation par les capitalistes occidentaux n'a pas conduit au développement économique, bien au contraire. L'Ukraine s'est appauvrie sur le plan économique. La majorité de la population est devenue plus pauvre et plus malade. La migration de travail est une réaction de masse.

Elle a commencé très tôt. Jusqu'à la fin des années 1990, plusieurs centaines de milliers d'Ukrainiens ont émigré en Russie. Les salaires n'étaient certes pas beaucoup plus élevés, mais l'occidentalisation excessive du mode de vie et le renchérissement du coût de la vie pour la nourriture, les loyers, la santé et les taxes d'État ne se répercutent pas en Russie.

24/04/2022

SOPHIE PINKHAM
Volodymyr Zelensky: retrato de un cómico como presidente

Sophie Pinkham, The New York Review of Books, 30/5/2019

Traducido por María Piedad Ossaba

 

Sophie Pinkham es la autora de Black Square: Adventures in Post-Soviet Ukraine (Plaza negra: Aventuras en la Ucrania postsoviética). Actualmente está trabajando en una historia cultural del bosque ruso.

 

El 21 de abril de 2019, Volodymyr Zelensky, de 41 años de edad, fue elegido presidente de Ucrania en la segunda vuelta de la elección con el 73,2% de los votos. Este actor cómico y showman que estudió para ser abogado se hizo famoso con la serie "Servidor del pueblo" y por su participación en un programa del canal de televisión 1+1 del oligarca Ihor Kolomoisky.

Propietario de la productora Kvartal 95, que lo hizo millonario, Zelensky, con 4,2 millones de seguidores en Instagram en 2019 y 6 millones en la actualidad, encarna a la perfección la mutación de la política institucional que se observa en todas partes: los electores votan según sus “me gusta”. Desde el 24 de febrero, el “servidor del pueblo” desempeña un nuevo papel, el de “héroe de la resistencia a la invasión”. Nos pareció interesante volver sobre sus comienzos políticos traduciendo este artículo publicado en mayo de 2019, de la pluma de una investigadora usamericana, especialista en cultura política soviética y postsoviética. -FG/MPO

Actuar en una serie de televisión es más fácil que dirigir un país.

La serie de televisión ucraniana Servidor del Pueblo, emitida de 2015 a 2019 [se puede ver en Arte, NdlT], cuenta la historia de Vasyl Holoborodko, un dedicado profesor de historia de trenta años que vive con sus padres. Su padre es taxista, su madre neuróloga y su hermana conductora de tren. Esta mezcla de profesiones familiares sería sorprendente en un contexto usamericano, pero es perfectamente lógica en Ucrania, donde los médicos del sector público pertenecen, en el mejor de los casos, a la atribulada clase media baja (el salario medio de un médico ucraniano es de unos 200 dólares mensuales).

 

Vasyl está divorciado, con un hijo pequeño: su matrimonio se destruyó por problemas de dinero. Su padre le dice que pierde el tiempo yendo a trabajar, porque las prestaciones de desempleo son más importantes que el salario de un profesor. La familia posee un clásico apartamento soviético, regalado a la abuela materna de Vasyl en reconocimiento a sus logros como historiadora; se encuentra en una decrépita khrushchevka, uno de los muchos complejos de apartamentos baratos que surgieron como hongos en las afueras de las ciudades soviéticas en la década de 1960.

 


Volodymyr Zelensky, por James Ferguson

 

Aunque le paguen mal, Vasyl siente verdadera pasión por su trabajo: se acuesta tarde después de leer a Plutarco y le gusta deleitar a todo el que quiera escucharlo con conferencias sobre historia. En un primer episodio, le vemos enseñando a sus alumnos adolescentes la historia de Mykhailo Hrushevsky, jefe del parlamento revolucionario de 1917-1918, durante el doloroso primer período de la independencia nacional de Ucrania. Antes de que termine la lección sobre Hrushevsky, un funcionario de la escuela llega para decir que la clase está cancelada; los estudiantes deben armar las cabinas de votación para la próxima elección presidencial. Vasyl pierde los estribos y uno de los alumnos filma subrepticiamente su diatriba llena de palabrotas sobre la importancia de la historia, en contraposición a las elecciones, que solo son una farsa que no ofrece ninguna opción significativa ni una salida a la corrupción que asola Ucrania.

