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01/10/2022

Rayan Suleiman, 7 ans, enfant martyr palestinien

 Ci-dessous deux articles sur la plus récente histoire d’horreur de la Palestine occupée, traduits par Fausto Giudice, Tlaxcala

 L'histoire de Rayan : « Tué par la peur quand les soldats sont entrés dans la maison »

Michele Giorgio, Pagine Esteri, 30/9/2022

« Lorsque Yasser, le père de Rayan, a ouvert la porte de la maison et que les soldats (israéliens) sont entrés, il y a eu un grand vacarme. L'enfant avait peut-être peur d'être arrêté car les soldats recherchaient les écoliers qui avaient jeté des pierres sur les voitures israéliennes. Rayan a hurlé de peur puis s'est soudainement effondré sur le sol. Nous l'avons emmené à l'hôpital mais son cœur avait cessé de battre ». C’est le récit de Mohammed Suleiman sur la mort de son neveu Rayan Suleiman, 7 ans, « tué par la peur » hier à Taqua, le village situé à quelques kilomètres de Bethléem où l'armée a fait une descente dans plusieurs maisons à la recherche des garçons de l'école primaire Al-Khansa qui avaient auparavant pris pour cible de leurs jets de pierres des colons israéliens traversant la zone. Une mort par crise cardiaque - les médecins de l'hôpital de Beit Jala ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour sauver la vie de Rayan - qui a créé une forte impression en Cisjordanie occupée où la tension, la colère et la frustration ont atteint des niveaux sans précédent ces dernières années en raison des incursions israéliennes quasi quotidiennes, notamment à Jénine et Naplouse.

L'armée israélienne a confirmé qu'un officier avait interrogé le père de Rayan, ainsi que plusieurs autres parents palestiniens, sur la participation présumée de leurs enfants à des jets de pierres. Mais elle affirme qu'il n'y a pas eu d'incidents pendant l'enquête et que les troupes n'ont pas utilisé de mesures anti-émeutes, comme des gaz lacrymogènes, et qu'il n'y aurait « aucun lien entre la mort de l'enfant et les contrôles dans la zone ». Des témoins palestiniens insistent cependant sur le fait que les soldats se sont lancés à la poursuite des écoliers de Taqua, à tel point que des rumeurs ont d'abord circulé selon lesquelles Rayan était mort en tombant d'une hauteur de plusieurs mètres alors qu'il tentait de s'échapper.

Pour les Palestiniens, cet enfant est le 159ème martyr depuis le début de l'année en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est. Les décès, dont un grand nombre de combattants armés, se sont largement concentrés au cours des six derniers mois, depuis qu'Israël a lancé l'opération militaire “Briser la vague” en Cisjordanie en réaction aux attaques menées au printemps dernier par des Palestiniens de Jénine, qui ont fait 18 morts à Tel Aviv et dans d'autres villes israéliennes. L'opération s'est intensifiée ces derniers mois et certains y voient un lien avec la campagne pour l’image du Premier ministre Yair Lapid pour les élections législatives du 1er novembre, ainsi qu'avec celle menée à Gaza début août contre le Jihad islamique (49 morts palestiniens, dont 17 enfants).

Le climat général est également aggravé par la situation du prisonnier politique Nasser Abu Hamid, du camp d'Al-Amari (Ramallah), atteint d'un cancer et à qui les médecins donnent quelques jours à vivre mais qui n'a pas encore été libéré. L'avocat des droits humains Salah Hamouri, qui a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention sans inculpation par Israël, est également en prison. Hamouri a été arrêté le 7 mars à Kufr Aqab et se trouve depuis en détention administrative, c'est-à-dire sans inculpation ni procès, qui peut être renouvelée indéfiniment. L'avocat fait partie des 30 prisonniers politiques palestiniens détenus sans procès qui ont entamé un jeûne de protestation dimanche.

Entre-temps, la vision d'Israël non pas comme un État juif mais comme un "État de tous ses citoyens" a coûté cher au parti arabe Balad/ Tajamu' al [Ligue Démocratique Nationale], qui a été exclu hier de la participation aux élections du 1er novembre par la Commission électorale centrale. La disqualification avait été demandée par le Likoud de l'ancien Premier ministre Netanyahou, mais était également soutenue par le ministre de la Défense Benny Gantz. Le leader de Balad/ Tajamu' al, Sami Abu Shehadeh, a annoncé qu'il ferait appel de cette décision qui pourrait être annulée par la Cour suprême dans les prochains jours. Aucun problème en revanche pour les formations d'extrême droite Sionisme religieux et Otzma Yehudit, que de nombreux Israéliens accusent de racisme.

