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18/01/2023

ANTONIO MAZZEO
Les forces armées marocaines vers une intégration opérationnelle dans l'OTAN

Antonio Mazzeo, Africa ExPress, 16/1/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Le service de presse du Commandement des forces interarmées alliées (JFC Naples) basé à Lago Patria, à Naples, a annoncé qu'une unité d'élite de l'armée marocaine a entamé son parcours vers l'interopérabilité avec les unités de l'OTAN grâce au programme d'entraînement allié appelé “OCC E&F” (Operational Capabilities and Strategic Evaluation and Feedback) qui s'est tenu du 23 novembre au 10 décembre 2022 au polygone de Ramram, à Marrakech.


« Le programme OCC E&F est spécifiquement conçu pour évaluer le niveau d'interopérabilité et les capacités militaires atteintes par les unités d'un pays partenaire par rapport aux normes de l'OTAN », ajoute le JFC Naples.

Les activités de formation au Camp Ramram ont été menées avec l'aide du personnel spécialisé du Commandement allié à Lago Patria et le soutien d'un personnel militaire de Bosnie-Herzégovine, de Colombie, de Géorgie, d'Irlande, de Serbie et de Suède, pays qui ne sont pas encore membres de jure de l'OTAN.

« Tous ensemble, ils ont collaboré avec une équipe d'évaluation de l'armée marocaine pour mener l'auto-évaluation de niveau 1 (SEL-1) d'une compagnie du 2e bataillon de la 2e brigade d'infanterie aéroportée de l'armée marocaine », a ajouté le bureau de presse du commandement allié.

La 2e brigade aéroportée a déjà participé à de nombreux exercices nationaux et internationaux et, lors du programme d'entraînement à Marrakech, elle a montré « qu'elle a rapidement appris et mis en œuvre avec succès les normes OTAN de niveau 1 ».

La compagnie marocaine est la première unité d'un pays africain à obtenir la certification SEL-1. « C'est aussi le premier exemple de l'engagement du JFC Naples dans le programme de partenariat, ce qui démontre son importance en tant qu'élément central de la coopération de l'OTAN en matière de sécurité », conclut le Commandement des forces alliées de Lago Patria-Naples.

Le 21 novembre 2022, des représentants de l'état-major général des forces armées marocaines avaient participé à Bruxelles à une réunion sur la “sécurité maritime” organisée par le Comité militaire de l'OTAN, à laquelle ont également participé d'autres pays partenaires importants de l'Alliance, comme l'Australie, la Colombie, la Finlande, la République de Corée, le Qatar et la Suède.

« C'est précisément en raison de sa dimension mondiale que la sécurité maritime est une question de paix et de sécurité essentielle pour l'OTAN et ses partenaires », a déclaré le général Lance Landrum, vice-président du Comité militaire de l'OTAN, en ouvrant la session. « Ils dépendent les uns des autres pour garantir des solutions cohérentes, coordonnées et durables aux défis maritimes existants.

« Par le biais d'exercices navals conjoints, les membres de l'OTAN et les pays partenaires s'efforcent de maintenir et de développer l'expertise dans la conduite des activités de combat, d'établir l'interopérabilité entre les forces armées de l'OTAN et des pays partenaires, et de renforcer leurs capacités maritimes et de préparation globales pour toutes les opérations, internationales et nationales ».

Le discours d'ouverture de la réunion internationale a été prononcé par le vice-amiral Keith Blount, chef du MARCOM - Commandement maritime allié, dont le siège est à Northwood, au Royaume-Uni. « Le domaine maritime englobe les océans et les mers, au-dessus et au-dessous de la surface, dans toutes les directions », a-t-il commencé. « Un vaste effort est en cours pour assurer une dissuasion et une défense crédibles dans l'ensemble du territoire maritime et des zones terrestres d'influence de l'Alliance. Le renforcement de la coordination et de la coopération avec les partenaires est essentiel pour soutenir l'effort de l'OTAN dans le domaine maritime ».

À la lumière de l'intégration stratégique croissante des forces navales et terrestres marocaines dans l'OTAN, ce qui a été révélé le 6 décembre par la publication numérique spécialisée Africa Intelligence semble de plus en plus plausible, à savoir la possibilité que le Maroc devienne la première nation africaine à fournir des armes et des équipements militaires à l'Ukraine pour une utilisation dans le conflit avec Moscou.

Selon Africa Intelligence, à la demande de l'administration usaméricaine, Rabat a décidé “secrètement” de fournir à l'armée ukrainienne des pièces de rechange pour les chars T-72, dont l'armée marocaine possède encore 150 exemplaires B/BK de fabrication biélorusse. Toujours selon le site spécialisé dans les questions militaires, dès 2015, le gouvernement ukrainien, par le biais de la société publique Ukroboronprom, avait demandé au Maroc de fournir des pièces de rechange pour les T-72.

« En théorie, il existe encore plusieurs équipements de type soviétique dans les forces armées marocaines : en plus des chars T-72B/BK, il y a au moins trente lance-roquettes de campagne BM 21 de 122 mm, 12 véhicules autopropulsés anti-aériens 2K22 Tunguska M1 avec des missiles anti-aériens SA-19 et des canons de 30 mm, environ 160 canons à tir rapide ZSU de 23 mm, des dizaines de missiles anti-char Malyutka et Metis, et des milliers de fusils de la famille AK-47 Kalashnikov d'origine roumaine, chinoise et finlandaise », documente le site Analisi Difesa.

Char T-72B/BK, utilisé par les forces armées marocaines

« Le Maroc avait exprimé sa volonté de maintenir les T-72B/BK en service mais il pourrait obtenir de Washington le remplacement des armes remises à l'Ukraine par des produits usaméricains neufs ou d'occasion tels que les chars M1A1/A2-Abrams dont l'armée de Rabat déploie déjà 384 exemplaires ».

Enfin, Analisi Difesa note comment le Royaume du Maroc, l'un des États africains qui s'est toujours prononcé en faveur de l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans le cadre des Nations unies, « pourrait agir en tant que collecteur en Afrique pour le compte des USA dans le but de reprérer des armes et des munitions de type russe/soviétique pour les fournir à Kiev ».

Langley au Maroc…

…puis en Tunisie (ici avec le ministre de la Défense nationale, Imed Mémiche)

Le Maroc a été, suivi par la Tunisie le 20 octobre, le premier pays africain visité (du 17 au 19 octobre 2022) par le général Michael Langley, du corps des Marines, après qu’il eut pris ses fonctions de commandant de l'U.S. Africom, le commandement des opérations des forces usaméricaines en Afrique, stationné à Ramstein, en Allemagne. « Notre partenariat en Afrique du Nord aide et soutient la sécurité régionale et maritime dans les eaux situées au-delà du flanc sud de l'OTAN « , a déclaré le Gén. Langley à Rabat.

Au cours de sa mission au Maroc, Michael Langley a rencontré le ministre Abdellatif Loudiyi (ministre délégué auprès du chef de gouvernement, chargé de l'Administration de la Défense nationale) et les dirigeants des forces armées marocaines, notamment le général Belkhir El Farouk (commandant de la zone sud), le général Alaoui Bouhamid (inspecteur des Forces Royales Air) et le contre-amiral Mustapha El Alami (inspecteur de la Marine royale). Le sujet des réunions était le « partage d'intérêts communs dans le secteur de la sécurité et les futurs domaines de coopération possible », comme l'a indiqué le commandement de l’US Africom.