 

El vídeo se vuelve viral, una campaña de crowdfunding produce una maleta llena de dinero para pagar la entrada de Vasyl en la campaña, y antes de darse cuenta, es el nuevo presidente de Ucrania. En un auto negro, en ruta a su primer día de trabajo, se agarra a la manivela de la ventanilla como si estuviera en un tranvía, y se preocupa por saber cuándo tendrá tiempo de pagar el préstamo que pidió para comprar un microondas. Servidor del pueblo está lleno de estos detalles, yuxtaponiendo las preocupaciones financieras del ucraniano de a pie con los absurdos privilegios de los que goza la élite política: el entrenador de Vasyl consigue que se cancele el préstamo y luego le pregunta qué tipo de reloj de lujo preferiría. La serie trata con risible simpatía a la gente corriente que se ve tentada por el atractivo de la corrupción, mientras que los oligarcas son fuertemente caricaturizados que se atiborran de caviar mientras conspiran para manipular y explotar a las masas.

 

Ver Servidor del pueblo hoy es una experiencia extraña. En abril, Volodymyr Zelensky, el actor que interpreta a Vasyl, fue elegido presidente de Ucrania de forma aplastante, con el 73% de los votos. El impopular presidente saliente, Petro Poroshenko, elegido en 2014 poco después de las protestas del Maidán que destituyeron al presidente Víktor Yanukóvich, obtuvo solo el 24%. El partido recién fundado por Zelensky se llama Servidor del pueblo, y su campaña fue esencialmente una serie derivada de su telenovela. Al principio parecía una broma: Zelensky al fin y al cabo, es un comediante profesional, aunque también es un exitoso hombre de negocios que dirige lo que a menudo se llama un imperio de la comedia. Como Vasyl, no tiene experiencia política previa, pero tiene relaciones que Vasyl nunca podría haber soñado.

 

Algunos observadores han comparado a Zelensky con Trump. Aparte de lo obvio -los programas de televisión, la confusión entre entretenimiento y política, la explotación del disgusto popular frente a lo que se percibe como una disfunción del gobierno- hay algunos otros rasgos comunes. La famosa frase de Trump en su show The Apprentice (El Aprendiz) era “¡Estás despedido!”. En Servidor del Pueblo, una de las primeras acciones de Vasyl al tomar posesión de su cargo es intentar despedir al 90% de los funcionarios públicos, aunque está motivado por el deseo de pagar los salarios atrasados que se deben a los profesores y otros empleados públicos más útiles. Trump prometió “drenar el pantano” de Washington, mientras que el tema principal de la campaña de Zelensky era la corrupción gubernamental.

 

18/04/2022

SOPHIE PINKHAM
Volodymyr Zelensky : portrait d’un comique en président

Sophie Pinkham, The New York Review of Books, 30/5/2019
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Sophie Pinkham est l'auteure de Black Square : Adventures in Post-Soviet Ukraine. Elle travaille actuellement sur une histoire culturelle de la forêt russe.

Le 21 avril 2019 Volodymyr Zelensky, 41 ans, était élu président d’Ukraine au deuxième tour de l’élection par 73,2 % des voix. Cet acteur comique et showman qui a fait des études pour devenir avocat est devenu célèbre avec la série 'Serviteur du Peuple' et par sa participation à un show sur la chaîne de télé 1+1 de l’oligarque Ihor Kolomoisky. Propriétaire de la société de production Kvartal 95 qui l’a rendu millionnaire, Zelensky, avec 4,2 millions de followers sur Instagram en 2019 et 6 millions aujourd’hui, incarne parfaitement la mutation de la politique institutionnelle que l’on observe un peu partout : les électeurs votent comme ils « likent ». Depuis le 24 février, le « serviteur du peuple » joue un nouveau rôle, celui de « héros de la résistance à l’invasion ». Il m’a semblé intéressant de revenir sur ses débuts politiques en traduisant cet article paru en mai 2019, de la plume d’une chercheuse usaméricaine, spécialiste de la culture politique soviétique et post-soviétique.-FG

 Jouer dans une série télévisée est plus facile que de diriger un pays.

