Ces deux idéologies sont apparues au temps des Croisades et continuent aujourd’hui de justifier la conquête, le génocide et le colonialisme de peuplement perpétrés par Israël et soutenus par l’Occident. La Palestine, qui a eu le malheur d’être à la fois la première colonie de peuplement européenne et la dernière, continue de souffrir et de résister.
Joseph Massad, Middle East Eye, 27/2/2025
Traduit par Alain Marshal
La Prise de Jérusalem par les croisés, 15 juillet 1099, par Émile Signol, 1847, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
L’islamophobie et l’hostilité voire la haine envers les Palestiniens sont nés ensemble, indissociables dès l’origine, il y a un millénaire.
Bien avant que ces idéologies ne prennent leurs noms contemporains, utilisés comme paravents de la conquête, les Palestiniens étaient déjà pris pour cible. Au XIe siècle, comme aujourd’hui, ils étaient voués à l’élimination parce qu’ils étaient les habitants autochtones de la Palestine, et que la majorité d’entre eux étaient musulmans.
La Palestine a eu le malheur d’être à la fois la première colonie de peuplement européenne et la dernière. Un fléau dont le peuple palestinien souffre encore aujourd’hui et contre lequel il continue de résister.
Les Palestiniens n’ont cependant pas été les premiers musulmans ou chrétiens arabes à être visés par les armées européennes.
Les premiers furent les musulmans arabes d’Espagne, mais aussi ceux de Sicile et du sud de l’Italie, territoires conquis par les Normands afin d’étendre les frontières de la chrétienté latine et d’arracher ces territoires à la domination arabo-musulmane.
Mais contrairement à la conquête de la Sicile et du sud de l’Italie, les musulmans et les chrétiens d’Orient de Palestine furent les premiers à être attaqués par la chrétienté latine dans le cadre d’une « guerre sainte », plus tard connue sous le nom de Première Croisade.
Cette croisade inspira également le zèle de la « Reconquista » en Ibérie, qui fut perçue comme une « seconde marche vers Jérusalem ». Mais à la différence de l’Italie et de l’Espagne arabo-musulmanes, la Palestine ne partageait pas de frontière avec la chrétienté latine, bien qu’elle fût le territoire où eurent lieu les événements fondateurs de la foi à laquelle les païens européens s’étaient convertis.
Le péché des habitants de la Palestine, aux yeux des croisés, était précisément de ne pas être des chrétiens latins. De même, depuis le début du projet sioniste de conquête de la Palestine, le péché du peuple palestinien, aux yeux des nouveaux croisés, est de ne pas être juif.
Dans les deux cas, la Palestine a été désignée comme une terre léguée par le Seigneur : d’abord aux chrétiens latins, puis, depuis le début du XXe siècle, aux Juifs ashkénazes – tous deux originaires de ce qui allait devenir l’Europe.
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