Les USA soutiennent une enquête “immédiate et approfondie” sur la mort d'un Palestinien de 7 ans

Jack Khoury, Hagar Shezaf, Yaniv Kubovich, Ben Samuels, Haaretz, 29/9/2022

L'oncle du garçon affirme qu'il est mort d'une crise cardiaque lorsque des soldats israéliens se sont rendus à son domicile en Cisjordanie à la suite de jets de pierres présumés de son frère.

Le porte-parole adjoint du département d'État US a déclaré jeudi qu'il exigeait “une enquête immédiate et approfondie” sur le meurtre d'un Palestinien de sept ans, mort lors d'une intervention de l'armée israélienne dans une ville de Cisjordanie, selon des Palestiniens.

“Nous avons le cœur brisé par la mort d'un enfant innocent”, a déclaré le porte-parole adjoint Vedant Patel.

Le garçon, Rayan Suleiman, a été effrayé et a "fait une crise cardiaque" lorsque des soldats sont venus arrêter ses frères dans la maison de sa famille dans la ville palestinienne de Taqua, près de Bethléem, selon l'oncle du garçon décédé.

Un responsable de la Défense a déclaré à Haaretz que les soldats étaient arrivés au domicile pour interroger les parents du garçon au sujet d'un incident de jet de pierres survenu plus tôt. Le ministère palestinien de la Santé avait initialement publié une déclaration contredisant cette version, affirmant que le garçon avait fait une chute mortelle alors qu'il était poursuivi par l'armée israélienne.

Les Palestiniens ont ajouté que Rayan avait été transporté à l'hôpital dans un état critique et que sa mort avait été prononcée peu après. L'armée israélienne enquête sur cette affaire. Dans un communiqué publié plus tard dans la journée de jeudi, l'armée a déclaré que « les allégations concernant la mort du mineur sont connues. Une première enquête n'a trouvé aucun lien entre sa mort et l'activité des soldats dans la zone ».

Mohammed Suleiman, l'oncle du garçon, a déclaré que Rayan était à la maison avec ses parents et ses deux frères lorsque des soldats ont frappé bruyamment à la porte. Il a ajouté que l'armée voulait arrêter les deux frères, âgés de 8 et 10 ans, pour avoir prétendument jeté des pierres aux soldats. « Le père de Rayan a ouvert la porte et les soldats sont entrés. Ensuite, il y a eu une agitation et beaucoup de cris. Effrayé, [Rayan] s'est effondré et a fait une crise cardiaque », a déclaré Suleiman, ajoutant que l'enfant ne souffrait d'aucun problème médical antérieur. « C'était un garçon en parfaite santé et rempli de joie, et en quelques minutes nous l'avons perdu », a-t-il ajouté.

Une source de l'armée israélienne a déclaré que les soldats poursuivaient un groupe d'enfants qui jetaient des pierres, lorsqu'ils les ont perdus de vue. « Près d'une des maisons, les soldats ont vu un père debout avec ses enfants et les ont identifiés comme les enfants qui jetaient des pierres, bien qu'il ne soit pas clair s'il s'agissait des mêmes enfants. L'officier de l'armée a parlé au père en l'absence des enfants, et après avoir quitté la maison, l'homme a commencé à crier, ce qui a fait comprendre à l'officier que l'enfant était en danger. Selon l'officier, il ne savait pas que l'enfant était blessé ».

Mercredi, quatre Palestiniens ont été tués, dont deux militants recherchés par les FDI, lors d'affrontements dans la ville de Jénine, en Cisjordanie. Selon les Palestiniens, 44 personnes ont été blessées au cours des échanges de coups de feu.

L'armée a déclaré que les soldats avaient été envoyés dans le camp de réfugiés de Jénine pour arrêter Abed Fathi Hazem, le frère du combattant palestinien Raad Hazem qui a tué trois personnes à Tel Aviv en avril avant d'être abattu par les forces de sécurité à Jaffa.

Quelques heures plus tard, le Fatah a appelé à une “journée de colère” [Youm Ghadab] dans toute la Cisjordanie. Le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeineh, a déclaré après le raid meurtrier que « l'occupation israélienne accorde peu de valeur à la vie de notre peuple palestinien, et dégrade la sécurité et la stabilité en poursuivant sa politique d'escalade."