La série télévisée ukrainienne Serviteur du peuple, diffusée de 2015 à 2019 [on peut la voir sur Arte, NdT], raconte l'histoire de Vasyl Holoborodko, un professeur d'histoire dévoué d'une trentaine d'années qui vit avec ses parents. Son père est chauffeur de taxi, sa mère est neurologue et sa sœur est conductrice de train. Ce mélange de professions familiales serait surprenant dans un contexte usaméricain, mais il est parfaitement logique en Ukraine, où les médecins du secteur public appartiennent, dans le meilleur des cas, à la classe moyenne inférieure aux abois (Le salaire moyen d'un médecin ukrainien est d'environ 200 dollars par mois.). Vasyl est divorcé, avec un jeune fils : son mariage a été détruit par des soucis d'argent. Son père lui dit qu'il perd son temps en allant travailler, car les allocations de chômage sont plus importantes que le salaire d'un enseignant. La famille possède un appartement soviétique classique, offert à la grand-mère maternelle de Vasyl en reconnaissance de ses réalisations en tant qu'historienne ; il est situé dans une khrouchtchevka décrépite, l'un des nombreux complexes d'appartements bon marché qui ont poussé comme des champignons à la périphérie des villes soviétiques dans les années 1960.

 


Volodymyr Zelensky

 

Bien qu'il soit mal payé, Vasyl a une véritable passion pour son métier : il dort tard après avoir lu Plutarque et aime régaler quiconque veut bien l'écouter avec des conférences sur l'histoire. Dans un premier épisode, on le voit enseigner à ses élèves adolescents l'histoire de Mykhailo Hrushevsky, chef du parlement révolutionnaire de 1917-1918, pendant la douloureuse première période d'indépendance nationale de l'Ukraine. Avant que la leçon sur Hrushevsky ne soit terminée, un fonctionnaire de l'école arrive pour dire que la classe est annulée ; les élèves doivent assembler des isoloirs pour la prochaine élection présidentielle. Vasyl perd son sang-froid et l'un des élèves filme subrepticement sa diatribe pleine de jurons sur l'importance de l'histoire, contrairement à l'élection, qui n'est qu'une farce n'offrant aucun choix significatif et aucune issue à la corruption qui gangrène l'Ukraine.

La vidéo devient virale, une campagne de crowdfunding produit une valise pleine d'argent pour payer l'entrée de Vasyl dans la course, et avant de s’en rendre compte, il est le nouveau président de l'Ukraine. Dans une voiture noire en route pour son premier jour de travail, il s'accroche à la poignée au-dessus de la fenêtre, comme s'il était dans un tramway, et il s'inquiète de savoir quand il trouvera le temps de payer le prêt qu'il a contracté pour acheter un four à micro-ondes. Serviteur du peuple fourmille de détails de ce genre, juxtaposant les préoccupations financières de l'Ukrainien ordinaire aux privilèges absurdes dont jouit l'élite politique : le coach de Vasyl fait annuler le prêt et lui demande ensuite quel type de montre de luxe il préférerait. Les gens ordinaires qui sont tentés par l'attrait de la corruption sont traités avec une sympathie rigolarde par la série, tandis que les oligarques sont des méchants caricaturaux qui se gavent de caviar alors qu'ils complotent pour manipuler et exploiter les masses.

Regarder Serviteur du peuple aujourd'hui est une expérience étrange. En avril, Volodymyr Zelensky, l'acteur qui joue le rôle de Vasyl, a été élu président de l'Ukraine à l'arrachée, avec 73 % des voix. L'impopulaire président sortant, Petro Porochenko, élu en 2014 peu après les manifestations de Maidan qui ont chassé le président Viktor Ianoukovitch, n'a obtenu que 24 %. Le parti nouvellement fondé par Zelensky s'appelle Serviteur du peuple, et sa campagne était essentiellement un spin-off de son émission. Au début, cela ressemblait à une blague : Zelensky est un comédien professionnel, après tout, bien qu'il soit également un homme d'affaires prospère à la tête de ce qui a souvent été appelé un empire de la comédie. Comme Vasyl, il n'a aucune expérience politique préalable, mais il a des relations dont Vasyl n'aurait jamais pu rêver.