Gideon
Levy , Haaretz,
2/3/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Dans mon rêve, ce n’est pas le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui était assis dans le bureau ovale l’autre jour, mais bien le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Le président usaméricain Donald Trump et le vice-président JD Vance assaillaient le premier ministre devant les caméras du monde entier, lui disant qu’en refusant de mettre fin à la guerre à Gaza, il jouait avec la Troisième Guerre mondiale.
Trump et
Zelensky dans le bureau ovale vendredi 28 février. Photo Saul Loeb/AFP
Dans mon
rêve, Trump a dit à Netanyahou exactement ce qu’il a dit à Zelensky. Voilà, mot
pour mot, ce qu’il a à lui dire.
Mais un
rêve est un rêve et le spectacle d’horreur de vendredi ne s’est pas produit
avec Netanyahou. On peut supposer qu’il ne se produira jamais, même s’il le
devrait. Imaginez une telle conversation. Netanyahou quitte la Maison Blanche
en panique, le visage aussi cendré que celui de Zelensky, et le lendemain, il
revient frapper à la porte à plusieurs reprises : Il est prêt à mettre fin à la
guerre à Gaza et à retirer immédiatement
toutes les forces israéliennes de la bande de Gaza. Tous les otages sont libérés
et un autre génocide est évité.
En l’absence
d’une telle conversation, Israël galope vers la reprise de la guerre. Il est
difficile d’imaginer une perspective plus horrible, de penser à une guerre plus
inutile, dont le deuxième chapitre sera encore plus terrifiant.
Le
bizutage infligé à l’allié impuissant Zelensky, y compris les abus malveillants
inhérents aux personnes de l’acabit de Trump et de Vance, n’était certainement
pas sans précédent. La nouveauté, c’est qu’il s’est déroulé devant des caméras.
Hormis le « Signe, chien ! » de Hosni Moubarak à Yasser Arafat lors
de la signature de l’accord Gaza-Jéricho au Caire en 1994, jamais les caméras n’avaient
montré un tel étalage humiliant de la puissance des seigneurs du monde, ou de
ceux qui croient l’être, envers un protégé.
Il faut
remercier Trump d’avoir révélé son monde intérieur, dans lequel il n’y a pas de
place pour la justice, les valeurs, le droit international, l’humanité ou la loyauté..
Seulement le pouvoir et l’argent, l’argent et le pouvoir. Mais même cette
perspective est appliquée de manière sélective. La rencontre Trump-Zelensky
aurait pu et dû avoir lieu avec Netanyahou également. Chaque mot prononcé par
Trump à l’encontre de Zelensky est pertinent pour Netanyahou. Mais personne n’imagine
un tel scénario, peut-être parce qu’aucun gisement de minerai n’a été découvert
sous la Cisjordanie. Mais qu’en est-il de la Riviera à Gaza ?
Pour
Netanyahou et pour Israël - qui ne comprennent que le langage de la force - il
pourrait s’agir d’une conversation historique qui changerait la donne. Il est
probable qu’elle n’aura pas lieu. Mais tant que nous rêvons, pourquoi ne pas
rêver grand ? Énorme ? Imaginez une conversation similaire à la Maison Blanche,
avec pour thème la fin de
l’occupation israélienne. Dans son sillage, l’occupation prendrait
fin plus rapidement que nous ne pouvons l’imaginer. En fait, le seul moyen
restant de mettre fin à l’occupation est une telle conversation.
Israël n’a
pas d’autres cartes pour perpétuer l’occupation que le soutien usaméricain. Des
personnes sont tuées à cause de l’occupation en permanence. C’est un foyer de
tension qui met le monde en danger. Aucun pays ne la soutient et aucun sujet n’unit
le monde comme l’opposition à l’occupation, du moins pour la forme.
Il est
difficile de comprendre quel intérêt usaméricain est servi par cette
occupation, qui fait que les USA sont méprisés au même titre que leur protégé.
Même en termes trumpiens, il est difficile de comprendre pourquoi une telle
conversation n’a jamais eu lieu.
Dans mon
rêve, Netanyahou arrive à la Maison Blanche et Trump, cet homme terrible et
dangereux, le menace comme il a menacé Zelensky l’autre jour. Le lendemain
matin, le démantèlement des colonies de Kiryat Arba et Kiryat Sefer en
Cisjordanie commence. Malheureusement,
ça n’est qu’un rêve.
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